Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Olivier VÉRAN.
OLIVIER VÉRAN
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes porte-parole du Gouvernement et ministre délégué chargé du renouveau démocratique et ça n'est pas rien. On va y revenir dans un instant mais on va surtout parler salaires, prix, on va parler services publics et on va parler colère. Colère notamment parce que demain, il y a cette finale de la Coupe de France, ce sera au Stade de France. Emmanuel MACRON y sera et l'intersyndicale a prévu de distribuer des cartons rouges et des sifflets. Là pour le coup, vous ne pourrez pas les faire interdire comme les casseroles.
OLIVIER VÉRAN
Un match de foot, la finale de la Coupe de France, ce n'est pas les jeux du cirque à la romaine en fait. Ce n'est pas la CGT avec son pouce impérial qui pourrait décider à qui de faire huer le président de la République, à qui de couper l'électricité pendant un match. J'en parle parce que c'est ce qu'ils ont fait dans un match de rugby…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est ce qui s'est passé à Agen.
OLIVIER VÉRAN
Parce que je crois que le mot d'introduction des élus locaux ne leur satisfaisait pas. Je crois qu'il ne faut pas tout confondre, vous savez. Prenez l'exemple des Jeux olympiques qu'on va accueillir en 2024 à Paris, les Jeux olympiques, ils ont été aussi pensés pour être un moment de trêve. C'est un moment pendant lequel on ne fait pas de politique, c'est un moment où on se rassemble, où on célèbre, on encourage, on fête les choses. Je crois qu'il y a des moments, il y en aura un le 1er mai, pour faire de la politique et il y a des moments où il faut être capable de le faire de côté. En tout cas, je n'ose imaginer les réactions si nous nous profitions d'un événement sportif populaire pour passer des messages politiques.
APOLLINE DE MALHERBE
Oh, vous le faites !
OLIVIER VÉRAN
On nous dirait que ce n'est pas le lieu pour le faire.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous le faites. C'est quand même rare qu'il n'y ait pas des messages subliminaux qui soient passés, y compris de la part d'Emmanuel MACRON quand il parle aux abords des moments sportifs.
OLIVIER VÉRAN
On ne mobilise pas une foule dans un stade pour faire passer des messages politiques. Jamais.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous invitez les membres de la CGT et de l'intersyndicale à renoncer à cette opération carton rouge.
OLIVIER VÉRAN
Je n'ai pas d'ordre ou de conseil à donner à la CGT ou à qui que ce soit en matière de syndicat. Chacun fait comme il le sent. Je dis juste qu'il y a des choses, franchement, qui ne sont pas à leur place, voilà. Il y a des moments où on peut manifester, se mobiliser et il y a d'autres moments où on peut juste ensemble être fiers avec un sentiment de fierté nationale. C'est la finale de la Coupe de France de football.
APOLLINE DE MALHERBE
Je recevais ce matin sur RMC Eric COQUEREL qui est député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, donc c'est sur sa circonscription, il y sera d'ailleurs demain. Il disait que si Emmanuel MACRON descendait sur la pelouse – ce qu'il a toujours fait systématiquement lors des précédentes Coupes de France - ce serait du masochisme de sa part parce qu'il sait qu'il sera très largement hué. Il va y renoncer vous pensez ?
OLIVIER VÉRAN
Mais La France insoumise, elle veut le chaos dans le pays. Ils veulent le chaos, ils veulent la révolution, ils veulent de toute façon que ça pète de partout. Pardonnez-moi l'expression. Donc tout est bon pour eux, peu importe le flacon pourvu qu'ils aient l'ivresse politique. On voit que ça ne leur sert pas dans les urnes.
APOLLINE DE MALHERBE
Là, il invite plutôt Emmanuel MACRON justement à ne pas y aller parce qu'ils imaginent que ça va être le chaos.
