Interview de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, à BFMTV le 20 février 2023, sur les prix de la grande consommation, la facture énergétique, la politique économique du gouvernement, les faillites d'entreprise, le partage de la valeur et la réforme des retraites.

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Texte intégral

 

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Bruno LE MAIRE.

BRUNO LE MAIRE
Bonjour Apolline de MALHERBE.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci d’être mon invité ce matin dans ce studio, de répondre à mes questions. Vous êtes le ministre de l’Economie, des Finances, de la Souveraineté et Numérique. Et au fond, on va parler de tout ça, et on va commencer par parler des prix, on va parler de nos sous, et des prix dans les rayons. La grande distribution qui prévoit un bon, encore un bon, de l’inflation en mars, on parle même d’un mars rouge, et des prix alimentaires qui seraient encore à la hausse ; est-ce aussi votre prévision ?

BRUNO LE MAIRE
Non, et je le dis avec beaucoup de force, arrêtons de jouer avec les peurs des Français. Je dois dire que ces discours sur mars rouge, décembre noir, enfin, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel vont y passer, ça n’est pas la réalité. On nous dit depuis septembre, octobre derniers, il va y avoir une récession en France, et une explosion du chômage, bon, voilà ce que nous disaient les prévisionnistes et des gens soi-disant avisés, je dis depuis septembre, octobre, que nous aurons une croissance positive en 2023 et que le chômage continuera à refluer. Les dernières indications montrent que nous aurons une croissance…

APOLLINE DE MALHERBE
Le chômage n’a jamais été aussi…

BRUNO LE MAIRE
Positive en 2023, et jamais le chômage n’a été aussi bas en France. Oui, les prix ont augmenté, les prix de la grande consommation ont augmenté depuis novembre, de l’ordre de 13 %, et nous allons rester à des niveaux de prix qui, je le sais, pour tous nos compatriotes, sont très élevés. Mais il n’y a aucune raison que ces prix s’enflamment à partir du mois de mars, je dis bien…

APOLLINE DE MALHERBE
Il n’y a pas les négociations…

BRUNO LE MAIRE
Aucune raison…

APOLLINE DE MALHERBE
Il n’y a pas les négociations en ce moment qui se terminent le 28 février ?

BRUNO LE MAIRE
Il y a des négociations, mais chacun doit faire des efforts, je sais que les distributeurs font des efforts, je souhaite qu’ils fassent des efforts supplémentaires pour protéger le pouvoir d’achat des Français, car j’ai toujours dit que nous pourrions vaincre l’inflation collectivement, si chacun s’y mettait, l’Etat, les entreprises, tout le monde, je recevrai les distributeurs dans les tous prochains jours, tous les grands distributeurs pour voir avec eux comment est-ce qu’ils peuvent faire encore davantage pour protéger le pouvoir d’achat de nos compatriotes, mais je le redis, ne jouons pas avec les peurs des Français, oui, la situation est difficile, mais les résultats de l’économie française sont solides, le chômage continue de baisser, et je maintiens que nous devrions sortir de l’inflation vers la mi-2023, vers la mi-2023, l’inflation devrait refluer dans notre pays.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire d’ici 4 à 5 mois…

BRUNO LE MAIRE
Voilà ce que je peux dire pour rassurer nos compatriotes.

APOLLINE DE MALHERBE
D’ici 4 à 5 mois, pour vous, on aura atteint un pic, ça ne montera plus ?

