Interview de M. Roland Lescure, ministre chargé de l'Industrie, à Europe 1 le 21 novembre 2022, sur l'industrie, les entreprises face aux prix de l'énergie, le protectionnisme et la réforme de l'assurance chômage.

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Média : Europe 1

Texte intégral

DIMITRI PAVLENKO
Bonjour Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Bonjour Dimitri PAVLENKO.

DIMITRI PAVLENKO
Ministre délégué chargé de l'Industrie. La Semaine de l'industrie démarre aujourd'hui, c'est la 11e édition. Vous allez beaucoup voyager en France cette semaine Roland LESCURE, pour faire la promotion, alors, d'un secteur, je n’aime pas trop dire que l'industrie est un secteur, puisqu'en réalité il y a de nombreux secteurs, mais en tout cas l'industrie ça recrute, ça exporte, mais l'industrie aussi souffre en ce moment. D'ailleurs vous vous rendez dans le Loiret, quelques heures après cet entretien, vous allez quelque part faire un peu le Père Noël avec un mois d'avance, dans deux entreprises Roland LESCURE, DURALEX, tout le monde connaît, et l'imprimeur MAURY, ce sont deux cas, j'ai envie de dire, deux cas d'école, d’entreprises, de belles sociétés, mais qui souffrent et qui pourquoi pas pourraient disparaître à cause de la crise énergétique actuelle, Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Oui, alors juste avant, ce matin je vais chez SAFRAN à Créteil, qui est une entreprise qui va très bien, mais c'est vrai que là où l'industrie, une partie de l'industrie va bien, il y a une partie de l'industrie qui souffre, vous l’avez dit, du fait de la hausse des coûts de l'énergie. Les verriers, DURALEX, avec un impact des coûts de l'énergie extrêmement fort, puisque pour faire du verre il faut consommer du gaz et de l'électricité, et j'annonce cet après-midi, j’y étais allé en septembre pour rencontrer la Direction et les organisations syndicales, je vais leur annoncer cet après-midi que l'Etat est au rendez-vous, et qu'on va faire un prêt de 15 millions d'euros pour accompagner DURALEX. Vous savez que DURALEX a dû fermer son activité pour l'hiver, ils continuent à vendre des verres qu'on connaît tous, son aime regarder…

DIMITRI PAVLENKO
L’âge que l’on a au fond du verre, bien sûr.

ROLAND LESCURE
L’âge que l’on a au fond du verre, donc ils continuent à en vendre parce qu'ils ont des stocks, mais en revanche, du fait de la hausse des coûts de l'énergie cet hiver, ils arrêtent leurs fours. Donc ces 15 millions vont leur permettre littéralement de passer l'hiver.

DIMITRI PAVLENKO
Ils n’étaient pas certains, là, de passer l'hiver ?

ROLAND LESCURE
Non, et ce qui est dommage évidemment, c'est que cette entreprise a été reprise par un actionnaire, qu’on connaît bien, c'est PYREX, et qui était en train de redresser l'entreprise. Donc DURALEX gagnait de l'argent en début 2022. Donc ce choc énergétique, c'est vraiment, je dirais un coup de frein dans une entreprise qui était en train de se redresser. Donc nous on souhaite accompagner ce redressement, passer l'hiver, et s'assurer que l’on continuera pendant des années à regarder l'âge au fond des verres.

DIMITRI PAVLENKO
Alors, il y a DURALEX, et puis il y a MAURY, alors c'est un imprimeur MAURY, c'est moins connu, mais c’est eux qui impriment notamment Paris Match, d'autres journaux, là ce n’est pas en prêt que vous allez leur consentir, mais une aide de 10 millions d'euros. Même raison, c'est-à-dire que voilà, il y a la crise du papier, la crise de l'énergie, tout ça risque de, comment dire, d'amener cette société au bord du gouffre ?

ROLAND LESCURE
Voilà, donc Paris Match, L'Express, Le Point, mais aussi les livres de la collection Gallimard, donc autant je dirais d'objets de lecture auxquels on est extrêmement attaché. Derrière, il y a un imprimeur, MAURY, dont la facture a fait fois 4 entre 2021 et 2022…

DIMITRI PAVLENKO
Comme beaucoup d'entreprises, fois 4.

