Texte intégral
FRANÇOIS MADEUF
Une minute de silence sera observée dans les collèges et lycées cet après-midi à 15h partout en France après la mort d’une professeur d’espagnol hier, poignardée par un élève de 16 ans au Pays Basque. On y revient avec notre invité exceptionnel du 6-9 ce matin, c’est le ministre de l’Éducation nationale qui a maintenu son déplacement aujourd’hui en Savoie, Isabelle GAUDIN.
ISABELLE GAUDIN
Bonjour Pap NDIAYE.
PAP NDIAYE
Bonjour.
ISABELLE GAUDIN
Vous vous êtes rendu hier au lycée Saint-Thomas-d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz. Forcément, l'émotion, le choc, est immense. Et on entend la peur des parents, ce matin, qui se disent « ça aurait pu être dans le collège de mon fils ou le lycée de ma fille ». Comment est-ce que vous les rassurez ? Comment éviter que ça recommence ailleurs ?
PAP NDIAYE
Cet événement atroce est tout de même exceptionnel. Il y a 12 millions d'élèves, près d'un million de personnels de l'Education nationale. C'est le temps évidemment, aujourd'hui comme hier, du recueillement, de l'émotion. Mes pensées vont à la famille et puis à l'ensemble de la communauté éducative qui a été si durement touchée, en particulier à Saint-Jean-de-Luz. L'enquête démarre, bien entendu. On regardera les choses de très près. Mais à ce stade, on ne peut pas tirer de conclusions de ce qui s'est passé. Et encore une fois, ce qui s'est passé est fort heureusement exceptionnel.
ISABELLE GAUDIN
Cet élève de Seconde, âgé de 16 ans, est en garde à vue. Vous le disiez, il y a enquête, bien sûr. Il n'était a priori pas connu des services de police ni de la Justice. Il a expliqué aux enquêteurs avoir entendu des voix, était comme possédé ; quel est son profil ? Est-ce que vous en savez plus aujourd'hui ?
PAP NDIAYE
Non. Il faudra, là aussi, attendre les conclusions de l'enquête.
Des pistes allant vers une situation psychiatrique ont été en effet évoquées. Nous allons regarder cela et puis, bien sûr, en tirer des conclusions.
ISABELLE GAUDIN
On a entendu dans le journal de 8h, ce représentant du SNES-FSU de Savoie qui nous dit « il nous faut plus de moyens humains, pas des portiques de sécurité, et plus de psychologues, des infirmières, des assistantes sociales qui peuvent aider les élèves en souffrance, depuis le Covid notamment. C'est quelque chose que vous pouvez envisager rapidement ?
PAP NDIAYE
Nous recrutons, en effet, plus de psychologues de l'Éducation nationale, plus d'infirmières dès l'année prochaine. Il faut également le temps de la formation pour les années à venir. La question de la santé scolaire est une question importante. Je ne ferai pas de lien immédiat et direct entre la santé scolaire à Saint-Jean-de-Luz et puis ce qui s'est passé hier. Mais bien entendu que cette question de la situation psychiatrique générale de nos élèves est posée particulièrement depuis la crise sanitaire.
ISABELLE GAUDIN
Vous avez des chiffres sur ce recrutement de plus d'infirmières, plus de psychologues ?
PAP NDIAYE
Plus de 20% pour ce qui concerne les infirmières et les psychologues de l'Éducation nationale.
ISABELLE GAUDIN
La minute de silence cet après-midi à 15h, vous allez la faire au collège de la Combe de Savoie à Albertville. En quoi ces moments sont importants, Pap NDIAYE ?
PAP NDIAYE
Ce sont des moments qui montrent et qui témoignent de l'unité de la communauté éducative. J'ai pu le mesurer presque physiquement en étant hier à Saint-Jean-de-Luz et j'ai souhaité que l'ensemble des enseignants et des élèves du pays témoignent de leur solidarité, de leur peine également à l'occasion de cette minute de silence. Elle m'a semblé importante symboliquement. C'est aussi une manière de témoigner de notre solidarité à l'égard des enseignants et de la communauté éducative de l'établissement concerné.
ISABELLE GAUDIN
Surtout que le drame a ému forcément toute la France. On parle du mal-être des élèves, mais qu'en est-il de celui des enseignants ? Entre les conditions de travail, la réforme des retraites qui inquiète ; la plupart ne se voit pas encore, à 64 ans, devant des élèves. Qu'est-ce que vous leur dites à ces enseignants pour continuer à avoir envie d'exercer leur métier ?
