Interview de M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, à Sud Radio le 4 avril 2023, sur la réforme des retraites, la transition écologique, la limitation de vitesse à 110km/h sur les autoroutes, la sécheresse, les jets privés et la lutte contre les feux de forêt.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Christophe BECHU.

CHRISTOPHE BECHU
Bonjour Patrick ROGER.

PATRICK ROGER
Quel avenir pour nos territoires, entre sécheresse, industrie, écologie, le fonds verts pour les collectivités, comment se prépare l’été, la menace des feux de forêt, est-ce qu’il faut limiter la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes pour les trajets professionnels, quelques-unes des questions que nous allons aborder. Juste avant ça un mot par rapport à l’actualité, Elisabeth BORNE qui consulte, qui reçoit les partis politiques, aujourd’hui elle va voir normalement les écologistes, les socialistes, ou une partie, parce que c’est boudé par la gauche, c’est une semaine un peu déterminante sur cette suite de réforme des retraites ?

CHRISTOPHE BECHU
C’est une semaine importante, tout le monde a évidemment les yeux rivés vers la décision du Conseil constitutionnel la semaine prochaine, parce que c’est la prochaine étape officielle dans le parcours d’un texte, mais en attendant faire en sorte d’échanger à la fois avec les forces politiques et les forces syndicales c’est nécessaire parce que le sujet retraites ce n’est pas le seul sujet dans le pays. Le moment de tension que nous vivons il ne doit pas masquer aussi, au-delà de ça, les sujets, d’ailleurs que le débat des retraites a permis de mettre en avant, sur la pénibilité, sur le rapport au travail plus largement, sur le partage de la valeur dans notre pays, autant de sujets où le gouvernement ne peut pas agir seul, il a besoin de travailler avec d’autres.

PATRICK ROGER
On a l’impression Christophe BECHU, finalement à vous entendre, qu’il faudrait une grande conférence autour de toutes ces thématiques, non…

CHRISTOPHE BECHU
Ce que je veux dire c’est…

PATRICK ROGER
Sur le travail, sur les valeurs, sur la société, l’évolution de la société, non ?

CHRISTOPHE BECHU
Ce qui est certain c’est qu’on est sorti du Covid, en étant tous forcément un peu transformés de cette façon dont on a mis nos vies sur pause, et derrière, y compris dans ces débats sur le travail, pas seulement à l’Assemblée nationale, mais partout dans le pays, il y a une part de notre rapport au travail, du partage de la valeur, qui s’est aussi posée, qui n’était peut-être pas aussi visible avant ces débats législatifs et avant ces débats dans la société.

PATRICK ROGER
Et c’est sur ce sujet qu’il y a effectivement beaucoup à faire. Il y a une question qui se pose aussi, de quoi vivrons-nous demain, ça nous concerne tous et c'est en ce sens que vous vous travaillez sur la transition énergétique. Alors, il y a plusieurs choses qui ont été annoncées hier, comme par exemple la France qui a l'ambition d'être une championne d'Europe de l'industrie verte, on va voir ça dans un instant, et puis un fonds vert également destiné aux collectivités locales, 2 milliards d'euros, ça commence à porter ses fruits, c'est quoi précisément ces fonds verts ?

CHRISTOPHE BECHU
D’abord c'est une idée très simple, la transition écologique on peut en parler, on peut prendre des textes, mais à la fin il faut que ce soit les élus locaux qui, au plus près du terrain, font les travaux nécessaires, ou pour atténuer le changement climatique, ou pour nous y adapter. Il va faire plus chaud, il fait déjà plus chaud, donc il faut faire des îlots de fraîcheur dans nos villes, planter des arbres, débitumer, rendre perméable une partie des sols, le fonds vert le permet, il faut baisser nos émissions de gaz à effet de serre, donc limiter nos émissions d'hydrocarbures, changer les lampadaires pour faire en sorte qu'ils soient en Led plutôt qu'avec des ampoules au sodium, rénover énergétiquement ou thermiquement nos bâtiments, le fonds vert le permet, bref, le fonds vert c'est l'outil à disposition de l'ensemble des collectivités pour être capable concrètement de passer à l'acte en termes de transition écologique et d'accélérer, et on a reçu 6345 demandes de subventions de la part des 30.000 communes de France en l'espace de deux mois, c’est la preuve que ça fonctionne et qu’on a un appétit réel.

