Texte intégral
LOUIS DE BERGEVIN
Bonjour Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Bonjour.
LOUIS DE BERGEVIN
En juin dernier un orage de grêle a touché le Ribérac au nord-ouest du département, un orage très localisé mais très destructeur, 50 à 100% des cultures détruites sur place. Ça veut dire que des agriculteurs ont tout perdu et aujourd'hui ils disent que les aides ne sont pas suffisantes pour eux, certains disent qu'ils doivent arrêter leur activité, qu'est-ce que vous leur dites ?
MARC FESNEAU
Alors d'abord effectivement c'est un orage très violent qui a été à la même période que ceux qui ont eu lieu en Gironde. On a mis en place un fonds d'urgence de 40 millions d'euros sur l'ensemble du territoire national. l'idée c'était de faire en sorte qu'on puisse assez rapidement débloquer des fonds, ce qui a été fait et il y a une enveloppe complémentaire qui a été demandée par les services de la DDT de Dordogne que je remercie d'ailleurs de sa mobilisation, les services ont été très mobilisés sur ces sujets comme sur les autres qu’on va peut-être évoquer et donc on va instruire leur demande et évidemment dans les dossiers qui sont les plus délicats, il y a un premier plancher, si je peux dire à 5000 euros, mais dans les dossiers qui sont plus délicats on pourra aller jusqu'à 20 000 euros et donc c'est bien de ça dont il est question, on est à leurs côtés au fur et à mesure des dégâts qui sont constatés et des besoins qui peuvent être les leurs.
LOUIS DE BERGEVIN
Les pertes pour certains agriculteurs se chiffrent à plusieurs centaines de milliers d'euros, aujourd'hui 5000 euros ce n'est pas du tout assez suffisant pour eux pour relancer les cultures de l'année prochaine et vous nous parlez de 20 000 euro, est-ce que ça sera suffisant pour ceux qui ont perdu toutes leur culture ?
MARC FESNEAU
Des cas à plusieurs centaines de millions d'euros c'est assez rare pour avoir vu l'ensemble des dossiers qui se sont produits, il y en a quelques-uns, c'est donc ceux-là sur lesquels il faut éventuellement se polariser, regardez ce que font les assurances, que peut être aussi le rôle des banques dans ces cas-là. Ça dépend des, c'est au cas par cas qu'il faut traiter les dossiers, donc il y a des dossiers pour lesquels ça permet de couvrir, il y en a d'autres pour lesquels on regardera individuellement. mais vous voyez bien qu’il y a près de 200 dossiers qui ont été déposés ne serait-ce qu'en Dordogne et donc on essaie de regarder au cas par cas et de répondre, mais objectivement à chaque fois qu'on a eu des accidents malheureusement et c'est vrai que le département de Dordogne n'est épargné entre la sécheresse, la grêle et les épisodes d'influenza aviaire et donc on essaie d'être au rendez-vous, ça veut pas dire que parfois il ne faut pas ajuster pour faire tenir compte de telle ou telle situation plus dramatique.
LOUIS DE BERGEVIN
Marc FESNEAU, vous nous dites ce matin que vous allez regarder justement chaque situation et qu’aucun agriculteur ne sera oublié ?
MARC FESNEAU
C'est ce qu'on fait dans ce genre d'épisode, mais vous voyez bien que quand vous avez 200 dossiers, plus les autres dossiers, les autres difficultés qu'on a eu dans ce département, ça peut prendre, alors ça fait 4, 5 mois, c'est pas des délais qui sont complètement anormaux et on est plutôt sur des délais assez rapprochés, même si je sais bien que pour un agriculteur qui a des problèmes de trésorerie ça peut paraître très long, mais évidemment les services de l'Etat que je remercie à nouveau sont très mobilisés pour regarder individuellement les situations et s'il y a des besoins de complément d'aide pour tel ou tel dossier bien sûr.
LOUIS DE BERGEVIN
Justement l'autre question, la première c'est l'insuffisance des aides pour l'instant, l'autre question c'est que quand est-ce qu'elles vont arriver parce que les agriculteurs doivent relancer, replanter ? Vous nous dites que ça prend 4, 5 mois si j'ai bien compris, ça veut dire que depuis le mois de juin, on y est là maintenant, est-ce que ça va se débloquer rapidement ou est-ce qu'ils doivent encore attendre ?
MARC FESNEAU
Sur les premiers dossiers, ceux dont j'ai parlé tout à l'heure, le paiement de base, si je peux dire, l'aide d'urgence de base, une grande partie d'entre eux sont déjà payés. La question maintenant ça va être sur les nouveaux dossiers qui arrivent, la moitié en gros des 180 dossiers ont été mis en paiement ces derniers temps, les autres vont arriver dans les jours qui viennent, ça c'est pour cette première tranche là. Et puis la deuxième tranche pour ceux qui sont les plus en difficulté, on est en train de l'instruire pour que les choses puissent se faire d'ici la fin de l'année évidemment. donc on est dans des délais qui sont je le répète plutôt courts, même si j'entends évidemment la détresse des agriculteurs concernés pour faire en sorte qu'on puisse débloquer ce qui est un besoin premier pour eux, c'est de la trésorerie pour pouvoir relancer la machine, si vous me permettez cette expression.
LOUIS DE BERGEVIN
Marc FESNEAU, on est dans le Périgord, c'est le pays du canard gras, vous ne l'ignorez certainement pas et on est à un mois des fêtes, le recofinement des volailles a été ordonné la semaine dernière, c'est vraiment la seule solution ? On parle de la grippe aviaire évidemment.