OLIVIER VÉRAN
Ce faisant, vous savez très bien le message qu'il fait passer. Je ne sais pas si le président descendra sur la pelouse ou non. Je ne sais pas, je verrai comme vous d'ailleurs demain soir. Je ne crois pas honnêtement que ce soit le sujet du moment pour les gens. Enfin moi les gens, je vous assure, j'en ai vu beaucoup encore hier. Ils me parlent du prix du panier alimentaire, du prix de l'essence, ils me parlent de la sécurité. Ça c'est des choses dont ils me parlent qui sont concrètes. En fait ils ne sont pas tous à me sauter dessus pour me demander si le président sera sur la pelouse du Stade de France.
APOLLINE DE MALHERBE
Les prix on va en reparler, mais quand même une question sur les coupures d'électricité, puisque vous le mentionniez et qu'hier ç'a été le cas à Agen : la CGT qui a coupé l'électricité pendant 30 minutes pendant le match de rugby, le match a pu reprendre ensuite. Évidemment les organisateurs de la Coupe de France redoutent qu'il n'y ait pareille coupure demain soir au Stade de France. 4 groupes électrogènes ont d'ailleurs été mobilisés et prévus. C'est illégal mais ça se fait de plus en plus dans certains moments et notamment pendant les déplacements d'Emmanuel MACRON. Vous le redoutez ? Est-ce que vous utilisez suffisamment d'outils ? Est-ce que vous estimez que le gouvernement devrait quasiment porter plainte au nom de l'État sur ce genre de question ?
OLIVIER VÉRAN
En tout cas il y a des plaintes qui peuvent être déposées lorsqu'il y a des coupures sauvages d'électricité. C'est un délit, vous l'avez dit, c'est illégal puis ça peut coûter cher. Et ça coûte cher à qui ? Aux Français parce que c'est les Français qui payent l'électricité. Et lorsque l'électricité est coupée de façon sauvage, lorsqu'il y a des coupures sauvages et qu'il faut aller refaire des raccordements par exemple, et donc on va mobiliser les gens pour le faire, ça fait monter la facture d'électricité. Et donc en fait ces actions-là, qui honnêtement pour moi ne font pas avancer le débat, sont des actions qui peuvent à l'arrivée coûter à ceux qui sont censés être descendus par ceux qui les commettent.
APOLLINE DE MALHERBE
Le 1er mai, il y aura pour le coup l'intersyndicale qui descend dans la rue. C'est du jamais vu, ils seront tous ensemble pour une manifestation qui s'annonce extrêmement suivie. Élisabeth BORNE va les inviter dès la semaine prochaine à Matignon. Vous ne pensez pas que c'est un peu tôt ? Vous pensez qu'ils vont accepter ?
OLIVIER VÉRAN
Et nous, on l'a même fait avant en fait le 1er mai. Le président de la République d'ailleurs avait proposé à l'intersyndicale de les recevoir tout de suite après la promulgation de la loi retraites.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais après, il ne leur a pas proposé avant. Alors qu'ils lui avaient écrit une lettre tout à fait courtoise.
OLIVIER VÉRAN
Avant, pardonnez-moi, si. Il a proposé de recevoir la CGT dès le mois de juin dernier, elle n'est pas venue. Ensuite il l'a proposé lors du CNR, elle n'est pas venue. Vous savez la CGT, c'est parfois on vous pose des lapins tout en déplorant qu'on ne vous ait pas invité. En tous les cas, là on a envie de travailler concrètement, de mettre la question des retraites peut-être de côté. Enfin pas complètement de côté parce qu'il faut qu'on travaille aux décrets d'application, comment est-ce qu'on va mettre en place le milliard d'euros, comment on va dépenser le milliard d'euros pour la prévention de la pénibilité par exemple ? Comment on va penser les dispositifs de carrières longues concrètement, pour quelles branches professionnelles ? Et là on a besoin de travailler avec les syndicats. Et puis à côté de la question des retraites, il y a la question du travail, de l'emploi, du bon emploi.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais Élisabeth BORNE, vous savez si elle a reçu une réponse de certaines organisations ?
