Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Clément BEAUNE.
CLÉMENT BEAUNE
Bonjour Marc FAUVELLE.
MARC FAUVELLE
Trois motions de censure seront débattues aujourd'hui à l'Assemblée nationale, a priori aucune n'aboutira, tout simplement parce que les députés Les Républicains ne les voteront pas. Vous leur dites merci ?
CLÉMENT BEAUNE
Non il y a un sens des responsabilités, donc je pense, j'ai entendu plusieurs élus députés des Républicains dire qu'ils ne voulaient pas ajouter des difficultés aux difficultés, tant mieux et une motion de censure c'est un moment où on dit, est-ce qu'on a un projet alternatif ? Je n'en vois pas dans les oppositions, au moins Les Républicains ont le sens, le courage de dire, écoutez avançons, il faut que la France ait un budget et on ne va pas mettre des entraves supplémentaires dans une situation, on le voit bien qui sur le plan international, sur le plan énergétique et autres est compliqué.
MARC FAUVELLE
Hier Nicolas SARKOZY dans le Journal du Dimanche a conseillé à Emmanuel MACRON d'aller encore plus loin en concluant un pacte avec la droite, faut-il le faire ?
CLÉMENT BEAUNE
Je ne crois pas que ce soit ni possible, ni souhaitable, d'abord parce que le groupe des Républicains à l'Assemblée nationale depuis les élections législatives n'a pas indiqué souhaiter faire cela. Et puis surtout je pense qu'il faut garder même quand c'est difficile, quand on a une majorité qui est relative, première force politique du Parlement mais une majorité relative, il faut garder ce caractère central. Moi, j'y crois beaucoup, on n'a pas eu de dépassement, on n'a pas eu de rassemblement, si on veut que ce ne soit pas seulement des mots mais des actes, ça veut dire qu'il faut être capable de continuer à essayer de travailler avec chacun à l'Assemblée nationale.
SALHIA BRAKHLIA
Vous dites surtout ça parce que vous incarnez l'aile gauche du gouvernement.
CLÉMENT BEAUNE
Je ne le cache pas mais je crois que c'est notre promesse en général qu'on vienne de la gauche ou de la droite ou du centre, notre parti politique, on nous a parfois moqué en disant c'est quoi au fond ce rassemblement et ce dépassement, eh bien c'est ça, c‘est de ne pas faire une alliance politique avec un autre parti politique à droite ou à gauche de manière stable, fermée, c'est d'avoir la capacité au centre de travailler avec ceux qui sur tel ou tel sujet veulent avancer avec nous.
SALHIA BRAKHLIA
Clément BEAUNE, est-ce qu'il y a eu assez de carburant pour les départs en vacances ce week-end ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui il y a eu, il y a encore un certain nombre de difficultés, je ne veux pas le cacher, les Français le voient bien, mais ce que nous avions indiqué, ce sur quoi nous nous étions engagé, ce que nous nous sommes battus pour faire, c'est d'avoir un départ en vacances serein, c'est que la situation s'améliore très significativement avant le départ en vacances vendredi soir, c'est de donner la priorité aussi, c'est ce que j'ai décidé en fin de semaine avec la ministre de l'Énergie aux autoroutes, aux routes les plus fréquentées pour que les automobilistes qui partent en vacances, 85 % des Français partent en vacances en voiture, puissent avoir accès au carburant et ça a été très majoritairement le cas. On n'est plus du tout dans la situation qu'on connaissait il y a 15 jours.
MARC FAUVELLE
Pourquoi le gouvernement ne donne plus de chiffre depuis vendredi sur le nombre de stations à sec et d'ailleurs quel est le chiffre ce matin ?
CLÉMENT BEAUNE
Écoutez on va voir ce matin parce que…
MARC FAUVELLE
Alors quel était le chiffre hier ?
CLÉMENT BEAUNE
mais c'est un peu plus sans doute de 10 % des stations qui sont encore en difficulté, c'est-à-dire qui manque d'un produit au moins, c'est à peu près le taux aujourd'hui, ce qui veut dire que par rapport à lundi dernier on était à peu près à 30 % des stations-services de France qui étaient en difficulté voire en pénurie, on a une situation qui n'a rien à voir. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de difficulté du tout et ça ne veut pas dire que localement il n'y a pas des difficultés plus importantes.
SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire qu'il y a encore des mesures de rationnement dans certains départements.
