Interview de M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention, à CNews le 22 décembre 2022, sur les épidémies de Covid-19, de grippe et de bronchiolite, le système hospitalier et la pénuries de médicaments.

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Média : CNews

Texte intégral

LAURENCE FERRARI
Bonjour François BRAUN.

FRANÇOIS BRAUN
Bonjour.

LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans La Matinale de CNews. J moins 2 avant que les Français ne réveillonnent en famille, enfin s’ils peuvent y arriver en raison de la grève à la SNCF. 3 épidémies combinées mettent le système hospitalier sous haute tension : Covid, grippe et bronchiolite. Ça provoque une hausse, un afflux de patients dans les hôpitaux. Est-ce que le système hospitalier va tenir ou est-ce qu’il va craquer ?

FRANÇOIS BRAUN
Le système hospitalier est en difficulté bien entendu. Je pense que ce n’est pas malheureusement une nouveauté. Nous avons des problèmes structurels qu’il faut refaire dans notre système de santé dans son ensemble d’ailleurs, à la ville comme à l’hôpital mais nous avons appelé avec la Première ministre à une mobilisation générale des professionnels, un genre d’union sacrée pour qu’il n’y ait plus ces barrières entre la médecine de ville, l’hôpital, les cliniques, etc. Tout le monde est mobilisé dans un esprit de solidarité donc je suis plutôt confiant et je remercie l’ensemble des professionnels de se mobiliser en cette période difficile.

LAURENCE FERRARI
Parce qu’on est bien d’accord que cela ne tient que sur le dévouement, et parfois ils vont au bout de leurs forces, des soignants. Ça ne tient que sur eux en fait que l’hôpital fonctionne encore aujourd’hui.

FRANÇOIS BRAUN
Les soignants sont extrêmement mobilisés depuis plus de deux ans maintenant, donc je comprends vraiment leur fatigue et leur lassitude. Effectivement ils portent ce système mais, vous savez, ça tient sur les soignants mais ça tient aussi sur nous les Français, c'est-à-dire que nous devons aider les soignants. Alors pendant la première vague si vous vous souvenez bien, ils étaient applaudis tous les soirs. On mérite bien entendu toujours de les applaudir tous les soirs, mais on peut aussi éviter cet afflux de patients à l'hôpital en utilisant les gestes barrières, en se faisant vacciner ; ça marche sur les 3 épidémies dont vous avez parlé, sauf la vaccination pour la bronchiolite pour l'instant.

LAURENCE FERRARI
Qu’on attend. On attend un vaccin contre la bronchiolite. Un mot du Covid, le Covars qui a remplacé le Comité scientifique appelle au port du masque dans les lieux confinés, là où il y a beaucoup de monde, mais ne tranche pas sur l'obligation. D'abord 1/ pourquoi vous ne portez pas de masque ce matin ?

FRANÇOIS BRAUN
Comme je vous l’ai demandé avant d'entrer sur le plateau, nous sommes à une distance de 2 mètres, vous n'avez pas de facteur de risque particulier si je peux me permettre, je suis vacciné…

LAURENCE FERRARI
Absolument, et j’atteste que vous m’avez posé la question avant.

FRANÇOIS BRAUN
Voilà. Nous sommes dans des conditions raisonnables. Il faut être raisonnable mais ça les Français le savent bien. Par contre lorsqu'on est serré les uns contre les autres dans le métro, dans les trains qui sont moins fréquents, là il faut porter le masque, parce que la personne à côté de vous vous ne savez pas si elle n’a pas des facteurs de risque, si elle n’est pas immunodéprimée parce qu’elle a eu un cancer donc c'est la moindre des choses. Mais je pense que les Français ont compris les principes de prévention, puisqu’on est dans un principe de prévention, ça ne se décrète pas : c'est une mentalité et il faut acquérir cette mentalité

LAURENCE FERRARI
Alors ça ne se décrète pas mais ça l'a été. On nous a imposé le confinement et le masque. Pourquoi ne pas le rendre obligatoire ? Vous avez peur en fait de la réaction des Français ?

FRANÇOIS BRAUN
Non, je n'ai pas peur de la réaction des Français, je l'ai dit. Mais vous savez…

LAURENCE FERRARI
Roselyne BACHELOT, ancienne ministre de la Santé, dit : il faut le rendre obligatoire dans les transports.

