Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, à BFMTV le 7 décembre 2022, sur une aide pour les rouleurs, le passe Navigo, le risque de coupures d'électricité et les énergies renouvelables.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : BFM TV

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bonjour Apolline de MALHERBE.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être mon invitée, de venir répondre à mes questions ce matin. Vous êtes la ministre de la Transition énergétique. On va revenir évidemment sur les prévisions de production d'électricité, les éventuelles tensions, les éventuelles coupures, tout cela, c'est vous. Mais d'abord, on l'apprend à l'instant, il y aura donc une aide pour les rouleurs, même pas les gros rouleurs, les rouleurs tout court. C'est-à-dire qu'il suffira de déclarer qu'on prend sa voiture pour aller travailler, et on touchera 100 euros, c'est bien ça ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. C'est-à-dire que si vous avez besoin de votre voiture pour aller travailler, et vous faites partie des 50 % des Français qui ont le revenu le plus modeste, vous vous déclarez sur la plateforme du ministère de l'Économie, et vous recevez 100 euros pour pouvoir, eh bien, faire face à vos dépenses de carburants. C'est le relais de la ristourne carburants que nous avions mise en place cet automne, de manière à ce que ceux qui travaillent puissent avoir une diminution de leurs dépenses, et pouvoir continuer effectivement à être à l'aise par rapport à ça.

APOLLINE DE MALHERBE
Ceux qui travaillent et qui prennent la voiture pour aller travailler. Donc le même jour…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Exactement…

APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, on apprend que si vous prenez votre voiture, même pour faire 5 kilomètres, vous allez être délesté de 100 euros, mais par contre, si vous prenez les transports en commun, si vous prenez le RER ou le métro, eh bien, vous allez devoir payer, puisque le passe Navigo va passer, va augmenter de 12 %, il n'y a pas un problème ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Vous savez que les entreprises prennent en charge une partie du passe Navigo. Donc en fait, ce que nous sommes en train de faire, c'est de gérer la situation des gens qui vont travailler, qui font face à des dépenses qui augmentent, et de leur donner les moyens de maintenir leur pouvoir d'achat. Notre objectif, c'est que les classes moyennes qui travaillent aujourd'hui puissent continuer à le faire, sans que leur pouvoir d'achat soit trop écorné, et vous savez que l'ensemble de ces mesures…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais vous voyez bien, Agnès PANNIER-RUNACHER, vous êtes en train en ce moment même, à l'Assemblée, je comprends très bien, et je veux dire, je suis très heureuse pour ceux qui prennent leur voiture et qui vont toucher de l'argent, ce n'est pas la question, mais vous-même, à l'Assemblée, en ce moment, vous défendez une loi pour les énergies renouvelables, pour sortir des énergies fossiles, et le même jour, on apprend que si vous allez travailler avec le RER ou le métro, non seulement, vous êtes tributaire quand même de beaucoup de complications, et on le voit bien, le réseau, il est complexe, mais vous allez payer plus cher, alors que si vous prenez votre voiture, eh bien, on va vous aider.

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est assez contradictoire, avouez ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Apolline de MALHERBE, vous avez l'air de sous-estimer le fait que le prix du carburant a augmenté, c'est-à-dire qu'en réalité, aujourd'hui, ceux qui prennent leur voiture, et moi, je suis sur un territoire où vous n'avez pas de transports en commun qui vous permettent d'aller facilement sur les zones industrielles, donc on ne peut pas comparer…

APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien, vous allez donner 200 millions…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
D'abord, les deux choses…