CLÉMENT BEAUNE
Non alors j'y viens, mais par exemple on sait qu'en Ile-de-France, on sait que, en Bourgogne Franche-Comté, on sait qu'en Auvergne-Rhône-Alpes situation est un peu plus difficile, les gens le voient et le ressentent. Et on a demandé avec Agnès PANNIER-RUNACHER qu'il y ait des mesures justement pour partir en vacances qui soient prises, que les préfets ne prennent plus des arrêtés de rationnement puisqu'à partir au moment où le carburant arrivait eh bien ça n'était plus indispensable, ça n'était plus nécessaire d'avoir ces mesures de rationnement et on a pris d'autres mesures pour approvisionner davantage. Le fait, j'ai décidé pour un 3e week-end consécutif que les camions citerne par exemple puissent circuler le dimanche et provisionner au mieux les stations-service françaises.
MARC FAUVELLE
Donc plus de rationnement et plus de réquisition non plus.
CLÉMENT BEAUNE
Alors il y a des réquisitions qui ont été décidées.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il y en aura des nouvelles dans la raffinerie et dans le dépôt qui reste aujourd'hui en grève ?
CLÉMENT BEAUNE
Il n'y a pas de mesures qui sont en ce moment prévues ou décidées, on a toujours la même approche, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y a eu besoin mais de manière ciblée, proportionnée parce que la réquisition ce n'est pas une mince affaire, ça n'est pas une petite chose, on l'a fait. Aujourd'hui ça a permis de débloquer les approvisionnements et la situation s'est beaucoup améliorée, donc on ne va pas le faire pour le plaisir et pour le principe, on le ferait uniquement s'il y avait des besoins supplémentaires et tant mieux le mouvement social aussi s'est quasiment arrêté, il y a une raffinerie simplement qui est aujourd'hui encore dans un mouvement social.
SALHIA BRAKHLIA
Et un dépôt. Est-ce que vous excluez totalement de prolonger la ristourne qui doit passer de 30 centimes à 10 centimes le 15 novembre prochain ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui il faut être clair sur les calendriers pour que chacun s'y retrouve, le gouvernement et ça avait été complété par la société TOTAL avait décidé d'une ristourne et d'un calendrier de baisse de la ristourne et de disparition à la fin de l'année.
MARC FAUVELLE
Qui a déjà été modifié une fois et prolongée une fois.
CLÉMENT BEAUNE
Oui, la Première ministre l'a dit parce qu'on était dans une situation exceptionnelle. La Première ministre l'a annoncé il y a quelques jours, ce qui était prévu le 1er novembre, on baissait de 20 centimes pour la ristourne du gouvernement, de 10 centimes pour celle de TOTAL, ça a été décalé à mi-novembre, pourquoi ? Pour que les vacances se passent justement plus sereinement et que les Français qui ont été pénalisés par ces difficultés sur le carburant pendant deux ou trois semaines ne soient pas inquiets de la baisse de la ristourne et qu'il n'y ait pas de ruée aux stations-services à la fin ou pendant les vacances scolaires, donc je crois que c'est une mesure d'apaisement et aussi une forme de compensation légitime des Français qui n'avaient pas pu bénéficier de ces ristournes pendant les jours prévus.
MARC FAUVELLE
En janvier les deux ristournes vont s'arrêter, celle du gouvernement et celle de TOTAL, est-ce qu'il y aura des aides ciblées à la place ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors aujourd'hui ce n'est pas prévu, il n'y a pas dans le projet de loi de finance, dans le budget 2023 une aide, un dispositif d'aide qui est prévu après le 1er janvier.
MARC FAUVELLE
Il pourrait y avoir un budget rectificatif ou des annonces…
CLÉMENT BEAUNE
Oui.
MARC FAUVELLE
C‘est une possibilité que vous vous laissez.
CLÉMENT BEAUNE
Pour le dire clairement la ristourne elle s'arrête le 31 décembre, ça a été clair, elle a été prévue pour le 1er novembre, c'est le 15 novembre et elle s'arrête le 31 décembre. Ce qu'on a toujours dit, Bruno LE MAIRE et moi-même c'est que s'il y avait des difficultés, on ne peut pas savoir exactement ce que sera la situation de l'énergie en début d'année, s'il y avait des difficultés nous prendrions le cas échéant des mesures, mais qu'elles seraient forcément plus ciblées qu'avant.
MARC FAUVELLE
Qu'est-ce que vous appelez des difficultés, vous vous êtes fixés par exemple un montant, si le litre est au-dessus de 2 euros.
CLÉMENT BEAUNE
Non, il n'y a pas de seuil, on verra ce qui se passe, parce qu'on ne va pas faire des prédictions et avoir un seuil de déclenchement, ça pourrait créer aussi des mouvements de spéculations parce qu'on en a vu quelques-uns, donc je pense que ce serait une erreur de raisonner comme ça. Ce qu'on a dit et honnêtement on l'a démontré, c'est quand il y a besoin de protéger on est là pour protéger, on prend les mesures nécessaires, simplement puisqu'on parle de transition écologique…
MARC FAUVELLE
Vous dites très clairement aux automobilistes, on ne vous laissera pas tomber l'année prochaine.
