Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Monsieur le ministre.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la matinale de CNews, on va parler dans un instant de la vie quotidienne des français, bien compliquée avec la hausse des factures de l'énergie, mais d'abord un mot de politique. Hier les motions de censure des oppositions ont été rejetées, sans surprise, par l'Assemblée, il s'agissait de protester contre le passage en force de votre gouvernement sur le projet de budget 2023, il y avait le Rassemblement national qui a voté la motion de censure de la NUPES, c'était un coup politique ?
BRUNO LE MAIRE
On n'est jamais à l'abri de surprises, moi ce que je vois c'est que le Rassemblement national a fait le choix du reniement de ses convictions pour semer le désordre. Marine LE PEN n'a cessé de dénoncer la NUPES comme étant le parti du désordre et le parti du chaos, le Rassemblement national a fait le choix d'être aussi un parti de désordre, aussi un parti du chaos, dans le fond il n'a pas fallu plus que quatre mois pour que les masques ne tombent sur la réalité du Rassemblement national.
LAURENCE FERRARI
Mais votre réaction montre qu'elle a réussi son coup, elle gêne le gouvernement, elle gêne la NUPES et elle fait un coup politique.
BRUNO LE MAIRE
Si elle avait réussi son coup la motion de censure serait passée.
LAURENCE FERRARI
Mais il aurait fallu les voix des Républicains.
BRUNO LE MAIRE
Son coup a fait pschitt, c'est un échec.
LAURENCE FERRARI
Pour l'instant.
BRUNO LE MAIRE
Son coup a fait pschitt et je pense que de toute façon, sur le long terme, Marine LE PEN paiera les conséquences de ce reniement, de ce choix du chaos. Je crois qu'il n'y a jamais rien de bon à tirer du reniement de ses convictions quand on s'allie avec son exact contraire, et qu'on fait le choix du désordre avec comme seul objectif de faire tomber le gouvernement, et qu'en plus, pas de chance, on ne fait pas tomber le gouvernement, c'est un double échec, c'est un échec pour ses convictions et c'est un échec politique.
LAURENCE FERRARI
Vous dites qu'elle paiera, ses électeurs vont lui faire payer, vous pensez qu'il n'y a pas une porosité entre ces deux électorats ?
BRUNO LE MAIRE
C'est possible, je ne vais pas faire de l'analyse politique ce matin, je dis simplement que ce que les Françaises et les Français attendent de nous aujourd'hui, des responsables politiques, c'est de la clarté, de la visibilité, de la sincérité dans les convictions, pas des petites manipulations politiques qui se soldent en plus par un échec et par la victoire du gouvernement parce que grâce aux mesures qui ont été choisies par la Première ministre le gouvernement aura un budget, la France aura un budget.
LAURENCE FERRARI
Une victoire temporaire puisqu'il y aura d'autres 49.3, d'autres motions de censure, on va aller comme ça…
BRUNO LE MAIRE
A chaque jour suffit sa peine, comme on dit…
LAURENCE FERRARI
Oui, mais jusqu'où on va aller comme ça Monsieur le ministre ?
BRUNO LE MAIRE
La seule chose qui compte pour moi c'est que nous restions fidèles au mandat qui a été donné par nos compatriotes au président de la République et à cette majorité, baisser des impôts, soutenir les entreprises, valoriser le travail, comme ministre de l'Économie et des Finances je veille à ce qu'on ne dévie jamais de cette ligne parce que je pense que quand on commence à dévier de sa ligne, quand on renie ses convictions, comme l'a fait Marine LE PEN, vos électeurs ne vous suivent plus et vos compatriotes vous méprisent, et ils ont raison.
LAURENCE FERRARI
La vérité c'est que le sort du gouvernement tient à la bonne volonté des Républicains, votre ancienne famille politique, c'est à eux qu'il faut désormais s'adresser pour leur demander de bien vouloir voter vos réformes ?
