Interview de Mme Rima Abdul-Malak, ministre de la culture, à France Culture le 1er septembre 2022, sur la rentrée littéraire, les éditeurs, l'accès aux offres culturelles pour les jeunes et le bilan des festivals.

Prononcé le 1er septembre 2022

Intervenant(s) : 

Média : France Culture

Texte intégral

GUILLAUME ERNER
L'été a été riche en festivals, le public était au rendez-vous, mais là c'est la rentrée, la rentrée culturelle et surtout la rentrée littéraire. Bonjour Rima ABDUL MALAK.

RIMA ABDUL MALAK
Bonjour Guillaume ERNER.

GUILLAUME ERNER
Vous êtes ministre de la Culture, vous avez été nommée en mai dernier, on vous connaît encore peu. Quelle place la littérature occupe dans votre vie ?

RIMA ABDUL MALAK
Une place très importante, quotidienne, nocturne surtout, surtout en ce moment où j'ai moins le temps de lire en journée. Mais depuis toute petite la littérature c'est ce qui m'aide à vivre. Moi j'ai grandi au Liban pendant la guerre civile et c'était mon refuge, les livres, c'était ce qui m'ouvrait vers d'autres réalités, d'autres univers, qui faisait un peu, voilà, rêver, et me sortait de notre réalité.

GUILLAUME ERNER
Qu'est-ce que vous lisiez, qu'est-ce que vous continuez à lire, Rima ABDUL MALAK ?

RIMA ABDUL MALAK
Alors, je lis beaucoup de poésie, je lis tous les jours de la poésie, la poésie contemporaine comme nos grands poètes BAUDELAIRE, René CHAR, Paul ELUARD etc. Je lis de la bande dessinée, je lis des romans, je lis des essais.

GUILLAUME ERNER
J'ai cru comprendre que vous envoyez aussi de la poésie, c'est ça ?

RIMA ABDUL MALAK
Alors, j'avais un rituel quand je travaillais à l'Élysée, qui était d'envoyer tous les matins un poème à mes collègues. Hélas, j'ai dû arrêter depuis 3 mois, puisque le rythme est tel depuis que je suis ministre, que je ne peux pas poursuivre ce rituel quotidien, mais de temps en temps je continue quand même.

GUILLAUME ERNER
C'est la rentrée littéraire, et les éditeurs, certains éditeurs sont inquiets, le secteur ne se porte pas aussi bien qu'il s'est porté. Qu'en pensez-vous Madame la Ministre ?

RIMA ABDUL MALAK
On a eu deux années exceptionnelles, en réalité, qui étaient les années de la pandémie, c'est contre-intuitif mais en réalité ce sont deux années où les Français ont beaucoup lu, où il y a eu une très forte attente et appétit pour le livre. On a vu des files d'attente à l'entrée des librairies après le confinement, on a eu deux années vraiment avec des bons chiffres pour le monde de l'édition. Il y a une un léger fléchissement, mais qui en réalité, de mon point de vue, n'est pas aussi inquiétant, puisque nous avons la chance en France d'être une Nation de lecteurs. Le livre reste par exemple le premier cadeau qui est offert à Noël. Avec le Pass Culture on voit un réel engouement pour le livre. Quand on a lancé le Pass Culture, personne ne nous prédisait que les jeunes allaient en premier utiliser le Pass Culture pour le livre, c'est ce qui arrive en premier, et ce n'est pas que pour les mangas, comme l'expliquait à votre antenne la présidente du Syndicat de la librairie française.

GUILLAUME ERNER
Ça n'est pas non plus qu'une légende urbaine, les jeunes lisent beaucoup de mangas, ils en ont acheté beaucoup.

