Déclaration de M. Olivier Becht, ministre chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, sur le commerce extérieur, au Sénat le 7 février 2023.

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  • Olivier Becht - ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger

Circonstance : Débat sur les conclusions d’un rapport d’information de la délégation sénatoriale aux entreprises

Texte intégral

 

Mme le président. L’ordre du jour appelle le débat, organisé à la demande de la délégation aux entreprises, sur les conclusions du rapport Commerce extérieur : L’urgence d’une stratégie publique pour nos entreprises.

Je vous rappelle que, dans ce débat, le Gouvernement aura la faculté, s’il le juge nécessaire, de prendre la parole immédiatement après chaque orateur pour une durée de deux minutes ; l’orateur disposera alors à son tour du droit de répartie, pour une minute.

Monsieur le ministre, vous pourrez donc, si vous le souhaitez, répondre après chaque orateur, une fois que celui-ci aura retrouvé une place dans l’hémicycle.

Je donne tout d’abord la parole aux orateurs de la délégation sénatoriale aux entreprises, qui a demandé ce débat.

(…)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, je ne puis que partager le constat de l’aggravation de notre déficit extérieur, lequel a plus que doublé par rapport à l’année 2021, ce doublement étant quasi intégralement dû à la dégradation de la balance énergétique.

En effet, en 2022, notre parc nucléaire étant en grande partie indisponible du fait du rattrapage de la maintenance que nous n’avons pas effectuée durant les deux années de covid-19, nous avons été obligés d’importer de l’électricité, au lieu d’en exporter.

Nous avons dans le même temps subi de plein fouet, comme d’ailleurs la plupart de nos partenaires, la hausse des prix du pétrole et du gaz, qui, sur l’ensemble de l’année 2022, ont été multipliés par 2,1. Le prix du gaz a même connu une hausse de 148 %.

Nous sommes confiants sur le fait que cette situation très particulière va se résorber de manière naturelle : le parc nucléaire est de nouveau disponible à plus de 75%, et il le sera encore davantage dans les prochaines semaines. Nous sommes déjà redevenus exportateurs d’électricité, ce qui est une bonne nouvelle.

Pour le reste, nous sommes en train d’agir au niveau européen pour que le prix du gaz soit capé et pour que celui de l’électricité soit recalculé selon une formule permettant de rendre le tarif du mégawattheure acceptable.

Je suis optimiste : les efforts que nous réalisons avec nos partenaires européens nous rendront compétitifs pour les prix de l’énergie, cette dernière étant naturellement une composante importante de notre balance commerciale.

Mme le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Lienemann.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le déficit de la balance commerciale de la France est devenu abyssal. Celle-ci continue de se dégrader en dépit des discours martiaux du Président de la République, qui prétend que la réindustrialisation du pays est en marche…

Ne nous laissons pas égarer par une communication qui voudrait nous bercer de douces illusions. En réalité, le compte n’y est pas, et il faut changer de cap !

Les faits sont têtus : la part de la production manufacturière dans le PIB ne cesse de chuter. Certes, elle avait déjà diminué à 13,5% en 2019, comme les rapporteurs l’ont souligné, mais elle n’est plus que de 9% en 2021 ! À cet égard, notre pays est le dernier de l’Union européenne, à égalité avec la Grèce.

Oui, la principale cause de la dégradation du commerce extérieur est la désindustrialisation. (M. le ministre acquiesce.) Certes, s’y ajoute désormais la forte dégradation de la balance énergétique, causée par les hausses du gaz et de l’électricité, mais surtout par le fait que la France est redevenue importatrice d’électricité, alors qu’elle en était jusqu’à présent exportatrice. Qu’on le veuille ou non, c’est la conséquence de choix gouvernementaux calamiteux depuis dix ans.

L’horizon est loin de s’éclaircir, tant les perspectives d’évolution des prix de l’énergie sont inquiétantes. Ainsi, 42 % des entreprises industrielles estiment qu’elles verront leur facture énergétique doubler en 2023, ce qui, selon les prévisions, entraînerait une baisse de 1,5% de la production industrielle du pays.

Devant ces craintes, les propositions du Gouvernement ne sont pas de nature à changer la donne. Nous considérons qu’il en faut davantage. Il y a urgence, tout comme il y a urgence à nous soustraire aux règles de ce dramatique marché européen de l’énergie, totalement absurde et dangereux.

Pour autant, le cœur du problème est bien la désindustrialisation. À cet égard, nous partageons la proposition des rapporteurs de mettre en œuvre une stratégie globale de long terme pour le redressement du commerce extérieur et la réindustrialisation. Mais pour ce faire, il faut partir d’un bilan lucide et rigoureux.

Au premier chef, il importe de souligner l’inefficience des politiques développées par Emmanuel Macron, et largement soutenues par le Medef, le Mouvement des entreprises de France.

On nous disait : pour que la France retrouve sa compétitivité, il faut baisser le coût du travail et les impôts. Voilà dix ans que cette politique dite " de l’offre " est mise en œuvre et voilà dix ans que la balance commerciale et notre industrie plongent ! Cela devrait faire réfléchir et conduire à des remises en cause.

Eh bien non, il n’y en a jamais assez ! Errare humanum est, perseverare diabolicum. Excusez du peu, ce sont 150 milliards d’euros d’allégements de cotisations et d’impôts qui ont été accordés aux entreprises, et cela sans ciblage, que ce soit vers le commerce extérieur ou l’industrie, ni contrepartie en emplois ou en investissements.

Nous estimons qu’il faut mettre fin à ce gâchis d’argent public et réorienter ces crédits vers un soutien ciblé et durable, dans le cadre d’une véritable politique industrielle. Celle-ci doit associer les partenaires sociaux, les collectivités – notamment les régions, mais pas seulement elles –, l’éducation nationale, l’université et les centres de recherche et de formation.

C’est une mobilisation générale du pays qui s’impose. Cette nouvelle politique industrielle doit s’appuyer sur la création d’un véritable ministère de l’industrie, indépendant de Bercy, avec une administration propre, compétente, orientée vers cet objectif et qui travaillerait avec le Haut-Commissariat au plan.

Par ailleurs, nous pensons qu’il faut des plans de filière, bien sûr dans les domaines stratégiques, mais pas seulement. Ne négligeons surtout aucun secteur, même si les efforts doivent être gradués en fonction de leur exposition. C’est bien la diversité du tissu industriel qui permettra la réindustrialisation de notre pays, au travers de ses petites et grandes entreprises…

Mme le président. Votre temps de parole est terminé, ma chère collègue. (Mme Marie-Noëlle Lienemann s’exclame.) Vous pourrez intervenir de nouveau en réplique à la réponse du ministre.

La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. C’est vrai, pendant plus de vingt ans, du début des années 1990 au début des années 2010, notre pays a réalisé beaucoup d’efforts, et avec grand succès, pour se désindustrialiser.

Nous avons peut-être cru, tous gouvernements confondus, de gauche comme de droite, à ce que j’appellerai « le mirage chinois », qui nous a fait penser que nous serions plus compétitifs en allant produire ailleurs, pour moins cher.

Or nous avons été victimes de ce merveilleux effet de ciseaux : quand nous ne produisons plus chez nous, non seulement nous n’exportons plus nos produits, mais nous sommes en plus obligés d’importer ce qu’il nous faut. De ce fait, nous avons creusé de manière constante le déficit de notre balance des biens.

Aujourd’hui, ce mouvement de désindustrialisation est inversé.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Non !

M. Olivier Becht, ministre délégué. Si, madame la sénatrice ! Depuis trois ans, nous créons plus d’emplois industriels que nous n’en détruisons ; nous construisons plus d’usines que nous n’en fermons.

Sous l’impulsion du Président de la République a été lancé le plan France 2030, qui constitue un magnifique outil pour réindustrialiser notre pays.

J’en veux pour preuve les usines qui, aujourd’hui, sortent de terre, dans les semi-conducteurs à Crolles, près de Grenoble, dans la fabrication de paracétamol à partir de principes actifs avec séquences, dans l’Isère, ou encore, pour extraire du lithium, matière stratégique s’il en est, dans l’Allier ou dans le Bas-Rhin.

Oui, la réindustrialisation est en marche. Oui, elle prendra du temps, parce que l’on n’inverse pas vingt années de désindustrialisation en deux ans – il faudra bien une décennie –, mais le Gouvernement est à la tâche, sous l’autorité du Président de la République.

Mme le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Lienemann, pour la réplique.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Il me faudrait du temps pour déconstruire ce discours mirobolant sur la réindustrialisation !

Je ne nie pas que, grâce à l’intervention de l’État, certaines usines ont rouvert. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Des secteurs entiers sont décimés ! Franchement, la reconquête du médicament par le seul paracétamol n’est pas très crédible, comme les rapporteurs l’ont expliqué.

