Interview de M. Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports, à Europe 1 le 5 mai 2023, sur les tensions avec l'Italie concernant la politique migratoire, la contestation contre la réforme des retraites, le plan vélo et les bornes de recharge pour les véhicules électriques.

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Média : Europe 1

Texte intégral

DIMITRI PAVLENKO
Bonjour Clément BEAUNE.

CLEMENT BEAUNE
Bonjour.

DIMITRI PAVLENKO
Bienvenu sur Europe 1, ministre délégué aux Transports. Giorgia MELONI est la Première ministre italienne, incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels a été élus. Est-ce ainsi, Clément BEAUNE, qu’un ministre français de l’Intérieur devrait parler de la Première ministre dans un de nos grands voisins ? Qu'en pensez-vous ?

CLEMENT BEAUNE
Mais vous savez, moi, j'étais ministre des Affaires européennes. Il faut du respect pour nos voisins, bien sûr. Il faut toujours, en Europe, travailler avec nos voisins, notamment les grands pays avec lesquels on a construit l'Europe dont l'Italie évidemment. Mais Gérald DARMANIN a raison, sur le plan politique, de rappeler nos désaccords sur un certain nombre de sujets fondamentaux et de rappeler ce qu'est l'extrême droite partout, en Italie comme ailleurs, qui fait beaucoup de promesses et qui en général règle peu de problèmes. Et on le voit en Italie sur d'autres sujets. Je pense aux droits des familles homoparentales par exemple. Donc, il faut aussi - nous sommes à quelques mois des élections européennes qui sont essentielles pour notre continent - rappeler les différences politiques, les désaccords et continuer aussi à travailler parce que quand il y a des gouvernements étrangers ; on travaille avec eux et sur les sujets fondamentaux, on dit ce qu’on pense.

DIMITRI PAVLENKO
Donc je sens que ça n’aurait pu être qu'une rancune personnelle que parlait Gérald DARMANIN ?

CLEMENT BEAUNE
Non, ce n’est pas ça.

DIMITRI PAVLENKO
C'est la position officielle du Gouvernement français aujourd'hui ? On fait la leçon aux Italiens sur leur gestion de la crise migratoire ?

CLEMENT BEAUNE
Non, on ne fait pas la leçon aux Italiens.

DIMITRI PAVLENKO
Un peu quand même.

CLEMENT BEAUNE
Et je rappelle d'ailleurs puisque…

DIMITRI PAVLENKO
Quand vous dites qu'elle est incapable de régler les problèmes migratoires.

CLEMENT BEAUNE
Je n’ai pas utilisé ces mots-là.

DIMITRI PAVLENKO
Pas vous mais votre collègue, Gérald DARMANIN.

CLEMENT BEAUNE
Sur le fond, on ne cherche pas à ne pas régler la crise migratoire. C'est nous qui avons proposé à de multiples reprises, et qui le faisions encore, une coopération bilatérale et européenne à l'Italie pour justement régler ces sujets. Et ce que ça montre sur le fond – le ministre de l'Intérieur l'a toujours rappelé et je le défends - c'est qu’il n’y a pas de solution au sujet migratoire qui ne passe pas par la coopération européenne. Et on voit bien qu'à chaque fois qu'il y a une tentation de cavalier seul, quel que soit le pays, ça ne fonctionne pas.

DIMITRI PAVLENKO
Mais quand l'Italie décrète l'état d'urgence migratoire ; c'est un appel au secours, Clément BEAUNE ?

CLEMENT BEAUNE
Mais quelles sont les procédures nationales ? Mais je rappelle aussi que la France a été, depuis 2017, pour ce qui nous concerne en termes de responsabilités politiques, le pays qui à chaque fois qu'il y ait eu des difficultés voire des potentielles catastrophes humanitaires, le pays qui a accueilli le plus de personnes en difficulté. A chaque fois qu'un bateau, je le rappelle aussi parce qu'on l'oublie, a débarqué parfois sur les côtes italiennes, parfois chez nous dans les cas extrêmes et exceptionnels

DIMITRI PAVLENKO
L’Ocean Viking justement.

