Interview de Mme Dominique Faure, secrétaire d'État chargée de la Ruralité, à Public Sénat le 19 octobre 2022, sur la grève dans les raffineries et les centrales nucléaires, l'utilisation du 49.3 pour le vote du budget pour 2023, l'action du gouvernement pour les territoires ruraux et les stations de sport d'hiver confrontées à l'augmentation des prix de l'énergie.

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Média : Public Sénat

Texte intégral

ORIANE MANCINI
Notre invitée politique ce matin c'est Dominique FAURE, bonjour.

DOMINIQUE FAURE
Bonjour.

ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous, vous êtes secrétaire d'État à la Ruralité, on est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale représentée par Christelle BERTRAND du groupe "La Dépêche", bonjour Christelle.

CHRISTELLE BERTRAND
Bonjour Oriane, bonjour Dominique FAURE.

DOMINIQUE FAURE
Bonjour.

ORIANE MANCINI
On va évidemment parler des questions de ruralité, elles sont nombreuses et elles sont importantes, mais d'abord, et ça concerne aussi finalement les Français en zones rurales évidemment, journée de mobilisation hier dans toute la France, cette crise des carburants qui s'est étendue, cette journée de mobilisation il y a eu 107.000 participants selon le ministère de l'Intérieur, 300.000 selon la CGT. Est-ce que les syndicats ont réussi leur mobilisation pour vous ?

DOMINIQUE FAURE
En fait je n'ai pas d'avis sur le succès ou pas de cette manifestation, moi j'ai envie de dire à quel point on est solidaire des difficultés que rencontrent nos concitoyens, dans la ruralité d'abord, vraiment, les infirmiers, les aides-soignants et tous les aides à domicile, on utilise beaucoup plus sa voiture en environnement rural donc, voilà, beaucoup de solidarité par rapport aux difficultés rencontrées. Ensuite dire qu'on est dans une grève qui aujourd'hui, la solution c'est le dialogue social, je crois qu'il y a eu un accord majoritaire, qui n'est pas respecté par certains syndicats, mais le dialogue social, vous savez, c'est la direction et les salariés, le gouvernement ne peut que… voilà, ne peut pas intervenir, ne peut pas augmenter les salaires, c'est vraiment dans ce dialogue social que va naître la solution. Je pense que la solution elle est trouvée puisqu'il y a un accord majoritaire, j'espère qu'on va sortir de cette impasse.

ORIANE MANCINI
Vous dites à la CGT il faut respecter l'accord et mettre fin à la grève.

DOMINIQUE FAURE
Exactement.

CHRISTELLE BERTRAND
Dominique FAURE, le gouvernement est à la manœuvre depuis plusieurs jours, le président de la République a même repris la main hier dans ce dossier, depuis lundi pardon, a réuni les ministres, finalement ça a eu assez peu d'impact sur la mobilisation, est-ce que ça signifie qu'il a perdu la main et que le gouvernement a perdu la main dans ce dossier ?

DOMINIQUE FAURE
Comme je viens de dire, en fait je pense que le gouvernement ne peut que, on va dire inciter la direction à dialoguer et à aboutir, encore une fois je crois qu'on prête beaucoup au gouvernement qui devrait faire si ou devrait faire ça, aujourd'hui le dialogue social c'est l'affaire de la direction et des salariés, donc a-t-on perdu quoi que ce soit dans…

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce que vous craignez une généralisation du conflit, aujourd'hui on parle des centrales nucléaires ?

DOMINIQUE FAURE
Alors, quand on parle d'augmentations de salaires il est évident qu'on mobilise du monde, donc est-ce que ça va durer, est-ce que ça va s'amplifier, est-ce que ça va se réduire, moi je peux vous dire, je suis sur mon champ, qui est la ruralité, j'essaye d'accompagner nos concitoyens qui sont en grande difficulté, mais vous dire que le gouvernement a perdu la main, franchement je ne pense pas que ce soit…

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce que vous êtes inquiets par exemple de la mobilisation dans les centrales nucléaires, est-ce qu'on doit craindre en impact de ces mobilisations cet hiver ?

