Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Clément BEAUNE.
CLEMENT BEAUNE
Bonjour Sonia MABROUK.
SONIA MABROUK
Alors, l'actualité c'est donc la ristourne sur les carburants, qui passera de 30 à 10 centimes ce soir minuit. Est-ce qu'il y aura assez de carburant dans les stations, dans les prochains jours, les prochaines heures ? Il y a déjà une ruée ce matin dans certaines stations. Est-ce que le risque de pénurie est déjà là ?
CLEMENT BEAUNE
On n'est plus du tout dans la situation difficile qu'on a connu ces dernières semaines. Je veux quand même insister là-dessus. Il y a une ristourne en effet qui a été importante, 50 centimes par litre. Je rappelle, aucun pays européen n'a fait cela, c’était nécessaire, nous l'avons fait, qui coûte cher à l'Etat et donc aux contribuables, aux Français à la fin, et on l'a toujours dit qu'il fallait en sortir progressivement, d'ici la fin de l'année. Le gouvernement a déjà décalé cette ristourne de 15 jours, puisqu'elle devait s'arrêter le 1er novembre, comme on était encore dans une situation compliquée d'approvisionnement des stations-service à l'époque, on a décalé pour ne pas pénaliser les Français, et puis justement pour éviter des phénomènes dans doute encore plus difficiles, de surconsommation voire de ruées. Donc aujourd'hui il y a une situation, je veux dire, c’est normal d'une certaine façon…
SONIA MABROUK
Vous estimez qu'elle est normale ?
CLEMENT BEAUNE
Non, ce que je veux dire c'est que, que les Français veuillent profiter, parce qu'il y a encore quelques heures, d'un prix qui soient plus bas, je ne veux pas leur dire le contraire, et je peux le comprendre…
SONIA MABROUK
Donc d’ici ce soir il y a aura des vraies difficultés…
CLEMENT BEAUNE
Non, attendez, je…
SONIA MABROUK
De tensions.
CLEMENT BEAUNE
On voit que dans certaines régions il y a de la consommation qui est importante, et dans certaines régions, c'est le cas un peu en Ile-de-France, c'est le cas dans la région Auvergne-Rhône-Alpes ou Bourgogne Franche-Comté. Il y avait encore quelques stations qui étaient en difficulté, indépendamment de la baisse de la ristourne, qui était la conséquence ou la continuité de la crise qu'on a connue. Mais il n’y a plus aujourd'hui de mouvement de grève répandu comme on l'a connu, il n’y a plus de blocage des dépôts et des raffineries qui bloqueraient l'approvisionnement en carburant des stations-service. Donc il y a un phénomène qui est une consommation ces derniers jours qui est importante parce qu'on profite des prix un peu plus bas, mais à partir de demain bien sûr il y aura du carburant qui continuera à arriver dans les stations-service, on n’est plus dans une situation de blocage des dépôts et des raffineries…
SONIA MABROUK
Pas d’inquiétude.
CLEMENT BEAUNE
Donc il ne manque pas de carburant dans l’approvisionnement de nos stations-service.
SONIA MABROUK
A vous entendre, malgré tout, est-ce qu’il y a un message à passer aux consommateurs, aux automobilistes ce matin ?
CLEMENT BEAUNE
Moi je ne veux pas faire de leçons, mais c'est un message de calme et de sérénité. Nous ne sommes plus dans la situation que nous avons connue. Elle a été difficile, il y a eu des pénuries à un moment, il y a eu des mesures prises par le gouvernement pour débloquer les stocks, pour mettre fin parfois par des réquisitions et des mouvements qui devenaient inacceptables, et aujourd'hui cette situation n'est plus celle-là, et donc il y a cette transition vers un prix du carburant qui sera un peu plus élevé effectivement les jours qui viennent. Je précise aussi, la ristourne ne disparaît pas complètement…
SONIA MABROUK
On va en parler…
CLEMENT BEAUNE
Non mais c'est important. Elle était de 50 centimes par litre, elle restera de 20 centimes par litre, jusqu'à la fin de l'année, y compris après ce soir.