BRUNO LE MAIRE
D’ici l’été prochain, je l'ai toujours indiqué, l'inflation devrait commencer à baisser dans notre pays, c'est lent, c'est difficile aujourd'hui pour nos compatriotes, nous les protégeons, mais je ne veux pas que certains jouent avec les peurs des Français en disant : récession, chômage, vague de faillites ça ne correspond pas à la réalité, et je pense qu'il est bon en politique de revenir à la réalité et de garder son sang-froid.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors moi, j'aimerais bien quand même comprendre, Bruno LE MAIRE, vous dites que ça n'est pas la réalité, alors la réalité, c'est que les prix ont déjà beaucoup augmenté, je redonne les derniers chiffres sur un an, plus 60 % pour des produits comme l'huile, plus 30 % pour la viande, plus 20 % pour le beurre et la crème fraîche ou plus 15 % sur les oeufs, les oeufs qui augmentent particulièrement récemment, mais là, c'est en partie, et en grande partie dû à la question de la grippe aviaire. Mais, Bruno LE MAIRE, quand vous dites : ils jouent avec les peurs, pourquoi ils font ça alors, j’aimerais bien comprendre ?

BRUNO LE MAIRE
Vous leur poserez la question…

APOLLINE DE MALHERBE
Je leur poserai la question, Michel-Edouard LECLERC sera à ce même micro mercredi par exemple…

BRUNO LE MAIRE
Ce que je souhaite, c’est que plutôt que de jouer avec les peurs des Français, les distributeurs avec qui je vais dialoguer cette semaine, en présence d'Olivia GREGOIRE, qui est chargée des PME, on trouve des solutions…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous allez leur demander quoi ?

BRUNO LE MAIRE
Mais, qu’on trouve des solutions ensemble, enfin, se mettre devant un micro et dire aux Français : ça va être terrible, ça va être épouvantable, ça ne fait pas avancer beaucoup les choses, se mettre autour d'une table et chercher des solutions pour que l'impact de cette inflation, que je ne nie pas, je vous dis 13 % d'augmentation, c'est beaucoup, je fais mes courses, je vois bien ce que ça coûte aujourd'hui l'alimentation quand on a…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous faites vos courses ?

BRUNO LE MAIRE
Eh bien évidemment, je fais mes courses chaque semaine, j'ai 4 enfants, j’ai une famille, il faut bien que je la nourrisse…

APOLLINE DE MALHERBE
Bien sûr, mais vous êtes ministre, on s’imagine souvent que…

BRUNO LE MAIRE
Eh bien, toute personne qui habite près de chez moi pourra témoigner que le samedi ou le dimanche…

APOLLINE DE MALHERBE
Je ne vous demande pas de preuves…

BRUNO LE MAIRE
Dès que j’ai le temps…

APOLLINE DE MALHERBE
Je ne vous demande pas de me montrer le ticket de la caisse, mais…

BRUNO LE MAIRE
Je vais faire mes courses, mais ce n’est pas des preuves, j’aime bien faire les courses, ça me permet de savoir exactement ce que ça coûte, et ça me permet de savoir…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça fait partie aussi presque de votre boulot en fait…

BRUNO LE MAIRE
Ça fait partie de mon boulot de voir que quand on est une famille de 4 enfants, ce qui est mon cas, les courses coûtent de plus en plus cher, et que c'est un vrai problème…

APOLLINE DE MALHERBE
Il se trouve que c’est aussi mon cas et que je m’en rends bien compte, mais…

BRUNO LE MAIRE
Et une fois qu’on a dit ça…

APOLLINE DE MALHERBE
Justement, quand je vous donne ces chiffres-là…

BRUNO LE MAIRE
Apolline de MALHERBE, on n’a pas beaucoup avancé…

APOLLINE DE MALHERBE
Quand je vous donne ces chiffres-là…

BRUNO LE MAIRE
Ce qui compte, c'est que nous nous mettions autour de la table avec tous les distributeurs, nous le ferons dans les prochains jours, que nous regardions lucidement la situation, et que nous disions : mais vous êtes distributeur, vous faites déjà, je le sais, des efforts pour avoir des prix cassés sur un certain nombre de produits, comment peut-on faire tous ensemble pour que l'impact de cette inflation actuelle soit la plus faible possible sur le panier de nos compatriotes, voilà ce que nous allons faire…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous allez enfin réussir à faire ce fameux panier anti-inflation, ils vous ont devancé d’ailleurs, en réalité…