DOMINIQUE FAURE
Personnellement je ne le souhaite pas, je pense qu'aujourd'hui nos concitoyens et les salariés sont extrêmement conscients de à quel point on a besoin de notre énergie nucléaire, on est dans un mix-énergétique qui fait qu'on a besoin d'énergie décarbonée, on porte un projet de loi en faveur des énergies renouvelables, la sobriété, oui, les énergies renouvelables, on a besoin de nos centrales nucléaires et d'énergie décarbonée, donc je pense et j'appelle à la responsabilité des salariés.

ORIANE MANCINI
On va parler des finances des collectivités. Les maires ruraux sont inquiets évidemment, comme d'autres élus, mais d'abord un mot sur le 49.3 qui devrait être dégainé aujourd'hui par Élisabeth BORNE pour faire adopter le budget, alors que Bruno LE MAIRE il reconnaît que les débats se sont bien passés, qu'il n'y a pas eu d'obstruction. Est-ce que du coup, en y ayant recours si tard, le gouvernement ne s'est pas mis dans une impasse ?

DOMINIQUE FAURE
Je trouve la question particulière parce que je pense que le 49.3, je veux d'abord rappeler que c'est un article de la Constitution, et puis dire à quel point il a été utilisé par Michel ROCARD, Premier ministre 28 fois, dans les années 88 à 91, François MITTERRAND est président de la République, et donc… en fait c'est un article qui est là pour être utilisé quand on n'a pas une majorité pleine et entière à l'Assemblée et quand on a de l'obstruction. Je crois qu'encore cette nuit on est à 2000 amendements non traités, donc je crois que le moment est venu effectivement pour utiliser le 49.3. Cependant, nous dire que cela fait trois semaines, que les débats se sont bien passés, qu'on aurait pu l'utiliser plus tôt, en fait je pense que c'est un outil qui est…

ORIANE MANCINI
C'est Bruno LE MAIRE qui dit que les débats se sont bien passés !

DOMINIQUE FAURE
Mais je souscris, je trouve qu'ils se sont bien passés, et c'est vrai qu'ils ont été nombreux et nourris, et la Première ministre a toujours dit qu'elle irait au bout du dialogue, du débat, avant d'utiliser le 49.3 si on devait utiliser le 49.3 qui, rappelons-le, est quand même un article qui nous permet à la France d'être gouvernée.

CHRISTELLE BERTRAND
Alors, suite à ce 49.3 le projet de loi de finances va être réécrit par le gouvernement, des amendements qui ont été votés à la majorité dans l'hémicycle, et je pense notamment à l'amendement proposé par le MoDem sur les superdividendes, ou à l'Exit-tax, ne vont vraisemblablement pas être repris, est-ce que c'est normal que des amendements qui ont été votés à la majorité ne soient pas maintenus dans ce texte ?

DOMINIQUE FAURE
Alors, vous en savez peut-être plus que moi, moi je ne suis pas au cœur des discussions sur les amendements qui vont être repris ou pas, je pense qu'il y a une petite centaine d'amendements qui ont de fortes chances d'être repris. Je pense que cet amendement auquel vous faites allusion…

CHRISTELLE BERTRAND
Sur les superdividendes.

DOMINIQUE FAURE
Voilà, est un amendement qui est quand même orthogonal par rapport à la politique que nous portons au gouvernement en termes de…

CHRISTELLE BERTRAND
Pourtant 19 députés Renaissance l'ont voté, 19 députés de votre groupe l'ont voté.

DOMINIQUE FAURE
Oui, mais je vous disais, la politique gouvernementale, vous savez, elle était déjà celle du mandat précédent, cette stabilité fiscale, cette cohérence fiscale, cette attractivité la France par rapport aux autres pays européens, moi j'en suis fière de pouvoir afficher… si aujourd'hui on est sur le chemin du plein emploi c'est bien parce que notre attractivité est là, c'est bien parce que nos entreprises ont confiance dans notre pays, donc à un moment donné des opportunités d'augmenter les impôts il y en a toujours quand on est en situation de gouvernance, donc moi je peux comprendre que le MoDem ait porté cet amendement, je pourrais comprendre que nous ne le retenions pas, voilà ce que je vous dis aujourd'hui, mais je ne suis pas à la manœuvre sur ces sujets comme vous l'avez compris.