RIMA ABDUL MALAK
Oui, c'est un phénomène de société, pour moi je le compare un peu au rock dans les années 60, et c'est un monde très riche, le monde des mangas, on trouve aussi de la littérature française revisitée dans les mangas, on peut lire MAUPASSANT par exemple en manga. Le manga, c'est vraiment un univers très foisonnant et très intéressant aussi, moi je m'y intéresse également et je trouve qu'il y vraiment un monde-là qui est très très fort. Mais en tout cas on a un secteur qui globalement, on a des libraires qui sont très actifs en France, on a un nombre de librairies qui ne cesse d'augmenter, ce qui montre quand même la vitalité d'un écosystème. Quand il y a une centaine de librairies qui ouvrent, même pendant la pandémie, c'est que tout de même ça va bien. Et ce sont des personnes passionnées, souvent des femmes qui ouvrent des librairies, je les salue, et nous avons des éditeurs très engagés, nous avons des auteurs fantastiques, là il y a 490 romans en cette rentrée littéraire, dont 90 premiers romans. Donc on a des éditeurs aussi qui prennent des risques, qui nous font découvrir de nouveaux auteurs, beaucoup plus de femmes cette année d'ailleurs aussi, c'est assez remarquable.

GUILLAUME ERNER
Bon, parmi et là aussi les éditeurs, certains sont inquiets du fait de la recomposition capitalistique de l'édition française…

RIMA ABDUL MALAK
Oui.

GUILLAUME ERNER
Ça c'est une formule qui ne parle peut-être pas aux auditeurs, la manière de le dire plus directement c'est l'arrivée de BOLLORÉ dans le secteur. Ça vous inquiète Madame la Ministre ?

RIMA ABDUL MALAK
Le sujet concentration en tant que tel, semble s'éloigner puisque là on semble se diriger vers une cession d'Editis, pour autant moi ce qui m'inquiète c'est l'enjeu de la liberté d'expression et de la diversité de la création. Là, il va falloir être très vigilant…

GUILLAUME ERNER
Qu'est-ce que vous pouvez faire ?

RIMA ABDUL MALAK
Nous, on ne peut pas empêcher un groupe privé de recruter qui il veut, d'éditer qui il veut, ça reste évidemment la liberté d'un groupe privé. Ce qu'on peut faire, c'est soutenir la diversité de l'édition autour. Soutenir les plus petits éditeurs, soutenir les auteurs, soutenir l'écosystème des librairies, soutenir un écosystème de la diversité.

GUILLAUME ERNER
Soutenir comment ?

RIMA ABDUL MALAK
Via le Centre national du livre. Il y a des aides. Dans le plan de relance que nous avons eu, il y a eu énormément de soutien aussi à l'ensemble de la chaîne du livre, donc ça passe aussi par ce type d'aide de l'État.

GUILLAUME ERNER
Si on prévoit le pire, parfois, il faut Madame la Ministre, si on considère par exemple que cela signifie que BOLLORÉ pourrait aujourd'hui posséder un fonds, gérer un fonds, gérer des classiques, bref exploiter une partie des trésors de la littérature française et en faire ce qu'il veut, les publier, ne pas les publier, là par exemple est-ce que ça c'est que quelque chose qui vous inquiète ?

RIMA ABDUL MALAK
C'est sûr, parce que ça fait partie de notre patrimoine littéraire commun, donc il doit être partagé avec l'ensemble des citoyens, en France et d'ailleurs en dehors de nos frontières, donc nous regarderons aussi avec les parlementaires s'il y a des évolutions législatives sur lesquelles travailler pour protéger les catalogues.

GUILLAUME ERNER
Je l'ai dit en introduction, en dehors de la littérature, cet été il y a eu des festivals, des festivals qui ont rencontré beaucoup succès, beaucoup de public, et on vous a vue dans beaucoup de festivals, on à vue à Avignon, ça c'est assez classique, mais aussi aux Vieilles charrues, au Festival d'Artagnan, au Festival international des arts de la rue, qu'est-ce que vous avez rapporté comme expérience de ces festivals ?

