Texte intégral
JULES DE KISS
Bonjour Pap NDIAYE.
PAP NDIAYE
Bonjour.
JULES DE KISS
« La présidente du Conseil italien, Giorgia MELONI, incapable de régler les problèmes migratoires en Italie », ces propos de Gérald DARMANIN, qui taclait au passage le Rassemblement national, génèrent une brouille diplomatique en ce moment avec notre voisin, un déplacement annulé prévu par un responsable italien, hier à la dernière minute, en France, est-ce que le ministre de l’Intérieur a parlé trop vite ?
PAP NDIAYE
Je ne sais pas s’il a parlé trop vite, il est clair que le traité du Quirinal, vous savez ce traité qui a été signé entre la France et l’Italie à l’automne 2021, est toujours valide, malgré les changements politiques qui ont eu lieu en Italie depuis l’automne 2021, et donc il me semble que la boussole des relations entre nos deux pays c’est le traité du Quirinal, avec un certain nombre de dispositions relatives, entre autres, à la politique migratoire.
JULES DE KISS
Plus de 40.000 personnes sont arrivées par les eaux de la Méditerranée depuis le début de l’année, c’est quatre fois plus que depuis l’année dernière au même moment, et une partie de ces exilés passe la frontière française, c’est ce que nous disait ce matin sur France Info le directeur de l’Office français de l’immigration, est-ce que c’est aussi pour ça que Gérald DARMANIN a fait cette sortie pour demander à l’Italie d’en faire plus et que ces migrants ne se retrouvent pas à la frontière entre l’Italie et la France ?
PAP NDIAYE
Il y a à l’évidence des réglages à opérer entre la France et l’Italie sur ces questions, je crois que…
JULES DE KISS
Une meilleure collaboration, l’Italie n’en ferait pas assez ?
PAP NDIAYE
Je ne sais pas ce qu’il en est exactement, ce que je sais c’est que la France et l’Italie, de même que l’Union européenne, ont besoin de travailler ensemble sur cette question, qui est une question à la fois politique, mais aussi une question humanitaire, il y a des milliers de migrants qui meurent en Méditerranée chaque année et nous devons absolument nous préoccuper de ça.
HABRIEN BECT
Est-ce que vous auriez utilisé les mêmes mots que Gérald DARMANIN, « incapable de régler le problème migratoire en Italie », il parle de Giorgia MELONI ?
PAP NDIAYE
Chacun a son vocabulaire, moi je ne m’occupe pas directement de ces questions, ce que je vois c’est à la fois la dimension politique, le traité du Quirinal, la dimension humanitaire, ça concerne la France, l’Italie, mais aussi l’ensemble des pays d’Europe, et je salue au passage les efforts de celles et ceux qui vont sauver des migrants qui se noient dans la Méditerranée, et puis, bien entendu, les règlements communautaires.
HADRIEN BECT
Mais est-ce que pour combattre le RN ça vaut le coup de créer une brouille diplomatique avec les Italiens, parce que c'était l'objectif de Gérald DARMANIN de démasquer le RN ?
PAP NDIAYE
Non, non, je ne suis pas sûr de cela, je pense que combattre le RN c’est une obligation, c'est un devoir politique que nous avons en France, et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je me suis engagé en politique, et cela n'a pas de, ou ne doit pas avoir de répercussion quant à nos relations avec les autres pays.
HADRIEN BECT
L’Italie demande des excuses, il en faut ?
PAP NDIAYE
Ça je ne pense pas que nous ayons à fournir d’excuses, on a plutôt à renouer les fils d'un dialogue serein.
JULES DE KISS
Alors, Gérald DARMANIN qui doit enfourcher un autre cheval de bataille aujourd'hui, et notamment à amorcer une discussion avec le garde des Sceaux Eric DUPOND-MORETTI, sur l'idée d'une éventuelle loi anti-casseurs, au vu des derniers événements dans les manifestations, la contestation notamment contre la réforme des retraites, est-ce que c'est une nécessité aujourd'hui en France ?
