Texte intégral
ARNAUD ARDOIN
Le cercle RH et un Grand entretien aujourd'hui avec le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Stanislas GUERINI, ravi de vous accueillir dans notre émission "Smart job".
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
ARNAUD ARDOIN
On va parler, alors, d'un certain nombre de sujets, des retraites évidemment, c'est une réforme très très importante, et puis on va commencer par ce que vous allez annoncer, ce grand plan de formation auprès des agents. Alors, commençons d'abord par le début, puisque jeudi dernier, une très grande conférence de Presse avec la Première ministre, Agnès PANNIER-RUNACHER, vous étiez présent pour annoncer un plan de sobriété énergétique. Alors, beaucoup se sont dit : oh lala, qu'est-ce qui se passe ? Concrètement ça va marcher comment ?
STANISLAS GUERINI
Ça bouge.
ARNAUD ARDOIN
Ça bouge. On va avoir froid dans les administrations ?
STANISLAS GUERINI
Non, on va être dans les administrations, à la même température que ce qu'on demande à l'ensemble des Français. Ça me semble assez logique.
ARNAUD ARDOIN
19.
STANISLAS GUERINI
19°. On était 8 ministres, parce que c'est un plan qui doit mobiliser la société tout entière, et à commencer par ceux qui ont le plus de leviers entre leurs mains, les grandes entreprises, l'État évidemment. Et donc le Premier ministre a présenté les choses, parce que ça me semble tout à fait logique de commencer par l'État. Si on veut demander des efforts à nos concitoyens, si on veut enclencher un grand mouvement de transformation de notre société sur la sobriété, qui est une des jambes absolument indispensables pour faire la planification écologique, alors commençons par nous-mêmes. C'est ce qu'on a annoncé. Moi je veux que l'État soit totalement exemplaire dans ce plan de sobriété. La température, l'eau chaude, les mobilités des agents, mais aussi tout l'accompagnement, parce que ce que je veux éviter absolument, on l'a déjà vu d'une certaine façon parfois dans le passé, c'est un peu d'effets incantatoires, en disant, voilà, faites des efforts, et débrouillez-vous.
ARNAUD ARDOIN
Et il ne se passe rien, c'est ça.
STANISLAS GUERINI
Ce qui me semble absolument clé, si on veut embarquer tout le monde, c'est d'accompagner les agents et d'accompagner les administrations. Donc on leur donne des moyens, financiers, humains, pour pouvoir faire, et que ces 19°, c'est très intéressant quand on parle de ça, c'est la loi, donc normalement on est déjà censé être à 19° dans l'ensemble des bâtiments, mais force est de constater qu'on n'y était pas jusqu'à présent, c'est ça qui va changer.
ARNAUD ARDOIN
Au-delà de faire la liste à la PREVERT de tout ce qu'il va falloir faire ou changer ou transformer, il y a un vrai débat de rénovation énergétique des bâtiments.
STANISLAS GUERINI
Ben sûr.
ARNAUD ARDOIN
Parce que les fonctionnaires peuvent éteindre la lumière, peuvent baisser le chauffage…
STANISLAS GUERINI
Complètement…
ARNAUD ARDOIN
… peuvent mettre des couvertures sur leurs genoux pour taper à la machine, très bien. La réalité c'est qu'ils sont la plupart du temps dans des passoires énergétiques. Concrètement, qu'est-ce que vous mettez en place sur ce sujet-là ? C'est un vrai sujet, on en parle depuis 20.
STANISLAS GUERINI
D'abord, un, vous avez super raison, voilà, on ne va pas faire des grands chiffres aujourd'hui, juste un : il y a 94 millions de mètres carrés, simplement sur le périmètre de l'État, donc l'effort il est monumental. C'est beaucoup d'argent à mettre, mais c'est aussi, on le voit bien, une opportunité incroyable. On a le chantier du siècle sous nos yeux, à pouvoir…
ARNAUD ARDOIN
Ça ne se fera pas en 6 mois.
STANISLAS GUERINI
Effectivement, mais il faut le faire rapidement, et il faut accélérer beaucoup beaucoup beaucoup. On a déjà enclenché les choses dans le quinquennat précédent, en mettant plus d'argent qu'on n'en avait jamais mis. Le plan de relance, le grand plan d'investissement. C'est 3,7 milliards d'euros investis pour la rénovation du bâti public d'État.
