Texte intégral
ORIANE MANCINI
Notre invité politique ce matin, c’est Marc FESNEAU. Bonjour, merci beaucoup d’être avec nous.
MARC FESNEAU
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la Presse régionale, représentée par Julien LECUYER de La Voix du Nord. Bonjour Julien.
JULIEN LECUYER
Bonjour Oriane. Bonjour Monsieur le Ministre.
MARC FESNEAU
Bonjour.
ORIANE MANCINI
On va parler évidemment longuement des sujets agricole, Marc FESNEAU, avec vous, mais d’abord, dans l’actualité, on a appris hier que le petit-neveu de Brigitte MACRON avait été gravement agressé, violemment agressé, lundi soir par plusieurs individus, dans la foulée de l’interview du chef de l’Etat, en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites non déclarée. Quelle a été votre réaction à cette agression ?
MARC FESNEAU
Pour tout vous dire, je l’ai appris tardivement hier soir puisque j’étais en débat au Sénat, d’abord, c’est une réaction quand même effrayante de ce qu’est le degré de violence, c’est-à-dire qu’au fond, on est en train… tous ceux qui sont en train en permanence de justifier la violence, parce que la cause serait juste ou de dire : au fond, tout ça, c’est des manifestations qui sont pacifiques, on a la démonstration que ça n’est pas le cas. Et 2°) : vous avez quelqu’un qui est attaqué pour le seul motif de son lien familial avec Brigitte MACRON et avec Emmanuel MACRON. Je ne sais pas de quel degré de terreur il va falloir s’accommoder pour qu’à un moment, tout le monde se mette autour de la table et dénonce ces faits de violence.
ORIANE MANCINI
Vous avez l’impression qu’il y a des accommodements ?
MARC FESNEAU
Eh bien, il y a toujours des… il y a des "oui, mais", il y a des "oui, mais la violence sociale", "oui, mais la violence économique", "oui, mais on n’est pas d’accord avec le gouvernement ; il n’y a pas de "oui, mais", quand il y a de la violence, il n’y a jamais aucune cause qui ne justifie de la violence physique qui est souvent nourrie au démarrage par de la violence verbale. Ça n’est pas anodin de mettre la tête d’un président de la République sur un billot et de simuler des scènes de décapitation, ça n’est pas anodin de brûler des effigies à l’effigie de tel ou tel collègue ministre, ça n’est pas anodin d’aller menacer des gens devant leurs habitations, tout ça n’est pas…
JULIEN LECUYER
Vous pensez que ça contribue à un climat général, un climat délétère qui provoque cette violence physique ?
MARC FESNEAU
C’est un climat qui est délétère et qui c’est un climat de terreur, parce que ça veut dire que des gens, pour leur engagement, on parlera peut-être de l’élu de Saint-Brévin…
ORIANE MANCINI
On va en parler…
MARC FESNEAU
Des gens pour leurs engagements ou pour les causes qu’ils défendent, ou pour les projets qu’ils sont appelés à défendre, pour défendre parfois l’intérêt général, ils sont menacés pour eux-mêmes et ils sont menacés pour leur famille, mais où est-ce qu’on arrête cette logique-là, et moi, vous m’avez toujours entendu dénoncer la violence, quelle que soit la violence, quel que soit l’élu, quelle que soit la personne qui est concernée. Il faut qu’on cesse, dans le débat public, implicitement, alors, tout ça est pernicieux, parce que, implicitement, on dit : mais ce n’est pas grave, vous voyez bien que c’est un jeu, mais…
ORIANE MANCINI
Mais qui dit ça…
MARC FESNEAU
Mais laissez-moi finir ma phrase, on entend monsieur MELENCHON à longueur de truc, dire : mais, c’est amusant, c’est une façon de se défouler, non, ça n’est pas une façon de se défouler, et je le dis très solennellement, il faut que ça s'arrête. On peut avoir des désaccords en politique, on peut avoir des débats, j'avais jusque tard cette nuit des débats au Sénat, je respecte mes adversaires, je ne menace pas mes adversaires, et je n'incite pas ceux, qui peuvent avoir parfois des esprits un peu égarés, à passer à l'acte, parce que les mots précèdent les faits, les gestes de violence, et donc il faut que ça cesse, et il faut que chacun se remette un peu en ordre de marche, enfin, il faut que les esprits…
ORIANE MANCINI
Mais est-ce que Jean-Luc MELENCHON entretient la violence dans la société ?