Monsieur le ministre, certains parlaient de " mondialisation heureuse ", même si tout le monde n’était pas béat devant la désindustrialisation, et surtout pas les syndicats. Comme vous l’avez dit, on prétendait qu’il n’était pas grave d’aller produire en Chine, pour moins cher…

Aujourd’hui, le temps est venu de rompre avec les politiques européennes qui font du libre-échange généralisé la règle, et pas seulement dans les échanges avec l’extérieur de l’Union européenne. En effet, il faut bien avoir à l’esprit que le gros du déficit de la France vient du commerce intra-européen. Au sein de l’Union européenne, le dumping social et fiscal fonctionnent à plein !

M. Fabien Gay. Très bien !

Mme le président. La parole est à Mme Daphné Ract-Madoux. (M. Michel Canévet applaudit.)

Mme Daphné Ract-Madoux. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, face au retour en force dans le monde d’un protectionnisme classique, couplé à un réarmement commercial inédit, il est plus que jamais nécessaire de bâtir une stratégie commerciale résolument ambitieuse, afin de garantir la compétitivité de nos entreprises à l’international.

Le travail prospectif mené par la délégation sénatoriale aux entreprises et ses rapporteurs est salutaire et permet d’inscrire ce sujet à l’agenda du débat public. Je souhaite donc féliciter Florence Blatrix Contat, Vincent Segouin et Jean Hingray de la qualité de leurs travaux et de leurs recommandations. C’est un travail d’autant plus important que, en matière commerciale, la sonnette d’alarme devrait être tirée depuis longtemps.

Ainsi, le déficit de la balance commerciale française s’est fortement aggravé en 2022, passant de 85 milliards d’euros à près de 164 milliards d’euros. Au-delà d’un phénomène structurel connu de longue date, le renchérissement de la facture énergétique, associé à la forte dépréciation de l’euro face au dollar, a fait plonger notre balance commerciale. Mes chers collègues, nous le savons, notre dépendance aux importations est problématique et remet en cause notre souveraineté.

Si l’on met de côté la question préoccupante de l’énergie, notre déficit structurel s’est creusé dans des proportions inquiétantes. Fleuron français, l’aéronautique voit sa balance excédentaire passer de 31 milliards d’euros à 20 milliards d’euros entre 2019 et 2022, soit une chute de 35% sur trois ans…

Ces chiffres symptomatiques d’une politique commerciale touchée par un mal profond sont aggravés par une concurrence internationale acharnée.

Avec la fin des restrictions sanitaires, Pékin renoue avec sa politique commerciale offensive, en misant sur sa main-d’œuvre peu qualifiée et ses géants industriels ultra-compétitifs.

Washington a récemment adopté l’Inflation Reduction Act, doté de 370 milliards d’euros, visant à soutenir les entreprises américaines produisant éoliennes, panneaux solaires et véhicules électriques.

Avec nos partenaires européens, nous devons agir rapidement pour permettre à nos entreprises de continuer à trouver des débouchés sur les marchés internationaux en restant compétitives.

Je salue à ce titre l’action du Gouvernement ayant conduit, au niveau européen, à la mise en œuvre d’un plan industriel communautaire pour un Pacte vert, présenté par la Commission mercredi dernier. La création d’un fonds européen de souveraineté à destination de nos acteurs économiques est ainsi un signal fort envoyé par la Commission.

En complément, à l’échelon national, nous devons mieux accompagner à l’international nos TPE, PME et ETI. La mise en œuvre de la Team France Export, dans la lignée de la stratégie de Roubaix de février 2018, est par exemple un véritable succès. C’est désormais un outil clé, qui a accompagné plus de 10 500 PME et ETI françaises en 2021.

Si nous ne pouvons que nous féliciter de ces réformes et de ces avancées, il reste tant à faire, mes chers collègues ! Trois recommandations du rapport me semblent devoir être soutenues à cet égard.

Tout d’abord, nous devons continuer d’investir dans la formation dans le secondaire et le supérieur, afin de doter nos entreprises de professionnels agiles et à l’aise à l’international pouvant faciliter l’insertion de nos entreprises sur les marchés extérieurs.

Ensuite, nous devons mieux identifier les vulnérabilités d’approvisionnement, en utilisant les données douanières européennes. C’est une condition impérative pour garantir notre souveraineté commerciale.

Enfin, il est urgent de définir une vision stratégique à horizon de 2040, voire de 2035, en matière de commerce extérieur, afin de nous attaquer aux racines structurelles de notre déficit.

Cette vision doit s’appuyer sur deux piliers principaux : d’une part, une meilleure synergie entre les nombreux et différents dispositifs existants, pour une politique plus efficiente ; d’autre part, l’inscription dans une loi de programmation des objectifs précis de réduction du déficit, afin de bâtir une trajectoire lisible et cohérente pour l’ensemble des acteurs.

Mes chers collègues, nous le savons, le chantier est immense.

Mme le président. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Daphné Ract-Madoux. Il nous appartient de le mener avec un engagement total. (Applaudissements au banc des commissions.)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la sénatrice, je partage évidemment avec vous un certain nombre de constats.

En dehors de la situation exceptionnelle due à la facture énergétique, notre balance des biens connaît un déficit structurel, lequel s’explique pour une grande part, comme nous venons de le dire, par la désindustrialisation, et, pour une autre part, par la faiblesse de nos PME à l’exportation. C’est un sujet sur lequel nous travaillons avec la Team France Export.

Vous avez parlé de la formation. J’évoquerai aussi la culture de nos chefs d’entreprise à l’international. Peut-être parce que notre pays est agréable et que l’on s’y sent bien, nous avons en France la particularité de ne pas être instinctivement tournés vers l’international. Il y a là un véritable travail à faire, me semble-t-il.

Le temps m’étant compté, je veux plus particulièrement parler sur l’aéronautique. Vous avez souligné qu’il manquait aujourd’hui un peu moins de 10 milliards d’euros par rapport aux chiffres d’avant-covid pour cette filière.

Nous sommes là véritablement devant un phénomène conjoncturel, avec la baisse d’activité du secteur durant la crise du covid-19, mais aussi avec la pénurie de semi-conducteurs, qui a empêché la livraison de très nombreux avions ; le président d’Airbus, avec lequel je me suis entretenu avant-hier soir au téléphone, me l’a confirmé.

Cependant, nous estimons que ce retard pourra être rattrapé sur l’année 2023. Il y a plus de 7 200 avions dans les carnets de commandes. Nous pouvons donc être tout à fait confiants sur l’avenir du secteur aéronautique, qui récupérera le niveau d’avant-crise très prochainement.

Mme le président. La parole est à Mme Guylène Pantel.

Mme Guylène Pantel. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, " Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… " (Sourires.) La chanson d’Aznavour s’appliquerait parfaitement à l’histoire de notre balance commerciale ces dernières décennies.

Si les déficits de l’État et de la sécurité sociale ont bientôt un demi-siècle, en matière commerciale, la France était restée exportatrice nette de biens jusqu’au début des années 2000.

À l’époque du gouvernement Jospin et de la gauche plurielle, notre pays était encore une grande puissance commerciale en Europe et dans le monde. Depuis lors, notre balance commerciale n’a cessé de se dégrader. Un cap supplémentaire a été franchi depuis la crise sanitaire, avec un déficit commercial qui a dépassé 80 milliards d’euros en 2021 et qui aurait explosé à plus de 150 milliards d’euros en 2022, en particulier, il est vrai, à cause de la crise énergétique entraînée par la guerre en Ukraine.

Comment expliquer ce phénomène désormais structurel ? Il faut mettre au crédit de la délégation sénatoriale aux entreprises de s’être penchée sur cette question épineuse, mais si importante pour l’avenir de notre pays.

Au sein d’une Union européenne qui équilibre à peu près ses comptes extérieurs, la France apparaît à la remorque de l’Allemagne, et même de l’Italie, deux pays qui ont su conserver une balance commerciale positive.

Il y aurait des choses à dire sur le bien-fondé d’un commerce allemand aussi fortement excédentaire, revers d’une consommation intérieure atone et symbole d’une politique qui se fait parfois au détriment de ses partenaires européens. Ces questions sont débattues depuis des années, avec les crises qui ont secoué la zone euro.

Toutefois, cela ne doit pas nous empêcher de regarder certaines réalités en face et de trouver des solutions aux faiblesses structurelles de l’économie française. Le Brexit a probablement renforcé ces difficultés, car c’est avec le Royaume-Uni que nous avions notre plus important excédent commercial. Au passage, je rappelle tout de même que le coût principal du Brexit est pour le Royaume-Uni lui-même.

Le déficit commercial de la France n’est pas dû seulement à la facture énergétique. Cette dernière représente une part, certes importante, mais les pertes de parts de marché à l’exportation se sont accumulées dans de nombreux secteurs sur le long terme.

Cet affaiblissement touche aujourd’hui non seulement l’industrie, mais aussi le secteur agroalimentaire. En outre, le rapport a mis en lumière les risques qui pèsent sur les services avec le phénomène de « télémigration », qui a commencé par la généralisation du télétravail. Mesure-t-on encore bien son ampleur ?

