Interview de M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, à France Bleu Occitanie le 10 février 2023, sur la grippe aviaire.

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Intervenant(s) : 
  • Marc Fesneau - Ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

Texte intégral

JOURNALISTE
Bonjour Marc FESNEAU !

MARC FESNEAU
Bonjour !

JOURNALISTE
Merci d’être avec nous ce matin sur France Bleu Occitanie et France 3, vous allez dans le Gers aujourd'hui côté Adour, Saint-Mont et Barcelone-du-Gers. Ce matin n'a choisi de vous interroger surtout sur la grippe aviaire elle fait des ravages chez nous en Occitanie, 25 foyers ont été détectés depuis le 1er août, alors on en parle souvent sur France Bleu Occitanie, il y a des abattages préventifs qui se succèdent, quelle est la situation aujourd'hui dans le sud-ouest particulièrement ?

MARC FESNEAU
Ecoutez, d’abord, merci de m’interroger sur cette question qui inquiète beaucoup les éleveurs et nos concitoyens ; on est plutôt sur une phase de stabilisation de l'épisode d'influenza aviaire avec un épisode qui est moins fort que l'an dernier et il faut saluer tout le travail qui a été fait avec les éleveurs pour avoir des zones de vide sanitaire qui soient allongées, d'avoir des mesures de précaution vis-à-vis de cette épizootie qui soient renforcées et qui font que même s'il y a un épisode cette année - on est à peu plusieurs centaines de cas, 400 cas environ – l’an dernier, on était à 1 700 cas. Donc évidemment, ça touche durement les éleveurs mais ce qu'on a appelé le plan Adour Garonne qui concerne en particulier le Gers était un plan de … des périodes de de vide sanitaire restreint, qu’on a passé … les fêtes, assez longues pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de recontamination par l'influenza aviaire semble porter ses fruits. Premier élément. Deuxième élément, il y a la question de l’indemnisation évidemment qu’on essaie de renforcer pour ne laisser personne sur le bord de la route et puis, il y a tout ce qui est aussi la recharge des élevages en canetons parce qu’on sait qu'il y a un problème d'effectifs, si je peux dire, puisque les endroits où produisait ces canetons ont été durement touchés, je pense aux Pays-de-Loire par l'influenza aviaire.

JOURNALISTE
Oui. On va reparler de ces indemnisations dans quelques instants ; on voit qu’il y a des mesures de prévention, vous l'avez dit, mais bon est-ce qu'elles suffisent aujourd'hui parce que quand même c'est répétitif et on a l'impression que ça ne s'arrête jamais ?

MARC FESNEAU
Alors il y a un peu sans doute le sentiment pour nos éleveurs du jour sans fin ou de la journée sans fin, je le reconnais volontiers. Alors, on est face à une épidémie, donc une épidémie et c'est toujours très difficile à contrôler de ce point de vue-là. Simplement, ce qu'on constate à date et cette année - là on n’est pas complètement sorti de la zone de danger puisqu'on a encore février mars qui sont un peu compliqués, on l’avait vu l'an dernier - c'est qu'on a quand même un épisode qui est beaucoup moins fort que l'an dernier grâce aux mesures et grâce aux éleveurs ; c'est à eux qu'il faut surtout rendre hommage et puis je le dis quand même, la mesure d'espoir par rapport à ce que vous dites, c'est qu'on est en train de travailler sur le protocole pour pouvoir permettre une vaccination au mois de septembre, laquelle vaccination peut porter des espoirs vraiment pour amoindrir des épisodes comme ceux qu’on connaît là.

JOURNALISTE
Oui le vaccin qui est expérimenté notamment à l'école vétérinaire de Toulouse, est-ce que les délais sont tenus ? Apparemment, il devrait sortir d'ici l'automne prochain, c'est ça, vous disiez septembre.