MARC FESNEAU
Je ne vais pas moi-même faire ce que fait Jean-Luc Mélenchon, Jean-Luc MELENCHON, comme moi comme tous les autres, il porte une responsabilité, c'est d'apaiser le débat, de faire qu'il y a du débat démocratique dans les enceintes où il doit avoir lieu et pas dans la rue, à taper des gens, pour le seul motif, vous vous rendez compte de ce qu’on est en train de commenter, on commente l'affaire de quelqu'un qui pour ses liens familiaux, pour ses liens de sang est menacé et violenté dans la rue, mais où est-ce qu'on est ?
JULIEN LECUYER
Jean-Luc MELENCHON qui, lui-même, qui a lui-même fait l'objet de violences et même d’un projet d'assassinat…
MARC FESNEAU
Ce n’est pas de même nature, ce n’est pas des violences ordinaires, là, c’est des gens qui sont… c’est du terrorisme…
JULIEN LECUYER
Tout à fait. C’est du terrorisme…
MARC FESNEAU
Et je le dénonce aussi, mais je veux dire, mais je veux dire, ce n’est pas du tout la même nature, là, c’est…
JULIEN LECUYER
Non, mais ça participe d'un climat général de violences…
MARC FESNEAU
Mais bien sûr, mais jamais vous ne me ferez faire le tri, y compris chez les adversaires, jamais…
JULIEN LECUYER
Justement, pour prolonger…
MARC FESNEAU
Contrairement à MELENCHON, moi, je ne fais pas le tri.
JULIEN LECUYER
Pour prolonger sur ce sujet, en effet, la Première ministre, Elisabeth BORNE, rencontrera ce soir Yannick MOREZ, l'ex-maire de Saint-Brévin-les-Pins, il a été agressé à plusieurs reprises, vous le savez, et il a fini par démissionner, il dénonce le manque de soutien de l’Etat. Est-ce que, justement, l’Etat était suffisamment à ses côtés, et de façon générale, auprès des élus qui sont sans cesse menacés ?
MARC FESNEAU
Comme vous le savez, je suis élu municipal, j'ai été maire, d'abord, j’ai vu monter quand même… la première fois que j’ai été élu conseiller municipal, c’était en 95, donc j'ai une forme d'ancienneté dans le métier, si je peux dire, désormais, hélas, j'ai vu monter cette violence, et le fait que, auparavant, la conflictualité se réglait entre voisins, la conflictualité se réglait avec le maire qui faisait figure de médiateur, et la conflictualité, désormais, pour les mêmes motifs, c'est-à-dire que, une espèce d'incitation à la querelle et de l'incitation à la querelle par la violence verbale, puis, physique, et donc les maires sont confrontés à cette violence, les maires sont aussi challengés dans : j'ai un projet, je ne suis pas d'accord avec vous, je vous menace, et ça m'est arrivé comme à d'autres, à l'époque. Quels sont les sujets, c'est que, souvent, les maires ont intériorisé, n’ont pas dit, donc on a besoin de verbaliser les choses comme d'autres formes de violence, d'ailleurs, c'est que, il faut que les maires puissent se saisir de la question, parce que quand on est maire et que quelqu'un vous insulte, vous dit : je vais aller te tuer, vous dites : c'est un moment d'égarement et vous n'osez pas aller chez les gendarmes, vous dites : on va faire monter la pression…
JULIEN LECUYER
Ce qui n’est pas le cas pour le maire de Saint-Brévin, qui avait largement…
MARC FESNEAU