OLIVIER VÉRAN
Je ne sais pas si elle a reçu une réponse. Je pense qu'ils vont attendre le 1er mai avant de répondre, mais on a besoin de se remettre autour de la table et je vais vous dire pourquoi je suis confiant. Parce qu'il y a déjà près de deux mois, alors qu'il y avait des mouvements de manifestations, alors qu'il y avait des grèves, l'intersyndicale a passé un accord avec le patronat à la demande du gouvernement…
APOLLINE DE MALHERBE
Sur le partage de la richesse.
OLIVIER VÉRAN
Pour faire en sorte qu'on améliore la rémunération des salariés dans les entreprises qui font des bénéfices quelle que soit leur taille.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous avez vu la formule de Sophie BINET ? Sophie BINET, c'est la toute nouvelle patronne de la CGT, c'est elle qui a pris la succession de Philippe MARTINEZ. C'est à la une de Libération aujourd'hui : le pouvoir s'est radicalisé.
OLIVIER VÉRAN
Ce n'est pas que le pouvoir manifestement vu cette une. Non, ce que je veux vous dire…
APOLLINE DE MALHERBE
Tous les syndicats se sont radicalisés ? Pas tant que ça, non ?
OLIVIER VÉRAN
Là vous venez de me parler de coupures d'électricité en fait.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, oui, de certaines branches mais je veux dire les représentants, Sophie BINET, Laurent BERGER…
OLIVIER VÉRAN
Pardon, vous venez de me parler de stades qui sont dans le noir, vous auriez pu me parler d'un hôpital qui s'est vu quand même coupé l'électricité.
APOLLINE DE MALHERBE
Tout à fait, tout à fait, et j'avais interrogé d'ailleurs Sophie BINET là-dessus.
OLIVIER VÉRAN
On voit qu'il y a aussi un passé syndicaliste. Ce sont des choses qu'on ne voyait pas. Donc oui, il y a une radicalisation et il y a une radicalisation qui se fait à l'initiative, à l'instigation, avec l'encouragement bienveillant d'une tranche politique qui s'est elle-même radicalisée, c'est-à-dire l'extrême gauche dans notre pays. Je le redis parce que tout est bon pour eux pour qu'il y ait une forme de chaos, pour donner le sentiment de déclassement national là où nous on a envie de faire avancer le pays. Et je vous garantis que couper l'électricité ne remplit pas le frigo des Français, couper l'électricité n'améliore pas la sécurité des Français, et couper l'électricité ne fait pas baisser le chômage. C'est nous qui le faisons, les chiffres du chômage qui sont sortis cette semaine le montrent.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors est-ce que vous remplissez le frigo ? Je ne suis pas tout à fait sûre ça pour le coup, Olivier VÉRAN. Et d'ailleurs, vous l'avez entendu comme moi, Emmanuel MACRON qui avait dit : il faut que le travail paye mieux, hier il était interrogé sur le marché de Dole par des passants, par des clients du marché qui lui disaient : mais vous avez vu cette étude qui montre des écarts indécents entre les très hauts patrons et le salaire médian de leurs entreprises. Ils pensaient notamment à STELLANTIS. C'est une étude Oxfam qui le révèle. Et Emmanuel MACRON il a dit : mais oui ça me choque, je suis choqué comme vous, ce sont des gens qui sont déconnectés. Mais que n'agit-il pas ?
OLIVIER VÉRAN
Alors est-ce que je suis choqué par des rémunérations… D'ailleurs je ne sais pas ce que les gens font lorsqu'ils gagnent plusieurs millions d'euros par an. Ni vous ni moi ne savons ce que c'est que le quotidien d'un multimillionnaire ou d'un millionnaire, donc je ne sais pas ce qu'ils en font, voilà. Moi je considère que dans la période, alors que vous avez des salariés qui sont en difficulté face à l'inflation, le rôle d'une entreprise qui dégage des bénéfices c'est de les redistribuer massivement aux salariés.
