Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Le bateau humanitaire « Ocean Viking » avec 234 migrants sauvés en Méditerranée à son bord, approche des côtes françaises, après le refus des autorités italiennes de l'accueillir, l'ONG SOS Méditerranée, qui l'a affrété, demande à la France de le laisser débarquer, voici ce que dit sa directrice générale, Sophie BEAU, qui était ce matin l'invitée de France Info.
SOPHIE BEAU, DIRECTRICE GENERALE SOS MEDITERRANEE
Je répète cet appel à la France, pour que les autorités maritimes françaises nous assignent un port sûr, sans aucun délai, il n'est absolument pas possible d'attendre plus longtemps aujourd'hui à bord de notre navire sans aucune perspective.
MARC FAUVELLE
Est-ce que ce bateau et ses passagers sont les bienvenus en France ?
OLIVIER VERAN
Ce bateau est actuellement dans les eaux territoriales italiennes, il y a des règles européennes extrêmement claires, et qui ont été d'ailleurs acceptées par les Italiens, qui sont, de fait, le premier bénéficiaire d'un mécanisme de solidarité financier européen. Ce bateau, il a vocation à être accueilli en Italie, l'attitude actuelle du gouvernement italien, et notamment les déclarations, et le refus de laisser accoster ce bateau, a contrario de toutes les règles européennes qui ont été acceptées par l'ensemble des pays de l'Union, est inacceptable, donc nous souhaitons, à l'heure où le bateau est encore dans les eaux territoriales italiennes, que l'Italie joue son rôle et respecte ses engagements européens.
MARC FAUVELLE
Donc quand Giorgia MELONI, la Première ministre italienne, dit, comme elle l'a dit hier soir, « merci à la France d'avoir accepté d'accueillir ce bateau », elle ne dit pas la vérité, il n'y a pas d'accord ?
OLIVIER VERAN
Je vous dis que la vérité c'est ce qui est signé par les Etats européens, qui engage également l'Italie, qui perçoit des fonds pour cela, et qui relève d'un mécanisme humanitaire, de solidarité européenne, ça fait partie des mécanismes de base d'ailleurs, dans le fonctionnement des 27.
MARC FAUVELLE
Et vous demandez donc à ce bateau de faire à nouveau demi-tour, lui qui est parti vers la France, de retourner vers l'Italie ?
OLIVIER VERAN
Il est actuellement, encore une fois, dans les eaux territoriales italiennes, donc les mécanismes…
MARC FAUVELLE
En route vers la France.
OLIVIER VERAN
Les mécanismes diplomatiques sont encore en action à l'heure à laquelle je vous parle, donc je ne peux pas aller au-delà de cela, je vais juste rappeler que ce bateau, qu'on appelle un bateau de migrants, c'est un bateau d'humains qui ont été sauvés des eaux, certains viennent de très loin, ont traversé plusieurs mers avant d'échouer, à traverser la Méditerranée par eux-mêmes, il y a, je crois, une cinquantaine d'enfants qui sont à bord de ce bateau…
MARC FAUVELLE
Depuis trois semaines.
OLIVIER VERAN
Et en aucun cas il ne serait question de laisser ces personnes courir le moindre danger.
SALHIA BRAKHLIA
Mais alors justement cette réponse, Olivier VERAN ce matin, elle est incompréhensible au regard de ce que vous venez de dire, il y a des enfants, il y a une cinquantaine d'enfants sur ce bateau, il y a des personnes qui viennent de très loin, notamment du Bangladesh, qui ont passé du temps en mer, au risque de leur vie, et là la France hésite, la France attend que les italiens fassent le geste.
OLIVIER VERAN
Non, il n'y a aucune hésitation à ce que la France exige de la part, et demande, et attende de la part de son voisin, ami, l'Italie, qu'elle respecte…
MARC FAUVELLE
…l'Italie a déjà dit non.
OLIVIER VERAN
Ecoutez, il nous reste encore quelques heures de discussion, et en tout état de cause nous en sommes encore à cette étape-là, mais je vous le dis, personne ne laissera ce bateau courir le moindre risque, notamment pour les personnes, à l'évidence pour les personnes qui sont à bord.
MARC FAUVELLE
Donc ça veut dire que si ce bateau se présente devant un port français…
OLIVIER VERAN
On suit la situation, minute par minute, heure par heure, notamment le ministre de l'Intérieur.
