Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Madame la Ministre.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Laurence FERRARI…
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans La Matinale de CNews, je rebondis sur les images du président que l’on vient de voir à Rungis. Le président qui annonce un petit geste sur le diesel, qu’est-ce que ça va être ce petit geste sur le diesel, vous qui êtes la ministre de la Transition écologique, c’est écolo, ça, un petit geste sur le diesel ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je crois qu’il faut distinguer deux choses, tout le travail que nous faisons pour sortir des énergies fossiles, mais ça, ça va prendre du temps, et aujourd’hui, la situation de pouvoir d’achat des Français, vous savez que nous avons mis en place une indemnité carburant, je le dis aux Français qui nous écoutent, car tout le monde aujourd’hui n’a pas demandé son indemnité carburant, tous ceux qui peuvent y avoir accès, on parle de plus de dix millions de Français qui peuvent avoir une indemnité carburant, ceux qui utilisent leur voiture pour aller travailler. Ça, c’est une mesure de pouvoir d’achat, et évidemment, nous accompagnons les Français pour changer de voiture, pour avoir accès à d’autres mobilités, qui n’utilisent pas du diesel. Mais lorsque vous n’avez pas les moyens de changer de voiture et que vous utilisez…
LAURENCE FERRARI
Oui, mais en même temps, vous donnez un petit coup de pouce au diesel…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Justement…
LAURENCE FERRARI
Tout ça est complètement paradoxal, en fait.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas du tout, au contraire…
LAURENCE FERRARI
Non, rien n’est cohérent, en fait…
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est concilier le court terme et le long terme, c’est faire en sorte de tenir compte du fait que nous changeons d’un modèle qui repose sur les énergies fossiles, et que nous ne laissons personne sur le bord de la route. C’est très facile d’avoir des propos élevés lorsqu’on habite Paris et qu’on a les transports en commun, et qu’on peut se déplacer sans utiliser sa voiture, mais lorsqu’on est comme moi, qu’on habite Lens et qu’on ne peut pas aller au travail, et parfois, ne peut pas aller voir ses parents à l’EHPAD sans sa voiture, et qu’on n’a pas les moyens de changer de voiture, et que le carburant augmente, eh bien, il faut aussi qu’on tienne compte de ça…
LAURENCE FERRARI
Donc c’est une aide qui se rajoute au chèque carburant qui est déjà en place, c’est ça, Madame la Ministre ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, alors, s’agissant…
LAURENCE FERRARI
De quoi parle le président exactement ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
S’agissant de l’aide du diesel, je rappelle déjà ce qui a été mis en place par le gouvernement, et par ailleurs, vous savez comme moi que TOTAL a indiqué qu’il travaillait à une éventuelle ristourne, et là, vous l’avez entendu, le président a dit : faire faire, donc il s’agit des acteurs privés, qui, aujourd’hui, ont les moyens d’accompagner les Français.
LAURENCE FERRARI
Leur tordre le bras, c’est ça, vu les bénéfices qu’ils dégagent, vous leur dites : là, vous allez faire un effort pour aider les Français, c’est ce que vous leur dites ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous, on leur dit…
LAURENCE FERRARI
C’est ce que le gouvernement leur dit ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je dis au patron de TOTAL, qui fait assez peu de bénéfices en France, mais beaucoup dans le reste du monde : investissez en France, investissez dans la transition énergétique, et rendez tous ce que vous pouvez aux Français, je pense que ça bénéficiera à notre pays.