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf que la différence entre vous et moi, c'est que vous êtes au Gouvernement donc vous avez beau ne pas savoir ce qu'ils font avec, vous pouvez décider quand même de ce qui se passe.
OLIVIER VÉRAN
Il y a un point commun entre vous et moi, c'est que ce n'est pas vous ni moi qui déterminons le salaire d'un grand patron d'un groupe, notamment d'un groupe international, parce que c'est surtout les grands groupes internationaux où il y a des écarts de salaires monumentaux.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais à cela, Cécile DUFLOT qui est à la tête d'Oxfam dit : mais si, vous pouvez décider, comme vous avez décidé un jour que c'était l'État qui déterminait quel était le salaire minimum ; avant qu'il n'y ait un salaire minimum, il n'y avait pas de salaire minimum. Donc elle dit maintenant, on pourrait décider d'une loi qui impose un écart décent entre le salaire médian d'une entreprise et le salaire maximum.
OLIVIER VÉRAN
Pardon, Cécile DUFLOT et Oxfam, c'est la même personne que celle qui nous expliquait qu'en fait en prenant 2 % des fortunes des grands patrons, on arriverait à équilibrer les retraites, en faisant semblant de confondre le salaire d'un patron et le capital d'une entreprise dont a possession quelqu'un qui est en charge de l'entreprise. Voilà, je ne vais même pas répondre sur cette question. Ce qui est sûr, c'est est-ce que je souhaite, est-ce que nous souhaitons qu'il y ait une réduction de l'écart de salaire entre les grands patrons et les salariés ? Oui. Est-ce qu'on travaille pour relever le niveau de salaire des salariés ? Oui. Prime Macron, partage de la valeur dans l'entreprise - je viens de vous en parler tout à l'heure rapidement, on est passé rapidement dessus – mais toute entreprise de plus de 10 salariés qui dégage des bénéfices, les salariés vont toucher des bénéfices. Et nous on prend notre part de travail, on fait notre part du travail. Le président de la République a annoncé la hausse de salaire des enseignants, avec des primes pour les enseignants qui sont données pour tous et des primes qui sont données en fonction des missions supplémentaires qui seront réalisées. 3 milliards d'euros. Donc on prend notre part dans la Fonction publique, on veut que les entreprises prennent leur part dans le secteur privé, c'est fondamental. Et oui, je pense qu'il y a des symboles qui sont importants et je pense qu'un chef d'entreprise qui est à 10 millions d'euros par an, qui passe de 10 ou 11 ça ne change pas son quotidien, par contre ça change l'image pour son entreprise et ce n'est pas comme ça que je conçois le monde entrepreneurial.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais qu'un président de la République dise : oui, je suis choqué comme vous mais je ne peux rien faire, est-ce que vous pensez que c'est audible ?
OLIVIER VÉRAN
Ce n'est pas qu'on ne fait rien, qu'on fait rien, pardonnez-moi. Partout où l'État est présent, il peut agir dans les conseils d'administration etc Ensuite on n'est pas un pays, pardonnez-moi, communiste avec l'administration des prix par l'État, et je ne crois que les Français seraient très favorables à ce que l'État décide de tout, c'est-à-dire de tous les salaires et de tous les prix. Certains le souhaiteraient dans le pays, c'est l'extrême gauche. Ce n'est pas ce que souhaitent les Français parce que là ça n'a jamais vraiment marché en fait. Donc on veut encourager l'emploi, on veut encourager l'investissement. C'est parce qu'on a cette politique qui est favorable à l'investissement que les entreprises s'installent à nouveau en France…
APOLLINE DE MALHERBE
Gabriel ATTAL dit d'ailleurs qu'il souhaite des baisses d'impôts.
OLIVIER VÉRAN
Et on veut effectivement baisser les impôts pour les classes moyennes dans notre pays.
APOLLINE DE MALHERBE
Comment ?