SALHIA BRAKHLIA
Votre collègue Agnès PANNIER-RUNACHER sous le feu des critiques après les révélations du média d'investigation Disclose, le père de la ministre - voici les explications de l'affaire - le père de la ministre, ancien dirigeant d'une entreprise pétrolière, a monté une société pour transmettre du patrimoine à ses petits-enfants, trois des enfants de la ministre ont donc bénéficié d'un don d'1,2 million d'euros sans payer de droits de succession, et il apparaîtrait aussi qu'une partie de ces fonds ont transité par des paradis fiscaux, l'association Anticor dit qu'il y a conflit d'intérêts, est-ce qu'Agnès PANNIER-RUNACHER est fragilisée ?
OLIVIER VERAN
La ministre a eu l'occasion de d'expliquer la situation hier dans des termes clairs dans l'hémicycle, j'y étais, en réponse à des parlementaires qui l'interrogeaient, en expliquant, ce qu'elle a dit, qu'il n'y avait rien d'illégal et qu'il n'y avait pas lieu d'y voir un conflit d'intérêts, la Haute Autorité, pour la transparence de la vie publique, a la possibilité de se saisir, si elle le souhaite, je crois qu'elle l'a fait d'ailleurs, pour vérifier que tout était en conformité, je n'ai pas d'autre commentaire à faire.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce qu'elle aurait dû au moins le signaler de façon préventive à la Haute autorité ?
OLIVIER VERAN
Je n'ai pas d'autre commentaire à faire concernant ces déclarations et je vous renvoie à la ligne de défense qui est la sienne, qui, je le redis, a eu l'occasion d'être expliquée et applaudie par les parlementaires de la majorité…
SALHIA BRAKHLIA
Sa place au sein du Gouvernement est menacée ou pas ?
OLIVIER VERAN
Je n'ai pas lieu de le penser.
MARC FAUVELLE
Les Français s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat, pour leur porte-monnaie en ce moment Olivier VERAN, l'inflation dépasse les 6 %, et ce n'est pas fini, « le pire est sans doute à venir », c'est ce que dit. Michel-Edouard LECLERC, le patron des magasins du même nom, il l'a dit hier chez nos confrères de BFM, écoutez.
MICHEL-EDOUARD LECLERC
L'inflation qui se prépare, avec les nouvelles négociations, là, autour de Noël, cette inflation elle est à deux chiffres. Face à ce qui est une vague d'inflation, et après celle qu'il y a eu déjà, on va vers un tsunami.
MARC FAUVELLE
Un tsunami d'inflation dit Michel-Edouard LECLERC, est-ce que vous voyez la même chose ?
OLIVIER VERAN
Pour rappeler ce que les Français ont parfaitement intégré, que l'inflation, si elle existe, et si elle peut peser sur le pouvoir d'achat des ménages, elle est la plus faible d'Europe en France, aux alentours de 6 %, elle est même contenue en légère baisse depuis désormais plusieurs semaines. Pourquoi ? Parce qu'il y a l'action résolue du gouvernement, le bouclier tarifaire notamment, et j'insiste sur le fait que cette nuit les parlementaires ont adopté, on va y venir j'imagine…
MARC FAUVELLE
On va y venir, oui, oui.
OLIVIER VERAN
Deux nouvelles mesures pour soutenir le pouvoir d'achat des Français donc on continue d'agir pour juguler cette inflation et on continuera à le faire.
MARC FAUVELLE
Sur l'alimentaire l'inflation est déjà à plus de 10 % aujourd'hui, et c'est pire nous dit Michel-Edouard LECLERC, c'est vrai ou pas ?
OLIVIER VERAN
Sur certains produits alimentaires l'inflation atteint même des taux plus importants, et nous travaillons aussi, avec la grande distribution, qui a tout son rôle à jouer, pour pouvoir rogner sur des parts de marge, lorsque c'est possible, et faire en sorte que le panier des ménages ne soit pas trop perturbé. Ce que nous ne voulons pas c'est que les Français soient obligés de renoncer à des achats, notamment dans la période qui va s'ouvrir, qui est une période festive évidemment, et donc nous continuons de les accompagner, et nous travaillons aussi pour juguler les mécanismes par lesquels l'inflation est arrivée en Europe et dans le monde, c'est important de le rappeler.
SALHIA BRAKHLIA
Vous disiez il y a quelques instants, vous parliez du projet de loi rectificatif qui a été donc voté cette nuit, il y a le bouclier tarifaire pour l'énergie, les Français qui se chauffent au fuel ils peuvent aussi profiter d'une aide, et puis il y a ceux qui se chauffent au bois, et là il y a une nouveauté.