SONIA MABROUK
On va parler de ce qui va se passer justement à partir du 1er janvier. Mais là quand même, Clément BEAUNE, est-ce que c’est bien raisonnable dans un tel contexte, inflammable aujourd'hui ?
CLEMENT BEAUNE
Mais, Sonia MABROUK, vous savez, gouverner c'est choisir et c'est prendre ses responsabilités. Qu'est-ce que c'est la ristourne sur le carburant ? C'est un geste que les contribuables font pour éviter que le carburant soit trop cher dans une période où beaucoup de gens, je rappelle, 85% des déplacements pour aller au boulot le matin se font encore en voiture, notamment dans les zones rurales, donc on ne peut pas faire comme s'il n’y a pas de problème. On a pris ces mesures, ça a coûté plus de 7 milliards d'euros à l'Etat. On l'assume. Et je le dis aussi, c'est encore plus que ça puisque le gouvernement de Jean CASTEX avait déjà pris des mesures en début d'année de ristourne à la pompe. Il faut en sortir progressivement, parce qu'on ne va pas vivre tout le temps avec une ristourne sur le carburant, prise en charge par le contribuable, ce serait extrêmement lourd pour nos finances publiques et donc pour nous impôts à la fin, et ce serait aussi…
SONIA MABROUK
On entend…
CLEMENT BEAUNE
… sur l’écologie…
SONIA MABROUK
… et on vous le reproche assez souvent…
CLEMENT BEAUNE
Non, mais il faut être cohérent…
SONIA MABROUK
Mais êtes-vous sûr que c’est le bon moment ?
CLEMENT BEAUNE
Mais…
SONIA MABROUK
Vous l'avez bien prolongée, est-ce que vous êtes sûr que c’est possible aujourd’hui…
CLEMENT BEAUNE
On l’a prolongé 15 jours, on ne peut pas le prolonger éternellement.
SONIA MABROUK
… avec un contexte de crise, de crispations et inflammable.
CLEMENT BEAUNE
Mais, Sonia MABROUK, la situation économique, la situation écologique à plus forte raison, elle restera difficile dans les mois qui viennent. La crise climatique elle restera difficile dans les années qui viennent. Donc il n’y a jamais de moment parfait, mais faut prendre ses responsabilités.
SONIA MABROUK
Donc vous assumez.
CLEMENT BEAUNE
On a prolongé de 15 jours dans un moment où il y avait là des difficultés, ce n'est plus le cas aujourd'hui, la situation de pénurie et le blocage de nos dépôts, et donc il faut à un moment donné revenir à une situation qui n'est plus subventionnée aussi massivement.
SONIA MABROUK
Et que se passera-t-il…
CLEMENT BEAUNE
Et je le dis aussi, d'ici la fin de l'année, il y a quand même 20 centimes par litre, de ristourne, ça n’est pas rien.
SONIA MABROUK
Parlons-en… Mais elle tombera à zéro le 1er janvier…
CLEMENT BEAUNE
A la fin de l'année, oui.
SONIA MABROUK
Oui. Alors, quelle que soit la situation il n'y aura plus de ristourne, mais il y aura une aide gros rouleurs. D'ailleurs, Clément BEAUNE, quelles sont les conditions aujourd'hui d'obtention de cette indemnité gros rouleur ? Ce n'est pas encore fixé totalement ?
CLEMENT BEAUNE
Non, elles seront précisées dans les prochains jours, sans doute, mais il y aura deux choses : jusqu'au 1er janvier prochain 20 centimes de réduction par litre de carburant. Ça n'est quand même pas rien, je précise, cette aide. Il y aura après le 1er janvier forcément des dispositifs qui seront plus ciblés. On ne peut plus faire un dispositif généralisé pour des questions de coûts, pour des questions d'écologie. Et on est en train de mettre en place, avec le ministère de l'Economie, ce qu'on appelle une aide gros rouleur ; concrètement c'est pour les gens bien sûr qui ont une voiture, qui l’utilisent régulièrement, et il y aura une condition de revenus. Il ne s’agit pas de…
SONIA MABROUK
Des critères de ressources.