LAURENCE FERRARI
En ce moment, TotalEnergies construit un terminal méthanier flottant au large du Havre, on est bien d’accord ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait…
LAURENCE FERRARI
Ça, c’est pour pouvoir traiter le gaz qui nous arrive des Etats-Unis ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement…
LAURENCE FERRARI
Le gaz de schiste.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, ce n’est pas forcément du gaz de schiste, déjà…
LAURENCE FERRARI
En partie…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je rappelle que le gaz que nous importons, de manière générale, utilise des techniques de fracturation, c’est vrai pour la plupart des gisements qui sont utilisés dans le monde, par ailleurs, il s’agit de remplacer du gaz russe. Aujourd’hui, nous avons baissé notre consommation de gaz, et en termes d’émission de gaz à effet de serre, c’est l’équivalent de 15 % de gaz que nous n’avons pas utilisés l’année dernière, qu’il vienne de Russie ou des Etats-Unis, cela ne change rien, l’important, c’est de baisser notre consommation, et le plan sobriété, que j’ai lancé avec la Première ministre, a permis, non seulement, de passer l’hiver sans encombre, ce qui était important…
LAURENCE FERRARI
Il n’y aura pas de risque de coupure d’électricité cet hiver ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je peux vous confirmer que si nous continuons à être vigilants sur notre consommation d’énergie, non, il n’y aura pas de coupure d‘électricité.
LAURENCE FERRARI
D’accord. Concernant un dernier mot sur le gaz, on parle donc quand même de gaz de schiste importé des Etats-Unis, vous dites : ça n’a pas d’importance que ça vienne des Etats-Unis ou de la Russie, ce n’est pas exactement vrai. Est-ce que nous, la France, nous sommes toujours sur une position où nous n’allons pas extraire du gaz de schiste malgré notre forte dépendance en termes d’importations ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, parce que ce sur quoi nous travaillons, c’est au contraire de sortir de l’utilisation des énergies fossiles, c’est-à-dire, baisser notre consommation, nous sommes en train de le faire, je le redis, c’est près de moins de 10 % de consommation d’énergie que nous avons fait en trois mois, nous avons fait, en trois mois, plus qu’entre trente ans de maîtrise de l’énergie…
LAURENCE FERRARI
On va y revenir, mais juste sur le gaz de schiste, vous nous dites : non, la France ne regardera pas ce que nous avons dans nos sous-sols ? Jamais ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, la France ne regardera pas sur cet aspect-là, parce que nous devons sortir des énergies fossiles, et donc, nous nous appuyons le temps dont nous avons besoin sur d’autres… sur des exportations…
LAURENCE FERRARI
Donc, on préfère l’exporter d’autre pays ce gaz de schiste…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur des importations, pardon…
LAURENCE FERRARI
Voilà, et faire des coups de pouce au diesel ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et nous préférons…
LAURENCE FERRARI
… des énergies fossiles…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et nous préférons, je le redis, Laurence FERRARI, on peut être caricatural, mais ce n’est pas l’enjeu…
LAURENCE FERRARI
Ah, non, non, c’est être précise sur des faits, ce n’est pas être caricatural, Madame la Ministre…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais je vous donne des faits, les faits, c’est qu’on baisse nos émissions de gaz à effet de serre en 2022, c’est qu’on utilise moins de charbon qu’en 2021, c’est qu’on utilise moins de gaz qu’en 2021, et c’est qu’on utilise moins d’électricité carbonée (sic), donc c’est ça les faits. Et nous allons continuer à y travailler, moins d’électricité, tout court, pardon…
LAURENCE FERRARI
Oui, parce que décarbonée, c’est encore un autre sujet. Pour la première fois en quarante-deux ans, la France a été importatrice nette d’électricité l’an dernier, quelle leçon vous en tirez, nous ne sommes plus capables d’assurer notre souveraineté énergétique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, la leçon que j’en tire, c’est que, d’abord, nous n’avons jamais été souverains énergétiquement, l’électricité, ce n’est qu’un tiers…
LAURENCE FERRARI
Jamais ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n’est qu’un tiers de notre consommation d’énergie. Et nous dépendons du pétrole et nous dépendons du gaz, ça, c’est la première chose. En revanche…
LAURENCE FERRARI
La France n’a jamais été indépendante en matière de souveraineté électrique… ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Energétique, non, Laurence FERRARI, nous avons toujours dépendu du gaz et du pétrole, ça, c’est la première fake news…
LAURENCE FERRARI
Le nucléaire ne nous mettait pas à l’abri de ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est 20 % de notre consommation d’énergie, le nucléaire, il y a 80% à aller chercher. Donc il faut bien y travailler. Par contre, en électricité, nous étions souverains, et je pense que c’est à ça que vous faisiez allusion à l’instant…
LAURENCE FERRARI
C‘est ça, complètement…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais n’oublions pas que deux tiers de notre énergie vient du reste du monde. Sur la partie électricité, nous avons une production d’électricité qui est la plus basse depuis 1992. Et très clairement…
LAURENCE FERRARI
Grâce aux efforts des Français ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Très clairement, non, la production, pas la consommation, la production d’électricité, et c’est pour ça que nous avons besoin aujourd’hui qu’EDF se mobilise pour augmenter sa production d‘électricité ; comment, on augmente la production d’électricité, on est meilleur opérationnellement, aujourd’hui, nos centrales nucléaires ne tournent pas assez, aujourd’hui, les arrêts de maintenance sont très longs, et nous savons que nous pouvons gagner trois semaines à quatre semaines sur les arrêts de maintenance, c’est ce que nous avons montré dans un audit que ma prédécesseur avait commandé, Barbara POMPILI, et que nous sommes en train de mettre en œuvre pour réduire les délais de maintenance. Ce sont des mesures d’excellence, industrielles, et c’est la mission que nous avons confiée à Luc REMONT pour les années à venir.