OLIVIER VERAN
Oui, bien sûr, c'est un amendement du groupe socialiste, qui a été soutenu par le gouvernement, voté à la quasi-unanimité, je crois qu'il manquait une voix, je ne sais pas pourquoi, mais en tout cas qui va permettre de développer le même type d'aide pour les Français qui se chauffent au bois et au pellet, que les aides existantes pour les Français qui se chauffent notamment au fuel. C'est un texte…
MARC FAUVELLE
Ils vont toucher combien ?
OLIVIER VERAN
C'est un texte majeur ; ça va être défini bientôt, mais vous le savez, pour ceux qui bénéficient du fuel, en fonction des revenus, c'est 100 à 200 euros d'aide supplémentaire par rapport aux aides existantes.
MARC FAUVELLE
Ce sera le même montant pour ceux qui se chauffent au bois, que ce soit des bûches ou du pellet ?
OLIVIER VERAN
Ce qui a été provisionné, c'est plus de 200 millions d'euros, doit permettre de faire un geste, en tout cas significatif. Ce que je veux vous dire c'est que ce texte c'est un complément de budget qui a été adopté, et je vous en parle pour plusieurs raisons, un, parce qu'il est porteur de vrais progrès pour les Français, je pense notamment aux universités françaises, qui sont soutenues face à la hausse du coût de l'énergie, je pense à nos armées, qui sont soutenues, je pense à nos agriculteurs, je pense à l'ensemble des automobilistes qui bénéficient, grâce au texte adopté cette nuit, de la prolongation jusqu'au 15 novembre de la ristourne sur le carburant à la pompe, et je le dis d'autant plus que nous l'avons adopté sans 49.3, alors que c'est un texte budgétaire.
MARC FAUVELLE
Ça devient rare ces temps-ci.
SALHIA BRAKHLIA
C'est une première.
OLIVIER VERAN
C'était loin d'être évident, et donc il y a eu un très gros travail, que je salue, qui a été fait par le ministre et les parlementaires de tous bords, et on a, à la fin des fins, une abstention des Républicains, une abstention des socialistes, donc ça veut dire que le travail qui est réalisé au quotidien, la main tendue à destination des oppositions, la capacité de la majorité à accepter, du gouvernement, à accepter des amendements des oppositions, y compris de la France insoumise, y compris des Républicains, nous a permis, à 3h du matin, de voir un texte adopté…
MARC FAUVELLE
Y compris du RN ?
OLIVIER VERAN
Un texte budgétaire, alors que nous n'avons pas la majorité absolue.
MARC FAUVELLE
Y compris du RN, Olivier VERAN, si un amendement est bon vous le reprendrez ?
OLIVIER VERAN
En l'occurrence les RN ont voté contre, donc ils s'expliqueront, ils expliqueront aux Français pourquoi est-ce qu'ils ont décidé de voter contre la prolongation de la ristourne, contre l'aide au chauffage au bois et au pellet, contre le chauffage des universités, contre le soutien à nos armées, ils auront à s'expliquer devant leurs électeurs, mais je le redis, c'est un texte budgétaire, qui n'avait pas vocation à être adopté sans 49.3, et qui pourtant l'a été grâce au travail qui a été conduit dans le cadre de ces débats.
MARC FAUVELLE
Le Fil info, 8h41, avec Mathilde ROMAGNAN, et on poursuit avec vous Olivier VERAN, porte-parole du gouvernement, dans un instant.
(…)
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Olivier VERAN, le porte-parole du Gouvernement, Clément BEAUNE votre collègue ministre des Transports demande à la SNCF un bouclier tarifaire sur les prix des billets de train, à quoi ça va ressembler ?