OLIVIER VÉRAN
Il y a différents dispositifs qui peuvent être envisagés. Il n'y a pas d'arbitrage précis sur la manière de procéder mais on veut que ça intervienne, le plus tôt sera le mieux. On a parlé pendant la campagne par exemple des droits de succession, on a montré depuis 6 ans qu'on baissait les impôts pour les Français. Je veux dire, le président de la République, on peut lui reprocher des choses quand on n'est pas d'accord avec la ligne politique qui est la sienne, et moi ça fait suffisamment longtemps que je fais de la politique pour dire qu'il a le mérite de faire ce qu'il a dit qu'il ferait. Il s'était engagé à ne pas augmenter les impôts et à les baisser, il le fait continuellement depuis 6 ans. On a encore supprimé la redevance audiovisuelle qui n'est pas un impôt mais enfin qui écoutait quand même de l'argent aux Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais j'ai du mal à comprendre comment est-ce que vous pouvez d'un côté nous dire que vous êtes à l'euro près pour le budget, et de l'autre que vous allez baisser les impôts ?
OLIVIER VÉRAN
Mais ce sont des choix, Apolline de MALHERBE, qui sont payants. Je vais vous le dire quand même. La croissance dans notre pays elle augmente, les chiffres sont tombés ce matin : 0,2 % d'augmentation au trimestre.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas folichon mais ça tient.
OLIVIER VÉRAN
Excusez-moi mais la dernière fois que j'ai été invité dans une émission, on m'a dit : vous savez très bien que la France va connaître une récession, qu'il n'y aura plus de croissance.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas le cas.
OLIVIER VÉRAN
On a dit : si, il y aura de la croissance. Non seulement nos chiffres, nos objectifs pour 2022 ont été validés, et les oppositions nous étaient tombées dessus en disant que c'était faux etc, c'est validé désormais, mais en plus on est parti sur une tendance à la croissance. Et qu'est-ce qu'on fait c'est croissance ? On la redistribue aux Français. On la redistribue, alors on fait des choix politiques. Le choix de la nation là cette fois, c'était d'augmenter le salaire des enseignants parce qu'il le fallait. Le choix de la nation, c'est de mettre plus d'argent sur l'hôpital. On dépasse pour la première fois les 100 milliards d'euros sur l'hôpital, et en même temps on réduit les déficits et on réduit la dette parce qu'on a une meilleure gestion des finances publiques.
APOLLINE DE MALHERBE
Et dans le même temps, il y a une dégradation des services publics et de l'accès aux services publics, qui chaque jour désespère les Français : les Français qui se présentent aux urgences et qui trouvent portes fermées quand c'est la nuit, quand c'est des maternités qui ferment, les Français qui se rendent compte que quand ils tentent d'avoir un certain nombre de services et ne l'ont pas et notamment ce service public qui est l'accès au fait de refaire ou de faire tout simplement ses papiers. Élisabeth BORNE, elle-même, s'est engagée à réduire les délais ; les délais aujourd'hui pour faire refaire un passeport ou pour faire un passeport, c'est 66 jours minimum. Et ce que nous avons découvert sur RMC - c'est une enquête qu'on a dévoilée ce matin - c'est qu'il y a tellement de temps pour obtenir un rendez-vous qu'il y a un business, une sorte de marché noir aujourd'hui en France de l'accès aux rendez-vous, les prises de rendez-vous. Quand vous êtes à Vitry-sur-Seine par exemple, le prochain rendez-vous de la mairie, la prochaine disponibilité, c'est le 18 septembre sauf si vous payez un intermédiaire - des informaticiens ont créé une sorte d'application assez juteuse - qui vous offre un rendez-vous dès la semaine prochaine parce que les services publics ne fonctionnent plus, on a un marché noir du service public, Olivier VÉRAN en France.