PAP NDIAYE
J’ai noté la prudence du garde des Sceaux à ce à ce sujet, ce qui est certain c'est que les manifestations ce n'est pas un droit constitutionnel, mais ça occupe une place très importante dans notre vie politique et syndicale depuis plus d'un siècle, depuis la fin du 19e siècle, donc il faut veiller à ce que les manifestations puissent se dérouler dans les meilleures conditions possibles, et d'ailleurs c'est le cas le plus souvent, mais nous avons des difficultés, et ce n'est pas nouveau, dans les années 70 l'historien que je suis pourrait vous dire qu’il y avait déjà des difficultés de ce genre, avec des groupes de casseurs qui ne sont pas là pour manifester, mais pour tout autre chose, et donc il faut trouver le bon équilibre, c'est-à-dire faire de telle sorte que les manifestations se déroulent le mieux possible, sans entraves particulières, tout en veillant évidemment à ce qu'il n'y ait pas de casse. Vous avez noté que dans un certain nombre de villes, je pense à Rennes, à Lyon, à d'autres villes encore, il y a de la casse, il y a aussi, chez les forces de l'ordre, de très nombreux blessés.
HADRIEN BECT
Est-ce que, vous parlez de la prudence du ministre Eric DUPOND-MORETTI, est-ce que vous la partagez cette prudence, on a l'impression que oui ?
PAP NDIAYE
Moi je suis toujours prudent quand on parle de ce genre de sujet, il faut évidemment veiller à ce que les manifestations puissent se dérouler au mieux. Je ne sais pas quelle est la meilleure voie, à la fois législative et réglementaire, pour limiter l'influence des casseurs, mais c'est certainement quelque chose qui doit être possible, à la fois limiter, écarter, et puis sanctionner les casseurs, et faire de telle sorte que les manifestants…
HADRIEN BECT
Donc interdire certains de manifester comme le veut Gérald DARMANIN ?
PAP NDIAYE
Je ne sais pas quelle est la meilleure voie, je ne me suis pas penché sur cette question, mais il est clair que les casseurs posent une difficulté particulière, y compris d'ailleurs pour les organisateurs, eux-mêmes, des manifestations.
JULES DE KISS
L’idée d'interdiction administrative de manifester, qui a déjà été censurée par le Conseil constitutionnel, c'était en 2019. Pap NDIAYE, ministre de l'Education, si on vous invite c'est aussi d'abord, et peut-être surtout, pour nous parler de cette réforme du lycée professionnel annoncée par Emmanuel MACRON à Saintes en Charente Maritime, vous en étiez bien sûr de ce déplacement hier. Quelques manifestants quand même, à quelques centaines de mètres de ce lycée, avec toujours cette idée de vous rappeler que non, la contestation contre la réforme des retraites n'est pas terminée, il y a des enseignants aussi qui participent à cette contestation, quelle est la réponse aujourd'hui, il est temps d'arrêter ?
PAP NDIAYE
Voyez, quelques dizaines de manifestants ça ne pose pas de difficulté, ils ont pu s'exprimer comme ils…
HADRIEN BECT
Ils étaient très très loin, 400 mètres.
PAP NDIAYE
Ils étaient loin, il y a des périmètres de sécurité, en particulier lorsque le président de la République se déplace, c'est normal, et puis au sein de l'établissement scolaire des échanges avec les élèves et puis avec les professeurs, y compris d'ailleurs des professeurs syndiqués qui n'étaient pas favorables nécessairement à la réforme des retraites.
HADRIEN BECT
Mais est-ce que vous dites là il est temps de savoir terminer une mobilisation, comme on dit il est temps de savoir terminer une grève ?
PAP NDIAYE
Ce n’est pas à moi de dire si, et d'intimer je ne sais quelle recommandation à propos de la fin de ces manifestations, ces manifestations peuvent avoir lieu, c'est un droit, donc je ne remets pas en cause ce droit, ce que je dis c'est que, en particulier du côté des écoles, les échanges se passent très bien, y compris avec des opposants à la réforme des retraites. L’essentiel, me semble-t-il, dans une démocratie comme la nôtre, c'est que le dialogue puisse avoir lieu, et y compris un dialogue entre eux des personnes qui sont en désaccord, et c'est le cas très très souvent dans les lycées, les collèges et les écoles.
JULES DE KISS
Allez, plein de nouveautés à venir pour les lycées professionnels, tous les lycéens évidemment qui vont fréquenter ces établissements dans les prochains mois, les prochaines années, on va les détailler juste après le Fil Info.
JULES DE KISS
Pap NDIAYE, ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse est l'invité du 8 :30 de France Info.
