Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Monsieur le Ministre.
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la matinale de Cnews. Le président de la République a-t-il voulu affoler les Français en leur demandant de nouveaux efforts, en annonçant la fin de l'abondance et de l'insouciance ? A quoi ne prépare-t-il exactement ? A des coupures d'électricité, à des restrictions pour tout le monde ?
STANISLAS GUERINI
Eh bien d'abord, il a été dans ce rôle, il l'a dit la réalité des choses. Évidemment, comment imaginer après l'été qu'on vient de vivre, qu'on ne soit pas dans une société qui est celle de la fin de l'abondance ? Vous voyez les difficultés d'approvisionnement en eau, en énergie, en liquidités aussi monétaires évidemment. Donc il a dit la réalité des choses, et c'est bien le rôle du président de la République que de tracer ce chemin.
LAURENCE FERRARI
On est d'accord, mais la réalité…
STANISLAS GUERINI
Parce que nous avons, nous avons des réponses.
LAURENCE FERRARI
L'abondance, pour un pays où il y a 10 millions de personnes en dessous, ou 9 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, ça résonne douloureusement aux oreilles des Français.
STANISLAS GUERINI
Mais, voyez, c'est…
LAURENCE FERRARI
Vous le comprenez, ça ?
STANISLAS GUERINI
Je vois en tout cas un certain nombre de responsables politiques…
LAURENCE FERRARI
Il y a des personnes qui sont mal logées, qui n'arrivent pas à vivre de leur travail…
STANISLAS GUERINI
… parce que vous commentez là, ce qu'ont dit plutôt des oppositions, Jean-Luc MÉLENCHON etc., ça traduit pour moi une volonté de tout conflictualiser en réalité. Quand le président de la République…
LAURENCE FERRARI
Non, moi je vous parle des Français, en fait, je ne vous parle pas de Jean-Luc MÉLENCHON…
STANISLAS GUERINI
Oui, mais je vois bien, mais…
LAURENCE FERRARI
… je vous dis qu'il y a 10 millions de personnes en France qui sont en dessous du seuil de pauvreté, l'abondance ils ne la voient pas et ils ne l'ont jamais vue.
STANISLAS GUERINI
Quand le président de la République dit les choses, il y a des responsables qui font semblant de regarder ailleurs, alors même que s'il y a bien une idée, sur laquelle je crois on pourrait se mettre d'accord, c'est de constater effectivement que nous sommes entrés, et nous sommes dans un moment de bascule très profonde, dans un nouveau monde, d'une certaine façon, et il faut en prendre cette réalité. Évidemment ces propos-là ne s'adressaient pas à ceux qui sont déjà en difficulté, les efforts collectifs qu'il va nous falloir faire pour mettre en place une société plus sobre, pour réussir la planification écologique, ce sont des efforts qui doivent entraîner tout le monde, à commencer évidemment par ceux qui ont plus d'impact, les grandes entreprises, les administrations, la puissance publique…
LAURENCE FERRARI
Les administrations, l'État, l'État va se serrer la ceinture aussi ?
STANISLAS GUERINI
Bien entendu. Moi j'y travaille extrêmement activement. On est, avec l'ensemble des ministres qui sont en charge de ces sujets-là, en train de travailler à un plan de sobriété, qui sera la 1ère étape de cette planification écologique.
LAURENCE FERRARI
Par exemple, donnez-nous un exemple.
STANISLAS GUERINI
Mais je vais vous le donner.
LAURENCE FERRARI
Parce que ce sont des grands concepts…
STANISLAS GUERINI
Bien sûr, mais…
LAURENCE FERRARI
Mais, là, concrètement, que va faire l'administration ?
STANISLAS GUERINI
Je vais vous répondre très précisément, mais ce que je veux vous dire ce matin aussi, c'est qu'il ne faut pas séparer les sujets. On a des enjeux de souveraineté énergétique. Il y a des difficultés liées à la situation ukrainienne, liées à la situation de nos centrales nucléaires, il va falloir qu'on trouve des solutions, là, maintenant, tout de suite, pour essayer, et c'est très difficile de ne pas le garantir aujourd'hui, de ne pas avoir de coupures d'approvisionnement énergétique. Mais…
LAURENCE FERRARI
Donc vous n'excluez pas des coupures d'électricité, de gaz, cet hiver.
STANISLAS GUERINI
Le rôle des responsables politiques…
LAURENCE FERRARI
On est d'accord.
STANISLAS GUERINI
… c'est de dire la vérité, et la situation…
LAURENCE FERRARI
Donc c'est possible.