OLIVIER VÉRAN
Mais je ne suis pas déconnecté, Apolline de MALHERBE, donc ça veut dire que… Alors j'ignorais ce marché noir qui est scandaleux…
APOLLINE DE MALHERBE
Le ministère de l'Intérieur l'ignorait aussi ; c'est notre reporter qui a téléphoné au ministère de l'Intérieur et qui le lui a appris…
OLIVIER VÉRAN
Moi je suis pragmatique, comme à l'époque du Covid et de la vaccination, si on développe un outil numérique qui permet d'aller plus vite pour tout le monde et que c'est gratuit, on ira…
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf que maintenant ça va être une égalité financière… Ceux qui pourront payer, pourront avoir un rendez-vous et ceux qui ne pourront pas le payer n'auront pas de rendez-vous ?!
OLIVIER VÉRAN
Attendez… vous croyez vraiment que je suis en train de vous dire que ça, j'aime bien ?! Non pas du tout et c'est illégal, bon.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas illégal.
OLIVIER VÉRAN
Moi je considère que si…
APOLLINE DE MALHERBE
Le ministère de l'Intérieur, à notre plus grande surprise, je vous l'avoue, nous a expliqué hier que ce n'était pas officiellement illégal, que c'était immoral…. Mais que ce n'était pas… En tout cas qu'il n'avait pas les moyens de l'empêcher.
OLIVIER VÉRAN
Apolline de MALHERBE, un, est-ce que les services publics régressent dans notre pays ? Pardonnez-moi, attention aux grandes généralités. Il y a un vrai problème sur tous les papiers d'identité, c'est pour ça que la Première ministre a pris l'engagement : on réduit par deux ; ça veut dire qu'on met des centaines d'emplois. Donc c'est de l'argent public mais il faut le faire ; c'est un investissement nécessaire pour les Français pour que ça aille plus vite partout en France et gratuitement, bon, premier point. Est-ce que les services publics régressent dans leur ensemble ? Pardonnez-moi, c'est nous, à la demande du président de la République qui avons mis en place plus de 2.500 maisons France services sur les territoires. Vous savez, quand on quitte Paris, qu'on va dans des endroits qui sont un peu loin des grandes villes, avec des personnes qui sont parfois des personnes âgées et qui sont éloignées du numérique et qu'elles ont enfin un endroit où il y a quelqu'un d'humain qui les reçoit, qui leur parle et qui les accompagne dans leurs formalités administratives, c'est parce qu'on a créé ces maisons France services et qu'on va continuer de les créer.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais la mission elle-même dit que l'accès aux services publics est très inégal…
OLIVIER VÉRAN
Personne n'a dit qu'il était égalitaire… Je vous dis juste que quand on dit qu'il n'y a plus de services publics… on a fait des choix d'investir massivement pour que là où il n'y avait plus d'accès humains aux services publics, il y ait à nouveau cet accès. Ensuite, est-ce qu'il y a des problèmes avec l'hôpital ? Oui et vous en connaissez, vous en avez parlé sur votre antenne, à juste titre ; le problème de l'hôpital, c'est qu'on manque de médecins et pourquoi est-ce qu'on manque de médecins ? Parce qu'on n'en a pas formés pendant 50 ans dans le pays et je le redis parce que c'est important : c'est en 2018 quand il arrive au pouvoir, qu'Emmanuel MACRON supprime le numerus clausus qui empêchait jusqu'ici de former des médecins en France. Il faut 10 ans pour les former ; en attendant, on identifie plein de solutions. On forme des assistants médicaux, on met en place la télémédecine ; on donne un accès direct à des professions paramédicales. Donc on trouve toutes les solutions pour faire en sorte de restaurer les services publics là où ils sont fragilisés.