CLEMENT BEAUNE
Des critères de ressources.
SONIA MABROUK
Que vous n’avez pas encore définis.
CLEMENT BEAUNE
Non, parce que ces paramètres vous donnent les grands équilibres et les grandes lignes, et ces paramètres seront définis sans doute sous quelques jours.
SONIA MABROUK
Mais, expliquez-nous, juste, critères de ressources et critères de, j'allais dire de nombre de kilomètres aussi parcourus ?
CLEMENT BEAUNE
Oui, ça peut faire partie des paramètres, il faut… L'idée c'est d'aider ceux qui ont besoin de la voiture au quotidien et qui roulent beaucoup, d'où cette expression de gros rouleur, éventuellement les professionnels aussi, et on est en train de définir les seuils. Mais il y aura un critère de ressources, c'est important, parce que l'idée c'est d'aider les ménages les plus contraints et les plus modestes.
SONIA MABROUK
Et ça sera une aide exceptionnelle versée en une seule fois.
CLEMENT BEAUNE
Ça c'est à définir, les modalités de versement, ce sera très…
SONIA MABROUK
Vous y êtes favorable, c'est plus facile pour certains ?
CLEMENT BEAUNE
Il faut que ça soit surtout simple d'accès. Versé en une seule fois ou pas…
SONIA MABROUK
Il vaut mieux, oui.
CLEMENT BEAUNE
Non, mais c'est-à-dire que vous irez sur un site Internet extrêmement simple, où vous mettrez vos revenus, un certain nombre d'éléments sur votre voiture, très simple, et on vous dira comment et quand vous avez droit à cette ristourne ciblée.
SONIA MABROUK
On est en train de parler de tout cela, Clément BEAUNE, pas on ne sait pas quelle sera la situation peut-être dans quelques jours, quelques semaines ou quelques mois. Est-ce qu'il y a un risque selon vous d'un tsunami d'inflation et qu'est-ce qui vous permet d'affirmer, vous au gouvernement, que la France ne se dirige pas vers une inflation à deux chiffres, comme d'autres pays ?
CLEMENT BEAUNE
Mais, il ne faut pas chercher, ni l'affolement, ni la naïveté. Bon. Tsunami d'inflation, l'expression que vous utilisez, je crois qu'elle a été employée par Michel-Edouard LECLERC. Il faut que chacun prenne ses responsabilités…
SONIA MABROUK
Donc il cherche l'affolement si je vous entends bien.
CLEMENT BEAUNE
Je ne sais pas ce qu’il cherche, ou le buzz, mais en tout cas tsunami d’inflation ça peut angoisser, surtout, vous en conviendrez, ça n’est pas extrêmement précis.
SONIA MABROUK
Mais, est-ce que c’est lucide ?
CLEMENT BEAUNE
Non, je ne crois pas que ce soit lucide, je crois que c'est très exagéré. Il y a une situation, qui est une situation d'augmentation des prix, chacun le voit et le dit. On a pris, je le redis, on a parlé de carburant on peut parler de l'énergie, on va parler peut-être des trains, on prend des mesures à chaque fois adaptées, pour ne pas cacher les choses, il y a une situation économique qui fait qu'il y a de l'inflation, et en même temps protéger notamment les plus modestes, pour que cette inflation soit modérée. Bon. La prévision d'inflation, ce n’est pas nous qui l'inventons, elles sont cohérentes avec ce que disent des institutions internationales, c'est autour de 4% l'année prochaine, et cette année ça aura été sans doute 6%. Donc, moi je préfère, plutôt que de qualifier les choses, de donner des indications, les orientations pour les Français. Ensuite, tsunami d'inflation, non, l'idée ce n'est pas qu'il y ait aucune mesure de protection, l’idée ça n'est pas de livrer les Français à eux-mêmes, l’idée c’est d'aider les plus modestes. Il y a une situation économique difficile, on accompagne et on protège.