FRANÇOIS BRAUN
Je suis ministre de la Santé et de la Prévention. Un de mes enjeux majeurs, c'est dans les années qui viennent transformer un peu notre société vers une société de plus de prévention, et la prévention ça ne se décrète pas par des circonstances exceptionnelles bien entendu. Mais par exemple quand on parle du port du préservatif qu'on va rendre, là le président l’a annoncé, gratuit, le port du préservatif on ne va pas faire un décret pour dire : il faut porter le préservatif, ça fait partie de la prévention. Le masque doit devenir un réflexe de prévention.

LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot du Covid encore. La neuvième vague semble se tasser, est-ce qu’on va passer Noël sans encombre ? Il y a un vrai sujet par contre au niveau de la vaccination, les Français sont très rétifs au rappel. Parmi les plus de 60 ans, seulement à peu près 11 % ont fait leur dose de rappel. Ça veut dire qu’ils n’entendent plus les messages des autorités et du ministère de la Santé ?

FRANÇOIS BRAUN
Face au Covid, je pense que depuis le temps, et je peux en parler pour avoir été en première ligne, il faut être extrêmement humble face à ses évolutions. On constate effectivement depuis 3 semaines une diminution des contaminations mais qui reste quand même supérieure à 550 % donc on a des chiffres qui restent très élevés. Mais le fameux taux de réplication, c'est-à-dire combien une personne en contamine d'autres, est descendu là cette semaine en dessous de un, donc c'est plutôt rassurant pour l'instant. Maintenant il va y avoir les fêtes de fin d'année, tout le monde va se retrouver. Faites attention, lavez-vous les mains, faites attention aux personne fragiles, donc on s'attend très naturellement à une remontée des contaminations après ces fêtes de fin d'année. Sur la vaccination…

LAURENCE FERRARI
Comment vous l'expliquez là cette réticence face à la vaccination, notamment sur les plus âgés ? Un tiers seulement vous le disiez des 80 ans est vacciné.

FRANÇOIS BRAUN
Un tiers des plus de 80 ans, un peu plus de 40 % des 60-80 ans, c'est c'est largement insuffisant pour les protéger bien sûr, d'où l'importance - je me permets encore d’insister - des gestes barrières, du lavage de mains, des autotests etc.

LAURENCE FERRARI
D’accord. Et comment on les convainc ? Et pourquoi ils ne veulent plus ?

FRANÇOIS BRAUN
Ecoutez, je pense que nos compatriotes veulent passer à autre chose et ça peut se comprendre. Ça fait plus de 2 ans que nous sommes dans cette crise sanitaire, ils ont envie de passer à autre chose.

LAURENCE FERRARI
Donc vous les comprenez.

FRANÇOIS BRAUN
Oui, je les comprends, bien sûr je les comprends.

LAURENCE FERRARI
Vous comprenez qu'ils ne se fassent pas vacciner, vous ministre de la Santé ?

FRANÇOIS BRAUN
(rires) Non, je comprends leur réaction de vouloir passer à autre chose mais je les exhorte à se faire vacciner lorsqu'on est en contact avec des patients fragiles et lorsqu'on est soi-même patient fragile, que ce soit pour le Covid comme pour la grippe.

LAURENCE FERRARI
D’accord. La grippe justement, très grosse inquiétude sur le niveau de l'épidémie qui est en augmentation fulgurante. Est-ce que ça aussi c'est un vrai sujet d'inquiétude pour vous ?

FRANÇOIS BRAUN
Bien sûr, c'est même le sujet d'inquiétude principale ces derniers jours puisqu’on voit bien qu'il y a une baisse des contaminations Covid, une baisse des contaminations bronchiolite même si ça reste à un niveau élevé, mais la grippe elle est en train de monter. Ce que je regarde chez nos voisins anglo-saxons au Royaume-Uni, c'est une explosion des cas extrêmement rapide. Alors elle est aussi méchante que d'habitude j'allais dire, mais comme il y a plus de cas il y a plus de personnes hospitalisées. On meurt aussi quand même tous les ans de la grippe quand on est une personne fragile. Mais là aussi le vaccin qu’on a actuellement est parfaitement efficace sur le virus qui circule.

LAURENCE FERRARI
Il est encore temps de se faire vacciner ?

FRANÇOIS BRAUN
Il est encore temps de se faire vacciner, oui. On arrive à avoir une immunité en quelques jours, une semaine, donc il faut se faire vacciner là aussi. Et les gestes barrières, toujours les gestes barrières.