APOLLINE DE MALHERBE
Olivier VÉRAN, vous parliez à l'instant de la question de remplir le frigo et je voudrais qu'à 8h48, on puisse y revenir puisque les chiffres officiels de l'inflation de l'INSEE viennent de tomber : plus 5,9 % - ça c'est l'inflation globale sur un an – elle réaccélère donc après s'être tassée au mois de mars et 14,9 %, ça c'est l'inflation sur les produits alimentaires, elle semble se tasser légèrement. Sauf que là encore, on a le sentiment que vous êtes assez impuissants face aux multinationales et notamment aux grands industriels ; Bruno LE MAIRE, régulièrement, ici même, dit : je les invite à revenir à la table des négociations pour que les prix puissent baisser ou qu'au moins l'inflation puisse baisser. Rien n'y fait : ni Coca-Cola, ni Unilever, ni Pepsi ne reviennent à la table des négociations.
OLIVIER VÉRAN
Ce que je vois de ma fenêtre, c'est que le seul grand groupe, l'un des grands groupes français agroalimentaires, Danone, a un taux de marges qui maîtrisé aux alentours de 9 %. Je vois que quand on commence à parler de groupes américains comme Unilever - on va finir par les citer - c'est plutôt 17 - 18 % et que quand il s'agit de Coca-Cola, on monte carrément au triple par rapport à Danone, c'est-à-dire 24 - 25 %.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire que quand on veut, on peut contraindre cette inflation…
OLIVIER VÉRAN
Ça veut dire que je vois que des groupes français ont fait manifestement des efforts pour maîtriser leur taux de marges et que certaines grandes marques, étrangères, internationales que les Français apprécient avoir dans leur caddy, ont des taux de marge qui sont bien supérieurs ; pour certains groupes américains, j'ai vu qu'on atteint même les 47 % de taux de marges.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire qu'ils gonflent leurs marges…
OLIVIER VÉRAN
Ça veut dire que vous nous avons demandé aux acteurs français de faire un effort, ils le font ; nous avons demandé à la grande distribution de faire un effort, ils ont réduit et maîtrisé leur taux de marges. Ma réponse, c'est qu'il faut de la transparence.
APOLLINE DE MALHERBE
Le taux de marge… je voudrais juste préciser pour que tout le monde le comprenne bien, c'est effectivement la marge qu'ils se font sur le prix du produit.
OLIVIER VÉRAN
Exactement…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire que quand ils vont vous dire : ça augmente de 30 %, il y en a peut-être une petite partie qui est due en effet aux contraintes du prix de l'électricité, du prix des transports mais tout le reste, en fait, c'est que sous prétexte de l'inflation, ils l'ont gonflé encore cette inflation pour augmenter leurs marges et leurs profits.
OLIVIER VÉRAN
Bruno LE MAIRE a obtenu qu'au mois de juillet, des négociations soient à nouveau ouvertes sur les prix, ce qui normalement n'est pas le cas…
APOLLINE DE MALHERBE
Dès maintenant…
OLIVIER VÉRAN
Exactement, pour que la grande distribution puisse renégocier… Et pourquoi on veut maintenant, on le veut parce que les prix des matières premières chutent…. non pas baissent mais chutent - pour certains prix, ça chute. Donc il faut qu'il y a un effort supplémentaire qui soit réalisé par des groupes industriels, notamment dans l'agroalimentaire.
APOLLINE DE MALHERBE
Olivier VÉRAN, vous appelez donc à la transparence… ça veut dire quoi la transparence ? Ça veut dire qu'il faut carrément pointer du doigt…
OLIVIER VÉRAN
Je ne suis pas dans le pointage, mais vous me posez une question et je me la pose avec vous, donc comme on se pose tous les deux ensemble une question, ça veut dire qu'on a le droit d'avoir une réponse. La réponse, je pense qu'elle doit être apportée par les premiers concernés, c'est-à-dire qu'il y ait de la transparence ; si quelqu'un demande 25 % de marges, qu'il nous explique pourquoi est-ce qu'il demande 25 alors que l'année dernière alors qu'on n'était pas en inflation, c'était 24. Voilà. Et une fois qu'on a ces réponses, on peut en discuter. Ce que je peux vous dire, c'est que Bercy, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno LE MAIRE, Olivia GRÉGOIRE aussi pour les PME etc. sont ultra-engagés pour faire en sorte que ces prix puissent baisser comme les prix des matières premières et de l'énergie ont désormais baissé. Dernier point : quand vous dites "constat d'impuissance", Apolline de MALHERBE, jamais un pays n'avait mis autant d'argent pour amortir l'impact d'une inflation : 46 milliards d'euros sur l'énergie…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais pas sur les prix de l'alimentaire et ça pour les Français au quotidien c'est très dur…
OLIVIER VÉRAN
Excusez-moi, mais au quotidien, pour les Français, quand ils payent leur facture d'électricité et de gaz et que chaque mois, il y a 200 euros de moins par rapport à ce que payent beaucoup de nos voisins européens parce que c'est l'État, c'est-à-dire les impôts des Français qui payent, il faut le dire, le marteler, le rappeler : il y a cet effort des pouvoirs publics, très important, qui est réalisé sur l'énergie.