ARNAUD ARDOIN
Non, mais, Monsieur le Ministre, ça vous échappe cette question de la rénovation, parce qu'on en parle depuis…
STANISLAS GUERINI
Non…
ARNAUD ARDOIN
Il y a eu la loi Duflot, il y a eu plusieurs lois successives…
STANISLAS GUERINI
Bien sûr.
ARNAUD ARDOIN
Les bâtiments n'ont pas été rénovés. Comment vous faites pour rénover les bâtiments ?
STANISLAS GUERINI
On commence. Alors moi je n'aime pas du tout dire "rien ne se passe, vous allez voir, demain ça va être très différent, etc.". Dans le quinquennat précédent, les quasiment 4 milliards d'euros qu'on a mis sur la table, c'est 4 300 bâtiments publics rénovés. Mais, je vais être très humble devant vous…
ARNAUD ARDOIN
Même vos ministères.
STANISLAS GUERINI
Ou même les ministères.
ARNAUD ARDOIN
Même les ministères.
STANISLAS GUERINI
Évidemment, mais il faut commencer par les bâtiments qui sont les plus grandes passoires thermiques. Mais quand on regarde le besoin, il y a 130 000 bâtiments publics pour l'État, et les experts estiment qu'il faudrait mettre à peu près 100 milliards d'euros. Donc qu'est-ce qu'on va faire ? Eh bien on va continuer à mettre de l'argent, c'est la Première ministre qui portera le plan de la planification écologique, et elle l'annoncera d'ici la fin de l'année sur l'argent qui dans le prochain quinquennat, ce quinquennat-là, va être mis sur la table pour accélérer encore.
ARNAUD ARDOIN
Et qui concerne la Fonction publique.
STANISLAS GUERINI
On met de l'argent, là tout de suite maintenant, on a débloqué 150 millions d'euros sur cet exercice, pour sortir des cartons tous les projets qui étaient bloqués, des projets de plus court terme, très concrets : changer les chaudières, déployer les thermostats intelligents. En gros, que rien ne puisse bloquer sur ce qui est sous notre main et ce que l'on peut faire, là, maintenant, tout de suite immédiatement. Et puis j'ajoute un dernier point, on va mettre des moyens humains. Moi je crois beaucoup dans le déploiement d'une task force d'énergéticiens. Vous savez, on parle des énergies managers, c'est un peu un nouveau métier, et on n'en avait pas beaucoup dans l'État, on va mettre 110 personnes sur le terrain, qui vont aller dans les bâtiments publics vérifier que les chaudières sont bien réglées…
ARNAUD ARDOIN
Donc, dans les préfectures régionales.
STANISLAS GUERINI
Dans les préfectures, dans toutes les administrations déconcentrées, et ça cette task force là, ce sera un peu nos hussards verts, si je puis dire, de la République…
ARNAUD ARDOIN
Vos auditeurs, ils vont vous auditer.
STANISLAS GUERINI
Ils vont nous aider, ils vont nous faire avancer, ils vont changer les pratiques, ils vont mieux régler le matériel, ils vont nous dire aussi où sont les priorités pour investir.
ARNAUD ARDOIN
Bilan énergétique de chaque bâtiment.
STANISLAS GUERINI
Et je crois que c'est des jobs qui auront un fort retour sur investissements, et donc évidemment c'est ça aussi la modernisation de l'action publique.
ARNAUD ARDOIN
Vous nous dites que vous êtes en train de créer de nouveaux métiers avec ces fameux task force énergéticiens qui vont venir…
STANISLAS GUERINI
Oui. Soyons humbles, les énergies managers, dans les entreprises, etc.
ARNAUD ARDOIN
Il y en a.
STANISLAS GUERINI
Il y en a.
ARNAUD ARDOIN
C'est vrai.
STANISLAS GUERINI
Mais c'est vrai, et c'est un de mes constats, on parle d'attractivité de la Fonction publique, ces métiers très techniques de savoir-faire, de maîtrise d'ouvrage, d'une certaine façon, c'est peut-être là où l'État, et singulièrement l'État déconcentré, s'est un peu affaibli ces dernières années. Et donc mon objectif, puisque l'attractivité de la Fonction publique c'est ma première priorité, c'est aussi de savoir réembaucher, dans des métiers à fort impact, à fort impact environnemental évidemment, mais aussi à fort retour sur investissement, parce que moi je crois, dans une contrainte budgétaire comme on la vit aujourd'hui, il faut avoir cette exigence-là.