HADRIEN BECT
Et on parle avec vous du fond de cette réforme du lycée professionnel avec des chiffres qui sont quand même assez hallucinants, j'allais dire, seulement 40% des jeunes diplômés de la filière professionnelle trouvent un emploi 6 mois après leur diplôme. C'est aussi la raison d'être de cette réforme. Vous vous fixez quels objectifs et à quelle échéance ?
PAP NDIAYE
Oui on part d'un diagnostic qui n’est évidemment pas favorable puisque vous savez que les lycées professionnels regroupent un tiers des lycéens, plus de 600 000 d'entre eux et que sur ces lycéens, un tiers n'arrivera pas jusqu'au baccalauréat pas. Il y a des difficultés pour entrer dans la vie active après, vous venez de le dire, et puis la moitié de ceux qui vont dans le supérieur n'obtiennent pas de diplôme supérieur. Donc on a des chiffres qui ne sont évidemment pas bons, ça ne remet pas en cause le travail remarquable des professeurs mais il faut bien s'attaquer à cette question d'autant plus que les lycéens en question sont souvent issus de mondes défavorisés.
HADRIEN BECT
Mais donc vous ne vous fixez pas d'objectif chiffré à ce stade ?
PAP NDIAYE
Donc les objectifs c'est évidemment …
HADRIEN BECT
Emmanuel MACRON dit 100% mais on se doute que c'est peut-être un petit peu idéal ?
PAP NDIAYE
C'est la finalité et puis les choses vont se mettre en place mais on ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle ; il faut absolument que à l'issue de son bac professionnel, on puisse s'insérer sur le marché de l'emploi d'autant plus que nous avons besoin de centaines de milliers de jeunes dans des secteurs qui sont des secteurs essentiels, donc on a des secteurs qui recherchent des jeunes et puis des jeunes sans emploi ; ça n'est pas une situation satisfaisante.
HADRIEN BECT
Précisément, il y a des secteurs, en revanche, qui en recherchent peut-être moins pour faciliter la professionnalisation, vous voulez supprimer un certain nombre de filières de filières. Vous pensez à quoi ? On parle beaucoup de cette filière « gestion administrative comptabilité secrétariat » qui n’est pas forcément porteuse, on parle de ça, est-ce qu'il y a d'autres filières ?
PAP NDIAYE
Alors, c'est vrai qu'il y a des filières qui ne correspondent plus au marché du travail, au marché de l'emploi. Les évolutions de l'économie sont celles que nous savons et puis à l'inverse, on a des besoins criants dans un certain nombre de domaines, il faut donc fermer des filières notamment des filières du tertiaire. Vous en avez nommé une, il y a aussi beaucoup de filières du côté de la vente, du côté de l'accueil qui ne rencontrent plus l’emploi.
HADRIEN BECT
C'est combien de filières à peu près ?
PAP NDIAYE
Il y en a un certain nombre, c'est toute une famille de filières surtout dans le tertiaire. Donc nous allons par exemple à la rentrée en fermer 80 d'entre elles, ouvrir 150 autres filières dans des lycées, dans les 2 100 lycées professionnels, des filières, elles, qui sont porteuses.
JULES DE KISS
Alors, on parle de quoi justement comme nouvelles filières ?
PAP NDIAYE
Eh bien dans le cadre de la réindustrialisation du pays, il y a énormément de filières qui sont des filières industrielles, des filières du côté du génie thermique par exemple pour tout ce qui concerne la transition écologique, des filières de chaudronnerie, des filières industrielles par exemple en lien avec le nucléaire. On a besoin de réindustrialiser le pays, donc on a de très forts besoins de ce côté-là. Figurez-vous que sur les 10 métiers les plus en tension dans l'économie française aujourd'hui, et bien sur ces 10 métiers, cela correspond à 10 formations professionnelles.
JULES DE KISS
Du tertiaire aux métiers de l'industrie, ce n’est pas vraiment les mêmes filières, on imagine que ce n’est pas les mêmes savoirs à enseigner. Donc pas les mêmes enseignants. Que vont devenir les enseignants des filières que vous supprimez et comment vous allez en recruter pour les nouvelles filières ? On sait que c'est un enjeu aussi.
PAP NDIAYE
C’est vrai d'autant plus que ces dernières années, on a fermé à peu près un tiers de formation dans le tertiaire et donc la question se pose qui est celle des professeurs qui ne sont pas nécessairement compétents pour enseigner dans des filières complètement différentes.