CLEMENT BEAUNE
L’Ocean Viking. Et même quand ces bateaux ont débarqué parfois en Italie, nous avons accueilli des personnes en danger et en difficulté. Le ministre de l'Intérieur l'a fait, le Gouvernement l'a fait depuis maintenant plusieurs années. Donc nous avons été toujours, et nous sommes au quotidien, un partenaire de l'Italie pour faire face ensemble à des difficultés migratoires. Mais il faut rappeler - parce que ce n'est pas anodin - ce qu'est la position de l'extrême droite en Europe sur le sujet migratoire. Ça ne veut pas travailler ensemble, ne pas régler les problèmes. Et puis sur d'autres sujets, je le disais, la famille, les droits des enfants, des attaques qui sont aussi préoccupantes.

DIMITRI PAVLENKO
Alors, vous ciblez l'extrême droite mais Gérald DARMANIN mentionne dans sa déclaration à juste titre hier la Tunisie, d’où par ses migrants qui débarquent en Italie. Je n'ai pas souvenir que Gérald DARMANIN dit quoi que ce soit quand le président Kaïs SAÏED affirme en février dernier que, je le cite : " l'immigration en Tunisie relève d'un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique tunisien. "

CLEMENT BEAUNE
Mais attendez, on ne va pas faire le commentaire de tout ce qui se passe dans tous les pays qui nous entourent, au Maghreb, ou européen.

DIMITRI PAVLENKO
Donc, on peut taper sur les Italiens parce qu'ils sont européens mais pas sur les Tunisiens.

CLEMENT BEAUNE
Mais on n'a pas tapé sur les Italiens. Gérald DARMANIN a été interrogé sur la façon de répondre à une crise migratoire ; il a dit nos différences. Et je rappelle, au quotidien, nos gendarmes, nos policiers, nos forces de l'ordre, notre ministre de l'Intérieur, travaillent avec l'Italie pour essayer d'aider l'Italie et de nous protéger contre des trafics, des passeurs qui instrumentalisent la misère. On l'a toujours fait ; on le fait depuis six ans. Et puis ensuite, je le redis : quand il y a des solutions d'extrême droite qui nous disent, chez nous comme ailleurs, " vous allez voir ce que vous allez voir. C'est simple de travailler pour régler ses problèmes, c'est simple de travailler sans coopération européenne ". Eh bien, c'est important, je pense, de redire comme l'a fait Gérald DARMANIN, que ça n'est pas exact.

DIMITRI PAVLENKO
Alors, Clément BEAUNE, autre image : hier, c'est d'Emmanuel MACRON dans ce lycée professionnel de Saintes où la CGT ENEDIS avait coupé le courant. Je précise qu'une image a circulé sur les réseaux sociaux. On en voit le Président avec une lampe frontale sur le front ; c'est un fake cette image.

CLEMENT BEAUNE
Oui, c’est bien de le rappeler.

DIMITRI PAVLENKO
Est un montage. Non, mais je le dis parce que personnellement, je me suis moi-même fait avoir. Je précise que c'est important.

Le groupe électrogène, il avait été prévu à l'avance tout de même, Clément BEAUNE ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, je ne le sais pas. Je n'organise pas les visites du Président.

DIMITRI PAVLENKO
Ça donne quand même l'image d'un Président empêché, c’est difficile.

CLEMENT BEAUNE
C'est amusant parce que, hier quand même, on a vu dans cette visite et on pourrait le vérifier en détail, ça n'a absolument pas été organisé ou scénarisé ; il y a des échanges longs avec des jeunes : des jeunes qui ont chanté la Marseillaise, des jeunes qui ont été au contact. Le Président qui a échangé de longues heures avec les enseignants aussi. Et c'est ça aussi, de visite ; moi, je le vis dans les visites ministérielles : quand il n’y a pas des actions organisées - qui sont d'ailleurs en général organisées par quelques dizaines de personnes : taper sur des casseroles, ou plus grave, couper l'électricité comme ça a pu arriver dans les cas plus extrêmes - eh bien, les échanges se passent bien. Il y a des gens qui expriment des désaccords sans taper sur une casserole. Moi, je l'ai vécu encore dans un déplacement dans une gare la semaine dernière. Il y a des gens qui n’étaient pas d'accord avec la réforme des retraites, qui me l'ont dit vivement ; mais la plupart - l'immense majorité - a accepté, même quand il y a des désaccords, de discuter. Et on a vu... C’est cela la réalité.

