Interview de M. Stanislas Guerini, ministre de la transformation et de la fonction publique, à CNews le 27 mars 2023, sur la violence à l'occasion des manifestations contre la réforme des retraites et à Sainte-Soline contre la construction d'une retenue d'eau.

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Intervenant(s) : 

Média : CNews

Texte intégral

LAURENCE FERRARI
Bonjour Monsieur le Ministre.

STANISLAS GUERINI
Bonjour.

LAURENCE FERRARI
Bienvenue à " La Matinale de CNews. " On va parler évidemment de la nouvelle méthode du gouvernement que propose Elisabeth BORNE et des sujets qui vous concernent, mais, d’abord, il y a un vrai sujet sur l’ultraviolence qui s’est déchaînée ce week-end à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, avec des dizaines de blessés du côté des forces de l’ordre, comme des manifestants, l’un d’entre eux est d’ailleurs entre la vie et la mort. Il y avait des manifestants pacifiques, c’est indéniable, mais il y avait surtout des milliers d’ultra-radicaux qui étaient là pour venir casser les gendarmes, voire même plus.

STANISLAS GUERINI
Oui, je crois que le mot est faible…

LAURENCE FERRARI
Je crois que, voilà, il y a un engrenage de la violence, qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ?

STANISLAS GUERINI
Eh bien, d‘abord, merci de faire le distinguo entre des gens qui étaient là pour manifester pacifiquement, et des gens qui sont beaucoup plus dans une logique de guérilla, puisque c’est ce qu’on a vu tout au long du week-end…

LAURENCE FERRARI
Ce n’est pas de la guerre, ce n’est pas des scènes de guerre auxquelles on a assisté ?

STANISLAS GUERINI
Oui, ça y ressemblait, des bombes artisanales, quand on voit les instruments de violence qui ont été saisis, quand on vient avec des boules de pétanque ou des haches, des bombes artisanales, non, on ne vient pas manifester, on vient bien souvent pour tuer du flic, donc des gens qui sont entraînés dans une haine du flic. Vous savez, moi, je suis allé la semaine dernière, avec le ministre de l’Intérieur, aux côtés des forces de l’ordre blessées, il faut les écouter, ils sont face à des gens qui veulent les tuer, il n’y a pas d’autre mot que ça. Et donc, quand on voit que des gens viennent avec cette logique de violence, on devrait tous être capables, mais sans un instant d’hésitation, de condamner cela ; et quand je vois que dans la classe politique, ça n’est plus une évidence de condamner et de dire que dans une démocratie, la violence n’est jamais, jamais, jamais une option, je me dis que c’est très inquiétant pour notre démocratie.

LAURENCE FERRARI
Alors qui se tait, qui ne condamne pas ?

STANISLAS GUERINI
Mais non seulement certains se taisent, on pourra y revenir, d’autres mêlent leur voix à ceux qui, d’une certaine façon, justifient, voire attisent les violences, vous avez vu, tout au long du week-end, les prises de parole de Jean-Luc MELENCHON, des élus, des députés qui étaient présents sur place…

LAURENCE FERRARI
Alors que la manifestation était interdite, on le rappelle…

STANISLAS GUERINI
Etait interdite…

LAURENCE FERRARI
Interdite…

STANISLAS GUERINI
Est-ce que c’est leur place pour des députés EELV, Nupes, de l’extrême-gauche, d’être sur place dans ce type de manifestation, d’agiter des drapeaux alors que des véhicules de gendarmerie sont en train de brûler, ce n’est évidemment pas le cas. Et donc je crois qu’on devrait, de façon très simple, ça n’empêche en rien d’avoir des oppositions démocratiques, sur des sujets de fond, être capable de dénoncer cette violence. Et je crois que c’est très inquiétant, et ça veut dire que d’une certaine façon, certains partis politiques sont en train de faire sécession du champ républicain quand ils ne prennent pas ces positions…

LAURENCE FERRARI
Donc vous pensez à la France Insoumise, mais plus largement la Nupes, toute la Nupes ?