Non, non, oui, attendez, je finis, je vais répondre à Saint-Brévin. Et donc on a besoin de ça, et d’ailleurs, un certain nombre de dispositions successives sous le quinquennat précédent qui ont été prises pour que les associations puissent être parties civiles, j'entends ce que dit le maire, alors, il va être vu par la Première ministre, il rencontrera aussi ma collègue, Dominique FAURE, il échangea sur ce qui a pu faire défaut ou pas faire défaut, il y a le sentiment, l’important, c'est qu'il ait eu le sentiment qu’il n'était pas assez accompagné, ce n'est même plus la question des faits. Donc on a besoin sans doute de renforcer notre arsenal, de penser que toute la chaîne... il n’y a pas que l’Etat, les collègues maires, chacun tient une de la… comment dirais-je… de la chaîne de solidarité qui fait qu'on ne laisse pas un élu ou quelqu'un qui porte un projet d'ailleurs, en soi, mais l'élu, il est détenteur d'une spécificité, c'est qu'il est élu pour prendre des décisions et il représente l'intérêt général dans son territoire. Il essaie de le représenter. Et donc on a besoin sans doute de solidifier les liens, mais vous voyez bien que là, c’est un… il y a beaucoup de maires qui sont dans ces situations-là et qui abandonnent leur mandat…
JULIEN LECUYER
4.000 élus locaux ont démissionné depuis 2020.
MARC FESNEAU
Oui, mais c’est un climat de violence, vous écoutez les parlementaires, il y en a beaucoup qui disent : je ne retournerai plus jamais à l'Assemblée nationale en disant : mais on me menace chez moi, on a muré mon domicile, et ça, c'est la démocratie qu’on entrave. Donc, il faut défendre ce maire ou cet ancien maire et défendre le principe que l'intérêt général, que les gens qui s'engagent, ils doivent être encouragés, pas découragés et pas menacés, vous avez 500.000 élus locaux, et il faut qu'on prête attention, c’est-à-dire qu’il faut faire attention aux bruits faibles, là aussi, il y a une responsabilité d'un certain nombre de gens, qui a appelé à manifester, et qui a montré du doigt ce maire ? C’est monsieur ZEMMOUR et ses amis, c’est madame LE PEN et ses amis, et qui, maintenant, disent : je récuse la violence, mais quand vous montrez du doigt comme ça des gens et avec les mots qui ont été employés, évidemment, vous incitez des gens.
JULIEN LECUYER
Donc ils ont une part de responsabilité selon vous ?
MARC FESNEAU
Mais tout le monde a une part de responsabilité, l'Etat doit accompagner, et s'il y a des choses… et ça sera regardé, mais je ne crois pas, sur ce sujet-là, mais, on verra, je ne fais pas de grief au maire, et puis, il ne faut pas entretenir de querelle en plus, mais ceux qui parlent de la violence comme ça, qui la justifient ou qui la légitiment, ils ont une responsabilité.
ORIANE MANCINI
On va parler de la réforme des retraites.
JULIEN LECUYER
Oui, puisque les trois groupes de la majorité à l'Assemblée nationale ont décidé hier de s'opposer à la proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites, en brandissant un argument qui est celui de sa constitutionnalité, en se basant sur l'article 40, qui empêche de créer de nouvelles dépenses publiques ou d'affaiblir le budget. Est-ce que c'est la bonne stratégie selon vous ?
MARC FESNEAU
Mais enfin, ce n'est pas une question de stratégie, c'est une question de fait, ce texte… enfin, moi, je l'ai dit, il y a quelques jours sur une autre antenne, enfin l'article 40, ça existe, il n’a pas été inventé par les parlementaires, il a été produit par Michel DEBRE et le général de GAULLE en 58, l'article 40 n'est pas un article nouveau, c'est un article qui a été créé dès la Constitution de 58, et qui dit quoi, qui dit que : on ne peut pas engager une dépense nouvelle, c'est inconstitutionnel dès lors que l'Etat ne lève pas le gage, c'est un fait. Qu'on pose la question d'une loi, si ce texte était déféré au Conseil constitutionnel, tout le monde a le droit de le déférer, il serait jugé inconstitutionnel sans doute. Pourquoi, parce qu'il aurait enfreint le principe de l'article 40.