OLIVIER VERAN
Il faut savoir que normalement les billets de train devraient augmenter si j'en suis les propos, les déclarations du président le directeur de la SNCF, ils auraient dû augmenter de 10 % et quelques à cause du coût de l'énergie. D'abord ce qu'on a fait c'est que le Gouvernement a travaillé en lien avec la SNCF pour baisser leur consommation énergétique, j'ai fait moi-même un déplacement il y a quelques semaines avec le ministre des Transport, Clément BEAUNE pour constater que désormais les TGV sont équipés de logiciels qui permettent de rouler en consommant moins d'énergie, ça c'est une façon vertueuse de voir les choses. Et ensuite il faut parer à l'urgence, il est hors de question que les prix des billets de train augmentent de, je ne sais, 8, 9 ou 10 % pour les voyageurs. Donc ce que le Gouvernement demande à la SNCF, c'est la mise en place d'un bouclier tarifaire de deux natures, d'abord pour ceux qui utilisent beaucoup le train et dont les revenus sont modestes, eh bien qu'ils n'aient pas d'augmentation, donc qu'il n'y ait pas d'inflation du prix du billet de train, et pour l'ensemble des consommateurs des trains que les billets de train augmentent dans des proportions moins importantes que l'inflation, c'est-à-dire qu'on va vraiment mettre en place…
MARC FAUVELLE
Moins importantes que les chiffres globaux de l'INSEE qui sont à 6 %, donc ce sera moins de 6 % en moyenne.
OLIVIER VERAN
Moins importantes que l'inflation, a minima que l'inflation constatée par la SNCF sur ses coûts de transport.
MARC FAUVELLE
Qui est à 10 % le coût de la SNCF.
OLIVIER VERAN
C'est en cours de discussions, mais c'est une mesure encore une fois importante qui montre là encore que partout où il est nécessaire de faire en sorte que les Français n'aient pas à renoncer à acheter, à circuler, à se déplacer, à travailler eh bien le l'Etat intervient.
SALHIA BRAKHLIA
C'est une mesure importante mais c'est moins bien que ce que font les Allemands qui vont proposer un forfait unique à 49 euros pour pouvoir [sic], un forfait mensuel pour pouvoir circuler dans le pays bus, trains, métros. Les Allemands vont pouvoir circuler avec 49 euros, pourquoi on n'arrive pas le faire en France ?
OLIVIER VERAN
Pourquoi est-ce que nous sommes le seul pays à avoir mis en place un bouclier tarifaire qui fait que pendant toute l'année les prix de l'électricité et du gaz n'ont pas augmenté ? Pourquoi nous sommes le seul pays à avoir fait le choix de mettre un bouclier tarifaire pour limiter à 15 % la hausse ?
SALHIA BRAKHLIA
On agit ailleurs.
OLIVIER VERAN
On peut se comparer de pays à pays, il n'y a pas d'argent magique. On ne va pas activer la planche à billets et on ne va pas transformer la France en Grèce en dépensant des dizaines de milliards d'euros en permanence, on ne peut pas, donc on fait des choix. Et ces choix ils sont de nature à faire en sorte que les plus fragiles soient ultra-protégés et que l'ensemble des consommateurs soient protégés dans leur quotidien pour ne pas être freinés dans leurs activités ou dans leurs achats tout en permettant à la France de tenir sa dette et ses déficits, sinon on ne se sortira pas de la spirale de l'inflation. Donc je comprends parfaitement qu'on puisse comparer tel ou tel, nous faisons des choix budgétaires votés par les parlementaires et que nous assumons pour faire en sorte qu'il n'y ait pas un secteur qui explose et auquel les Français devraient renoncer.
MARC FAUVELLE
Vous avez Olivier VERAN supprimé la taxe d'habitation, pas vous, mais le Gouvernement, plus personne ne la paiera l'année prochaine mais dans le même temps la taxe foncière augmente et parfois dans des conditions, je en sais pas ce que je veux dire dans des conditions, dans des proportions importantes à Paris.
OLIVIER VERAN
Vous pouvez le dire, bien trop importantes.
MARC FAUVELLE
Merci de m‘aider.
OLIVIER VERAN
Vous pouvez le dire, je vous aide.
MARC FAUVELLE
A Paris, Anne HIDALGO, par exemple, va augmenter de 52 %, elle dit qu'elle n'a pas le choix car le Gouvernement ne l'aide pas aujourd'hui à financer toutes les mesures qu'elle doit mettre en place en tant que maire de la capitale, que lui répondez-vous ?