SONIA MABROUK
Mais qu'un tel responsable dise cela, simplement pour la recherche du buzz…
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, vous lui demanderez, moi je ne suis pas porte-parole de Michel-Edouard LECLERC, moi je suis…
SONIA MABROUK
Non, mais apparemment ça vous a interpellé.
CLEMENT BEAUNE
Je suis… Quand vous avez quelqu'un qui prend le micro et qui dit ça à des millions de Français, ça m'interpelle. Moi je suis responsable politique, gouvernemental, je fais attention aux mots que j'emploie, et surtout on essaie avec tout le gouvernement, de protéger contre les effets de l'inflation, plutôt que d'inquiéter inutilement.
SONIA MABROUK
Et d'agir, puisque vous avez demandé, Clément BEAUNE, à la SNCF, une sorte de bouclier tarifaire, que les prix ne dépassent pas l'inflation. Où est-ce que vous en êtes dans cette demande ?
CLEMENT BEAUNE
Oui, ce sera précisé par la SNCF dans les tout prochains jours, sans doute d'ici le début de la semaine prochaine. L'idée est simple là aussi, il y a une réalité, la SNCF c'est 2% de la facture d'énergie dans toute la France, pour qu'on se rende compte. Et donc quand il y a une augmentation des prix de l'énergie, la SNCF, ça a un impact pour elle aussi, une forte augmentation de ses charges. L'Etat et la SNCF vont absorber l'essentiel de ce surcoût. Il y aura une partie, je le dis très sincèrement, qui se retrouvera dans les prix des billets. Ce qui relève du train du quotidien, les TER pour ceux qui nous écoutent, ou le Transilien en Ile-de-France, ça, ça relève des régions, c'est elles qui fixent les prix, ça n'est pas l'Etat. L'Etat il peut demander à la SNCF un certain nombre de choses sur les TGV ou sur les Intercités par exemple.
SONIA MABROUK
Alors, vous allez être entendu ?
CLEMENT BEAUNE
Donc oui, eh bien la SNCF est une entreprise 100% publique, c'est une entreprise qui a ses contraintes, mais l'Etat prend en charge donc une large partie avec l'entreprise elle-même de ses coûts de l’énergie, et le bouclier tarifaire que j'ai demandé, c'est deux choses essentiellement : que la hausse moyenne des billets ne soit pas supérieure, et soir même, pour être clair, inférieure à l'inflation, et puis qu'on ait des mesures plus ciblées, c'est ça que détaillera la SNCF, pour que ceux qui utilisent le Ouigo, ceux qui ont des abonnements, qui sont souvent des Français qui ont justement besoin du train pour le travail ou qui sont les plus modestes, soient mieux protégés, qu'il y ait des hausses nulles ou plus faible sur certains de ces trajets.
SONIA MABROUK
Alors, encore faut-il pouvoir se déplacer, là je parle d'un mouvement de grande ampleur qui a impacté fortement le trafic des métros bus et RER, c’était jeudi dernier à Paris. C'est désormais Clément BEAUNE la menace d'une grève illimitée qui plane, elle est brandie cette menace par le syndicat UNSA RATP. Comment vous réagissez ?
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, moi je n’ai jamais été dans un discours de stigmatisation, ni des mouvements de grève, ni des mouvements sociaux. Maintenant, les Français vivent des galères, c'est difficile y compris dans les transports publics, j'en suis conscient, notamment en Ile-de-France où j'étais là la semaine dernière, à Lille, dans la région des Hauts-de-France. Bon. On ne va pas ajouter de la galère à la galère. Faire une grève illimitée, je crois que ce serait incompréhensible, et donc j'appelle chacun, parce qu'en plus le dialogue social fonctionne dans les entreprises de transport en France…
SONIA MABROUK
Ça ne se voit pas tellement.
CLEMENT BEAUNE
Eh bien si, pardon…
SONIA MABROUK
Quand on met en place, en tous les cas on brandit une telle menace…
CLEMENT BEAUNE
Mais pardon, Sonia MABROUK, je regarde la réalité. Il y a eu des négociations sociales. Moi quand je suis arrivé au mois de juillet, on a eu des négociations sociales tout de suite à la SNCF, ça a permis des hausses…
SONIA MABROUK
D’accord, donc quand il y a des négociations, il y a une telle menace qui est brandie.