JULIEN LECUYER
Ce qui est le cas pour une grande partie des textes de lois qui sont déposés à l'Assemblée nationale, les personnes qui sont spécialistes de la vie parlementaire le savent très bien, il y a beaucoup de propositions qui sont assises sur une augmentation des taxes sur les alcools et tabacs, ça passe quand même. Et pourtant, là…
MARC FESNEAU
Dans ces cas-là, le gouvernement…
JULIEN LECUYER
On soulève quand même chose de particulier…
MARC FESNEAU
Pardon, pardon, dans ces cas-là, le gouvernement, on dit qu'il lève le gage. Et là, pardon, c'est un tout petit gage, un gage à 14 milliards…
ORIANE MANCINI
Non, mais là, est-ce qu’empêcher l’examen…
JULIEN LECUYER
Donc c’est le montant qui fait la différence ?
ORIANE MANCINI
Non, mais est-ce qu’empêcher l’examen…
MARC FESNEAU
Attendez, si je fais l’examen de l’article 40, il faut que les gens qui portent ça et qui remettent en cause au fond la Constitution, il faut qu’ils aient un amendement qui vise à supprimer 40, mais alors, on ouvre une porte, je le dis, parce qu'on vit dans un Etat de droit, ce n’est pas parce qu'on est dans un moment éruptif et dans un moment où il y a des gens qui ont perdu complètement le sens des choses qu'il faut s'affranchir de toutes les règles, y compris les règles constitutionnelles. Attendez, je finis…
JULIEN LECUYER
Le texte a passé la Commission de recevabilité…
MARC FESNEAU
Oui, mais peut-être que…
JULIEN LECUYER
C’est ce qui s’est passé…
MARC FESNEAU
Mais, vous demanderez au président de la Commission des Finances pourquoi il a jugé que ce texte n'entraînait pas une dépense supplémentaire, et que, donc, il était recevable, mais c'est lui que vous interrogerez, ce n’est pas moi…
JULIEN LECUYER
Eric COQUEREL…
MARC FESNEAU
Moi, je ne viens pas m’interférer dans ces affaires-là. Mais, si vous ouvrez cette boîte-là sans rien dire, ça veut dire que vous pouvez faire tous les jours des textes à 20 milliards sans vous soucier le moins du monde de son financement, quand même, le sujet des retraites, qu'est-ce qui a justifié la réforme des retraites, ce n'est pas le plaisir d'être en défaut avec les Français, de nourrir des querelles avec eux, c’est que nous avons un système de retraite qui est déficitaire, déjà aujourd'hui, et qui va l’être demain. La seule question qui compte à l'endroit de la proposition de loi, au-delà de la question constitutionnelle, c'est qui paye, qui finance…
ORIANE MANCINI
Mais est-ce qu’il n’y a pas un signe de crédulité de la majorité quand même ? Est-ce que vous ne vous dites pas : eh bien, ce texte peut passer, donc on empêche son adoption ?