Le secteur des services est pourtant un domaine où la France reste exportatrice : si l’on prend la balance courante, et plus seulement la balance du commerce de biens, le déficit en 2021 est ramené à une vingtaine de milliards d’euros « seulement ». C’est une nuance intéressante face aux discours souvent alarmistes. Malgré tout, notre position extérieure nette n’a cessé de se dégrader sur une longue période.

Les faiblesses de nos PME à l’export ne sont pas nouvelles. La France continue de manquer de grosses PME exportatrices comme il y en a en Allemagne et en Italie.

Certains ont voulu incriminer la monnaie unique et l’absence de zone monétaire optimale, mais les difficultés similaires rencontrées par le Royaume-Uni, qui n’a jamais été dans la zone euro, montrent que cette question est plus complexe.

Face à tous ces défis, que faire ? J’identifierai trois axes d’action.

Tout d’abord, il nous faut accompagner la remontée en gamme de notre production. Nous devons impérativement améliorer la qualité moyenne de nos produits dans de nombreux secteurs. Hormis quelques domaines d’excellence, l’économie française se situe trop souvent dans la moyenne gamme, ce qui la handicape. Cela nécessite d’importants investissements, tant publics que privés.

Ensuite, nous devons aménager notre cadre réglementaire et fiscal. Un amendement proposé par mon groupe lors de la discussion de la dernière loi de finances visait ainsi à préserver la souveraineté économique dans le secteur des services numériques face aux risques de prise de contrôle hostile. Il faut également se pencher sur les modalités de transposition des directives européennes. Dans ce domaine, le Sénat pourrait lui-même lutter contre sa propre tendance à la surtransposition.

Enfin, et surtout, la réindustrialisation doit aujourd’hui être le levier de la transition écologique. À cet égard, les pouvoirs publics, État et collectivités territoriales, ont un rôle crucial à jouer.

Voilà les quelques remarques que je souhaitais formuler au nom du groupe RDSE et qui sont loin d’épuiser ce vaste sujet. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la sénatrice, vous me permettrez de ne pas être d’accord avec un certain nombre de vos propos.

Tout d’abord, nous connaissons une situation particulièrement conjoncturelle en ce qui concerne l’énergie. C’est vrai d’ailleurs pour l’ensemble de nos partenaires européens, y compris pour l’Allemagne, qui est habituellement très excédentaire, mais qui va voir ses excédents fondre de plus de 100 milliards d’euros, ainsi que pour l’Italie, qui était également habituée aux excédents, mais qui va se trouver, comme nous, avec un déficit commercial assez important.

Ensuite, mon autre point de désaccord porte sur la situation de l’agroalimentaire. Ce secteur est excédentaire en France, à hauteur de 10 milliards d’euros, dont 2 milliards d’euros de plus en 2022. C’est dire si nous avons des filières qui sont très dynamiques ; outre les vins et spiritueux, il y a notamment les céréales et l’élevage. Ce sont de bonnes nouvelles pour le commerce extérieur français.

En revanche, j’en suis d’accord, le tissu français de PME et PMI est plus faible que celui de l’Allemagne ou de l’Italie. Surtout, nos PME-PMI sont très peu portées vers l’exportation. C’est le grand problème que nous devons résoudre.

Néanmoins, si la réindustrialisation de notre pays doit prendre au moins une décennie, comme je l’ai souligné, nous pouvons améliorer les capacités exportatrices de ces entreprises dans des délais moindres. C’est le défi de la Team France Export, notamment.

Mme le président. La parole est à Mme Marta de Cidrac. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Marta de Cidrac. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le lent déclin de notre balance commerciale porte en lui nombre des maux qui affectent l’économie française depuis plusieurs décennies : désindustrialisation, fiscalité écrasante sur la production et la transmission d’entreprises, manque d’intermédiaires entre petites ou moyennes entreprises et entreprises du CAC 40, lourdeurs et complexités administratives.

Bref, nous traînons ces fers aux pieds depuis bien trop longtemps, et je me réjouis que nos collègues de la délégation aux entreprises se soient penchés sur ce problème.

Je salue ainsi le travail des rapporteurs, qui a pu aboutir à des propositions concrètes, lesquelles, je l’espère, seront entendues et encouragées, car le constat est sévère, mais hélas réaliste : la France n’exporte pas assez ! Les chiffres, particulièrement mauvais ces dernières années, parlent d’eux-mêmes.

Le déficit commercial, de 84 milliards d’euros en 2021, atteindra le chiffre record de 160 milliards d’euros en 2022. Dans la période pré-covid, il était solidement ancré autour des 60 milliards d’euros, avec un plongeon significatif de 15 milliards d’euros de déficit supplémentaire entre 2016 et 2017.

À la racine de ce mal français, il y a la faible part de l’industrie dans le produit intérieur brut. Et elle n’a cessé de plonger : aujourd’hui, elle n’est que de 13,5%, quand la moyenne européenne se situe autour de 15%. Pour rappel, ce ratio est de 24,2% en Allemagne, de 19,6% en Italie et de 15,8% en Espagne. Vous trouverez tous ces chiffres dans l’excellent rapport de mes collègues Florence Blatrix Contat, Jean Hingray et Vincent Segouin.

Revenons quelques années en arrière, lorsque certains théoriciens de l’économie prédisaient que « ce monde qui vient » serait celui des services et non plus celui de l’industrie, avec cette idée folle, relayée par les mêmes auteurs, que les pays développés devaient délocaliser leurs productions à l’étranger pour ne garder que les services.

Malheureusement, chacun a pu constater l’hémorragie qui a suivi. Notre industrie a payé un lourd tribut à ces idées mortifères, perdant 10 points dans la part du PIB qu’elle occupait. Pour mémoire, mes chers collègues, le déficit commercial de la France était jusqu’alors inférieur à celui de l’Allemagne.

Exemple symptomatique, comment expliquer que, aujourd’hui, les constructeurs automobiles français, parmi les plus importants au monde, pèsent si peu dans les exportations nationales ?

Notre industrie automobile s’est délocalisée depuis vingt ans, attirée par le coût attractif de la main-d’œuvre étrangère. Dans le même temps, l’industrie automobile allemande s’est appuyée sur les anciens pays d’Europe centrale et orientale, devenus leur « arrière-boutique », tout en conservant un assemblage final en Allemagne. C’est donc du Made in Germany.

Résultat, notre balance commerciale automobile n’a plus été excédentaire depuis 2004 et – comble de l’ironie – certains constructeurs français sont devenus importateurs sur le marché national. Nous devons être interpellés par ces exemples, que l’on pourrait multiplier dans bien des domaines pour les dernières décennies.

De ce triste constat, un autre découle : les productions étrangères affluent maintenant en quantité sur le territoire national ; nous sommes devenus un pays d’importation de denrées et de produits du bout du monde, dans des emballages du bout du monde.

Notre déficit commercial n’évalue pas cette donnée, mais nous importons les déchets de demain, ceux-là mêmes qui n’ont créé ni emplois, ni richesse, ni savoir-faire dans notre pays.

Monsieur le ministre, je plaide pour que nos politiques publiques prennent conscience de ce fait d’importance et soutiennent la création d’une puissante filière industrielle française compétitive et innovante de traitement des déchets.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. C’est très juste !

Mme Marta de Cidrac. Dans un contexte de rareté et de diminution des ressources mondiales, il nous faut repenser notre rapport aux déchets ; leur valorisation nous permettra de garder un levier important sur les ressources dans l’avenir.

Ainsi, développer une puissante filière française du recyclage et du réemploi nous conduira à créer des emplois, à encourager le développement économique de nos territoires et à modifier notre approche des échanges commerciaux.

Notre pays a de nombreux atouts à faire valoir pour retrouver de la compétitivité et garantir sa souveraineté. Nos politiques publiques doivent en tenir compte et les valoriser, pour que la France redevienne une grande puissance commerciale.

Sortons de cette « mondialisation heureuse » qui nous a fait si mal et redécouvrons un État-stratège qui garantit notre souveraineté et notre autonomie stratégique. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la sénatrice, je partage votre constat sur la désindustrialisation, ainsi que votre préoccupation quant à la valorisation et au traitement des déchets. Nous avons besoin d’une politique industrielle dans ce domaine, et cela fait partie des orientations du plan France 2030, notamment pour ce qui concerne les matériaux.

Il s’agit d’une étape indispensable à la mise en place de cette économie circulaire que nous appelons de nos vœux pour protéger l’environnement et lutter contre le réchauffement climatique. Vous le voyez : nos analyses respectives sont proches.

En ce qui concerne l’automobile, les derniers chiffres sont plutôt encourageants : dans cette année très particulière, marquée par le manque de semi-conducteurs, le secteur a retrouvé sa situation de la période précédant la crise du covid-19. Le retard de l’année précédente a été rattrapé, ce qui est une bonne nouvelle.

Mme le président. La parole est à Mme Marta de Cidrac, pour la réplique.

