Interview de Mme Marlène Schiappa, secrétaire d'État, chargée de l'économie sociale et solidaire et de la vie associative, à RTL le 28 avril 2023, sur ses photos dans Playboy et le "Fonds Marianne pour la République".

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Marlène Schiappa - Secrétaire d'État, chargée de l'économie sociale et solidaire et de la vie associative ;
  • Yves Calvi - Journaliste

Média : RTL

Texte intégral

YVES CALVI
Bonjour Marlène SCHIAPPA.

MARLÈNE SCHIAPPA
Bonjour.

YVES CALVI
Merci de prendre la parole ce matin sur RTL.

MARLÈNE SCHIAPPA
Merci de m'avoir invitée.

YVES CALVI
Vous êtes, je le rappelle, secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire, mais aussi de la Vie associative, auprès de la Première ministre Élisabeth BORNE.

MARLÈNE SCHIAPPA
Absolument.

YVES CALVI
Une Première ministre qui a redit hier que votre interview et vos photos dans Playboy n'étaient vraiment pas appropriées pour une ministre. Est-ce que vous commencez à comprendre la situation ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Écoutez, la Première ministre est extrêmement honnête, puisqu'effectivement, ça remonte maintenant à plusieurs semaines, mais elle m'a effectivement téléphoné pour me dire qu'elle estimait que, dans la période de tensions sociales traversée par le pays, ce n'était pas approprié, donc elle est très cohérente dans sa position, oui.

YVES CALVI
Est-ce que vous avez compris cette situation, et est-ce que vous comprenez qu'elle ait pu choquer, et que l'on n'attendait pas ça d'une ministre ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Je comprends absolument que certains puissent considérer que ce n'est pas la place d'une ministre que de poser dans Playboy. Je ne partage pas ce point de vue, puisque moi je trouve qu'il faut parler à tout le monde partout. Ça a toujours été ma ligne, je suis cohérente là-dessus, je suis allée parler à la Convention des droits de Valeurs actuelles, je suis allée dans les émissions de Cyril HANOUNA, je suis allée au Université d'été de la France Insoumise ; je pense qu'il faut répondre à tout le monde et que dans Playboy on n'entend pas souvent un discours pour les droits des femmes, pour l'émancipation des femmes, donc c'était important pour moi, particulièrement dans cette publication, de porter ce discours.

YVES CALVI
Donc vous ne regrettez rien.

MARLÈNE SCHIAPPA
La question, ce n'est pas de regretter, on ne peut pas revenir en arrière. Maintenant, j'entends…

YVES CALVI
Si, on peut dire, dans la vie, c'est d'ailleurs une preuve d'intelligence, "j'ai fait une erreur" ou "ce n'était peut-être pas approprié", enfin, je prends mes termes pour en parler.

MARLÈNE SCHIAPPA
Mais, très honnêtement, j'ai répondu à…

YVES CALVI
Une erreur politique, vous m'avez compris, Madame la Ministre.

MARLÈNE SCHIAPPA
Non, je ne pense pas que ça soit… J'ai répondu à cette interview, des mois avant que la situation dans le pays n'arrive à un niveau de tensions tel que celui-là. Je n'ai pas de boule de cristal pour deviner que nous allions arriver à ce niveau de tensions. Maintenant, nous on est concentré sur le fond. Vous me parliez de la Première ministre, la Première ministre à laquelle j'ai le plaisir et l'honneur d'être rattachée, quand nous parlons toute la journée, depuis des semaines, nous ne parlons pas de Playboy, nous parlons des sujets de fond, notamment par exemple de la vie associative…

YVES CALVI
Ah non non non, mais c'est vous qui avez décidé d'accorder l'interview à Playboy, donc vous ne pouvez pas nous retourner la question en nous disant : "Il y a des choses sérieuses font il faut parler", alors que c'est justement ce que j'étais en train de vous demander…

MARLÈNE SCHIAPPA
Ah, mais je…

YVES CALVI
Était-ce la place d'un ministre de…

MARLÈNE SCHIAPPA
Je ne crois pas que ce soit ce que je suis en train de vous dire. Vous m'interrogez sur les discussions que j'ai avec la Première ministre, je vous réponds que maintenant c'est il y a quelques semaines, et donc maintenant avec la Première ministre, quand on se parle, on ne se parle pas de Playboy toute la journée, on se parle des sujets de fond comme la simplification de la vie associative. C'est ma réponse, je ne remets pas en cause vos questions, pas du tout.

YVES CALVI
Bien. Alors, je voudrais fermer la parenthèse Playboy, si je puis dire…

MARLÈNE SCHIAPPA
Je vous en prie.

YVES CALVI
Est-ce qu'on peut dire que vous ne regrettez rien ? voilà, je le dis avec des mots simples.

MARLÈNE SCHIAPPA
Moi, ce n'est pas ma manière de penser, je ne pense jamais en termes de regrets, de remords etc.

