Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Marc FAUVELLE.
MARC FAUVELLE
Un mot tout d’abord de ce qui se passe ces derniers jours aux Etats-Unis, depuis vendredi dernier, la 16ème plus grosse banque du pays a dû fermer en urgence, il s’agit d’une banque californienne, depuis, une autre banque a été fermée par l’administration BIDEN, et le président américain va s’exprimer aujourd’hui pour tenter de calmer un peu tout le monde, les banques françaises qui ont perdu assez nettement à la Bourse également vendredi dernier, y a-t-il un risque de contagion aujourd’hui ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne vois pas de risque de contagion, donc il n’y a pas d’alerte spécifique, nous surveillons évidemment la situation de très près, mais je le redis, il n’y a pas d’alerte spécifique. Là, ce qui s’est passé aux Etats-Unis est très singulier, c’est une banque qui était très exposée, voire exclusivement exposée au secteur de la Tech, qui a eu des difficultés liées à l’augmentation des taux d’intérêt, les épargnants de la Tech ont retiré leurs placements, retirer leurs dépôts, ça a créé cet effet cet effet sur cette banque, et sur une autre banque. La situation française…
MARC FAUVELLE
Il n’y a pas de risque à la LEHMAN BROTHERS 2008 ?
BRUNO LE MAIRE
Non, la situation française est totalement différente, d’abord, nous avons des banques qui sont solides, nous avons un système bancaire qui est solide, je vous ai toujours dit que c’était un atout pour notre pays, je le confirme, nous avons un ratio de liquidités qui est élevé dans les banques françaises, que nous surveillons tous les mois avec le gouverneur de la Banque de France. Nous avons des banques qui ont un secteur d’activité, des secteurs d’activité très diversifiés, elles ne sont pas exposées à un seul secteur d’activité, donc je le redis, il n‘y a pas d’alerte spécifique sur le secteur bancaire français, et nous suivons évidemment la situation de très près.
MARC FAUVELLE
Si une banque française devait être touchée par ce qui se passe en ce moment aux Etats-Unis, vous l’aideriez ?
BRUNO LE MAIRE
Mais nous avons toujours aidé toutes les entreprises en difficulté, mais je le redis, nous n’en sommes absolument pas là, il n’y a pas d’alerte spécifique, les banques françaises sont solides, le système bancaire français est solide, et il fait l’objet d’une supervision qui est extraordinairement rigoureuse.
SALHIA BRAKHLIA
Bruno LE MAIRE, vous étiez hier à Matignon, aux côtés de la Première ministre, pour évoquer l’avenir de la réforme des retraites, savez-vous ce matin combien de voix il vous manque pour espérer la faire passer, cette réforme ?
BRUNO LE MAIRE
Ce que je sais surtout, c’est que nous avons eu la majorité au Sénat, et je voudrais commencer par-là, nous avons une majorité pour cette réforme des retraites, qui s’est dégagée au Sénat. C’est une victoire politique majeure, elle est parfois passée sous silence, 195 voix pour, 112 contre, donc une large majorité s’est dégagée au Sénat pour cette réforme des retraites, preuve que le gouvernement, le président de la République peuvent dégager une majorité sur cette réforme des retraites. Maintenant…
SALHIA BRAKHLIA
Mais il y a plus de doutes à l’assemblée…
BRUNO LE MAIRE
Oui, il y a plus de doutes à l’Assemblée, mais il faut que nous mettions toutes nos forces dans la bataille pour la majorité cette semaine, pour dégager une majorité à l’Assemblée nationale, et pour ce qui me concerne, je jetterai aussi toutes mes forces dans cette bataille, parce qu’elle est très importante pour le pays et très importante pour la majorité, il faut d'abord que la majorité fasse bloc, et quand je vois les déclarations de François BAYROU, le patron du MoDem, de Stéphane SEJOURNE, le patron de Renaissance, je n'ai aucun doute que la majorité fera bloc, qu'il s'agisse d'Horizons, de Renaissance ou du MoDem.
SALHIA BRAKHLIA
Avec une menace ?