BRUNO LE MAIRE
Mais je ne sais pas, je vais vous dire, je ne sais pas si ce sera un panier anti-inflation, ce sera ce que les distributeurs trouveront de plus utile et de plus efficace. Moi, je crois au travail collectif…

APOLLINE DE MALHERBE
Eux, ils disent parfois d'ailleurs que le panier anti-inflation, qui a été lancé par Bercy, c’est un peu une manière de récupérer le truc, mais que, eux, au fond, ils le font déjà…

BRUNO LE MAIRE
Oui, mais bien sûr, mais vous savez, la seule chose qui compte pour moi, c’est le pouvoir d’achat de nos compatriotes, je sais à quel point pour des millions d'entre eux à chaque fin de mois, c'est difficile, et à quel point nos compatriotes se sentent coincés par l'augmentation de ces prix alimentaires. Donc la bonne solution, c'est se mettre autour d'une table, travailler sur la solution opérationnelle, et les présenter d'ici la mi-mars, moi, j'ai fixé le 15 mars comme date limite pour trouver ensemble une solution opérationnelle sur cette augmentation des prix alimentaires et des prix de grande consommation de manière plus générale.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous nous parlez de la grande distribution, eux, ils parlent surtout des industriels, ils pensent à NESTLE, DANONE, LACTALIS, certains envisagent même de boycotter leurs produits, de ne pas les distribuer, parce que tout simplement, ils n'acceptent pas les hausses que ces industriels leur demandent, INTERMARCHE dit ; eh bien, chez nous, vous ne trouverez plus de bouteilles d'EVIAN parce qu'en fait on n'accepte pas les 22 % de hausse qu'ils nous demandent, est-ce que vous comprenez ça, est-ce que vous estimez aussi que les industriels ont une grande part de responsabilité ?

BRUNO LE MAIRE
L'inflation, elle touche tout le monde, elle touche les industriels, elle touche les distributeurs…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu’il y en a qui se gavent ?

BRUNO LE MAIRE
Elle touche évidemment les agriculteurs…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais Bruno LE MAIRE, vous aviez fait une étude pour dire : attention, s'il y a des gens qui profitent de l'inflation pour rajouter des marges pour eux, on va vérifier tout ça, vous l'aviez vérifié avant l'été, personne, d'après votre enquête, ni la grande distribution, ni les industriels, ne s'était gavé sur le dos de l'inflation, est-ce que vous pourriez refaire une enquête aujourd'hui pour vous assurer que ça n’a pas changé ?

BRUNO LE MAIRE
Mais nous la referons, j’ai dit, je crois, à votre micro, que nous referions une enquête au printemps, donc comme je tiens toujours parole, nous referons une enquête au printemps pour nous assurer que personne ne s'en met plein les poches dans cette période qui est dure pour tous nos compatriotes. Mais je le redis, je ne vois qu'une seule solution, c'est celle que j'applique depuis près de 6 ans que je suis ministre de l'Economie, mettre tout le monde autour d'une table, voir quelle est la réalité de la situation, trouver une solution avec une seule boussole, les Français, c'est la seule boussole qui compte, c’est que, au bout du compte, le consommateur français puisse avoir des prix qui soient les plus bas possibles.

APOLLINE DE MALHERBE
Et on a bien compris que ça ne passerait pas forcément par un panier anti-inflation, qu'il y aura d'autres formules, mais celle-là, vous avez l'air d'estimer qu'elle est déjà un peu dépassée, et on est bien d'accord que vous avez dit qu'il n'y aurait pas de mars rouge ?