LAURENCE FERRARI
Bien sûr. Juste encore une question sur la vaccination Covid. En fait est-ce que les gens n'ont pas peur des effets secondaires que l'on décrit pour certains cas ?

FRANÇOIS BRAUN
Honnêtement, moi j'ai plus peur des Covid longs que des effets secondaires de la vaccination. On a vacciné des milliards de personnes, on suit ce vaccin de très près, il n'y a pas d'effets secondaires majeurs. Par contre la préoccupation qui arrive maintenant, c'est la prise en charge de ce qu'on appelle le Covid long, c'est-à-dire des symptômes prolongés post-infection Covid et ce Covid long il touche aussi les jeunes.

LAURENCE FERRARI
Et les femmes disent être plus touchées que les hommes sur les effets secondaires liés au vaccin, est-ce que c'est une réalité scientifique ?

FRANÇOIS BRAUN
Ce n'est pas une réalité scientifique, en tout cas je n'ai pas eu ni d'information du Covars dont vous parliez en ce sens, qui est chargé de piloter un petit peu cette surveillance scientifique, ni vu de publication en ce sens.

LAURENCE FERRARI
Aujourd'hui même SANOFI, le vaccin SANOFI arrive enfin en pharmacie, 2 ans après ses concurrents. C'est la troisième génération de vaccin, ce n'est pas un ARN messager. Peut-être que celui-là, vous pensez, pourra séduire plus les Français ?

FRANÇOIS BRAUN
Je me souviens qu'un certain nombre de Français étaient inquiets par rapport à l'ARN messager, probablement injustement, mais maintenant nous en avons un qui est de troisième génération, qui n'est pas ARN messager donc vaccinez-vous.

LAURENCE FERRARI
Trois épidémies combinées, on le disait au début de notre entretien, un hôpital absolument saturé. Comment est-ce que vous expliquez que chaque jour dans notre pays en fait on soit obligé de trier les malades, notamment en pédiatrie ? Les spécialistes, je pense au professeure Isabelle DEGUERRE, cheffe du service de neuropédiatrie à l'hôpital Necker, dit : on bricole des soins à domicile quand un enfant qui est atteint d'une maladie chronique ne peut pas se faire hospitaliser. C'est ça l'hôpital 2022 ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors je suis très… Comment dire… Je me suis déjà exprimé sur le terrain « trier » et je crois qu'il faut faire extrêmement attention à l'utilisation de ce terme, qui est un terme habituel pour les professionnels de santé…

LAURENCE FERRARI
Oui, ils le disent tous les jours et ils le font tous les jours.

FRANÇOIS BRAUN
Oui, mais ça ne veut pas dire la même chose pour nos concitoyens. Trier pour un professionnel de santé, ça veut dire prioriser, c'est-à-dire prendre en premier - et j'en sais quelque chose pour avoir été aux urgences - prendre en premier les patients qui ont le plus besoin de soins immédiats. C'est ça pour nous trier, ce n'est pas dire : on soigne le patient A et on ne soigne pas le patient B, on priorise. Ça a toujours été le cas dans tous les hôpitaux, dans toutes les spécialités. Bien sûr lorsqu'on a un afflux de patients, cette notion est un peu plus aiguë mais ça a toujours été le cas.

LAURENCE FERRARI
Oui, mais il y a une perte de chance pour ceux qu'on n’hospitalise pas, vous le savez parfaitement, ce n’est pas à vous que je vais l'apprendre. Un enfant qui a une maladie chronique qu’on n’hospitalise pas, il a une perte de chance sur son traitement.

FRANÇOIS BRAUN
C’est justement le rôle des soignants de ne pas entraîner de perte de chance, de peut-être décaler un petit peu la prise en charge mais de ne pas jouer sur cette perte de chance. On a un système hospitalier qui est en très forte tension, on a des lits qui sont fermés non pas parce qu'on veut fermer les lits mais parce qu'on manque de soignants. C'est toute cette réforme, cette refondation de notre système de santé dans son ensemble et de notre système d'hospitalisation, public comme privé, qu'il faut prendre en main et que je prends en main comme je m'y suis engagé. Et j'aurai à mettre les premiers jalons de cette réforme dès le mois de janvier à l'issue des réunions des Conseils nationaux de la refondation de santé territoriaux qui se terminent là à la fin du mois.