MARC FAUVELLE
Ça veut dire exclusion pour les frondeurs éventuels, quand vous dites " faire bloc ", les répressifs…
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne dis pas ça du tout, je dis juste que quand on a été élu parlementaire sur un projet législatif clair, qui est de porter la retraite à 65 ans, l'âge légal de départ à 65 ans, puis, un projet législatif, qui reprenait aussi cet âge légal, et qu’on a cette réforme des retraites qui propose l'âge légal à 64 ans, c'est-à-dire avec une ouverture et une concession par rapport à ceux qui nous demandaient une mesure plus mesurée, eh bien, je pense qu'il n’y a aucune raison de ne pas voter cette réforme, et je souhaite évidemment que la majorité fasse bloc.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que vous nous garantissez que le gouvernement n'aura pas recours au 49.3 pour faire passer cette réforme ?
BRUNO LE MAIRE
Je vous garantis qu'on fera tout ce qui est nécessaire cette semaine pour bâtir une majorité, et que c'est la seule option sur laquelle nous travaillons.
SALHIA BRAKHLIA
Le 49.3 n'est pas sur la table ?
BRUNO LE MAIRE
Nous travaillons cette semaine avec la Première ministre que j'ai vue hier avec Gabriel ATTAL, avec Olivier VERAN, avec l'ensemble des parlementaires de la majorité, nous travaillons sur cette seule option, bâtir une majorité.
SALHIA BRAKHLIA
Quand vous voyez ce que disent certains députés LR, Les Républicains, ils sont une dizaine à dire : eh bien, de toute manière, nous, on ne la votera pas cette réforme, vous ne vous dites pas : on a cédé à pas mal de concessions, on a fait beaucoup d'efforts, on a beaucoup changé le texte, et finalement, ils ne veulent toujours pas la voter, c'est quoi, c'est… il y a une petite arnaque dans l'accord avec Eric CIOTTI ou alors, c'est carrément l'autorité d’Eric CIOTTI qui est remise en cause ?
BRUNO LE MAIRE
Non, moi, je ne rentre pas dans ces calculs partisans, ce n'est pas mon sujet, ce que je sais, c'est que cette réforme des retraites va nous permettre de sauver le régime de retraite par répartition, ce que je sais, c'est qu'elle va améliorer la situation de centaines de milliers de personnes qui sont à la retraite ou qui partent à la retraite, ce que je sais, c'est que dans la réforme d'Eric WOERTH, il y avait 1,5 milliard d'euros de mesures sociales, dans la réforme Touraine, il y avait un peu plus de 4 milliards, nous, il y a 6 milliards d'euros de mesures sociales pour améliorer la situation de ceux qui partent à la retraite en ayant un handicap, ou en ayant des difficultés physiques, pour améliorer la situation de ceux qui ont des petites retraites, 6 milliards d'euros, c'est l'ensemble des mesures de la réforme Woerth et de la Réforme Touraine qui sont dans cette réforme des retraites que nous proposons. Donc je pense…
MARC FAUVELLE
6 milliards d’euros, Bruno LE MAIRE, dont plusieurs centaines qui ne sont pas financés à l'heure actuelle…
BRUNO LE MAIRE
Tout devra être financé, le texte, qui sortira de la commission mixte paritaire, qui a lieu mercredi, devra être un texte à l’équilibre financier…
MARC FAUVELLE
Donc il faudra, soit, de nouvelles économies, soit, certaines mesures qui vont être rabotées…
BRUNO LE MAIRE
Ça, c’est aux parlementaires…
MARC FAUVELLE
Il y a une mesure qui a été votée par le Sénat contre l'avis du gouvernement, c'est la création d'un CDI senior avec des cotisations sociales un peu moins élevées pour les pour les entreprises qui embauchent des séniors, est-ce que le gouvernement va reprendre cette mesure de la droite ?
BRUNO LE MAIRE
Mais c’est aux parlementaires de le décider en commission mixte paritaire, la Première ministre va recevoir…
MARC FAUVELLE
Quel sera l’avis du gouvernement…
BRUNO LE MAIRE
Aujourd'hui les parlementaires, la ligne du ministre des Finances, qui est évidemment celle du gouvernement, c'est que le texte qui doit sortir de la commission mixte paritaire, lorsque députés et sénateurs se sont rencontrés, doit être un texte à l'équilibre financier…
MARC FAUVELLE
Parce que c’est des mesures dont on a entendu parler ces derniers jours…
BRUNO LE MAIRE
… C’est la condition pour sauver notre régime de retraite par répartition, et parce que c'est notre promesse politique, nous avons promis à nos compatriotes que, avec cette réforme des retraites, le régime des retraites qui devait accuser des milliards d'euros de déséquilibre financier serait à l'équilibre en 2030, et je souhaite que nous tenions cette promesse, et donc que le texte qui sort de la commission mixte paritaire soit à l'équilibre financier.
