Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Monsieur le Ministre.
FRANÇOIS BRAUN
Bonjour.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans « La matinale de Cnews ». On va parler de l’accès aux soins, des déserts médicaux du Covid, sujet de préoccupation des Français. Mais d’abord, en tant que ministre de la Santé et de la Prévention, on ne vous a pas beaucoup entendu depuis le début de l’affaire, et la triste affaire Pierre PALMADE, pour demander une grande campagne de prévention contre la consommation de stupéfiants, lorsque l’on prend le volant, 700 morts chaque année sur les routes. Est-ce que ce n’est pas une grande cause ?
FRANÇOIS BRAUN
Ce qui est une grande cause, en tout cas, c'est de lutter contre toutes les addictions. On parle ici de drogue, mais les addictions contre les jeux, les addictions contre l’alcool, le tabac, sont aussi des addictions et il faut lutter contre toutes ces addictions. Et pour lutter contre toutes ces addictions, dans le cadre justement de ce ministère de la Santé et de de la Prévention, c’est bien d’aller lutter contre les racines mêmes des addictions, c’est-à-dire pourquoi, pourquoi bascule-t-on dans une addiction ? Je crois que c’est ça qui est essentiel.
LAURENCE FERRARI
La drogue, c'est hyper important, ça touche nos enfants, ça leur détruit le cerveau. Le dernier clip, j’ai cherché, le dernier clip de prévention du ministère, ça date de 2020. Alors voilà, on en voit quelques images. Est-ce qu’il ne faut pas aller plus loin ? Est-ce qu’il ne faut pas aller dans les écoles, dans les collèges, que les médecins expliquent les dégâts que ça provoque sur le cerveau ?
FRANÇOIS BRAUN
Je vous le disais, la lutte doit être contre toutes les addictions. Et pour cela nous nous rendons compte, et ce n’est pas un scoop, je suis désolé, mais ont sait que la santé mentale des jeunes est en difficulté aujourd’hui. Je vais d’ailleurs, à la fin de la semaine, refaire le point sur un an des Assises de la santé mentale, et j’aurai d’ici un mois les conclusions de ces fameuses Assises de la santé de l’enfant, avec un champ particulier sur la santé mentale. Et c’est cette détérioration de la santé mentale qui amène vers les addictions. Un enjeu majeur, et vous avez raison, il faut aller dans les écoles. J’en discutais hier avec le ministre de l’Education nationale, il faut aménager, le terme est peut-être un peu barbare, les compétences psychosociales de nos enfants. Ça veut dire qu’il faut apprendre à nos enfants à s’apprécier eux-mêmes, à pouvoir discuter avec les autres, à avoir toute cette capacité, déjà eux-mêmes, de résister à ces tentations et ces addictions. Après, bien sûr, l’étape qui doit être parallèle, c’est bien sûr de sensibiliser plus spécifiquement, d’interdire aussi, je crois qu’il y a une partie interdiction, une partie d’application…
LAURENCE FERRARI
Mais c’est interdit. Le problème c'est ça, c'est que les drogues sont interdites, donc on s’est dit « puisque c'est interdit, on ne fait pas de prévention ». Parce que, honnêtement, moi, cette campagne, je ne l’avais pas vue, c’est en cherchant que je l’ai trouvée. On a beaucoup travaillé sur l’alcool et le tabac, et c’est tant mieux, sur la prévention sur ces deux fléaux, maintenant est-ce qu’il ne faut pas mettre un grand coup sur la consommation de stupéfiants, Monsieur le Ministre de la Santé ?
FRANÇOIS BRAUN
La consommation de stupéfiants est quelque chose de multiple, c'est là toute la difficulté, c'est-à-dire que, vous savez parfaitement, il y a plein de sortes de stupéfiants, avec des effets différents, avec des façons de les traiter qui sont différentes aussi ; c'est pour ça, je me permets d'insister, il faut lutter d'abord contre les racines, qui font qu'on bascule vers ces addictions.