LAURENCE FERRARI
Le sujet de la pénurie des médicaments hérisse les Français. 93 % d'entre eux selon un sondage CSA pour CNews. Ils jugent anormal de ne pas trouver certains médicaments, je pense au Doliprane, paracétamol, ou l'amoxicilline un antibiotique. D’abord comment expliquez-vous ces ruptures d’approvisionnement et, encore une fois, est-ce que ce n'est pas un signe d'affaiblissement de notre pays ?

FRANÇOIS BRAUN
Déjà de quoi parle-t-on quand on parle de rupture de médicaments ? On a un système de surveillance en France avec l'Agence nationale de santé du médicament qui est extrêmement performant, et il faut le reconnaître, c'est-à-dire que nous surveillons en permanence les stocks des médicaments dits essentiels. Et lorsque ces stocks diminuent en dessous d'un certain seuil qui peut changer en fonction des médicaments - 3 mois, un mois, une semaine - on a des signaux d'alerte et ces signaux d'alerte sont d'ailleurs publics, et je crois qu'il faut rendre hommage à ce système qui est totalement transparent. Après en fonction des médicaments, les causes sont là aussi multiples. Ça peut être des causes liées à la production même du médicament, les anticipations faites par les industriels qui se sont basés sur les chiffres de l'année dernière sont trop bas par rapport à la consommation que l'on a. Par exemple le paracétamol, plus 13 %. Donc on a un petit décalage le temps que les industriels rattrapent ce décalage, ce qui est le cas actuellement pour le paracétamol, ce qui est le cas mais progressivement pour l'amoxicilline. Ensuite on a des problèmes de distribution des médicaments et on a des problèmes d'accès au principe actif, c'est ça qui est essentiel c'est-à-dire au coeur même du médicament…

LAURENCE FERRARI
Qui ne sont toujours pas fabriqués en France.

FRANÇOIS BRAUN
Il y en a qui sont fabriqués en France, pas suffisamment.

LAURENCE FERRARI
Le Doliprane, c'est en Chine.

FRANÇOIS BRAUN
Oui. Le paracétamol, on est en train de relocaliser en France justement une usine qui va produire jusqu'à 15 tonnes de paracétamol.

LAURENCE FERRARI
En 2024, à partir de 2024. On est encore loin.

FRANÇOIS BRAUN
Oui, mais vous parlez par exemple du Doliprane d'ailleurs, en particulier cette forme pédiatrique.

LAURENCE FERRARI
Absolument, qui manque.

FRANÇOIS BRAUN
Elle est produite où ? Elle est produite en Allemagne donc elle est produite en Europe. Donc ce n'est pas un problème là, elle n’est pas produite à l'autre bout du monde, et le paracétamol il y a d'autres formes que simplement la marque Doliprane et en particulier un autre laboratoire - que je ne citerai pas ici…

LAURENCE FERRARI
Dafalgan, Efferalgan.

FRANÇOIS BRAUN
Qui se fournit essentiellement aux Etats-Unis, et on a en disposition. Donc là aussi vous n’avez peut-être pas la forme de votre médicament que vous avez l'habitude de prendre, mais il existe d'autres marques avec le même médicament, il existe d'autres formes qui sont disponibles.

LAURENCE FERRARI
Mais je suis surpris que vous, ministre de la Santé, vous ne tapiez pas du poing sur la table en disant : mais c'est anormal que les labos ne fournissent pas. Est-ce que vous avez prévu des mesures coercitives contre ceux qui ne fournissent pas ces médicaments ?

FRANÇOIS BRAUN
Oui, je ne tape pas sur la table, parce que là elle est en verre…

LAURENCE FERRARI
Non mais quelles mesures ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors il y a des mesures coercitives lorsque nous discutons le prix des médicaments par exemple avec les industriels, le prix qui est remboursé par la Sécurité sociale donc par les Français. Nous leur imposons d'avoir un certain stock ; à vous dire exactement lequel…

LAURENCE FERRARI
Mais là, ce n’est pas le cas.

FRANÇOIS BRAUN
Et quand il n'y a pas de stock, il y a des pénalités.

LAURENCE FERRARI
Financières.

FRANÇOIS BRAUN
Financières, mais c'est un ensemble de mesures. Par exemple l'amoxicilline, ce fameux antibiotique, vous savez que vous achetez des boîtes, vous avez par exemple un traitement pour 7 jours dans une boîte. Votre médecin en fonction de votre maladive va dire : il faut que je vous donne pour 10 jours, on va vous donner 2 boîtes donc un traitement de 14 jours. Vous allez faire quoi du reste, vous allez le garder ? Non, là on a dit aux pharmaciens : vous pouvez déconditionner, c'est-à-dire vous donnez exactement le nombre de comprimés dont vous avez besoin. Ça aussi ce sont des choses importantes. Les antibiotiques en France, nous sur-prescrivons, nous sur-consommons des antibiotiques. Là aussi les sociétés savantes ont remis à jour des règles pour diminuer ces consommations, donc vous voyez le problème est un petit peu multiple mais les solutions sont multiples aussi.