MARC FAUVELLE
Mais par exemple, il est possible que certaines des mesures arrachées à l'Assemblée par Aurélien PRADIE ne figurent pas dans le texte final.
BRUNO LE MAIRE
Il est possible que ce soit effectivement le cas, le tout, c'est que le texte soit à l'équilibre, après, les parlementaires sont souverains, s'ils veulent retenir une mesure, et pour financer cette mesure, en retirer une autre, ils ont évidemment toute liberté, ma responsabilité de ministre des Finances est de garantir l'équilibre financier en 2030 du régime de retraite par répartition.
SALHIA BRAKHLIA
Bruno LE MAIRE, vu les turbulences que provoque cette réforme des retraites au sein même du gouvernement, est-ce qu'il faut s'attendre à un remaniement juste après l'adoption, s'il a lieu, de cette réforme ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je vois surtout des turbulences dans nos oppositions, et je reviens une seconde chez Les Républicains dont vous m’avez parlé, enfin, tout de même, ce serait lunaire d'avoir un parti qui vote un texte au Sénat et qui ne le vote pas à l'Assemblée nationale, ce serait lunaire d'avoir un parti politique qui s'était engagé devant les Français, derrière sa candidate à la présidentielle en 2022, pour la retraite à 65 ans, qui s'est fait élire ensuite pour ses députés avec un programme législatif de départ comme âge légal à 65 ans, et qui ne voterait pas ce texte, et moi, je veux en faire appel aussi quand je m'exprime devant tous les députés, et les députés des Républicains en particulier, quand je discute avec eux, je ne voudrais pas qu'ils oublient que ce qui fait partie de la culture de leur parti, je le connais bien, j'en viens, de la culture de la droite…
MARC FAUVELLE
Et vous l’avez quitté…
BRUNO LE MAIRE
C’est l'équilibre des finances publiques, oui, je l'ai quitté, mais justement, à force d'incohérences, on ne va nulle part. Les Républicains ont toujours défendu, quel que soit le président de la République, quelle que soit la constitution de leur groupe à l'Assemblée nationale, l'équilibre des finances publiques, on ne peut pas se dire de droite et refuser l'équilibre des finances publiques ou l'équilibre du régime de retraite par répartition.
MARC FAUVELLE
Les finances publiques, Bruno LE MAIRE, on va en parler dans un instant, puisque la Cour des comptes et son président, Pierre MOSCOVICI, viennent de vous tacler sur le retour sous les 3% de déficit. Vous aurez l'occasion de lui répondre dans quelques instants, le " Fil Info ", tout d'abord, à 8h41, avec Maureen SUIGNARD.