LAURENCE FERRARI
La situation qu’on vit actuellement c’est aussi le fait d’un défaut d’anticipation, d’un défaut de révision, arrêter un certain nombre de réacteurs pour maintenance, ce qui est tout à fait légitime, au même moment, ça a entraîné une baisse de la production électrique en France, le gouvernement n’aurait pas pu anticiper cela ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors pas tout à fait parce que la sûreté nucléaire impose d’arrêter très régulièrement les réacteurs, ça, ça fait partie…
LAURENCE FERRARI
Tous en même temps ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas tous en même temps, comme vous le savez, mais vous savez qu’un réacteur il doit s’arrêter au moins une fois tous les 12 à 18 mois pour du rechargement combustible, que vous avez des arrêts de centrale au bout de 40 ans, et si vous regardez quand est-ce que nos réacteurs nucléaires ont été fabriqués, eh bien vous rajoutez 40 ans et vous êtes pile poil dans la période actuelle, donc ça était parfaitement prévisible, tout ça c’est du travail qui repose sur les épaules de salariés d’EDF aujourd’hui, ce que nous savons en revanche c’est que nous pouvons faire plus vite, c’est ce que montre l’audit industriel qui a été commandé par le gouvernement et qui est actuellement mis en œuvre par EDF, et puis nous avons détecté, et ça c’est aussi le résultat d’un très haut niveau de sûreté nucléaire, des traces de corrosion sur certaines tuyauteries, et nous sommes en train de la réparer, et ça effectivement ce n’était pas anticipable, mais en France on ne plaisante pas avec la sûreté nucléaire et nous avons arrêté les centrales pour pouvoir réparer.
LAURENCE FERRARI
Quelle est la feuille du gouvernement pour redresser la barre en matière d’énergie nucléaire, qu’est-ce que vous allez proposer, il y a un projet de loi d’accélération du nucléaire qui arrive à l’Assemblée en commission la semaine prochaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Plusieurs choses. Vous savez qu’un comité de politique nucléaire s’est tenu le 3 février et nous avons pris, sur l’ensemble de la filière, des décisions, des décisions d’investissements, il faut accompagner EDF pour lui permettre de faire tous les investissements qui permettent d’abord d’opérer, d’avoir le meilleur productible d’électricité aujourd’hui sur la base des réacteurs que nous avons, c’est-à-dire faire en sorte que les arrêts, je l’ai encore dit, puissent durer moins de temps, deuxième chose, prolonger la vie des centrales, et pour prolonger la vie des centrales…
LAURENCE FERRARI
C’est dommage d’avoir fermé Fessenheim d’ailleurs, au passage.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est des investissements…
LAURENCE FERRARI
Vous regrettez ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais Fessenheim c’est une de nos plus vieilles centrales et elle n’était pas si performante, en tout cas pas aussi performante que beaucoup de commentateurs…
LAURENCE FERRARI
Mais elle aurait pu continuer quelques années encore.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Veulent bien le dire. En tout cas, au moment…
LAURENCE FERRARI
Des ingénieurs en général.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Laurence FERRARI, au moment où nous arrivions au pouvoir il fallait, en réalité…
LAURENCE FERRARI
Fermer.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Quatre à cinq ans, peut-être même six, pour pouvoir espérer prolonger Fessenheim, puisque c’est tous les travaux de prolongation de la centrale n’avaient pas été anticipés, ça, c’est une réalité.