MARC FESNEAU
Attendez, mais pardon, est-ce qu’on a le droit dans une démocratie de simplement rappeler ce qu'est la règle constitutionnelle, est-ce qu'on a le droit, j'ai entendu l'autre jour quelqu'un dire : il ne faut pas qu'on fasse de l'obstruction, on se fait donner la leçon dans la majorité par des gens qui ont fait 20.000 à 30.000 amendements, et quand on en ferait 100, on ferait de l'obstruction, mais on a dévoyé…
JULIEN LECUYER
Mais Monsieur le Ministre, on a bien entendu la musique ces derniers temps du côté de la majorité…
MARC FESNEAU
Ce n’est pas une musique…
JULIEN LECUYER
Si, si, moi, je pense que c‘est une musique depuis quelques semaines, puisque vous ne savez pas par quel bout attaquer ce texte qui est en effet une épine dans le pied du gouvernement, on l'entend bien, puisqu'il risque d'être voté s'il passe dans l'hémicycle. Mais cela dit, est-ce qu’il n’y a pas une sorte de… je répète le mot, de stratégie, et qui est en plus délétère, puisque certains, comme Laurent BERGER, le patron de la CFDT, qui dit que si le texte ne passe pas, ce serait inacceptable, Bertrand PANCHER, le président du groupe Liot, qui a déposé le texte dit : ce serait un bâton de dynamite qui serait allumé, est-ce que vous risquez d’empêcher…
MARC FESNEAU
Eh bien, voilà des mots qu’on ferait mieux de ne pas employer dans la vie, voyez, voilà, des mots qu’on ferait mieux de ne pas employer dans la vie. Monsieur PANCHER, il a aussi une responsabilité. Quel bâton de dynamite…
JULIEN LECUYER
Quelle responsabilité ?
MARC FESNEAU
Non, mais, quand on dit bâton de dynamite qu’on lâcherait, vous voyez…
JULIEN LECUYER
La colère sociale, il veut dire.
MARC FESNEAU
Non mais n’habillons pas les mots parce qu’on a commencé par la violence. Ce n’est pas un bâton de dynamite, on peut avoir un désaccord politique, on peut avoir un désaccord démocratique, enfin ce n’est pas un bâton de dynamite. Un bâton de dynamite, c’est un truc concret, alors je vais au bout de la réponse. Pardon de le dire, on a un déficit sur les retraites, à moins que Monsieur PANCHER nous dise le contraire. Le texte il vise simplement à supprimer le passage de 62 à 64. Qu’est-ce qu’il propose pour financer ?
JULIEN LECUYER
Une conférence sociale.
MARC FESNEAU
Oui, d’accord. Ça, ce n’est pas de l’irresponsabilité. Ça ce n’est pas grave de dire : je ne sais pas comment on finance, j’abroge. Si, si, vous faites une erreur : il propose d’augmenter les taxes sur le tabac et les boissons, ça fera plaisir dans l’opinion publique. C’est quand même un haut degré d’irresponsabilité. J’ai le droit de le dire et ce n’est pas une insulte que de dire quand vous avez un déficit comme celui-là, il n’est pas illégitime – pardon, pas faire offense à personne – mais que dans le débat démocratique même la majorité fusse-t-elle relative dise : comment on finance ? Je supprime, je garde d’ailleurs un certain nombre de dispositions du projet de loi tel qu'il a été validé par le Conseil constitutionnel qui, elles, créent de la dépense et je ne dis pas un mot de comment je finance. Mais qui se moque de qui là ?
JULIEN LECUYER
Donc cette inconstitutionnalité, vous la soulèverez dans l’hémicycle. Vous n’avez pas vocation à vous élever vous-même mais…
MARC FESNEAU
J’essaye de respecter la séparation des… C’est mieux.
ORIANE MANCINI
Allez, on va parler d’agriculture parce qu’on a beaucoup de sujets à aborder et d'abord l'inquiétude majeure des agriculteurs, c’est la sécheresse ou les pluies dans certains cas. On va en parler. Est-ce que concernant la sécheresse, les pluies de ces dernières semaines ont permis d'améliorer la situation des agriculteurs ? On en est où aujourd'hui ?
MARC FESNEAU
Les pluies ont quand même amélioré grandement la situation sur les trois quarts du pays. Nous avions une inquiétude qui était née d'une pluviométrie très inférieure en février. Elle a été très supérieure en mars, plutôt supérieure en avril et plutôt dans la moyenne au moins en mai, le mois n'étant pas terminé, avec des températures par ailleurs que sont des températures plutôt sous les moyennes saisonnières ce qui m’invite à deux choses. La première c'est que nous, politiques, on s'évite de commenter la météo tous les matins parce qu'on a besoin de raisonner à 30 ans ce sujet du dérèglement climatique et pas « est-ce qu'il va faire beau dans 15 jours ». Ça c'est l'affaire des météorologues, et moi qui suis assez passionné de météorologie je le laisse aux météorologues. Il ne faut pas qu'on commente parce que vous avez raison, je l'avais d'ailleurs dit au moment du Salon de l’agriculture, j’ai dit : attention, on est en train de parler sécheresse et dans deux mois, vous verrez, on dira il y a trop d'eau.
