Déclaration de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, sur la politique de l'énergie au sein de l'Union européenne, à Bruxelles le 19 décembre 2022.

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Circonstance : Arrivée au Conseil Energie

Texte intégral

Mme Agnès Pannier-Runacher : "Nous sommes réunis aujourd'hui pour le dernier Conseil des ministres européens de l'énergie. Ce Conseil des ministres va notamment aborder le texte sur le mécanisme de plafonnement du prix du gaz dans l'Union européenne. Comme vous le savez, nous avons fait de gros progrès la semaine dernière dans les négociations. Nous avons un accord sur 90% du texte, il faut maintenant finaliser ce texte et notamment se mettre d'accord sur le seuil de déclenchement du mécanisme. La France prendra sa part dans les négociations, comme elle l'a fait la semaine dernière, pour faciliter un accord, avec toujours les trois mêmes objectifs qui sont essentiels.

Le premier objectif est d'avoir un prix du gaz qui soit acceptable pour le bon fonctionnement de notre économie. Le deuxième objectif consiste à sécuriser nos approvisionnements en gaz, de ne pas les bloquer. Le troisième objectif est d'assurer la stabilité des marchés financiers et, sur ce sujet-là, nous serons particulièrement rigoureux, précautionneux, car nous ne voulons pas que ce mécanisme conduise à une augmentation importante des appels de marge et il nous faut nous assurer d'avoir un suivi et une anticipation. C'est pour cette raison que nous soutenons la proposition de la présidence de mettre en œuvre ce mécanisme avec un petit délai, pour s'assurer que nous ne remettons pas en cause la stabilité des marchés financiers. Ce sera des discussions difficiles, mais je suis confiante sur notre capacité à trouver un accord collectif.

Ce Conseil sera aussi l'occasion d'aborder d'autres textes, puisque nous continuons à accélérer sur la transition énergétique. Nous voyons bien l'importance de sortir des énergies fossiles, dans la crise de l'énergie actuelle, de sortir de cette dépendance aux énergies fossiles, notamment au gaz russe mais pas seulement. Pour ce faire, nous allons examiner différents textes sur l'efficacité énergétique, sur le méthane, sur l'accélération des énergies renouvelables et sur ces différents textes nous serons en soutien avec une position très claire : celle de la neutralité technologique, en particulier sur le développement de l'hydrogène. Nous considérons que nous n'avons pas les moyens de nous priver de l'hydrogène bas carbone, celui qui est produit à partir de nucléaire, dans les textes que nous prenons si nous voulons être crédibles en matière de lutte contre le réchauffement climatique et si nous voulons tenir nos engagements. Et nous serons très clairs sur ce point. L'Europe a besoin de toutes les capacités de développement d'hydrogène bas carbone, que ce soit de l'hydrogène sur base de renouvelables ou de l'hydrogène sur base de nucléaire. Troisièmement, nous allons évoquer le traité sur la Charte de l'énergie. Comme vous le savez, la France a annoncé qu'elle sortait de ce traité et nous pensons aujourd'hui que l'Union européenne doit faire le même mouvement. Nous sommes plusieurs États à être sortis de ce traité, cela va dans le sens d'une cohérence par rapport à notre ambition climatique, notre ambition en matière de transition énergétique.

Enfin, la Commission européenne abordera la question de la réforme du marché de l'électricité avec des idées très intéressantes pour découpler le prix du gaz du prix de l'électricité, notamment en utilisant différents instruments : les contrats par différence et par Power purchase agreement (PPA). Nous pensons que cette démarche est la bonne et nous la soutiendrons. Surtout, il nous paraît très important de discuter de cette réforme très rapidement puisque aujourd'hui nous avons besoin de donner de la visibilité aux acteurs du secteur de l'énergie pour produire plus, sur notre territoire européen, d'électricité et d'énergies renouvelables bas carbone. C'est une priorité et pour que cette priorité se fasse, il faut avoir un design de marché qui soit approprié, qui favorise l'investissement et qui permette aussi aux consommateurs d'avoir une incitation à décarboner sa consommation et d'avoir un prix de l'énergie qui soit construit sur la réalité de sa consommation énergétique. Voilà les grands enjeux de ce Conseil, un programme très dense, mais qui va dans le bon sens et qui montre combien l'Union européenne accélère sur la transition énergétique.


Q - Concernant le plafond, croyez-vous qu'il faille une unanimité aujourd'hui ?

Mme Agnès Pannier-Runacher : Je pense que les positions se sont très fortement resserrées par rapport à la semaine dernière. A nous de collectivement faire preuve de responsabilité pour trouver ce point d'atterrissage, en sachant que nous avons mis en place des mécanismes qui sécurisent l'activation ou la désactivation du mécanisme et que nous avons un accord me semble-t-il sur le niveau de prime par rapport au prix de déclenchement. Ce sont vraiment les derniers pourcents de l'accord sur lesquels il faut maintenant trouver un ensemble de pays pour nous retrouver.

Q - On parle de quels chiffres ?

Mme Agnès Pannier-Runacher : On a aujourd'hui une proposition de la Présidence à 188 euros. La France a indiqué que nous étions confortables sur un prix qui allait de 160 à 200 euros et il me semble que cet ensemble de prix converge à peu près comme celui de la présidence.

Q - Y a- t-il beaucoup de pays qui craignent que les autres fournisseurs ouvrent le gaz par exemple à l'Asie ?

Mme Agnès Pannier-Runacher : Je rappelle qu'il y a un mécanisme avec une prime, et que cette prime représente le prix du marché international avec lequel l'Europe est en concurrence. En plus de cela, il y a une prime qui représente en permanence la différence de coût avec le marché européen. Donc sur le papier, ce risque n'existe pas puisque c'est un prix qui est mobile.

Q - En cas de désaccord sur le prix du gaz, avez- vous un plan B ?

Mme Agnès Pannier-Runacher : Sur ce sujet-là, j'ai encore discuté avec mes homologues récemment et j'ai le sentiment que beaucoup d'entre eux souhaitent avoir un accord, donc nous allons laisser la présidence et la Commission européenne mener ces discussions et ces négociations. La France a joué son rôle la dernière fois pour fermer un certain nombre de points, je crois que nous avons été réellement instrumentaux pour le faire, nous allons continuer à travailler en ce sens".


Source https://ue.delegfrance.org, le 20 décembre 2022