STANISLAS GUERINI
Je pense, pas toute la Nupes, mais aux élus, je vois d’ailleurs qu’au sein de la Nupes, il y a beaucoup de gêne d'une certaine façon par rapport à ces positions qui sont des positions ultra-radicales, de l'ultragauche, qui sont, je le pense sincèrement, en train de faire sécession par rapport au champ républicain. Et vous mentionnez ceux qui se taisent aussi, moi, je suis frappé de ça…

LAURENCE FERRARI
Oui, il y a un silence…

STANISLAS GUERINI
Oui…

LAURENCE FERRARI
Où ça ?

STANISLAS GUERINI
Où était Marine LE PEN ce week-end, elle, qui est si prompte à tout dénoncer, je n’ai pas vu un mot, pas vu un message sur les réseaux sociaux. On retrouve l'attitude qu'elle avait pendant les gilets jaunes…

LAURENCE FERRARI
Pourtant, elle condamne absolument toujours les violences contre les forces de l’ordre…

STANISLAS GUERINI
Je l’espère très sincèrement, mais je vois parfois des silences qui sont troublants par rapport notamment à ce qui s'est passé à Sainte-Soline, nous devrions être unanimes, cela n'empêche absolument en rien les désaccords politiques pour condamner ces violences, pour condamner ce qui s'est passé à Sainte-Soline ce week-end.

LAURENCE FERRARI
La présence de députés sur le terrain qui votent les lois et donc qui ne respectent pas les lois, puisque cette manifestation était interdite, vous les condamnez, ces présences ?

STANISLAS GUERINI
Bien entendu, bien entendu, ils nous disent qu'ils vont faire des marches pacifiques dans des champs qui sont d'ailleurs, soi-dit-en-passant, des propriétés privées d'agriculteurs qui nous nourrissent, qui nourrissent la population française, c’est évidemment inacceptable et incompréhensible.

LAURENCE FERRARI
Comment contenir la violence, parce que c'est ça qu'on demande à ce que vous, vous êtes, le gouvernement, l'exécutif, comment est-ce que vous allez rétablir l'ordre dans notre pays ?

STANISLAS GUERINI
Bien sûr, c’est une attention première, il faut le faire, sans débordement, il faut le faire en respectant toutes les règles républicaines dès lors qu’il y a des agissements qui ne sont pas conformes à ces règles républicaines, il faut aussi être capable de les sanctionner, moi, vous ne me trouverez jamais du côté de la violence, jamais du côté de la violence.

LAURENCE FERRARI
Donc il faut augmenter les peines pour ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre ou pas, ça serait simple…

STANISLAS GUERINI
D’abord, l’attention à l’ordre républicain…

LAURENCE FERRARI
Et limpide le message…

STANISLAS GUERINI
Elles sont déjà très importantes, il faut pouvoir les qualifier…

LAURENCE FERRARI
Il n’y a pas de peine minimum pour ceux qui agressent les forces de l’ordre, Monsieur le Ministre…

STANISLAS GUERINI
Oui, mais il faut pouvoir les qualifier, prendre la main dans le sac, d'une certaine façon, ceux qui commettent de tels actes, et elles sont déjà très importantes, elles ont été renforcées par la loi dans le précédent quinquennat. Il faut pouvoir les faire appliquer…

LAURENCE FERRARI
Est-ce qu’il faut des peines minimums pour ceux qui agressent les forces de l’ordre, c’était une proposition, il me semble, du groupe Horizons, que vous n’avez pas soutenue ?

STANISLAS GUERINI
Moi, je ne suis pas pour les peines planchers, mais, en l’occurrence…

LAURENCE FERRARI
Pourquoi ? Ce n’est pas dissuasif ?

STANISLAS GUERINI
Parce qu’il est à la main du juge de pouvoir sanctionner, et de sanctionner très sévèrement, avec des peines qui ont été encore, je le disais, renforcées dans le quinquennat précédent pour tous ceux qui s'attaquent à des agents publics, pour tous ceux qui s'attaquent aussi à des élus, on voit cela se multiplier…

LAURENCE FERRARI
Mais ça ne suffit pas, on le voit, ça ne suffit pas…

STANISLAS GUERINI
Mais, on a évidemment un enjeu de maintien de l'ordre, et puis, il faut trouver les voies et moyens pour apaiser, pour pouvoir redémarrer aussi des discussions, c'est notre responsabilité…

LAURENCE FERRARI
Vous pensez qu’il y a moyen d’apaiser avec les black-blocs, là, avec les ultras de gauche ?