ROLAND LESCURE
Comme beaucoup d'entreprises, soit qui n'étaient pas couvertes, soit qui ont une part de l'énergie dans leurs coûts de production extrêmement élevée. MAURY, ça passe de 5 millions d'euros à 20 millions d'euros la facture, par an, 2022 et probablement 2023, on verra les coûts l'année prochaine. Donc on souhaitait montrer que le nouveau dispositif qu'on a annoncé ce week-end, que Bruno LE MAIRE a annoncé samedi, il fonctionne. Donc pour une entreprise comme MAURY, ce sera très simple : un guichet unique, un site Internet qui est d'ores et déjà ouvert…

DIMITRI PAVLENKO
Donc l’aide, attendez, qu'on soit bien clairs, Roland LESCURE, l'aide que vous allez annoncer chez MAURY, en réalité c'est l'aide auxquelles toutes les entreprises peuvent prétendre, au guichet qui vient d'être réformé, au niveau de Bercy.

ROLAND LESCURE
Exactement. Alors on va aller jusqu'à 10 millions d'euros, là où MAURY a déjà bénéficié de deux. Toutes les entreprises n'auront pas forcément 12 millions d’euros, mais toutes les entreprises y ont droit, si elles sont ce qu'on appelle un ergo-intensives, c'est-à-dire si elles consomment beaucoup d'énergie, ça peut aller jusqu'à 50 millions d'euros, voire même dans des cas très particuliers d'entreprises exposées à la concurrence internationale, jusqu'à 150 millions d’euros, mais pour toutes les entreprises, il y a un filet de sécurité extrêmement simple, disponible sur Internet, dont l'aide peut aller jusqu'à 4 millions d'euros. Et pour MAURY effectivement, ce sera 12 millions d'euros au total, c'est-à-dire à peu près un tiers de la facture énergétique. Donc c'est une aide importante, qui là aussi va permettre à cet imprimeur de passer l'hiver. Moi je souhaitais montrer sur le terrain comment ces aides qu'on a tendance parfois un peu à désincarner, à annoncer parfois à la radio avec brio, mais sans doute pas assez incarnées, comment elles se matérialisent sur le terrain pour une entreprise qui, on le répète, imprime des journaux auxquels on est tous très attachés.

DIMITRI PAVLENKO
Donc, chefs d'entreprise, allez voir ce matin sur le site Internet de Bercy, contactez aussi les antennes locales, peut-être que voilà, vous aurez des aides auxquelles vous avez droit, c'est plus simple que précédemment, c'est le message. Il y a quelque chose qui est très important Roland LESCURE, dans ce que vous nous dites ce matin, c'est que, on sait que jusqu'à présent les grands handicaps de l'industrie française c'était quoi, c'était le coût, c'était le droit du travail, c'était la fiscalité, les impôts de production, on en a énormément parlé depuis 2 ans. Et puis là, on se rend compte qu'en fait là, le handicap numéro un c’est l'énergie. Est-ce que vous diriez comme Olivier MARLEIX, hier dans le Journal du Dimanche, que nous vivons un juin 40 de l'énergie, Roland LESCURE ?

ROLAND LESCURE
Non, il ne faut pas non plus exagérer. On a en fait, au fond, un avantage compétitif très important…

DIMITRI PAVLENKO
Nous avions.

ROLAND LESCURE
On l’a.

DIMITRI PAVLENKO
Le nucléaire.

ROLAND LESCURE
Quand les réacteurs tournent…

DIMITRI PAVLENKO
Eh bien oui.

ROLAND LESCURE
… c'est-à-dire que le problème, vous le savez, aujourd'hui c'est qu'on a à peu près la moitié des réacteurs, 27 sur 56, qui sont en entretien. Quand les réacteurs tournent, on a de l'énergie décarbonée en quantité importante, et à un prix défiant toute concurrence. Le problème c'est qu'on a des enjeux aujourd'hui à court terme, qui vont durer encore quelques mois…

DIMITRI PAVLENKO
Le patron de RTE disait en septembre : « c'est la fin de l'abondance électrique », quand même, ce sont des mots très forts Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Oui, mais alors moi je ne suis pas pour le constat, moi je suis pour le volontarisme de l'action. Donc pour restaurer cet avantage compétitif, vous le savez, d'abord un, j'espère qu'on va réparer, décorroder nos réacteurs, et surtout on va en construire des nouveaux. L'objectif il est que l'industrie qui se décarbone, donc c’est une chance exceptionnelle, c'est en fait, c'est une nouvelle révolution industrielle. L'industrie se décarbone en France, et les industriels internationaux souhaitent venir en France, parce que l'électricité y est nucléaire et donc dépolluée et pas chère.