LAURENCE FERRARI
Qu’est-ce que vous prévoyez alors ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, ce que nous prévoyons c’est effectivement d’anticiper la prolongation des centrales, passer de 40 à 50 ans, puis de 50 à 60 ans, c’est des investissements de maintenance prédictive et d’anticipation de ces passages, et troisième chose c’est la construction de nouveaux réacteurs, vous savez que nous avons démarré tout le débat public, il se terminera le 27 février, et qu’en parallèle nous travaillons sur le financement, sur le…
LAURENCE FERRARI
C’est du très long terme, on est d’accord !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Design de ces réacteurs.
LAURENCE FERRARI
On est sur 5 à 10 ans, minimum.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est 15 ans la construction d’un réacteur, Laurence FERRARI…
LAURENCE FERRARI
15 ans, on est d’accord.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n’est pas 5 ans, et c’est pour ça que nous avons besoin d’énergies renouvelables, et c’est pour ça que nous avons aussi un projet d’accélération sur les énergies renouvelables, parce que si on veut être souverain énergétiquement, eh bien il faut avoir aussi des énergies renouvelables, de la géothermie, de l’éolien marin, de l’éolien terrestre, du photovoltaïque, du biométhane, toutes ces énergies qui nous permettent d’être véridiquement, véritablement, indépendants énergétiquement.
LAURENCE FERRARI
En attendant, la France continue de payer son électricité à un prix délirant parce qu’elle est coincée dans un système qui s’appelle le marché électrique européen, sur lequel la France a du mal à obtenir des avancées, l’Allemagne fait pression pour que cette réforme soit reportée après les élections européennes de 2024, est-ce qu’une fois de plus la France va se coucher devant l’Allemagne ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors là encore, pas du tout, puisque comme vous le savez la Commission européenne va présenter un texte de réforme du marché de l’électricité au mois de mars, ça ce sont les faits…
LAURENCE FERRARI
Mais l’Allemagne a déjà dit qu’elle attendrait les européennes de 2024 avant de bouger.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça ce sont les faits et je ne suis pas sûre que ça ait été si précis de la part de l’Allemagne, mais peu importe…
LAURENCE FERRARI
Robert HABECK, vice-chancelier, qui appelle la Commission à ralentir le processus…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Peu importe, et par ailleurs…
LAURENCE FERRARI
Non, non, pas peu importe, ce sont des faits Madame.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais moi je vous réponds, la Commission européenne présente un texte au mois de mars, et donc ça ce sont les faits aussi, et c’est à la demande de la France…
LAURENCE FERRARI
Et l’Allemagne va le valider ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et l’Allemagne fait partie de 27 pays, et donc c’est 27 pays qui négocient, ce n’est pas l’Allemagne et ce n’est pas la France tout seul, c’est le propos. Maintenant je veux revenir un instant sur le marché de l’électricité…
LAURENCE FERRARI
Le prix de l’électricité, voilà ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Européen. Il y a une fake news…
LAURENCE FERRARI
Aujourd’hui les Français payent le prix de l’électricité pratiquement trois fois plus cher que ce qu’ils devraient ne le payer.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ce n’est pas tout à fait exact non plus puisque vous savez que le prix de l’électricité il dépend effectivement de nos centrales nucléaires, mais pas que, il dépend beaucoup des importations, et le prix des importations est élevé, puisque d’autres fabriquent sur base de gaz, et puis il y a une fake news…
LAURENCE FERRARI
Et ça, ça ne vous paraît pas aberrant ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non mais je vais essayer de terminer mon propos si vous le permettez…
LAURENCE FERRARI
Oui, oui, non, mais rien que là-dessus, notre prix de l’électricité est basé sur le prix du gaz qui dépend donc des autres.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien quand on importe, en règle générale, et c’est bien pour ça qu’il faut sortir des énergies fossiles…
LAURENCE FERRARI
On est bien d’accord.