ORIANE MANCINI
Les élus ils sont inquiets de la fragilité de leurs finances, les élus ruraux également bien évidemment, des difficultés liées à la hausse des prix de l'énergie, les communes rurales elles bénéficient du bouclier énergétique, il va y avoir une augmentation de la dotation globale de fonctionnement également pour les communes, mais est-ce qu'il faut en faire plus pour ces communes rurales, est-ce qu'il faut aller notamment jusqu'à indexer la DGF sur l'inflation ?

DOMINIQUE FAURE
Alors, vous dire quelques mots puisqu'on en vient sur le sujet des ruralités en France, vous dire que la Première ministre m'a laissé jusqu'à la fin de l'année pour évaluer ce que… l'efficacité de la politique publique en matière de ruralité c'est, quand même le rappeler, septembre 2019, 181 mesures, un agenda rural avec 3 milliards qui ont été injectés…

ORIANE MANCINI
Porté par Édouard PHILIPPE à l'époque.

DOMINIQUE FAURE
Exactement, et c'est mon prédécesseur, Joël GIRAUD, qui a porté sur les fonts baptismaux ces 181 mesures, cet agenda rural, donc il est important de voir trois ans après - alors on a eu plusieurs confinements, septembre 2019-mars 2020 on est confiné, on a eu les élections municipales en 2020, 2022 les élections présidentielles et législatives, donc quel citoyen et quel maire est vraiment conscient que 3 milliards d'euros ont été injectés sur les territoires ruraux, c'est 181 mesures, beaucoup de mesures, donc jusqu'à la fin de l'année, autour de trois axes, une évaluation très objective par l'IGEDD qui est un institut qui va évaluer la politique publique et les 181 mesures de façon très objective.

ORIANE MANCINI
Donc d'ici le mois de décembre.

DOMINIQUE FAURE
D'ici le mois de décembre, moi-même qui aurait fait une trentaine de visites sur des territoires ruraux d'ici la fin de l'année, j'en suis à 18 aujourd'hui, j'ai vu 9 régions sur les 13, je fais une sorte de Tour de France des régions…

ORIANE MANCINI
Alors qu'est-ce que vous constatez du coup dans votre – puisque vous sillonnez la France, vous l'avez dit - sur ces 181 mesures qu'est-ce qui a marché, qu'est-ce qui n'a pas marché, est-ce qu'il y avait des mesures qui n'étaient pas les bonnes, est-ce qu'il faut en changer, qu'est-ce qui reste à faire ?

DOMINIQUE FAURE
On va vraiment se féliciter sur le sujet des maisons France services, on est à 2600 et on entend un besoin d'avoir une capillarité plus grande, de se rapprocher encore plus du citoyen en ruralité, donc oui ces maisons France services sont…

CHRISTELLE BERTRAND
Ça veut dire que vous allez en construire de nouvelles ?

DOMINIQUE FAURE
Alors il n'est pas impossible, c'est Stanislas GUERINI avec lequel nous travaillons sur ce sujet, que l'on puisse en avoir une petite centaine ou 150 complémentaires, mais je pense que là, 2600…

ORIANE MANCINI
A quelle échéance ?

DOMINIQUE FAURE
Là, là, les 2600 c'est à la fin de l'année, on est autour de 2400, mais il y a des engagements qui font qu'on sera à 2600 à la fin de l'année, et j'entends des maires dire à quel point ils ont besoin de maisons France services à un niveau de collectivité inférieur. Sur le numérique, avec mon collègue Jean-Noël BARROT, on est sur le déploiement du haut débit fixe, donc la fibre optique, sur le haut débit mobile, la 4G, la 5G, on a opéré une évolution, en partenariat avec les départements, c'est souvent ensemble quand on arrive à être efficace, et bien nous arrivons à un niveau de couverture excellent, bien sûr qu'il nous faut continuer, mais ça fait partie de ces investissements et de ces décisions, au sein de l'agenda rural il y en a beaucoup, mais je voulais citer ces deux-là. Ensuite sur les sujets sur lesquels je suis absolument consciente à quel point nous devons accélérer, c'est les déserts médicaux, c'est la mobilité, donc les déserts médicaux vous avez vu cette quatrième année qui est portée par François BRAUN et Agnès FIRMIN-LE BODO…