STANISLAS GUERINI
Pas avec ceux qui sont venus, qui sont d’ailleurs des professionnels en l'occurrence de la casse, qui sont des professionnels, qui se déplacent de lieu en lieu, ce sont les mêmes qui étaient parfois à Notre-Dame-des-Landes, ils sont, la nuit, pas le jour, la nuit, dans les rues de Paris pour pouvoir casser, et qui étaient ce week-end à Sainte-Soline, ce sont les mêmes, je ne les confonds jamais avec les manifestants, ceux qui manifestent de façon tout à fait légitime leur opposition, leur colère. Et je le dis, il y a aujourd'hui un écart abyssal entre les organisations syndicales qui, depuis le début du conflit sur les retraites ont joué un rôle justement extrêmement important, démocratique, et certaines forces politiques qui ont totalement dérivé et qui mêlent leur voix aux violents aux séditieux, et je crois que ça, c’est extrêmement grave.

LAURENCE FERRARI
Vous parlez de crise démocratique, est-ce qu'on n'est pas au-delà, est-ce qu’on n’est pas au bord du chaos tout simplement, Monsieur le Ministre ?

STANISLAS GUERINI
Je ne crois pas, je pense qu’il faut faire attention de ne pas tout confondre. Ces agissements, ils sont, vous avez vu, extrêmement centrés sur quelques centaines, quelques milliers d'individus, avec eux, il faut être absolument intraitable, et puis, je le disais, trouver les voies et moyens de redémarrer aussi une certaine forme de discussion. On doit, au sein du gouvernement, être absolument respectueux des principes constitutionnels, nous sommes les garants de la Constitution, le président de la République est le garant de la Constitution. Donc on doit, s'agissant de la réforme des retraites, attendre les décisions que rendra le Conseil constitutionnel, c'est très important, je pense qu'il faut absolument respecter ce jeu démocratique, et puis, sans attendre, autour de la Première ministre, reprendre la tâche très fortement avec les partenaires sociaux, pour parler de l'essentiel, ce qui doit nous permettre de faire redémarrer aussi notre pays, on ne peut pas rester dans un conflit sans trouver de sortie…

LAURENCE FERRARI
Mais, vous me dites ça, Monsieur le Ministre, il y a quelques jours, Emmanuel MACRON, dans une interview télévisée, a balayé d'un revers de la main les syndicats en disant : ils n’ont jamais proposé de compromis. Mais enfin, comment ça peut…

STANISLAS GUERINI
Non, non, le président de la République a dit qu'il était à la disposition de l'intersyndicale pour pouvoir…

LAURENCE FERRARI
Non, non, mais il a dit : ils n’ont jamais proposé quoi que ce soit sur la réforme des retraites, c’est entièrement faux.

STANISLAS GUERINI
Mais, d’abord, moi, j’ai discuté…

LAURENCE FERRARI
Vous le savez pertinemment…

STANISLAS GUERINI
Intensément…

LAURENCE FERRARI
Parce qu’ils ont proposé des choses…

STANISLAS GUERINI
Et c’est l’ensemble du gouvernement, Elisabeth BORNE, Olivier DUSSOPT, qui a discuté avec les organisations syndicales…