CLÉMENT BEAUNE
Je dis on ne laissera pas tomber s'il y a des grandes difficultés, on n'a jamais laissé tomber les automobilistes, on n'a jamais laissé tomber les Français, quand il y avait…, on a fait le plus en Europe des difficultés majeures sur l'inflation, on a le bouclier énergétique qui se remet en place au 1er janvier, tout ça ce sont des mesures de protection du pouvoir d'achat. Donc on l'a fait mais on le fait de manière pragmatique et on le fait de manière ciblée parce qu'il faut trouver l'équilibre entre les finances publiques, la protection nécessaire et puis l'écologie parce que…
MARC FAUVELLE
On va en parler dans un instant.
CLÉMENT BEAUNE
La transition du véhicule thermique et des énergies fossiles vers des énergies plus propres. Donc on doit aussi le prendre en compte.
MARC FAUVELLE
On va en parler dans un instant, on parlera aussi de ce qui attend les usagers de la SNCF dans quelques minutes.
MARC FAUVELLE
Toujours avec le ministre chargé des Transports Clément BEAUNE. J'en profite pour présenter nos excuses aux téléspectateurs de Franceinfo canal 27 qui n'ont pas pu suivre le début de cet entretien et qui nous rejoignent à l'instant. Les auditeurs de Franceinfo radio, eux, sont là depuis le début et vous aussi Sahlia. C'est donc à vous.
SAHLIA BRAKHLIA
Oui, on continue. Clément BEAUNE, une prime covoiturage de 100 euros va être mise en place à partir du mois de janvier. Pour en profiter il faudra s'inscrire sur une plateforme. À qui ça s'adresse ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors on va dévoiler un plan covoiturage qui inclura ce bonus à ceux qui s'inscrivent sur une plateforme, et puis d'autres mesures aussi type des parkings gratuits sur les aires d'autoroutes pour que ceux qui arrivent avec leurs véhicules individuels puissent s'organiser avec les collègues de bureau par exemple pour finir le trajet en covoiturage. Donc c'est un plan plus large que ça qu'on dévoilera avant le 1er janvier. Vous avez raison, il y a une incitation financière qui sera prévue.
SALHIA BRAKHLIA
100 euros.
CLÉMENT BEAUNE
Le montant exact sera défini, mais c'est l'ordre de grandeur ; d'ici le 1er janvier. Il faudra définir le système le plus simple possible, s'inscrire sur une plateforme, puis quand vous aurez fait…
MARC FAUVELLE
Pour la première fois ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors ça, c'est une question : pour la première fois ou pour la première fois pour les trajets courte distance. Parce que pour être clair aujourd'hui, le covoiturage des sociétés qu'on connaît bien Blablacar et d'autres existe. C'est encore assez marginal mais ça existe surtout pour les départs en vacances, pour des voyages notamment pour les jeunes qui sont un peu longs, plusieurs centaines de kilomètres. Ce qui est très rare aujourd'hui et qu'il faut encourager, c'est le covoiturage pour aller au boulot le matin.
MARC FAUVELLE
Ça veut dire qu'on ne pourra pas toucher cette prime par exemple pour partir en vacances à plusieurs en covoiturage.
CLÉMENT BEAUNE
Alors c'est ce qu'on est en train de discuter avec les plateformes. Il y aura peut-être une aide à la longue distance aussi ; on est en train de le calibrer. Mais la priorité, la cible de ce plan ce seront les trajets du quotidien, et ce sera notamment pour aller au travail le matin. Et l'idée, sans être trop compliqué, c'est qu'on vérifie évidemment que ça ne soit pas juste une inscription et puis, en fait, vous ne le faites pas.
SALHIA BRAKHLIA
Alors comment vous allez faire ça ?
CLÉMENT BEAUNE
C'est qu'au bout d'un certain nombre de trajets, vous aurez la prime, donc il faudra s'inscrire.
SALHIA BRAKHLIA
Il faudra un nombre de trajets minimum pour pouvoir bénéficier de la prime ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, parce que sinon vous vous inscrivez où je m'inscris.
MARC FAUVELLE
Il faudra la réclamer cette prime ou c'est la plateforme qui fera la demande ?