ORIANE MANCINI
Qui a été portée par les sénateurs, ça a été voté au Sénat hier également…

DOMINIQUE FAURE
Oui, effectivement, on est très heureux. Pourquoi ? Parce que ça va être, nous, dans le PLFSS, donc la Sécurité sociale, une quatrième année d'internat en médecine générale, et qui va nous permettre de proposer à ces jeunes internes les zones peu denses, donc en très grande partie deux tiers en ruralité probablement et un tiers en environnement plus urbain puisque, effectivement, il y a aussi des problématiques de déserts médicaux dans…

CHRISTELLE BERTRAND
Sur les mobilités, est-ce que vous avez déjà des pistes de travail parce qu'on voit qu'aujourd'hui ce sont les zones rurales notamment qui souffrent des problèmes d'approvisionnement en essence, certaines personnes ne peuvent plus du tout prendre leur voiture, donc ça accroît encore les problèmes qui étaient préexistants, est-ce que vous avez des pistes de travail sur ce sujet ?

DOMINIQUE FAURE
Oui, absolument, mais vous dire que ce que je pressens après ces trois mois à porter ce portefeuille des ruralités c'est qu'on va voir les élus locaux, avec qui on va pouvoir travailler main dans la main, et les maires ruraux pour agir, mais on va aussi avoir toutes ces associations, je pense à Familles rurales par exemple, que nous accompagnons, et qui sont pour nous des maillons essentiels pour mettre en œuvre des politiques publiques localement. Et pourquoi je pense à Familles rurales ? Parce qu'ils portent un projet de déplacement solidaire, qui est extrêmement utile dans les départements de France dans lesquels ils sont présents…

CHRISTELLE BERTRAND
C'est quoi du déplacement solidaire, du covoiturage ?

DOMINIQUE FAURE
En fait c'est tout simplement des bénévoles qui font du covoiturage avec leur propre voiture et ils sont dédommagés à un prix au kilomètre qui rembourse l'essence et l'amortissement de la voiture, et donc on est vraiment sur des sujets qui ont du sens parce que… on est dans du lien social puisque souvent ils embarquent trois, quatre personnes dans leur véhicule, on est sur du bénévolat, on est sur un niveau de capillarité très fine, et donc je pense que… c'est des idées, pas plus tard que lundi soir je rencontrais un porteur de projet très innovant, donc vous voyez l'associatif, mais aussi des initiatives entrepreneuriales qui portent un projet extrêmement étonnant, que je trouve intéressant d'explorer, qui vise à embarquer… vous savez, on a investi sur 1 500 kilomètres de petites lignes dans nos ruralité, et donc c'est embarquer dans le train un peu de fret avec des voitures électriques et qui permettent à nos passagers d'embarquer dans le train, ou à la descente de la voiture, d'embarquer dans des véhicules électriques pour se rendre chez eux et ramener le véhicule électrique à la gare après, voyez, des initiatives j'en ai perçues beaucoup…

ORIANE MANCINI
Ça c'est un travail avec la SNCF…

DOMINIQUE FAURE
Absolument.

CHRISTELLE BERTRAND
Toutes ces pistes de travail vous allez en discuter dans le cadre du CNR ou certaines peuvent être mises en place avant ?

DOMINIQUE FAURE
Alors le troisième axe, je vous disais, mes visites sur le terrain, environ une trentaine d'ici la fin de l'année, toutes les régions, un Tour de France des régions, une évaluation de la politique, je vous ai dit de l'IGEDD, et puis des groupes de travail, donc les cinq groupes de travail du CNR, où évidemment la composante ruralité, je veillerai à ce que cette composante ruralité soit prise en en compte, vous voyez bien les déserts médicaux sur le CNR santé, problématique bien spécifique, sur le bien vieillir, avec Jean-Christophe COMBE, bien sûr le bien vieillir en ruralité…

ORIANE MANCINI
En fait tout sera à l'intérieur de ce Conseil national de la refondation.

DOMINIQUE FAURE
Non.

ORIANE MANCINI
Ah, il y a autre chose !