ARNAUD ARDOIN
Avec des fonctionnaires … dans le budget, enfin qui…
STANISLAS GUERINI
Oui, au global, sur le quinquennat, la stabilité. Parce qu'il y a une grosse différence. Je ne suis pas un ministre de la Fonction publique dont la feuille de route repose sur des suppressions de postes, mais ça aussi ça change.
ARNAUD ARDOIN
On va y revenir, parce que je me rappelle d'Éric WOERTH qui à l'époque, qui est aujourd'hui dans votre majorité, qui à l'époque était un ministre éminent de l'Économie, qui avait évoqué le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ça ne nous a pas échappé.
STANISLAS GUERINI
Non. On peut en parler si vous voulez. Moi je préfère…
ARNAUD ARDOIN
Il vous en parle Éric WOERTH ? Il vous dit : mais après tout, si on veut réduire les déficits, il faut ne plus remplacer un fonctionnaire sur deux.
STANISLAS GUERINI
Mais, moi ce que je crois surtout, c'est qu'il faut remettre des fonctionnaires là où on en a le plus besoin, c'est-à-dire sur le terrain. Et donc le mouvement qu'on enclenche dans ce quinquennat, c'est un mouvement de déconcentration, pour déménager les administrations centrales. Le président de la République était hier en Mayenne pour annoncer qu'on va rouvrir des sous-préfectures, six sous-préfectures rouvertes. On remet du besoin, de l'argent, là où on en a besoin, c'est-à-dire au plus près de nos concitoyens. Parce qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils veulent des voix et des visages en face d'eux, ils veulent que la numérisation ça ne se fasse pas au détriment de l'humanisation de nos services publics. Donc je crois que quand on a traversé les crises qu'on a traversées, elles ne sont pas totalement terminées, dans le quinquennat précédent, on se rend compte que ce n'est pas d'un plan de réduction de fonctionnaires à la hache dont on a besoin, mais c'est peut-être une meilleure allocation des moyens publics, et singulièrement des moyens humains, et donc ce qu'on veut faire résolument, c'est de remettre du monde sur le terrain.
ARNAUD ARDOIN
Alors, parlons des moyens humains, parce que là vous faites des annonces importantes aujourd'hui, qui sont évidemment importantes, et qui découlent de ce plan de sobriété énergétique. Vous annoncez un plan de 25 000 cadres de la Fonction publique, qui vont avoir une formation. Alors, on se souvient de la crise Covid, où dans les entreprises certains avaient nommé le Monsieur Covid, qui devait gérer les gels hydro-alcooliques. Est-ce que c'est un peu le même esprit finalement ces 25 000 fonctionnaires qui vont recevoir une formation ?
STANISLAS GUERINI
Oui, c'est intéressant que vous fassiez la référence à ce qui s'était passé avec ces référents Covid. Dans les administrations aussi d'ailleurs à ce moment-là.
ARNAUD ARDOIN
Qui devaient vérifier.
STANISLAS GUERINI
On va faire exactement la même chose. C'est-à-dire que dans chaque bâtiment public de France, j'ai demandé à ce que les chefs de service, les gestionnaires du bâtiment public, désignent, ça se fera au volontariat, des agents pour pouvoir entraîner ce plan de sobriété. Ce seront nos références sobriété, et il y en aura dans tous les bâtiments publics, pour faire la pédagogie des mesures, pour aller vérifier, convaincre les collègues de ne pas avoir le retour des petits radiateurs électriques en bas des bureaux, bref faire en sorte que ça marche.
ARNAUD ARDOIN
La police de l'énergie.
STANISLAS GUERINI
Mais ça sera le contraire d'une police, parce que moi, ce que je crois, c'est que quand on veut entraîner du changement dans les organisations, il faut susciter l'adhésion, il faut convaincre, il faut que ça se passe par le terrain. Et donc, ce qu'on souhaite faire avec ce plan de formation, c'est exactement nourrir nos plans d'action par le terrain. C'est vrai, ce que j'annonce tout à l'heure, c'est le plan le plus ambitieux de formation à la transition écologique qui n'ait jamais existé dans la Fonction publique.