CLÉMENT BEAUNE
Non, ce sera le plus simple possible. Ce sera quand vous rentrerez vos coordonnées sur la plateforme, vous l'aurez. On est en train de définir ça avec les plateformes en ligne de covoiturage. Il y a des grandes entreprises qu'on connaît bien e puis il y a des petites start-up françaises qui sont aussi très dynamiques, et on a sans doute le pays d'Europe où on a le plus grand nombre de sociétés de covoiturage, donc encourageons aussi cette innovation.
MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON veut aussi permettre l'accès des modestes à la voiture électrique en leasing pour 100 euros par mois. Les inscriptions dans un an, les premières voitures sur les routes début 2024. Est-ce qu'elles seront françaises ces voitures électriques ?
CLÉMENT BEAUNE
Le maximum, le maximum. Et l'idée de décaler un peu, parce qu'on pourrait se dire : on commence là tout de suite, c'est d'abord que ça se met en place ce mécanisme. C'est un peu nouveau et donc il y a forcément des choses techniques à régler, mais c'est aussi parce qu'on veut encourager une filière française et européenne. Et aujourd'hui, on le sait, les véhicules électriques les moins coûteux, ils sont souvent chinois.
MARC FAUVELLE
Il est possible qu'il y ait des voitures chinoises dans ce dispositif ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors oui, pour l'instant il est possible qu'il y ait des voitures étrangères dans ce dispositif, mais l'idée c'est de trouver l'équilibre entre ne pas pénaliser les Français à qui on dit "passez à l'électrique, démocratisons l'électrique, on vous aide à le faire"…
MARC FAUVELLE
Et soutenir l'industrie chinoise qui n'en a pas vraiment besoin en ce moment.
CLÉMENT BEAUNE
Exactement. Mais c'est ça, il y aura peut-être une phase de transition. Je ne dis pas qu'il y aura 0 voiture non-européenne tout de suite. Mais notre idée, c'est bien de mettre en place le mécanisme et en même temps d'encourager la filière. Ça a été le sens du Mondial de l'auto. Les aides qu'on donne aussi à l'investissement dans la filière française et européenne, de la relocalisation des gigafactories qui produisent les batteries sur notre sol, c'est d'avoir une filière française et européenne, bien sûr.
SALHIA BRAKHLIA
On vous pose la question parce que Carlos TAVARES, le patron de STELLANTIS qui était à votre place la semaine dernière dit : il y en a marre en fait, l'Union européenne, la France dressent un pont d'or aux Chinois et nous c'est plus compliqué, on n'a pas accès dans les mêmes conditions.
CLÉMENT BEAUNE
Oui mais aujourd'hui, soyons clairs, on est sur le véhicule électrique bon marché ou moyenne gamme en retard par rapport aux Chinois. On a beaucoup d'autres avantages mais pas celui-là. Et donc nos constructeurs français et européens disent : attention - ils ont raison - n'encouragez pas les véhicules chinois. Aujourd'hui une bonne partie des bonus qui existent vont à la fin dans des véhicules non-européens. Ça, c'est un problème. Qu'est-ce qu'on fait face à ça ? Soit on dit : écoutez, on ne fait pas l'électrique et on garde le thermique puisque finalement le thermique, on sait faire. C'est impossible sur le plan écologique.
SALHIA BRAKHLIA
Mais dans un système de leasing mis en place par le gouvernement pour favoriser les véhicules européens.
CLÉMENT BEAUNE
Bien sûr mais pardon, c'est le problème qu'on a dès aujourd'hui avec le bonus qui parfois bénéficie à des véhicules qui ne sont pas européens. La réponse à ça, ce n'est pas d'arrêter le bonus ou d'arrêter le soutien électrique, c'est de créer une filière industrielle française et européenne. Et c'est ce qu'on fait aujourd'hui en encourageant les constructeurs à passer, si je puis dire, la seconde ou la cinquième pour aller à du tout thermique en 2035. C'est ce qu'on a défini au niveau européen. On l'a fait au niveau européen pour qu'on donne les mêmes incitations à tous nos constructeurs, pas séparément en France, en Allemagne ou ailleurs mais tous ensemble. Et d'ailleurs les modèles électriques se développent, les modèles électriques français et européens se développent aujourd'hui. Et puis enfin, c'est très important, il faut une réciprocité. C'est ce qu'on défend avec Bruno LE MAIRE, avec beaucoup de membres du gouvernement depuis maintenant plus de cinq ans. C'est d'avoir une réciprocité dans l'accès aux marchés. C'est-à-dire les entreprises chinoises, parlons franchement, souvent elles reçoivent des subventions dans leurs marchés dans leur pays, et donc c'est pour ça aussi qu'elles sont moins chères. Pas parce qu'on est moins bons qu'eux, c'est parce qu'elles sont subventionnées directement ou indirectement. Et donc avoir des mesures antidumping pour que les entreprises chinoises ne soient pas en soutien de leurs marchés alors que nous non, c'est ça qu'on met en place aussi au niveau européen.