LAURENCE FERRARI
Mais aujourd’hui, les gamins, tous les gamins à la sortie des collèges ou des lycées sont confrontés à ça. On le sait tous, en tant que parents, et mère de famille ou père de famille. Comment encore une fois, la santé, la prévention, le gouvernement peut aider les parents dans cette grande lutte contre les stupéfiants ?
FRANÇOIS BRAUN
Tous les gamins sont également confrontés aux Puff…
LAURENCE FERRARI
Puff ? C’est quoi Puff ?
FRANÇOIS BRAUN
Puff, vous savez, les petits trucs qu'on fume là, qui sont parfumées, qui ont toutes les couleurs et qui amènent au tabac, qui amènent là aussi à une addiction. Là aussi il faut lutter contre ça. Informer sur les dangers de la drogue est bien sûr aussi le rôle de l'école, c'est aussi le rôle des médecins traitants. Mais je vous le redis, il faut que l’on redonne, et c'est ça l'enjeu majeur de la prévention, d'une façon générale. La prévention c'est quoi ? C'est prendre soin de soi. Prendre soin de soi c'est effectivement ne pas consommer de drogues. Prendre soin de soi c'est porter un masque en période épidémique, c'est se laver les mains, c'est se faire vacciner lorsque la vaccination permet d'éviter la maladie.
LAURENCE FERRARI
Et ça c'est un discours raisonnable. Quand on a 14, 15 ans, qu'on est soumis à la pression des autres, que voilà le cannabis est à portée de main, malheureusement la cocaïne de plus en plus, il faut peut-être donner un peu plus d'armes aux jeunes.
FRANÇOIS BRAUN
Exactement. Il faut leur donner ces armes, il faut mieux les former pour résister face à cela, et d'une façon générale pour se sentir mieux dans notre société qui a évolué.
LAURENCE FERRARI
Et dire tous les dégâts que fait le protoxyde d'azote aussi…
FRANÇOIS BRAUN
Bien sûr.
LAURENCE FERRARI
…dramatique, la 3-MMC, toutes ces nouvelles drogues que l'on découvre à la lueur de cette triste affaire PALMADE. Le Covid, est-ce qu'on peut dire que l'épidémie de Covid est terminée Monsieur le Ministre ?
FRANÇOIS BRAUN
Aujourd'hui, la contamination par Covid est extrêmement faible, c'est à un niveau bas. On est quelque part, on est sorti de cet état d'urgence sanitaire, bien sûr, et on est dans probablement une situation que nous allons vivre maintenant pendant plusieurs années, avec un taux bas…
LAURENCE FERRARI
Maladie chronique qui va revenir comme la grippe ?
FRANÇOIS BRAUN
C’est un virus. Il est fort probable, vous savez, je reste toujours très prudent par rapport à cette épidémie de Covid, qui n'a que 3 ans. Ça semble un monde mais c'est récent, mais en tout cas on évolue plutôt comme la grippe, avec probablement des pics qui seront au moment hivernal d'ailleurs, les autorités sanitaires ont indiqué qu'il fallait se faire, refaire vacciner probablement à l'automne pour les personnes les plus fragiles.
LAURENCE FERRARI
En même temps, on a aussi des études qui montrent que voilà la quadruple ou quintuple vaccination ne sert pas à grand-chose en réalité, est-ce qu'on n'est pas allé trop loin sur cette volonté de faire des rappels et des rappels, qui ne servent pas à grand-chose si ce n'est sur les formes graves ?
FRANÇOIS BRAUN
Je crois que vous avez dit là, la phrase la plus importante, c'est qu'effectivement…
LAURENCE FERRARI
Ça ne joue pas beaucoup sur l’infection.
FRANÇOIS BRAUN
Ça protège des formes graves, je crois que c'est ça qui est important. Ça protège les plus fragiles, c'est ça qui est essentiel maintenant, c'est pareil pour la grippe. Il faut se protéger pour protéger les autres.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Et les tests qui ne sont plus remboursés à 100 % par l'Assurance maladie, ça veut dire que, voilà, pareil, il n’y a plus besoin de se faire tester.