ARNAUD ARDOIN
25 000, trois 1/2 journées de formation, on est d'accord ?
STANISLAS GUERINI
Exactement on va investir du temps, une journée et demie pour former celles et ceux qui dans la fonction publique ont les leviers entre leurs mains. Pourquoi 25 000 parce qu'on a ciblé les 25 000 de la fonction publique.
ARNAUD ARDOUIN
Dans les trois fonctions publiques.
STANISLAS GUERINI
Alors on va démarrer par la fonction publique d'État et là aussi on va le faire sur le périmètre où on a complètement la main pour pouvoir aller vite.
ARNAUD ARDOUIN
…hospitalière un peu plus tard.
STANISLAS GUERINI
On le fera en parallèle sur l'hospitalière et on le fera de façon partenariale sur la fonction publique territoriale qui fait déjà beaucoup de choses. Mais juste d'un mot.
ARNAUD ARDOUIN
Ils n'auront pas de pouvoir, excusez-moi ils n'auront pas de pouvoir de police ces fonctionnaires, ils n'auront pas le pouvoir…
STANISLAS GUERINI
Mais pourquoi vous parlez tout le temps de police ?
ARNAUD ARDOUIN
Vous dites le radiateur, ils vont contrôler si la lumière est éteinte, si les ordinateurs ont été éteints, enfin tout ça en fait on oublie il faut le dire.
STANISLAS GUERINI
Il y a 2 choses, il y a un ce qu'on a décidé de faire dans le plan de sobriété et donc on a donné des directives qui sont hyper claires, température de chauffage, on arrête l'eau chaude pour se laver les mains, on la garde évidemment quand il y a des services qui ont besoin de prendre une douche, on diminue la vitesse de circulation des agents publics dans les véhicules de service, 110 sur l'autoroute, bref…
ARNAUD ARDOUIN
Télétravail.
STANISLAS GUERINI
Du télétravail intelligent, c'est-à-dire penser au plus près du terrain en liant cette question à celle de l'organisation du travail, donc ça ce sont des directives, je dirais nationales qui ne sont pas à discuter, qui sont à appliquer mais où il faut convaincre tout le monde pour que ça se fasse dans la vraie vie.
ARNAUD ARDOUIN
Vous l'annoncez aujourd'hui, tout à l'heure et on est très heureux que vous l'annonciez ici sur le plateau de Smart job, combien de temps de mise en application puisqu'il faut quand même que ces fonctionnaires soient sélectionnés, formés, ça prend du temps. Quel est le délai, quel est la mise en place ?
STANISLAS GUERINI
Là aussi on joue avec les deux temporalités, plan de sobriété c'est là, maintenant, tout de suite, il n'y a pas de délai pour que les différentes mesures que j'ai pu annoncer pour la fonction publique s'appliquent et donc ça c'est vraiment immédiat. Et puis on joue avec la jambe aussi du moyen terme et du long terme, ce plan de formation on va le déployer jusqu'à 2024 et donc on va avoir des fonctionnaires qui vont être formés là aussi dès la semaine prochaine. D'ici la fin de l'année je veux avoir formé tous les directeurs de l'administration centrale, tous les membres de cabinets ministériels pour commencer tout de suite sur les décideurs les plus proches du pouvoir politique si je puis dire et ensuite pouvoir déployer à des magistrats, à des patrons et des patronnes d'autorité régionales de santé, à des chefs de service. Et donc d'ici 2024…
ARNAUD ARDOUIN
Infuser à tous les niveaux.
STANISLAS GUERINI
On va avoir une former l'ensemble des fonctionnaires qui dirigent un service sur le terrain, une administration centrale pour que celles et ceux qui ont des leviers de décisions entre leurs mains, qui peuvent lancer les travaux de rénovation, qui peuvent prendre des décisions …
ARNAUD ARDOUIN
Le plan de formation.
STANISLAS GUERINI
Le fassent et surtout le fassent de façon cohérente avec ce qu'est leur quotidien et leur périmètre. Donc ces plans de formation, ce n'est pas qu'une formation théorique, il y aura une part de formation théorique, une journée.