MARC FAUVELLE
Clément BEAUNE, dans les deux années qui viennent, toutes les agglomérations françaises de 150 000 habitants et plus devront avoir mis en cause pas des ZFE, des zones à faibles émissions et de restrictions pour les voitures les plus anciennes. On sait que ce sont les Français les plus modestes qui seront les premiers concernés. Comment faire pour que ça ne se transforme pas en mesure anti-pauvres ?
CLÉMENT BEAUNE
Vous avez raison, c'est absolument ça qu'il faut éviter. Il ne faut pas qu'on dise : écoutez, vous n'avez pas les moyens, vous n'avez pas de véhicule électrique, en plus vous n'avez pas accès au centre-ville. Alors ce sont d'abord les métropoles elles-mêmes, il y en a 45 en France qui sont concernées.
MARC FAUVELLE
Vous allez les recevoir demain.
CLÉMENT BEAUNE
On va les recevoir demain avec Christophe BÉCHU. C'est elles qui fixent les règles dans un cadre d'ici 2025 prévu par la loi, mais on va essayer de coordonner au maximum. Et puis surtout, on va aider, c'est ça qui est très important.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il peut y avoir des exceptions ? Est-ce que par exemple une famille ou un particulier qui n'a pas les moyens pour passer à une voiture plus récente dans les délais pourra être aidé ou exempté et rentrer tout de même dans la ville ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors ça c'est les agglomérations, les métropoles, Paris, Bordeaux, Marseille etc.
MARC FAUVELLE
Quel est le souhait du gouvernement ?
CLÉMENT BEAUNE
Qu'on prenne en compte évidemment la situation sociale, mais ça se fait de manière différenciée d'une ville à l'autre. Alors il ne faut pas que ce soit trop différent justement pour que les gens aient l'impression qu'ils sont mieux traités dans telle ou telle métropole, et les villes ont entre leurs mains un calendrier progressif. Jusqu'à 2025, elles peuvent définir les étapes et surtout on va mettre en place, le gouvernement aussi, des aides. Quand on dit le bonus passé à 7 000 euros pour les ménages les plus modestes pour passer à l'électrique, c'est un encouragement important aussi dans cette optique-là. Quand on met en place au 1er janvier 2023 un prêt à taux 0 financé par le gouvernement pour passer l'électrique aussi, c'est pour accompagner la mise en place.
MARC FAUVELLE
Mais vous savez qu'aujourd'hui, c'est l'âge de la voiture qui détermine la vignette Crit'air 1,2, 3, 4, 5. Ça veut dire qu'un SUV récent peut rouler partout mais qu'une petite voiture ancienne ne le pourra pas. Même si elle pollue moins.
CLÉMENT BEAUNE
C'est en fonction du critère de pollution. Il y a quelques incohérences parfois, c'est vrai. On a introduit d'ailleurs, le Parlement il y a 2 ans, des critères plus durs sur les SUV. Peut-être qu'il faut aller plus loin dans les lois de finances qui arrivent dans les années qui viennent. C'est possible.
MARC FAUVELLE
Pourquoi la seule boussole ce n'est pas la pollution plutôt que l'âge ?
CLÉMENT BEAUNE
Mais c'est parce qu'on a défini – je ne veux pas être trop technique - mais il y a un système Crit'air qui mêle différents paramètres. Aujourd'hui il est bien connu et il est le même, pour le coup, dans toute la France donc le changer complètement c'est compliqué. Qu'il y ait des ajustements, moi j'y suis ouvert pour qu'on soit plus cohérent sur la vraie pollution. Mais surtout, vous avez raison, l'enjeu c'est que les ZFE ne soient pas une zone de forte exclusion, et donc c'est ce qu'on va discuter avec Christophe BÉCHU et les collectivités demain. Et puis ça vaut aussi pour les choses très concrètes, je pense à la logistique urbaine : les camions qui rentrent dans les villes pour livrer les supermarchés. On va imposer qu'ils soient le plus en plus propres, qu'ils deviennent électriques. Mais il faut que les mêmes règles à Paris, à Strasbourg et à Marseille pour la logistique sinon on ne va pas avoir deux chaînes logistiques en France. Donc il faut qu'on fasse ce réglage, cette coordination et ce soutien financier bien sûr aux ménages les plus modestes. L'obsession c'est que ce ne soient pas des zones d'exclusion sociale.