Mme Marta de Cidrac. Vous êtes d’accord avec mes propos ; je le suis avec les vôtres !

J’insiste encore sur un fait central : nous importons beaucoup et nous n’exportons pas assez. Soutenons donc des talents et des savoir-faire typiquement français, nés de cette situation même, car nous pourrions les exporter dans de nombreux pays, y compris en Europe.

De très belles entreprises concourent à faire émerger ces talents – des grandes entreprises, mais aussi des PME et des TPE. (Mme Marie-Noëlle Lienemann approuve.)

Mme le président. La parole est à Mme Vanina Paoli-Gagin.

Mme Vanina Paoli-Gagin. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le creusement progressif de notre déficit commercial dure depuis tant d’années que certains s’y sont presque habitués, allant jusqu’à le qualifier de « structurel » !

Chaque année, ce déficit s’enlise, et il devient urgent de redresser la barre ; chaque année, les mauvais choix des trois dernières décennies en matière de politique industrielle se rappellent à nous.

Pourtant, les alertes se sont multipliées, à l’instar du rapport déposé en 2018 par mon collègue Jean-Pierre Decool sur la pénurie de médicaments, qui demeure malheureusement d’actualité.

La crise de la covid-19 a braqué les projecteurs sur notre décrochage industriel et sur la perte de compétitivité de nos entreprises ; elle a posé une lumière crue sur le vieillissement de notre appareil productif, sur les délocalisations de nos emplois, sur la fuite ininterrompue de nombre de nos talents et sur l’inadéquation de notre positionnement de milieu de gamme.

Alors que nous sommes confrontés de plein fouet aux pénuries, au renchérissement du coût de l’énergie et à notre dépendance aux importations, les manquements de notre politique commerciale nous obligent. S’accorder sur un même constat est un premier pas ; à ce titre, l’état des lieux des 900 postes et produits affichant un déficit supérieur à 50 millions d’euros, préparé par le Haut-Commissariat au plan, est utile. Désormais, nous devons agir, et vite.

L’étude de notre balance commerciale pose aussi la question de notre politique dédiée à la recherche. " Oublier Lisbonne et mourir ", c’est un peu ce que nous avons fait, hélas, monsieur le ministre. Je vous le rappelle, l’Europe devait alors devenir " l’économie […] la plus compétitive du monde en 2010 " et nous devions consacrer 3% de notre PIB à la recherche et développement (R&D). La France est malheureusement encore loin du compte !

Pourtant, les chiffres montrent que les entreprises actives en R&D exportent plus : en France, celles-ci doivent 31% de leur chiffre d’affaires à l’export, contre 23% pour l’ensemble des entreprises. Cette tendance est plus flagrante encore concernant les PME : celles qui sont actives en R&D réalisent 29% de leur chiffre d’affaires à l’export, contre seulement 10% pour l’ensemble de la catégorie.

Même si des lourdeurs bureaucratiques freinent toujours son déploiement, je place mes espoirs dans le plan France 2030, lequel met l’accent sur la formation et sur la recherche, à l’instar de la loi de programmation de la recherche (LPR), dans des domaines stratégiques. Parmi ceux-ci, le spatial, la décarbonation de l’industrie et la santé sont autant de secteurs dans lesquels la France doit rapidement se positionner.

Développer une stratégie française en faveur de la recherche répond à un enjeu de souveraineté majeur. Pour autant, nous avons de bonnes raisons d’espérer : dans certains domaines, la France est même très bien positionnée, comme dans le luxe, dans l’agroalimentaire ou dans d’autres secteurs encore, qui représentent fièrement notre pays à l’international.

Parmi ceux-ci, je voudrais saluer la filière du jouet et du jeu de société. Il s’agit de tout un écosystème de talentueux professionnels dont on parle peu et qui s’emploient à soutenir la dynamique de cette florissante industrie partant à la conquête des marchés internationaux. J’ai ainsi à l’esprit l’entreprise Ferriot Cric, à Mussy-sur-Seine, dans l’Aube.

Le Festival international des jeux (FIJ) se tiendra à Cannes à la fin du mois ; sa précédente édition avait réuni 80 000 passionnés du monde entier. Cette réussite du made in France souligne l’urgence de rapatrier certaines productions, comme les éléments magnétiques ou les puces électroniques.

Si ces exemples nous donnent de l’espoir, ils ne peuvent malheureusement faire oublier la gravité de la situation. Le statu quo n’est plus permis.

Le rapport d’information Transformer l’essai de l’innovation : un impératif pour réindustrialiser la France, dont j’étais le rapporteur, dénonce le saupoudrage d’aides publiques, mais aussi les délais d’autorisation de mise sur le marché (AMM), incompatibles avec le développement rapide de secteurs technologiques innovants.

En matière de biocontrôles – ces substituts aux pesticides –, domaine dans lequel la France est innovante, il faut ainsi sept à dix mois et 7 000 dollars pour homologuer un produit aux États-Unis, grâce à la procédure fast track, quand dix-huit mois au moins, et plus souvent trente-six mois, sont nécessaires pour le faire auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA), à des coûts bien supérieurs. Encore faut-il alors passer par la Belgique, car notre propre agence, l’Anses (Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), est saturée.

Cette situation pose vraiment un problème indirect à notre commerce extérieur, car elle coûte à nos entreprises, qui subissent des décalages dans leur plan d’affaires et qui perdent leur avance compétitive. Je forme le vœu que l’Inflation Reduction Act européen apporte les améliorations nécessaires pour arrêter l’hémorragie.

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la sénatrice, je suis d’accord avec vous sur de nombreux points, notamment pour estimer qu’il est nécessaire d’agir, et vite. C’est ce que nous faisons en matière d’innovation, grâce au plan France 2030.

Vous avez parfaitement raison, il faut relocaliser certains secteurs stratégiques, tels que les semi-conducteurs, les médicaments essentiels ou encore les composants nécessaires à la transition énergétique – les batteries, notamment, et les matières premières nécessaires pour les fabriquer.

Pour autant, nous n’allons pas tout relocaliser, car nous devons nous garder de nous lancer dans une nouvelle compétition en matière de coûts. Il y aura toujours demain des pays dans le monde – si ce n’est pas en Asie, ce sera en Afrique – qui fabriqueront des produits à faible valeur ajoutée à des coûts bien moins importants que ceux que nous pourrions obtenir en France.

Il est donc important d’orienter la réindustrialisation, hormis les matières stratégiques, vers l’innovation, c’est-à-dire vers les produits qui porteront la croissance des prochaines décennies.

C’est ce que nous faisons dans le cadre de France 2030 pour les biotechnologies, ainsi que pour les énergies et les mobilités du futur. C’est notre combat, et vous pouvez compter sur le Gouvernement pour agir, et vite, dans ce domaine.

Mme le président. La parole est à Mme Vanina Paoli-Gagin, pour la réplique.

Mme Vanina Paoli-Gagin. Ces mots sont doux à mes oreilles, monsieur le ministre, mais je dois tout de même relever que nos réglementations et nos délais d’homologation sont un caillou dans la chaussure des innovateurs de notre pays.

Ceux-ci partent en ce moment au Canada ou aux États-Unis ; là-bas, on leur construit des usines payées à 80 %, on leur garantit un prix de l’électricité pour dix ans et on leur permet d’homologuer leurs produits, lesquels reviendront en Europe, et en France, grâce aux procédures de l’OCDE.

Leur production sera-t-elle rapatriée pour autant ? Je le souhaite, mais cela n’est pas certain. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi qu’au banc des commissions.)

Mme le président. La parole est à M. Daniel Salmon. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Daniel Salmon. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre pays affiche un déficit record, qui atteint plus de 150 milliards d’euros à la fin de 2022, comme le soulignent justement les auteurs de ce rapport.

Les raisons des contre-performances à répétition du commerce extérieur français sont connues. Celui-ci est déficitaire depuis près de vingt ans ; l’envolée de la facture énergétique, le ralentissement du commerce mondial et la dépréciation de l’euro face au dollar ont accentué son plongeon.

Ce sont évidemment les achats d’énergie, notamment d’hydrocarbures, et les importations d’électricité qui pèsent le plus dans le creusement de ces derniers mois. Permettez-moi donc de centrer mon discours sur cette question énergétique, qui constitue l’une des raisons majeures de notre vulnérabilité actuelle et de notre déficit commercial.

Je le rappelle, près des deux tiers de notre consommation énergétique dépendent encore des énergies fossiles, dont une partie est toujours importée de Russie. Cette situation de dépendance, mortifère pour le climat comme pour la paix et critique pour nos comptes publics, n’épargne pas non plus le pouvoir de vivre de nos concitoyens.

L’objectif de la Commission européenne, au travers du plan REPowerEU, qui vise à nous permettre de nous passer du pétrole, du gaz et du charbon russes d’ici à 2027, est louable, mais ce réveil est tardif.

Les importations d’électricité pèsent également dans l’accentuation du déficit constatée ces derniers mois, en raison, notamment, de l’indisponibilité de nombreux réacteurs nucléaires.