APOLLINE DE MALHERBE
Pour Ile-de-France Mobilités qui du coup va être obligée d'augmenter ses passes Navigo…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Et donc, juste pour aller jusqu'au bout de mon propos, le prix du carburant a augmenté, nous avons amorti cette augmentation avec une ristourne carburants, qui a duré plusieurs mois, jusqu'à cette fin d'année. Et là, face à cette augmentation, nous mettons en place spécifiquement pour les gens qui travaillent, qui prennent leur voiture pour aller travailler un amortisseur de 100 euros. De l'autre côté, le prix du passe Navigo a augmenté, augmente aussi, il est pris en charge en partie, à moitié, voire parfois à 100 % par les entreprises, quand vous allez travailler, donc vous avez cette même prise en charge. Et effectivement, nous amortissons l'augmentation du passe Navigo par rapport au prix qui était anticipé, je rappelle que Clément BEAUNE s'est mobilisée pour faire en sorte que l'augmentation du passe Navigo soit tout à fait…

APOLLINE DE MALHERBE
Le ministre des Transports qui va donner 200 millions à la région Ile-de-France…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Exactement…

APOLLINE DE MALHERBE
Pour prendre en charge une partie, ça n'empêche qu'il reste une partie à payer, et que donc, on a appris aujourd'hui que le passe Navigo va passer de 75 euros par mois à 84 euros par mois. Est-ce que vous demandez aux entreprises de prendre en charge l'intégralité de cette augmentation, pour ceux qui vont travailler avec le passe Navigo ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Moi, je demande aux entreprises d'augmenter les salaires quand elles le peuvent, je demande aux entreprises d'utiliser le forfait mobilité, puisqu'il y a aujourd'hui la possibilité d'utiliser un forfait mobilité, qui est décompté des dépenses fiscales, qui est passé de 200 à 400 euros, pour accompagner les salariés qui ont besoin... dépensent de l'argent pour se déplacer et pour aller travailler.

APOLLINE DE MALHERBE
Une précision encore, ce que l'on semblait annoncer comme étant une aide gros rouleurs, on est bien d'accord que ce n'est plus une aide gros rouleurs, c'est une aide rouleurs, c'est-à-dire qu'il ne faudra pas justifier d'avoir à faire, je ne sais pas, 20, 30, 40 ou 50 kilomètres pour aller de son domicile à son travail, il suffira d'utiliser la voiture, peut-être même pour quelques kilomètres ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, c'est un dispositif qui est ouvert à tous ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, ils se déclarent, ils donnent le numéro de leur plaque d'immatriculation, leur numéro fiscal, et ensuite, ils peuvent recevoir cette aide.

APOLLINE DE MALHERBE
Sans limite donc de kilomètres. Agnès PANNIER-RUNACHER, Emmanuel MACRON était en colère hier à propos des scénarios de la peur ou peut-être plutôt des scénaristes de la peur. Je voudrais qu'on l'écoute.

EMMANUEL MACRON, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAIS
Ce débat est absurde, est absurde, le rôle des autorités publiques, des entreprises publiques, ça n'est pas de transférer la peur, ni de gouverner par la peur, et donc le rôle du gouvernement, des ministres, des opérateurs, c'est de faire leur travail pour fournir de l'énergie, c'est tout. Et ensuite, c'est d'appeler chacun à la responsabilité pour qu'il y ait de la sobriété, ce n'est pas de commencer à faire peur aux gens avec des scénarios absurdes et des choses comme je l'ai entendu ces dernières heures, stop à tout ça. Les scénarios de la peur, pas pour moi, on reste tous unis, et on avance !