STANISLAS GUERINI
… de l'approvisionnement énergétique dans notre pays et en Europe…
LAURENCE FERRARI
Est précaire.
STANISLAS GUERINI
Est précaire, est difficile, et donc ça doit nécessiter des efforts. Mais ce que je voulais vous dire, je vais vous répondre sur les exemples précis, c'est que ce plan sobriété, ça doit être la 1ère brique, évidemment, de la planification écologique, et d'une certaine façon, c'est une opportunité pour changer nos comportements et pour aller vers une société 0 carbone. De façon très concrète, on travaille à des pistes sur tous les sujets, la mobilité, le bâti, l'approvisionnement en énergie, en gaz, sur ces sujets-là…
LAURENCE FERRARI
Par exemple, c'est-à-dire on ne chauffe pas les halls, on ne chauffe pas les bureaux de nos administrations, comment on fait ?
STANISLAS GUERINI
Comment on se déplace ? Est-ce qu'on peut développer davantage encore le télétravail ? Imaginons…
LAURENCE FERRARI
Ah bon, je croyais que c'était terminé le télétravail ?
STANISLAS GUERINI
Non, pas forcément, on a d'ailleurs augmenté et amélioré l'accompagnement des agents publics en matière de télétravail. Est-ce qu'on peut imaginer que, sur une journée donnée, on puisse faire télétravailler des agents, pour pouvoir fermer un bâtiment ? Ne pas le chauffer, ne pas l'éclairer. Ça ce sont des économies d'énergie. Comment est-ce qu'on favorise encore plus les mobilités douces. Moi j'ai pris une décision dès cet été, pour permettre qu'il y ait plus d'agents publics qui aient le forfait de mobilité durable, pour permettre de faire en sorte qu'ils soient financièrement accompagnés, s'ils viennent par exemple dans les transports en vélo, pour pouvoir développer ce mode de transport. Comment est-ce qu'on fait pour développer davantage encore le covoiturage ? Voyez, sur simplement ce sujet de la mobilité par exemple, qu'on peut faire aujourd'hui. Comment est-ce qu'on peut déployer, dans nos bâtiments publics, des thermostats intelligents pour aider les administrations à chauffer un petit peu moins l'hiver, à climatiser un petit peu moins l'été, pour pouvoir passer dans les actes ? Eh bien il y a des mesures de très court terme, et on est entrain exactement les discuter, avec les organisations syndicales, parce que tout ça il faut en mesurer aussi l'acceptabilité pour tout le monde. Et puis il y a des mesures de transformation plus profondes, je pense à la rénovation thermique des bâtiments, et je veux le dire ici, évidemment on n'a pas attendu pour lancer un plan de rénovation des bâtiments. C'est ça qui aura le plus d'impact. J'étais il y a quelques semaines dans une cité administrative, l'État investit plus de 20 millions d'euros, et on baisse de 80 % les émissions de gaz à effet de serre, dans une cité administrative où il y a 1 100 personnes qui travaillent. Voyez, on y va, mais évidemment il faut y aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort, et avoir cette logique de planification écologique qui va nous amener, et c'est extrêmement enthousiasmant de le faire, à une société 0 carbone.
LAURENCE FERRARI
Enfin, avec l'épée de Damoclès d'éventuelles coupures, ce n'est pas enthousiasmant non plus.
STANISLAS GUERINI
Bien sûr, mais je crois que la vie politique, c'est de nommer les choses, de nommer les difficultés et de montrer qu'il y a un chemin pour y arriver. Et on a un chemin collectif, mais si tout le monde s'y met, si je crois, et je le dis très très sincèrement, on n'entre pas dans une société de tout le monde contre tout le monde, parce que je vois aussi cette tentation-là, sous couvert de planification écologique…
LAURENCE FERRARI
C'est à dire ? Les pauvres qui désignent les riches, c'est ça ?
STANISLAS GUERINI
… de refaire la lutte des classes, de conflictualiser absolument tous les sujets. Quand le président de la République dit "fin de la société d'abondance", sincèrement, je crois qu'on pourrait se mettre d'accord. Quand je vois des responsables politiques qui je crois eux-mêmes…
LAURENCE FERRARI
Fabien ROUSSEL dit "il est hors sol". Yannick JADOT dit "il est descendu de son scooter des mers, il s'aperçoit qu'il faut faire des économies d'énergie".
