Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Olivia Grégoire. Bonjour.
OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d’avoir accepté notre double invitation, puisqu’on se retrouvera aussi après le journal de 8h, pour une interview spécialement consacrée à la hausse des prix et vous répondrez aux questions des auditeurs qui peuvent, dès maintenant, nous appeler au 32 16. Mais, on va aussi parler de la contestation sociale. Je voudrai commencer par les déchets, à Paris, qui s’accumulent et dans les autres villes. Vous êtes élue de Paris, puisque vous êtes députée de Paris, suppléante, désormais, puisque vous êtes entrée au Gouvernement. Vous, maire de Paris, vous feriez quoi, là ?
OLIVIA GREGOIRE
Moi, je pense qu’il important de rappeler qu’on peut avoir des opinions politiques et c’est important d’en avoir. Que la mairie de Paris, que la maire de Paris, plus exactement, ait ses opinions politiques, très bien. Qu’elle soutienne la grève et les éboueurs qui font grève, très bien. Qu’elle confonde, en revanche, ses opinions politiques, avec des questions de salubrité publique, puisque là, on en est là, regardez les images derrière vous, ça, ça n’est pas acceptable.
APOLLINE DE MALHERBE
On ne voit que sur RMC Story. C’est des amoncellements.
OLIVIA GREGOIRE
Ce que je ferais, c’est ce qu’elle a fait, par exemple en 2016. L’histoire est importante. Ce n’est pas si vieux, en 2016, pendant la grève liée à la loi El Khomri, madame HIDALGO avait trouvé des solutions. Elle avait réquisitionné des sites d’incinérations. Elle avait réquisitionné des sites de décharge. Elle avait fait appel à des équipes du secteur privé pour soulager un peu l’insalubrité et l’amoncellement des poubelles. Donc, des solutions, je vais vous dire. Il y en a beaucoup. Il y en a au moins trois ou quatre à sa main, sans pour autant mettre à mal le droit de grève qui est absolument indispensable. On pourrait améliorer un peu les choses.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous, maire de Paris, vous auriez quand même soulagé les choses. Est-ce qu’il faut que le préfet le fasse ? Est-ce qu’il faut que…
OLIVIA GREGOIRE
Moi, maire de Paris, déjà, je m’intéresserais aux Parisiens. Je vais le dire très simplement, ce matin. On a des commerçants dont j’ai la charge, en tant que Ministre, qui depuis des années en bavent, on va le dire simplement. Il y a eu les gilets jaunes. Il y a eu le Covid. Ils ont été fermés pendant des mois. Et maintenant, nos hôtels, nos cafés, nos restaurants – interrogez les professionnels – ne peuvent même pas sortir leurs poubelles, parce que, pour le coup, des boulangers, des bouchers, des traiteurs qui mettent des denrées alimentaires sur la voirie, c’est dangereux. Et on les a aujourd'hui, nos hôteliers et nos cafés devant des amas de poubelles, comme ça, ils perdent de la clientèle tous les jours, ils perdent du chiffre d'affaires tous les jours, alors même que c'est déjà difficile pour eux. Donc, moi, ce que je ferai, déjà, c’est respecter les gens. C'est la moindre des choses. Assurer un service minimum de salubrité publique et accessoirement, arrêter de se moquer un peu aussi des gens. On a entendu sur vos plateaux ces derniers jours, des expressions assez étonnant de d'adjoint au maire par exemple, qui vous explique qu'il faut qu'on aille faire connaissance avec les surmulots…
APOLLINE DE MALHERBE
Les surmulots, comme ils les appellent ce sont les rats.
OLIVIA GREGOIRE
Evidement. La blague a assez duré. La spécificité de Paris, Apolline de MALHERBE, et c'est en tant qu'élu de Paris que je m'exprime, c'est qu'on est fatigué aussi, les Parisiens. Bien sûr, il y a ce problème de de grève et c'est absolument indispensable de respecter le droit de grève de nos éboueurs. Mais c'est la troisième grève à Paris depuis juin 2022. En huit mois, on en a eu trois : juin, octobre, mars 2023… juin, octobre, ce n'était pas la faute du Gouvernement. Juin-octobre, c'était nos éboueurs qui critiquaient les conditions de travail et qui mettaient à mal la gestion par la maire de Paris ça suffit.