BRUNO LE MAIRE
Ça tient d'abord, Laurence FERRARI, à l'unité de notre majorité, Renaissance, Horizons, le MoDem, il est essentiel…
LAURENCE FERRARI
Elle n'est pas suffisante, vous le savez, pour avoir la majorité absolue.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais elle est déjà le socle absolu, cette majorité elle a tenu, cette unité elle a tenu, parce que, je le redis, nous n'avons pas dévié de la ligne, baisse d'impôts, soutien aux entreprises, valorisation du travail, protection de nos compatriotes et des entreprises dans cette période si difficile.
LAURENCE FERRARI
Tous les mots clés pour la droite, que vous venez de prononcer !
BRUNO LE MAIRE
C'est surtout les mots clés sur lesquels le président de la République a été élu, le travail, les entreprises, la baisse des impôts, ensuite les Républicains je constate qu'ils nous ont soutenus, à plusieurs reprises depuis le début du quinquennat, ils ont voté le projet de loi de finances rectificative que j'avais présenté cet été, ils ont voté la réforme de l'assurance chômage, qui durcit les conditions d'allocations chômage dans une période où il y a beaucoup d'emplois disponibles et beaucoup d'entreprises qui n'arrivent pas à trouver les salariés dont ils ont besoin, donc vous voyez qu'il y a un travail en commun possible, au moins sur certains textes.
LAURENCE FERRARI
Nicolas SARKOZY, dans "Le Journal du Dimanche", incite le président MACRON à faire un virage à droite, se tourner vers la droite, de faire une véritable coalition, un accord politique, pour pallier à l'absence de majorité absolue à l'Assemblée, vous dites banco ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je suis plus pragmatique que ça, je dis qu'il faut que nous tenions notre ligne, qui est celle du dépassement politique entre la droite et la gauche, qu'en matière économique et financière nous restions fidèles à nos principes et à ce que nous avons construit depuis 2017, pour une raison qui est simple Laurence FERRARI, c'est efficace, le chômage a baissé, la réindustrialisation est en marche, et nous avons aujourd'hui un pouvoir d'achat qui est mieux protégé que dans les autres pays européens, donc quand ça marche on ne change pas de ligne politique. Après, si les Républicains veulent nous apporter leur soutien, sur un texte ou sur un autre, je le redis, ils sont les bienvenus, ils l'ont fait…
LAURENCE FERRARI
Mais pas d'accord politique général.
BRUNO LE MAIRE
Ils l'ont fait par le passé, ils peuvent le refaire, par exemple sa la réforme des retraites.
LAURENCE FERRARI
Mais pas d'accord politique, il y a un moment où peut-être la situation sera ingouvernable pour vous.
BRUNO LE MAIRE
Écoutez, je suis trop attaché à la liberté pour empiéter sur celle des autres, c'est la liberté des Républicains, c'est à eux de décider ce qu'ils veulent faire…
LAURENCE FERRARI
Mais le geste devrait venir du gouvernement.
BRUNO LE MAIRE
Nous, avec le président de la République, notre ligne est claire, économiquement et financièrement, et le compromis est toujours possible, la main est toujours tendue, mais c'est à chacun de choisir quel rôle il veut jouer dans ce quinquennat, est-ce qu'il veut participer à la transformation économique de notre pays au service des Français, est-ce qu'ils veulent jouer une autre partition, c'est à eux de le décider.
LAURENCE FERRARI
Oui, mais on voit bien que Nicolas SARKOZY se place sur un autre plan que juste un petit compromis sur un texte, sur un accord politique national.
BRUNO LE MAIRE
Ça ne m'a pas échappé.
LAURENCE FERRARI
Donc ça c'est du ressort du président MACRON.
BRUNO LE MAIRE
Je respecte profondément Nicolas SARKOZY, il a lui aussi sa liberté de parole, moi j'appartiens à un gouvernement, sous l'autorité d'une Première ministre, avec un président de la République qui a été réélu sur un programme, qui a le mérite de la clarté, que ce soit sur la réforme des retraites, l'assurance chômage, l'emploi, le travail, les entreprises, les impôts, nous avons une feuille de route, et croyez-moi, je ne dévierai pas de cette feuille de route comme ministre de l'Économie et des Finances.