DIMITRI PAVLENKO
Non, mais j’entends ce que vous dites.

CLEMENT BEAUNE
On ne fait pas les actions organisées ou les actions ciblées pour empêcher - et je le dis parce que c'est grave - empêcher des visites politiques ministérielles, présidentielles, de se dérouler. Ce n'est pas anodin. On peut avoir des désaccords avec le Président et le Gouvernement ; mais empêcher les choses et les débats de s'organiser, je pense que c'est grave. Et hier, on a vu que quand il n’y a pas des professionnels de la profession, si je puis dire, le Président arrive à échanger avec un certain nombre d'interlocuteurs jeunes, enseignants et autres.

DIMITRI PAVLENKO
Mais je vous le concède, il y a un effet de loupe important sur une minorité agissante évidemment.

CLEMENT BEAUNE
C’est bien de le dire.

DIMITRI PAVLENKO
Mais quand on regarde quand même la succession des annonces, rien que de cette semaine : le Livret A, le lycée professionnel... On va parler du plan vélo avec vous dans un instant ; ce qu'on voit c'est que les gens finalement n'écoutent pas. Les sondages le montrent assez bien, Clément BEAUNE. Eux n'ont pas tourné la page des retraites ; ils ne sont pas passé à autre chose.

CLEMENT BEAUNE
D'abord, les annonces du lycée professionnel (j’aimerai qu’on en dise un petit mot), elles sont majeures. Et pardon pour l’expression, n’ayons pas le nez sur le guidon, d’un sondage qui par ailleurs n'a forcément pas pris en compte un certain nombre de décisions qui ont été annoncées hier par le Président. Et si la question c'est : est-ce qu'il faut regarder les sondages et ne rien faire ? La réponse est évidemment non.

DIMITRI PAVLENKO
Mais est-ce qu'on peut ensevelir la crise des retraites sur des tonnes d’annonces, Clément BEAUNE ?

CLEMENT BEAUNE
Non, mais ce n’est pas ça l'idée. Et on nous reprocherait, à juste titre, de rester les bras croisés et de dire " les retraites empêchent d'agir sur d'autres thèmes ". Notre boulot, le programme de la majorité du Président et du Gouvernement, c'est la réforme des retraites. On l'assume, elle est difficile, elle a été adoptée et c'est beaucoup d’autres choses, on ne les a pas inventées. Le lycée professionnel, c'était dans le programme du Président de la République et donc c’est très important de pouvoir le dire. Et d'ailleurs c'est souvent un sujet qui est négligé, regardé un peu de haut et regardé un peu de loin. Et c'est des annonces majeures qu’a dit le Président, hier.

DIMITRI PAVLENKO
Bien sûr, j'entends ce que vous dites, c'est vrai. Mais je vous faisais remarquer que ça n'imprime pas ; c’est ça en fait.

CLEMENT BEAUNE
Mais attendez, pardon, les annonces datent d'il y a 24 heures. Ça n'imprime pas si on passe notre temps à parler plutôt des casseroles que des annonces. Et donc, quand on dit un milliard d'euros pour augmenter les enseignants, pour payer (parce que tout travail mérite salaire) les jeunes qui s'engagent dans cette voie, pour améliorer les formations dans les domaines où il y a des emplois, le numérique, l'écologie pour augmenter la durée du stage et donc l'insertion professionnelle pour les élèves de terminale etc... C’est des mesures très concrètes, c'est du concret et c'est du respect. Et je pense qu'on en a besoin ; considérer des jeunes ou des enseignants qui, parfois, ont été négligés. Et du concret parce que ce sont les changements très concrets dès la rentrée prochaine en termes de rémunération, d'attractivité, de qualité des formations.