FRANÇOIS BRAUN
Ça veut dire qu'on revient dans le droit commun, si je peux m'exprimer ainsi. Les tests sont remboursés en partie par l'Assurance maladie, ils sont remboursés totalement pour les personnes les plus fragiles, ils sont remboursés par les complémentaires, y compris la complémentaire santé solidaire bien sûr, pour nos concitoyens qui n'ont pas les moyens d'avoir une complémentaire.
LAURENCE FERRARI
On arrivera à une seule vaccination par an comme la grippe, et est-ce qu'un jour Monsieur le Ministre il y a un labo français qui produira un vaccin ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors, il y a déjà un vaccin qui est produit par SANOFI. On arrivera à une vaccination par an, probablement, mais là aussi, vous savez ces épidémies je continue à les suivre très très régulièrement, alors plus quotidiennement aujourd'hui, je l'avoue, mais une fois par semaine les différents chiffres, et nous sommes toujours prêts à réagir si jamais il y avait une ré-augmentation.
LAURENCE FERRARI
On saura d'où vient ce virus Covid ? Le FBI dit qu’il s'est probablement échappé d'un laboratoire à Wuhan ; on aura la vérité un jour ?
FRANÇOIS BRAUN
Je n'ai pas les informations du FBI, c'est une hypothèse qui est sur la table depuis le début. Pour l'instant je n'ai pas d'éléments, ni en faveur, ni contre cette hypothèse.
LAURENCE FERRARI
Autre grand sujet de préoccupation pour les Français, les peines prix de médicaments. Aujourd'hui on ne trouve peu, je ne vais pas dire pas, mais peu d'Amoxicilline, antibiotique que l'on donne, le plus prescrit aux enfants. On trouve peu de paracétamol. Qu'est-ce que vous comptez faire ? Ça prouve là le manque de souveraineté de la France en matière de fabrication de médicaments, les principes actifs étant produits pour l'essentiel en Asie.
FRANÇOIS BRAUN
Je veux déjà rassurer les Français, sur les produits en particulier dont vous avez parlé. Nous avons augmenté de plus d'un million de doses nos stocks d'Amoxicilline. En fait, quand on dit qu'il y en a difficilement, on en trouve difficilement effectivement dans quelques pharmacies mais…
LAURENCE FERRARI
Dans plusieurs pharmacies.
FRANÇOIS BRAUN
Mais nous avons restauré nos stocks, nous avons plus d'un mois de stocks, donc il y a ensuite un problème de distribution, et les pharmaciens ont fait pendant toutes ces périodes un travail extraordinaire, en appelant partout, enfin ils ont vraiment été en en première ligne et je veux les remercier. Le problème de l'industrie du médicament il est multiple, et c'est pour cela que j'ai lancé, plus qu'un groupe de travail, c'est vraiment une Task Force, un petit peu, avec Roland LESCURE, le ministre de l'Industrie, auprès des industriels du médicament, auprès de toute la chaîne, pour faire quoi ? Un, pour identifier les médicaments dits critiques, c'est-à-dire les médicaments essentiels, médicaments et dispositifs médicaux d'ailleurs. Il y en aura à peu près de 250, nous aurons la liste d'ici un mois. Toutes les sociétés savantes médicales travaillent dessus, puisque déjà il faut savoir absolument ceux dont on ne peut pas du tout se passer.
LAURENCE FERRARI
Là, les deux, paracétamol, Amoxicilline, on est d'accord on ne peut pas s'en passer.
FRANÇOIS BRAUN
On est d'accord, mais l'Amoxicilline on a vu aussi cet été qu’on avait des autres possibilités.
LAURENCE FERRARI
On a déjà les noms.
FRANÇOIS BRAUN
Vous savez, 200 ça va être beaucoup, et il faut qu'on arrive, une fois qu'on aura notre propre liste, à l’harmoniser aussi au niveau européen. Vous avez parlé de souveraineté…
LAURENCE FERRARI
Mais quand est-ce qu’on les fabriquera sur notre sol ? Voilà.