APOLLINE DE MALHERBE
Cette grève, là, spécifiquement, Emmanuel GREGOIRE, qui est le Premier adjoint à la Ville de Paris, il vous renvoie la balle à vous, le Gouvernement et le meilleur moyen de remettre les éboueurs au travail, c’est de retirer la réforme des retraites.
OLIVIA GREGOIRE
Oui. La meilleure façon de faire en sorte que les Parisiens et accessoirement les quelques touristes qui reviennent dans notre belle ville puisque ça, c'est une bonne nouvelle, puissent continuer à venir, c'est d'assurer un minimum de service de salubrité publique et de santé publique. Alors, retourner les attaques, faire de la politique politicienne, de la part des manuels d’Emmanuel GREGOIRE, oui, avec des mots un peu…
APOLLINE DE MALHERBE
C’est ce qu’il dit de vous. Il dit que vous faites une instrumentalisation grossière.
OLIVIA GREGOIRE
Mais qu'est-ce que c'est ? Je suis élue de Paris. Vous trouvez ça normal ? Elle est où l'instrumentalisation ? C'est inadmissible. Il n’y a aucune instrumentalisation. Qu’elle fasse son boulot. C'est combien le budget propreté à Paris ? C'est un demi-milliard d'euros, Apolline de MALHERBE, 500 millions de trop. Et elles, elles veulent doubler pour y mettre un milliard dans les années qui viennent ? Ce qu'elle a annoncé en 2020 ? Pour que ce soit gérée comme ça ? 540 millions d'euros ? De sui se moque-t-on ?
APOLLINE DE MALHERBE
Olivia GREGOIRE, vous faisiez le lien aussi avec votre portefeuille la question des artisans, commerçants, bien est-ce qu'il y a un impact ? Est-ce que vous pouvez dire ce matin, qu'il y a un impact de cette grève et de ces amoncellements de déchets dans les rues sur le chiffre d'affaires ou sur la réalité économique des artisans-commerçants ?
OLIVIA GREGOIRE
On n’a pas besoin d'être devin et je vous conseille d'écouter ce qui en parlent le mieux, c'est-à-dire l'UMI, le GMI, qui représentent…
APOLLINE DE MALHERBE
Ce sont des groupements de commerçants.
OLIVIA GREGOIRE
De professionnels qui représentent nos commerçants, nos artisans. Ils ont déjà des difficultés. On va en parler parce qu’il y a de l'inflation, parce que les Français font attention à leur consommation, parce qu’aller se faire plaisir au restaurant ou parfois aller acheter un plat un peu exceptionnel, c'est un peu plus compliqué en ce moment, même si on fait tout pour accompagner cette inflation. Aujourd'hui, on a, en plus de tout, effectivement, un mouvement social qui les bloque dans leur chiffre d'affaires. Mais surtout, aujourd'hui, depuis maintenant huit jours, une situation qui est d'une saleté incommensurable. Evidemment, vous avez envie d'aller chez votre boulanger, votre boucher, à l'hôtel ou au restaurant. Quand vous avez une tonne de poubelles devant l'entrée, donc ça a un impact sur leur moral. Moi, je m'inquiète aussi de leur moral. Depuis 2018, ça fait cinq ans que c'est compliqué pour nos commerçants, pour nos artisans : les journées, des week-ends entiers fermées, les violences, les vitrines saccagées, le Covid, ensuite, la crise sanitaire où ils ont dû fermer, s'adapter le clic and collect, tous les ans, maintenant l'inflation, l'inflation des matières premières, la difficulté de l'inflation, des Français, ils se battent tous les jours et on les entend très peu, ces gens. Ils travaillent beaucoup, ils se lèvent très tôt. J'étais à Rungis, il n’y a pas très longtemps. A 4h du matin, ils sont là, en train d'acheter leurs denrées. Ils arrivent, ils ne peuvent même pas se garer devant leur commerce et ils ont une tonne de poubelles…
APOLLINE DE MALHERBE
Voilà qu’en plus vous êtes en campagne, pour Paris, Olivia GREGOIRE.