ARNAUD ARDOUIN
La première demi-journée, j'imagine.
STANISLAS GUERINI
Exactement c'est la première demi-journée, il faut comprendre ce que raconte le GIEC, ce que c'est qu'une fresque…
ARNAUD ARDOUIN
De la macro-écologie…
STANISLAS GUERINI
La macro à la fois sur les sujets de biodiversité et sur les sujets énergétiques, mais surtout c'est une opportunité incroyable pour entraîner l'action, pour nourrir nos plans de formation par le terrain. Et on va consacrer une demi-journée entière de restitution de travail avec le service…
ARNAUD ARDOUIN
J'ai vu une ferme bio.
STANISLAS GUERINI
Mais bien sûr.
ARNAUD ARDOUIN
Vous allez créer, susciter des vocations parce que peut-être qu'il y a des fonctionnaires qui vont dire mais attendez je vais quitter la fonction publique pour aller organiser une ferme bio ou je ne sais pas.
STANISLAS GUERINI
Moi je crois au contraire que si on donne du sens et il n'y a pas de projet collectif, qu'il y a plus de sens que de réussir ce chantier de planification écologique, si on donne du sens au travail de nos fonctionnaires que ce soit des agents de guichet, que ce soit des secrétaires de mairie, que ce soit des patrons et des patronnes d'administration centrale, si on donne du sens alors moi je crois au contraire qu'on se donnera des moyens supplémentaires pour garder nos fonctionnaires et faire même mieux, être un employeur public attractif. Retrouvez des jeunes qui viennent bosser dans la fonction publique. Moi c'est ma première priorité, l'attractivité de la fonction publique et je dis notamment aux jeunes générations qui sont en recherche de sens, vous le voyez dans chaque remise de diplôme de concours.
ARNAUD ARDOUIN
Et dans chaque émission ici.
STANISLAS GUERINI
Qu'elles que soient les écoles et je suis sûr que vous recevez beaucoup beaucoup de monde, d'ailleurs des employeurs privés aussi.
ARNAUD ARDOUIN
C'est le sens qui guide leurs pas.
STANISLAS GUERINI
Mais il n'y a pas de métier qui a plus de sens que le servir l'intérêt général, que de venir le faire dans la fonction publique, je crois que les Français ont vu pendant la crise sanitaire à quel point on avait besoin d'une colonne vertébrale.
ARNAUD ARDOUIN
La résilience du modèle.
STANISLAS GUERINI
Notre pays s'est construit sur son état, je crois que c'est très particulier il ne faut jamais l'oublier et on a besoin d'une fonction publique engagée, moi je suis un ministre des agents de la fonction publique engagés à réussir notamment la transition écologique.
ARNAUD ARDOUIN
L'attractivité passe aussi par je dirais le statut qui est un statut très particulier, qui est souvent contesté d'ailleurs.
STANISLAS GUERINI
Que moi je ne remets pas en cause.
ARNAUD ARDOUIN
Et que vous ne remettez pas en cause, vous avez lu, j'en suis sûr la tribune et l'étude de l'Ifrap dirigée par Agnès VERDIER-MOLINIE, je vous cite chaque personne, c'est tiré de sa tribune, chaque personne imposable paie ainsi chaque mois autour de 200 euros pour financer les pensions surdotées de nos agents publics, surdotées parce que l'Ifrap a pu montrer à partir d'un échantillon de 4000 fonctionnaires, eh bien on le sait tous, le calcul de la retraite dans le privé et dans le public ne se fait pas de la même manière. Je vous la pose abruptement la question, le débat des retraites est sur la table et il suscite une vive polémique, est-ce qu'on met les deux modèles à égalité ? On ne calcule pas la retraite de la même manière que l'on soit un agent de la fonction plus ou qu'on soit un salarié du privé. Pourquoi pas d'égalité ?
STANISLAS GUERINI
Je vais vous répondre de façon extrêmement cash, on connaît les orientations extrêmement libérales de l'Ifrap et malheureusement dans cette tribune oublie complètement un bout du sujet. Moi j'en ai un tout petit marre qu'on me dise, les agents publics qu'est-ce qu'ils sont privilégiés par rapport à leur retraite. Il y a des grandes différences, je vais vous en donner 3 qui permettent de bien expliquer le sujet. C'est vrai que la retraite elle est calculée sur les 6 derniers mois pour un agent de la fonction publique et pas…
ARNAUD ARDOUIN
Hors primes.