DIMITRI PAVLENKO
Est-ce qu'elle le souhaite encore ? C'est ça la question Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Oui…

DIMITRI PAVLENKO
Emmanuel MACRON va recevoir des industriels ce soir à l'Elysée, pour leur dire : investissez en France, venez encore. On lisait ce matin dans Les Echos, Eric TRAPPIER, donc le patron de DASSAULT, porte-parole de l'industrie, dire : « Moi j'ai des confrères autour de moi qui me disent : les investissements que j’ai lancés il y a 6 mois, je les regrette aujourd’hui à cause de cette crise énergétique. C’est inquiétant.

ROLAND LESCURE
Non, mais on le comprend, moi je ne vais pas vous dire que je suis totalement rassuré. Le choc est énorme, mais on ne peut y faire face. Un, à court terme en aidant les entreprises, ça c'est les aides que l’on annonce, et deux, surtout, j'allais dire en profitant de cette crise. Vous savez, c'est Winston CHURCHILL qui disait : " il ne faut jamais gâcher une bonne crise ". En profitant de cette crise, pour accélérer la décarbonation. Le président de la République a reçu à l'Elysée il y a une dizaine de jours, les 50 sites les plus émetteurs. Si on décarbone ces 50 sites, on aura réduit les émissions de l'industrie de 58%. Donc on peut le faire.

DIMITRI PAVLENKO
Oui, mais est-ce qu’il y a assez d'argent, Roland LESCURE, je vous je vous demande ça parce que vous avez budgété 10 milliards d'euros pour aider là les entreprises dans la crise énergétique, est-ce que ce sera assez ? Et puis alors la décarbonation, je vais donner deux chiffres, 10 à 15 000 emplois par an, c'est ce que va devoir recruter le nucléaire, donc c'est quand même énorme. Et puis autre chiffre, donné par le patron de RTE, entre 750 et 1 000 milliards d'euros d'investissement pour notre système électrique, production et réseaux. On est sur des volumes financiers absolument démentiels, Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Oui, alors sur lui l'emploi d'abord. Il faut donner aux jeunes envie d'industrie. C'est pour ça qu'à l'occasion de cette Semaine de l'industrie, on met le paquet : 4 500 événements partout en France, moi je vais me déplacer 8 fois dans la semaine, et jeudi on ouvre Bercy à l'industrie, on invite 1 000 jeunes lycéens et collégiens avec Pap NDIAYE, pour leur donner envie d'industrie, on fait un concours d'éloquence, on fait le procès de l'industrie…

DIMITRI PAVLENKO
« Le procès de l'industrie » ?

ROLAND LESCURE
Oui, on a organisé donc un concours d'éloquence avec les écoles d'ingénieurs françaises, des équipes de concours d'éloquence, dont la finale sera le procès de l'industrie, avec évidemment un procureur mais aussi un avocat de la défense…

DIMITRI PAVLENKO
Vous allez juger les méchants pollueurs.

ROLAND LESCURE
J’espère surtout qu’on va montrer que l'industrie fait partie de la solution, plus que partie du problème.

DIMITRI PAVLENKO
Le jugement est-il déjà écrit, Roland LESCURE ?

ROLAND LESCURE
Mais non, non, c’est pour ça. Moi j'espère qu'il sera positif, mais je ne m’immisce pas dans une décision de justice, vous le savez, je suis ministre, donc on verra comment les jeunes, d'avenir, qui s'intéressent à l'industrie, vont défendre l'industrie. Et puis pour les investissements, mais oui ça va être colossal, mais de la même manière que dans les années 50, 60, 70, quand il a fallu reconstruire la France, ça a été colossal, et ça a payé. Donc il faut…

DIMITRI PAVLENKO
On avait 5 à 6 % de croissance par an, à l'époque, aussi, Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Il faut retrouver des taux de croissance plus élevés, on l'a montré entre 2017 et 2021, la désindustrialisation, ce n’est pas une fatalité. On a créé 57 000 emplois dans l'industrie, on a recréé des usines, on a attiré du capital étranger, on est le pays d’Europe le plus attractif. Il faut continuer.