APOLLINE DE MALHERBE
Il s'énerve contre qui, là ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je pense qu'il a raison, c'est-à-dire que, aujourd'hui, notre responsabilité, pour le gouvernement, c'est de pousser EDF à produire plus, c'est d'accompagner le plan sobriété qui aujourd'hui porte ses fruits, RTE a indiqué la semaine dernière... cette semaine d'ailleurs une baisse de la consommation de 8,3 % d'électricité, 8,3 %, pour donner une idée, c'est l'équivalent de 6 centrales nucléaires, c'est énorme.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc les Français ont fait un effort, je vous repose ma question : il s'énerve contre qui ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Il s'énerve contre tous les commentateurs, moi j'étais, hier aux Questions au gouvernement, où vous aviez beaucoup de députés de l'opposition qui annonçaient des délestages comme si c'était la semaine prochaine, enfin, c'est irresponsable. Aujourd'hui, nous avons notre destin en main, si nous continuons à pousser la production d'électricité, et ça, c'est une de mes responsabilités, mettre EDF face à sa responsabilité, être sur tous les... suivre toutes les semaines avec Luc RÉMONT, avec ses équipes, l'augmentation de la production d'électricité, débrider certaines installations, augmenter la puissance des barrages, signer les dérogations qui permettent d'aller plus loin, mettre en route, y compris des centrales fossiles, on sait que la centrale de Saint-Avold fonctionne aujourd'hui…

APOLLINE DE MALHERBE
La centrale à charbon…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Voilà, tout à fait. Tout ça permet d'augmenter notre production d'électricité. Deuxième élément, le plan de sobriété, c'est d'abord les grandes entreprises, c'est les grandes administrations...

APOLLINE DE MALHERBE
Pour l'instant, elles ont l'air de jouer le jeu, elles ont l'air de faire l'effort, non ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Tout à fait…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous dites : les Français font l'effort, puisqu'ils ont baissé de 8,5 % leur consommation d'électricité, c'est un effort considérable, les entreprises jouent le jeu, je ne comprends pas en fait contre qui il s'énerve du coup, c'est-à-dire, vous dites : il s'énerve contre les députés de l'opposition, c'est ça qui a justifié cet énervement ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Il s'énerve contre tous les commentateurs qui sont en train de dérouler des scénarios du pire…

APOLLINE DE MALHERBE
Il ne s'énerve pas contre ENEDIS, il ne s'énerve pas contre vous, vous ne l'avez pas…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Et contre ENEDIS, moi, j'ai été très claire avec ENEDIS, j'ai été contrainte de les recadrer très directement, on ne commence pas à parler de patients en situation... enfin, qui ont besoin d'une assistance vitale comme si c'était... je ne sais pas, un produit ou... enfin, ce n'était pas tout à fait au niveau. Donc aujourd'hui, les choses sont très claires, les opérateurs sont au travail…

APOLLINE DE MALHERBE
Je voudrais qu'on comprenne le fond, est-ce que le porte-parole d'ENEDIS... eh bien, vous savez quoi, on va le réécouter, comme ça vous pourrez m'expliquer.

LAURENT MERIC, PORTE-PAROLE D'ENEDIS
Les patients à haut risque vital, ils sont délestables, ces personnes-là, elles sont non-prioritaires, si je peux me permettre de le dire ainsi, pour autant, on a une attention particulière à leur égard, on les prévient, ils ont un numéro de téléphone dédié qu'ils peuvent appeler pour avoir toutes les informations nécessaires, et à J moins 2, on va les appeler.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ce qu'il dit est faux ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, les patients à haut risque vital sont listés par ENEDIS, ces listes permettent aux agents d'ENEDIS de les appeler, de leur mettre un SMS, et s'il n'y a pas de réponse…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais c'est ce qu'il dit…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
D'aller chez eux et de trouver une solution.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais c'est ce qu'il dit…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais pardon, c'est la façon de le dire…

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin, non, mais je voudrais comprendre…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Apolline de MALHERBE, c'est la façon de le dire...