LAURENCE FERRARI
Les entreprises parlons-en, la facture d'énergie explose, vous avez annoncé un dispositif d'aide pour ces entreprises, c'est le retour du "quoi qu'il en coûte", 10 milliards d'euros, c'est à nouveau l'argent magique ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ce n'est pas le "quoi qu'il en coûte", parce que si c'était le "quoi qu'il en coûte" je vous dirais que je ne connais pas la facture et que ça coûtera ce que ça coûtera, là je vous dis, avec beaucoup de fermeté, ça coûtera 10 milliards d'euros. Alors oui nous allons apporter une protection aux entreprises parce que leurs factures d'électricité flambent. C'est quoi une facture d'électricité pour une entreprise, pour une PME, aujourd'hui ? 50 % du prix c'est un prix garanti, c'est le fameux ARENH, 42 euros le mégawatheure, contre 1000 euros sur les marchés, donc sur la moitié du prix c'est déjà une protection très forte, mais l'autre moitié elle est exposée aux prix de marché, et c'est ça qui inquiète les entrepreneurs, de se dire "mais, je peux avoir une facture où le prix va de 800, 1000 euros, 1200 euros le mégawatheure, je ne pourrai pas payer ce prix-là", donc nous allons alléger, sur les 50 %, une partie de la facture, mais cet allègement, je veux le dire avec beaucoup de précision, c'est que lorsqu'on dépassera un certain prix, par exemple 325 euros le mégawatheure, l'État prendra en charge, et je veux ne laisser aucune ambiguïté, jusqu'à un certain plafond, au-delà de ce plafond ce sera à nouveau…
LAURENCE FERRARI
Quel est ce plafond ?
BRUNO LE MAIRE
Ça nous allons le définir avec Agnès PANNIER-RUNACHER, avec les entrepreneurs, avec les PME, mais il y aura un plafond, pour une raison simple, je ne veux pas que les finances publiques de l'État soient exposées à la variation, à la volatilité des prix de marché, ce serait trop dangereux pour nos finances publiques, trop dangereux pour nos déficits, trop dangereux pour notre dette, donc il y aura un allégement de la facture, mais il sera plafonné pour trouver la bon équilibre entre protection des entreprises et protection de nos finances publiques.
LAURENCE FERRARI
Mais ça veut dire néanmoins que des entreprises seront exposées à un risque de faillite, les factures triplent, quadruplent même parfois dans certains cas, si le plafond, comme vous le dites, est atteint, comment vont-ils faire, comment vont-elles faire ?
BRUNO LE MAIRE
C'est une protection qui est efficace. Vous avez, pour les plus petites entreprises, je le rappelle, celles qui ont un chiffre d'affaires plus faible, pour 1,5 million d'entre elles, elles ont déjà un tarif régulé très bas, elles ont déjà un bouclier, donc…
LAURENCE FERRARI
Mais toutes celles qui sont juste au-dessus ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien pour toutes les autres, elles auront cet allègement de facture. Nous avons réuni, avec Agnès PANNIER-RUNACHER, toutes ces entreprises vendredi, et nous leur avons demandé "qu'est-ce qui pour vous serait le plus efficace ?", ils nous ont dit "faites un allégement de facture pour nous donner une visibilité sur le long terme et nous protéger contre l'explosion des prix du marché autant que faire se peut", nous avons répondu à leur appel, nous ferons cet allègement, ça s'appellera une "garantie électricité", nous donnerons toutes les précisions dès que nous aurons fini de discuter avec les entreprises, donc elles seront protégées, sans menacer les finances publiques.
LAURENCE FERRARI
Et ce plafond ce sera quoi, 25 % ?
BRUNO LE MAIRE
Nous verrons, je ne veux pas vous donner de chiffre ce matin, je veux simplement dire que, contrairement à ce qui est fait pour les particuliers, où là nous avons accepté de prendre toute la charge pour nous sur le budget de l'État, parce que les particuliers n'ont pas les moyens d'augmenter les prix, pas les moyens de se protéger, pour les entreprises nous avons voulu répartir la charge entre ce qui sera pris en charge par les finances publiques et ce qui restera à la charge des entreprises.