SALHIA BRAKHLIA
Bruno LE MAIRE, le patron de la Cour des comptes, Pierre MOSCOVICI, tire la sonnette d'alarme, il se dit inquiet de la dégradation de nos finances publiques, finances publiques dont vous êtes le responsable puisque vous êtes ministre de l'Economie. Clairement, est-ce que vous vous êtes en train de vider la caisse ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je partage d'autant plus l'avis de Pierre MOSCOVICI que j'ai tiré la sonnette d'alarme depuis le mois de juin 2022, donc il y a quasiment un an, je partage…
MARC FAUVELLE
Y compris depuis qu’on a les finances publiques les plus détériorées de l’Europe…
BRUNO LE MAIRE
Non, mais je crois avoir dit sur ce même plateau que nous étions désormais à l'euro près, qu'il fallait sortir du quoi qu'il en coûte, et que nous allions commencer le rétablissement des finances publiques. Et à la demande du président de la République, nous avons commencé le rétablissement des finances publiques, le seul point de désaccord que j'ai avec Pierre MOSCOVICI, c’est quand il dit qu’on n’est pas sorti du quoiqu'il en coûte, enfin, je rappelle que nous avions un bouclier…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, il dit que vous continuez encore aujourd’hui…
BRUNO LE MAIRE
Non, mais pour le coup, je suis en désaccord sur ce point précis avec lui, il y avait un bouclier énergie sur l’électricité et sur le gaz, il y a eu une augmentation des prix de l’électricité et du gaz de 15% pour tous les ménages début 2023, parce que nous voulions sortir de ce quoi qu'il en coûte, nous avions une indemnité sur le carburant de 30 centimes d'euros par litre, nous avons mis en place une indemnité plus ciblée, indemnité carburant travailleur, nous avions une protection de toutes les entreprises, on nous l'a suffisamment reprochée. Nous avons maintenant des aides qui sont ciblées. Donc je veux rassurer Pierre MOSCOVICI sur ce point, nous sommes bien sortis du quoi qu'il en coûte, je veux le rassurer sur un deuxième point, je souhaite travailler avec la Cour des comptes pour poursuivre ce rétablissement des finances publiques, qu’une fois encore, nous avons engagé depuis plusieurs mois, sous l'autorité du président de la République et de la Première ministre, je souhaite pouvoir travailler avec la Cour des comptes, sur la base d'une méthode, avec un objectif et un calendrier, l'objectif, c'est quoi, nous avons 57% aujourd'hui de dépenses publiques de notre richesse nationale, je souhaite ramener ce chiffre à 54% d'ici 2027, pour nous approcher de la moyenne européenne, qui est de 52%…
SALHIA BRAKHLIA
Et comment vous allez faire ?
BRUNO LE MAIRE
Nous avons une méthode qui la revue des dépenses publiques, et là aussi, nous n'avons pas attendu le rapport de la Cour des comptes pour engager cette revue des dépenses publiques, ce qui veut dire que ministère par ministère, dépense par dépense, nous allons regarder attentivement là où nous pouvons faire des économies, tout simplement, pour que les Français peuvent en avoir…
MARC FAUVELLE
Dans quoi on taille, Bruno LE MAIRE…
BRUNO LE MAIRE
En aient pour leur argent.
MARC FAUVELLE
Dans quoi on taille ?
BRUNO LE MAIRE
Mais il ne s’agit pas…
MARC FAUVELLE
Dans quoi on taille pour arriver de 5% de déficit aujourd’hui à 3% à la fin du quinquennat ?
BRUNO LE MAIRE
Il ne s’agit pas de tailler, évitons les mots brutaux, il s'agit simplement d’avoir une dépense publique qui progresse moins vite que notre croissance, pour avoir au bout du compte une part…
MARC FAUVELLE
La croissance, elle est quasiment à l’arrêt aujourd'hui, donc…
BRUNO LE MAIRE
D’abord, elle n’est pas à l’arrêt, elle est positive, on ne cesse de nous chanter la même chanson…
MARC FAUVELLE
0,3 % cette année…
BRUNO LE MAIRE
Non, mais Marc FAUVELLE, ça fait des mois qu'on m'explique qu'on va entrer en récession, que tout le monde arrive avec des mines défaites, en disant, l'économie française s'effondre, j'ai toujours dit que l'économie française résistait, elle résiste, et la croissance est là…
MARC FAUVELLE
0,3 % cette année…
BRUNO LE MAIRE
Notre objectif, nous serons sans doute au-dessus de 0,3% en 2023…
SALHIA BRAKHLIA
Mais revenons au déficit, dans quoi vous allez tailler ?
BRUNO LE MAIRE
Je reviens au déficit, et les deux sont parfaitement liés. Il s’agit de…
SALHIA BRAKHLIA
Marc a eu raison, dans les postes de fonctionnaires par exemple ?
BRUNO LE MAIRE
Il s’agit des dépenses publiques qui augmentent moins vite, qui augmentent moins vite que notre croissance, de la richesse nationale. Ça peut être sur les dépenses sociales, ça peut être sur les dépenses…
MARC FAUVELLE
Lesquelles ?
BRUNO LE MAIRE
Ça peut être sur les aides aux entreprises, tous ces chapitres-là sont désormais ouverts, ils font l’objet de la revue des dépenses publiques…
MARC FAUVELLE
Baisser les aides aux entreprises ou les dépenses sociales, ce ne sont pas des tabous ?
BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr, mais ce n’est aucun tabou, il n’y a pas de tabou à avoir, il s’agit de regarder, est-ce que les Français en ont pour leur argent, est-ce que c’est cohérent…
SALHIA BRAKHLIA
Parce que Pierre MOSCOVICI parle par exemple…
BRUNO LE MAIRE
Est-ce que c’est cohérent, Marc FAUVELLE, de maintenir des aides et des crédits d'impôt aux énergies fossiles, quand on veut décarboner l'économie française, et avoir au contraire une industrie verte, c'est ce que nous allons regarder, est-ce qu'en matière de gestion des comptes sociaux, alors que, je le rappelle, les dépenses sociales, c'est 50% de la dépense totale, l'Etat 30%, les collectivités locales, 20%, est-ce que nous sommes satisfaits de cette gestion, est-ce qu'on peut faire mieux, nous sommes déjà en train de le regarder, ça fait partie de la revue des dépenses publiques. Troisième élément de méthode, nous allons inclure les collectivités locales dans ce débat, avec une méthode nouvelle, qui consiste, je l'ai dit notamment au patron de l'Association des maires de France, David LISNARD, avoir un diagnostic partagé, où en sont les collectivités locales, sont-elles en difficulté, est-ce qu'elles ne sont pas en difficulté, et que peuvent-elles faire, je crois beaucoup plus à cette approche collective où nous essayons de trouver un compromis ensemble, plutôt qu'à une quelconque approche brutale. A partir de là, sur le calendrier, simplement, pour terminer, nous aurons la présentation du programme de stabilité qui fixera les objectifs en termes de déficit mi-avril, nous tiendrons ensuite autour de la Première ministre un séminaire avec tous les principaux ministres concernés, sur la réduction des dépenses publiques, pour que chaque ministre se sente concerné, et fasse le nécessaire dans son administration, et nous aurons, avant l'été, nous aurons avant l'été des Assises des finances publiques qui nous permettront de présenter notre stratégie globale et d'avoir un projet de loi de finances 2024 qui comportera plusieurs milliards d'euros d'économies de dépenses publiques, vous voyez, c'est un travail de plusieurs mois pour arriver collectivement à atteindre cet objectif de maîtrise des dépenses publiques qui est indispensable.
MARC FAUVELLE
L’inflation, Bruno LE MAIRE, pendant trois mois, la grande distribution s'est engagée à proposer les prix les plus bas possibles sur une sélection de produits, c'est ce que vous avez annoncé la semaine dernière, ça s'appelle le trimestre anti-inflation, est-ce que c'est juste un cache-misère pour faire oublier le panier inflation que le gouvernement avait promis de mettre en place et qui ne verra jamais le jour ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, ce serait un cache-misère à plusieurs centaines de millions d'euros, parce que les grands distributeurs, je le rappelle, se sont engagés à faire plusieurs centaines de millions d'euros d'économies sur leurs marges, et…
MARC FAUVELLE
Pas le premier du secteur, Michel-Edouard LECLERC, qui dit : c'est de la com’, ça ne sert à rien…
BRUNO LE MAIRE
On verra, on verra ce que fera Michel-Edouard LECLERC, nous avons un rendez-vous le 15 mars, le 15 mars, vous devez avoir les logos trimestre anti-inflation tricolores, qui soient apposés sur tous les produits sur lesquels les distributeurs se sont engagés à faire le moins de marges possibles, je souhaite que Michel-Edouard LECLERC participe à cette opération, je reste en contact avec lui. Et je pense, là aussi, c'est la même chose que pour les dépenses publiques, notre pays a besoin de choix collectifs, d'engagements collectifs, je ne crois pas du tout…
SALHIA BRAKHLIA
Non, mais d’accord, mais comment être sûr que les prix qui vont être proposés seront les plus bas, sachant que…
BRUNO LE MAIRE
Mais parce que nous les vérifierons !
SALHIA BRAKHLIA
Eh bien, comment vous faites, c’est des marques distributeurs, donc on ne peut pas comparer entre les magasins…
BRUNO LE MAIRE
Nous avons pris l’engagement, et les distributeurs ont pris l'engagement collectif, qu'ils prendraient sur leurs marges pour plusieurs centaines de millions d'euros, je ne donnerai pas le chiffre précis. Nous vérifierons avec la direction générale de la consommation…
MARC FAUVELLE
Pourquoi ? Pourquoi, Bruno LE MAIRE, vous ne donnez pas le chiffre précis ?