DIMITRI PAVLENKO
Clément BEAUNE, ministre des Transports, vous êtes l'invité d'Europe 1 Matin. Au chapitre des annonces, justement, au portefeuille des Transports, le vôtre : l'actualité, c'est ce plan vélo : 2 milliards d'euros d'ici 2027 et fort inédit et sans précédent pour la petite reine, dites-vous ce matin dans les colonnes du journal Le Parisien. Qu'est-ce qu'il y a dans ces 2 milliards d'euros exactement, Clément BEAUNE ? A quoi faut-il s'attendre ?

CLEMENT BEAUNE
Là aussi, c'est un gros chiffre qui marque un effort totalement sans précédent, mais c'est surtout du très concret là aussi. Je veux prendre quelques exemples : on va augmenter très fortement pour les collectivités locales partout en France, avec le soutien massif de l'Etat, le nombre de kilomètres de pistes cyclables.

DIMITRI PAVLENKO
Et il n’y en n’a pas que pour les grandes métropoles ?

CLEMENT BEAUNE
Non, justement, c’est très important. Donc, il y a un fond qui permet de financer cela chaque année. La Première ministre l’avait annoncée en septembre : 250 millions d’euros, c’était cinq fois le montant qu’on consacrait d’habitude à ces infrastructures, ces pistes cyclables, protégées par exemple. On va continuer chaque année avec le même montant, 250 millions d’euros chaque année et on va en faire profiter avant tout des villes petites ou moyennes voire des communes rurales qui veulent faire quelques kilomètres d’installation de vélo pour développer cette mobilité. Je rappelle qu’en France, partout, même dans les départements ruraux, un tiers des déplacements, c’est moins de cinq kilomètres. Donc, le vélo, ce n’est pas de l’anecdote, ce n’est pas du folklore, ce n’est pas seulement le tourisme, même si c’est important. C’est aussi un mode de déplacement qui n’est pas seulement pour bobo de centre-ville comme on le caricature parfois mais qui peut être un vrai complément à un déplacement en train, déplacement en voiture, vous prenez votre vélo, vous arrivez à la gare. On va aussi augmenter…

DIMITRI PAVLENKO
Le gros de l’enveloppe, c’est aussi l’aide à l’achat au vélo parce que ça coûte très cher notamment quand même les vélos électriques.

CLEMENT BEAUNE
Il faut les infrastructures, il faut les places de stationnement sécurisées parce que quand on interroge les Français, une des principales craintes quand ils prennent leur vélo, c’est de ne pas le retrouver à la gare le soir par exemple. Donc, on va financer 90 000 places de stationnement protégées, sécurisées. Et puis, effectivement…

DIMITRI PAVLENKO
Payantes ?

CLEMENT BEAUNE
Non, qui seront gratuites et on va aussi prolonger les aides à l'achat. L'Etat a mis en place des aides notamment pour les ménages modestes pour acheter un vélo mécanique ou électrique parce qu'ils coûtent encore - ces derniers - assez cher.

DIMITRI PAVLENKO
Neufs et d'occasion aussi ou pas ?

CLEMENT BEAUNE
Exactement. On va étendre cela parce que c'est une forte demande à l'achat de vélos d'occasion, parce que le vélo électrique, même avec un petit coup de pouce, ça reste coûteux. Et aujourd'hui, il commence à y avoir un marché de l'occasion. J’irais tout à l'heure visiter d'ailleurs des réparateurs et une grande enseigne française qui fait cela. Vous pourrez aller acheter chez votre petit réparateur ou vendeur du coin ou dans des grandes enseignes des vélos d'occasion qui seront soutenus aussi à l'achat par l’Etat.

DIMITRI PAVLENKO
Est-ce qu'il faudra une plaque d'immatriculation pour les vélos ? Alors, ça, ça inquiète beaucoup de monde qui se disent : " Oui, derrière, il y a la verbalisation, il y a l'assurance obligatoire etc.

CLEMENT BEAUNE
Il faut être pragmatique. Il n’y a pas de plaque d'immatriculation. Il y a ce qu'on appelle un marquage, c'est-à-dire un numéro, on a créé ce fichier pas pour embêter les gens.

DIMITRI PAVLENKO
Ça, ça existe déjà oui ?