STANISLAS GUERINI
… sur les 25 dernières années, ça c'est une différence. Généralement les commentateurs à la vue un peu courte ils s'arrêtent à cette première différence. Il y a une 2e différence, vous avez exactement raison, c'est que la retraite des fonctionnaires elle est calculée, en retirant totalement leurs variables dans la fonction publique, ça s'appelle l'indemnitaire, c'est une partie qui est non négligeable. Et puis je vais vous donner une 3e différence quand même c'est que généralement dans la fonction publique le niveau de retraite, c'est parfois un peu une compensation de ce qu'il a pas été donné en salaire pendant la durée de vie professionnelle. Les professeurs sont quand même un bon exemple de ça. Et donc au final le juge de paix c'est quoi, ce qu'on appelle le taux d'effort, c'est-à-dire combien je cotise dans ma carrière pour pouvoir financer ma retraite ?
ARNAUD ARDOUIN
La carrière est plus sécurisée dans la fonction publique, vous le reconnaîtrez qu'un salarié du privé.
STANISLAS GUERINI
Je vais vous donner un scoop, le taux d'effort de la fonction publique à 0,5 point près, c'est 74 %, c'est-à-dire scoop, à peu près exactement la même chose que dans le privé, donc aujourd'hui ce n'est pas le sujet, le différentiel public-privé. Ce que je peux vous confirmer c'est qu'en engageant une réforme des retraites, on va le faire de façon parallèle, de façon symétrique dans la fonction publique. Si les salariés du privé sont amenés à travailler plus longtemps, moi ministre de la Fonction publique je demanderai la même chose aux agents publics. Mais n'allons pas faire ce mauvais débat des agents soi-disant privilégiés, j'ai pris une minute pour essayer d'en faire la démonstration ?
ARNAUD ARDOUIN
Les syndicats revendiquent peu, les syndicats de la fonction publique sont très très peu mobilisés sur la réforme des retraites, on les entend peu.
STANISLAS GUERINI
D'abord je les rencontre tous, je travaille avec eux au quotidien en parallèle du travail que mène Olivier DUSSOPT, mais de façon très cohérente à la réforme de la retraite que porte Olivier DUSSOPT.
ARNAUD ARDOUIN
Donc Monsieur le Ministre qu'on soit bien clair, ce débat arrivera peut-être un jour à l'assemblée, je ne sais pas sous quelle forme la réforme se fera puisque l'amendement a été repoussé, il y a une concertation, vous êtes dans la concertation, pas d'égalité des systèmes ?
STANISLAS GUERINI
Eh bien, une symétrie de la réforme, j'espère être le plus clair possible aujourd'hui, s'il est demandé de travailler plus longtemps aux agents du privé, on demandera de travailler plus longtemps aux agents du public, ça, c'est vraiment la logique, donc, vous voyez bien qu'il y a une égalité dans l'approche de cette réforme des retraites. Mais n'allons pas faire le débat sur une base totalement biaisée et totalement orientée. Je crois vous en avoir fait la démonstration…
ARNAUD ARDOIN
Idéologique selon vous…
STANISLAS GUERINI
Encore une fois, regardons quel est le taux d'effort, ça, c'est le vrai juge de paix, pour les agents de la Fonction publique, par rapport à ceux du privé, et on se rendra compte, si on regarde de façon un peu intelligente et un peu détaillée les choses que, aujourd'hui, ça n'est pas ce sujet-là que nous mettons sur la table.
ARNAUD ARDOIN
Merci Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Merci à vous.
ARNAUD ARDOIN
C'était un grand plaisir de vous accueillir sur le plateau de "B Smart", dans l'émission "Smart Job", ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. On ne perd pas une minute, parce que vous allez partir évidemment annoncer ce plan historique, dites-vous, de 25.000 fonctionnaires, agents de la Fonction publique, engagés dans cette sobriété…
STANISLAS GUERINI
Exactement. Merci pour votre invitation…
ARNAUD ARDOIN
C'était un vrai plaisir de vous accueillir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 décembre 2022