AGNES PANNIER-RUNACHER
On dépend des autres.
LAURENCE FERRARI
C’est bien pour ça qu’il faut être souverain et indépendant ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Quand on a le prix du pétrole qui augmente, et qu’on n’est pas producteur de pétrole, on paye le prix des autres…
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu’il faut sortir du marché européen ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et c’est pour ça qu’il faut développer des énergies renouvelables dans les 15 ans qui viennent, et c’est pour ça qu’il faut développer des réacteurs nucléaires si on veut être indépendant réellement et payer le vrai prix. Et puis la fake news qui circule…
LAURENCE FERRARI
Que propose la France ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est celle du marché de l’électricité…
LAURENCE FERRARI
Que propose la France ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
L’Espagne serait sortie du marché de l’électricité…
LAURENCE FERRARI
Non, non, ils ne sont pas sortis du marché…
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est parfaitement inexact, en réalité c’est une taxe, que paye une partie de la population, qui permet de baisser les prix de l’électricité sur une partie des entreprises, donc c’est le même système que la France, qui a protégé, je rappelle que les ménages français, aujourd’hui, quand bien même le marché de l’électricité a un fonctionnement qu’on peut discuter, payent le prix de l’électricité le plus bas d’Europe, les Français, les ménages…
LAURENCE FERRARI
D’accord, mais beaucoup plus cher que ce qu’ils devraient le payer Madame la Ministre.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Les très petites entreprises, payent le prix de l’électricité le plus bas d’Europe et 15 % plus cher cette année, là où ils auraient dû payer 85 % plus cher, alors ne laissons pas circuler…
LAURENCE FERRARI
Donc il faut qu’on se contente de ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ne laissons pas circuler les fake news…
LAURENCE FERRARI
Il faut qu’on se contente de ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, nous, nous agissons…
LAURENCE FERRARI
Alors, qu’est-ce que vous proposez ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous agissons avec des boucliers, nous agissons en allant prélever sur les énergéticiens…
LAURENCE FERRARI
Et vous allez sur le marché électrique européen…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous agissons…
LAURENCE FERRARI
La position de la France, que proposez-vous ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous agissons sur les énergéticiens pour qu’ils contribuent à payer le bouclier énergétique, nous taxons les surprofits…
LAURENCE FERRARI
Vous ne répondez pas à ma question.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Si, j’y vais ; et nous agissons en portant cette réforme du marché de l’électricité, et le texte de la Commission européenne qui a été inspiré, entre autres, par les Français, arrive au mois de mars sur la table des ministres des conseils de l’Energie.
LAURENCE FERRARI
Je vous rappelle que l’Allemagne ne souhaite pas bouger de ce système de l’électricité européen avant les européennes de 2024, il faudra donc que les Français attendent cette échéance avant de pouvoir éventuellement payer leur électricité au prix auquel ils la produisent.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je le rappelle, Laurence FERRARI, les Allemands ne voulaient pas de plafonnement du prix du gaz, et nous avons un plafonnement du prix du gaz européen, que les Français ont négocié au niveau de la Commission européenne, ça aussi c’est de la réalité, la réalité c’est une France forte en Europe, qui est capable de négocier des textes auxquels les Allemands n’adhèrent pas nécessairement et finalement ils les acceptent parce que nous sommes 27 et que ce n’est pas que l’Allemagne qui décide en Europe et c’est très heureux, donc le plafonnement du prix du gaz, vous me disiez sur ce plateau « vous n’y arriverez pas », nous y sommes arrivés en décembre dernier.
LAURENCE FERRARI
Néanmoins, on va parler juste un tout petit mot du gaz, les prix du gaz restent trois fois plus chers… 2021, et surtout six fois plus chers qu’aux Etats-Unis, comment est-ce qu’on peut réindustrialiser la France avec des tarifs qui sont aussi peu compétitifs ? et c’est le vrai sujet de la concurrence des Etats-Unis !