RIMA ABDUL MALAK
Oui, vous savez en France il y a plus de 7 000 festival à l'année, il y a 30 ans ils étaient beaucoup moins que ça, 600 à peu près, donc on a cet ADN culturel de la France l'été qui repose beaucoup sur les festivals, qui attirent énormément de jeunes, qui attirent des populations aussi internationales, des touristes, et c'était vraiment passionnant d'aller de Lupiac, effectivement, ville, village de naissance de d'Artagnan, à Marciac dans le Gers pour le festival de jazz, à Aix pour le festival d'art lyrique ou au Hellfest, le plus grand festival de France pour les musiques dites extrêmes, le métal. C'est une grande variété de public, une grande variété d'esthétique, et ce qui m'a le plus frappé, c'est la présence des bénévoles. Je trouve qu'on a beaucoup de chance dans notre pays d'avoir des personnes qui par milliers vont pendant 3, 4 jours, travailler bénévolement pour un festival, parce qu'ils y croient, parce qu'ils ont envie de faciliter l'accueil du public, parce qu'ils ont envie d'aider aussi à lutter par exemple contre les violences sexuelles et sexistes sur les festivals, ou à traiter les déchets et les trier, donc il y a vraiment quand même une mobilisation citoyenne autour de la culture et autour des festivals, qui me réjouit.

GUILLAUME ERNER
Le fait qu'une ministre de la Culture aille dans ces festivals, c'est-à-dire des festivals très divers, parce que ça n'est pas seulement les festivals classiques, est-ce que c'est aussi une manière d'imprimer votre marque, de considérer par exemple que la culture dans votre définition, Rima ABDUL MALAK, Madame la Ministre, ce n'est pas seulement ce qu'on appelait jadis la culture cultivée, mais une culture beaucoup plus large, beaucoup plus ouverte ?

RIMA ABDUL MALAK
Oui, en réalité pour moi je ne fais pas cette distinction, tout cela c'est de la culture, c'est de l'ouverture, c'est de l'ouverture à l'autre, de l'ouverture au monde, et pour moi, voilà, toutes les musiques se valent, toutes les formes…

GUILLAUME ERNER
Toutes, vraiment, se valent ?

RIMA ABDUL MALAK
Oui.

GUILLAUME ERNER
Parce que vous savez que c'est un propos qui va être largement commenté.

RIMA ABDUL MALAK
Oui. Oui oui oui, chacun peut trouver son bonheur, et voilà, moi j'ai grandi aussi, j'ai grandi autant avec la musique classique qu'avec le hard-rock, et c'est ce mélange des deux…

GUILLAUME ERNER
Vous avez de la chance, mais tout le monde n'a pas cette chance, je veux dire d'être familière avec tout.

RIMA ABDUL MALAK
Eh bien, grâce à la radio, grâce à l'audiovisuel public, grâce à cette diffusion en France que nous avons. Nous avons accès à la musique, à toutes les musiques, et donc chacun peut y trouver son bonheur. Donc moi je, voilà, j'écoute moins de rap, mais je respecte tous ceux qui écoutent le rap et je trouve qu'il y a aussi une grande vitalité dans le rap aujourd'hui. Je ne fais pas de hiérarchie dans la culture.

GUILLAUME ERNER
Alors, si vous ne faites pas de hiérarchie, on peut considérer que certains secteurs de la culture se portent mieux que d'autres, ont peut-être moins besoin d'être aidés, le rap par exemple se porte plutôt…

RIMA ABDUL MALAK
Non, c'est sûr…C'est sûr que les politiques publiques du ministère de la Culture, historiquement, sont dirigées vers le soutien à la diversité, le soutien aux formes artistiques peut-être plus fragiles ou plus risquées ou à l'expérimentation tout simplement, c'est-à-dire créer les conditions pour que les artistes cherchent, expérimentent et inventent peut-être formes qu'on ne connaît pas encore aujourd'hui. Le soutien à la musique contemporaine, on appelle ça la musique contemporaine, mais en fait ce sont toutes les musiques d'aujourd'hui. Donc ça c'est le rôle aussi du ministère de la Culture. Le soutien au festival, on le fait via le Centre national de la musique, pour ce qui est de la musique, c'est très important de soutenir également les Vieilles Charrues, le Hellfest, tous ces festivals sont soutenus, notamment pendant la crise ils l'ont été.