CLEMENT BEAUNE
Attendez, il y a eu des négociations, ce que je veux dire concrètement, c'est qu'elles ont abouti à des augmentations de rémunérations importantes, 6% à la SNCF, chez AEROPORTS DE PARIS dans un autre secteur des transports, ce n’était pas loin de 10%, à la RATP les négociations cette année qui ont permis 5 à 6% d'augmentation dans certains cas, et donc le dialogue social il fonctionne. Donc on ne pourrait pas comprendre qu'il y ait un blocage. D'ailleurs je crois qu’aujourd'hui c'est une menace qui n'est pas une réalité, heureusement, mais j'appelle chacun à la responsabilité.
SONIA MABROUK
Alors, blocage, et là je parle de vitesse, limitation de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes, hier Elisabeth BORNE a dit non. Le débat est clos Clément BEAUNE ?
CLEMENT BEAUNE
Mais, le gouvernement a été très clair, la Première ministre l'a rappelé elle-même, il n’y a pas de volonté et il n'y aura pas de mesures obligatoires de baisse de la vitesse à 120 ou à 110 km/h sur nos autoroutes.
SONIA MABROUK
Pour reprendre une expression, il faut arrêter – je mets entre guillemets – d'emmerder les Français ?
CLEMENT BEAUNE
Mais, moi j'assume l'idée que l’on est en train de faire un changement culturel de pratiques de nos vies, donc si on a des mesures qui ne sont pas comprises, qui sont trop uniformes, qui ne sont pas adaptées, qui sont décidées d'en haut dans certains cas, on ne fera pas la transition. Ça ne veut pas dire qu’il y a zéro mesure et zéro 0 règle, on en prend, on interdit par exemple les…
SONIA MABROUK
Ça veut dire : ça suffit mesures d'en haut qui sont décidées par les costumes gris, les technocrates très éloignés du terrain.
CLEMENT BEAUNE
Non, moi je ne suis pas dans ce discours, et peut-être que je suis moi-même un technocrate, donc je n'utiliserai pas ce discours…
SONIA MABROUK
Je ne vous visais pas, mais apparemment vous vous êtes senti visé…
CLEMENT BEAUNE
Non mais j'essaie de dire les choses, il y a des règles bien sûr, dans la loi Climat résilience on a par exemple interdit la vente des passoires thermiques, la location pardon des passoires thermiques, les terrasses chauffées. Il y a des mesures où il faut les contraintes parfois bien sûr, sur la fiscalité, sur l'interdiction de vente des voitures thermiques en Europe…
SONIA MABROUK
Non mais celle-ci vous avez ressenti que c'était la goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase.
CLEMENT BEAUNE
Mais, quand on touche à des mesures du quotidien, ce n'est pas cette seule mesure, il faut que les Français aussi s'approprient un certain nombre de mesures. Et d'ailleurs j'ai vu des sondages, on verra ce que ça donne, qui disent que beaucoup de Français sont prêts, d’eux-mêmes, à réduire leur vitesse, parce que je le dis aussi pour ceux qui nous écoutent, et qui cherchent des gestes concrets, quand vous baissez de 10 km/h sur un trajet d'autoroute votre vitesse moyenne, c'est un litre aux 100 d'économisé.
SONIA MABROUK
Donc il vaut mieux miser sur le bon sens et l’intelligence…
CLEMENT BEAUNE
Mais oui, exactement, et puis ça n’est pas la fin de l'histoire, on aura encore d'autres discussions plus tard sur des mesures.
SONIA MABROUK
A Paris, l'augmentation de la taxe foncière par Anne HIDALGO suscite de très très vives crispations. Clément BEAUNE, comment vous qualifiez sa gestion de la capitale, Anne HIDALGO ?