APOLLINE DE MALHERBE
Je voudrais comprendre ce qu'on lui reproche…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
C'est la façon de le dire…

APOLLINE DE MALHERBE
D'accord, mais après, sur le fond, il ne dit rien de faux ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Sauf qu'il ne va pas jusqu'au bout…

APOLLINE DE MALHERBE
Ah, alors, c'est quoi le bout ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Il ne dit pas qu'on va jusqu'à aller chez les personnes pour s'assurer que tout est en place et qu'il y a pas de risque, c'est ça qui est important…

APOLLINE DE MALHERBE
Et qui va y aller…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, vous savez que les agents d'ENEDIS, s'ils n'arrivent pas à joindre le patient à haut risque vital doivent se déplacer directement chez les personnes. Et notre objectif…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais techniquement, quand il dit qu'ils subiront eux aussi des délestages, alors certes, ils seront prévenus avec une particulière attention, mais il n'est pas faux de dire, je voudrais encore une fois qu'on sorte des passions, qu'on dise précisément ce qu'il en est, il n'est pas faux de dire que leur habitation ne sera pas préservée d'une hypothétique ou potentielle coupure ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Surtout, ce qu'il faut retenir, c'est qu'ils seront pris en charge…

APOLLINE DE MALHERBE
Non, mais est-ce que c'est faux ou pas ? Je veux juste savoir si c'est faux ou si c'est vrai, en fait, je veux dire, on peut tous s'énerver contre la manière dont les gens disent les choses, est-il vrai oui ou non qu'il y a des scénarios sur la table de coupures, est-il vrai oui ou non que ces personnes à risque auront leurs habitations qui feront également partie des coupures ; est-ce faux ou est-ce vrai ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Vous voyez, Apolline de MALHERBE, vous êtes en train de nourrir cette l'anxiété qu'ont aujourd'hui les Français, alors que les scénarios sur lesquels on travaille sont des scénarios dont la probabilité est extrêmement limitée, et ce n'est pas parce que vous faites par exemple un plan blanc ou un plan rouge pour préparer un risque d'accident d'un avion ou routier, que l'accident d'avion ou l'accident de la route va arriver. Aujourd'hui, notre responsabilité, elle est très claire, augmenter la production d‘électricité…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc on n'en parle pas, on arrête d'en parler. En fait, le problème, c'est d'en parler, le problème, ce n'est pas le fond, le problème, c'est d'en parler…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Le souci, c'est d'être prêt dans tous les scénarios, et nous y travaillons, c'est la responsabilité du gouvernement, c'est la responsabilité de la Première ministre et de l'ensemble des ministres, sous son égide, chacun dans son portefeuille. Maintenant, le fait que nous y travaillons ne veut pas dire que ça va arriver, ce ne sont pas des scénarios auto-réalisateurs, on ne peut pas se résigner à dire que parce qu'il fait froid, il va y avoir un problème, alors même que depuis des mois, nous avons rempli nos stockages de gaz, nous avons contribué à ce qu'EDF connecte progressivement ses centrales nucléaires sur le réseau, aujourd'hui, nous sommes à 36 centrales nucléaires connectées…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc si les Français se disent : ce scénario existe, oui, il existe…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Il existe, il est préparé…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais, si on le dit, on fait peur…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non, mais, encore une fois, on a donné le sentiment qu'il y aurait des délestages la semaine prochaine, moi, j'ai entendu sur le terrain, dans le Pas-de-Calais…

APOLLINE DE MALHERBE
Non, non, vous avez dit janvier, vous avez dit janvier…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Dans le Pas-de-Calais, on m'a parlé de délestage le week-end du 3 et du 4 décembre, enfin, tout ça est surréaliste, surréaliste, aujourd'hui, nous devons travailler à faire en sorte qu'il n'y ait pas de délestage. Pour travailler à ce qu'il n'y ait pas de délestage, il faut augmenter la production d'électricité, il faut baisser notre consommation, encore une fois, les résultats que nous obtenons cette semaine, c'est l'équivalent de 600 réacteurs qui seraient connectés sur le réseau, c'est énorme. C'est juste énorme…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça suffit, c'est-à-dire, est-ce que ces 8,3 % de réduction de consommation d'énergie par les particuliers, ça suffit, est-ce que ce matin, Agnès PANNIER-RUNACHER, vous pouvez nous dire : si on maintient cette consommation à la baisse, c'est-à-dire, si, en effet, on ne remonte pas notre consommation d'électricité, ces délestages n'auront pas lieu ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais si vous êtes capable de diminuer de 6 gigawatts votre consommation sur les réseaux…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça, c'est fait…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bien sûr…