OLIVIER VERAN
Que gouverner c'est choisir. Je ne vais pas, je ne vais pas commenter les choix municipaux de la maire de Paris, ce n'est pas mon rôle de le faire, par contre je peux rappeler quelques vérités. Un : les dotations aux collectivités non seulement n'ont pas baissé mais elles ont plutôt augmenté et ça faisait très longtemps que ce n'était pas arrivé, je parle de ces dernières années. Deux : nous mettons à chaque fois des mécanismes de compensation à destination des collectivités quand nous supprimons une recette directe ou indirecte de manière à ce qu'elles ne soient pas impactées. Trois : l'état financier des collectivités dans notre pays n'est pas, est loin d'être aussi catastrophique que celui de Paris puisque généralement une commune a besoin de 4 ou 5 ans pour se désendetter, pour Paris c'est plus de 20 ans. Or la maire de Paris nous explique que la gestion financière est saine. Pardonnez-moi mais quand on regarde la dette accumulée par Paris, la responsabilité n'incombe pas à l'Etat, elle n'incombe pas à la municipalité parisienne. Et je dis à Madame HIDALGO…
SALHIA BRAKHLIA
D'accord mais sur la taxe foncière en particulier.
OLIVIER VERAN
Non mais je dis à Madame HIDALGO, il faut assumer ses choix.
MARC FAUVELLE
Elle dit par exemple, j'avais demandé de pouvoir augmenter la surtaxe sur les résidences secondaires à Paris, le Gouvernement a refusé, ce qui est exact et donc on m'a privé d'autre argent.
OLIVIER VERAN
Vous venez de l'interroger sur le bouclier tarifaire sur la SNCF et sur pourquoi est-ce qu'on ne fait pas différemment etc, je voulais assumer en expliquant qu'il faut que nous protégeons l'économie de la France et les économies des Français. La maire de Paris a vocation à préserver l'économie des Parisiens et l'économie de sa ville. Je constate qu'augmenter de plus de 50 % la taxe foncière, c'est un coup qui est très dur, qui était sans doute prévisible compte tenu de l'état des finances de la ville de Paris, parce que ce n'est pas nouveau, elle ne découvre pas aujourd'hui que sa ville est très endettée et c'est de sa responsabilité. Donc vouloir mettre la patate chaude ou le mistigri sur les pôles de l'Etat ne parlera à personne parce que ce n'est pas la situation des collectivités en général dans notre pays.
SALHIA BRAKHLIA
Hier Emmanuel MACRON a reçu les industriels les plus pollueurs du pays, il leur a demandé de réduire de moitié leur volume d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 10 ans, comment les y contraindre ?
OLIVIER VERAN
D'abord c'est totalement fondamental face à la crise climatique nous mettons en place des réformes profondes, systémiques, ce n'est pas du saupoudrage. Nous le faisons dans le champ de la rénovation thermique, vous le savez, déjà 600 000 logements rénovés cette année, nous faisons dans le champ de l'agriculture. Nous interdisons vous le savez d'ici une petite dizaine d'années les véhicules thermiques et nous avons un objectif la neutralité carbone d'ici à 2050. Il se trouve que 20 % de la consommation ou de l'émission de gaz à effet de serre, c'est l'industrie et que la moitié c'est représenté par 50 secteurs industriels. Le président de la République s'y était engagé, il a réuni ces acteurs, il leur a dit, on va faire d'une pierre deux coups. Vous, vous allez mettre le paquet pour réduire et atteindre vous-mêmes la neutralité carbone, vous allez montrer l'exemple et il y aura un véritable impact sur le climat mesurable à très court terme, plus de 50 % de réduction de gaz d'émissions carbonées à la d'ici à la fin de la décennie, c'est demain. Et la deuxième belle opération c'est de se dire, vous allez le faire en plus en exploitant en grande partie une des technologies qu'on est en train de financer, de développer comme l'hydrogène par exemple, des technologies vertes pour lesquelles nous souhaitons que la France soit le leader européen, voire le leader mondial.
MARC FAUVELLE
Mais comment être sûr Olivier VERAN…
OLIVIER VERAN
Et pour cela l'Etat met de l'argent pour dire en fait on finance les moyens qui doivent vous permettre de sortir des émissions carbones.
MARC FAUVELLE
L'Etat met au total 10 milliards d'euros sur la table, 5 qui était déjà prévus plus 5 rajouté hier par Emmanuel MACRON. Comment être sûr que les entreprises ne vont pas prendre ses aides et aller délocaliser et polluer à l'étranger, en dehors ?
OLIVIER VERAN
Alors c'est simple parce que nous avons des outils de mesure, qu'il a des contrats, des chartes qui sont signés avec les industriels, qu'on est capable de le mesurer, qu'on parle d'argent public. 5 milliards d'euros ce n'est pas une paille et ces 5 milliards d'euros supplémentaires qu'a annoncé le président de la République si nous voyons que les entreprises non seulement jouent le jeu mais qu'elles accélèrent avec des résultats donc durables.