Ces faits me conduisent à rappeler l’impérieuse nécessité du déploiement des énergies renouvelables (EnR), d’abord pour retrouver notre souveraineté énergétique, ensuite pour contribuer à la bonne santé de notre balance commerciale.

Alors que les EnR constituent une source d’électricité bas-carbone et compétitive pouvant être déployée massivement sur le territoire à l’horizon de 2030, nous ne pouvons que déplorer notre faiblesse en la matière, et cela à plusieurs niveaux. Les importations d’électricité s’accompagnent en effet de l’importation des moyens de production et, bien sûr, de la faiblesse de nos exportations.

S’agissant de l’éolien, les Danois et les Allemands sont à l’avant-garde du marché mondial, alors qu’aucun Français ne figure parmi les dix premiers producteurs.

En matière de photovoltaïque, c’est la Chine qui monopolise aujourd’hui toutes les étapes de la chaîne de production, en pratiquant du dumping social et environnemental, sans que la Commission européenne y trouve rien à redire. Le pays a investi plus de 50 milliards de dollars dans le développement du secteur dès 2011, soit dix fois plus que l’Europe, et sa part sur le marché mondial dépasse les 80%, alors que l’Union européenne importe 84% de ses équipements.

La Chine domine à présent l’ensemble des chaînes d’approvisionnement de ces technologies essentielles à la transition. Outre le solaire, c’est le cas pour les véhicules électriques et le stockage d’électricité.

Dans le domaine de l’hydroélectricité, notre pays ne tient pas non plus son rang en matière d’exportation de sa technologie.

Alors que la France et l’Europe accumulent un retard préoccupant sur ces questions majeures, le plan anti-inflation adopté en 2022 aux États-Unis, qui vise à combattre le changement climatique, favorise la relocalisation industrielle dans des secteurs stratégiques de la transition.

Cet Inflation Reduction Act met en place un arsenal de mesures incitatives, notamment via des crédits d’impôt, à l’investissement et à la production d’équipements de transition énergétique, pour une enveloppe de 369 milliards d’euros, avec l’objectif de construire une capacité intégrée de 50 gigawatts d’ici à 2030. Ce n’est pas rien !

Face à ces subventions massives en faveur de la relocalisation de la fabrication des moyens de production d’EnR de la part des autres grandes puissances, quelles initiatives la France va-t-elle enfin engager pour relocaliser à son tour toute la chaîne de valeur, monsieur le ministre ? Comment notre pays se donne-t-il les moyens de redevenir constructeur et exportateur dans ces filières qui, hélas, n’ont jamais été soutenues ?

Si la France veut sécuriser son découplage énergétique avec la Russie et rester dans la course menée par la Chine et les États-Unis en matière de transition, elle doit reconstruire une base industrielle sur son territoire, en la tournant résolument vers la transition écologique. Cela passe par la fabrication des équipements au plus près, mais aussi par la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe, en privilégiant l’industrie, plutôt que la libre concurrence.

Oui, le combat contre le changement climatique doit favoriser plus que jamais la relocalisation de la production dans ces filières clés. Les industriels actifs dans la transition ont besoin de visibilité pour engager des investissements très coûteux en capital.

Vous annoncez pour cette année un projet de loi visant à favoriser une industrie verte, lequel devrait offrir l’occasion de répondre à ces défis majeurs. Pourtant, à défaut d’amorcer un réel changement de paradigme dans les politiques publiques, d’introduire de la conditionnalité à l’attribution des aides publiques et d’investir massivement dans les EnR, ce vœu restera pieux. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mme Marie-Noëlle Lienemann applaudit également.)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Monsieur le sénateur, je vous communique tout d’abord un élément d’information : pour ce qui concerne le pétrole brut russe, nous sommes arrivés à 0 %. Autrement dit, nous n’importons plus de pétrole brut russe en France actuellement. De même, nous ne soutenons plus les énergies fossiles, que ce soit à l’export ou autrement.

Nous partageons un constat : il n’y aura pas de réindustrialisation possible sans une énergie abondante et peu chère. Pour en disposer, nous devons être présents à la fois dans les énergies renouvelables et dans les énergies bas-carbone, afin de répondre à la demande, qui sera probablement croissante dans les prochaines années.

Le plan France 2030, qui vise à soutenir la réindustrialisation, a permis de mettre en place les mesures nécessaires pour nous donner un temps d’avance en matière technologique par rapport à nos principaux compétiteurs. Cela concerne l’éolien offshore, mais aussi les nouveaux réacteurs nucléaires, notamment les petits réacteurs modulaires (PRM).

En ce qui concerne l’Inflation Reduction Act, il est évident que la réussite de ce que nous engageons au niveau européen repose sur une concurrence équitable et loyale de la part de nos alliés américains. Nous sommes en discussion avec les États-Unis à ce sujet. En parallèle, nous montons un plan européen, dans la perspective de la réunion du Conseil européen de la fin de la semaine.

Je suis particulièrement confiant quant au fait que nous parviendrons à trouver, ensemble, les réponses nécessaires pour garantir la compétitivité de nos entreprises dans ces secteurs, en Europe et particulièrement en France.

Mme le président. La parole est à M. Daniel Salmon, pour la réplique.

M. Daniel Salmon. Monsieur le ministre, nous avons un désaccord de fond : pour moi, l’investissement dans le nucléaire conduira à de nouveaux retards dans le développement des EnR.

S’agissant du commerce extérieur, je suis président du groupe d’amitié France-Népal ; je me suis d’ailleurs rendu à Katmandou en septembre dernier. Ce pays a un potentiel gigantesque en hydroélectricité, atteignant plus de 50 gigawatts, et attend des partenaires. La France, avec EDF, est engagée en ce sens depuis des années, avec un projet qui patine et n’avance pas.

Autre exemple, Katmandou a besoin d’un téléphérique. Une société iséroise, Poma, s’est lancée, mais ce chantier n’avance plus depuis des années. Nous devons être plus offensifs pour débloquer ces marchés, qui seraient véritablement excellents pour le commerce extérieur français. (Applaudissements sur les travées des groupes GEST et CRCE.)

Mme le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne.

M. Jean-Baptiste Lemoyne. Monsieur le ministre, aujourd’hui, ce n’est pas la Saint-Olivier, mais entre ce débat et les chiffres publiés ce matin par la douane, c’est bien votre journée ! (Sourires.)

Un nouveau record a donc été atteint en matière de déficit commercial : 163 milliards d’euros. C’est devenu un marronnier : depuis vingt ans, on verse chaque mois de février des larmes de crocodile sur les chiffres du commerce extérieur, parce que la tendance est lourde.

Pour autant, l’examen attentif de ces résultats doit nous inciter à ne pas perdre espoir, car le chiffre porté en pied de colonne dissimule bien des nuances et des surprises. Nous devons conserver en tête ces éléments pour bâtir l’approche stratégique que les rapporteurs appellent de leurs vœux.

Tout d’abord, je le répète, l’énergie prend une part importante dans ce déficit, dont 80 % sont dus au renchérissement de la facture énergétique. En mettant les bouchées doubles sur la transition énergétique, on apporte donc une réponse structurelle à cette situation.

Imaginez le monde de demain avec une France autonome en énergie ! La Banque de France, qui publiait également un certain nombre de données ce matin, indique ainsi que le déficit concernant les biens hors énergie est stable, à 24 milliards d’euros. (M. le ministre acquiesce.)

Dans ce contexte, il est important de ne pas se laisser doubler par nos partenaires d’outre-Atlantique. À cette fin, le Green Deal Industrial Plan est capital, pour assouplir jusqu’en 2025 les règles sur les aides d’État.

Ensuite, il faut relever l’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices. Lorsque nous avons lancé la stratégie Team France Export (TFE) en 2018, nous avions pris le pari d’augmenter leur nombre.

Or le pari est tenu : de 123 000 entreprises exportatrices en 2017, nous sommes passés à 144 000 actuellement, soit une augmentation de 21 000 unités ou de 17%. La vie étant bien faite, les exportations augmentent, quant à elles, de 18 %. Une part de cette croissance est bien sûr liée aux prix, mais une autre revient bien à ces entreprises.

Il nous faut maintenant nous assurer que ces nouveaux exportateurs le restent dans la durée ; pour cela, le rôle du volontariat international en entreprise (VIE), véritable école d’application de l’export, est décisif, comme l’est celui de la TFE.

Je tiens ici à saluer l’engagement des régions, de Business France, des chambres de commerce et d’industrie France International (CCIFI), de Bpifrance, des conseillers du commerce extérieur, des opérateurs spécialisés du commerce international (OSCI), ainsi que des " Ambassadeurs " de la TFE. Une dynamique s’est mise en place, qui nous permettra d’aller de l’avant.

Il va falloir en effet faire encore plus et encore mieux, car les exportations mondiales croissent plus vite que les nôtres, ce qui tend à réduire notre part de marché.