BRUNO LE MAIRE
Mais parce que nous sommes dans un système concurrentiel, où il n’est pas très bon donner les marges des uns et des autres, mais ils se sont engagés, et nous vérifierons que, effectivement, je comprends l'attente des consommateurs, aujourd'hui, les prix alimentaires flambent, il n’y a rien de plus difficile pour les consommateurs, je suis père de famille, j'ai 4 enfants, je fais mes courses toutes les semaines, je vois bien à quel point l'augmentation des prix alimentaires, elle est pénalisante, elle est dure pour des millions de nos compatriotes…
MARC FAUVELLE
Ça veut dire, j’essaie d’être concret, Bruno LE MAIRE, les prix proposés à partir du 15 mars sur ces produits-là seront inférieurs à ceux pratiqués aujourd'hui, c'est ça que vous allez vérifier ?
BRUNO LE MAIRE
Ce que nous allons vérifier, c'est que la baisse des prix, ce n'est pas uniquement une un jeu de bonneteau et d'affichage, mais que, effectivement, c’est pris sur les marges des distributeurs, et que c'est eux-mêmes qui paient cette différence de prix…
MARC FAUVELLE
Tout en conservant…
BRUNO LE MAIRE
Et que ce n’est pas le consommateur ou que ce n'est pas le producteur, puisque vous savez que c’est la spécifié du système français, qui protège le producteur…
MARC FAUVELLE
Tout en conservant la marge de 10% minimum qui est imposée aujourd'hui à la grande distribution…
BRUNO LE MAIRE
Oui…
MARC FAUVELLE
Sur l'alimentaire par la loi Egalim, ça, vous n’y toucherez pas ?
BRUNO LE MAIRE
Non, on n’y touche pas, parce que c'est le principe du système français dans lequel on veut que l'effort soit équitablement réparti, mais on ne veut pas que le producteur agricole, le producteur de lait, le producteur de viande soit pénalisé dans cette période-là non plus, parce que si vous perdez vos producteurs pour avoir les prix les plus bas possibles…
MARC FAUVELLE
Et là, les 10%, ils ne sont pas dans la poche du producteur…
BRUNO LE MAIRE
Au bout du compte, tout le monde sort perdant, nous, nous estimons que notre solution est une solution crédible, forte, qui protège évidemment le consommateur contre la flambée des prix, qui demande un effort au distributeur, et qui protège le producteur, je rappelle aussi, deuxième garantie au-delà du contrôle par la direction générale de la consommation et de la répression des fraudes, le point le plus important de cet accord, c'est quoi, c'est qu'il y aura, avant l'été, une nouvelle négociation commerciale entre les grands industriels et les distributeurs..
SALHIA BRAKHLIA
En juin…
BRUNO LE MAIRE
Parce qu'il n’y a aucune raison que les grands industriels ne baissent pas eux aussi leurs prix, quand je vois aujourd’hui…
MARC FAUVELLE
… Pour les grandes marques…
BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr, quand je vois aujourd'hui que vous avez les prix du fret qui baissent, que vous avez les prix de gros qui baissent, eh bien, il n’y a aucune raison que les prix à la consommation des produits de première nécessité ou des produits alimentaires transformés ne baissent pas, donc les grands industriels…
MARC FAUVELLE
Donc à partir de juin, vous nous dites : les prix vont baisser dans les grandes surfaces sur les grandes marques ?
BRUNO LE MAIRE
Je vous dis qu’à partir de juin, les grands industriels devront renégocier leurs prix avec les distributeurs, et devront eux aussi prendre leur part du fardeau.
