Texte intégral
Permettez-moi tout d'abord de remercier la présidence indienne et de vous féliciter, Monsieur Jaishankar, pour l'organisation de cette très importante réunion ministérielle du G20. Nous sommes à un moment crucial et la présidence de l'Inde ainsi que son rôle moteur sont absolument nécessaires. "Une Terre, une famille, un futur" est une formule qui nous guide face aux nombreux défis et ce dès à présent.
Un futur, pour les Ukrainiennes et les Ukrainiens. Nous avons déjà vu un an de guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine et contre le droit. Une guerre sans aucune justification et basée sur un tissu de mensonges, une sale guerre qui plus est, menée en violant toutes les lois de la guerre et de la simple humanité. Le G20 doit répondre clairement, comme il l'a fait au sommet de Bali et comme l'Assemblée générale des Nations unies l'y invite à une très large majorité de 141 voix contre 7, appelant à une paix juste et durable qui respecte les principes de la Charte. Ce vote l'a montré une nouvelle fois : venant de toutes les régions du monde, ces voix rejettent ses tentatives de faire primer la force sur le droit, et de mettre à mal ce faisant notre sécurité collective.
De plus, la guerre voulue et poursuivie par la Fédération de Russie a des conséquences négatives pour la quasi-totalité des pays de la planète, pour lesquels elle crée des difficultés sur l'alimentation, l'énergie, les prix.
A Bali, le message de nos chefs d'Etat ou de gouvernement était sans équivoque : en tant que G20, nous devons trouver les moyens de protéger les plus vulnérables au lieu de laisser la guerre entretenue par la Russie les pénaliser tous.
Sur ce sujet comme sur d'autres, notre mission collective sera de parvenir à des résultats. Cela vaut aussi face aux autres défis que sont la lutte contre le changement climatique, lequel s'aggrave, et la nécessité de trouver des solutions nouvelles de financement pour les pays qui en ont besoin. Cela requiert un sens des "responsabilités communes" et non pas une fragmentation, une opposition systématique. Chacun de nos membres doit y contribuer. Nous devons dépasser les idées fausses, comme celles d'une opposition entre le Nord et le Sud, et construire ensemble un multilatéralisme ambitieux et efficace car c'est l'intérêt commun de tous nos pays et de tous nos peuples.
C'est en ce sens que nous soutenons les institutions internationales et, en même temps, leur réforme. La gouvernance mondiale, qu'il s'agisse de l'ONU ou des institutions de Bretton Woods, doit être adaptée aux réalités et défis d'aujourd'hui. Comme vous le savez, la France plaide en ce sens de longue date et est prête à mener dès maintenant cette discussion, par exemple en soutenant l'aspiration de l'UA à participer au G20.
C'est aussi pour cette raison que le Président de la République, Emmanuel Macron, présidera à Paris les 22 et 23 juin un sommet pour sceller un nouveau pacte financier global, en pleine complémentarité avec la présidence indienne du G20 et en nous renforçant mutuellement. Notre objectif est de donner un coup d'accélérateur aux financements en faveur des pays en développement et de réviser les instruments qui leur permettront de combler leurs besoins et notamment de mener à bien leurs transitions énergétiques.
Et n'oublions jamais que nos actions seront observées de près : au sommet du SGNU sur les Objectifs de développement durable comme à la COP28, des bilans seront dressés. L'heure tourne. Nous devons faire plus et plus vite et faire prévaloir notre intérêt commun.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 mars 2023