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, on pourrait prendre plusieurs mots. Je dirais qu'elle est, sur le plan financier, catastrophique. Et ce qui est je pense est le plus choquant dans cette affaire, c'est de ne pas assumer ses responsabilités. De quoi parle-t-on ? D'une hausse de la taxe foncière proposée par la maire de Paris et sa majorité, qui serait de 50 %. Quand on regarde ce qui se passe dans les autres villes de France, c’est en moyenne 5 %, donc ce n'est pas une bagatelle. Bon. Et surtout, il y a ce discours, que je trouve trop facile et indécent, qui consiste à dire : c'est la faute de l'Etat. Mais la Ville de Paris est sans doute avec l'Ile-de-France, les collectivités qui ont été le plus aidées par l'Etat dans la crise Covid en particulier. Et ça n'a rien à voir ni avec la situation immédiate, ni avec la crise Covid…
SONIA MABROUK
Donc quoi, elle est hypocrite, elle ment, elle…
CLEMENT BEAUNE
Non, écoutez, je pense que c’est irresponsable, et que simplement, et ça n'est pas décent, et il faut assumer ses choix. Si on veut augmenter les impôts, il faut dire aux Parisiens ce qu'on veut financer avec, quels projets, quels projets pour Paris. Il y a eu une annonce de taxe foncière, on ne sait pas à quoi ça sert.
SONIA MABROUK
On entend vous êtes déjà tous en campagne pour les municipales, notamment à Paris.
CLEMENT BEAUNE
Ah non, ce n’est pas ça, moi vous savez, Sonia MABROUK, ce n’est pas une question de campagne, j'ai fait ma campagne, je suis…
SONIA MABROUK
Non mais la bataille des égos fait rage.
CLEMENT BEAUNE
Ce n’est pas une bataille des egos, je suis élu de Paris, pardon, j’ai mené une campagne difficile, dans le Centre de Paris, j'ai été élu député, je ne suis pas maire, je suis député, néanmoins je dois défendre aussi et me préoccuper de ce qu'il se passe dans cette ville. Et donc je crois qu'une gestion financière comme ça est irresponsable, et que surtout ne pas assumer ses responsabilités politiques, ce n'est pas ma conception des choses. Quand on augmente les taxes, on assume, on ne dit pas que c'est l'Etat.
SONIA MABROUK
Clément BEAUNE, vous êtes ministre en charge des Transports, vous avez été aussi je le rappelle ministre en charge des Affaires européennes, donc au coeur des débats sur l'immigration. Les migrants de l'Ocean Viking sont à Toulon, leur demande d'asile est en train d'être étudiée, une partie de l'opposition fustige votre politique immigrationniste et un appel d'air pour plus d'immigration, vous assumez cette politique ?
CLEMENT BEAUNE
Oh, immigrationniste, moi je ne sais pas ce que ça veut dire, mais…
SONIA MABROUK
Vouloir plus d'immigration.
CLEMENT BEAUNE
Non, il n’y a pas un projet, c'est souvent…
SONIA MABROUK
Certains vous le reprochent.
CLEMENT BEAUNE
Derrière le mot immigrationniste, c’est souvent complotiste, c'est un projet, ont dit : on veut des immigrés, on veut faire venir des immigrés.
SONIA MABROUK
Eh bien complotistes, l'Allemagne l’a dit à un moment, on n'a pas été complotistes pour autant.
CLEMENT BEAUNE
Ce n’est pas tout à fait la même situation du marché du travail. Donc bon. Mais sur le fond, pardon, mais de quoi parle-t-on ? J'aime bien les gens qui réécrivent toute l'histoire. En fin de semaine, gouverner c'est ça aussi, c'est prendre des mesures face à la réalité. Il y avait une question de vie ou de mort. Un bateau sur lequel il y avait 230 personnes en très grande difficulté.
SONIA MABROUK
Vous disiez l’inverse avec l’Aquarius il y a quelques années.
CLEMENT BEAUNE
Non, pas du tout.
SONIA MABROUK
Je vais vous citer les mots d'Emmanuel MACRON.
CLEMENT BEAUNE
Attendez, si vous permettez j'y viens. Il y avait un bateau qui était tout près des côtes françaises, on peut regretter les épisodes précédents, c'était la réalité, et donc face à cette situation exceptionnelle et très grave, c'était je le redis une question de vie ou de mort, la question c'était sauver ou laisser mourir.