SALHIA BRAKHLIA
Bruno LE MAIRE, vous allez être auditionné par la Commission des finances de l'Assemblée nationale sur le sujet des concessions d'autoroutes, au début de l'année, Le Canard Enchaîné vous a accusé d'avoir étouffé un rapport de l'Inspection générale des finances qui pointait les profits réalisés par ces sociétés, 12%, c'est bien au-dessus de ce qui était prévu au moment de la privatisation, pourquoi ce rapport n'a pas été rendu public ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je rendrai public ce qui peut être rendu public dans ce rapport, c'est-à-dire, la première partie, celle qui est la plus intéressante, celle qui examine le taux de rentabilité des autoroutes, de l'investissement des concessions autoroutières, je le rendrai public. En revanche, il y a une deuxième partie, et je l'assume, et je le revendique, qui est notre mémoire en défense pour le contentieux que nous avons ouvert avec les sociétés d'autoroutes, nous avons récupéré un milliard d'euros sur la taxe d'aménagement du territoire, nous sommes en contentieux avec les concessions d'autoroutes sur ce milliard d'euros, qui protège les automobilistes, qui protège les consommateurs, la deuxième partie nous apporte des arguments juridiques pour défendre notre position, je ne vais pas dévoiler mes batteries aux concessions autoroutières qui visiblement ne nous feront aucun cadeau. En revanche, la première partie…
MARC FAUVELLE
Mais vous confirmez le chiffre de 12% de rentabilité dans ce rapport, pour les sociétés d’autoroutes ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je confirme les chiffres qui sont dans ce rapport, j’aurai l'occasion d'ailleurs de le faire devant la Commission des affaires économiques de l'Assemblée dans quelques jours, mais la première partie qui porte sur le taux de rentabilité sera rendu publique, et je rappelle aussi que même si la deuxième partie est plus confidentielle, l'intégralité du rapport, les parlementaires, y compris évidemment les parlementaires de l'opposition, y ont accès, donc nous ne dissimulons absolument rien, nous faisons preuve de la plus totale transparence, et je répondrai à toutes les questions des parlementaires…
SALHIA BRAKHLIA
Donc vous confirmez les chiffres de ce rapport, ce rapport qui préconisait aussi de réduire les tarifs des péages de 60 % sur près des deux tiers du réseau, pourquoi vous n'avez pas proposé cette mesure sachant que, eh bien, l'inflation est partout, et que ça aurait pu aider les Français, et que vous connaissiez, vous, en amont, les bénéfices de ces sociétés d’autoroutes…
BRUNO LE MAIRE
J’aurai l'occasion de m'exprimer devant les parlementaires, une fois encore, en toute transparence, simplement, je ne proposerai pas, et je ne l'ai jamais fait dans ma vie politique, je ne le ferai jamais, des solutions qui ensuite sont rejetées par la justice, parce qu'elles sont contre la loi, du coup, vous faites plaisir, vous savez, vous faites des grands effets de manche, vous dites : je protège le consommateur, j'ai pris telle décision, je suis fort, je suis puissant, et puis, au bout du compte, vous savez que, juridiquement, ça ne vole pas, et vous êtes perdant, tout le monde est affaibli, le consommateur, mais aussi l'Etat. Je crois qu'un certain nombre de ministres il y a quelques années se sont hasardés à prendre des décisions juridiquement pas solides, et ils ont été rattrapés par la patrouille…
SALHIA BRAKHLIA
Vous parlez de Ségolène ROYAL…
BRUNO LE MAIRE
J'essaie d'être un tout petit plus sérieux.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il faut, Bruno LE MAIRE, maintenir l'objectif fixé par l'Europe d'interdire tous les moteurs thermiques en 2035, l'Allemagne est aujourd’hui à la tête d'une coalition de plusieurs pays, qui se retrouve d'ailleurs à Strasbourg pour mener la fronde, et demande qu'on décale cet objectif, est-ce que la France souhaite le conserver à 2035 ?
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr. Mais il ne faut surtout pas décaler cet objectif, enfin, ce n'est pas un objectif à 2024 ou 2025, c'est un objectif à 2035, dont 12 ans, interdire d'ici 12 ans la vente de tous véhicules thermiques en Europe, mais, enfin, on ne peut pas dire qu'il y a urgence climatique, ce qui est le cas, ce que nous constatons tous dans nos villes, dans nos métropoles, qui sont beaucoup trop polluées encore, et puis, reculer sur l'objectif de passage aux véhicules électriques, je pense que d'un point de vue environnemental, c'est une faute, et du point de vue économique…
MARC FAUVELLE
La France est prête à aller au bras de fer là-dessus avec Berlin sur un sujet aussi important ?