YVES CALVI
Donc vous le referiez.

MARLÈNE SCHIAPPA
Je ne vais évidemment pas refaire la couverture de Playboy, que tout le monde se rassure, je suis concentré sur mes dossiers je suis au travail. Je vous disais, la Première ministre a présenté son horizon pour les 100 jours, 100 jours d'apaisement voulus par le président de la République, et notamment je la remercie d'avoir gardé des sujets importants pour la vie associative, comme la simplification. On est vraiment le pays la paperasse en France, moi j'adore mon pays, je suis très patriote, mais il y a encore trop de formulaires, trop de papiers à remplir pour les associations, pour les bénévoles, donc c'est un grand objectif pour nous d'épurer tout ça.

YVES CALVI
Alors, vous venez de m'embarquer sur autre chose. Une toute dernière question : est-ce que vous avez eu un échange avec le président de la République sur cet engagement qui était le vôtre dans Playboy ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Non, je n'ai pas eu d'échanges avec le président de la République.

YVES CALVI
Venons-en au fameux Fonds Marianne, créé pour promouvoir la laïcité et combattre le séparatisme après l'assassinat, je le rappelle, de Samuel PATY. Ce Fonds Marianne, doté de 2,5 millions d'euros, a-t-il intégralement et effectivement été utilisé pour lutter contre le séparatisme et le fanatisme religieux, puisque c'est sur ces questions que l'on vous interroge aussi en ce moment ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Bien sûr. C'est une question très pertinente et à laquelle moi je suis la première à vouloir avoir des réponses. C'est pour ça d'ailleurs qu'avec le gouvernement, avec le ministère de l'Intérieur, nous avons même, avant la parution des articles de Presse sur ce sujet, diligenté une inspection. C'est inspection, d'un corps d'inspection autonome, et fait un signalement à la justice. Pourquoi, parce que l'une des associations qui a bénéficié de ces subventions, nous a elle-même alerté en disant que lorsqu'elle regardait ses comptes, elle constatait qu'il y avait une rémunération très élevée d'un dirigeant, dont elle se demandait si elle n'avait pas été payée avec des fonds publics de ce Fonds Marianne. C'est pourquoi, nous, nous avons demandé une inspection et fait un signalement à la justice.

YVES CALVI
Comptez-vous publier la liste des bénéficiaires ? On ne comprend toujours pas pourquoi elle a été gardée secrète jusqu'ici ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Eh bien écoutez, c'est une vraie question. Moi quand j'ai été interrogée par la Presse, je n'étais plus ministre, on était en juin 2022, je n'étais pas aux responsabilités, et j'ai dit à la Presse : "Bien évidemment, pour moi il faut faire la transparence". Et j'avais dit d'ailleurs aux personnes en charge à ce moment-là, moi je pense qu'il faut tout donner à la Presse, la Presse à un…

YVES CALVI
Ça n'est toujours pas fait.

MARLÈNE SCHIAPPA
La liste des 17 bénéficiaires ?

YVES CALVI
Non.

MARLÈNE SCHIAPPA
Ah si, c'est fait, elle a été publiée, elle a été rendue publique auprès de la Presse, et d'ailleurs elle a été également donnée à Monsieur le Président de la Commission des finances du Sénat, monsieur le Sénateur RAYNAL qui a dit lui-même que lui, si c'était son choix, il ne les rendrait pas publiques, pour les protéger, parce que ce sont des acteurs de la lutte contre la radicalisation, qui sont aujourd'hui menacés. Mais cette liste elle a désormais été donnée à la Presse, je vous le confirme.

YVES CALVI
Alors, vous savez que la famille de Samuel PATY se dit particulièrement heurtée que son nom puisse être l'instrument des agissements que l'on vous reproche en ce moment. Que répondez-vous à cela ? Est-ce que vous êtes entrée en contact avec eux ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Alors, d'abord je veux souligner qu'il ne m'est pas reproché à moi d'agissements, je riens à le dire, parce que des amalgames ont été faits, même le…

YVES CALVI
Favoritisme, copinage, vous avez compris, enfin je…

MARLÈNE SCHIAPPA
Ça a été démenti. Aujourd'hui vous n'avez plus une seule personne qui me dise cela. Je n'ai pas un ami parmi les lauréats du Fonds Marianne, je n'ai pas un proche, c'est faux. D'ailleurs mon avocate, Maître Julia MINKOWSKI, poursuit et poursuivra en diffamation toute personne qui m'imputerait une action de favoritisme. Ça n'est pas vrai.

YVES CALVI
Tout le monde se renvoie la balle, Madame la Ministre. Voilà.