BRUNO LE MAIRE
Non, il n'y aura pas de mars rouge, il n'y a aucune raison qu'il y ait de mars rouge, et vraiment, que ce message soit bien entendu, quand la situation économique de notre pays commence à se redresser, que les choses tiennent, que ça tient au travail des salariés, au travail de tous ceux qui vont à leur entreprise ou sur le lieu de travail le matin, aux chefs d'entreprise qui font un travail remarquable, moi, je n'aime pas qu'on dise que tout va mal, on va avoir un mars rouge, et qu'on joue avec les peurs des Français…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais on ne peut pas non plus dire tout va bien, donc…

BRUNO LE MAIRE
Je pense que c’est irresponsable, non, mais je dis simplement, nous traversons une période difficile, il faut la voir avec lucidité, comprendre que nous allons en sortir, que nous aurons, je le redis, une inflation qui va refluer à la mi de l'année, que nous devrions avoir à partir de 2024 une croissance encore plus positive, et que nous continuons à viser le plein emploi en 2027…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça veut dire qu’on est sorti de la crise ?

BRUNO LE MAIRE
Voilà, il faut avoir des perspectives pour les Français…

APOLLINE DE MALHERBE
Qu’on est sorti de la crise, voire même qu'on n'y est jamais vraiment rentré ?

BRUNO LE MAIRE
Mais, on a eu la crise la plus grave que nous ayons connue depuis 1929, la crise du Covid, ensuite, on a eu par-dessus ça la crise inflationniste la plus grave depuis le choc pétrolier de 1973, avec une flambée des prix du gaz, une flambée des prix de l’électricité…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous en parlez au passé ?

BRUNO LE MAIRE
Oui, j’en parle au passé, parce que je considère que sauf événement international majeur, lié notamment à la guerre en Ukraine, qui est suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus de toutes nos têtes, sauf événement international majeur, nous devrions à partir de 2024 retrouver un cycle de croissance puissant, notamment autour de la décarbonation l'économie et de la transition climatique, donc je veux fixer des perspectives économiques à nos compatriotes pour qu'ils ne se disent pas, on est enfermé dans une situation, qui est une situation difficile, on n'en sortira jamais, si, nous allons en sortir.

APOLLINE DE MALHERBE
On va reparler aussi de la guerre en Ukraine et de cette épée de Damoclès comme vous dites, mais on en est où des ristournes TOTAL, vous n’aviez pas dit qu’il y aurait une ristourne supplémentaire, vous n’aviez pas dit que s’il y avait des gros profits…

BRUNO LE MAIRE
Je crois à la parole…

APOLLINE DE MALHERBE
Puisqu’il y a quand même des profits conséquents…

BRUNO LE MAIRE
Je crois à la parole du président de TOTAL, POUYANNE, Patrick POUYANNE, si les tarifs dépassent 2 euros au litre, eh bien, il y aura une remise…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais pourquoi on attend 2 euros au litre…

BRUNO LE MAIRE
Parce que c’est la promesse…

APOLLINE DE MALHERBE
Les Français, si on leur dit maintenant qu’ils ont 10 % à la pompe, honnêtement, ils seront déjà contents…

BRUNO LE MAIRE
C’est la promesse qu’a faite le président de TOTAL, je n’ai aucun doute qu'il tiendra sa promesse…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous n’auriez pas voulu qu’il mette la barre un peu plus bas ?

BRUNO LE MAIRE
Mais il a fixé la barre à 2 euros, je rappelle, vous parliez des surprofits que font un certain nombre d'entreprises, je veux qu'il n’y ait aucun doute là-dessus, l'Etat récupère les surprofits et finance avec ceux-là l'intégralité ou une grande partie du bouclier tarifaire sur l'électricité et sur le gaz ; nos compatriotes doivent bien comprendre qu'à partir du mois de janvier de cette année 2023, ils auraient dû avoir à payer 180 à 200 euros par mois de plus par mois sur la facture de gaz et la facture d’électricité…

APOLLINE DE MALHERBE
S’il n’y avait pas eu le bouclier tarifaire…

BRUNO LE MAIRE
S’il n’y avait pas eu ce bouclier tarifaire, qui coûte 46 milliards d'euros. D'où est-ce que je trouve ces 46 milliards d’euros…

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, attendez, ça vous coûte 46 milliards d’euros, et vous trouvez 46 milliards d'euros, vous les avez trouvés chez les…