JULIEN LECUYER
Oui, chez nous c’est le cas.
MARC FESNEAU
Et c'est le cas chez vous. Donc c'est mieux, alors ça ne veut pas dire que l'état des nappes s'est amélioré, ça veut dire juste que la pluviométrie est au rendez-vous et parfois trop au rendez-vous. On a moins de besoins d'irrigation - je pense aux céréales à paille dans une région comme la mienne, manifestement comme en plus les températures ont été normales, il n’y aura pas besoin d'irrigation.
ORIANE MANCINI
Est-ce que vous y voyez plu clair sur les conséquences pour les récoltes ?
MARC FESNEAU
Non, à date non. Je veux dire, rien n'a été récolté. On est le 15 mai. Alors maintenant, on est dans une espèce d'anticipation, on ne connaît l'état des récoltes, pardon de le dire comme ça, qu'à la récolte.
ORIANE MANCINI
Donc on ne peut pas dire si on va manquer de pêches, d'abricots cet été, s’il y aura des problèmes avec les pommes de terre dans le nord ?
MARC FESNEAU
On ne peut pas le dire aujourd'hui. Après, où est-ce qu’on peut nourrir des inquiétudes ? Dans des régions… Alors par contre, donc on a des nappes qui ne sont pas reconstituées mais de l’eau qui vient couvrir le besoin des plantes à date partout sauf quand même sur le bassin méditerranéen, donc ça c'est plutôt un élément de réassurance. Deuxième élément, des zones comme celle que vous connaissez le mieux…
JULIEN LECUYER
Dans le Pas-de-Calais.
MARC FESNEAU
Qui empêchent l'implantation et on finit par être en retard. Alors ceci dit, là aussi on commande des choses tous les ans. Moi je ne connais pas une météo parfaite sur toute la France chaque année. Enfin tous les ans il y a trop d'eau, pas… Le problème de la météo, c'est quand elle dure trop longtemps comme on dit, comme disent les paysans : c'est trop de pluie, trop de chaud, trop de sec, trop de vent. C'est l'excès de quelque chose qui est mauvais en météo. Donc on peut nourrir quelques inquiétudes sur la région Hauts-de-France pour les raisons de pommes de terre…
JULIEN LECUYER
Pommes de terre, betteraves.
MARC FESNEAU
Pour les betteraves aussi qui ont pris du retard et qui ne pourront peut-être pas être plantées pour un certain nombre d'entre elles, reconnaissons les choses, mais ça c'est le rythme classique. De ce point de vue-là, pas d'inquiétudes au-delà de ce que peuvent nourrir des inquiétudes dans une fluctuation. Et puis dans le Sud, plutôt sur effectivement les fruits, aussi le maraîchage mais le maraîchage c'est plus réparti. Dans le Sud, l'arboriculture est très présente.
ORIANE MANCINI
Trop tôt aussi pour dire si on va devoir payer certains produits plus chers.
MARC FESNEAU
Là pour le coup, on peut nourrir des inquiétudes parce qu’on voit bien - j'étais dans les Pyrénées Orientales – qu’il y a des arbres qu'on est obligé de délester de leurs fruits parce qu'ils ne pourront pas supporter la sécheresse pour eux-mêmes et pour les fruits, donc il faut faire un choix de récolte ou de non-récolte et donc là on peut penser qu'il y aura une raréfaction, d'autant plus que d'ailleurs…
ORIANE MANCINI
Mais de quels fruits ?
MARC FESNEAU
Pêches, nectarines, des sujets comme ça, des fruits de cette nature-là.