GUILLAUME ERNER
Et ils ont aujourd'hui des problèmes de recrutement, parce que vous parliez des bénévoles, mais les bénévoles ils sont là aussi parce que les recrutements…

RIMA ABDUL MALAK
Oui, en revanche il y a des soucis effectivement sur les prestataires techniques, sur le matériel, il y a eu des problèmes de pénurie, et puis ils ont dû faire face aussi cet été à tous ces dérèglements climatiques auxquels nous avons assisté, ils ont dû faire face aux intempéries, certains comme les Eurockéennes ont dû annuler des dates, donc ça a été quand même un été, certes où on peut se réjouir du retour du public, mais où on a dû faire face à ces phénomènes climatiques et à ces pénuries techniques qui ont fragilisé certains festivals et qui ont augmenté leurs coûts.

GUILLAUME ERNER
Si vous deviez définir le macronisme culturel, Madame la Ministre…

RIMA ABDUL MALAK
Ah…

GUILLAUME ERNER
… est-ce que vous diriez, lorsque vous considérez par exemple que toutes les musiques se valent, une ouverture culturelle, est-ce que c'est ça, est-ce que c'est autre chose le macronisme culturel ?

RIMA ABDUL MALAK
C'est plus profond que ça. Le macronisme culturel, c'est-à-dire la vision d'Emmanuel MACRON pour la culture, si c'est bien votre question, pour moi c'est une vision qui est à la fois ancrée dans l'histoire et tournée vers l'avenir, c'est une vision qui fait dialoguer le patrimoine et la création, et qui pense la souveraineté culturelle de la France. Je m'explique. Pour Emmanuel MACRON, et je partage complètement cette vision, la voix de la France dans ce monde numérique, qui s'accélère de plus en plus et qui bouleverse incessamment, comment la porter, comment la faire vivre, comment la faire exister ? Donc par exemple, un des tournants historiques je trouve du précédent quinquennat, c'est d'avoir obligé les plateformes NETFLIX, DISNEY, AMAZON, à contribuer à la création cinématographique audiovisuelle française, donc à mettre 20 % minimum de leur chiffre d'affaires dans la production française. Ça c'est vraiment pour moi aussi importants que la création du Centre national du cinéma après la guerre, c'est-à-dire face à cette hégémonie des plateformes numériques, comment on répond et comment on répond en européen, puisque c'est un combat qu'Emmanuel MACRON a porté au niveau européen, que la France a gagné, et que nous avons transposé ensuite dans le droit français. C'est ce qui fait que l'on va avoir une manne financière d'à peu près 300 millions d'euros par an, venant des plateformes pour le cinéma et l'audiovisuel français. Donc ça c'est très important, et c'est ce que j'appelle notre souveraineté culturelle.

GUILLAUME ERNER
Et alors, toujours si on envisage votre feuille de route, votre vision de la culture Madame la Ministre, il y a une partie des Français qui ont moins accès à la culture, est-ce que le fait d'avoir de la culture pour tous ou de la culture pour chacun, ce n'est pas forcément la même chose d'ailleurs, est-ce que ça, ça fait partie par exemple de votre mission première ?