BRUNO LE MAIRE
Je trouve 46 milliards d’euros…

APOLLINE DE MALHERBE
L’équivalent…

BRUNO LE MAIRE
Une partie sur le budget, et une autre grande partie sur la taxation des surprofits que font ces entreprises, ça s'appelle le prélèvement sur la rente infra-marginale, si on veut être tout à fait technique…

APOLLINE DE MALHERBE
Allons-y…

BRUNO LE MAIRE
Et en réalité, si on veut être plus politique, c'est une taxe sur les surprofits qu'ont fait un certain nombre d’entreprises énergétiques…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais TOTAL par exemple, TOTAL, vous lui prenez combien ?

BRUNO LE MAIRE
Mais TOTAL, on lui prend tout ce qu’ils font comme bénéfices sur le raffinage, c’est-à-dire sur leur activité, c’est plusieurs centaines de millions d’euros, qui participent au financement du bouclier énergétique. Que là aussi, tous ceux qui nous écoutent n'aient absolument aucun doute, lorsqu'une entreprise a une rente, qui est liée à l'explosion des prix de l'électricité ou du gaz, nous récupérons cette rente, et avec ça, nous finançons le bouclier…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous allez quand même finir par augmenter les impôts ?

BRUNO LE MAIRE
Certainement pas.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, si je vous pose cette question comme ça, c’est parce qu’il y en a un qui, quand même, connaît bien ces systèmes d’impôts, c’est l’ancien président de la République, il a été aux manettes, il a tout tiré, les ficelles, et en plus, il a été à la Cour des comptes, et lui, il dit : il n’y a aucun doute, à un moment, vous ne pourrez pas éviter une hausse des impôts, voilà ce qu’a dit François HOLLANDE hier.

BRUNO LE MAIRE
Mais c’est fou de persévérer dans ses erreurs à ce point-là, l'augmentation des impôts, c'est ce qu'on a essayé depuis les années 80, c'est ce qu'a fait François HOLLANDE, le résultat, c'est que c'est un échec économique, c'est un échec sur le front du chômage, et au bout du compte, c'est un appauvrissement généralisé de notre économie. Nous avons essayé…

APOLLINE DE MALHERBE
Ce que vous voulez dire, c’est que François HOLLANDE projette sur vous ce qu’il aurait fait, lui, c’est ça ?

BRUNO LE MAIRE
Eh bien, je ne sais pas, lui, il en a tiré des conséquences, puisqu’il a augmenté massivement les impôts, il n’a pas pu se représenter comme président de la République. Emmanuel MACRON a baissé les impôts, il a été réélu comme président de la République, c'est peut-être toute la différence entre une politique qui échoue et une politique qui marche ; nous, notre politique économique de baisse des impôts, elle nous a permis de créer 1,6 million d'emplois, elle nous a permis de redresser l'économie française, elle nous a permis pour la première fois depuis 20 ans d'avoir plus d'usines qui ouvrent que d'usines qui ferment, parce que les impôts de production, ça pèse terriblement sur l'industrie française, elle nous a permis d'avoir aujourd'hui en 2023 une croissance qui est positive, notre politique économique de baisse des impôts donne des résultats économiques, elle a permis la réélection d’Emmanuel MACRON, et je pense que c'est la bonne pour le pays, au passage, même pour les finances publiques, c'est bon, quand vous baissez le taux d'impôts sur les sociétés de 33,3 à 25 %, vous n’avez pas moins de recettes fiscales, vous en avez plus, pourquoi…

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, c’est vrai que c’est difficile d’imaginer comment on arrive à faire plus avec moins…

BRUNO LE MAIRE
Mais non, c’est très simple à comprendre, mais parce que vous avez ouvert des entreprises, parce que vous avez relancé l'industrie, parce que vous avez créé des emplois, c'est ce que n'a toujours pas compris François HOLLANDE, qui reste visiblement dans l'idéologie des années 80, là où nous, avec le président de la République, nous voulons construire l'économie du 21ème siècle…