APOLLINE DE MALHERBE
Sur l'énergie, un petit mot sur les voitures électriques parce que ça c'est une question que se posent beaucoup de Français aujourd'hui ; ils arrivent peut-être en bout de course de leur voiture, ils se demandent : est-ce que je vais acheter une voiture électrique, est-ce que je vais continuer à trouver de l'essence ou pas, est-ce que j'aurai des bornes, de l'électrique ? Est-ce qu'il y aura d'ailleurs de l'électricité en permanence ? Est-ce que je peux vraiment m'engager sur ce point ? Et il y avait une grande promesse – vous avez dit qu'Emmanuel MACRON faisait ce qu'il avait promis – il avait promis des véhicules électriques à cent euros par mois. Alors oui, Élisabeth BORNE dit que ça va commencer à arriver, que les premiers véhicules arriveront à l'automne mais ce sera quel modèle ? On se rend compte que c'est des voitures quasiment inutilisables, enfin en tout cas avec très très peu de marge, avec très peu d'autonomie.
OLIVIER VÉRAN
Attendez. D'abord, les gens qui sont très attentifs aux questions écologiques vous diront que la voiture électrique de demain, ce n'est pas la grosse voiture électrique qui fait 600 ou 700 bornes d'autonomie parce que ça veut dire qu'elle aurait une très grosse batterie et donc ça veut dire que c'est une voiture très lourde et donc qui va être fortement consommatrice de matières premières…
APOLLINE DE MALHERBE
Non mais pas une TESLA à cent euros par mois pour tous les Français mais quand même ! Au moins une voiture efficace !!
OLIVIER VÉRAN
Alors pardonnez-moi, d'abord il y a eu beaucoup de contre-pub sur les voitures électriques ces derniers temps et je pense que ce n'est pas innocent.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais là il semble que ce soit des citadines… or le problème, c'est aussi les Français qui vivent hors des cités, hors des villes…
OLIVIER VÉRAN
Je vous le dis : il y a eu de la contre-pub qui a été faite dans une certaine période vis-à-vis des voitures électriques et à mon avis, ce n'est pas innocent. La voiture électrique, est-ce que c'est l'avenir ? Oui ; est-ce qu'il y aura des bornes partout en France pour recharger sa voiture ? On le fait, on en y travaille et ceux qui ne nous font pas confiance pour y arriver n'ont qu'à regarder l'implantation de la fibre numérique sur le territoire français, il n'y a pas un pays en Europe mieux couvert que la France et on l'a fait en trois ans. Donc vous aurez des bornes, vous aurez des voitures électriques à 100 euros par mois ; ça vous coûtera nettement moins cher que des voitures thermiques. Ce sont des voitures qui roulent avec quatre roues, un moteur, avec lesquelles vous ferez des centaines de kilomètres et vous pourrez vous balader autant en ville que pour aller à la plage si vous en avez la possibilité pendant l'été.
APOLLINE DE MALHERBE
Olivier VÉRAN, porte-parole du Gouvernement, ministre délégué chargé du Renouveau démocratique.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mai 2023