De plus, nous devons continuer à mener une politique commerciale exigeante vis-à-vis de nos partenaires européens et internationaux. La réciprocité ou la souveraineté étaient encore il y a quelques années considérées comme de gros mots dans les antichambres bruxelloises, mais j’ai le sentiment que cela a évolué et que l’on va vers plus d’équité dans certains accords, notamment commerciaux.

En juin 2022, les ministres de l’agriculture se sont ainsi entendus sur le principe des clauses miroirs. Il faut maintenant que les acteurs du commerce au sein de la Commission prennent cela en compte, car certains accords modernisés, dits « de nouvelle génération », ne le sont pas suffisamment à nos yeux. Nous devons être encore plus volontaristes, afin que nos normes nationales s’imposent au niveau non seulement européen, mais aussi mondial.

J’en viens à la nécessaire relocalisation d’activités industrielles et à la planification que permet le plan France 2030. Il est vrai que l’on constate, à la suite de la crise de la covid-19, un ajustement dans les chaînes de valeur et des relocalisations à l’œuvre, auxquelles le Gouvernement donne une force d’impulsion. Cela concerne les microprocesseurs, mais on pourrait également évoquer les membranes d’électrolyseurs permettant de produire de l’hydrogène décarboné.

De même, l’attractivité du site France doit être soutenue. Certaines mesures en ce sens ont été prises depuis plusieurs années. Pour autant, ne soyons pas naïfs : nous devons étudier les investisseurs, car un filtrage est nécessaire, s’agissant notamment de certains investissements stratégiques.

Ajoutons que, dans le monde de rerégionalisation des échanges dans lequel nous vivons, nous bénéficions de la force que nous confèrent les filiales françaises établies à l’étranger. Le made in France doit ainsi être complété par le made by France, si j’ose dire. Tous ces entrepreneurs français établis hors de France participent à leur façon à notre présence à l’international, qui est très différente de celle de nos amis allemands ou italiens.

Enfin, nos exportations de services constituent un véritable atout, notamment dans le secteur du tourisme : notre solde des transactions courantes était positif en 2021 et il l’aurait été plus encore en 2022 sans le renchérissement de la facture énergétique, puisqu’il a été multiplié par deux, pour atteindre 17 milliards d’euros.

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Monsieur le sénateur, je tiens tout d’abord à rendre hommage au travail que vous avez effectué en lançant la Team France Export lorsque vous occupiez mes fonctions.

Ce que vous avez dit est très juste : si aujourd’hui nous bénéficions d’une vraie dynamique, qui nous permet d’accompagner davantage nos entreprises à l’exportation, c’est parce que nous avons su rassembler les acteurs – Business France, les CCIFI, Bpifrance, les régions, qui gèrent le guichet unique, mais aussi les conseillers du commerce extérieur de la France (CCE), les OSCI, etc. – et les faire travailler en équipe, alors qu’ils étaient auparavant en compétition les uns avec les autres. La Team France Export est une véritable réussite, et c’est une très bonne nouvelle.

Ensuite, les VIE sont également un succès, après un petit creux dû à la crise sanitaire, qui avait conduit à fermer l’accès à certains pays. Aujourd’hui, les affaires ont repris, avec 1 000 départs de VIE par mois. C’est également une très bonne nouvelle, qui nous permet d’entrevoir des succès futurs pour nos entreprises qui se portent à l’international.

Enfin, je partage cette ambition du made by France. Il ne s’agit en rien d’encourager la délocalisation. Nous voulons reconnaître les entreprises françaises de l’étranger qui participent au rayonnement de notre pays. Je souhaite donc que l’on puisse en faire un concept, dans le cadre de la marque France.

Mme le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour la réplique.

M. Jean-Baptiste Lemoyne. Pour poursuivre et terminer mon propos, il faut conforter la Team France Export dans son rôle d’accompagnement microéconomique des PME. Vous avez lancé le dispositif « les Ambassadeurs », et c’est une très bonne initiative.

Je veux aussi souligner le rôle très important des salons, en France comme en dehors de notre pays. Il est important d’aider les entreprises à y participer et de faire venir les acheteurs internationaux. Et pour cela, il faut des crédits.

Je mentionnerai également le beau projet Vitrines, à un jet de pierre de Roissy, que portent Évelyne Renaud-Garabedian et Jean-Pierre Bansard. Tout ce qui permet de mettre en avant le made in France et le made by France est bienvenu.

Enfin, ayons un état d’esprit conquérant et une véritable démarche d’intelligence économique – ce sujet est cher à Marie-Noëlle Lienemann !

L’année 2022 a peut-être le goût d’une bataille perdue, mais nous mènerons les combats à venir et nous gagnerons la guerre économique. J’emploie ce terme à dessein, car il décrit bien le climat actuel des relations commerciales !

Mme le président. La parole est à Mme Florence Blatrix Contat.

Mme Florence Blatrix Contat. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, cela a été dit, la balance commerciale de la France est en déficit chronique depuis 2002, et le déficit est devenu abyssal ces dernières années. Pis, au sein de l’Union européenne, la France se classe en queue de peloton, puisque notre pays avait le déficit le plus élevé en 2021.

La délégation sénatoriale aux entreprises a, dans son rapport, tenté d’éclaircir le sujet et d’avancer ses propositions. Je remercie le président Babary de nous permettre de débattre ce soir de ce rapport ô combien stratégique pour notre économie.

Je voudrais m’attacher maintenant, au nom des sénateurs socialistes, écologistes et républicains, à souligner quelques aspects qui nous semblent particulièrement importants.

Cela a été dit, la dégradation des performances de notre commerce extérieur est le fruit de la désindustrialisation de notre pays. En attestent les données récentes, citées par notre collègue Marie-Noëlle Lienemann, sur la part de l’industrie manufacturière dans le PIB, qui est passée sous la barre des 10 % – 9 % exactement –, nous reléguant là aussi dans les tréfonds du classement européen.

Je n’aurai pas une vision aussi optimiste de notre commerce extérieur que l’orateur précédent, car certains points sont très négatifs.

Ainsi, l’industrie automobile était excédentaire au début des années 2000 ; aujourd’hui, le déficit de ce secteur s’élève à 18 milliards d’euros. Pour les autres biens industriels, le déficit était d’une dizaine de milliards d’euros au début des années 2000 ; il était de 66 milliards d’euros l’an dernier. L’aéronautique, quant à elle, n’a pas retrouvé sa dynamique d’avant-crise. Seul le secteur du luxe et des cosmétiques semble progresser. C’est vraiment inquiétant !

On peut toutefois se rassurer en évoquant la balance des services, qui est excédentaire. Mais elle ne parvient pas à combler le déficit grandissant de la balance des biens.

Nous pouvons craindre pour l’avenir : si la production de biens a été délocalisée, celle de certains services pourrait également l’être demain. En effet, le rapport montre que les exportations de biens et de services sont intimement liées.

Face à cette dégradation continue, il faut réagir en se fondant sur une analyse stratégique sérieuse, comme plusieurs collègues l’ont dit.

Il faut interroger nos choix de spécialisations, analyser nos avantages comparatifs et, dans un environnement certes incertain, construire des avantages comparatifs porteurs pour l’avenir.

Nos collègues de la commission des affaires économiques ont déterminé les cinq plans principaux pour reconstruire la souveraineté économique de la France et de l’Europe. Il faut approfondir cette piste et la mettre en œuvre.

Une vision stratégique de moyen terme doit donc être construite : si la compétitivité prix n’est pas à négliger, il faut prendre en compte également la compétitivité hors prix, notamment l’innovation et le capital humain.

La recherche constante de l’innovation, tant dans les produits que dans les processus, est une dimension essentielle de la compétitivité. Le tournant des transitions numérique et écologique doit être pris.

En effet, à l’heure où le changement climatique et la transition énergétique qu’il implique percutent nos cadres traditionnels de pensée et notre système productif, une seconde transformation est à l’œuvre : la numérisation et la digitalisation.

Ces transitions écologique et numérique auront un impact sur les formes des échanges économiques et sur la mondialisation.

C’est dans ce nouveau contexte global qu’il nous faut désormais penser le commerce extérieur. Ces éléments doivent devenir, demain, les leviers de la compétitivité de l’économie française et européenne.

Monsieur le ministre, les services ministériels travaillent-ils sur une feuille de route, géographique et sectorielle, pour anticiper ce que seront demain les échanges économiques mondiaux, donc notre commerce extérieur, alors que, et ce point a été peu soulevé dans le débat, on envisage, partout et dans de nombreux domaines, des circuits courts et des relocalisations ?

Bref, quel commerce extérieur envisager dans ce cadre ? Comment construire de nouveaux avantages comparatifs alliant compétitivité et ambition climatique ?

En ce qui concerne l’accompagnement des entreprises, un récent rapport de la Cour des comptes a montré les limites de la stratégie de Business France. Comment faire évoluer les actions de cette structure ?