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est le vrai sujet, un, de la décarbonation. Comment on sort de notre dépendance au prix du gaz ? c’est en développant de l’hydrogène, c’est en développant de l’électricité produite en France, et c’est le plan du gouvernement. La stratégie énergétique elle est très claire, du gouvernement, c’est baisser la consommation là où on gaspille de l’énergie, et on l’a fait, on fait -10%…
LAURENCE FERRARI
Quitte à faire fermer des entreprises.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, -10 % c’est sur le chauffage, c’est sur l’eau chaude sanitaire, et comme vous le voyez, on a baissé de -10 %, on n’a pas une croissance qui a baissé de 10%, notre croissance, vous êtes d’accord avec moi…
LAURENCE FERRARI
Il n’y a pas d’entreprises qui ont fermé qui avaient été étranglées par leur facture énergétique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous êtes d’accord avec moi, la croissance n’a pas baissé de 10 %, et quant aux entreprises qui ferment, je rappelle qu’avant la crise Covid, vous aviez 50.000 entreprises en faillite, nous en avons 42.000 aujourd’hui, nous n’avons pas encore rattrapé le trend pré-Covid du nombre d’entreprises qui faisaient faillite, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des entreprises qui sont en difficulté aujourd’hui, et c’est pour ça que nous les aidons, et c’est pour ça que, encore une fois, je les invite à s’assurer qu’elles bénéficient des aides que nous leur apportons, parce que nous voyons que certaines entreprises n’en bénéficient pas, il faut qu’elles aillent sur leur espace client fournisseur de… de leur fournisseur d’énergie, et qu’elles se signalent, qu’elles disent qu’elle sont des PME, qu’elles disent qu’elles sont des TPE, pour avoir le plafonnement du prix de l’électricité. Et qu’elles puissent éventuellement aller sur le site du ministère de l’Economie pour voir si elles peuvent bénéficier aussi d’aides…
LAURENCE FERRARI
C’est une usine à gaz, c’est ce que nous disent les petites entreprises, quand elles vont sur le site, on avait un boulanger hier, eh bien, peut-être qu’il n’y est pas assez…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Laurence FERRARI, est-ce que vous êtes allée voir sur le site…
LAURENCE FERRARI
Au niveau, selon vos critères…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur le site du fournisseur…
LAURENCE FERRARI
Moi, je crois ce que les gens nous disent, voilà, c’est une usine à gaz, on ne comprend même pas, et nos experts comptables doivent faire une formation.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je pense que là, il faut qu’ils changent d’expert-comptable, je le dis très gentiment, mais ce qu’on demande aux entreprises, c’est d’aller sur leur espace de fournisseur, de leur fournisseur d’électricité, et de mettre une croix dans une case, il y a une croix dans la case TPE, il y a une croix dans la case PME, je pense qu’elles connaissent leur chiffre d’affaires, et le nombre de salariés qu’elles ont, c’est extraordinairement facile, et ensuite, ça s’applique directement sur leur facture. Donc plus simple, ça n’existe pas, mais c’est comme la Sécurité sociale, si vous ne faites pas l’effort de vous signaler à la Sécurité sociale, elle ne vous rembourse pas vos médicaments, c’est la moindre des choses, et nous accompagnons les entreprises et je leur dis : allez sur votre espace de fourniture d’énergie, mettez la croix dans la bonne case, et vous aurez automatiquement, je le répète, automatiquement, sur votre facture, le plafonnement du prix de l’électricité, le bouclier, si vous y avez droit, ou l’amortisseur, si vous y avez droit.
LAURENCE FERRARI
Bon, le message est passé. On vérifiera auprès d’eux si c’est aussi simple que vous dites…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà, 450.000 entreprises aujourd’hui se sont signalées, il faut qu’on en ait encore plus.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup d’être venue ce matin dans La Matinale de Cnews…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci Laurence FERRARI.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 22 février 2023