LAURENCE FERRARI
Concrètement, il y a un guichet qui va ouvrir début novembre, c'est ça, où les entreprises pourront se… ?
BRUNO LE MAIRE
Non, concrètement ce sera directement sur leur facture, elles verront directement l'allégement sur la facture, il n'y a que les plus grandes entreprises qu'on appelle les énergo-intensifs, qui elles auront accès à un guichet parce que là le montant des factures est tellement élevé qu'il faut qu'on fasse du traitement au cas par cas.
LAURENCE FERRARI
Et là l'État prendra sa part, évidemment.
BRUNO LE MAIRE
Et là l'État prendra toute sa part parce qu'il n'est pas question de laisser notre industrie se faire laminer par la flambée des prix de l'électricité et du gaz.
LAURENCE FERRARI
La France n'arrive toujours pas à faire la même chose que l'Espagne et le Portugal, c'est-à-dire plafonner les prix du gaz pour produire de l'électricité, pourquoi, on a les pieds et les poings liés en raison de nos relations avec l'Allemagne et les Pays-Bas ?
BRUNO LE MAIRE
On essaye de les délier, ce n'est pas simple…
LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas facile, on n'y arrive toujours pas.
BRUNO LE MAIRE
La réalité c'est que l'Espagne et le Portugal c'est une péninsule, il y a moins de connexions, donc du coup lorsqu'on fait ce choix de baisser les prix du gaz pour avoir à la sortie des centrales à gaz de l'électricité moins chère, ça n'a pas d'impact sur le reste du marché, si on le fait en France il faut le faire sur tout le marché européen, c'est pour ça que c'est plus long, c'est pour ça que c'est plus difficile, mais le président de la République a engagé ce combat, je le livre à ses côtés, je suis convaincu que, au bout du compte la raison l'emportera. Et la raison c'est quoi ? C'est faire baisser les prix de l'électricité pour sauver notre industrie. Il faut bien voir que notre industrie en France, en Allemagne, dans le reste de l'Europe, elle est prise en étau entre d'un côté des prix de l'électricité qui flambent là où aux États-Unis, par exemple, ils restent très bas, et aussi, ne l'oublions pas, une politique commerciale très agressive des États-Unis qui accordent des aides d'État extrêmement élevées pour obtenir des implantations industrielles sur leur continent, eh bien notre industrie doit pouvoir se protéger avec des prix de l'électricité plus bas, c'est notre proposition, et en défendant mieux ses intérêts, c'est aussi notre proposition avec la préférence européenne.
LAURENCE FERRARI
Quand est-ce que vous pensez qu'on va réussir à réguler ce prix de l'électricité ?
BRUNO LE MAIRE
On livre le combat tous les jours.
LAURENCE FERRARI
Non mais, 2023, fin 2022 ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense que c'est plutôt une affaire de mois que de semaines, soyons très honnêtes, parce que c'est difficile, mais nous ne lâcherons jamais sur ce plan, d'abord pour des raisons économiques, aussi pour des raisons environnementales, on ne peut pas accepter que de l'électricité décarbonée ait un prix aligné sur celui des énergies fossiles, le gaz.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot de la France qui va se relancer dans l'exploitation des mines, le lithium notamment en 2027, c'est une vraie piste ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, bien sûr. Quel est l'objectif ? L'indépendance industrielle, la souveraineté. On produit des batteries électriques, dans les batteries électriques vous avez du lithium, on a déjà fait un grand progrès, toutes les batteries venaient de Chine, aujourd'hui on va les produire en France, grâce à notre politique, grâce à nos investissements, grâce à nos choix aussi en termes de baisse des impôts de production, comme la CVAE, sur les entreprises industrielles. La deuxième étape c'est être indépendant sur les métaux rares, être indépendant sur les métaux rares c'est aussi en produire chez soi quand on peut en produire chez soi, c'est le cas pour le lithium…
LAURENCE FERRARI
Quand on a des gisements.
BRUNO LE MAIRE
Quand on a des gisements.
LAURENCE FERRARI
Avec des normes environnementales qui seront évidemment respectées.