SALHIA BRAKHLIA
Clément BEAUNE, comme tous les Français et toutes les entreprises, la SNCF fait aussi face à une augmentation de ses factures d'énergie et d'électricité. La crise énergétique lui a déjà coûté un milliard d'euros. Est-ce que ça va forcément se traduire par une augmentation du prix des billets de train ?
CLÉMENT BEAUNE
Non, heureusement ça ne marche pas comme ça, mais le premier combat c'est celui qu'on mène pour toutes les entreprises et ça concerne aussi la SNCF, entreprise publique : c'est de réduire la facture d'électricité.
SALHIA BRAKHLIA
Vous n'avez pas de bouclier tarifaire pour la SNCF.
CLÉMENT BEAUNE
Non, mais elle a un tarif régulé pour une bonne partie de ses achats. Elle a aussi parfois fait des achats de long terme qui font qu'elle est moins exposée à la variation immédiate des prix de l'énergie. Et puis ce qu'on met en place au niveau européen en espérant avoir des effets dès le début de l'année prochaine, pour déconnecter les prix du gaz et les prix de l'électricité…
MARC FAUVELLE
Pour l'instant, ça ne marche pas.
SALHIA BRAKHLIA
C'est un peu compliqué, oui.
CLÉMENT BEAUNE
Non, mais enfin il y a eu des avancées importantes vendredi dernier.
MARC FAUVELLE
L'Allemagne a dit : on accepte d'y réfléchir.
CLÉMENT BEAUNE
Ça bouge, ça bouge, franchement ça bouge.
SALHIA BRAKHLIA
Ça fait des semaines qu'ils y réfléchissent.
CLÉMENT BEAUNE
Non, non, non, je ne suis pas d'accord. On a connu ça avec l'Allemagne, c'est parfois difficile mais je pense que ça va avancer. Demain il y a une réunion des ministres de l'Énergie. Bref, on prend des initiatives pour faire baisser le prix de l'électricité au niveau français et européen.
MARC FAUVELLE
Donc il n'y aura pas de hausse des billets de la SNCF dans les mois qui viennent ?
CLÉMENT BEAUNE
Je vais être très honnête. D'abord ce n'est pas moi qui fixe le prix des billets et le prix des billets dépend de beaucoup de paramètres quand vous partez en vacances etc Mais donc, je ne vous dis pas qu'il n'y aura jamais de hausse des prix des billets, ce serait démagogique, ce serait irresponsable.
MARC FAUVELLE
Dans les mois qui viennent.
CLÉMENT BEAUNE
Dans les mois et les années qui viennent.
SALHIA BRAKHLIA
Non mais parce que vous parliez des Allemands tout à l'heure. La DEUTSCHE BAHN a augmenté ses billets de 5 %.
CLÉMENT BEAUNE
Ce que je vous dis, c'est qu'on va essayer de faire en sorte que la facture d'énergie de la SNCF - qui objectivement augmente – augmente le moins possible pour justement que la SNCF ne soit pas conduite à avoir pour cette raison des hausses tarifaires qui seraient insoutenables pour les Français.
MARC FAUVELLE
Elle a déjà augmenté d'un milliard d'euros depuis le début de l'année, ça ce sont les chiffres donnés par la SNCF. Est-ce que ça pourrait être simplement de la dette ? Dire : allez, un milliard de dettes en plus pour ne pas augmenter les tarifs.
CLÉMENT BEAUNE
On est en train d'en discuter pour le budget de l'année prochaine de la SNCF, je vais être clair : ça ne peut pas être de la dette à 100 % parce que d'abord, soyons clairs, les prix de l'énergie ils ne vont pas redevenir ceux qui étaient il y a 5 ans dans les toutes prochaines semaines On est dans un monde de prix de l'énergie élevés.
SALHIA BRAKHLIA
Alors comment il va faire Jean-Pierre FARANDOU ? Il n'a pas le droit d'augmenter les prix et il ne peut pas faire de la dette. Il fait comment ?
CLÉMENT BEAUNE
Je n'ai pas dit qu'il n'y avait aucun de ces leviers. Il faut qu'on trouve un juste équilibre.
MARC FAUVELLE
Un peu de dette, un peu d'augmentation des prix.
CLÉMENT BEAUNE
On va en discuter. Il peut y avoir un peu d'aide de l'État aussi, ça existe. L'État, je le rappelle, met quand même plus de 7 milliards d'euros chaque année dans le système ferroviaire français, ce n'est pas comme si c'était un système qui n'était pas subventionné. On est le pays d'Europe qui subventionne le plus son système ferroviaire. Il faut que chaque Français ait conscience, je sais que c'est cher, mais que le prix du train il est subventionné à 80 % au total. Pas le TGV mais les trains du quotidien comme les TER. Donc on sera là aussi pour faire en sorte qu'on ne soit pas dans des niveaux qui soient insoutenables pour les Français. Je pense surtout, parce qu'on parle beaucoup du TGV, aux trains du quotidien : au TER, au Transilien en Ile-de-France, c'est ça qui m'importe le plus.