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr que nous sommes prêts à aller au bras de fer sur ce sujet, parce que c'est une faute environnementale, et je pense aussi que c'est une faute économique, pourquoi, parce que nous avons 5 à 10 ans de retard sur le véhicule électrique par rapport à la Chine, mais il faut mettre les bouchées doubles, il faut investir doublement sur les batteries électriques, sur les anodes, sur les cathodes, sur les véhicules électriques, pour rattraper notre retard, je ne peux pas dire à nos grands industriels, STELLANTIS et RENAULT, qui ont fait le choix courageux, efficace de basculer vers l'électrique, eh bien, tiens, attendez, finalement, j'ai une autre idée, on va aller vers l'électrique, mais on va quand même aussi rester un peu sur le thermique, enfin, économiquement, c'est incohérent, industriellement, c'est dangereux, ça n'est pas notre intérêt national, ça n'est pas l'intérêt de nos constructeurs nationaux, et surtout, ce n'est pas l'intérêt de la planète.
SALHIA BRAKHLIA
Et surtout, ça n’est pas l’intérêt de l'Allemagne qui elle aussi défend ses constructeurs automobiles, qui eux n’ont pas encore basculé dans l’électrique.
BRUNO LE MAIRE
Je pense qu’il est essentiel de garder notre cohérence climatique, et que la France, comme le président de la République l'a toujours défendu, soit en tête du combat climatique, être en tête du combat climatique, c'est se battre pour garder cet objectif 2035, véhicules électriques.
SALHIA BRAKHLIA
Bruno LE MAIRE, les placements de produits des influenceurs font aussi partie de votre périmètre, face aux multiples dérives, vous avez décidé de lancer une concertation, est-ce que certains produits, certaines marchandises vont être interdits à la vente par ces influenceurs ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, il faut simplement que les influenceurs, qui sont créatifs, qui représentent, des emplois de la créativité française, soient soumis aux mêmes règles que celles auxquelles vous, vous êtes soumis à la radio, à la télévision, dans les médias traditionnels, lorsque vous avez de la consommation d'alcool, placement de produits d'alcool ou d'autres placements de produits, il faut que les mentions légales apparaissent sur les sites des influenceurs, ce n’est pas le cas aujourd'hui, nous souhaitons simplement les soumettre aux mêmes règles que celles qui s'appliquent aux médias traditionnels, nous souhaitons aussi donner un statut à ces influenceurs pour qu'ils soient mieux protégés. Nous voulons renforcer les contrôles pour nous assurer que, tout simplement, le Net, ce n'est pas le Far West, c'est des règles, et des règles qui sont respectées.
SALHIA BRAKHLIA
Dans ce combat contre les influenceurs…
SALHIA BRAKHLIA
Ce n’est pas du tout un combat contre les influenceurs, c’est un combat pour les influenceurs…
SALHIA BRAKHLIA
Les influ-voleurs, c’était la suite de ma…
BRUNO LE MAIRE
Non, mais il y a quelques influenceurs qui se comportent mal, qui du coup jettent l'opprobre sur les milliers d'influenceurs qui honnêtement sont super créatifs. Croyez-moi, Squeezie est plus populaire que vous, que Marc FAUVELLE ou que moi-même…
SALHIA BRAKHLIA
C’est vrai…
MARC FAUVELLE
Ce n’est pas difficile.
BRUNO LE MAIRE
Notamment auprès des jeunes…
SALHIA BRAKHLIA
Donc même combat que pour Booba, le rappeur Booba, qui s’était battu contre Magali BERDAH…
BRUNO LE MAIRE
Donc nous sommes là pour les protéger et les accompagner…
SALHIA BRAKHLIA
Et justement, les dérives dans ce domaine.
BRUNO LE MAIRE
Mais il a raison, Booba, il a raison de rappeler qu'il y a des dérives, qu'elles sont inacceptables, nous y mettrons fin, mais je le rappelle, c'est un dispositif pour protéger des influenceurs, certainement pas pour les stigmatiser.
MARC FAUVELLE
Bruno LE MAIRE, Booba, même combat, ce sera un mot de la fin. Merci à vous.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
MARC FAUVELLE
Et bonne journée.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 14 mars 2023