ORIANE MANCINI
Qui sont, du coup, plus chers ?
MARC FESNEAU
On ne peut pas dire à date mais il peut y avoir un risque et ce d'autant que vient se rajouter un sujet : c'est que de l'autre côté de la frontière pyrénéenne, les Espagnols, eux, sont très gravement touchés sur la quasi-totalité de leur territoire par un épisode de sécheresse intense. Donc ça, c’est la vigilance du court terme, après on a besoin de construire territoire par territoire une forme de résilience. Cette année dans les Hauts-de-France, c’est trop d’eau. Personne ne sait dire si dans cinq ans dans les Hauts-de-France, c’est pas assez d'eau.
JULIEN LECUYER
Oui, voire même si dans trois mois il n’y aura pas en effet une nouvelle canicule.
MARC FESNEAU
Voilà. Personne ne le sait, mais donc on a besoin de construire en revanche une résilience des systèmes agricoles. La résilience, ce n’est pas la disparition. C’est quels sont les modèles qui seront les mieux adaptés à des phénomènes climatiques qui s'intensifient : trop d'eau, pas assez d'eau, trop de chaud souvent.
ORIANE MANCINI
Mais juste une précision sur la question de l’eau parce que quand Emmanuel MACRON a présenté son plan eau, dans la foulée vous étiez devant le congrès de la FNSEA et vous leur avez dit que les agriculteurs n’auraient pas à fournir d'efforts supplémentaires et n'auront donc pas à baisser leurs prélèvements. La semaine dernière sur LCP, Christophe BECHU, votre collègue ministre de la Transition écologique, assure que la filière agricole sera concernée par les efforts à fournir.
MARC FESNEAU
Oui, mais c’est des efforts de même nature. C’est le prélèvement net peut rester stable parce qu'on va avoir besoin de plus d'irrigation en France, parce qu’il y a des territoires qui n'avaient pas besoin. Je pense à la filière pommes de terre, c'est des territoires où on arrosait un peu les pommes de terre, mais il y a des zones maintenant qui sont plus en nécessité. Simplement les efforts que doit faire l'agriculture, c'est des efforts de sobriété à l'hectare, ce que j'avais d'ailleurs dit à l'endroit que vous indiquez, devant le congrès de la FNSEA. J’avais dit : le prélèvement net dire qu'on va le réduire, surtout dans un pays comme le nôtre qui a 6% des surfaces seulement qui sont irriguées enfin en France, 10, 15, 20%, on est moins en surfaces irriguées que les Pays-Bas, donc il ne faut pas se vilipender et s'autoflageller. Simplement on a besoin de sobriété à l'hectare parce qu’il y a un besoin de prise de conscience collective mais les agriculteurs l'ont déjà pris pour faire en sorte que chaque goutte utilisée soit le mieux utilisée, le plus efficace.
ORIANE MANCINI
Mais vous confirmez qu'il n’y aura pas de baisse des prélèvements.
MARC FESNEAU
Mais l'idée, c'est d'avoir une stabilisation sur la partie agricole. Pourquoi ? Parce qu’une non-baisse des prélèvements c'est déjà un effort, parce que beaucoup nous demandaient une augmentation des prélèvements agricoles. Mais une non-baisse, ça passe par une sobriété à l'hectare, mais en demander plus que ça, c'est renoncer à l'agriculture dans un certain nombre de territoires.
ORIANE MANCINI
L'autre sujet d'inquiétude, c'est la résurgence de la grippe aviaire. Il y a combien de cas aujourd'hui sur le territoire ?
MARC FESNEAU
Il y en a un peu plus de 300. On a surtout une inquiétude sur une résurgence dans le sud-ouest. C'est une zone qui avait été assez épargnée. À date hier, une trentaine de cas en une dizaine de jours, malheureusement sans qu’on sache - alors ça, c'est la science qui documentera - sans qu'on sache pourquoi cette résurgence Vous savez très bien comme moi que la grippe aviaire, c'était plutôt automnale en fonction des migrations. L'an dernier on a vu apparaître le fait qu’on avait plutôt une présence permanente du virus et qui n'était pas liée aux migrations des oiseaux, mais théoriquement quand on arrive au printemps les températures font que la grippe aviaire disparaît. On a une période de pause plutôt entre mai et septembre-octobre. Malheureusement là, on a une résurgence un peu inexpliquée d'ailleurs. Hier je réunissais les acteurs de la filière.