MARC FAUVELLE
Mais si par exemple ARCELORMITTAL ferme un haut fourneau en France et en ouvre un à l'étranger, ils ne toucheront pas les aides.
OLIVIER VERAN
Non, c'est totalement dans l'intérêt des entreprises françaises de jouer le jeu et de s'impliquer très fortement dans cette stratégie de décarbonations. C'est l'un des grands chantiers encore une fois structurants, fondamentaux de la décarbonation, c'est visible, c'est palpable, c'est quelque chose de très profond.
MARC FAUVELLE
Olivier VERAN, porte-parole du Gouvernement avec nous jusqu'à 9h00.
(…)
SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, Emmanuel MACRON doit annoncer cet après-midi la fin de l'opération Barkhane au Sahel, les troupes étaient présentes depuis une dizaine d'années, 3000 soldats sont encore sur place, quand rentreront-ils en France ?
OLIVIER VERAN
Le président de la République aura l'occasion de l'annoncer lors de son déplacement à Toulon, il aura aussi l'occasion d'annoncer le soutien que nous portons à nos armées, j'ai parlé d'un texte qui renforce le budget de nos armées, qui a été adopté cette nuit par le parlement, et viendra bientôt, avec le ministre des Armées, Sébastien LECORNU, le moment d'adopter, d'examiner, ce qu'on appelle la Loi de programmation militaire, vous savez, qui continue d'augmenter les moyens alloués à nos armées pour qu'elles puissent se moderniser.
SALHIA BRAKHLIA
Vous dites on augmente l'argent alloué à la défense, sauf que dans une interview au « Parisien Aujourd'hui en France » le Général Pierre de VILLIERS dit que l'armée française n'a pas les moyens d'une guerre de haute intensité, est-ce qu'il a raison ?
OLIVIER VERAN
On parle du même général qui a démissionné dès l'élection du président MACRON et qui a commencé à faire de la politique, je vous dis que nous avons augmenté de plus de 20 % les budgets alloués aux armées, et que parler de guerre de haute intensité, quand on parle d'armée française, qui dispose d'une arme de dissuasion nucléaire par ailleurs, je ne sais pas trop ce qu'il veut dire par là. Ce que je sais c'est que nous confortons nos armées, nous avons arrêté les baisses, depuis 2017, des dotations qui étaient allouées à nos forces armées, et nous faisons en sorte de les moderniser, et je crois que nous n'avons pas à rougir, d'ailleurs, de notre capacité d'innovation en matériels militaires et de la capacité, non seulement de la très grande qualité de la formation de militaires français, mais de la capacité des forces armées françaises à former nos alliés.
MARC FAUVELLE
Mais vous reconnaissez par exemple que la livraison d'armes à l'Ukraine nous a affaiblis, militairement.
OLIVIER VERAN
Pourquoi elle nous a affaiblis ?
MARC FAUVELLE
Le fait de livrer par exemple des canons Caesar, on en a forcément moins dans nos stocks.
OLIVIER VERAN
Mais attendez, quand nous livrons des armes à nos alliés qui, aux portes de l'Europe, font face à l'invasion d'un envahisseur, nous ne nous affaiblissons pas, nous nous renforçons en Européens.
MARC FAUVELLE
L'armée française est affaiblie.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce qu'on a déshabillé notre armée ?
OLIVIER VERAN
On n'a pas déshabillé nos armées, et vous aurez l'occasion, encore une fois, de débattre de ces questions lors de la Loi de programmation militaire pour 2024-2030.
MARC FAUVELLE
Olivier VERAN, jusqu'ici Emmanuel MACRON avait toujours refusé de reconnaître la victoire de Nicolas MADURO au Venezuela, il se trouve qu'en marge de la COP cette semaine il a discuté avec lui pendant 1 minute, 1,30 minute, et il lui a même donné du « Président MADURO. » Est-ce que la France a changé de position, est-ce qu'elle le reconnaît désormais comme président élu du Venezuela ?
OLIVIER VERAN
Je n'ai pas d'annonce à vous faire en matière diplomatique, pardonnez-moi pour cela, ce que je peux vous dire c'est que la COP, par définition, c'est un événement mondial qui doit réunir tous les pays du monde autour d'un seul objectif, et cet objectif il n'a pas de couleur politique, c'est la planète…
MARC FAUVELLE
Oui, mais si on donne du « Président » à quelqu'un c'est qu'il est président.