PATRICK ROGER
150 premiers lauréats pour l’instant, c’est ça ?

CHRISTOPHE BECHU
Hier matin on a effectivement, avec Elisabeth BORNE, remis aux 150 premiers lauréats, 132 de métropole et 18 d'Outre-mer, les premières contributions, dans le cadre de cette aide, pour les aider à accélérer, des communes de toutes tailles, des grandes, des petites, qui toutes ont en commun d'accélérer sur la transition.

PATRICK ROGER
Alors, là il y a eu 2 milliards d'euros, est-ce que vous allez pérenniser, ça va se poursuivre par exemple en 2024 ou pas ?

CHRISTOPHE BECHU
C’est une excellente question puisque ces fonds c'est seulement pour l'année 2023 et la Première ministre a annoncé hier qu'effectivement nous allions engager un travail de pérennisation avec l'ensemble des élus, on commence à préparer le budget 2024 à peu près à l'été, donc on va s'y mettre dès cet été, et on fera un premier bilan pour regarder ce qui a bien marché dans le fonds, ce qui au contraire a peut-être un peu moins bien marché, et pour éventuellement un peu l'ajuster, mais on va évidemment poursuivre.

PATRICK ROGER
En augmentant probablement les fonds, non ? 2 milliards, donc vous irez plus loin ?

CHRISTOPHE BECHU
C’est une question qui se posera le moment venu, à ce stade… aujourd'hui la somme de toutes les demandes en France c’est 2,3 milliards, si on s'arrête là ça veut dire qu'on n’est que 10% au-dessus de l'enveloppe, il y aura bien 10% de dossiers qui, à un titre ou à un autre, n'aboutiront pas, donc si on en reste là il n’y a pas forcément besoin de plus d'argent, si en revanche on continue à avoir des dépôts de dossiers à un rythme très important, forcément la question se posera.

PATRICK ROGER
Alors, en même temps hier, Christophe BECHU, vous avez lancé, avec Bruno LE MAIRE, un gros projet sur l'industrie verte, vous souhaitez faire de la France la championne de l'industrie verte en Europe, ça veut dire quoi ?

CHRISTOPHE BECHU
Ça veut dire que depuis 50 ans on a désindustrialisé ce pays, on a laissé les usines partir à l'extérieur et on a imaginé que, après tout, une France sans usine ce n’était pas grave, il suffirait qu'on achète nos produits dans le supermarché du monde ailleurs, sauf que c'est socialement une bêtise, ça nous a privés d'emplois, c'est économiquement une bêtise parce que ça nous a privés de rentrées fiscales, et c’est climatiquement une erreur parce que ça veut dire qu'il a fallu à chaque fois qu'on fasse venir par bateaux, par avions, des produits dont on a besoin. Les produire ici, c'est bon pour le climat, c'est bon pour notre pouvoir d'achat, c'est bon pour notre souveraineté, et on a vu que quand on était dépendant d'autres pays et qu'on avait une crise, comme la pandémie, eh bien tout à coup les livraisons n'arrivaient plus, les chaînes de logistique étaient interrompues, ça a été vrai à une époque pendant les masques, et ça a été vrai très récemment avec toute une partie des puces ou des semi-conducteurs qui ont bloqué, mis à l'arrêt une partie de nos usines, donc l'enjeu c'est réindustrialiser notre pays pour accélérer la décarbonation. On a besoin pour la voiture électrique de batteries lithium, autant les construire ici, et même autant faire en sorte que les voitures elles soient faites ici plutôt qu'ailleurs, on a besoin demain de développer…

PATRICK ROGER
Ça, ça ne semble pas évident, j’ai l’impression que les voitures on va les construire ailleurs quand même, non ?

CHRISTOPHE BECHU
Notre ambition elle est bien au contraire de mener cette bataille, de faire en sorte d'accompagner cette transition dont on en a besoin et de la faire pour les emplois et pour l'industrie, c'est vrai pour les batteries, c'est vrai pour les semi-conducteurs, c'est vrai pour les panneaux photovoltaïques, c'est quand même hallucinant qu'on soit aujourd'hui en train de financer des trucs qui sont faits au bout du monde, c'est vrai pour beaucoup de choses dont on a besoin et dont on aura besoin demain.