STANISLAS GUERINI
C'est terrible sincèrement d'avoir, et je le dis pour les écologistes dans notre pays, d'avoir des partis écologistes qui, en réalité, ne sont intéressés que par des sujets de lutte des classes. Ils sont d'ailleurs assez minoritaires en Europe, fort heureusement les écologistes en Europe ce n'est pas ça. Donc on a besoin, je crois moi, dans ces moments-là, qui sont des moments de difficulté, ne nous le cachons pas, il y a suffisamment de problèmes réels pour notre pays, sur la situation financière évidemment, avec la suite des guerres en Ukraine, sur la situation énergétique, sur la situation alimentaire, pour ne pas je crois se désunir dans ces moments-là.
LAURENCE FERRARI
Justement, vous parlez de l'alimentation elle n'a jamais été aussi chère. L'impact sur le prix des pâtes, les prix de tous les premiers produits, est énorme pour les ménages. Un certain nombre d'aides ont été déjà prises par le Gouvernement, elles arrivent en ce moment même sur les comptes en banque des Français, est-ce qu'il y aura une 2e salve d'aides, d'autres aides spécifiques à l'automne ? C'est ce qu'a évoqué Bruno LE MAIRE, et jusqu'à quand vont-elles durer ? Parce que le mur il est pour quand, il est pour le mois de décembre, quand tout va s'arrêter, le bouclier tarifaire, les ristournes sur l'énergie ?
STANISLAS GUERINI
Laurence FERRARI, vous avez raison de dire que notre pays protège mieux les Français, quasiment que tous les peuples européens et tous les pays de l'OCDE. Il n'y a que Malte qui connaît aujourd'hui en Europe un niveau d'inflation inférieur à la France. Donc c'est exactement le fruit des décisions politiques assumées, qui sont dans l'esprit du quoi qu'il en coûte, qui permettent de protéger les Français aujourd'hui. Et en disant ça, je ne dis pas évidemment, et je ne nie pas que les Français ont des difficultés particulières, et exactement, c'est ça qu'il faut qu'on fasse, on ne peut pas continuer à effectivement avoir un dispositif où on paierait avec la dette de nos enfants, la protection des Français aujourd'hui…
LAURENCE FERRARI
Donc tout ça va diminuer.
STANISLAS GUERINI
Donc on doit aussi, là aussi…
LAURENCE FERRARI
Le mur c'est décembre.
STANISLAS GUERINI
… être transparent, dire la vérité, on va devoir resserrer un certain nombre de dispositifs. Et la philosophie, je crois, qui doit être la nôtre, c'est de resserrer ces dispositifs sur ceux qui en ont le plus besoin, sur justement les ménages qui sont les plus en difficulté, sur justement ceux qui sont au début de l'échelle des salaires, et c'est vrai, je crois pour les agents publics dont j'ai la charge, c'est vrai aussi pour les ménages et pour toute la population de façon moins générale.
LAURENCE FERRARI
Donc, mois de décembre, mois de novembre, fin de toutes ces aides, et crise.
STANISLAS GUERINI
Ça sera exactement les discussions qu'on aura autour des discussions budgétaires, à l'automne, et c'est ça. Il y a un certain nombre de décisions où on a d'ores et déjà annoncé qu'on allait continuer à protéger les Français. Bruno LE MAIRE, vous le citiez, a pris des engagements très forts pour que ce bouclier tarifaire, je le redis encore une fois…
LAURENCE FERRARI
Mais qui n'est pas éternel.
STANISLAS GUERINI
… qui est un dispositif quasiment unique au monde, de protéger les Français. Nos voisins voient en matière d'augmentation d'électricité et de gaz, augmentation de doublement, de triplement de la facture énergétique. Et nous, nous les protégeons, 4% d'augmentation maximum pour les Français, 0 pour le gaz. Donc c'est extrêmement important. Il n'y aura pas de phénomène de rattrapage, c'est-à-dire que là où on a protégé les Français…
LAURENCE FERRARI
On est d'accord, mais ça s'arrêtera, c'est comme ça.
STANISLAS GUERINI
… en 2022, il n'y aura pas une épée de Damoclès, comme vous le disiez tout à l'heure, un surcoût et un coup de bambou sur la tête des Français qui va leur tomber dessus, d'un coup, d'un seul, mais il faut dire les choses, particulièrement en faisant le lien avec notre discussion précédente. On ne peut pas indéfiniment subventionner des énergies carbonées, sur-subventionner d'une certaine façon les énergies carbonées, donc il faut faire les 2 à la fois, voilà, pardon, parce que c'est parfois un peu complexe, mais il faut assumer aussi…
LAURENCE FERRARI
Le fameux "en même temps".