APOLLINE DE MALHERBE
Il est très précis, François HOLLANDE, il dit hier, face à l'ampleur des investissements engagés, notamment dans la transition écologique, pour la réindustrialisation, le gouvernement n'aura guère d'autre alternative que d'augmenter les prélèvements obligatoires, lui, il dit carrément, François HOLLANDE, qu'il faudrait une taxation des superprofits, voire même une augmentation de la TVA, et puis, ensuite, il vous cible, vous, Bruno LE MAIRE, puisque, il parle de vous, il dit : je ne vois pas où le ministre, en l'occurrence, le ministre de l'Economie, qui a utilisé le quoi qu'il en coûte jusqu'à l'épuisement, pourrait réaliser rapidement des économies dans la sphère de l’Etat, puisque vous aviez vous aviez engagé la semaine dernière un nouveau chantier de réduction des dépenses, il dit que c'est impossible.

BRUNO LE MAIRE
Non, mais je suis très heureux d’être visé par un ancien président de la République, mais je le redis, sa politique a échoué, la nôtre réussit, et des augmentations d’impôts, il en est hors de question, j'ai toujours indiqué, et le président de la République a été très clair également, que cela ne faisait pas partie de nos options, pourquoi, parce que la baisse des impôts, créer de l'activité économique, créer des emplois, et nous permet d'avoir la croissance qui finance la transition écologique, et effectivement, vous avez deux possibilités pour financer la transition écologique, la première qui consiste à augmenter les impôts sur les Français, il me semble qu'il y a un problème de pouvoir d'achat aujourd'hui, ou augmenter les impôts sur nos entreprises, il me semble qu'on a toujours un problème de compétitivité, et qu'il faut continuer à essayer de le régler ; cette politique-là est vouée à l'échec…

APOLLINE DE MALHERBE
Et c’est quoi donc…

BRUNO LE MAIRE
Et il y a une autre politique qui est celle que nous menons avec beaucoup de persévérance depuis 6 ans, qui a permis à la France d'être la nation la plus attractive pour les investissements étrangers, qui permet à la France de s'approcher du plein emploi, et qui fait de la France l'une des nations qui réussit le mieux du point de vue économique, c'est celle qui consiste à créer de l'activité, de la richesse, de la prospérité, en arrêtant de retirer aux Français l'argent de leur travail, et en arrêtant de plomber la compétitivité de nos entreprises, notamment industrielles, avec toujours plus d’impôts…

APOLLINE DE MALHERBE
Il y a des faillites en chaîne quand même ces derniers jours…

BRUNO LE MAIRE
Mais…

APOLLINE DE MALHERBE
… Notamment, SAN MARINA, CAMAIEU, GO SPORT, on sent que GAP…

BRUNO LE MAIRE
Mais Apolline de MALHERBE…

APOLLINE DE MALHERBE
26 magasins des GALERIES LAFAYETTE…

BRUNO LE MAIRE
Ne jouez pas vous non plus au mars rouge, nous retrouvons la normale…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça vous paraît normal ?

BRUNO LE MAIRE
Mais nous retrouvons la normale des chiffres de faillites, nous avons 55.000…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc le fait qu’il y ait une augmentation des faillites n’est qu’un retour en fait sur ce qui avait été sous une bulle…

BRUNO LE MAIRE
Mais c’est un retour à la normale de ce que nous avons toujours connu depuis des années, c'est-à-dire environ 55.000 faillites par an en France, il y en a eu beaucoup moins…

APOLLINE DE MALHERBE
Il y a une forme de rattrapage parce que le Covid…

BRUNO LE MAIRE
Mais il y en a eu beaucoup moins quand nous avons protégé avec la politique du quoiqu'il en coûte, qui a sauvé des millions d'entreprises, des millions de salariés et des milliers d'entreprises. Mais maintenant, nous revenons à la normale, nous avons effectivement un nombre de faillites qui est plus élevé, nous faisons très attention à continuer à protéger les entreprises, mais nous revenons à la normale, et je tiens à redire à quel point le cap que nous fixons, c'est bien celui d'avoir des impôts qui n'augmentent pas, de la richesse supplémentaire qui est créée, et du plein emploi en 2025.