JULES DE KISS
Que vont-ils devenir ?
PAP NDIAYE
Alors, ils peuvent se diriger vers le professorat des écoles, un certain nombre d'entre eux le choisissent ou également vers les collèges ; il y a des transferts et c'est quelque chose que nous allons encourager. Ils peuvent également au sein des lycées professionnels animer un certain nombre de choses, par exemple les bureaux des entreprises que nous allons créer dans chacun des lycées professionnels ; il y a également des formations en demi-groupes ; il y a des savoirs d'un certain nombre de ces enseignants qui restent parfaitement utiles dans le cadre des lycées professionnels. Donc on a un travail à faire bien attendu et ça c'est très important mais nous visons d'abord l'intérêt des élèves. L'intérêt des élèves, c’est de ne pas être au chômage, c'est d'avoir des perspectives professionnelles après le baccalauréat.
JULES DE KISS
Et combien de personnes à recruter ? Est-ce que vous savez avec cette réforme les nouvelles filières combien d'enseignants vous allez devoir recruter alors que c'est déjà dur d'en recruter ?
PAP NDIAYE
Alors nous allons et nous avons des besoins de recrutement, y compris d'ailleurs du côté de professeurs associés ; c'est quelque chose que nous souhaitons développer, c'est-à-dire des professionnels dans tel ou tel secteur, je veux parler du génie thermique par exemple.
JULES DE KISS
Qui viennent du monde de l’entreprise ?
PAP NDIAYE
Qui viennent du monde de l’entreprise et qui vont consacrer un après-midi par semaine par exemple à enseigner dans le lycée professionnel voisin avec un titre de professeur associé avec un salaire correspondant de manière à former des jeunes et puis avoir des professionnels dans des filières qui sont effectivement difficiles du point de vue du recrutement des professeurs.
JULES DE KISS
Et vous n’avez pas de chiffres sur le contingent d'enseignants recrutés pour ces 150 filières qui seront créées ? J’imagine que ça fait beaucoup de monde ?
PAP NDIAYE
Ça fait du monde et puis tout cela se fait en lien évidemment avec les régions. Ce qui est certain c'est que le remodelage de la carte des formations, de la carte nationale des formations doit d'abord viser l'emploi et puis l'insertion également pour celles et ceux qui le souhaitent dans le supérieur.
HADRIEN BECT
Et alors, à propos de l’adaptation et du changement, on va dire, de de corpus de formation, il s'agit aussi de faire évoluer ce nombre de formations et leur type en fonction du bassin d'emploi. Spontanément, on a envie de se dire, en revanche dans une région qui fonctionne bien comme peut-être Toulouse ou je ne sais pas, c'est peut-être plus simple que dans une région qui est désindustrialisée ; est-ce que c'est pas inégal pour les régions où il y a moins d'industries, où c'est plus difficile de trouver du travail ?
PAP NDIAYE
Il y a des bassins d'emplois qui sont à l'évidence plus favorables mais je parlais à l'instant des efforts de réindustrialisation qui vont toucher et qui touchent déjà l'ensemble du pays, de la réactivation de filières qui avait été délaissées lorsque l'on pensait que la France avait un avenir en dehors de l'industrie. Moi je suis frappé en discutant avec les élus, notamment les présidents de région de voir à quel point ils investissent bien entendu du côté de la formation professionnelle, leur connaissance fine également des bassins d'emploi et puis, il n’y a pas que l’industrie, il y a aussi les services à la personne par exemple qui se développent énormément on a aussi besoin de professionnels dans cette direction et donc tout cela doit se faire finalement à l'échelle des bassins d'emploi de manière à avoir des lycées professionnels qui répondent aux besoins de l'économie avec suffisamment de perspectives dans le temps ; il ne s'agit pas évidemment d'année en année de changer en fonction de la demande de tel ou tel chef d’entreprise.
HADRIEN BECT
Pardon, les lycées doivent répondre aux besoins de l'économie ?
PAP NDIAYE
Bien sûr, ça c'est tout à fait essentiel, il faut que les lycées professionnels …
HADRIEN BECT
Certains – pardon - certains vont vous dire les élèves, on n’est pas là uniquement pour former des travailleurs, des salariés, des ouvriers, on est là aussi quand même pour former des citoyens.