SONIA MABROUK
Soigner ramener vers un port sûr, tunisien ou algérien.
CLEMENT BEAUNE
Mais, le bateau…
SONIA MABROUK
Pourquoi, on ne peut pas sauver quand on ramène vers des ports sûrs de l’autre côté de la Méditerranée ?
CLEMENT BEAUNE
Mais pardon, si on avait fait affaire à ce bateau quelques jours en mer de plus, là il y aurait eu, je le garantis, des morts. Est-ce que c'est ça qu'il fallait faire ? Ensuite, le bateau, nous avons toujours dit qu'il faut revenir à des principes que nous avons construits et que nous avons défendus et que nous avons mis en place depuis 2018.
SONIA MABROUK
Quels principes ?
CLEMENT BEAUNE
C'est-à-dire le port sûr le plus proche. Et la solidarité…
SONIA MABROUK
Mais pourquoi est-il forcément européen ?
CLEMENT BEAUNE
Mais, parce que le port sûr le plus proche, c’est une fois que le bateau est quelque part, pardon, c'est exactement ça qu’on a appliqué.
SONIA MABROUK
Mais oui, au moment où les ONG veulent qu'il soit le plus près des ports européens.
CLEMENT BEAUNE
Sonia MABROUK, ceux qui disent ramenez-le, ils savent d'où vient le bateau ? Ils savent d'où viennent les personnes qui sont sauvées en mer, qui ont parfois fait plusieurs milliers de kilomètres et qui sont parties…
SONIA MABROUK
Je suppose parfois des ports tunisiens, algériens, libyens.
CLEMENT BEAUNE
Et ses ressortissants ne sont pas forcément de ce pays-là, de Tunisie ou d'Algérie. Acceptent-ils de reprendre ce bateau et surtout peut-on se permettre de faire faire plusieurs jours de mer à des gens qui sont en danger de mort ? Et surtout, sur le fond…
SONIA MABROUK
Est-ce que ça n’est pas une forme de chantage ?
CLEMENT BEAUNE
Absolument pas.
SONIA MABROUK
Alors, c'est terrible à dire, mais par exemple vous mettez souvent en avant l'argument de l'humanité, mais qu'est-ce que c'est Monsieur le Ministre, l'humanité, quand on sait que ces clandestins vont échoir à la porte de la Chapelle, dans des conditions d'insalubrité totalement indignes. Où est l’humanité, les bons sentiments ?
CLEMENT BEAUNE
Mais pardon, on ne peut pas nous reprocher tout et son contraire, c'est exactement pour ça que nous avons aussi, et c'est normal, des règles, des reconduites qui s'accélèrent. Ce n'est pas encore satisfaisant. Le ministre de l'Intérieur l'a dit, mais on prendra des mesures supplémentaires, c'est exactement pour cela que nous distinguons entre les personnes qui ont le droit à l'asile, les personnes qui n'ont pas le droit de rester sur notre territoire, que nous essayons de reconduire, c'est pour ça que nous avons renforcé les contrôles aux frontières européennes et intérieures, encore cette semaine, avec l'Italie, nous l'avions fait avec l'Espagne précédemment. C'est pour ça que nous nous sommes battus au niveau européen pour avoir une politique complète, c'est-à-dire qu’on renforce les contrôles à l'entrée, en Grèce, en Italie, en Espagne, c'est en cours. Que l’on soit plus ferme, y compris sur les visas, avec les pays d'origine. C'est toute cette politique…
SONIA MABROUK
On attend encore les résultats sur cette fermeté.
CLEMENT BEAUNE
Mais je ne veux pas qu’on résume cette politique au cas d'un bateau, où là, oui je l'assume, quand des personnes sont en danger immédiat, il faut sauver, et après il faut une politique de migration, ferme et humaine en même temps.
SONIA MABROUK
Merci Clément BEAUNE d'avoir été notre invité, d'avoir répondu à nos questions ce matin.
CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 17 novembre 2022