BRUNO LE MAIRE
Des normes environnementales très strictes, on peut concilier indépendance industrielle et respect de l'environnement, mais il faut simplement, là aussi je vous parlais de clarté des choix politiques, notre choix politique majeur c'est la souveraineté industrielle. Je me bats depuis plus de cinq ans pour la reconquête industrielle du pays, c'est une des missions que m'a fixée le président de la République, c'est un des mandats qu'il a reçu du peuple français, pour la première fois depuis 20 ans on rouvre des usines, on recrée des emplois industriels, on recrée des filières industrielles, dans les batteries électriques, dans l'intelligence artificielle, dans les semi-conducteurs, dans l'hydrogène, mais je ne vais pas lâcher ce fils-là, c'est une question de puissance économique, c'est une question d'indépendance, et je vais vous dire le fond de ce que je pense, c'est une question culturelle, notre nation française c'est une grande nation agricole, c'est une grande nation de services, mais ça a toujours été une grande nation industrielle, elle doit le redevenir, ça fait 30 ans qu'on a abandonné cela, avec Emmanuel MACRON on a repris cette réindustrialisation, on ne lâchera rien.
LAURENCE FERRARI
Un mot de l'inflation, elle continue sa progression en France, vous aviez annoncé il y a quelques mois que nous étions au pic, le pic a été largement dépassé, 100 % des produits de consommation aujourd'hui dans les grandes surfaces ont vu leur prix augmenter, jusqu'où est-ce qu'on va aller, quand est-ce que ça va s'arrêter ?
BRUNO LE MAIRE
Nous notre objectif, je l'ai toujours dit, c'est que l'inflation se mette à baisser dans le courant de l'année 2023 et qu'on retrouve des niveaux d'inflation de l'ordre de 2 % en 2024, donc ça c'est la trajectoire que nous visons, elle est soumise à beaucoup d'aléas, si la situation se dégrade en Ukraine, si le marché chinois se ferme totalement, bien sûr que ça aura un impact sur l'inflation, mais à conditions constantes notre objectif est de ramener l'inflation autour de 2 % en 2024, je veux juste le dire pour que nos compatriotes aient une perspective, qu'ils ne se disent pas on va toujours avoir de l'inflation qui va monter de plus en plus et les prix qui vont nous monter à la gorge. Deuxième remarque, nous protégeons, et nous protégeons plus que tous les autres États européens, moi j''ai été stupéfait des débats à l'Assemblée nationale hier, je les ai trouvés révoltants dans le manque de sincérité sur ce que nos compatriotes payent pas leurs impôts pour se protéger contre l'inflation. On va mettre 46 milliards d'euros l'année prochaine, pour protéger nos compatriotes contre des prix de l'électricité trop chers, contre des prix du gaz trop cher, c'est 180 à 200 euros de facture en moins, par mois, pour les ménages, donc qu'on ne dise pas que notre budget ne protège pas, qu'on ne dise pas qu'il n'est pas social, il est protecteur, il est social, il est juste, il est profondément juste, parce qu'il protège les ménages contre l'inflation et qu'il protège les plus fragiles. Alors vous me direz ça ne résout pas le problème alimentaire, mais j'en ai conscience, simplement un…
LAURENCE FERRARI
100 % des produits impactés.
BRUNO LE MAIRE
Un, nous avons mis en place, à la rentrée, une indemnité inflation, et deux, vous avez comme moi un budget global…
LAURENCE FERRARI
Qui est un one shot, très ponctuel.
BRUNO LE MAIRE
D'accord, mais moi j'ai une famille, j'ai des enfants, comme des millions de nos compatriotes j'ai un seul budget avec lequel je paye mon électricité, mon gaz, mon loyer et mon alimentation, donc à partir de là, quand vous soulager le budget et le poste électricité-gaz, on en profite pour tout son budget. Nous c'est le choix qu'on a fait, protéger massivement sur l'électricité, sur le gaz, parce que c'était ce qui flambait le plus et ce qui menaçait le plus le pouvoir d'achat de nos compatriotes, pour les protéger. Résultat, le pouvoir d'achat reste stable, voire progresse légèrement en France, il baisse partout ailleurs, résultat on a l'inflation la plus faible de tous les pays…
LAURENCE FERRARI
Mais on verra en janvier quand la hausse des prix, néanmoins de l'électricité et du gaz, sera moins protégée par le gouvernement.