PAP NDIAYE
C’est les deux à la fois, c'est à la fois l'entrée dans la citoyenneté ça c'est tout à fait essentiel d'où l'importance des savoirs fondamentaux que nous confortons par exemple avec des demi-groupes en classe de seconde de manière à voir des élèves qui soient à niveau en français, en mathématiques mais aussi …
HADRIEN BECT
Vous allez diviser les classes ?
PAP NDIAYE
On va créer des demi-groupes en effet pour les classes de seconde …des élèves qu'ils soient à niveau dans cette discipline ça c'est tout à fait essentiel mais nous avons aussi une mission, c'est que ces élèves trouvent de l'emploi après le baccalauréat ou réussissent dans leurs études supérieures. Vous savez, la citoyenneté ce n'est pas simplement une citoyenneté je dirais politique la citoyenneté elle a aussi une dimension pratique c'est le fait de trouver un travail, c'est le fait de s'installer dans la vie, c'est cela qui donne sens à la citoyenneté. Tout va ensemble !
HADRIEN BECT
Tout le monde est accord là-dessus mais c'est vrai que voilà certains disent, parfois le niveau académique dans les lycées professionnels est relativement faible d'autant que ce sont des élèves qui viennent parfois de milieux défavorisés et donc voilà certains peuvent craindre que l’on favorise plutôt le travail et que la citoyenneté.
PAP NDIAYE
Nullement, on favorise et on développe les savoirs fondamentaux moi j'y suis très attaché en tant que ministre de l'Education nationale, je ne vais certainement pas reculer sur cette question et la ministre déléguée Carole GRANDJEAN non plus mais nous avons aussi cet impératif catégorique qui est de mieux insérer, d'où le fait par exemple que l'on augmente la durée des stages en classe de terminale pour celles et ceux qui entrent dans le marché du travail.
JULES DE KISS
Alors, justement un emploi après, plus de stages pendant et la bonne nouvelle pour les lycéens, c'est que ces stages seront rémunérés 50, 75 ou 100 euros par semaine en fonction du niveau de la classe ; c'est l'Etat qui va payer. Pourquoi ce ne sont pas les entreprises ?
PAP NDIAYE
C'est l'Etat qui va payer parce que c'est une gratification qui est à la fois juste et qui est également importante pour des jeunes qui, comme vous le disiez, viennent souvent de milieux défavorisés qui ont pu avoir des parcours scolaires assez sinueux et assez difficiles et puis parce que nous ne souhaitons pas bien entendu que si c’était les entreprises, il y ait un effet contraire avec une raréfaction du nombre de stages puisque …
JULES DE KISS
Alors que c’est un enjeu. Et l'argent, vous le versez sur le compte des lycéens, sur le compte des parents ?
PAP NDIAYE
Non, l'argent sera versé aux lycéens.
HADRIEN BECT
D’un tout petit mot, on a beaucoup de témoignages de parents et d'élèves qui disent « c'est très bien, on veut nous faire faire des stages mais c'est très difficile de trouver un stage », est-ce que vous garantissez que 100% des élèves qui cherchent des stages en trouveront ?
PAP NDIAYE
C'est une vraie question. Les stages, c'est à la fois le fait d'en trouver et puis évidemment des stages de de qualité, ça n'est pas toujours le cas. Donc il faut travailler sur ces deux dimensions, d'où la création dans chaque lycée d'un bureau des entreprises. On a besoin là d'une structure qui soit une structure pérenne qui aide à trouver un stage, qui favorise la relation entre le lycée et puis les entreprises. On m'a parlé hier, j'étais dans le Sud-ouest avec le président de la République dans un département du sud-ouest d'un lycée spécialisé dans les métiers du bâtiment qui n'avait pas de relation particulière avec une très grande entreprise de bâtiment située à quelques kilomètres de là ; vous voyez, on est des situations qui ne sont pas acceptables et qui ne sont pas favorables pour nos jeunes.
JULES DE KISS
Pap NDIAYE, ministre de l'Education nationale, on va parler de la mixité en milieu scolaire dans un instant, il y a des annonces qui arrivent de la part du gouvernement. D'abord, le fil info à 8h51 !