DOMINIQUE FAURE
Cinq sujets du CNR sur lesquels évidemment là moi je n'ouvre pas de groupe de travail puisque je serai au sein de ce groupe de travail du CNR, qui vont cranter vraiment les territoires locaux et ruraux, et puis cinq autres groupes de travail, que j'ai initiés pas plus tard que la semaine dernière, pour aussi évaluer, mais aussi être force de propositions, être innovants…

ORIANE MANCINI
Sur quels sujets, rapidement ?

DOMINIQUE FAURE
On va trouver Culture et patrimoine, plein d'idées ont émergé de rendez-vous que j'ai fait avec Rima, la ministre de la Culture, bien sûr au sujet de Sport et vie associative, je crois beaucoup au sport vecteur d'intégration sociale dans nos territoires ruraux, alors bien sûr des sujets comme Logement, Habitat, Mobilité, donc déjà trois groupes que je vous cite, l'Attractivité de nos territoires ruraux, et puis un dernier groupe qui est Sécurité, vie citoyenne dans nos ruralités. Sécurité, pourquoi ? Parce que je m'aperçois que de nombreux maires aujourd'hui, quand je rencontre 30, 40 maires, dans tous mes déplacements j'essaye de demander aux préfets de réunir plusieurs maires, il y en a toujours un pour me dire que, voilà, actes de violence, et donc il nous faut travailler ce sujet particulièrement au niveau de la ruralité, donc…

ORIANE MANCINI
Juste un mot là-dessus puisque le Sénat a voté hier la loi Lopmi et la loi de programmation du ministère de l'Intérieur, de nombreuses mesures évidemment, mais parmi les mesures il y a la création de 200 brigades de ruralité, est-ce que pour vous, on imagine que c'est une bonne chose, mais est-ce qu'il en faut plus, et est-ce que vous allez suivre justement le lancement, la création de ces brigades de ruralité ?

DOMINIQUE FAURE
Le suivre de très près.

ORIANE MANCINI
C'est un message à Gérald DARMANIN ça.

DOMINIQUE FAURE
Absolument. Je m'en réjouis. Pourquoi en faudrait-il plus ? On n'a pas commencé à voir l'efficacité de ces 200 premières, c'est énorme 200 brigades de gendarmerie, on en est extrêmement heureux, les maires du rural en sont extrêmement heureux, les citoyens sont extrêmement heureux, on aime notre gendarmerie dans les territoires ruraux, donc pourquoi faudrait-il plus aujourd'hui. Moi je pense qu'on va déjà voir comment on déploie ces 200 brigades, l'efficacité…

ORIANE MANCINI
La rapidité du déploiement.

DOMINIQUE FAURE
…Rôle de prévention de la gendarmerie qui est majeur.

CHRISTELLE BERTRAND
Alors là vous nous avez parlé de nombreux groupes de travail, de nombreux groupes de réflexion, c'est des choses qui vont prendre du temps, est-ce qu'il n'y a pas des mesures d'urgence à prendre aujourd'hui pour rassurer les Français dans les zones rurales, qui se sentent délaissés depuis plusieurs années ?

DOMINIQUE FAURE
Alors, les mesures d'urgence elles ont été votées cet été, franchement, avec le PLFR, donc la loi de finances rectificative, c'est quand même 430 millions d'euros qui ont été votés, c'est quand même un certain nombre de mesures sur le prix de l'énergie qui ont été prises d'ici la fin de l'année avec des chèques énergie, donc moi je pense que les mesures ont été prises vraiment cet été, et puis je suis extrêmement heureuse de pouvoir porter des projets pour 2023 et d'avoir le temps de porter des projets, de porter à la Première ministre, et mon ministre de tutelle Christophe BÉCHU, un projet pour la ruralité, un nouveau souffle pour notre agenda rural au premier trimestre 2023 et d'avoir un peu de temps pour le mettre en œuvre.

ORIANE MANCINI
Justement on va parler environnement avec Christelle, mais une question, puisque vous parlez énergie, vous allez au Congrès des maires, des élus de montagne, il y a une inquiétude évidemment parmi les élus de montagne, c'est l'ouverture des stations de ski avec la hausse de la facture des prix de l'énergie, est-ce que vous allez prendre des mesures spécifiques pour aider ces maires de montagne qui doivent ouvrir leurs stations de ski mais qui se retrouvent souvent face à des difficultés financières ?