OLIVIER VERAN
Et donc être capable d'influencer des forces extérieures pour leur dire, enfin des nations, pour leur dire « rejoignez-nous dans nos objectifs pour faire en sorte que la planète survive et qu'on soit capable de réduire les gaz à effet de serre, qu'on soit capable de réduire les exploitations minières », pardonnez-moi, je préfère retenir, enfin me semble-t-il, le message essentiel de la COP, c'est l'appel du président de la République à ce qu'on arrête d'explorer les fonds marins et qu'on arrête de ravager les fonds pour aller attraper des ressources qui sont épuisables…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais enfin, ce qui se passe dans les coulisses…
OLIVIER VERAN
Me semble-t-il, ensuite c'est des questions diplomatiques.
SALHIA BRAKHLIA
« Le pétrole rend poli » a ironisé Jean-Luc MELENCHON en voyant ce revirement d'Emmanuel MACRON, il n'a pas tout à fait tort ?
OLIVIER VERAN
Je pense que Jean-Luc MELENCHON devrait avoir compris, depuis un certain temps, qu'il aurait tout intérêt à se détacher politiquement de Monsieur MADURO, je l'invite à s'adresser à ses électeurs, Jean-Luc MELENCHON, et à leur proposer le même programme que celui de Monsieur MADURO, et de leur parler de l'inflation et la dévaluation de la monnaie, et des conditions dans lesquelles Vénézuéliens vivent depuis un certain nombre d'années.
MARC FAUVELLE
Mais du coup, par exemple, il est le bienvenu en France Monsieur MADURO ou pas ?
OLIVIER VERAN
Je n'ai pas à vous répondre à cette question, pardonnez-moi, qui relève du Quai d'Orsay.
MARC FAUVELLE
D'accord.
OLIVIER VERAN
Porte-parole du Gouvernement, vous savez, mon travail, ma mission, c'est à la fois de vous répondre sur tout, mais d'être aussi capable de vous dire quand je n'ai pas…
MARC FAUVELLE
Mais parfois de renvoyer les balles.
OLIVIER VERAN
Quand je ne suis pas en demeure ou en mesure de vous répondre, pardonnez-moi pour ça.
MARC FAUVELLE
C'est vous en revanche, Olivier VERAN, qui êtes chargé de consulter les groupes politiques sur la question de la fin de vie et de la possibilité de légaliser l'euthanasie en France, quelle est, non pas la position du Gouvernement, mais quelle est votre conviction personnelle sur ce sujet ?
OLIVIER VERAN
Vous ne la connaîtrez pas, vous ne la connaîtrez pas pour une bonne et simple raison c'est que le président de la République, et la Première ministre, ont souhaité qu'il y ait une consultation citoyenne, via une convention citoyenne, pour laquelle je travaille avec ma collègue Agnès FIRMIN-LE BODO, nous sommes un binôme, et que tout ce travail de consultation il nécessite, me semble-t-il, une mise en surplomb, en tout cas un peu en retrait, en tout cas en ce qui me concerne, de mes convictions personnelles sur le sujet…
MARC FAUVELLE
Mais vous en avez une de conviction, mais vous ne la rendrez pas publique.
OLIVIER VERAN
Ma conviction c'est qu'il faut le courage de la nuance, ça c'est certain, que ce n'est pas un débat politique, ce n'est pas une conquête sociale ou sociétale, ça touche à l'intime, il faut beaucoup de pudeur…
MARC FAUVELLE
Ce n'est pas une conquête sociétale ?
OLIVIER VERAN
Non, parce que le rapport à la mort n'est jamais une conquête sociétale, il s'agit de la manière dont nous considérons la fin de vie de nos concitoyens et de notre capacité à répondre à la demande exprimée par un certain nombre d'entre eux, de pouvoir accélérer une fin de vie qui leur serait devenue insupportable. Je pense que, je suis convaincu, que la méthode qui a été retenue, celle de la consultation citoyenne, mais nous mobilisons aussi les parlementaires à travers des groupes d'appui, nous mobilisons aussi les professionnels, c'est indispensable, c'est la bonne méthode.
SALHIA BRAKHLIA
Mais alors justement, est-ce que le gouvernement suivra forcément les conclusions de la convention citoyenne ?