BRUNO LE MAIRE
Laurence FERRARI, j'ai conscience à quel point c'est dur pour beaucoup de nos compatriotes…
LAURENCE FERRARI
Et fragile comme équilibre.
BRUNO LE MAIRE
A quel point l'équilibre est effectivement un équilibre fragile, mais je considère en conscience que tout ce que nous pouvons faire pour protéger nos compatriotes contre une inflation qui touche tous les pays du monde, tous les pays européens, dans d'autres pays européens c'est 11, 15, 17, 20 % d'inflation, nous c'est autour de 6, je ne dis pas que c'est parfait, je dis que tous les jours nous faisons le maximum pour que nos compatriotes aient le moins à souffrir de cette inflation qui est un poison lent pour la société et pour la nation française.
LAURENCE FERRARI
A propos d'impôts, est-ce que vous dites merci à Kylian MBAPPÉ ?
BRUNO LE MAIRE
Il va payer beaucoup d'impôts…
LAURENCE FERRARI
Merci pour les impôts qu'il va payer, voilà, 630 millions d'euros brut pour son salaire sur 3 ans, on a calculé, ça fait à peu près 170 millions d'euros par an pour l'État pendant 3 ans, vous vous frottez les mains, merci Kylian ?
BRUNO LE MAIRE
C'est une bonne chose en tout cas qu'il les paye en France plutôt qu'il les paye ailleurs, mais je pense qu'il ne faut pas négliger cette question, je mets de côté les footballeurs qui appartient à un monde, à part on va dire, mais cette question des salaires est une question majeure. D'abord il faut, je le redis, que toutes les entreprises qui le peuvent augmentent les salaires, il faut que toute personne qui travaille ait un revenu digne, c'est pour ça qu'on a mis en place la prime défiscalisée, l'intéressement, la participation, et que j'appelle un meilleur partage de la valeur dans les entreprises, et que nous ferons, avec le président de la République, avec la Première ministre, notamment avec la proposition de dividende salarié, des propositions fortes pour encore mieux rémunérer le travail. Et enfin je rappelle mon appel à la décence commune de la part des grands chefs d'entreprise. Quand vous êtes patron d'une grande entreprise, que vous avez des dizaines de milliers de salariés qui sont sous votre responsabilité, dont certains peuvent être au SMIC ou un peu au-dessus du SMIC, il faut réfléchir soi-même en conscience à ce qu'est un salaire décent.
LAURENCE FERRARI
Là vous pensez à Monsieur POUYANNE ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense à tous les chefs d'entreprise qui doivent tous se poser cette question…
LAURENCE FERRARI
Patron de TOTAL.
BRUNO LE MAIRE
Qu'est-ce que c'est que la décence commune, comment est-ce qu'on garantit, dans le fond, l'unité de notre entreprise et l'unité de la société.
LAURENCE FERRARI
Et pourquoi c'est différent pour Kylian MBAPPÉ alors, pourquoi ces sommes-là ne vous choquent pas ?
BRUNO LE MAIRE
Les sommes sont tellement vertigineuse qu'elles échappent à l'entendement commun, mais c'est le sport, le sport est à part et Kylian MBAPPÉ n'a pas la responsabilité derrière lui de dizaines de milliers de salariés qui appartiennent à la même entité, qui s'appelle une entreprise, qui est une communauté de valeurs, une communauté de biens, une communauté d'intérêts, et pour que le mot communauté ait encore un sens il faut que les écarts salariaux, entre ceux qui sont les mieux payés, qui dirigent, et c'est normal qu'ils aient une bonne rémunération, et ceux qui sont les moins bien payés dans cette même communauté, soient décents.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Bruno LE MAIRE d'être venu ce matin dans la matinale de Cnews.
BRUNO LE MAIRE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 octobre 2022