Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Franck RIESTER.
FRANCK RIESTER
Bonjour
MARC FAUVELLE
Ministre des Relations avec le Parlement. A mes côtés, Neïla LATROUS, chef adjoint du service politique de France Info.
Vous entendez ce que disent ces français, ce que nous rapporte Mathilde IMBERTY à Saint-Etienne : colère, incompréhension, inquiétude. Est-ce que vous les comprenez ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, je les entends en tout cas. Et vous savez, une réforme des retraites, demander un effort à nos compatriotes, c'est toujours difficile. Ça a été le cas dans le passé, ça l'est aujourd'hui. On demande effectivement à nos compatriotes de travailler deux ans de plus, progressivement, pour garantir l'avenir de notre système de répartition de retraite. On ne fait pas ça pour se faire plaisir, on ne fait pas ça par idéologie, on fait ça parce que c'est nécessaire. Parce qu’avec la démographie qui évolue, avec la population qui vieillit, avec le nombre d'actifs moins important par rapport aux retraités, pour financer le système de retraite, il est menacé avec une menace de 150 milliards d'euros de dettes sur les dix ans qui viennent.
MARC FAUVELLE
Les Français ont compris ?
FRANCK RIESTER
Donc on prend nos responsabilités pour s'assurer de la sauvegarde de ce système. Et on ajoute un certain nombre de mesures pour que ce système de retraite soit moins injuste.
MARC FAUVELLE
Les Français ont compris ce que vous leur demandez ? Beaucoup le rejettent, certains l'acceptent. Mais qu'est-ce que vous dites à tous ceux qui le rejettent, qui expriment cette colère qu'on entend ? Ça y est, c'est fini ?
FRANCK RIESTER
Nous leur disons que c'est l'intérêt du pays, c'est l'intérêt supérieur du pays et que nous mesurons les difficultés que peuvent, certains de nos compatriotes, avoir dans leur travail, qu'il faut continuer de travailler sur les conditions de travail, sur la qualité au travail, sur l'évolution dans le parcours professionnel, sur l'emploi des seniors, sur la pénibilité. Tout ça, nous l'entendons et nous devons le travailler, à la fois dans le système de retraite, c'est ce que nous pensons avoir fait en lien avec les différents parlementaires. Mais c'est ce qu'il faut continuer de faire. Et c'est ce qu’Olivier DUSSOPT, le ministre du Travail, fait avec ses équipes.
NEÏLA LATROUS
Et l'intersyndicale prévient que les mobilisations vont se poursuivre. Vous dites « c'est fini. Finies les grèves, rentrez chez vous, ça ne sert plus à rien. »
FRANCK RIESTER
Ecoutez, nous sommes dans un pays qui est une grande démocratie.
NEÏLA LATROUS
Vous ne dites pas aux manifestants de cesser de faire grève ou de cesser de se mobiliser ?
FRANCK RIESTER
C'est leur liberté. Il faut respecter, à la fois, le droit de manifester et le droit de grève. Ce que nous condamnons, c’est les blocages et les violences, bien évidemment. Mais en tout état de cause, nous sommes dans un grand pays de liberté. Et d'ailleurs, je dois noter que les manifestations, jusqu'à présent, se sont passées dans de très bonnes conditions, par le sens des responsabilités des organisations syndicales, par le travail aussi de la police, de la gendarmerie et des forces de sécurité. Et Libre à nos compatriotes de continuer à exprimer leur volonté pour l’opposition à un projet de loi.
MARC FAUVELLE
Pas de dissolution, pas de remaniement, pour répondre à cette colère ?
FRANCK RIESTER
Et ça, c’est le Président de la République qui prend ces décisions. Simplement, nous, nous continuons d'expliquer en quoi ce texte est un texte d'intérêt général et qu'il est nécessaire, qu'il est même indispensable ; et que, bien sûr, que c'est un effort que nous demandons à nos compatriotes, mais que cet effort, il est nécessaire.
MARC FAUVELLE
Et le recours au 49.3, vous étiez à l'Elysée, dans ces réunions avant cette prise de décision qui ne faisait pas l'unanimité parmi les gens autour de la table autour du président de la République.
FRANCK RIESTER
Nous voulions tous aller au vote. Simplement, à partir du moment où il y avait une incertitude, il fallait prendre, et la Premier ministre l'a fait, ses responsabilités face à ceux qui n’ont pas, justement, fait preuve de responsabilité, qui voulaient s'abstenir ou voter contre, notamment chez un certain nombre de députés LR. La Première ministre, elle, a engagé sa responsabilité, a pris ses responsabilités, parce que c'est une femme d'Etat, qui est courageuse et qui met le service de l'intérêt général au-dessus de tout.