LAURENCE FERRARI
Donc il y avait des compromis…

STANISLAS GUERINI
Ils ont proposé des choses, pas sur le problème des accords central que nous avions, c'est-à-dire de reculer l'âge de départ à la retraite. On a acté ce désaccord-là. Mais maintenant, il faut avancer sur l'essentiel, il y a tant de sujets qui sont devant nous, la question du pouvoir d’achat, on fait face à une deuxième année avec un niveau d'inflation qui est important, même s'il est moins important que dans d'autres pays d'Europe, on voit bien tout ce qui s’est manifesté pendant la réforme des retraites, ce sont des sujets qui concernent le travail, les parcours de carrière, les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes, tout ça, il faut s'y attaquer, beaucoup plus fortement encore, et donc, on doit discuter de tout ça avec les organisations syndicales, moi, je leur dis que dans les jours qui viennent, dans les semaines qui viennent, on doit pouvoir se retrouver pour avancer, à partir des sujets qu'ils ont eux-mêmes mis sur la table, comme des sujets importants, qui apparaissent très, très fortement aujourd'hui dans le débat public. On doit s'attaquer à tout ça.

LAURENCE FERRARI
Mais est-ce que tout ça a du sens, madame BORNE a fait un communiqué à l'AFP hier en disant : on va trouver une nouvelle méthode avec les syndicats… ils manifestent demain, comment est-ce que vous pensez qu’ils peuvent être perméables à ce type de discours ?

STANISLAS GUERINI
Eh bien, d'abord…

LAURENCE FERRARI
Ils manifestent demain.

STANISLAS GUERINI
C'est leur droit, on est dans un moment où moi, je considère qu'on n'a pas à dire aux gens quand est-ce qu'ils ont le droit d'être en colère et quand est-ce qui n'ont plus le droit d'être en colère, ils ont le droit de manifester, il y a aujourd'hui un processus démocratique qui suit son cours sur le texte des retraites, qui est entre les mains maintenant du Conseil constitutionnel, tout ça est parfaitement conforme à nos institutions, donc, vous voyez, je pense que la première des cohérence, c'est nous, d'être extrêmement respectueux des institutions et des partenaires sociaux. Mais parallèlement à ça…

LAURENCE FERRARI
Ça, on a compris, mais comment ils peuvent entendre un message alors que demain, ils mobilisent dans la rue…

STANISLAS GUERINI
Mais parce qu’ils ont l’intérêt du pays chevillé au corps…

LAURENCE FERRARI
Alors, vous parlez à Laurent BERGER, là, de la CFDT ?

STANISLAS GUERINI
Mais bien entendu, mais bien entendu, et aux organisations syndicales de façon plus générale, ils ont l'intention réelle de faire avancer les sujets, moi, je n’ai pas rompu le fil du dialogue avec les organisations syndicales, on doit se retrouver pour parler des sujets primordiaux. Vous voyez, la question du pouvoir d'achat, c'est une question qui doit être évidemment prioritaire à nos discussions, là, dans les semaines qui viennent. Et donc, on doit pouvoir se retrouver pour avancer sur ça, la question des services publics aussi, vous savez, c’est un autre…

LAURENCE FERRARI
Oui, mais là, tous les Français le voient la dégradation des services publics, là, je prenais juste la question…

STANISLAS GUERINI
Mais bien sûr, j’en suis le premier conscient…

LAURENCE FERRARI
De refaire vos papiers d’identité, vous savez combien ça prend comme mois ?

STANISLAS GUERINI
Oui, c’est vrai, trop longtemps, trop longtemps, ce n’est pas le cas sur l'ensemble du territoire, mais dans certaines zones où les demandes seraient très importantes, la zone, la région Ile-de-France notamment, c'est trop long encore, et donc c'est à ça qu'on doit s'atteler pour pouvoir accélérer les choses, régler les problèmes des Français, c’est régler les problèmes des Français du quotidien, je crois que l'exemple que vous mentionnez, il est très important, la question des services publics, de ce que nous faisons d’ores et déjà…

LAURENCE FERRARI
Ça, c’est de votre ressort évidemment…

STANISLAS GUERINI
Et ce que nous pouvons faire encore davantage, ça doit être, là aussi, central dans le débat que nous avons avec les organisations syndicales et au-delà, en parlant aux Français.