APOLLINE DE MALHERBE
J’ai encore des questions à vous poser, Bruno LE MAIRE, sur la question du partage de la valeur, sur la question des retraites, et sur l'Ukraine. Sur le partage de la valeur, le patron des patrons, Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, redoute que vous ne respectiez pas l'accord qu'il est en train de finaliser avec les syndicats, il est assez ferme là-dessus, il a l'air de dire que vous voudriez l’entourlouper, est-ce que ce sera le cas ou est-ce que vous pouvez vous engager ce matin à respecter l'accord tel qu'il sera décidé entre eux ?

BRUNO LE MAIRE
Mais on n’entourloupe personne, et quand il y a un bon accord, je pense qu'il est bon de respecter un bon accord, c'est un bon accord, et je dirais même que cet accord qui a été conclu par les partenaires sociaux est une avancée majeure, là aussi pour nos compatriotes, qui est ma seule obsession…

APOLLINE DE MALHERBE
C’est la question de l’intéressement, de la participation et des primes de partage de la valeur dans les entreprises…

BRUNO LE MAIRE
Pourquoi, parce que, aujourd’hui, aujourd'hui, le partage de la valeur, il bénéficie d'abord aux entreprises les plus grandes, 80 % des salariés des grandes entreprises ont un accord d'intéressement, de participation ou des primes, 20 % seulement des salariés des PME y ont droit, et l'avancée historique, je pèse mes termes, l'avancée historique de cet accord entre les partenaires sociaux, c'est de rendre obligatoire pour toute PME qui a fait des profits importants au cours des 3 dernières années, soit, un accord d'intéressement, soit un accord de participation, soit, le versement d'une prime…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous vous engagez à respecter cet accord ?

BRUNO LE MAIRE
Nous respecterons cet accord qui est un bon accord, et qui est même historique pour tous les salariés des PME, parce que pour tous nos compatriotes qui travaillent dans une PME, qui sont salariés dans une PME, et qui n'ont pas droit à ce partage de la valeur, eh, s'ils appartiennent à ces entreprises, ils auront droit à un des dispositifs de partage de la valeur, et comme je crois profondément au travail, et au travail qui paye bien, c'est une vraie avancée.

APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, le débat sur les retraites à l'Assemblée, ça s'est terminé vendredi à minuit, et ça a donné ça…

/// Manifestants qui chantent un slogan ///

APOLLINE DE MALHERBE
Ça, c’est à minuit, vendredi, notamment, les députés LFI qui criaient : on est là, ce qui est notamment le slogan dans les manifestations. De l'autre côté, sur les bancs de la majorité du gouvernement et même de ses alliés, il y avait La Marseillaise pour y répondre, ça a été un chaos absolument général, est-ce que vous diriez, comme François HOLLANDE, que c'est un gâchis, est-ce que là-dessus, vous seriez d'accord avec François HOLLANDE ?

BRUNO LE MAIRE
Oui, je serai d’accord, c’est plus qu’un gâchis, c'est pathétique. C'est pathétique, ce débat…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous en prenez peut-être votre part aussi, quand même…

BRUNO LE MAIRE
Non, absolument pas. Nous, nous avons voulu avec Olivier DUSSOPT, avec la majorité, avec la Première ministre, mener un débat de fond sur l'avenir du régime de retraite par répartition, nous avons eu droit soit au silence du Rassemblement national, qui n'est jamais sorti du bois, qui s'est caché, qui s'est planqué, mais quand on fait de la politique, on ne se planque pas, on avance à visage découvert, on défend ses positions, le Rassemblement national s'est planqué. Et de l'autre côté, vous avez eu La France Insoumise, qui a vociféré pendant 2 semaines, qui a menacé directement le ministre du Travail, Olivier DUSSOPT, tout ça est pathétique, tout ça est lamentable, et tout cela montre des oppositions totalement irresponsables qui ne voient pas que l'enjeu, ce n'est pas simplement le régime des retraites, c'est que, soit, nous travaillons tous collectivement davantage, et chacun d'entre nous doit entendre cela, soit la France va s'appauvrir, soit, nos enfants s'appauvriront, soit nos petits-enfants s’appauvriront, soit, nous rétablissons les comptes publics…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais pourquoi vous ne l’avez pas dit comme ça ? Pourquoi vous avez commencé par dire que ça allait être plus juste…