PAP NDIAYE
Il y a d'abord la revalorisation du métier, revalorisation salariale. Vous savez que des hausses de salaires sont prévues pour tous les enseignants à partir du mois de septembre avec en plus, pour ceux qui s'engageront dans de nouvelles missions, des primes supplémentaires. Mais il n'y a pas que ça, bien entendu. Il y a aussi la question des carrières sur laquelle nous travaillons ; celle de la place des enseignants. Ça ne dépend pas que du ministre de l'Education nationale dans la société française. Et puis, à propos des retraites, nous prévoyons les dispositifs de retraite progressive pour les deux dernières années de service. Nous prévoyons également la possibilité de partir à date anniversaire pour les professeurs des écoles. Bref, un ensemble de dispositions qui devrait aller dans le sens d'un meilleur recrutement ; puisque vous savez qu'on a des difficultés de recrutement. C'est une question qui se pose à l'échelle internationale, mais elle se pose aussi en France.
FRANÇOIS MADEUF
Il est 8h11 sur France Bleu Pays de Savoie. L'invité exceptionnel de ce 6-9 ce matin, c'est le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, Pap NDIAYE, au micro d’Isabelle GAUDIN.
ISABELLE GAUDIN
Ce déplacement en Savoie aujourd'hui et en Haute-Savoie demain, était prévu bien avant ce drame. Et il sera question, entre autres, de ruralité. On l'a entendu dans le journal de 7h à un village de 900 habitants dans le Beaufortain, la quatrième classe qui vient d'ouvrir va fermer, parce que le nombre d'élèves baisse un peu dans cette école rurale. Alors au-delà de la logique comptable, Pap NDIAYE ; les enseignants se demandent si on ne pourrait pas faire plus de cas par cas, notamment dans ces écoles où il y a plusieurs niveaux par classe ?
PAP NDIAYE
Il y a en effet, à propos de la carte scolaire que nous aménageons chaque année, des considérations liées aux effectifs scolaires. Et à l'échelle du pays, d'ailleurs, ces effectifs scolaires baissent de façon tout à fait importante. Là où ils augmentent, nous créons des postes et nous ouvrons des classes ; ce qui est le cas en Savoie et en Haute-Savoie, je le note. En ce qui concerne ce village, il perd une classe, si ma mémoire est bonne, une de ses quatre classes…
ISABELLE GAUDIN
Oui, tout à fait.
PAP NDIAYE
En raison de la baisse des effectifs scolaires. Nous sommes très attentifs aussi aux situations rurales. Les centres-villes ne sont pas traités de la même manière que les villages écartés. Si les effectifs montent dans les années à venir, à ce moment-là, on pourra réétudier la situation. D’ici au mois de juin, nous faisons également des ajustements dans la carte scolaire, un peu partout, pour tenir compte de situations particulières.
ISABELLE GAUDIN
Donc peut-être que tout n'est pas perdu alors.
Les enseignants, les parents ont besoin de réponses concrètes à leurs préoccupations de fermetures de classes, de sureffectif, d'accueil aussi des enfants en situation de handicap ou des enfants ukrainiens. Est-ce que vous avez des solutions concrètes dans vos bagages, là tout de suite, pour la Savoie et les Haute-Savoie ?
PAP NDIAYE
L'accueil des enfants à de multiples dimensions, je note en ce qui concerne la Savoie et la Haute-Savoie, qu'un grand nombre d'élèves ukrainiens sont accueillis dans votre région ; ce qui est une très bonne chose : 21 000 à l'échelle du pays, plus de 1 300 dans cette académie. C'est très important. Il y a une mobilisation très importante de l'Education nationale pour accueillir ces élèves, pour leur offrir d'ailleurs de bonnes conditions. J'aurai l'occasion de le voir moi-même dans un établissement demain dans la région d'Annecy. Ça, c'est une, évidemment, quelque chose de très important. Et puis, ce que nous faisons par ailleurs, c'est une meilleure articulation entre le temps scolaire et le temps périscolaire. Vous savez qu'à la rentrée, nous généralisons le dispositif devoir fait par exemple pour les élèves de 6e, de manière à ce que tous les enfants de 6e fassent leur travail au collège plutôt que de le faire chez eux, sous la supervision d'un enseignant.
ISABELLE GAUDIN
Oui, parce que vous faites du renforcement des savoirs fondamentaux aussi une priorité et ce sera un temps fort de votre visite chez nous. Merci Pap NDIAYE d'avoir été notre invité ce matin en direct sur France Bleu Pays de Savoie ; ministre de l'Education nationale. On rappelle que vous êtes en déplacement aujourd'hui en Savoie et en Haute-Savoie demain. Bonne journée.
PAP NDIAYE
Merci, bonne journée.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 27 février 2023