CLEMENT BEAUNE
Ça existe depuis deux ans.

DIMITRI PAVLENKO
Mais il y a cette idée d'aller plus loin dans l’identification ?

CLEMENT BEAUNE
Non. Il y a l'idée de développer ce fichier. C'est très important, c’est quatre millions de vélos en deux ans qu'on a recensé dans ce fichier et ce n'est pas pour ficher les gens. C’est pour que quand vous faites voler votre vélo, malheureusement, je l'ai vécu, on a beaucoup vécu, vous avez du mal à le retrouver. Aujourd'hui, déjà, grâce à ce fichier, on retrouve 10 à 15% des vélos volés. Et donc, ce numéro, ce n'est pas une plaque. On ne va pas vous embêter à aller à la préfecture etc. C'est un numéro qui est sur les vélos automatiquement et vous pouvez signaler le vol de votre vélo et le retrouver plus facilement. On va passer à peu près à treize millions, près de quinze millions de vélos marqués d'ici la fin du mandat.

DIMITRI PAVLENKO
Je vous ai pas demandé le montant des aides. Vont-ils être revalorisées, ces aides à l'achat, à l'acquisition des vélos ?

CLEMENT BEAUNE
Alors, nous en discuterons d'ici la loi de finances, mais elles ont été revalorisées il y a quelques mois seulement et elles sont déjà très importantes. Pour un vélo électrique, c'est jusqu'à 3 000 euros sur certains modèles. Et pour les ménages les plus modestes

DIMITRI PAVLENKO
3 000 euros ?

CLEMENT BEAUNE
Oui. Pour les ménages les plus modestes et sur les modèles qui peuvent être coûteux. On peut aller jusque-là pour…

DIMITRI PAVLENKO
En cumulatif ?

CLEMENT BEAUNE
Non. Les aides de l'Etat seulement. Elles peuvent se cumuler avec des aides des collectivités locales pour des personnes qui sont en situation de handicap qui ont une majoration. Donc, ce sont des montants qui sont très importants, entre cent euros pour un vélo mécanique, jusqu'à 3 000 euros pour les modèles plus coûteux ou nécessaires notamment pour les personnes en situation de handicap.

DIMITRI PAVLENKO
Clément BEAUNE, les 100 000 bornes de recharge pour les véhicules électriques, Ségolène ROYAL les avait promis en son temps pour 2020, Jean CASTEX pour 2021, bon, ça y est en fait, c'est aujourd'hui même que la cent-millième borne est posée. Pourquoi il a tant de retard ?

CLEMENT BEAUNE
Alors, il y a eu beaucoup de retard parce que c'était un nouveau modèle. C'était difficile. Il fallait les déployer. Parfois on manquait de foncier, de raccordement électricité.

DIMITRI PAVLENKO
Donc, on a lancé la promesse à l'époque sans s’assurer qu’on pourra tenir ?

CLEMENT BEAUNE
Ce que je peux vous dire, c'est qu'on a doublé le rythme depuis un an d'installation mensuelle du nombre de bornes électriques. Le président de la République, quand il a inauguré le Mondial de l'auto en octobre dernier, il a dit 100 000 bornes avant la fin du premier semestre 2023. Nous y sommes et nous avons fixé un nouvel objectif : 400 000 bornes d'ici 2030 et nous sommes sur une trajectoire qui nous permet de le faire.

DIMITRI PAVLENKO
400 000 bornes ?

CLEMENT BEAUNE
400 000 bornes d'ici la fin de la décennie. Nous étions en retard, vous avez raison, il faut le dire, on a accéléré en travaillant avec les collectivités, avec les sociétés d'autoroutes etc., toutes les autoroutes de France.

DIMITRI PAVENKO
Et vous prenez engagement que l’échéance sera tenue cette fois-ci, compte tenu de votre expérience ?

CLEMENT BEAUNE
Oui. On va s'en donner les moyens pour voir quels sont parfois les freins, le raccordement électrique etc. Mais vous pouvez regarder toutes les stations-service des autoroutes sont maintenant équipées, encore quelques-unes qui le seront d’ici l’été…

DIMITRI PAVENKO
Pas toutes, oui. Vous avez vu dans le détail ce sont les autoroutes concédées qui figurent parmi les bons élèves. Ça pêche sur les autoroutes gérées par l'Etat et les routes nationales.