STANISLAS GUERINI
… la complexité des choses, c'est-à-dire aider dans un 1e temps à court terme les Français, à passer des caps, et puis bien sûr, les accompagner dans la rénovation de leur logement, dans le changement de leur véhicule, et la bonne nouvelle c'est que ça marche, c'est que les primes à la conversion automobile elles sont à des niveaux record, c'est qu'on n'a jamais rénové dans notre pays autant de logements qu'on est en train de faire aujourd'hui. On est en train d'accélérer pour le bâti public, dont j'ai la charge en tant que ministre de la Fonction publique, comme jamais on ne l'a fait auparavant. Donc, à la fois je crois qu'il faut dire la vérité, dire les difficultés et montrer qu'il y a un chemin pour y arriver, c'est pour ça que je disais que c'est enthousiasmant, il n'y a pas de projet de société qui soit plus enthousiasmant.
LAURENCE FERRARI
Parlons de la Fonction publique, puisque c'est votre dossier. L'attractivité des métiers de la Fonction publique est remise en cause. L'Éducation nationale a énormément de mal à recruter des professeurs, il manque 4 000 professeurs la rentrée, c'est jeudi, donc 3 000 contractuels vont être embauchés, sont formés en ce moment même. Pap NDIAYE, le ministre, dit : "Rentrée convenable, mais pas optimale". C'est acceptable ça ?
STANISLAS GUERINI
Mais, là aussi…
LAURENCE FERRARI
Pour des parents d'élèves qui se disent : bon ben ok, je vais avoir un contractuel qui a été formé 3 jours, devant mon fils ou ma fille ?
STANISLAS GUERINI
Il a raison, il faut dire les choses telles qu'elles sont. Il n'y a rien de pire je crois, quand vous avez des responsables politiques à la télé, qui disent : tout va bien, dormez Madame la Marquise, et que, quand dans votre quotidien vous vivez une difficulté concrète. Donc je pense que c'est totalement son rôle que de décrire exactement la situation, et d'agir évidemment, et il le fait de façon extrêmement intense, dans chaque académie, avec des cellules spécifiques, mises en place, pour qu'il n'y ait aucune classe sans professeur. C'est ça l'engagement qui est prix. Mais donc…
LAURENCE FERRARI
Emmanuel MACRON a donc promis : pas de salaire de prof débutant à moins de 2 000 €.
STANISLAS GUERINI
Bien sûr, mais vous avez raison de le mentionner. Les sujets d'attractivité…
LAURENCE FERRARI
C'est un objectif, là, ça sera mis en place tout de suite ?
STANISLAS GUERINI
Moi, je vais vous dire, c'est ma 1ère priorité. Je crois que si on veut être en capacité de donner un service public de qualité à nos concitoyens, il faut commencer par s'intéresser aux agents de la Fonction publique, je le crois très profondément. Ce problème d'attractivité, il est vrai dans toute la Fonction publique, mais il se voit façon extrêmement criante dans l'Éducation nationale, dans la santé aussi, ce sont des débats que nous avons eus, et que nous continuerons d'avoir.
LAURENCE FERRARI
Également, dans la police, n'oublions pas la police…
STANISLAS GUERINI
Donc il y a un travail… Dans la police bien sûr, et vous savez les efforts qui sont mis par ce Gouvernement pour aussi parfois rattraper le temps perdu. Donc on a un travail spécifique, et il est mené par Pap NDIAYE, de revalorisation des enseignants, en début de carrière, pas un enseignant qui démarre à moins de 2 000 €, on y arrive, et puis de façon plus générale, nous avons un travail à mener sur l'ensemble de la Fonction publique, ça fait partie de mes chantiers absolument prioritaires. On a pris des décisions fortes, moi je vous rappelle que j'ai porté avant l'été l'augmentation du point d'indice, la plus importante depuis 37 ans, c'est le début du quinquennat de François MITTERRAND, donc c'est un premier acte, évidemment, mais j'ai été là aussi très clair, ça ne résout pas les déficit d'attractivité, donc nous avons un travail à mener sur la rémunération des agents de la Fonction publique dans notre pays, qui est à la fois je dirais, un sujet de feuille de paie, mais aussi un sujet de sens. Aujourd'hui les dispositifs sont trop cloisonnés, plus personne ne sait expliquer pourquoi quelqu'un qui est contractuel dans la Fonction publique territoriale, il est payé aussi différemment que quelqu'un qui est fonctionnaire dans la Fonction publique d'État. C'est ça aussi qu'il nous faut remettre à plat pour redonner du sens et dire que nous avons besoin des agents de la Fonction publique dans notre pays…
LAURENCE FERRARI
Simplifier les choses.