APOLLINE DE MALHERBE
On a diminué, si on reste à ce niveau-là ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non, mais il faut rester dans la continuité, c'est-à-dire que c'est chaque jour que ça se gagne, c'est au moment des pics que ça se gagne, c'est quand la consommation d'électricité s'envole qu'il faut être capable de l'écraser avec le bon niveau de température, en décalant la consommation dans les entreprises, dans les administrations, dans les collectivités locales, et évidemment chaque citoyen a son rôle à jouer. Mais les premiers qui doivent travailler sur ce sujet-là, c'est les grandes entreprises, c'est les grandes administrations, c'est les grandes collectivités locales. Nous sommes les principaux consommateurs d'électricité. Dans les grands magasins, c'est en train de jouer, dans les commerces, c'est en train de fonctionner.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, moi, je veux bien qu'on ait propagé la peur, mais c'est ici même, à ce même micro, le porte-parole du gouvernement, la semaine dernière, qui m'assurait qu'il n'y aurait aucun problème par exemple pour les numéros d'urgence, que pendant ces deux heures-là, on pourrait, parce que ça allait borner avec les antennes, on se rend compte depuis que c'est beaucoup plus compliqué, les opérateurs eux-mêmes, alors, peut-être que vous allez dire qu'ils propagent eux aussi des scénarios de la peur, mais les opérateurs téléphoniques disent : eh bien, en fait, ça ne marche pas comme ça, c'est-à-dire que si les antennes sont éteintes, vous aurez beau appeler le 112, il n'y aura pas d'appel.

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, là encore, ce n'est pas tout à fait la réalité, c'est-à-dire qu'il y a un travail qui est fait entre ENEDIS et les fédérations des télécoms pour, dans ce cas extrêmement réduit, en termes de probabilité, de s'assurer qu'on ait une capacité à appeler les numéros d'urgence, mais cette probabilité est très limitée, et revenons à l'essentiel, l'essentiel, c'est comment on continue à diminuer notre consommation d'énergie, comment on fait, en particulier maintenant qu'on rentre dans le dur, c'est-à-dire dont les jours d'hiver, est-ce que vous avez chargé l'application Ecowatt, moi, je recommande aux Français de charger l'application Ecowatt pour avoir cette météo de l'énergie, et pour avoir aussi quelques conseils…

APOLLINE DE MALHERBE
Avec les trois couleurs, vert, orange, rouge…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Voilà. C'est comme Bison futé, mais version énergie, et pour avoir quelques conseils sur la réduction de leur consommation, alors, beaucoup de Français, je pense, sont aujourd'hui tout à fait au fait, mais pour ceux que ça intéresse, je les renvoie aussi sur ces conseils, c'est comment, moi, je continue à travailler avec les entreprises, avec le secteur de l'immobilier, avec le secteur de la distribution, avec le secteur des commerçants, pour baisser leur consommation…

APOLLINE DE MALHERBE
... D'ailleurs, Agnès PANNIER-RUNACHER, il y a des propositions qui sont sur la table, hier, Sandrine ROUSSEAU disait : il faudrait éteindre les aéroports, ce matin, Manuel BOMPARD, qui était mon invité sur RMC, qui est aussi député La France Insoumise, lui, disait : au fond, il faudrait éteindre de manière systématique les enseignes lumineuses, c'est-à-dire notamment les publicités lumineuses, il disait : ça ne sert à rien de les éteindre juste le soir, éteignons-les tour court. Et on baissera mécaniquement la consommation, pourquoi pas ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, Manuel BOMPARD a voté une loi cet été que je portais aux côtés des autres ministres, qui est la loi d'urgence sur le pouvoir d'achat, et qui prévoit qu'en cas de tensions sur notre système énergétique, on coupe les panneaux lumineux publicitaires, on n'a pas besoin de couper tout le temps…

