Déclaration de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, sur la politique de l'énergie au sein de l'Union européenne, à Bruxelles le 9 septembre 2022.

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Circonstance : Arrivée au Conseil extraordinaire Énergie

Texte intégral

Bonjour à tous,

Ce Conseil, qui réunit les ministres européens de l'énergie, est un conseil important. Il vise à donner un mandat à la Commission européenne pour couvrir et limiter les prix du gaz et de l'électricité en Europe. Il permettra également de faire le point sur les mesures déjà prises pour préparer l'hiver et de les renforcer le cas échéant.

Je veux d'abord dire que la mobilisation des pays européens, de la Commission européenne, la solidarité et la coordination de nos politiques nous permettent aujourd'hui d'aborder l'hiver dans les meilleures conditions possibles grâce, d'abord, au mécanisme de stockage de gaz qui fonctionne. Aujourd'hui, les stockages européens sont à 80 %, la France est au maximum avec deux mois d'avance, près de 94 % et vous savez qu'on ne peut pas monter à 100 % pour des raisons techniques. Ça, c'est une très bonne nouvelle pour aborder l'hiver. La solidarité se manifeste aussi dans le fonctionnement des interconnexions. Les interconnexions de la France de l'Ouest vers l'Est fonctionnent à 100 % aujourd'hui et nous sommes en train de mettre des flux complémentaires en place notamment en direction de l'Allemagne car l'enjeu, c'est de conforter les possibilités d'accès de l'Allemagne au gaz et de conforter les possibilités d'accès de la France à l'électricité en provenance d'Allemagne. Donc tout cela est construit, concerté et renforce notre résilience.

S'agissant des travaux que nous aurons aujourd'hui avec la Commission européenne, je veux d'abord souligner la qualité du travail et des propositions de la Commission européenne pour proposer des mesures très concrètes qui nous permettent de limiter les prix de l'électricité et du gaz. La France sera favorable d'abord aux mécanismes qui visent à limiter, à plafonner le prix de l'électricité sur le marché spot. Nous soutiendrons également les démarches proposées par la Commission européenne en matière de gaz. Je pense à différents aspects : le fait d'avoir un mécanisme qui aide la couverture des contrats d'achat de gaz, nous savons que les opérateurs sont aujourd'hui sous forte pression à cause des appels de marges et des collatéraux. Nous devons les aider en ce sens pour renforcer notre résilience. Des mécanismes également pour limiter la spéculation financière sur ces marchés. Des mécanismes plus larges de plateformes d'achats communes de gaz. Si la Commission européenne en fait la proposition, nous soutiendrons un mécanisme de plafonnement du prix du gaz russe livré par gazoduc.

Donc tous ces éléments nous paraissent aller dans la bonne direction.

Nous sommes également favorables au travail qui a été entamé sur la contribution que pourraient apporter les producteurs d'énergie lorsque ceux-ci ont des coûts de production largement inférieurs au coût du marché. Cette contribution peut être très élevée et permettre aux États européens d'accompagner les consommateurs et de faire en sorte de limiter leurs factures de gaz. Donc nous soutenons cette démarche au niveau européen.

Enfin, je crois que toute cette situation témoigne du fait que nous devons faire évoluer le fonctionnement du marché de l'électricité, que la régulation aujourd'hui de ce marché du prix de l'électricité ne fonctionne pas. Donc nous appuierons les démarches pour faire évoluer ce fonctionnement et faire en sorte que le prix payé par les consommateurs reflète de manière plus immédiate la réalité du coût de revient du mix énergétique et du niveau de décarbonation de chaque pays.


Source https://ue.delegfrance.org, le 21 septembre 2022