LAURENCE FERRARI
Elisabeth BORNE hier dit : la méthode que je fixe pour l’avenir, c’est : pas de 49.3 en dehors des textes financiers, c'est une blague, le 49.3, les onze 49.3 qu'elle a utilisés, c’était précisément dans le cadre de textes financiers, donc en fait, pourquoi parler pour ne rien dire en fait…

STANISLAS GUERINI
Mais précisément parce que… non, voyez comme le débat public est parfois fait, il donne le sentiment que depuis le début de ce quinquennat, rien n’aurait avancé sans 49.3…

LAURENCE FERRARI
Non, non…

STANISLAS GUERINI
C’est tout le contraire…

LAURENCE FERRARI
Mais onze 49.3 qu’elle a utilisés, Gauthier Le BRET le disait, il y a quelques instants, ça a été dans le cadre de textes financiers…

STANISLAS GUERINI
Mais d’abord, c’est l’occasion de rappeler que beaucoup de textes ont permis de trouver des compromis, ont permis de faire dégager des majorités…

LAURENCE FERRARI
Pas sur les 49.3, Monsieur GUERINI…

STANISLAS GUERINI
Texte à texte, oui, vous avez raison, mais ils ont été centrés aujourd'hui sur des textes financiers, le texte des retraites étant formellement aussi un texte financier, donc elle a donné cette ligne politique, cette intention politique très forte, de dire que texte par texte, nous souhaitons faire dégager des majorités, ça veut dire…

LAURENCE FERRARI
On va saucissonner les textes, s'adresser un coup à la gauche…

STANISLAS GUERINI
Ça veut dire changer de méthode, ça veut dire concerter encore davantage, ça veut dire travailler avec nos oppositions, celles qui ont envie de faire avancer notre pays tout simplement, pour, sur les sujets principaux, pouvoir dégager des majorités. Qu’est-ce que les Français ont dit dans l'élection présidentielle, pour moi, ils ont manifesté trois priorités, pouvoir faire en sorte que le travail paie plus, pouvoir protéger les Français, il y a une demande de protection qui est très importante, et accélérer sur la transition écologique. Je crois que, autour de ces trois priorités-là, on doit pouvoir se retrouver, bâtir des majorités, ça veut dire avoir un agenda parlementaire…

LAURENCE FERRARI
Mais avec qui ? Avec qui ?

STANISLAS GUERINI
Et aussi de ce qui se passe en dehors du Parlement qui soit concerté…

LAURENCE FERRARI
Avec qui est-ce que vous voulez bâtir des majorités ?

STANISLAS GUERINI
Mais, ce n'est pas à moi aujourd'hui de définir le périmètre, alors même qu'on doit mener ces dissections (sic), discussions, pardon…

LAURENCE FERRARI
Oui, mais dissections, ça va aussi pour les cadavres…

STANISLAS GUERINI
C’est un lapsus. Qu'on doit définir à l'avance ce périmètre-là, on doit le faire avec les parlementaires, certains ont eu un esprit de responsabilité il y a quelques jours, ils ont décidé de ne pas voter la censure, de ne pas faire tomber le gouvernement…

LAURENCE FERRARI
Oui, à 9 voix près, Monsieur le Ministre…

STANISLAS GUERINI
Sur le texte des retraites.

LAURENCE FERRARI
A 9 voix près.

STANISLAS GUERINI
Oui, mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a des députés, des sénateurs qui aujourd'hui manifestent un esprit de responsabilité…

LAURENCE FERRARI
Et c’est à eux que vous faites appel…

STANISLAS GUERINI
Et moi, je ne vais pas dire si ça doit être à droite ou à gauche, je crois qu'on peut le faire avec tout simplement celles et ceux qui ont l'intention de faire avancer notre pays.

LAURENCE FERRARI
J’ai encore un mot, vous êtes le ministre de la Fonction publique, il y a une grève des éboueurs qui se poursuit à Paris, après plus de 20 jours, de nouveaux arrondissements vont être touchés aujourd'hui, parce qu'il y a d'autres sociétés privées qui rentrent maintenant dans la grève, où est-ce que vous en êtes avec la Mairie de Paris, qu'est-ce qui se passe dans la capitale ?