APOLLINE DE MALHERBE
... Au fond, on est en train d'apprendre que, en effet, à un moment ou un autre, potentiellement, il y aura des coupures, y compris pour les particuliers, donc il disait : pourquoi est-ce qu'on n'anticipe pas et qu'on les coupe tout court ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais ça n'apportera pas de confort par rapport à ces moments de tension énergétique…

APOLLINE DE MALHERBE
D'accord, donc ça ne fait pas partie de ce qui pourrait éviter les coupures, ça ne changerait rien ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non, le vrai intérêt par rapport à ça, c'est de couper quand on a une tension, quand on est aujourd'hui, je prends mon téléphone, en signal Ecowatt vert, vous n'avez pas besoin, si vous voulez ne pas couper l'électricité, vous n'avez pas besoin de couper les panneaux publicitaires. Vous pouvez décider…

APOLLINE DE MALHERBE
Et les aéroports, pendant ces deux heures-là ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Vous pouvez décider, par contre, quand vous êtes une entreprise, de faire attention à votre consommation énergétique, pas seulement pour la facture, mais parce que ça baisse les émissions de gaz à effet de serre, et d'un point de vue climatique, et je rappelle que le plan sobriété, ce n'est pas seulement pour passer l'hiver, le plan sobriété, c'est la nécessaire diminution de notre consommation finale pour être à la neutralité carbone en 2050. Et c'est une baisse de consommation de 40 % que nous devons réaliser d'ici 2050. Donc c'est un vrai effort collectif, il se trouve que cet effort permet en plus de donner plus de résistance à notre système énergétique.

APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, demain, une journée très froide, encore plus froide, et ce week-end glacial, on va importer de l'électricité, comme on le fait beaucoup en ce moment, et notamment d'Allemagne, sauf que c'est une journée sans vent, qu'il n'y aura donc sans doute pas d'énergie venant des éoliennes, l'Allemagne qui a quand même une grande partie venant des éoliennes, qui va donc devoir rallumer ses centrales à charbon, dans ce moment-là, on est en train de défendre en France le projet de loi énergies renouvelables, quand on voit qu'en Allemagne, par exemple, en 2021, ils ont eu 11 % de moins de production d'électricité, parce que c'était une année sans vent, est-ce que véritablement, on a envie, dans le moment de tension que l'on vit, que l'on traverse, d'avoir une énergie aléatoire ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
On a surtout besoin de plus d'énergies, et dans les 15 ans qui viennent, les seules solutions disponibles pour produire plus d'énergie, ce sont les énergies renouvelables, et les énergies renouvelables, c'est de la géothermie, c'est de la chaleur renouvelable, c'est du biométhane, c'est de l'éolien terrestre et marin, c'est du photovoltaïque. Donc c'est toute une boîte à outils d'énergies qui vont nous permettre de nous passer des énergies fossiles. Et je crois que ceux qui aujourd'hui plaident contre les énergies renouvelables sont irresponsables…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais qui plaide contre les énergies renouvelables aujourd'hui ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je vous renvoie sur les débats qu'on a à l'Assemblée nationale…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais a priori, vous devriez avoir une coalition assez large, alors, certes, certains veulent y mettre quelques limites, du côté des Verts, c'est plutôt des limites pour protéger la biodiversité, du côté de LR, c'est notamment la possibilité pour les maires d'avoir un droit de veto, ou au minimum, un droit de regard. Allez-vous accepter ces deux propositions ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, s'agissant des maires, dans le texte, aujourd'hui, ils ont déjà la possibilité de donner un avis conforme sur les zones où on accélère le développement des énergies renouvelables, ils ont la possibilité de délimiter des zones où on ne met pas d'énergies renouvelables, donc ce sujet-là, il a été traité, et effectivement.…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc pas besoin d'un veto, vous, vous n'accepterez pas l'idée d'un veto, d'un véritable veto ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais ce n'est pas ce que demandent les maires, je vous renvoie à l'association des Maires ruraux de France…

APOLLINE DE MALHERBE
Non mais c'est ce que demande LR pour voter votre texte.