JULES DE KISS
Pap NDIAYE, ministre de l’Education nationale. Il y a eu cette réforme du bac qui est entrée en vigueur, ça y est, avec pour beaucoup de bacheliers le grand oral et la philo encore à la fin de l’année, mais donc beaucoup ont déjà leur résultat… ça y est, c’est fait, il y a un peu des petits calculs en ce moment pour savoir de combien de points on a besoin pour être sûr d’avoir son bac, et donc pour beaucoup c’est les doigts de pieds en éventail un peu la fin de l’année, taux d’absentéisme qui augmente nous dit-on. Qu'est-ce que vous leur dites à ces élèves en peu démobilisés en ce moment parce qu'il n’y a plus grand-chose à jouer ?
PAP NDIAYE
Alors, on n’a pas de données nationales, mais j'entends les remontées du terrain, comme on dit, et ce que je dis aux élèves c'est deux choses, d'abord l'obligation d'aller en cours, du premier jour au dernier jour, je rappelle quand même que l'école ce n’est pas facultatif et ce n'est pas au choix. Deuxièmement, je leur dis que s'ils ne vont plus en cours de spécialité, c'est un mauvais calcul parce que Parcoursup a plusieurs phases, une première phase qui tient compte évidemment des épreuves de spécialité qui ont eu lieu fin mars, c'est un fait, mais il y a une phase complémentaire pour ceux qui n'ont pas eu les bonnes réponses à Parcoursup, et dans cette phase complémentaire de Parcoursup on tient compte des résultats du troisième trimestre, donc attention aux mauvaises surprises.
JULES DE KISS
On verra s’ils vous écouteront, mais comment faire, à partir de l’année prochaine peut-être, pour changer la donne, est-ce qu'il n’y a pas des ajustements à faire ?
PAP NDIAYE
C’est très compliqué puisque les épreuves de spécialité ont lieu fin mars parce que le mois d'avril est occupé par les vacances de printemps, ça fait un mois entier en tenant compte des trois zones, et si on reporte sur le mois de mai, comme l'année dernière, c'est trop tard pour prendre en compte ces épreuves de spécialité…
JULES DE KISS
Donc pas de changement à venir.
PAP NDIAYE
Donc c’est très difficile, on regarde, mais les marges de manoeuvre sont quand même extrêmement réduites.
HADRIEN BECT
Pap NDIAYE, vous allez annoncer la semaine prochaine que les établissements privés devront accueillir plus d'élèves boursiers au nom de la mixité, la droite vous accuse de vouloir détruire ce qui fonctionne, c'est-à-dire l'enseignement privé.
PAP NDIAYE
Non, c'est absurde, puisque ce sont les établissements concernés qui le demandent et qui le souhaitent, et c'est d'ailleurs une préoccupation qui est très largement partagée, mais je parle d'abord, et ce sur quoi nous travaillons prioritairement, c'est sur l'enseignement public, ça concerne 80% des enfants, c'est plus à la main, si je puis dire, du ministère de l'Education et des collectivités, et là, dans l’enseignement public, il y a beaucoup à faire parce qu'il y a des problèmes, disons, de ségrégation sociale et scolaire qui sont absolument évidents…
HADRIEN BECT
Il n’y a pas de ségrégation entre le privé et le public ?
PAP NDIAYE
Si, aussi, mais dans… je répondais d’abord sur le public parce que c’est d’abord là que l'essentiel se joue, je le rappelle, et nous avons des progrès à faire en matière de mixité sociale et scolaire parce que nous savons, à l'échelle internationale, que favoriser la mixité sociale et scolaire c'est favoriser les résultats, c'est aussi favoriser le climat scolaire, je dirais aussi le climat social général, nous devons donc aller tranquillement vers une meilleure mixité, en partenariat avec les élus, puisque ce sont les collectivités qui sont notamment chargées de la sectorisation.
HADRIEN BECT
J’en reviens, pardon, aux établissements privés, ils devront donc avoir un… aujourd’hui c’est un peu moins de 10 % d’élèves boursiers, ils devront en avoir combien ?
PAP NDIAYE
Un petit peu plus.
HADRIEN BECT
Un petit peu plus, progressivement si j'ai bien compris.
PAP NDIAYE
Voilà.
HADRIEN BECT
Qu’est-ce qui empêchera un collège ou un lycée privé de faire une sélection sur dossier parmi les boursiers finalement ?