MARLÈNE SCHIAPPA
Mais non, mais à un moment, Yves CALVI…

YVES CALVI
La question reste : qui a choisi les attributaires ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Si je vous en plus que le fait d'être ami avec telle personne qui est prestataire de RTL et que vous me dites "on n'est pas amis", vous vous rendez compte à quel point c'est ubuesque de devoir expliquer que non, vous n'êtes pas ami avec ces personnes. Même l'un des dirigeants mis en cause, Mohamed SIFAOUI, a dit sur BFM TV "Je ne suis pas un ami de madame SCHIAPPA, je l'ai croisée 2 ou 3 fois à des occasions professionnelles". Donc je suis ferme là-dessus, et c'est infamant de m'accuser de copinage. Je poursuivrai en justice avec une avocate, toutes les personnes qui prétendraient qu'il y aurait eu du favoritisme, parce que ce n'est pas le cas de ma part.

YVES CALVI
C'est clair.

MARLÈNE SCHIAPPA
Je veux juste conclure là-dessus, pour dire que le sénateur RAYNAL, qui s'est chargé de cette Commission d'enquête pour le Sénat, écarte la notion de scandale d'État, et il dit, je le cite : "Il n'y a aucun sujet Marlène SCHIAPPA". Donc, soyons très clairs sur cette question.

YVES CALVI
Une toute dernière question : cet argent a-t-il été utilisé, d'une façon ou d'une autre, dans le cadre on va dire de la dernière campagne présidentielle ? Puisque ça fait partie des questions qui sont aujourd'hui soulevées.

MARLÈNE SCHIAPPA
Absolument pas, je suis très ferme là-dessus. Cette association dont on parle, elle a été mise en cause pour avoir produit des vidéos contre madame HIDALGO. Quand j'ai découvert ces vidéos, je suis tombé de ma chaise, tellement ça ne me semble pas le propos de cette subvention. Mais on a découvert aussi qu'ils ont produit des vidéos anti Emmanuel MACRON, anti Olivier VÉRAN et anti Marlène SCHIAPPA. Donc manifestement, c'est en fait une association qui n'aime pas les responsables politiques quels qu'ils soient, mais là encore on voit bien que le soufflé retombe, qu'il n'y a aucun complot politique, aucune commande politique pour dénigrer aucun opposant, juste une mauvaise utilisation manifeste de subventions par cette association, sur laquelle l'inspection devra faire toute la lumière.

YVES CALVI
L'actualité du moment est celle du président pour qui vous travaillez, Emmanuel MACRON ne devrait finalement pas descendre sur la pelouse du Stade de France comme c'est la coutume, demain soir pour la finale de la Coupe de France. C'est problématique de devoir renoncer à ces déplacements ou ces problèmes symboliques, non ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Non mais d'abord, à ce stade, l'Élysée n'a ni confirmé ni infirmé le fait que le président de la République irait ou n'irait pas saluer les joueurs. Donc il n'y a pas de décision qui soit prise sur ce sujet, d'une part. D'autre part, la Coupe de France de football, moi je pense que c'est un bel événement, festif, familial, bon enfant, il ne faut pas le politiser à l'excès. Les huées, les protestations, et même les casseroles, elles peuvent avoir leur place à l'extérieur du stade, mais pas à l'intérieur. Et d'ailleurs je veux dire que vous avez vu que le match de rugby Agen – Nevers, a été interrompu, il a été plongé dans le noir…

YVES CALVI
En effet.

MARLÈNE SCHIAPPA
… 30 minutes hier, au prétexte que des paroles d'élus locaux auraient déplu. Donc je pense que l'on n'est vraiment pas, on doit vraiment laisser le sport être un beau moment d'unité de ce pays. Le pays a besoin de moments festifs et bon enfant comme celui-ci.

YVES CALVI
Ça veut dire que vous, vous souhaitez, à titre personnel, que le président puisse descendre sur la pelouse demain ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Moi je n'ai pas à émettre de souhaits, il y a différents paramètres qui rentrent en compte, et donc ce sera à l'Élysée de prendre une décision sur ce sujet. Mais moi ce que je souhaite, c'est qu'on puisse laisser les familles qui viennent regarder une belle finale, tant les supporters de Nantes, que de Toulouse, que les amateurs de foot qui ont eu le plaisir de venir passer un bon moment, puissent profiter de ce beau moment sereinement, en famille et dans une bonne ambiance. On n'est pas obligé de tout politiser. Et je le dis, que le fait que des syndicats veulent absolument tout politiser jusqu'au moindre détail, jusqu'à un match de football qui est un bel événement d'unité du pays, ce n'est vraiment pas souhaitable.

YVES CALVI
On n'est pas obligé de tout politiser, même les Unes de Playboy où on est en Marianne.

MARLÈNE SCHIAPPA
Absolument, belle conclusion.

YVES CALVI
Merci d'avoir pris la parole ce matin sur RTL.

MARLÈNE SCHIAPPA
C'est moi qui vous remercie.

YVES CALVI
Bonne journée Marlène SCHIAPPA.

MARLÈNE SCHIAPPA
Bonne journée à vous


source : Service d'information du Gouvernement, le 3 mai 2023