Texte intégral
MARINE PROTET
Bonjour Isabelle LONVIS-ROME.
ISABELLE LONVIS-ROME
Bonjour à vous.
MARINE PROTET
Vous êtes actuellement en route pour le CIDFF de la Marne, le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles, qui se trouve à Châlons-en-Champagne. C'est important pour vous d'aller saluer le travail réalisé dans ces lieux d'écoute, d'accompagnement ?
ISABELLE LONVIS-ROME
Oui bien sûr, c'est fondamental. Je considère qu'il n'y a pas de vraie politique menée sans un contact constant, un échange constant avec les acteurs de terrain et puis aussi avec les victimes et je sais combien les CIDFF sont impliqués justement dans les droits des femmes, dans la lutte contre les violences faites aux femmes et c'est très important pour moi d'aller justement les rencontrer.
MARINE PROTET
Alors vous parlez des victimes, justement vous avez prévu un temps d'échange avec des Marnaises victimes de violences. Est-ce qu'aujourd'hui, on en fait assez pour elles ?
ISABELLE LONVIS-ROME
Nous avons fait beaucoup lors du précédent quinquennat déjà, en termes de protection ; s'agissant par exemple des téléphones grave danger, des bracelets anti-rapprochement, des places d'hébergement d'urgence qu'on a augmenté considérablement à plus de 80% de places mais il faut aller encore plus loin et notamment j'ai bien identifié un point très important : c'est qu'il faut les aider à partir plus vite des griffes de leur bourreau, c'est-à-dire qu'il faut que quand elles décident de partir – ce qui très compliqué pour une femme victime de violences - quand elle le décide, il faut éviter que ce soit un faux départ parce que c'est malheureusement lors d’allers et retours que peut se commettre l’irréparable et c’est dans ce sens-là que nous allons lancer, le président de la République l’a indiqué le 25 novembre - nous allons lancer un nouveau dispositif, un pacte nouveau départ, pour éviter les faux départs, c'est-à-dire un système d'aide qui puisse se mettre en place quasiment automatiquement, en tout cas sans que la victime n’ait besoin d'aller frapper à toutes les portes et une aide adaptée, c'est-à-dire ça peut être une aide financière, une allocation, ça peut être une aide pour la garde de ses enfants, pour l’emploi…. Voilà, nous allons lancer ce dispositif…
MARINE PROTET
Mais ce dispositif, Isabelle LONVIS-ROME, ministre déléguée à l'Egalité femmes-hommes, il doit s'accompagner aussi d'une bonne prise en charge ; on pense notamment aux commissariats, aux gendarmerie ; rien que la semaine dernière, il y a eu un féminicide à Charleville-Mézières, une jeune femme de 23 ans poignardée par son conjoint, alors qu'elle avait porté plainte contre lui, alors qu'il avait déjà été condamné plusieurs fois. Comment se fait-il aujourd'hui qu'on en arrive là encore ?
ISABELLE LONVIS-ROME
Toute agression nouvelle…. Tout féminicide représente pour moi à chaque fois un coup de poignard et donc nous ne pouvons pas accepter cela mais bien sûr, il faut encore aller plus loin et ce pacte fait partie justement dispositifs. C'est aussi et je ne cesserai jamais de le rappeler, il faut former de mieux en mieux tous nos acteurs et donc les policiers, les gendarmes - c'est d'ailleurs ce qui est fait mais il faut encore aller plus loin - il y a eu tout de même 160.000 policiers et gendarmes formés lors du dernier quinquennat, le nombre d'enquêteurs spécialisés va être doublé, la présence aussi d'intervenants sociaux, de travailleurs sociaux dans les commissariats et les gendarmeries pour mieux accompagner les victimes et puis aussi certainement un système dédié dans les tribunaux pour mieux spécialiser la justice, pour justement avoir tous les professionnels les mieux formés possible pour éviter de laisser une femme et des enfants d'ailleurs en danger.
MARINE PROTET
Isabelle LONVIS-ROME, vous parlez des moyens justement qui sont alloués à la justice ; eux ils en demandent plus pour lutter contre ces violences ; est-ce qu'ils sont entendus par l'Etat ?
ISABELLE LONVIS-ROME
Je pense que vous avez dû entendre hier les annonces du garde des Sceaux s'agissant de la hausse du budget de la justice qui sera porté d’ici 2027 à 11 milliards ; j’ajoute tout de même aussi qu’il y a eu plus de 40% d'augmentation du ministère de la Justice lors du dernier quinquennat. Je pense qu'aujourd'hui, on peut dire tout de même que l'institution judiciaire, les magistrats mais aussi les greffiers et les personnels pénitentiaires me paraissent entendus…
MARINE PROTET
Mais sur ces 11 milliards, combien seront dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes ?
ISABELLE LONVIS-ROME
Ecoutez, c'est difficile à identifier comme ça aujourd'hui ; ce que je peux dire par exemple aujourd'hui, c'est que c'est sur l'égalité femmes-hommes, le gouvernement met à peu près 2,4 milliards sur le sujet de l'égalité entre les femmes et les hommes et vous voyez, on a plusieurs budgets en fait qui entrent en ligne de compte quand il s'agit de parler de la lutte contre les violences faites aux femmes ; on parle du budget du ministère de la Justice, du budget du ministère de l’Intérieur, du Logement, du mien, voilà. Donc ce sont tous ces budgets qu'il faudra ajouter les uns et les autres ; en tout cas vous le savez, le président de la République a déclaré de nouveau l'égalité femmes-hommes grande cause du quinquennat, donc ça veut dire que les moyens seront aussi toujours renforcés et puis je précise d'ailleurs que dans les prochaines semaines, un plan gouvernemental de l'égalité femmes-hommes sera lancé avec 4 axes prioritaires : la lutte contre les violences, l'égalité économique, la santé des femmes et la culture de l'égalité ; et donc dans le cadre de ce plan que la Première ministre présentera et que je piloterai, ce sont tous les ministères là encore qui seront engagés et qui mettront des moyens.
MARINE PROTET
Et on suivra toutes ces avancées avec attention. Merci beaucoup Isabelle LONVIS-ROME pour votre intervention ce matin. Je rappelle que vous êtes la ministre déléguée à l'Egalité entre les femmes et les hommes et vous vous rendez au Centre d'information sur les droits des femmes et des familles à Châlons-en-Champagne.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 6 janvier 2023