FRANÇOIS BRAUN
On en fabrique déjà. Vous avez parlé de souveraineté, c'est la souveraineté de la France, mais c'est aussi de la souveraineté de la France au sein de l'Europe, et c'est ça qui est important. Parallèlement, je passe dans les détails, mais j'ai mis en place un Plan blanc du médicament, en cas de pénurie, quelles sont les actions qu'on met en place immédiatement pour garantir que les Français auront toujours leurs produits. Également, l'hiver on le sait, ça arrive tous les ans, donc on va faire des stocks si c'est nécessaire, si on a le moindre doute sur la production. Et puis dans le cadre de France 2030, vaste progrès, avec quand même 7,5 milliards qui ont été mis dans le domaine de la santé, pour favoriser les thérapeutiques innovantes, garder les produits que l'on appelle matures, qui sont ces vieux produits qui ne donnent pas forcément de revenus suffisants aux industriels, mais s'assurer…
LAURENCE FERRARI
Ils ne sont pas intéressants financièrement pour eux.
FRANÇOIS BRAUN
Oui, mais il faut qu’on s'assure quand même qu'ils ont toujours les capacités de les produire, pour ça il faut de la transparence des deux côtés, y compris si je peux me permettre, du côté des industriels. Et puis refaire venir en France, comme nous le faisons actuellement avec le paracétamol, la production de principes actifs, pour que nous soyons « autonomes » sur ces médicaments.
LAURENCE FERRARI
Autre sujet de prévention. Vous étiez hier aux côtés du président de la République à Jarnac en Charente, pour annoncer la généralisation de la vaccination contre le papillomavirus, pour les élèves volontaires dès la classe de 5e, c'est une maladie sexuellement transmissible, qui est responsable de milliers de cancers chaque année. Pourquoi est-ce que… c'est un vaccin qui est déjà à disposition, pourquoi est-ce que les Français ne le font pas plus pour leurs adolescents ? Il y a une méfiance sur les vaccins ?
FRANÇOIS BRAUN
Il y a peut-être une méfiance sur les vaccins, mais il y a surtout eu un manque d'informations sur la vaccination contre le papillomavirus. Ce qui s'est passé hier, ce que le président de la République a annoncé, est quelque chose de majeur dans notre politique de prévention. Nous avons là un cancer que l'on peut demain éradiquer complètement, c'est le cancer du col de l'utérus, qui touche 3 000 femmes par an, mais il y a aussi 3 000 autres cancers par an, qui peuvent être des cancers de la gorge, des concerts sexuels…
LAURENCE FERRARI
Chez les hommes.
FRANÇOIS BRAUN
Chez les hommes. Donc c'est vraiment, ça touche absolument tout le monde, et l'indication chez des hommes est récente en fait, elle date de 2021, donc vous voyez c'est quelque chose de récent. Mais c'est la première fois qu'avec un vaccin que l'on connaît, c'est un vaccin qui a plus de 15 ans, on sait qu'il est « inoffensif », qu’il n'a pas d'effets secondaires majeurs, et ce vaccin va nous permettre, dans 15 ans, dans 20 ans, d'éradiquer le cancer du col de l'utérus, qui tue plus de 1 000 femmes par an. D’autres pays sont partis dans cette voie, l'Australie en particulier, l'Australie qui a vacciné plus de 80 % de sa population de jeunes, garçons et filles, annonce que dans 15 ans il n'y aura plus de cancers du col de l’utérus, il y aura d’autres…
LAURENCE FERRARI
C’est un vaccin qui est cher encore, on est d’accord, une centaine d'euros, remboursé à 65 % par l’Assurance maladie…
FRANÇOIS BRAUN
C'est bien pour ça que le président de la République a annoncé que les enfants de classe de 5e, puisque c'est à partir de la classe de 5e, en classe de 5e, que nous allons leur proposer la vaccination, 800 000, 850 000 enfants par an à peu près. Il sera totalement gratuit pour cette vaccination en classe. Si les gens, si les parents, puisqu'il faut qu'il y ait l'accord des deux parents, veulent que leurs enfants se fasse vacciner, ils pourront se faire vacciner auprès de leur médecin traitant, auprès du pharmacien, auprès de l'infirmière, auprès de la sage-femme. Là bien sûr la Sécurité sociale prend en charge une partie, les assurances complémentaires prennent le reste. La volonté très claire qu’a affichée le président de la République, c'est de vacciner toute une tranche d'âge, et que tout le monde ait accès à ce vaccin, sans débourser, pour que toutes les parties de notre société soient concernées.