STANISLAS GUERINI
… qui font un travail formidable. Quand nous étions au cœur de la crise, les Français ont vu que les fonctionnaires de leur pays ils étaient là, et donc on va les accompagner. On n'a pas besoin de baisser radicalement leur nombre, on a besoin de mieux organiser les choses, de les mettre davantage sur le terrain, en face de nos concitoyens, parce que c'est ça aussi cette demande de proximité, eh bien c'est le travail qui est devant nous, mais là aussi c'est un chantier, je crois, qu'on va réussir.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot de ce qui va se passer à Metz ce week-end. Il y a la réunion des cadres de la majorité avec Élisabeth BORNE, un certain nombre de ministres. C'est préparer le passage de La République en marche à Renaissance ?
STANISLAS GUERINI
Oui, exactement.
LAURENCE FERRARI
Et vous, vous allez transmettre le flambeau ?
STANISLAS GUERINI
Oui, exactement, oui aux deux questions. Nous sommes en train de refonder le parti du président de la République, avec au fond une 2e étape d'élargissement encore, de dépassement dans la vie politique, nous le ferons avec nos amis de la majorité présidentielle, d'Agir, de Territoires de progrès, c'est-à-dire que nous allons rassembler les militants dans cette formation politique, bien d'autres citoyens, j'en suis certain, pour fonder Renaissance, un parti progressiste, parce que vous le voyez avec les discussions qu'on a, je pense qu'on a besoin d'affirmer assez nettement ce qu'est notre espace politique, central dans la vie politique du pays.
LAURENCE FERRARI
Parce que vous êtes bousculés à l'Assemblée, c'est ça ?
STANISLAS GUERINI
Pas que. Je crois que la tectonique des plaques, dans la vie politique du pays, elle s'est accélérée, c'est très clair. L'effondrement des partis de gouvernement qui nous entouraient est maintenant quasi achevé, nous sommes entourés d'extrêmes, à gauche avec l'OPA de la LFI sur l'ensemble de la gauche, à droite parce que l'extrême-droite a grignoté ce qu'était la droite républicaine, et donc on a un besoin d'affirmation, de clarté…
LAURENCE FERRARI
Elle n'existe plus la droite républicaine ? LR ce n'est pas une droite républicaine ?
STANISLAS GUERINI
Si, je situe encore dans la droite républicaine. Je constate…
LAURENCE FERRARI
Et vous situez le Rassemblement national en dehors de champ républicain ?
STANISLAS GUERINI
Vous savez, on a toujours ce débat…
LAURENCE FERRARI
Non non, mais je pose la question, 89 députés en dehors du champ républicain ?
STANISLAS GUERINI
Ils sont à l'Assemblée nationale, on doit débattre avec eux, absolument pas chercher d'accord avec eux, mais je les situe en tout cas aux extrêmes dans notre pays, c'est évident. Et donc ce que je dis, c'est qu'il y a des fractures dans la vie politique du pays, et des fractures qui traversent encore les Républicains, encore les partis comme le Parti socialiste Europe Écologie-Les Verts, sur des sujets qui ne sont pas des petits sujets, le rapport à la République, le rapport au travail, le rapport à l'Europe, la situation internationale, tout ça eh bien c'est des sujets qui rassemblent la majorité présidentielle, qui rassemblent les militants au sein de Renaissance, on doit l'affirmer haut et fort, et on doit donner au président de la République, un parti qui est à la fois capable de soutenir, ce que nous faisons, dans l'action, mais aussi d'avoir une projection, sur le temps long, au-delà de ce quinquennat qui ne sera pas un quinquennat de réélection d'Emmanuel MACRON, pour pouvoir structurer…
LAURENCE FERRARI
Non un quinquennat de compétition, pour savoir qui reprendra le flambeau.
STANISLAS GUERINI
Oui mais, compétition, ce n'est pas un vilain mot, mais surtout…
LAURENCE FERRARI
Ah mais ne n'ai pas dit que c'était un vilain mot, c'est plutôt sain la compétition.
STANISLAS GUERINI
Non non non, mais je ne l'ai pas entendu comme tel, mais surtout de projection et de structuration de la vie politique du pays parce que nous en avons besoin, nous sommes dans un moment de bascule très profond, et donc on a besoin de partis politiques pour donner des boussoles aussi.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Stanislas GUERINI, d'être venu ce matin dans La matinale de Cnews.
STANISLAS GUERINI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2022