BRUNO LE MAIRE
Dans les mois qui viennent, parce que nous revenons, comme je l'ai dit, à une situation économique normale, soit, nous allons payer des taux d'intérêt toujours plus élevés, et nous aurons une charge de la dette toujours plus élevée, soit nous nous engageons à réindustrialiser…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous entendez ma question Bruno LE MAIRE ?

BRUNO LE MAIRE
J'entends votre question et je vais y répondre. Je veux juste qu'on met ce matin les points sur les i sur la situation de la France, soit la France collectivement travaillent davantage, soit nous nous appauvrirons, la preuve en est une fois encore les propositions qui ont été faites par la France insoumise, augmenter les cotisations des entreprises, c'est quoi, c'est appauvrir les entreprises, c'est provoquer des faillites dont vous parlez, soit vous augmentez les cotisations sur les salariés, c'est appauvrir les salariés et c'est menacer le pouvoir d'achat de ceux qui travaillent et qui ont un salaire, mettons les points sur les i. Je suis stupéfait de l'irresponsabilité des oppositions qui ne voient pas la réalité, qui ne savent pas ce que c'est qu'une dette, qui ne savent pas ce que c'est qu'un déficit, qui ne savent pas ce que c'est qu'une entreprise, qui ne savent pas ce que c'est qu'un entrepreneur qui doit payer ses salariés et on a parfois le sentiment…

APOLLINE DE MALHERBE
Trouver des milliards quand il y en avait besoin, on se dit pourquoi là ce serait les Français qui travailleraient d’autant plus.

BRUNO LE MAIRE
Y compris ceux qui défendent, y compris ceux qui défendent soi-disant les plus pauvres, soi-disant les plus modestes, ça ne les dérange pas de leur retirer 400 balles de cotisations par an.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais alors qu’est-ce que vous diriez d’un Laurent BERGER ?

BRUNO LE MAIRE
Pour payer le financement des régimes de retraites.

APOLLINE DE MALHERBE
Qu’est-ce que vous diriez d’un Laurent BERGER, vous diriez lui aussi…

BRUNO LE MAIRE
Mais je vous parle des oppositions politiques.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais enfin c'est le discours.

BRUNO LE MAIRE
Je parle, je pèse mes mots, je vous parle des oppositions politiques.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous ciblez vos ennemis.

BRUNO LE MAIRE
C'est pas des ennemis, ce sont des adversaires mais la politique c'est la réalité et la réalité se venge contre vous quand vous la méprisez. J’accuse les oppositions, Rassemblement national comme la France insoumise de mépriser les réalités, ces réalités se vengeront contre nous si nous n’en tenons pas compte. Et je pense que c'est l'honneur de la majorité, des députés de la majorité, des ministres qui ont défendu ce texte d'avoir voulu mettre l'ensemble des oppositions face à leurs responsabilités et montrer la réalité des choses à nos compatriotes.

APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, le ministre de l'Economie, vous nous dites donc ce matin qu'il n'y aura pas de mars rouge sauf s'il y a un drame avec cette épée de Damoclès. J'avoue que j'ai quand même une derrière question, qu'est-ce qui pourrait arriver de pire en Ukraine, il y a encore une épée de Damoclès ?

BRUNO LE MAIRE
L'épée de Damoclès, c’est l'extension du conflit.

APOLLINE DE MALHERBE
L'extension du conflit jusqu'à nos portes bien sûr voire même au-delà.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 21 février 2023