MARC FESNEAU
Oui on parle de la grippe aviaire, on l'avait bien compris, je l'avais bien compris. A date c'est la seule solution, les espoirs qu’on porte mais on en reparlera peut-être juste après, c'est sur la vaccination, mais à date pour essayer de préserver le maximum d'élevage c'est la seule hypothèse sur laquelle avec l'ANSES, ce n'est pas la décision du ministre, c'est la décision aussi avec les autorités sanitaires, avec les scientifiques qui nous paraît la plus opportune dans le moment qu’on traverse, donc on a une montée en risque élevé, premier élément, donc je sais parfaitement au fond le sentiment de désespérance des éleveurs, le sentiment que chaque année les choses recommencent comme si c'était un peu le jour sans fin, si vous me permettez cette expression, évidemment je comprends tout à fait ça, je ne parle même pas des mécanismes d'indemnisation, je pense aux éleveurs qui ont le sentiment qu’on reprocède à des abattages, on reprocède à du confinement et qu’on ne sortira pas de cette influenza. Tout le sujet pour nous, c'est de passer cet épisode là et d'avoir un vaccin en sortie d’hiver qui soit suffisamment qualifié pour mieux protéger les élevages en particulier de canard. Et puis deuxième point, si vous me permettez de faire une petite digression, c'est sur les élevages en plein air, il y a beaucoup d'élevage de petites tailles, ou de tailles modestes dans votre département, on a demandé à l’ANSES, l'autorité sanitaire de regarder dans quelle mesure on pourrait dans les semaines ou dans les mois qui viennent un peu relâcher la pression sur ses élevages là en fonction des données scientifiques et de leur risque de contagiosité à d'autres élevages. Donc moi j'ai demandé que sur les élevages de cette taille-là on puisse regarder s'il y avait des ajustements à prendre, pas dans les 3 jours qui viennent mais dans les semaines qui viennent pour voir si on ne peut pas améliorer les choses pour rassurer un peu les éleveurs.
LOUIS DE BERGEVIN
On reparle encore une fois de l'argent, mais c'est le nerf de la guerre finalement, un éleveur de canards en plein air nous disait que pour lui confiner ses volailles, c'est augmenter d'un tiers ses coûts de production parce qu’il faut donner plus de grain, il faut pailler les bâtiments, ils n’ont pas encore reçu toutes les aides aussi des élevages abattus l'année dernière. Est-ce que là aussi ils peuvent être aidés ou est-ce que pour eux qui ont déjà investi ça risque d'être compliqué ?
MARC FESNEAU
Il y a deux types d'indemnisation, il y en a des indemnisations sanitaires pour ceux qui sont victimes de mesures d'abattage si je peux dire et pour qui des mesures d'abattage sont nécessaires et puis des indemnisations économiques. En gros 300 dossiers de tête en Dordogne, les 3 quarts, enfin des 3 quarts, 95 % sont mis en paiement dans le cas d'une phase d'avance et puis les dossiers sanitaires une partie est déjà mise en paiement. Alors ça veut pas dire que ça c'est pour la période qui vient de se dérouler, c'est-à-dire le précédent épisode de grippe aviaire, comprenez bien qu’étant dans le nouvel épisode malheureusement on va avoir besoin de regarder avec eux les nécessités d'indemnisation, si tel était le cas, donc les choses se sont déployées assez rapidement et je rappelle toujours que c'est plus d'un milliard 100 millions d'euros qui ont été déployés sur la filière, ce qui était une aide massive. L’objectif pour nous, c'est de les aider et d'aider les éleveurs à passer le cap et puis à faire en sorte que l'année prochaine on ait quelque chose avec le vaccin qui permet d'aborder plus sereinement la période.
LOUIS DE BERGEVIN
Alors justement le vaccin, on en est où, vous vous nous dites que l'année prochaine, ça pourrait, il pourrait arriver ?
MARC FESNEAU
C’est très simple là aussi on est dans, tout ça on est dans des délais quand vous regardez objectivement très courts. Le vaccin a été autorisé à l'expérimentation au mois de juin, l'expérimentation est en cours dans plusieurs pays dont la France. On a des premiers résultats mais pour l'instant ils sont trop fins pour avoir quelque chose de précis et qui permet de qualifier, on aura des résultats plus tangibles, pour l'instant ça a l'air de fonctionner. Mais on aura des résultats plus tangibles en décembre, janvier, ce qui permettra ensuite à partir de changer dès lors que le vaccin serait qualifié, mais je dis bien dès lors que le vaccin serait qualifié, d'avoir une stratégie vaccinale pour la saison prochaine. Donc on est bien dans, en moins d'une année si le vaccin fonctionne, je le répète, en moins d'une année on aura la capacité d'avoir une stratégie vaccinale qui permet de mieux protéger nos élevages. Après on a un deuxième sujet, je le dis au passage, c'est quand même qu'on préserve nos capacités d'exportation sur un certain nombre de produits, c'est-à-dire que non pas dans l'Union européenne, mais qu'à l'extérieur de l'Union on accepte que les pays avec lesquels on fait du commerce et ces pays-là acceptent la vaccination et ça c'est un travail qu'on mène en continu avec nos collègues européens.
LOUIS DE BERGEVIN
Et donc vous nous dites, Marc FESNEAU, que ça pourrait être la dernière année de grippe aviaire sans la vaccination et que ça pourrait donc arriver l'année prochaine. Merci beaucoup.
MARC FESNEAU
C’est l'espoir que je nourris absolument.
LOUIS DE BERGEVIN
Merci. Beaucoup d'avoir été en direct ce matin sur France Bleu Périgord Marc FESNEAU, donc ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, bonne journée.
MARC FESNEAU
Merci à vous, bonne journée.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 14 novembre 2022