DIMITRI PAVLENKO
Mais rendons à César ce qui lui appartient, vous avez raison qu’il y a un tournant de réindustrialisation depuis 5 ans, sous l'impulsion d'Emmanuel MACRON et des différents gouvernements, c'est vrai, mais l'inquiétude elle est la suivante, aujourd'hui : est-ce que tous ces beaux efforts ne vont pas être mis à mal, mis à terre par la crise énergétique actuelle ? Quand vous entendez parler de délocalisation énergétique, de patrons qui disent pourquoi ne pas partir en Asie, aux Etats-Unis, là où le gaz va me coûter 5 à 7 fois moins cher ? Est-ce que l'argent public, Roland LESCURE, peut pallier ça ? Est-ce que l’on est sur des échelles financières qu'on peut assumer, même quand on est la France, avec 110, 115% de ratio de dette sur PIB ? C’est ça la question.

ROLAND LESCURE
Alors, on a un choc extrêmement fort. Ensuite, après ce choc, qui ne durera pas éternellement, on va quand même, vous n'avez raison, garder un prix de l'énergie plus élevé qu'avant. C'est là qu'il faut investir. Il faut investir en Européens. On va le faire en France, oui, il y a des programmes d'investissements européens qui permettent de développer l'hydrogène, qui permettent de développer la biomasse, qui permettent de développer l'innovation. L'Europe gagnera par le haut. L'Europe gagnera en innovant, oui, en décarbonant, mais pas en désindustrialisant. Si on, par exemple, ne vend que des véhicules électriques en France, à partir de 2035, on s’y est engagé, et que tous ces véhicules viennent de Chine, on aura perdu. Donc moi je salue les constructeurs automobiles qui se sont engagés à produire 15 modèles en France, un million de véhicules d'ores et déjà…

DIMITRI PAVLENKO
Ils jouent le jeu, ils n'ont pas le choix.

ROLAND LESCURE
Exactement, oui mais c’est important ce que vous dites, ils n'ont pas le choix. Donc on a tous…

DIMITRI PAVLENKO
Ça les agace mais ils n'ont pas le choix.

ROLAND LESCURE
Oui, mais au fond, au fond ça les a agacés quelques semaines, mais maintenant, moi je les rencontre régulièrement, ils sont en mode action.

DIMITRI PAVLENKO
Mais, est-ce qu'il ne faut pas, Roland LESCURE, ce qu'on appelle un Buy European Act ? Tous les industriels, ils vous disent aujourd'hui : c'est bien beau de nous faire des chèques pour nous aider à payer les factures, mais il faut une préférence industrielle communautaire, pas forcément strictement française, mais en tout cas européenne. Les Américains le font, les Chinois le font, ça fait 15 ans qu'on en entend parler. Nicolas SARKOZY en 2007 en parlait déjà Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Et c'est vrai que là-dessus on n’est pas tous d'accord au sein des 27. Moi je pense que…

DIMITRI PAVLENKO
Qui bloque aujourd’hui ?

ROLAND LESCURE
… notamment les Allemands, sont en train de réaliser qu'il y a un problème. La concurrence libre et parfaite c'est très bien, à condition que tout le monde joue le jeu.

DIMITRI PAVLENKO
Et la France va pousser cette idée-là à l’échelle communautaire ?

ROLAND LESCURE
Oui, le président de la République l'a dit au 50 émetteurs, il y a une dizaine de jours, on souhaite aller vers ça. Alors attention, souveraineté ce n’est pas du protectionnisme j'allais dire bête et méchant, parce que quand vous fermez une porte, elle se ferme dans les deux sens. Si on veut continuer…

DIMITRI PAVLENKO
C’est un gros mot, protectionnisme ?

ROLAND LESCURE
Oui, parce que si on veut continuer à exporter nos avions, si on veut continuer à exporter nos produits de luxe…

DIMITRI PAVLENKO
Regardez, aux Etats-Unis, les constructeurs allemands ils ont construit des usines dans le Sud du pays, et voilà que l'administration américaine dit : non, les aides publiques seront réservées aux voitures construites par des entreprises américaines.

ROLAND LESCURE
Exactement.

DIMITRI PAVLENKO
Alors ça, c’est du super protectionnisme ça.

ROLAND LESCURE
Pas de naïveté, moi, la crainte aujourd'hui que j'ai, c’est que les Etats-Unis basculent du mauvais côté de la force, qu’ils soient passés d'une logique de souverainisme, souveraineté à protectionnisme. Là-dessus l'Europe a un rôle à jouer. L'Europe c'est le plus grand marché du monde. Donc on a un pouvoir de négociation aujourd'hui, qui dit : si vous voulez continuer à exporter chez nous, il va falloir se comporter de manière juste et équitable. Donc sans naïveté, oui assurer qu'on développe l'industrie européenne, répondre je dirais du berger à la bergère, où, mesure un peu exagérée que peuvent prendre certains ou certaines, donc ça on va le faire, mais gardons le monde ouvert, le risque au sortir d'une pandémie, alors que la guerre est aux portes de l'Europe, c'est qu'on se referme tout à chacun, donc ne soyons pas naïfs, restons forts, mais restons ouverts.