Enfin, comment envisagez-vous la place de nos PME et ETI dans la nouvelle donne du commerce mondial ? (M. Jean-Pierre Sueur applaudit.)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la sénatrice, permettez-moi de nuancer votre propos pour ce qui concerne les grands secteurs exportateurs. Certains d’entre eux continuent à avoir des excédents majeurs, comme l’aéronautique, la pharmacie, l’agroalimentaire, les cosmétiques et la construction navale – avec 3 milliards d’euros d’excédents cette année.

Nous avons la chance d’avoir dans notre pays de très grands groupes, des champions mondiaux qui soutiennent nos exportations. La faiblesse de notre commerce extérieur vient de ce que, derrière ces groupes qui, avec les ETI, portent 87 % des exportations françaises, nos PME-PMI n’en représentent, quant à elles, que 13%. C’est là que nous devons mener le combat, car c’est là que les marges de manœuvre sont importantes.

En ce qui concerne la feuille de route sectorielle, elle existe et elle est portée par France 2030. Parmi les priorités de ce plan figurent les grands secteurs de croissance des prochaines décennies, dans lesquels nous devons investir pour que les industries concernées permettent le développement d’entreprises exportatrices.

S’agissant de l’aspect géographique, l’analyse existe, bien sûr, mais, comme je le dis souvent aux entreprises, je ne veux pas restreindre leurs choix. En effet, elles devraient avoir le monde comme horizon ! Certes, il existe de grandes zones de croissance – l’Asie aujourd’hui et demain très certainement l’Afrique –, mais il ne faut pas négliger l’Amérique latine pour autant.

J’y insiste, pour qu’une entreprise soit performante à l’export, il faut impérativement qu’elle ait demain le monde comme horizon.

Mme le président. La parole est à Mme Florence Blatrix Contat, pour la réplique.

Mme Florence Blatrix Contat. Je vous remercie, monsieur le ministre.

Avoir le monde comme horizon, certes, mais, comme le soulevait la Cour des comptes dans son récent rapport sur l’accompagnement à l’export, ce ne sont pas forcément dans les pays les plus stratégiques que nos entreprises sont les mieux accompagnées !

Il faut travailler sur ce sujet, y compris sur la sectorisation. Il ne faudrait pas passer à côté des secteurs porteurs de demain. On entend beaucoup parler de ChatGPT en ce moment, mais je pense plus largement à l’intelligence artificielle et au cloud souverain, qui est devenu un cloud de confiance. Dans ces domaines, nous devons vraiment être ambitieux.

Mme le président. La parole est à M. Michel Canévet.

M. Michel Canévet. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le groupe Union Centriste tient à remercier, d’une part, la délégation sénatoriale aux entreprises d’avoir mené un travail sur cette question essentielle du commerce extérieur, et, d’autre part, les trois rapporteurs, pour les dix propositions qu’ils ont formulées afin d’améliorer la situation.

En effet, cela a été dit à la tribune par les précédents orateurs, la situation n’est pas bonne, il faut le reconnaître. Le déficit de la balance commerciale française est de 164 milliards d’euros en 2022, en augmentation très significative, puisqu’il a quasiment doublé. Et la facture énergétique n’explique pas, à elle seule, cette dégradation, même si elle doit nous conduire à nous interroger sur la stratégie énergétique de notre pays.

Monsieur le ministre, mon groupe estime que cette situation n’est pas une fatalité. Nous devons prendre les sujets à bras-le-corps pour formuler des propositions, dont nous avons évoqué certaines.

La première d’entre elles serait d’adopter une loi d’orientation sur le commerce extérieur. Le groupe Union Centriste pense qu’il est important que nous puissions définir ensemble une feuille de route, car le Parlement doit être mobilisé sur le sujet. En effet, si les objectifs de développement ne sont pas partagés par l’ensemble des acteurs économiques et politiques, nous n’arriverons pas au bout de nos peines.

Pendant la pandémie, de nombreux opérateurs se sont mobilisés pour produire des masques dans notre pays, comme l’a souligné Vincent Segouin dans son propos liminaire. Or, aujourd’hui, on observe que la plupart d’entre eux sont dans la panade : nous avons repris nos vieilles habitudes de recourir aux offres les moins chères, avec des productions qui viennent souvent d’Asie, notamment de Chine. Tous ceux qui se sont évertués à apporter des réponses nationales se retrouvent en difficulté, ce qui n’est pas acceptable !

Il importe que nous puissions trouver des solutions, notamment en agissant sans discontinuer sur la compétitivité de nos entreprises. Beaucoup a été fait par le Gouvernement à ce sujet, notamment avec la baisse des charges, mais il faut poursuivre notre effort.

Je ne partage pas les opinions émises par des orateurs de la gauche de cet hémicycle, qui veulent arrêter cette baisse des charges. Non ! Il faut la maintenir, et même l’amplifier avec des mesures relatives aux charges sociales, qui constituent un handicap pour la compétitivité. Il faudrait travailler sur ce sujet. Pour ma part, je formulerai des propositions dans le cadre du débat sur les retraites, pour substituer une autre ressource aux charges sociales. Beaucoup reste à faire dans ce domaine.

Enfin, ce travail approfondi doit être mené en synergie avec l’ensemble des opérateurs. Je veux parler des régions, qui ont la compétence économique. La structure que nous avons montée dans la mienne, Bretagne Commerce International, ne doit pas travailler dans son coin. Nous devons définir et élaborer ensemble une stratégie nationale, et ce dans toutes les régions. (Applaudissements au banc des commissions. – MM. Serge Babary et Sébastien Meurant applaudissent également.)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Monsieur le sénateur, je pense avoir déjà répondu à bien des points qui structuraient votre propos, mais j’aimerais évoquer la loi de programmation, qui est l’une des très bonnes propositions formulées dans le rapport.

Je ne sais pas s’il faut une loi de programmation. Dans ce domaine, les choses évoluent très rapidement. On le voit aujourd’hui avec l’Inflation Reduction Act adopté par les États-Unis, qui sont pourtant un allié traditionnel de l’Europe et de notre pays en particulier.

En revanche, ce qui est certain, c’est qu’il faut assurer la stabilité des dispositifs et des mécanismes. Je ne sais pas si cela doit être inscrit dans une loi de programmation, mais si l’on veut relever le défi à la fois de la réindustralisation et de l’accompagnement des PME-PMI à l’exportation, nous avons besoin de dispositifs stables, visibles, clairs.

C’est, je le crois, le véritable enjeu sur lequel nous devons aujourd’hui nous engager.

Mme le président. La parole est à M. Michel Canévet, pour la réplique.

M. Michel Canévet. Monsieur le ministre, comme vous l’avez relevé, la loi de programmation est l’une des propositions importantes qu’il nous faut soutenir. Elle présente en effet l’intérêt de mobiliser tous les acteurs autour d’ambitions fortes pour notre pays, et c’est ce qui importe.

Dans le domaine qui nous intéresse, les acteurs économiques sont bien sûr les principaux opérateurs. Mais on constate que les intervenants sont nombreux et que tout le monde n’avance pas du même pas. Cette loi permettra la mobilisation de tous, grâce à la définition de priorités : les acteurs de terrain sauront vers où aller et sur quels soutiens compter.

Par ailleurs, je le répète, la baisse des charges qui a été engagée doit se poursuivre.

Mme le président. La parole est à Mme Évelyne Renaud-Garabedian. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains, ainsi qu’au banc des commissions. – M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit également.)

Mme Évelyne Renaud-Garabedian. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, les chiffres relatifs au commerce extérieur sont catastrophiques. Je ne les reprendrai pas ici, puisque mes collègues les ont déjà évoqués.

Face à cela, les plans des gouvernements successifs et les rapports parlementaires – je tiens à saluer la qualité de celui de la délégation – n’ont absolument pas inversé la tendance, pour une part parce que nous n’avons pas appliqué les recommandations, pour une autre parce que nous dépendons des mouvements internationaux, et pour une troisième part parce que nous n’avons pas la culture de l’export, comme vous l’avez dit, monsieur le ministre. C’est en réalité ce dernier point qui, à mon sens, prend le dessus sur tout le reste.

Je ne reviendrai pas sur les variables macro- et microéconomiques de notre commerce extérieur : les auteurs du rapport le font très bien. Je voudrais insister sur un seul aspect : notre façon d’envisager le commerce extérieur, qui passe en premier lieu par l’étranger.

Nous avons de grandes entreprises françaises qui exportent sans l’aide de l’État : elles connaissent les pays, leurs dirigeants et les chefs d’entreprise. Elles se font leur propre réseau. Nous n’avons jamais compté autant d’exportateurs français depuis vingt ans : ils sont près de 140 000.

Les traditionnelles locomotives, Airbus ou LVMH, et les grandes entreprises ne constituent de manière étonnante que 0,5 % des exportateurs ; pourtant, elles pèsent pour 52% de la valeur. Les PME, PMI et TPE, qui, je le rappelle, constituent la majorité du tissu économique français, représentent plus de 99% des troupes à l’export, mais – malheureusement ! – seulement 48% de la valeur.