RIMA ABDUL MALAK
Oui, bien sûr. Moi mon plus grand défi et ma plus grande priorité ce sera la jeunesse. Et vous l'avez mentionné tout à l'heure dans le reportage sur le Pass Culture, et ce n'est pas que par rapport au Pass Culture, parce qu'il y a plein d'autres manières de toucher les jeunes, à l'école, via l'éducation artistique et culturelle, en ce jour de rentrée scolaire c'est important de le dire, les professeurs sont très engagés aussi, tous les enseignants pour développer la culture à l'école, mais cet enjeu de la jeunesse, pour moi il est crucial, puisque ce sont les publics de demain. Quand on voit notre magnifique tissu de lieux culturels, de théâtres, de musées, de cinéma, de salles de spectacle, de librairies, il faut quand même qu'on se dise, dans 20 ans, dans 30 ans, qui va les fréquenter, qui va y être, alors qu'on voit à quel point on passe du temps sur les écrans aujourd'hui et qu'on, que la sortie culturelle devient moins présente dans la vie de nos citoyens. Donc c'est un vrai enjeu pour les publics d'aujourd'hui et les publics de demain, de sensibiliser ces nouvelles générations à la culture vivante, la culture en chair et en os, et ça le Pass Culture est le 1er levier, mais pas l'unique levier.

GUILLAUME ERNER
Justement, qu'avez-vous comme autre levier pour faire venir des jeunes à la lecture ?

RIMA ABDUL MALAK
Pour la lecture, par exemple, il y a un projet qui a été lancé en Bretagne par un recteur très engagé sur l'éducation artistique, qui s'appelle Emmanuel ETHIS, qui est le Quart d'heure de lecture. Ce n'est pas un projet qui coûte très cher, mais ça nécessite de mobiliser les recteurs, les enseignants, les établissements scolaires. Si chaque jour, chaque élève s'arrête un quart d'heure pour lire, pour lire pour le plaisir, pas pour lire pour l'école, lire pour juste, pour soi, pour le plaisir, eh bien ce quart d'heure de lecture quotidien va faciliter leur concentration, va faciliter la construction de leur imagination, va faciliter leur confiance en eux, et c'est très important pour construire aussi des citoyens éclairés et des citoyens heureux. Moi je crois beaucoup à ça. On va y travailler avec Pap NDIAYE mon collègue ministre de l'Éducation. Donc voilà, ça c'est un levier parmi d'autres. Avec la lecture grande cause nationale, nous avons déployé aussi pendant une année, des résidences d'auteurs dans les établissements scolaires avec le Centre national du livre, plus de 140 résidences d'auteurs, on l'a fait aussi dans les colonies de vacances, on le fait dans les prisons avec le Prix Goncourt des détenus. La lecture doit être partout.

GUILLAUME ERNER
Le Prix Goncourt des détenus, qu'est-ce que c'est ?

RIMA ABDUL MALAK
C'est comme le Prix Goncourt des lycéens, sauf que ce sont les détenus qui vont voter dans des établissements pénitentiaires, pour les prix qui sont sélectionnés par l'Académie Goncourt. Donc c'est un partenariat assez unique entre l'académie Goncourt, le ministère de la Culture avec son Centre national du livre et le ministère de la Justice.

GUILLAUME ERNER
France Culture en est partenaire de ce prix…

RIMA ABDUL MALAK
Oui, merci.

GUILLAUME ERNER
Dans le contexte justement avec les polémiques qu'il y a eu sur la prison, le fait de faire entrer la lecture, est-ce que c'est quelque chose d'important pour vous Madame la Ministre ?

RIMA ABDUL MALAK
Oui, c'est très important, puisque voilà, comme je le disais, la lecture doit être partout dans la société et doit aller vers les citoyens qui en sont le plus éloignés. Alors évidemment, quand on est enfermé en prison, c'est moins facile de lire.

GUILLAUME ERNER
On a parlé de la culture des jeunes, la culture des vieux, parce qu'on connaît des jeunes, mais on aime aussi la culture traditionnelle, le patrimoine, là aussi est-ce que ça veut dire que…

RIMA ABDUL MALAK
Ah, le patrimoine n'est pas que la culture des vieux, ouh lala, le patrimoine intéresse les jeunes aussi…

GUILLAUME ERNER
Je le disais un peu ironiquement, mais parfois aussi il y a des arbitrages qui sont faits et qui peuvent être faits au détriment du patrimoine, Madame la Ministre.