PATRICK ROGER
Mais alors, ça peut passer par quoi alors, par des aides à des entreprises, à des projets, et puis de la taxation de ce qui viendra de l'étranger ?

CHRISTOPHE BECHU
Ça passe évidemment par le fait d'arrêter d'être naïf et de regarder à nos frontières ce qui se passe, de ce point de vue les Etats-Unis, il y a peu de temps, viennent avec le projet « d’Inflation Reduction Act » d’assumer, de subventionner ce qui se fabrique chez eux., et pas ce qui se fabrique à l'extérieur, comme le font les Chinois, il faut que nous Européens on sorte de cette naïveté libre-échangiste dans laquelle nous sommes, on a besoin d'un commerce parce que ça permet un développement, mais il faut aussi qu'on soit capable de protéger notre industrie, en particulier quand elle est stratégique. Ça passe par des terrains clés en main, par la recherche de sites et de fonciers qui soient immédiatement disponibles parce que quand il y a un projet d'implantation, si on explique qu'on va mettre 12 mois ou 18 mois pour trouver un terrain, puis 12 à 18 mois pour faire des enquêtes et des études, puis 12 à 18 mois pour faire en sorte ensuite, enfin bref, vous comprenez qu'il y a évidemment des enjeux de temps, donc comment on accélère, sans pour autant renoncer aux examens, aux ambitions, aux enquêtes environnementales qu'on doit conduire, mais au lieu de mener des enquêtes, par exemple publiques, les unes après les autres, les mener en parallèle ça peut permettre de raccourcir les délais de manière claire, bref, tout un panel de mesures qui seront présentées dans le cadre de ce projet de loi porté par Bruno LE MAIRE dans les prochaines semaines.

PATRICK ROGER
Alors ça ce sont des grands enjeux bien sûr, et puis il y en a d'autres qui sont peut-être un petit peu plus symboliques. La décision, par exemple, de limiter la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes pour les trajets professionnels, je sais que c'est dans les tuyaux avec votre collègue Agnès PANNIER-RUNACHER, vous y êtes favorable vous ou pas ?

CHRISTOPHE BECHU
Non.

PATRICK ROGER
Non ?

CHRISTOPHE BECHU
Je vais vous dire très exactement ce que je pense, je pense qu’à partir du moment où on dit ça on entend le fait que le gouvernement voudrait réduire la vitesse sur autoroute, ce n'est pas le cas, l'enjeu c'est d'encourager, d'inciter, ceux qui le souhaitent, à faire en sorte de baisser leur vitesse, baisser sa vitesse de 20 km/h c’est baisser sa consommation de carburant de 20%, je crois à l'exemplarité, donc c'est ce que nous demandons aux agents de l'Etat dans le cadre du plan de sobriété, nous le suggérons aux entreprises, mais je ne peux pas laisser penser qu’on le demanderait à nos concitoyens, ce n'est pas le cas.

PATRICK ROGER
Sur les piscines aussi, parce que là il y a les problèmes de sécheresse, est-ce que vous avez dans le viseur la construction de piscines, est-ce qu'il va falloir arrêter par exemple, ou mettre sur pause ? il y a certains élus, certains maires qui, par exemple, ont pris cette décision, pas beaucoup pour l'instant.

CHRISTOPHE BECHU
Nous avons moins d'eau, c'est une réalité, on a eu un mois de mars pluvieux sur une large partie du pays, mais dans le Languedoc-Roussillon, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans le couloir rhodanien, on n'a pas eu les niveaux de pluie qui nous ont permis de compenser, y compris un mois de mars normal, et donc oui on va aller au-devant de difficultés de sécheresse en particulier dans le Sud, on fera dans quelques jours un point complet. Face à ça il faut s'adapter, s'adapter ça veut dire regarder aussi d'autres types d'eau que de l'eau potable, et je pense qu'entre l'interdiction pure et simple, et le fait de poursuivre comme on fait aujourd'hui, il y a des voies et moyens, il y a des recyclages, il y a de l'eau de pluie, il y a beaucoup de procédés ou de moyens qui peuvent permettre d'une autre manière, que d'utiliser de l'eau potable pour aller remplir des dizaines de mètres cubes, de trouver des solutions, mais si on résume…

PATRICK ROGER
On pourrait mettre des eaux usées dans les piscines peut-être par exemple, retraitées bien sûr.