STANISLAS GUERINI
Ecoutez, l'important, c'est que les Parisiennes et les Parisiens voient leurs poubelles ramassées…

LAURENCE FERRARI
Oui, et ce n’est pas le cas…

STANISLAS GUERINI
Donc on va être extrêmement…

LAURENCE FERRARI
On est à près de 8.000 tonnes d’ordures dans la capitale…

STANISLAS GUERINI
Extrêmement simple, moi, je demande à la Mairie de Paris effectivement, tout simplement, j’ai eu l'occasion de le dire, de faire appliquer la loi, j'ai considéré que la Mairie de Paris avait depuis le début de ce conflit une gestion militante de la grève, qu'elle a incité à la grève. Je crois que ça n'est pas responsable, et on ne peut pas aujourd'hui faire semblant d'avoir des cellules de crise, et puis, depuis le début de ce conflit, fermer la mairie, mettre des bannières de soutien à la grève sur l'hôtel de ville, et avoir un dispositif, je l'ai dénoncé, de gestion de la grève, qui est partisan, vous faites grève pour la réforme des retraites, alors, on va vous plafonner votre nombre de jours de retenus sur salaire et étaler tout le reste. Vous faites grève pour un autre motif que la réforme des retraites, alors, cette règle ne s'applique pas, c'est absolument inacceptable et incompréhensible, et, donc tout simplement, je crois que c'est mon rôle de ministre de la Fonction publique, j'ai voulu rappeler la loi et demander à la Mairie de Paris tout simplement d'appliquer la loi.

LAURENCE FERRARI
Et on va lui demander gentiment ou vous allez porter plainte, qu'est-ce que vous allez faire ?

STANISLAS GUERINI
Mais je le fais selon les voies réglementaires, c’est-à-dire que j'ai demandé au préfet de la région Ile-de-France de saisir la Mairie de Paris et lui demander d'appliquer un principe de retenue des jours de grève, qui sont parfaitement légitimes par ailleurs, je veux le dire tout aussi clairement, tout simplement d'appliquer la loi, et donc j'attends que la Mairie de Paris se mette en conformité avec la loi…

LAURENCE FERRARI
Oui, mais on peut attendre des semaines, Monsieur le Ministre…

STANISLAS GUERINI
Et réponde au préfet de la région Ile-de-France pour pouvoir tout simplement appliquer la loi, par ailleurs, nous faisons des réquisitions…

LAURENCE FERRARI
En combien de temps vous pensez que la situation peut revenir à la normale ?

STANISLAS GUERINI
Nous faisons des réquisitions, et donc ça, c’est l’urgence, l’immédiat, pour pouvoir faire en sorte que, tout simplement, les Parisiens voient leurs poubelles ramassées, mais on a besoin que la Mairie de Paris joue le jeu et soit vraiment partenaire pour régler les problèmes. Vous voyez, on parlait des problèmes du quotidien de nos concitoyens…

LAURENCE FERRARI
C’en est un…

STANISLAS GUERINI
En voilà un de façon évidente.

LAURENCE FERRARI
Un tout dernier mot sur la mobilisation de demain, est-ce que vous la redoutez, la mobilisation de l'intersyndicale, est-ce que vous redoutez des éléments violents qui s'infiltrent dans les cortèges ?

STANISLAS GUERINI
Moi, je ne redoute jamais les grèves et jamais la mobilisation, voilà, je veux le dire très clairement, elle est encore une fois légitime, on a vu ces derniers jours, notamment à Paris, dans quelques grandes villes également, ce sont des dérives qui ne sont pas l'objet des manifestants, ce sont l'objet de casseurs professionnels, et eux, oui, bien sûr, il faut être absolument intraitable, encadrer les choses. Nos forces de l'ordre sont extrêmement sollicitées, je veux le dire, et les soutenir absolument, ça n'est pas toujours le cas dans les propos des responsables politiques, soutien absolu de nos forces de l'ordre, parce qu'ils font un travail essentiel, pour permettre, aux uns, de manifester, et protéger l'ensemble de nos concitoyens.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Monsieur le Ministre d’être venu ce matin dans " La Matinale de CNews ".


source : Service d’information du Gouvernement, le 28 mars 2023