Entretien de Mme Laurence Boone, secrétaire d'État chargée de l'Europe, à LCI le 8 mars 2023, sur la situation en Moldavie et la perspective d'une adhésion de ce pays et de l'Ukraine à l'Union européenne.

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Média : LCI

Texte intégral

Q - Une photo de famille, ce matin, autour de la présidente moldave, huit ministres d'Etats membres européens, dont vous, Laurence Boone, bonjour.

R - Bonjour.

Q - On est en Moldavie. Il y a des tentatives d'ingérence russe. La présidente parlait même, il y a quelque temps, d'une tentative de coup d'Etat orchestrée par Moscou. Est-ce que votre présence ici signifie qu'il y a une crainte de voir la Moldavie basculer de camp ?

R - C'est la deuxième vague de déstabilisation, et dès avril, mai 2022, le Président de la République, la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna, avaient déjà alerté sur ce risque. Donc, oui, nous sommes là aujourd'hui, avec des ministres européennes pour mettre les caméras vraiment sur le peuple moldave, son courage, son héroïsme, sa générosité, et rappeler effectivement la difficulté de la situation en Moldavie.

Q - Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, disait, il y a quelque temps : il est possible, probable, que la Moldavie soit la prochaine Ukraine. Est-ce que c'est une menace que vous prenez au sérieux ?

R - C'est une menace qui a été prise très au sérieux, comme je vous le disais, le président de la République et la ministre de l'Europe et des affaires étrangères étaient parmi les premiers, je crois, si ce n'est les premiers à alerter sur ce risque. La Moldavie vit dans un état de préparation à la guerre, puisque, comme vous le savez, ils ont près de 1000 km de frontières avec l'Ukraine. Donc effectivement, ils ont extrêmement peur. Ils se battent pour eux, ils se battent pour les Ukrainiens. C'est pour cela qu'ils font preuve à la fois de générosité et de ténacité dans tout ce que le gouvernement fait pour venir en aide aux réfugiés, pour continuer d'essayer de vivre normalement, et pour mettre en place tout ce qui est nécessaire pour pouvoir intégrer l'Union européenne aussi vite que ce sera possible.

Q - Justement, l'adhésion de la Moldavie, mais aussi de l'Ukraine à l'Union européenne, c'est l'un des thèmes de votre déplacement ici en Moldavie. Est-ce que les deux pays sont prêts, aujourd'hui, à rejoindre l'Union européenne ?

R - Les deux pays ont des recommandations, avant d'ouvrir des négociations. Je sais, ça a l'air bureaucratique. Ils sont tous les deux très volontaristes, et le message que nous, les ministres des affaires européennes, nous avions à faire passer aussi, ici, c'est la mise à disposition de l'expertise technique dont ils ont besoin, du soutien financier aussi, dans le cas de la Moldavie évidemment comme de l'Ukraine. On continue aussi avec le soutien économique à l'Ukraine, et militaire. Mais surtout la mise à disposition de nos experts techniques de nos gouvernements pour pouvoir les aider à progresser sur la voie des réformes pour pouvoir entrer dans l'Union européenne.

Q - Est-ce qu'en accélérant sur une possible adhésion à l'Union européenne, il n'y a pas un risque d'escalade du conflit entre l'Ukraine et la Russie ?

R - Vous savez pourquoi ils se battent ici : pour la démocratie, la liberté, l'Etat de droit, les valeurs que nous défendons, tous les jours, dans nos pays de l'Union européenne. C'est pour cela qu'ils doivent gagner la guerre. C'est pour cela que l'Ukraine doit vraiment gagner la guerre. C'est ce qui permettra à tous les pays qui sont aujourd'hui dans l'Union européenne, mais aussi au voisinage de l'Union européenne, et qui font partie de la famille européenne, d'assurer aussi notre liberté, notre sécurité et le rayonnement des valeurs pour lesquelles on se bat.

Q - Merci beaucoup, Laurence Boone, d'avoir accepté de répondre à nos questions depuis la Moldavie.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mars 2023