DOMINIQUE FAURE
Alors on en a déjà prises, je peux vous dire que le sujet principal à la fois des maires, qui ont donc des remontées mécaniques en régie, ou bien des entreprises qu'ils gèrent, moi j'ai fait un certain nombre d'assemblées générales d'élus locaux ces dernières semaines, et je vais à l'ANEM effectivement demain. La dernière que j'ai faite, c'est l'ANEM des stations de montagne, SM à la fin, ils sont une centaine de maires, à l'époque EDF essayait de leur faire signer un contrat de trois ans sur l'énergie autour de 500 euros du mégawatheure, aujourd'hui on est à 180 euros, et je disais à cette époque il faudrait qu'on arrive à 200 euros. Nous sommes arrivés à obtenir ces 180 euros, donc je pense que les stations de montagne vont pouvoir fonctionner cet été et je pense que…

ORIANE MANCINI
Cet hiver, donc il n'y a pas d'inquiétude ?

DOMINIQUE FAURE
Cet hiver, excusez-moi…

ORIANE MANCINI
Cet hiver… il n'y a pas d'inquiétude, c'est-à-dire il n'y a pas de communes qui ne pourront pas ouvrir leur station de ski faute de… ?

DOMINIQUE FAURE
Pas à ma connaissance, et je prendrai la mesure demain lors de l'assemblée générale de l'ANEM en Aveyron.

ORIANE MANCINI
Vous allez leur faire des annonces du coup, il y aura des annonces complémentaires ?

DOMINIQUE FAURE
Non, non, je prendrai la mesure je vous disais, parce qu'effectivement j'ai le sentiment qu'à 180 euros du mégawatheure…

ORIANE MANCINI
Ça va bien se passer.

DOMINIQUE FAURE
Mais ce que je voudrais profiter de ce point pour vous dire, c'est à quel point certaines stations de montagne ont déjà embarqué les énergies renouvelables, je voudrais citer…

ORIANE MANCINI
Justement, Christelle a une question là-dessus, mais finissez, allez-y.

DOMINIQUE FAURE
Donc je suis allée visiter dans les Hautes-Alpes, effectivement ils ont équipé toutes les remontées mécaniques de panneaux photovoltaïques, extrêmement intéressant, ils arrivent à alimenter à hauteur de 30 % les énergies dont ils ont besoin pour fonctionner, donc il faut encourager les investissements en énergies renouvelables, particulièrement à la montagne.

CHRISTELLE BERTRAND
Alors, vous citiez Christophe BÉCHU il y a quelques instants, vous êtes sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, depuis le début de ce deuxième quinquennat on parle beaucoup d'énergie et l'actualité en effet nous y oblige, mais Emmanuel MACRON a fait de l'environnement et de la transition un des points forts de sa campagne, on entend peu parler d'autres sujets comme biodiversité, comme la gestion des forêts, qui pourtant étaient eux aussi au centre de l'actualité, comment vous l'expliquez ?

DOMINIQUE FAURE
Que vous en entendiez peu parler, moi je ne partage pas ce point de vue. Je travaille main dans la main avec ma collègue Bérangère COUILLARD, qui est en charge la biodiversité, qui fait un travail remarquable, Christophe BÉCHU qui, je le rappelle, est à la tête d'un ministère, Transition écologique et Cohésion des territoires, nous sommes cinq autour de lui, avec une bonne cohésion au sein de l'équipe, et je peux vous dire que c'est quand même, depuis ce mandat que l'on a… le président de la République et la Première ministre ont décidé de regrouper ces deux ministères, et notre objectif c'est de cranter la transition écologique dans les territoires. Vous dites qu'on en entend peu parler…

CHRISTELLE BERTRAND
Des pistes de travail ?