OLIVIA GREGOIRE
Non. Je ne suis pas en campagne pour Paris. Non, Apolline de MALHERBE. Je ne laisserai pas passer ça. Je ne suis pas en campagne pour Paris. Je suis élue de Paris et je respecte mon mandat. J'ai été réélu en 2022, l n’y a pas un an. La moindre des choses, en tant qu'élu de Paris, c'est de dire ce qu'on pense et de soutenir nos Parisien et nos commerces
APOLLINE DE MALHERBE
Et de soutenir vos commerces, des commerçants, parce que vous êtes aussi en charge des PME, du tourisme et du commerce. Il y a eu ces aides. Vous faisiez partie de ceux qui ont répondu à l'appel des boulangers qui parlaient des hausses épouvantables, difficile à suivre pour des factures d'électricité. Des aides ont été mises en place. On en est où ? Les aides se terminent là, normalement à la fin du mois. Est-ce que le compte y est ? Est-ce que tous ceux qui peuvent y prétendre, ils ont vraiment demandé et reçus ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, il y a plusieurs questions dans votre question. J'ai deux messages très clairs à faire passer. Vous savez, on est le 14 mars. Vous avez encore quinze jours, jusqu'à la fin du mois de mars, au 31 mars, vous avez une TPE, vous avez une PME, un commerce, vous pouvez demander sur la page d'accueil des impôts à être aidé. Pour ça, il faut juste remplir une attestation qu'on renvoie à son fournisseur d'énergie. Vous dites : " Je suis une TPE. Je suis une PME ", et comme ça, vous pourrez bénéficier des dispositifs de l'amortisseur directement sur votre facture.
APOLLINE DE MALHERBE
Et ça, ça a été fait ?
OLIVIA GREGOIRE
Ça, c'est fait pour la majorité des TPE-PME, mais grâce à vous, je peux dire qu'il en manque encore. Il manque à peu près 35-40%. Peut-être nos auditeurs qui ont une TPE, qui ont une PME, qui n’ont pas encore renvoyé leur attestation, il nous faut cette attestation auprès des fournisseurs pour pouvoir leur faire bénéficier des aides. On a aujourd’hui 62% des entrepreneurs qui ont répondu. Jusqu'au 31 mars, l'attestation est sur la page d'accueil du site des impôts, pour bénéficier directement de l'amortisseur sur sa facture, moins 15-20%, et en plus du guichet d'aide. Le guichet d'aide…
APOLLINE DE MALHERBE
Attendez, juste un instant, sur cette aide-là, pour que vraiment toutes les informations soient données ce matin, jusqu'au 31 mars, ils peuvent encore faire cette demande. Est-ce qu'elle sera rétroactive ? C’est-à-dire, est-ce que cette aide, même s'ils la font à la dernière minute, elle couvrira le mois de janvier ?
OLIVIA GREGOIRE
Oui.
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord.
OLIVIA GREGOIRE
Deuxièmement, si ça ne suffit pas, l'amortisseur directement sur la facture, on peut être aidés en plus. Et ça, je dirais, c'est le même fonctionnement du guichet. On avait, lors de la crise sanitaire, pendant Fonds de solidarité. Les comptables et les commerçants l’obtenaient. Il faut aller déclarer tous les deux mois ses factures d'énergie pour ensuite être aidé. Pour ce guichet, le guichet pour janvier-février, celui d'information importante sera ouvert lundi 20 mars et j'appelle tous nos TPE, toutes nos PME à faire appel à ces aides. Il y a douze milliards d'euros sur la table. Il faut que cet argent puisse accompagner les factures d'électricité de nos petites entreprises.
APOLLINE DE MALHERBE
Et donc, l'information est passé : un, vous renvoyer le formulaire si vous ne l'avez pas encore fait, que vous êtes une TPE, PME, pour bénéficier de l'amortisseur sur la facture de lundi 20 mars, notez-le dans vos agendas, lundi 20 mars c’est l'ouverture donc du guichet pour les aides supplémentaires. Olivia GREGOIRE, vous restez avec nous. Vous êtes ministre du Tourisme, du commerce, des PME. On se retrouve juste après le journal de 8h pour parler hausse des prix, consommation, trimestre anti-inflation.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 15 mars 2023