RIMA ABDUL MALAK
Non non, le patrimoine reste une grande priorité, c'est ce qui nous relie à notre histoire, c'est ce qui nous aide aussi à comprendre qui nous sommes, et c'est ce qui se crée dans chaque territoire des dynamiques aussi, puisque ça fait travailler des entreprises locales, des artisans, ça perpétue des savoir-faire, et ça revit le patrimoine, puisque quand on rénove un site, j'étais à Gagny au château Maison-Blanche, ce site va devenir une université, va devenir un lieu avec des résidences d'artistes, donc un château peut se transformer.

GUILLAUME ERNER
Justement, l'initiative de Villers-Cotterêts, peut-être la rappeler en quelques mots, Madame la Ministre, c'est le grand projet d'Emmanuel MACRON en matière culturelle.

RIMA ABDUL MALAK
Tout à fait, merci de m'en parler. Le château de Villers-Cotterêts c'était le château de François 1er, dans le Nord, dans l'Aisne, qui est la ville aussi de naissance d'Alexandre DUMAS, Villers-Cotterêts, donc c'est une terre littéraire. Autour il y a aussi la maison de Jean de LA FONTAINE à Château-Thierry, il y a à RACINE qui était à La Ferté-Milon, et d'autres auteurs qui ont vécu dans les environs, donc c'est une vraiment une terre de littérature historiquement. Et ce château et le château où a été signé l'Ordonnance de Villers-Cotterêts, donc à une histoire très liée à celle de la langue française et va être restauré, ouvrir bientôt au public…

GUILLAUME ERNER
Quand ?

RIMA ABDUL MALAK
Au printemps 2023, si tout va bien, et va devenir cette cité internationale de la langue française, va accueillir des auteurs, des artistes du monde entier, du monde francophone, va aussi proposer des spectacles, des expositions, il y aura un auditorium, un espace de parcours permanent de visites, qui est construit par notamment Barbara CASSIN et trois autres commissaires dont Xavier NORTE. Voilà, ça va être un projet vivant, qui fera vibrer la langue française.

GUILLAUME ERNER
Un mot sur l'audiovisuel public, vous en parliez tout à l'heure. Un projet de fusion est en cours, où en est-on Madame la Ministre ?

RIMA ABDUL MALAK
La fusion, c'est une hypothèse qui a été émise par un rapport du Sénat, qui fait partie des sujets qui sont mis sur la table pour discuter de l'avenir de l'audiovisuel public, mais avant de parler de la gouvernance ou de l'organisation de l'audiovisuel public, c'est important d'abord de s'entendre sur les grandes priorités, les grands enjeux de demain, la jeunesse par exemple on en parlait, pour moi en est une, la puissance numérique en est une autre, la proximité, parce que je pense que nos citoyens ont besoin d'une information au plus près de leur vie locale, c'en est une. Voilà, donc c'est d'abord d'avoir une discussion ensemble, ministère de la Culture et groupes de l'audiovisuel public, sur les enjeux, avant de parler de l'organisation.

RIMA ABDUL MALAK
Dernière question personnelle, devenir ministre, pour vous, Rima ABDUL MALAK, est-ce que ça signifiait entrer en politique, désormais vous êtes une femme politique, vous allez le rester, comment envisagez-vous les choses ?

RIMA ABDUL MALAK
Vous savez, moi mon parti c'est la culture, donc ça ne change pas beaucoup…

GUILLAUME ERNER
Pour le moment.

RIMA ABDUL MALAK
Pour toujours.

GUILLAUME ERNER
Merci Rima ABDUL MALAK d'avoir été avec nous ce matin.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2022