DOMINIQUE FAURE
Moi j'ai envie de vous dire ça avance ça avance très bien. Pourquoi ? parce que d'abord il faut prendre conscience qu'on franchira une étape, dans le domaine de la transition écologique, quand on sera opérationnel tous ensemble, c'est-à-dire, ici on est sur Public Sénat, il faut que cette transition écologique elle soit embarquée du citoyen au gouvernement, avec le maire, l'intercommunalité, le département, la région, et ce n'est qu'ensemble, et aujourd'hui on travaille sur plein de sujets, vous le savez bien, sur la non-artificialisation des sols à horizon 2050, la baisse de l'artificialisation à hauteur de 50 % à 2030, ce sont des sujets sur lesquels nous travaillons d'arrache-pied pour embarquer la transition écologique à tous les niveaux.

CHRISTELLE BERTRAND
Pour parler d'un sujet qui a été au cœur de l'actualité cet été avec les incendies, sur les forêts par exemple, dans le budget les effectifs de l'ONF sont seulement sanctuarisés et pas augmentés, est-ce que c'est suffisant ?

DOMINIQUE FAURE
Là on est sur le champ de compétences de ma collègue Bérangère COUILLARD, moi je ne sais pas vous dire si véritablement ce budget devrait être augmenté, en tout cas ils font un travail remarquable, moi je suis dans mes ruralité très confrontée au sujet des forêts. Je vais vous dire, les ruralités qu'est-ce que c'est aujourd'hui en France, par l'INSEE, c'est 22 millions de Français, un tiers de la population française, sur 88 % du territoire, dont 44 %, c'est-à-dire la moitié, est agricole, le reste ce sont des forêts, des villages, c'est nos campagnes, la montagne, mais je suis évidemment confrontée… mais, voilà, l'ONF, l'Office français de la biodiversité, ce sont pour moi des institutions partenaires avec lesquels nous travaillons, le budget pourrait être augmenté, mais le budget de beaucoup de nos administrations pourrait être augmenté, moi je suis très solidaire d'un gouvernement qui veut quand même… qui porte cet objectif de revenir en dessous des 3 % de déficit à horizon de 2026, donc moi je trouve qu'on va protéger les Français avec notre budget 2023, on pourrait peut-être faire plus, mais c'est à Bérangère et Christophe BÉCHU de vous répondre.

ORIANE MANCINI
Un dernier mot peut-être un peu plus politique, on a constaté lors des dernières élections, municipales, législatives, présidentielle, une poussée du Rassemblement national dans les zones rurales et un vote qui s'éparpille sur tout le territoire, comment vous l'interprétez, est-ce que c'est la preuve que le gouvernement n'a pas su répondre aux préoccupations de ce monde rural durant le précédent quinquennat ?

DOMINIQUE FAURE
J'ai envie de dire que c'est un peu mon combat et que j'ai l'intime conviction que ce vote est un vote effectivement de révolte, est un vote qui nécessite que je passe beaucoup de temps sur les territoires, sur le comment je vais pouvoir améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, c'est vraiment mon combat, mon souhait le plus cher, j'y passe beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, et je pense qu'il y a, parmi ce vote des extrêmes, des deux extrêmes, il y a un vote un peu de révolte. Je vous disais que cet agenda rural a été voté en septembre 2019, je vous disais que mars 2020 confinement, il y avait d'autres préoccupations, pour que nos concitoyens véritablement mesurent à quel point on avait pris en compte les difficultés qu'ils rencontrent, aujourd'hui on a cité les desserts médicaux, on a cité…

ORIANE MANCINI
Donc ce n'est pas un problème de mesures prises, c'est un problème de communication, de pédagogie ?

DOMINIQUE FAURE
J'ai envie de dire les deux, si vous me le permettez, je pense qu'il y a un problème de lisibilité, il y a un problème peut-être d'efficacité, mais c'est l'évaluation de la politique publique, que j'aurai d'ici la fin de l'année, qui me permettra de le dire, mais c'est aussi un problème de pédagogie, et puis peut-être de choses innovantes que l'on voit identifier, que l'on va porter dans ce deuxième souffle, voilà comment je vois les choses aujourd'hui, mais c'est véritablement mon combat, l'amélioration de la qualité de la vie de nos concitoyens. J'ai été maire jusqu'en juillet 2022… le 7 juillet j'ai passé la main, et donc je suis assez habitée par l'envie d'améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.

ORIANE MANCINI
Merci Dominique FAURE, merci beaucoup…

DOMINIQUE FAURE
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 octobre 2022