LAURENCE FERRARI
J’ai une dernière question très importante à propos de ce qu'ont annoncé Gérald DARMANIN et Olivier DUSSOPT, le titre de séjour pour les professionnels de santé étrangers qui sont actuellement sur notre sol. Est-ce que 1/ vous trouvez que c'est normal ? On ne pourrait pas fonctionner, l'hôpital ne pourrait pas fonctionner sans ces médecins étrangers. Est-ce qu'il n’y a pas un problème éthique à piller les ressources, les élites des pays dont ils viennent pour les faire venir sur le sol français ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors il y a plusieurs réponses si vous me permettez. La première, oui nous avons beaucoup de médecins étrangers qui viennent faire leurs études et en particulier leur spécialité en France parce que la formation française est reconnue au niveau international et ces médecins travaillent dans ces hôpitaux, nous en avons besoin. Alors vous avez des médecins qui ont des diplômes européens et vous avez ce qu'on appelle des PADHUE, qui sont en fait des praticiens à diplôme hors Union européenne. Pour pouvoir travailler, ils passent d'ailleurs un examen de compétences avant de faire leur spécialité en France. Là ce qui se passe dans la loi immigration, c'est que j'ai souhaité mettre en parallèle les médecins et les chercheurs. Pour les chercheurs, nous avons ce que nous appelons le passe, un passeport Talents, c'est-à-dire qui nous permet d'aller chercher des gens brillants à l'étranger pour les faire travailler en France, pour leur faire perfectionner des choses en France. C'est exactement ce que nous mettons en place pour les médecins et les pharmaciens. La possibilité, ça ne préjuge pas de médecins étrangers qui viennent faire leur spécialité chez nous, mais la possibilité que nous avons ça va être plus simple : si je veux aller chercher un grand spécialiste d’une spécialité dans son pays parce qu’on a besoin qu'il… On va lui donner les moyens de faire de la recherche.

LAURENCE FERRARI
D’accord, mais on le retire à son pays, on est d'accord.

FRANÇOIS BRAUN
Oui mais il va y retourner après. Ce sont des périodes qui donnent des périodes de 4 ans.

LAURENCE FERRARI
Ça c’est vous qui le dites, on ne sait pas. Pourquoi ne pas former des médecins français ? Pourquoi ne pas ouvrir le numerus clausus qui reste absolument dramatique pour un certain nombre de jeunes étudiants qui n'arrivent pas à passer le cap de cette première année et qui ne peuvent même plus redoubler ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors le numerus clausus a été supprimé grâce au gouvernement précédent.

LAURENCE FERRARI
Il existe toujours, vous le savez. Il existe toujours de facto.

FRANÇOIS BRAUN
Il n’existe pas de facto si vous me permettez. Nous avons augmenté de 14 % le nombre d'étudiants en médecine quand même. Après ce sont les facultés qui décident de l’augmentation.

LAURENCE FERRARI
On parle de milliers de médecins qui nous manquent.

FRANÇOIS BRAUN
Oui mais sur les facultés en fonction de leurs capacités de formation. Les Français ne comprendraient pas qu'on fasse venir plein de jeunes et qu'on ne puisse pas les former et qu’in fine on forme des mauvais médecins, donc il faut que les choses montent progressivement. Quand vous dites qu'on ne peut pas redoubler, non. Grâce au système un peu compliqué PASS LAS, ça permet de passer par une autre licence et de revenir, donc nous avons des possibilités pour ces jeunes très motivés, les récupérer ensuite. Maintenant, quelle que soit elle la spécialité que vous faites ou les études supérieures que vous faites, il y a à un moment une sélection bien entendu.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup François BRAUN d'être venu à la veille des fêtes de Noël sur Cnews.

FRANÇOIS BRAUN
Je vous en prie.

LAURENCE FERRARI
En souhaitant que nos amis téléspectateurs passent de bonnes fêtes avec les gestes barrières, on le rappelle.

FRANÇOIS BRAUN
Ce que je souhaite à tout le monde bien entendu.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 22 décembre 2022