CHRISTOPHE BECHU
Si on résume l’écologie à l’interdiction on va perdre toute une partie de nos concitoyens, il faut avoir un discours qui soit un discours de raison, ce discours de raison il est d'expliquer qu’on doit changer, ça ne va pas se faire en 2 minutes, mais on ne peut pas poursuivre nos comportements comme ils le sont auparavant, mais ce n'est pas par l'interdiction qu'on va convaincre enthousiasmés et embarque tout le monde.

PATRICK ROGER
Mais tout de même, les propriétaires de piscines ils doivent s'inquiéter pour cet été ou pas ?

CHRISTOPHE BECHU
Ils connaissent la règle, la règle c'est qu’à partir du moment où l’eau diminue, le remplissage de la piscine ne fait plus partie de ce qui est autorisé.

PATRICK ROGER
Donc il n’y aura plus de remplissages de piscines cet été ?

CHRISTOPHE BECHU
A partir du moment, mais comme l’été dernier, à partir du moment où vous entrez en zone de crise, nous réservons l'eau à l'eau potable, et encore une fois, c'est juste une question de bon sens.

PATRICK ROGER
Mais comment vous ferez pour surveiller, vous allez mettre des drones ?

CHRISTOPHE BECHU
Non, mais il y a quelque chose qui s’appelle le compteur, et je me permets de vous dire que de ce point de vue, sur le remplissage des piscines, la situation de l’été dernier, de l’été d’avant, ou encore d’avant, c’était déjà ces règles qui s’appliquaient en matière de crise.

PATRICK ROGER
Même chose pour les golfs par exemple, l’arrosage des golfs, ça va être extrêmement contrôlé, c’est surveillé ?

CHRISTOPHE BECHU
Vous avez quatre niveaux de sécheresse, la vigilance, l'alerte, l'alerte renforcée et la crise, au fur et à mesure les restrictions sont de plus en plus importantes, et quand on est en crise, pour tous les usages, sauf l’eau potable, c’est terminé.

PATRICK ROGER
Donc terminé pour…

CHRISTOPHE BECHU
A l’exception de ceux qui auraient investi dans un dispositif de collecte d’eau de pluie, ou de recyclage d’eaux usées, qui ne tireraient pas sur le réseau d'eau potable, mais ça ce n’est pas, comment dirais-je, c'est une dérogation classique parce que vous n'utilisez pas l’eau de tout le monde.

PATRICK ROGER
Dites-moi, il y a une proposition de votre (ami) élu écologiste Julien BAYOU, je plaisante, je mets ami entre parenthèses bien sûr. Cette semaine dans la niche parlementaire il veut proposer l'interdiction des jets privés en France, vous lui avez déjà répondu, mais est-ce que vous allez vous y opposer fermement ou pas ?

CHRISTOPHE BECHU
Je pense que ça dessert la cause. Laisser penser à nos concitoyens qu'il suffirait d'interdire les jets pour régler le problème, alors qu’on parle de moins de 400.000 tonnes de gaz à effet de serre, alors que nous en émettons 400 millions, c'est effectivement est dans le buzz. Dire, c'est facile, on n’a qu'à interdire, c’est ne pas voir aussi ce qui est en train de se passer. On a pris deux mesures simples, la première c'est d'aligner la fiscalité du kérosène sur l'essence, parce que quand les écologistes étaient au pouvoir dans ce pays ça ne leur posait pas de problème que le kérosène coûte 70% de moins que l’essence que vous et moi on met éventuellement dans nos voitures, et la deuxième chose c’est, dans un cadre européen, celui d’imposer une part de carburant de synthèse, qui doit remplacer l’hydrocarbure, de plus en plus importante au fur et à mesure du temps et d'assortir cette part de carburant vert à une taxe si l'obligation n'est pas respectée. Je crois en l'incitation, je crois à la technologie, je crois effectivement à la nécessité de l'exemplarité et du fait d'avoir une fiscalité qui récompense ce qui est vertueux et qui pénalise ce qui est néfaste pour le climat, mais je ne crois pas l'interdiction, je ne crois pas au fait de déguiser la lutte des classes en mesures de transition écologique.