OLIVIER VERAN
Mais il n'y a pas de suivre forcément, nous demandons à la convention elle-même de se déterminer en mettant au jour un certain nombre de controverses, c'est-à-dire est-ce qu'il y a des situations qui peuvent justifier que nous puissions accélérer, on puisse accélérer une fin de vie devenue insupportable et dans quelles conditions.
MARC FAUVELLE
Et après qui tranchera, il y aura un filtre après cette convention, Emmanuel MACRON tranchera en conscience, les Français seront interrogés en référendum, comment ça va se passer ?
OLIVIER VERAN
A l'issue de cette convention citoyenne, à l'issue aussi des consultations des professionnels de santé, des soins palliatifs, des cancérologues, des académies, de l'Ordre des médecins, à l'issue aussi de la consultation des forces politiques de notre pays, d'ici donc au printemps, vers la fin du mois de mars, eh bien forts, enrichis de toute cette réflexion collective, eh bien le président de la République et la Première ministre auront à déterminer les voies et moyens par lesquels nous modifierons le cas échéant la loi.
SALHIA BRAKHLIA
Le référendum est toujours d'actualité, est sur la table en tout cas ?
OLIVIER VERAN
En fait nous demandons à la convention citoyenne de nous proposer aussi les voies et moyens pour faire en sorte qu'on crée du consensus autour de cette question qui touche à l'intime, encore une fois, et qui, vous avez raison de m'interroger, merci pour ça, parce qu'elle est fondamentale, et on ne fait pas une campagne sur le terrain, ou un marché, sans qu'on nous parle de cette question-là, parce qu'il y a une attente très forte, il y a un enjeu d'appropriation démocratique de cet enjeu de la fin de vie.
SALHIA BRAKHLIA
Une proposition de loi de la NUPES sème la zizanie dans les rangs de la majorité, le texte proposé par le député Insoumis Aymeric CARON vise à interdire la corrida. Si vous étiez encore député, est-ce que vous voteriez pour ?
OLIVIER VERAN
Je ne fais pas de politique-fiction, je ne suis pas député, je suis, en l'occurrence, heureux de ne pas l'être, et donc il y aura un débat au parlement, vraisemblablement, et le gouvernement donnera sa position à ce moment-là.
MARC FAUVELLE
Il y aura une consigne de votre donnée à la majorité ?
OLIVIER VERAN
Probablement.
MARC FAUVELLE
Il n'y aura pas une liberté de chacun en fonction, des territoires notamment, certains députés du Sud-ouest, ou du Sud, peuvent considérez…
OLIVIER VERAN
On est avant tout député de la Nation, député de la République, tout débat est bon à avoir…
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il y aura une ligne, dans la majorité, sur la corrida…
OLIVIER VERAN
Tout débat est puissamment légitime, et je comprends que ce débat ait lieu, je dis juste que nous sommes dans un moment particulier, nous faisons face à l'inflation, à une guerre aux portes de l'Europe, ou nous sortons de mesures contraignantes avec le Covid pendant plus de deux ans et demi, je crois qu'il y a une aspiration à de la liberté, et donc il faut aussi tenir compte de ces paramètres quelles que soient nos convictions personnelles en la matière.
MARC FAUVELLE
Merci beaucoup Olivier VERAN, je rappelle ce que vous nous avez dit tout à l'heure en préambule de cet entretien au sujet du bateau « l'Ocean Viking » qui fait route en ce moment de l'Italie vers la France, l'Italie doit jouer son rôle et respecter ses engagements européens à accueillir les migrants, c'est ce que vous nous avez dit, avant d'ajouter également que personne, je vous cite toujours, ne laissera ce bateau courir le moindre risque…
OLIVIER VERAN
Je parle en européen, bien sûr.
MARC FAUVELLE
J'en déduis donc, pardon de vous reposer la question, elle est importante, si le bateau arrive demain en Corse, ou à Marseille, les migrants descendent ?
OLIVIER VERAN
Je vous redis qu'on ne fait pas, et encore moins avec ce sujet-là, de la politique-fiction, que le bateau est dans les eaux territoriales italiennes, qui a vocation…
MARC FAUVELLE
Il est en route vers la France, c'est ce qu'on nous a confirmé tout à l'heure.
OLIVIER VERAN
L'Italie a vocation à respecter ses engagements européens et à accueillir ces personnes.
MARC FAUVELLE
Merci beaucoup Olivier VERAN, très bonne journée à vous.
OLIVIER VERAN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 novembre 2022