MARC FESNEAU
Oui, c’est l’objectif qu’on s’est fixé. Alors, après, il y a 4 épisodes, il y a 4 expérimentations en Europe dont en France sur un certain nombre de populations ; on a espoir qu'on aura des éléments tangibles. Les premiers éléments sont plutôt positifs .. ; au mois de mars et on fait un compte à rebours à partir d'aujourd'hui, enfin depuis début janvier, on fait un compte à rebours pour faire ensemble qu’on soit prêt pour le mois de septembre ; il faut produire le vaccin ; il faut regarder dans quelles conditions il est administré ; il faut regarder quels sont les élevages qui seront prioritaires ou le type d’élevage qui sera prioritaire, sans doute les endroits où il y a le plus de risques de contamination donc plutôt les palmipèdes que d'autres animaux. Enfin, c'est tout ça qu'on est en train de travailler ; l’objectif est bien que la saison prochaine, on puisse bien mieux couvrir le risque grâce à la vaccination.

JOURNALISTE
Est-ce que ça peut sauver la filière ? Est-ce que vraiment c'est une bonne solution ?

MARC FESNEAU
C’est la solution pour nous qui est une des solutions prometteuses. Les mesures sanitaires, alors, ce n’est pas le seul outil, on continue à avoir des mesures sanitaires mais les mesures sanitaires plus la vaccination et puis en attendant les indemnisations qui sont des éléments de stabilisation de la filière, tout doit concourir pour nous à sauver la filière, c'est pour cela qu'on l'a fait.

JOURNALISTE
On le rappelle pour les les éleveurs peut être inquiets qui nous écoutent, ça ne posera pas de problème ce vaccin pour la consommation des animaux vaccinés, vous le confirmez ?

MARC FESNEAU
Ça ne pose aucun problème. Alors, on a un sujet, à l'export, hors Union européenne, il y a certains pays qui ne sont pas d'accord avec la vaccination, c'est un vieux débat avec un certain nombre de pays mais globalement, il n’y a aucun risque sur la consommation humaine, les pratiques étaient différentes. Donc on travaille aussi sur l'export ; c’est un élément sur lequel Jean-René CAZENEUVE, le député du Gers, enfin tous ces sujets-là, on les a vus avec les parlementaires, en particuliers lui parce qu'évidemment c'est des filières qui sont exportatrices donc il faut pas qu'on se prive non plus de marché parce que nous aurions vacciné.

JOURNALISTE
Les éleveurs face à cette grippe aviaire, on en parlait, ils n’en peuvent plus ; les syndicats appellent à l'aide, écoutez, et après je vous fait réagir Sylvie COLAS, elle est éleveuse de volailles à Lectoure et porte-parole de la Confédération paysanne dans le Gers.

Intervention de Sylvie Colas

JOURNALISTE
Est-ce que vous allez parler aux éleveurs aujourd’hui ; clairement ils ne se sentent pas vraiment écoutés ?

MARC FESNEAU
Je suis assez étonné de ce genre de prise de position. 1,1 milliard d’indemnisation sur l’année 2022, mes équipes qui sont mobilisées 24 heures sur 24, moi qui suis au contact des éleveurs et de leurs représentants en permanence, on peut nous faire tous les griefs. C'est toujours commode et facile mais pas celui de plateau, au contact des éleveurs et d’essayer de solutionner des difficultés. Oui il y a des difficultés et je comprends la détresse et les difficultés dans lesquelles sont les éleveurs. C’est d’ailleurs pour ça qu’au quotidien nous oeuvrons pour essayer de trouver des solutions sur la vaccination, des solutions sur l’indemnisation, des solutions pour recharger des canetons, donc mauvais procès si je peux dire et à la limite peu importe. Moi ce qui m’intéresse c’est de répondre aux solutions des éleveurs et je n’ai pas envie de rentrer dans une polémique sur ces sujets-là, et je sors suffisamment de mon bureau régulièrement, c’est plutôt ma marque de fabrique, pour ne pas avoir de leçon à recevoir. Mais je reconnais volontiers que c’est le troisième épisode de grippe aviaire assez important, et qu’il puisse y avoir de la désespérance. Respecter les éleveurs, c’est leur donner un cap, c'est répondre à leurs sollicitations et c’est leur dire la vérité aussi parce que le y’a qu’à faut qu’on est un peu commun parfois et c'est pas comme ça qu’on répond à la détresse des gens.

JOURNALISTE
Et vous allez dans le Gers justement aujourd'hui.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 14 février 2023