PAP NDIAYE
Rien. Alors, en effet, il faut veiller à la fois à la mixité sociale, ce dont on parle, mais aussi à la mixité scolaire, la mixité scolaire c'est d'avoir des élèves qui soient divers par leurs profits, ça inclut d'ailleurs les élèves en situation de handicap, plus d'élèves en situation de handicap dans les établissements privés sous contrat, et puis ça inclut aussi des profils scolaires variés. Nous sommes en préparation d'un protocole que nous allons signer avec le principal syndicat, je dirais, de l'enseignement privé sous contrat, nous le faisons en parfaite intelligence, je tiens à souligner le fait que nos interlocuteurs du secteur privé sous contrat sont tout autant sensibles et, je dirais motivés sur ces questions, que nous.
JULES DE KISS
Autre sujet, le gouvernement va présenter son plan vélo ce matin, 2 milliards d'euros d'ici 2027, pour des aides à l'achat notamment, la construction de pistes cyclables, de divers équipements, est-ce qu'il y a des choses prévues pour les écoles ?
PAP NDIAYE
Oui, puisque depuis 2019 on a d'abord formé 200.000 élèves au savoir, savoir faire du vélo, entre 6 et 11 ans, l'idée c'est de généraliser cela, c'est bon pour la nature, c'est aussi bon pour la santé physique de nos élèves, vous savez qu’on a…
JULES DE KISS
C’est quelques heures dans l’année.
PAP NDIAYE
On a une préoccupation – oui, c’est ça – on a une préoccupation en matière de santé des élèves, et de sédentarité, et puis évidemment on a aussi des enjeux de sécurité, pouvoir se déplacer en toute sécurité dans la ville, donc ça c'est tout à fait prioritaire pour nous, ça va être annoncé, avec l'idée de de généraliser cela à l'ensemble des élèves de l'école élémentaire.
JULES DE KISS
L’intelligence artificielle en milieu scolaire Pap NDIAYE, « son utilisation peut être une bonne idée pour un enseignant ou un élève dans certains cas spécifiques, mais cela dépend des raisons pour lesquelles ils souhaitent utiliser cette technologie », est-ce que vous savez qui a dit ça, est-ce que vous êtes d'accord ?
PAP NDIAYE
Alors dites-moi, je ne sais pas.
JULES DE KISS
Eh bien c’est ChatGPT qui répond ça quand on lui demande est-ce que c’est une bonne idée que d’utiliser ChatGPT en milieu scolaire. On voit que c’est une réponse équilibrée, c'est un outil pour les élèves, aussi pour les enseignants, ça peut permettre de gagner beaucoup de temps. Qu'est-ce que vous leur dites à ces enseignants par exemple, qui utiliseraient ChatGPT pour faire des quizz, des questionnaires ou préparer des cours ?
PAP NDIAYE
Alors, il y a encore effectivement à intégrer au mieux ces questions d'intelligence artificielle dans l'école…
JULES DE KISS
Mais il n’y a pas de tabou, ce n’est pas forcément un « non » catégorique ?
PAP NDIAYE
Il n’y a pas de tabou, mais attention cependant à ne pas penser que l'intelligence artificielle puisse remplacer les professeurs, par exemple, et attention également à ce que les élèves n'utilisent pas l'intelligence artificielle pour faire leur travail. Je rappelle quand même que lorsqu’on demande à ChatGPT de réaliser une dissertation dans tel ou tel domaine, il est très facile pour l'enseignant de repérer que ce n'est pas l'élève qui l'a réalisé.
HADRIEN BECT
Un tout dernier mot, vous aviez dit début février « il va falloir intervenir sur ChatGPT », on est début mai, qu’est-ce que vous avez fait pour l’instant ?
PAP NDIAYE
Oui, on suit de près, pour l’instant on n'en n’est pas non plus, on n’est pas dans une situation qui serait une situation catastrophique avec des difficultés majeures…
HADRIEN BECT
Ça évolue très très vite.
PAP NDIAYE
Ça évolue très très vite, et donc on regarde la situation de près, il va falloir intervenir de manière intelligente, c'est-à-dire tirer le meilleur parti de l'intelligence artificielle, tout en veillant bien entendu à ce que celle-ci ne soit pas mise au service de stratégies de contournement de l'apprentissage des savoirs, évidemment.
JULES DE KISS
Quelque chose me dit qu’on aura l’occasion d’en reparler.
PAP NDIAYE
On aura l’occasion d’en reparler certainement.
JULES DE KISS
Merci à vous…
PAP NDIAYE
Merci.
JULES DE KISS
Pap NDIAYE, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse
Source : Service d’information du Gouvernement, le 5 mai 2023