MARC FAUVELLE
Elisabeth BORNE qui dit qu'il y aura un vote sur la réforme des retraites, c'est le vote de ces motions de censure, a priori lundi.
FRANCK RIESTER
Oui. Enfin, d’abord, il y a déjà eu…
MARC FAUVELLE
C’est vraiment la même chose, pour vous ?
FRANCK RIESTER
Il y a déjà eu trois votes, trois votes du Parlement. Il y a eu le vote du Sénat. Pardon mais, pardon mais le Parlement, ce n'est pas simplement l'Assemblée nationale, c'est aussi le Sénat. Il y eu un vote au Sénat. Et puis, ensuite, il y a eu un texte, un compromis entre députés et sénateurs, 100 % parlementaire.
MARC FAUVELLE
Commission mixte paritaire.
FRANCK RIESTER
Exactement, deuxième vote. Et il y ait eu un troisième vote. Ce compromis parlementaire a été voté au Sénat.
MARC FAUVELLE
Motion de censure.
FRANCK RIESTER
Et là, il y a eu un vote, lundi sur une ou plusieurs motions de censure qui est un vote finalement, pour savoir si oui ou non, il y a une majorité de députés pour repousser le texte, faire tomber le Gouvernement en même temps, mais pour repousser le texte. Et donc, il y aura bien un vote sur ce texte qui est le fruit du travail des parlementaires.
NEÏLA LATROUS
Franck RIESTER, on entend beaucoup de remords au sein de votre majorité de députés, qui dit : « Finalement, tout ça pour ça, un immense gâchis », mais pas de mea culpa du côté du Gouvernement. Elisabeth BORNE, lorsque la question lui est posée hier : « Est-ce que vous avez tous bien fait ? », elle refuse de répondre. Il n’y a eu aucune erreur de votre côté ?
FRANCK RIESTER
On peut, vous savez, sur des sortes de réformes comme celle-là, et d'une façon générale, il faut faire beaucoup preuve d'humilité quand on a nos responsabilités, c’est ce qu’a fait preuve d'ailleurs la Première ministre. Mais on peut toujours mieux faire. Mais, c'est toujours difficile d'expliquer à nos compatriotes, quand on demande de faire des efforts, quand il s'agit de demander à nos compatriotes, oui, de travailler progressivement deux ans de plus.
NEÏLA LATROUS
Vous considérez que vous n’avez pas réussi à expliquer cette réforme ?
FRANCK RIESTER
Même si nous avons, dans le texte, fait en sorte que la pénibilité, que celles et ceux qui commencent tôt à travailler soient pris en compte, je rappelle quand même que quatre Français sur dix, quand la réforme sera mis en oeuvre, partiront avant l'âge des 64 ans, donc on prend bien en compte les difficultés de nos compatriotes.
NEÏLA LATROUS
Mais cette réforme n’a pas été comprise pour vous ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, je pense que cette réforme en tout cas, c'est une réforme nécessaire et qui doit continuer d'être expliquée, même si, un moment donné, elle fait face à un certain nombre d'oppositions, que je respecte. Mais, à un moment donné, quand vous êtes en responsabilité gouvernementale, quand vous êtes parlementaire, ce qui compte avant toute chose, avant la popularité, avant je ne sais quelle considération personnelle ou politique, c'est d'abord l'intérêt du pays, l'intérêt supérieur de la nation et de nos compatriotes.
MARC FAUVELLE
Ministre des Relations avec le Parlement, Franck RIESTER, le travail qui va venir maintenant dans ces prochaines semaines, ces prochains mois, les prochains textes qui vont arriver, vous pensez que vous allez pouvoir continuer - l'exécutif - à travailler avec le Parlement ? Vous aviez déjà été mis en minorité plusieurs fois.
FRANCK RIESTER
Ecoutez, on n'a pas été mis en minorité plusieurs fois. Nous avons depuis le début du quinquennat fait voter tous les textes, certains avec une majorité claire, avec une majorité au-delà de la majorité présidentielle, d'ailleurs, c'est-à-dire des députés des différents partis qui soutiennent Emmanuel MACRON. C’était le cas sur la réforme de l'assurance chômage, c'était le cas sur la loi sur les énergies renouvelables, c'était le cas sur le projet de loi pouvoir d'achat. Et certains, parce que nous avions la nécessité de faire passer ces textes importants, comme je pense, le budget de la nation, nous avons utilisé les moyens qui sont mis à notre disposition par la Constitution comme, par exemple, le 49.3.
MARC FAUVELLE
Merci à vous, Franck RIESTER, ministre chargé des Relations avec le Parlement, invité de France info.
FRANCK RIESTER
Merci.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 20 mars 2023