CLEMENT BEAUNE
Oui parce qu’on parle beaucoup des concessions autoroutières. On a mis dans les contrats avec les sociétés de toute l'obligation de déployer les bornes et elles s’y sont tenues d'ailleurs, sinon, elles payent des pénalités et ça a marché. C'est comme ça qu'on réussit à couvrir les stations-services d'autoroute.

DIMITRI PAVENKO
Donc, encore un point pour les concessionnaires finalement ?

CLEMENT BEAUNE
Mais quand l’Etat, je le dis très bien.

DIMITRI PAVENKO
La renationalisation, ce n'est pas pour demain, si je... ?

CLEMENT BEAUNE
Non mais, ne confondons pas tout, mais l'Etat a un contrat, on nous reproche parfois de ne pas être exigeant dans nos contrats. On a renforcé, moi, j'ai renforcé cette obligation, et donc, les bandes se déploient aussi sur les autoroutes. Et puis, elles se déploient sur l'espace public. On a accéléré. On est maintenant le deuxième pays d'Europe derrière les Pays-Bas, loin devant l'Allemagne, en nombre de bandes par habitant.

DIMITRI PAVLENKO
Il y a cent millions d'euros budgétés pour les bornes de recharge sur les cent milliards du plan de relance qui avaient été décidés en 2020. Est-ce qu'il faut s’attendre à un nouveau plan bornes de recharge comme il y a aujourd'hui un nouveau plan de vélo ?

CLEMENT BEAUNE
Oui. Il y aura à nouveau plan borne de leur recharge. Je ne sais pas, seulement de l'argent, parfois ce sont des freins réglementaires, parfois c'est des délais de procédure qui sont trop longs, c'est un travail qu'on doit engager avec les collectivités locales parce qu’on arrive à dépasser les bornes sur les autoroutes. On arrive mieux à déployer les bornes d'où les 100 000 réalisés sur l'espace public. En général, on a un peu plus de mal parfois dans les copropriétés et là, il faut travailler avec l'ensemble des acteurs du logement et des collectivités.

DIMITRI PAVLENKO
Dernière question, il y a dix jours vous avez déclaré qu'il fallait évidemment revoir un certain nombre de projets routiers à propos d'une réponse à une question que vous posez sur l'A69, entre Castres et Toulouse. Il y a de grands projets inutiles en France aujourd'hui ?

CLEMENT BEAUNE
Il y a des projets autoroutiers qu'on doit réinterroger parce que les exigences environnementales, il y en a près d’une dizaine, on est en train de faire ce travail de recensement et d'analyse. Il faut les revoir au regard de critères environnementaux et ne pas dire : " On fait la transition écologique ", et ne pas se poser ces questions-là.

DIMITRI PAVLENKO
Mais vous avez une ébauche de liste ce matin ?

CLEMENT BEAUNE
On est en train de la regarder. J'ai annoncé qu'on ferait ça d'ici l'été. C'est un travail qui doit être sérieux parce qu’il ne s'agit pas de claquer des doigts, de dire : " On fait, on ne fait pas ", mais il y a des projets, je le dis, qui seront abandonnés, parce qu'ils ne correspondent plus aux besoins…

DIMITRI PAVLENKO
L’A69 ?

CLEMENT BEAUNE
L’A69, c'est un projet qui a commencé dans ses travaux, dans sa réalisation, donc, c’est évidemment spécifique. Après, ce n'est pas blanc ou noir, je le redis, il peut y avoir des améliorations, y compris sur l’A69. J'ai demandé aux concessionnaires sur le plan environnemental d'apporter des propositions d'améliorations environnementales importantes.

DIMITRI PAVLENKO
Merci, Clément BEAUNE.

CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.

DIMITRI PAVLENKO
D’être revenu au micro d'Europe 1 ce matin, le ministre délégué aux Transports. Bonne journée à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 5 mai 2023