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports. L'ancien Premier ministre Jean CASTEX a été choisi par Emmanuel MACRON pour prendre la tête de la RATP, seulement la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique lui demande de s'abstenir de toute démarche pendant 3 ans auprès des ministres qui étaient membres de son gouvernement lorsqu'il était à Matignon, en l'occurrence vous par exemple, vous trouvez ça normal ?
CLÉMENT BEAUNE
J'ai pas de… on a créé une Haute Autorité pour la transparence de la vie publique qui est une autorité indépendante visant à mettre de l'éthique, des règles dans l'organisation de la vie publique, ce n'est pas moi qui vais commenter a fortiori, je ne vais pas critiquer. Donc ce qui m'importe c'est que ça puisse marcher et comme ministre des Transports parce qu'il y a parfois des interprétations dans les commentaires un peu loufoques, je peux évidemment si Jean CASTEX après audition par le Parlement est nommé comme président de la RATP l'appeler, avoir un rendez-vous professionnel avec lui heureusement comme ministre des Transports, je peux exercer cette compétence.
SALHIA BRAKHLIA
Donc vous, vous pouvez l'appeler, mais lui est-ce qu'il a le droit de vous appeler ?
CLÉMENT BEAUNE
je crois que ce qui est entendu si j'ai bien compris l'interprétation par démarche, c'est qu'il ne peut pas hors cadre professionnel d'une part et même dans le cadre professionnel prendre l'initiative de m'appeler ou d'appeler Élisabeth BORNE, ou d'appeler Bruno LE MAIRE.
MARC FAUVELLE
Vous voyez le côté quand même un peu, comment dire, ubuesque…
CLÉMENT BEAUNE
Je vous laisse le commentaire.
MARC FAUVELLE
Il ne peut pas vous appeler mais vous pouvez l'appeler. Vous pouvez le féliciter le jour où il sera élu mais s'il veut vous rappelez derrière parce qu'il est occupé…
CLÉMENT BEAUNE
Je le ferai. Ecoutez, on ne va pas épiloguer, ces commentaires vous appartiennent, moi je ne peux pas commenter ce que fait la Haute autorité…
SALHIA BRAKHLIA
Non mais on vous parle de la possibilité de….
CLÉMENT BEAUNE
moi ce qui m'importe comme ministre des Transports, bien sûr, mais ce qui m'importe comme ministre des Transports c'est que si Jean CASTEX, ce que je souhaite devient président de la RATP, quand il y a un mouvement social, quand il y a des négociations importantes, quand il y a des investissements à discuter, un budget à discuter, on peut le faire et on pourra le faire d'abord parce que les équipes discutent et puis parce que le président de la RATP peut répondre au ministre des Transports qui lui demande un rendez-vous professionnel, qui lui demande …
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça ira toujours dans un sens, du votre.
CLÉMENT BEAUNE
Oui mais écoutez franchement on peut discuter de la pertinence des règles mais…
MARC FAUVELLE
Vous êtes sûr de l'interprétation que vous avez là que le téléphone fonctionnera dans un sens mais pas dans l'autre ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui je suis sûr qu'on pourra fonctionner.
MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON a profité de son déplacement à Rome ce week-end où il doit rencontrer le pape ce matin pour serrer la main de la nouvelle Première ministre…
SALHIA BRAKHLIA
Présidente du Conseil.
MARC FAUVELLE
Présidente du Conseil italien Giorgia MELONI qui est issue d'un parti d'extrême droite, est-ce que c'était indispensable ? Il est le premier chef d'État étranger à le faire.
CLÉMENT BEAUNE
Oui je crois ce déplacement à Rome était prévu auprès du pape et était prévu avant qu'on sache la date de nomination de la nouvelle présidente du conseil des ministres italiens.
MARC FAUVELLE
Il était hors de question qu'il reparte sans l'avoir vu.
CLÉMENT BEAUNE
mais écoutez ça me semble en effet indispensable, incontournable, vous êtes dans un pays de l'Union européenne, nos principaux voisins pays fondateurs de l'Europe, quoi qu'on en pense et Dieu sait si je n'ai pas d'amitié pour l'extrême droite ou les partis qui se situe dans un discours nationaliste, c'est l'interlocutrice aujourd'hui nommée par le président de la République italienne, être à Rome et ne pas rencontrer la chef du gouvernement nouvellement nommée, je crois que ce n'était pas possible.