LAURENCE FERRARI
L'accès aux soins. Les Français vivent très très mal le fait de ne pas pouvoir trouver de généraliste dans toutes, que ce soit zones rurales, zones urbaines. On va parler de la situation avec les médecins, mais d'abord il y a nos confrères du Parisien qui affirment que selon un rapport du professeur Yves VILLE de l'hôpital Necker à Paris, il y a 100 maternités où il ne faudrait plus accoucher, sous peine de danger pour, et la mère et l'enfant. 100 maternités dans des zones évidemment comme la Nièvre, la Lozère, le Cantal, la Meuse, la Haute-Marne, l'Ardèche. Vous partagez ce constat ? Il y a des endroits en France où il vaut mieux ne pas accoucher, parce que c'est trop loin tout simplement du domicile des mamans ?
FRANÇOIS BRAUN
Ce qui est important, je crois, c'est… Vous savez, j'ai mon expérience professionnelle, j'ai fait beaucoup d'accouchements, j'ai fait beaucoup d'accouchements dans des ambulances…
LAURENCE FERRARI
Vous étiez urgentiste.
FRANÇOIS BRAUN
Voilà. … à domicile. L'accouchement pour la famille, est toujours un moment extraordinaire, un moment de joie…
LAURENCE FERRARI
Mais d'angoisse.
FRANÇOIS BRAUN
Pour les médecins en tout cas, et les soignants, c'est toujours un moment d'angoisse, parce que…
LAURENCE FERRARI
Pour les mamans aussi.
FRANÇOIS BRAUN
On pense toujours, toujours au pire. Tout ça pour dire que l'acte d'accouchement, simplement l'acte d'accouchement, est quelque chose qui doit se faire dans un environnement extrêmement sécurisé, même si on développe de plus en plus les Maisons des naissances, et j'en ai vu une qui va se développer en banlieue parisienne, pour les accouchements dits physiologiques, il faut quand même toujours avoir cette sécurité, parce que quand ça se passe mal, il faut qu'un médecin puisse agir rapidement. Donc cette sécurité impose des équipes complètes, impose des équipes qui ont l'habitude de faire des accouchements. Aujourd'hui, on considère qu'une maternité doit au moins faire 300 accouchements, c'est-à-dire un peu moins d'un par jour, c'est pas beaucoup, pour avoir le niveau de compétences. Là nous avons un rapport de professionnels de santé, qui est un rapport qui a été transmis à l'Académie nationale de médecine, qui augmente ce niveau. Je rencontre bientôt les rapporteurs et le professeur Yves VILLE, pour discuter avec lui des tenants et des aboutissants de ce rapport. Mais en tout cas mon objectif reste que partout dans notre pays les femmes puissent accoucher dans de bonnes conditions.
LAURENCE FERRARI
Et en toute sécurité. Les déserts médicaux, on ne trouve pas de médecin généraliste aujourd'hui, on estime qu'il y a 6 millions de Français sans médecin traitant, avec des pathologies chroniques. Qu'est-ce que vous allez faire ? Les médecins libéraux, vous êtes en guerre avec eux, vous avez refusé d'augmenter les consultations, ils ont refusé absolument toutes vos propositions, est-ce que ça ne va pas aggraver la situation ? Qu'est-ce que vous pouvez faire pour que les Français aient accès à un généraliste ?
FRANÇOIS BRAUN
Le fait que les syndicats de médecins généralistes ratent le coche un petit peu de cette Convention médicale, c'est une chance que nous laissons collectivement passer. C'est dommage, parce qu'il y a dans cette proposition de convention médicale, déjà beaucoup d'argent mis sur la table…
LAURENCE FERRARI
1,5 milliard.