DIMITRI PAVLENKO
Question d'actualité également Roland LESCURE, votre collègue ministre du Travail Olivier DUSSOPT, va détailler ce matin aux partenaires sociaux la réforme de l'assurance chômage, telle que vous la concevez au gouvernement, donc je résume à très gros traits, mais disons qu'à partir du 1er février les durées d'indemnisation vont en gros diminuer d'un quart pour presque tout le monde, quand la conjoncture le permet. Est-ce que c'est le bon moment d'envoyer un signal de durcissement, alors que la crise semble pointer, la récession également Roland LESCURE ?

ROLAND LESCURE
Ecoutez, on a un peu plus de 7% de chômage, et on n'arrive pas à recruter. C'est quand même un grand paradoxe français. Donc la manière de traiter ça effectivement c'est l'éducation, la formation mais aussi l'adaptation de notre assurance chômage à la réalité du marché du travail. Une fois qu'on a adopté ce système, on verra bien en fonction de la conjoncture, si c'est le moment de le durcir ou si c'est le moment de l'assouplir.

DIMITRI PAVLENKO
Vous avez arrêté d'ailleurs le seuil de déclenchement du durcissement ou pas, parce que c'est…

ROLAND LESCURE
Non, ça fait partie des concertations, et je pense qu’Olivier DUSSOPT en parlera aujourd'hui pour… Vous savez, il rencontre l'ensemble des partenaires sociaux, il fait énormément de concertations, moi vraiment je tiens à le saluer sur la méthode, il travaille d'arrache-pied pour avancer sur le marché du travail, la réforme des retraites etc., mais en concertation avec les partenaires sociaux. Moi je pense qu'on fait une bonne réforme, qu'on la fait bien, qu'elle va permettre enfin de passer cette espèce de plancher de verre de 7 % de chômage qui est quand même loin d'être le plein emploi, auquel on doit s'attaquer ensemble. Donc non, moi je suis assez optimiste sur notre capacité à continuer vers la voie du plein emploi. C'est l'objectif qu'on s'est donné ensemble pour ce second quinquennat d'Emmanuel MACRON, faisons tout pour y arriver.

DIMITRI PAVLENKO
Roland LESCURE, on va conclure, c'est donc la Semaine de l'industrie, c'est la raison notamment de votre présence ce matin. 4 500 événements, vous nous l'avez signalé, dont ce fameux procès de l'Industrie à Bercy, mais il y aura beaucoup d'événements pour les jeunes, à destination des jeunes. Comment les convaincre d'aller retourner à l'usine, Roland LESCURE ?

ROLAND LESCURE
Alors, quand vous interrogez un jeune aujourd'hui, sur ce qu'il ou elle pense de l'industrie, ils vous répondent : l'industrie ça pollue, l'industrie c'est pénible et l'industrie ça paie pas. Donc il faut mettre en brèche, battre en brèche ces assertions. D'abord, l'industrie ça dépollue, l'industrie c'est 18 % des émissions de gaz à effet de serre, c'est 100 % des solutions. Si on veut dépolluer le transport, il faut de l'industrie et de l'innovation. Donc un, ça dépollue. Deux, c'est de moins en moins pénible, ça reste pénible, moi je visite des forges qui travaillent de nuit, ce n’est pas une sinécure, mais c'est un beau métier qui permet je le répète de dépolluer ? Et trois, l'industrie ça paie, en moyenne 250 € de plus que dans le reste de l'économie. Et donc voilà, on va leur donner envie d’industrie, notamment aux jeunes filles. Ce matin je suis avec Isabelle ROME, collègue du gouvernement, chez SAFRAN à Créteil, pour donner envie aux jeunes filles de rejoindre l'industrie. C'est aussi l'avenir de l'économie française, je le répète ça paie, et au fond c'est quand même assez satisfaisant de faire des choses. Moi ce que j'aime dans l'industrie, c'est l'attachement qu’ont l’ensemble les actionnaires, des dirigeants, et des salariés, à l'outil de production. On fait des choses et en plus on fait des belles choses en France. Donc soyons-en fiers.

DIMITRI PAVLENKO
Merci Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Merci à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 22 novembre 2022