Texte intégral
Monsieur le ministre d'État, ministre de la défense de Côte d'Ivoire,
Monsieur le représentant de l'Union africaine en Côte d'Ivoire,
Monsieur le Commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO
Excellences, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs d'Australie, des Pays-Bas, du Canada, d'Espagne, de Suisse
Madame la Déléguée de l'Union européenne en République de Côte d'Ivoire,
C'est un honneur et un plaisir pour moi de représenter la France, ici, pour ce premier conseil d'administration international de l'AILCT.
Cet engagement, je l'avais pris devant vous à Paris le 12 juillet dernier, lors de la conférence internationale des donateurs et des soutiens, au sein de mon ministère, et je suis ravie de le tenir aujourd'hui.
C'est avec beaucoup d'émotion que je viens d'effectuer ma première visite de l'académie.
Depuis un an que je parcours le continent africain, je mesure à quel point la lutte contre le terrorisme est au cœur de vos préoccupations.
Dans la région Sahel bien sûr, mais aussi dans le Golfe de Guinée et dans d'autres régions encore, je sais que c'est une menace quotidienne et permanente qui pèse sur vous et impacte fortement la vie de vos populations.
Et je vois comment cette menace sécuritaire empêche des centaines de millions de personnes de vivre sereinement, de se projeter, à des régions entières de se développer comme elles devraient pouvoir le faire.
J'ai une pensée émue pour toutes ces personnes aujourd'hui. Les victimes du terrorisme. Ces vies qu'il a emportées, mais aussi ces millions d'autres vies brisées, gâchées, brutalisées.
En Afrique, mais aussi chez nous en Europe et sur tous les continents.
Je vous parlais de mon émotion. Mais en venant ici, je ressens aussi énormément d'espoir.
L'espoir de voir se former, ici, les futurs cadres du continent africain. Ceux qui permettront à vos pays de se défendre encore mieux dans les années à venir. Et cela, grâce à un engagement exceptionnel, de la Côte d'Ivoire, de la France et de la communauté internationale.
Plus de 1000 stagiaires et auditeurs venus d'une trentaine de pays d'Afrique ont déjà bénéficié des formations dispensées ici.
Militaires, policiers, magistrats, personnels de l'administration pénitentiaire ou des douanes, tous trouvent ici le centre d'excellence du continent, qui les forme à la spécificité de leur action globale contre le terrorisme.
Nous avons avec cette académie l'une des armes les plus modernes, efficaces et durables possibles, dans la lutte contre le terrorisme. C'est un succès incontestable, qui a été remarqué à travers le monde. Et ce succès, nous devons le poursuivre, même l'accélérer.
Cette académie, c'est une formidable action collective.
Ça ne pourrait pas en être autrement, car la lutte contre le terrorisme est l'affaire de tout le monde. Le projet avait été annoncé, en novembre 2017, par les Présidents Macron et Ouattara. Et je tiens à remercier nos partenaires ivoiriens pour notre excellente coopération depuis le premier jour. Comme l'a encore montré la conférence des donateurs et des soutiens à Paris, en juillet dernier, énormément d'autres nous ont rejoints, et je m'en félicite.
Aujourd'hui, je suis fière de me tenir à côté de vous, Monsieur le Ministre d'Etat, cher Téné Birahima Ouattara, pour rendre la gouvernance de cette académie encore plus collective à travers le conseil d'administration réuni ici.
Je tiens à saluer nos partenaires européens, australiens, canadiens,... pour leur engagement à nos côtés. Je vois le monde entier ici !
La menace terroriste, c'est ensemble que nous l'affrontons. Et cette lutte contre le terrorisme, c'est ensemble que nous la menons.
C'est un magnifique message de solidarité internationale, et d'engagement commun, que nous envoyons au monde d'ici.
Nous avons encore de nombreux défis communs à relever, notamment le défi des financements. Nous avons déjà tous contribué, ce qui a permis de construire les infrastructures de grande qualité que nous venons de voir. L'Union Européenne s'est engagée à financer la relance du chantier d'infrastructure, et j'en suis très fière, comme citoyenne européenne. Cette première pierre que nous posons en est le symbole.
Mais 35 millions d'euros restent encore à lever afin de venir à bout de ce chantier.
Nous avons encore besoin de développer la formation, l'équipement et la recherche, d'augmenter les capacités d'accueil, d'ouvrir encore l'académie à de nouveaux pays.
Alors nous devons agir, tous ensemble, pour aller mobiliser de nouveaux partenaires dans cette magnifique aventure collective.
Mesdames et messieurs, vous pouvez compter sur l'engagement total et déterminé de la France dans ce projet. Vous pouvez compter sur la France !
Depuis l'annonce par les Présidents, nous sommes présents à chaque étape. Nous avons déjà 18 millions d'euros. Nous continuerons bien sûr de soutenir ce projet.
Parce que nous sommes plus que jamais engagés aux côtés de nos partenaires africains dans la lutte contre le terrorisme.
Il n'y a pas deux poids deux mesures, comme on l'entend parfois, avec l'agression russe en Ukraine.
Je veux être très claire sur ce point. Il n'y a aucun désengagement sécuritaire de la part de la France.
Certes, comme l'a annoncé le Président de la République, nous serons un peu moins visibles. Mais nous restons pleinement engagés.
Cet engagement, il se renforce, il se renouvelle, et il s'inscrit dans la durée, notamment par une offre de formation que nous voulons accentuer, comme le prouve cette académie.
Nous avons tiré tous les enseignements des dix dernières années.
Nous ne venons pas avec des solutions toutes faites. Nous venons en réponse aux demandes africaines, pour appuyer des solutions africaines, en renforçant la souveraineté africaine. Et nous le faisons avec une offre française d'accompagnement.
C'était tout l'esprit de mon dernier déplacement dans le Golfe de Guinée et des échanges avec les Présidents du Bénin, du Togo et du Ghana.
Et cette offre vaut pour tous les pays du continent qui souhaitent lutter résolument contre le terrorisme, par une action sécuritaire mais aussi par le développement dans les zones les plus fragiles.
Parce que oui, on ne peut pas parler de sécurité sans parler de développement.
Parce que la France est aussi un de vos tous premiers partenaires sur le plan du développement civil et de l'aide humanitaire. Là où, je le rappelle, d'autres puissances ne font que du partenariat sécuritaire via leurs milices.
Mesdames et Messieurs,
Dans une période où le terrorisme frappe encore chaque jour, dans un monde où certains prônent la division, l'agression et le chantage, je suis fière du message que nous envoyons aujourd'hui, celui d'une communauté internationale unie, engagée, et solidaire, celui d'un monde mobilisé, ensemble, pour bâtir la paix.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mai 2023