FRANÇOIS BRAUN
1,5 milliard. Mais en même temps, des propositions pour justement lutter contre ces inégalités d'accès à la santé. Alors, pour l'instant ils refusent, ça ne va pas m'empêcher de continuer dans ce que nous avons entrepris pour lutter contre toutes les inégalités d’accès à la santé, qui reste pour moi la boussole, le cap le plus important à suivre. Alors, vous parliez des patients en affection de longue durée qui n'ont pas de médecin traitant, j’ai travaillé avec l'Assurance maladie, avec la Sécurité sociale, la semaine prochaine je ne dévoilerai notre plan pour que tous ces patients, le président de la République s'y est engagé lors de ses voeux, soient contactés, et qu'on leur propose une solution. Parce que sur le terrain…
LAURENCE FERRARI
6 millions de personnes contactées ? Non, un peu moins.
FRANÇOIS BRAUN
On va déjà contacter les personnes qui sont en affection de longue durée, c'est 600 à 650 000, ils sont prioritaires bien entendu. Et puis nous avons des actions que nous allons mettre en oeuvre. Quand je vais sur le terrain, et j'y vais beaucoup, je vois des médecins, associés en groupes, qui disent : « pas de problème, on acceptera d'en prendre un ou deux, trois de plus comme ça dans notre clientèle ». Donc nous allons faire du travail de terrain, et je crois que c'est ça qui va nous permettre de sortir de ces difficultés, c'est de travailler sur le terrain, de travailler avec les professionnels sur le terrain, avec les élus, avec les patients, pour trouver les meilleures solutions. C'est tout l'esprit du Conseil national de la refondation en santé, dans lequel nous allons passer à la phase 2 à partir de la semaine prochaine.
LAURENCE FERRARI
Mais il nous manque des médecins, il nous manque des médecins, on ne forme pas assez de médecins dans notre pays. Et ça, ça ne va pas changer tout de suite.
FRANÇOIS BRAUN
Ça ne va pas changer tout de suite, même si l'arrêt du numerus clausus a permis d'augmenter d'à peu près 15 % le nombre de médecins…
LAURENCE FERRARI
C’est peu.
FRANÇOIS BRAUN
Mais pour former un médecin, il en faut 10. C'est peu, mais vous savez, pour former un médecin, il faut des enseignants, donc il faut aussi entraîner des médecins pour être enseignants, parce que les Français n'accepteraient pas que nos médecins demain soient moins bien formés. Nous avons une des formations médicales les plus performantes au monde, il faut garder cette qualité de formation. Donc, ce qui est important aujourd'hui et vous avez raison, il faut dire la vérité aux Français, promettre aux Français qu'ils auront 10 000 médecins demain, c'est leur dire n'importe quo. Il va falloir 7, 8 ans, avant que les courbes commencent à augmenter, même si elles ont déjà commencé. Donc ce qu'il faut, c'est redonner du temps aux médecins, et c'est ce que je leur dis depuis que je suis arrivé, c'est aussi le sens de toutes mes actions. Redonner du temps aux médecins, ça veut dire qu'ils travaillent de façon pluriprofessionnelle, qu’ils travaillent avec des infirmiers. Il y a des missions qui puissent être confiées…
LAURENCE FERRARI
Aux assistants médicaux.
LAURENCE FERRARI
Aux assistants médicaux, aux infirmiers, bien sûr sous la supervision du médecin traitant. Il faut supprimer tous ces certificats inutiles. Il y a 15 jours j'ai eu un rapport remis, que j'avais demandé docteur FRANZONI, sur ces certificats inutiles…
LAURENCE FERRARI
Si un gamin va au sport, pour revenir à l’école après une maladie ;
FRANÇOIS BRAUN
Ils ont évalué, ces professionnels de terrain, que c'était 2 heures par semaine de perdues, sur des certificats inutiles. Donc c'est vraiment un ensemble. Redonner du temps de soins, redonner du temps médical, c'est la solution qui va nous permettre de sortir un petit peu de cette situation de crise actuelle.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup François BRAUN d'être venu ce matin dans « La matinale de Cnews », nous parler de tous ces sujets qui sont évidemment au coeur des préoccupations des Français. Merci à vous.
FRANÇOIS BRAUN
Merci.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 3 mars 2023