Bien que très nombreuses à l’export et performantes dans leurs secteurs respectifs, qui sont souvent des marchés de niche, les petites entreprises n’exportent que de façon très ponctuelle, faute pour elles de maîtriser les règles de l’export : elles ne sont pas anglophones, elles ne se déplacent pas, elles ne communiquent pas à l’international et elles n’ont pas de stratégie globale à l’export ! Elles sont pourtant la vitrine de la France.

Ce sont elles qui ont besoin de nous pour augmenter leur chiffre d’affaires à l’export. Notre objectif doit donc être d’aider nos PME et PMI à généraliser l’exportation.

Pour y parvenir, il faut développer une réelle culture de l’export, auprès des étudiants et des futurs chefs d’entreprise, avec des formations spécifiques.

Il faut que les PME-PMI considèrent que l’international est une clé de leur développement, au même titre que le marché intérieur.

Nous devons faire la promotion des outils d’accompagnement à l’export et renforcer la coordination des acteurs : Bpifrance, Business France et les régions. Je rappelle que la Cour des comptes, dans son rapport publié en octobre 2022, a constaté que ces acteurs se trouvaient malheureusement entre eux dans une situation de concurrence, et non de coopération.

Il faut davantage s’appuyer sur une diplomatie économique parallèle, que nous n’exploitons absolument pas : les entrepreneurs français installés à l’étranger. Je ne parle pas des entreprises françaises établies à l’étranger, mais bien des entrepreneurs qui ont créé une entreprise de droit local.

Nous avons dans tous les pays du monde des entrepreneurs français. Ils sont français, importent des produits et des services français dans leur pays de résidence. Ils connaissent l’économie locale comme personne, les marchés qu’il faut exploiter et ceux qu’il vaut mieux éviter. Ce sont eux qui ont créé une entreprise, ce sont eux qui ont construit et établi des connexions avec les acteurs économiques locaux.

Pour ma part, je suis chef d’entreprise et sénateur des Français de l’étranger, en contact permanent avec ces entrepreneurs français qui participent au rayonnement de notre pays et qui peuvent être de puissants relais de croissance à double égard : d’une part, en facilitant l’export des entreprises – je viens d’en parler longuement ; d’autre part, en important massivement des produits et services français dans leur pays de résidence. Nous devons soutenir ces entrepreneurs.

Pour eux, la France est une marque qu’ils vendent, ce que les géants du luxe ont très bien compris. Il n’y a pas un pays au monde où vous ne trouverez pas une référence à Paris ou une reproduction de la tour Eiffel, d’une baguette ou d’un camembert. C’est la raison pour laquelle je voudrais évoquer le label made by France, déjà évoqué par l’un de mes collègues, pour les entrepreneurs qui vendent à l’étranger des produits et services français.

Ce label vise à valoriser la fabrication ou la conception française des produits et services, leur qualité, leur origine, le savoir-faire français artisanal et industriel, le respect de normes et le terroir : en un mot, l’excellence française !

Ces entrepreneurs constituent le réseau des chambres de commerce et d’industrie France International : quelque 123 chambres dans 94 pays, sans aucune aide publique. Nous ne les valorisons pas suffisamment. Or le réseau, c’est la base de tout projet entrepreneurial : seuls, nous ne faisons rien. Ces chambres devraient être une partie essentielle de toute démarche visant à améliorer notre balance commerciale.

Je soutiens l’ensemble des recommandations du rapport de mes collègues, en insistant sur le rôle que pourraient avoir, au sein d’une stratégie de commerce extérieur efficace, les entrepreneurs français à l’étranger. D’autres pays l’ont compris, qui valorisent bien plus que nous le potentiel économique de leur diaspora : je veux parler de la Chine.

Je présenterai dans quelques semaines une proposition de loi visant à valoriser nos entrepreneurs français. Cela n’est pas seulement dans leur intérêt. C’est dans l’intérêt de notre commerce extérieur. C’est dans l’intérêt de la France, la bataille de l’export se gagnant d’abord, selon moi, à l’étranger. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi qu’au banc des commissions. – M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit également.)

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la sénatrice, je partage totalement votre engagement en faveur des entreprises françaises à l’étranger et des entrepreneurs français de l’étranger. Nous avons besoin d’eux pour le rayonnement de notre pays. Ces acteurs sont en quelque sorte des supports qui permettent d’accroître les exportations françaises.

Je suis également d’accord avec votre analyse du rôle central que doivent jouer les chambres de commerce françaises à l’étranger. Nous avons mis en place un pilotage fin de la Team France Export, en y incluant les CCI françaises à l’étranger. À cette fin, alors que le Conseil national des exportations ne tenait qu’une réunion par an, je réunis l’ensemble des acteurs de la TFE tous les mois ou les deux mois au ministère.

Mme le président. La parole est à Mme Évelyne Renaud-Garabedian, pour la réplique.

Mme Évelyne Renaud-Garabedian. Monsieur le ministre, les entrepreneurs français seront ravis de votre réaction.

Permettez-moi d’insister sur un point : j’aimerais que nous réfléchissions en commun à un éventuel dispositif d’aide.

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger. Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais tout d’abord rendre hommage à la qualité du travail des parlementaires qui ont produit ce rapport, dont je partage le constat, ainsi que, nous le verrons, une bonne partie des propositions.

J’en profite pour saluer également la qualité du rapport rendu la semaine dernière à l’Assemblée nationale par le député Charles Rodwell, et je vous remercie, madame la présidente, d’avoir rendu ce débat possible ce soir au Sénat, le jour même où nous rendons publics les chiffres du commerce de la France pour l’année 2022.

Il me semble utile de commencer par une précision de langage : on parle de 164 milliards d’euros de déficit commercial, mais ce chiffre correspond en réalité à la balance des biens.

La balance commerciale, c’est aussi la balance des revenus et celle des services. Or autant la balance des biens connaît un déficit extrêmement important, qui a doublé par rapport à l’année dernière pour les raisons liées aux questions énergétiques que nous avons évoquées, autant la balance des services a un excédent de 50 milliards d’euros, qui est, lui aussi, un record dû à la reprise du tourisme, ainsi qu’au dynamisme de nos transports et de nos services financiers.

En effet, à la suite du Brexit, la place de Paris est devenue – il faut le souligner – la première place boursière en Europe en matière de capitalisation par actions. Nous avons détrôné la City ! De temps à autre, il faut aussi entendre la forêt pousser et pas simplement l’arbre tomber.

Nous sommes donc bons dans le domaine des services et dans celui des revenus. De grandes entreprises et certaines entreprises françaises de l’étranger rapatrient d’ailleurs leurs revenus en France. L’excédent de 30 milliards d’euros est considérable. Là aussi, c’est un record comparé aux dix années précédentes, pendant lesquelles la balance était excédentaire de 8 milliards d’euros environ en moyenne.

Il ne faut évidemment pas se satisfaire de cette situation, puisque, nous en sommes d’accord, la balance des biens pose un véritable problème. Celui-ci s’explique pour partie par le déficit énergétique : ce problème est conjoncturel, et nous allons le résorber. Mais il existe également un déficit structurel, lié, nous l’avons dit, à la fois à la désindustrialisation que notre pays a subie au cours des trente dernières années et à la faiblesse de nos PME-PMI à l’exportation par rapport à nos grands voisins.

C’est dans ces domaines qu’il faut agir, et qu’il faut agir vite. Nous avons lancé la réindustrialisation avec le plan France 2030 : quelque 54 milliards d’euros ont été mis sur la table. Et les résultats sont déjà visibles aujourd’hui, parce que l’on construit des usines au lieu d’en fermer et parce que des emplois industriels sont créés, notamment dans des domaines stratégiques, comme les semi-conducteurs, avec STMicroelectronics à Crolles, la pharmacie et les principes actifs, avec l’usine Seqens dans l’Isère, ou encore le lithium, raffiné dans l’Allier ou exploité dans le Bas-Rhin.

Un certain nombre d’initiatives positives ont donc déjà été engagées.

Il y a un dernier domaine dans lequel nous devons agir rapidement, car la réindustralisation prendra du temps : c’est celui de nos PME-PMI. M. Lemoyne l’a rappelé, nous avons une première source de satisfaction avec l’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices, passées de 120 000 à 144 400 l’année dernière. Mais ce chiffre reste insuffisant comparé à nos grands voisins.

La culture de l’exportation doit être inculquée à nos PME-PMI : ce combat doit être mené, et il nous faut avancer mètre par mètre, en demandant aux acteurs de la Team France Export, particulièrement aux conseillers des CCI, en plus de ceux de Business France, de faire du porte-à-porte auprès des PME pour les aider à se projeter à l’exportation.

C’est l’engagement que je prends devant vous en tant que ministre délégué en charge du commerce extérieur et de l’attractivité. C’est un combat que nous pouvons remporter, et nous gagnerons ensemble ! (M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit.)


source http://www.senat.fr, le 16 février 2023