MARC FAUVELLE
Ça aurait été un affront fait aux Italiens ?
CLÉMENT BEAUNE
Ça aurait été, je crois, en effet étrange bon et donc le président de la République, il n'était pas là pour ça au départ, mais il était à Rome dans la capitale de la République italienne, il a rencontré la chef du gouvernement italienne. Je crois que, j'entends Madame ROUSSEAU qui parle de faute, c'est une question de responsabilité, on est dans l'Union européenne, on ne peut pas ignorer les chefs de gouvernement étrangers, a fortiori des pays européens.
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça veut dire que ça va être une partenaire comme les autres, Georgia MELONI ?
MARC FAUVELLE
Mais vous savez c'est, je ne donne pas de leçons, c'est une leçon pour nous tous, quand vous avez un parti issu de l'extrême droite, issus du néofascisme qui arrive même dans une coalition au pouvoir, je ne parle pas d'une personne, je parle d'une mouvance politique, c'est une alerte extrêmement sérieuse, donc rien n'est banal. Mais ne pas avoir de contacts politiques, ne pas avoir de contacts diplomatiques, le président en a aussi avec Viktor ORBAN, on ne partage pas ses options politiques. Vous ne pouvez pas faire l'Europe en choisissant vos interlocuteurs.
SALHIA BRAKHLIA
Mais votre homologue par exemple aux transports s'appelle Matteo SALVINI.
CLÉMENT BEAUNE
Oui.
SALHIA BRAKHLIA
Il est ministre des infrastructures et des transports, vous allez le rencontrer avec plaisir.
CLÉMENT BEAUNE
Je ne commenterai pas la fin de la phrase, mais je vais le rencontrer et je vais travailler avec lui.
MARC FAUVELLE
Mais pourquoi par sens du devoir ?
CLÉMENT BEAUNE
Mais parce qu'en politique et quand vous avez une responsabilité on ne fait pas les choses par plaisir ou par légèreté, là j'ai un interlocuteur, quand je parle avec un ministre hongrois ou polonais, ce n'est pas vraiment mes options politiques, mais je le fais quand même. Après on le fait de différentes façons, on peut passer des messages mais on le fait quand même parce que oui c'est mon devoir en effet.
MARC FAUVELLE
Un dernier mot Clément BEAUNE sur le travail de la Cour de justice de la République qui a entendu la semaine dernière l'ancien Premier ministre Edouard PHILIPPE sur sa gestion de la crise sanitaire du Covid. Édouard PHILIPPE a finalement échappé à une mise en examen, ce qui ne veut pas dire qu'il ne le sera pas plus tard, il a été placé sous statut de témoin assisté, est-ce que c'est le rôle de la justice d'enquêter sur une gestion de crise sanitaire par des politiques ?
CLÉMENT BEAUNE
Deux choses, d'abord il y a une procédure qui est en cours, je ne commente pas tel ou tel épisode parce que c'est une autorité juridictionnelle et donc un membre du gouvernement serait mal placé pour commenter.
MARC FAUVELLE
Quand on commence on fera phrase comme ça généralement c'est qu'on va commenter derrière.
CLÉMENT BEAUNE
Non, non, mais deux chose, donc j'essaie d'aller au bout de ma phrase, c'est que de manière générale et ce n'est pas cette procédure ou cette personnalité politique qu'est Édouard PHILIPPE, je pense qu'on est dans une société où en effet on a du mal à faire la part des choses entre la responsabilité politique et une forme de pénalisation, on a beaucoup d'exemples qui se sont développés, pas récents qu'il y a 20 ou 30 ans dans notre vie politique, qui part de quoi, qui part du fait qu'il y a eu une volonté de mettre plus de transparence, plus d'éthique et c'était sain et parfois on a du mal à tracer la frontière entre ce qu'est le choix politique et ce qui est de la procédure judiciaire. Et ce que je peux simplement dire parce que je n'étais pas dans le gouvernement d'Edouard PHILIPPE mais je le connais, c'est que moi je n'ai pas de doute sur son engagement, sur sa probité, sur ce qu'il a essayé de faire au mieux dans une crise difficile et imprévisible.
MARC FAUVELLE
Ni sur celui d'Agnès BUZYN qui elle est mise en examen.
CLÉMENT BEAUNE
Non plus mais encore une fois ce n'est pas à moi moins de commenter des épisodes judiciaires et donc la Cour de justice de la République qui fonctionne fera son travail.
MARC FAUVELLE
Merci Clément BEAUNE et bonne journée-vous.
CLÉMENT BEAUNE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 octobre 2022