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Oui mais que LR fasse de la politique, c'est une chose, que l'Association des maires ruraux de France qui représente 86% des communes en France écrive noir sur blanc on ne vous demande pas un veto, on vous demande d'être accompagné, on vous demande de nous faciliter la vie pour la transition énergétique. Nous voulons être au cœur de cette planification énergétique parce que nous avons bien compris que pour l'attractivité de nos territoires, pour le pouvoir d'achat de nos habitants et pour la compétitivité de nos entreprises, on en a besoin. Il faut quand même rappeler Apolline de MALHERBE qu'aujourd'hui une éolienne c'est 60 euros du mégawatt, le photovoltaïque c'est un peu près les mêmes prix, l'éolien marin c'est un peu près les mêmes prix, une éolienne marine ça tourne 90 % du temps. Alors peut-être pas à 100% de puissance mais 90% du temps. Les technologies elles sont en train de…

APOLLINE DE MALHERBE
Les 40 kilomètres entre la côte et le parc éolien, vous allez accepter cette limite que demandait…

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je l'ai refusé au niveau du Sénat et le Sénat a parfaitement compris que cette limite théorique en fait elle empêche de développer l'éolien marin. Comment mettez-vous des éoliennes marines à 40 kilomètres des côtes dans la Manche ou dans la mer du Nord ? Ça n'existe pas. Dans la Méditerranée comment le faites-vous, alors qu'à l'endroit des 40 kilomètres, vous avez des canyons profonds et qu'aucune technologie aujourd'hui ne permet de mettre des éoliennes, pas même des éoliennes flottantes.

APOLLINE DE MALHERBE
Ne peut le faire. On en est où de nos réacteurs nucléaires Agnès PANNIER-RUNACHER ?

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Comme je vous l'indiquais il y a aujourd'hui 36 réacteurs qui sont en fonctionnement, donc c'est 10 de plus qu'au mois d'août. Nous avons un reporting toutes les semaines d'EDF pour suivre cette montée en capacité, mais EDF, ce n'est pas seulement le nucléaire.

APOLLINE DE MALHERBE
36 sur 56 ? Ça veut dire qu'il y en a 20 qui sont à l'arrêt au moment où on se parle.

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, EDF, ce n'est pas seulement le nucléaire, c'est aussi l'hydraulique. Nous sommes rentrés au mois de… dans l'automne avec un stock d'hydraulique qui était singulièrement inférieur à celui qu'on avait à cause de la sécheresse.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais la question était sur les réacteurs nucléaires.

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je vais aller jusqu'au bout, on a gagné là, on a rattrapé la moyenne donc ça aussi on est en train de débrider des installations d'énergies renouvelables, d'augmenter la puissance de nos barrages, tout ça joue pour permettre d'atteindre les 45 gigawatts au mois de janvier sur lequel RTE fonde ses scénarios. On a un décalage de l'ordre de 2, 3 plutôt 3 gigawatts, on est en dessous et donc ce que nous faisons lorsqu'on baisse de 6 gigawatts.

APOLLINE DE MALHERBE
J'ai bien compris, je vous demandais sur les réacteurs nucléaires parce que c'est évidemment aussi l'un des grands fleurons et qu'il en reste donc 20 qui sont à l'arrêt, c'est davantage que ce que vous espériez et ce que vous aviez demandé à EDF. Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique, merci d'avoir donné toutes ces précisions ce matin sur RMC BFM TV.

AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 décembre 2022