PATRICK ROGER
Un mot aussi sur, puisqu'on arrive à l'été, que les pompiers, par exemple, sont sur le qui-vive, notamment dans les Landes, toute la grande région, et la Gironde, est-ce que la France est prête, puisqu'on sait qu'il y a eu une polémique sur les Canadair, il n'y a pas eu d'achat de Canadair, Christophe BECHU ?

CHRISTOPHE BECHU
Alors d'abord au cours de ces dernières années la flotte a été modernisée, le président de la République a expliqué qu'elle est renforcée, que, en l'espèce, dans l’état, nous allions y compris louer des hélicoptères ou du matériel aérien pour l'été parce que les commandes qu'on a passées et les délais de production fait que quand vous passez une commande d'un Canadair il n’est pas forcément livré à temps, mais nous allons augmenter cette capacité, on va changer son positionnement en faisant aussi en sorte que la totalité de la flotte ne soit pas uniquement basée dans le Sud de la France et donc qu'elle puisse être plus proche d'une partie des lieux d’incendies qu'on a constatés, et puis il y a surtout, à la fois dans la campagne, qui commence maintenant au printemps, sur les obligations de débroussaillement pour éviter qu’on ait des départs de feu qui soient facilités, donc renforcement des moyens donnés aux services départementaux d'incendie et de secours, 50 millions d'euros de dotation, d'investissement, qui ont été donnés pendant l'hiver, beaucoup de leviers qui nous permettent de nous préparer pour cette saison. Mais, je veux le redire, 95% des feux sont d'origine humaine, et donc à la fin se préoccuper de comment on les éteint c'est bien, se préoccuper de comment on ne les allume pas c'est mieux.

PATRICK ROGER
Dernière question, il nous reste 2 minutes Christophe BECHU, vous êtes ministre aussi de la Cohésion des territoires, vous avez été interpellé hier par David LISNARD, qui est le président des maires de France, sur le niveau très inquiétant, du jamais vu, de démissions de maires et d’élus. Alors, il demande un certain nombre de choses, qu'est-ce que vous pouvez lui répondre en 2 minutes ?

CHRISTOPHE BECHU
Jusqu’à mon entrée au gouvernement j’étais maire moi-même…

PATRICK ROGER
A Angers.

CHRISTOPHE BECHU
Et dans mon département, le Maine-et-Loire, j’ai vu ce nombre de démissions, et je pense qu'on n'a pas totalement tiré, là aussi je le redis, les leçons d'un confinement qui a coïncidé avec le début des mandats municipaux. Normalement, quand vous arrivez dans une mairie, au début vous apprenez à connaître tout le monde et en particulier les autres élus, pour faire en sorte qu’il y ait une convivialité qui prenne. Quand vous voyez par visio, que vous ne partagez rien, que vous êtes tout de suite soumis à des concitoyens qui sont inquiets, par rapport à des restrictions, qui vous interpellent parfois avec l'agacement qui est provoqué par la peur de la maladie, ça ne vous permet pas de lancer un mandat sur les bons rails, c'est ce qui s'est passé. Et j'ajoute que ça a permis aussi à un certain nombre d'élus de découvrir à quel point ils étaient bien chez eux, à quel point ils pouvaient passer du temps en n’étant pas forcément au service des autres, et ça a provoqué, à la fois un recul du bénévolat, et des démissions à l'échelle de nos conseils municipaux, ça suppose évidemment de continuer à travailler sur la question du statut de l'élu. David LISNARD va être reçu dans quelques jours, avec tous les présidents d'associations d'élus, par la Première ministre, et par moi-même, je pense que ce sera évidemment un sujet qui sera au cœur de nos discussions.

PATRICK ROGER
Merci Christophe BECHU, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, d’avoir été notre invité ce matin sur Sud Radio.

CHRISTOPHE BECHU
Merci à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 4 avril 2023