JULIEN LECUYER
Quelle est la stratégie ?
MARC FESNEAU
C’est la stratégie qui va être celle habituelle, c'est les confinements, c'est le dépeuplement.
ORIANE MANCINI
Il va y avoir des abattages ?
MARC FESNEAU
C’est déjà fait.
ORIANE MANCINI
Combien ? On est à combien ?
MARC FESNEAU
Je ne sais pas en nombre d’animaux mais vous avez 31 foyers, vous avez une zone autour du foyer, vous avez le foyer, vous avez une zone un peu plus large pour éviter les contaminations parce qu’on sait que c'est une contamination qui est large, donc mesure classique malheureusement. Donc ça, c'est un point d'inquiétude. Et puis 2, je réunissais aussi des acteurs de la filière… parce qu'on a heureusement aujourd'hui une solution vaccinale, en particulier pour les canards qui sont ceux qui sont les plus vecteurs du virus et on travaille actuellement au déploiement, comme je m’y étais engagé devant les éleveurs d'ailleurs, au déploiement d'un vaccin pour le mois de septembre-octobre pour que la saison prochaine… Alors ça n'éliminera pas le virus mais normalement ce vaccin, vaccin qui a été expérimenté à grande vitesse aussi - c'est en moins d'un an - il permet d'éviter la sur-contamination.
ORIANE MANCINI
Donc ça sera septembre, ça concernera quels sites ? Parce que là il y avait des tests, des expérimentations, là ça sera généralisé sur le territoire ?
MARC FESNEAU
On attend les derniers résultats de l'expérimentation. L’idée, c’est d'expérimenter… Enfin de généraliser sur l'ensemble du territoire avec les canards qui sont la cible principale parce que c’est ceux qui sont le plus vecteurs et ceux qui sont le plus malades. Ils excrètent beaucoup plus de virus que d'autres. Ça n'empêche pas la vigilance sur d'autres donc on va regarder comment ça se passe, et puis il y a un sujet il faut qu'on le pense en européens, et nous sommes sur des filières qui exportent donc il ne faut pas que le remède soit pire que le mal, c'est-à-dire que ça vienne obérer les capacités d'exportation. Je serai dimanche à exposer la position française sur la vaccination dans le cas de la grippe aviaire, pour défendre aussi la filière dans sa capacité d'exportation.
JULIEN LECUYER
Alors autre sujet qui vous a occupé jusqu'au coeur de la nuit j'ai cru comprendre, les sénateurs ont voté la proposition de loi pour un choc de compétitivité en faveur de la Ferme France, c’est l’intitulé. Alors les écologistes ont dénoncé une régression environnementale et finalement un texte qui répond favorablement plutôt aux lobbies et à la FNSEA. Est-ce que vous êtes de leur avis puisque vous n’étiez pas favorable à certaines des mesures de ce texte ?
MARC FESNEAU
Je disais aux écologistes que si on pouvait éviter les caricatures, ça serait mieux sur ces sujets-là. Parce que l'agriculture et les agriculteurs souffrent encore plus ou beaucoup plus trop des caricatures qui leur sont faites.
JULIEN LECUYER
Donc ce n’est pas une régression environnementale ?
MARC FESNEAU
Attendez. Il y a dans ce texte des sujets qui sont à mon avis justes. C'est la question de la compétitivité et j'ai l'impression que le mot compétitivité gênait pour certains dans l'hémicycle. Nous sommes dans une filière économique, ce n'est pas une filière esthétique l'agriculture. Il y a besoin que les gens gagnent leur vie. Il y a besoin que dans la concurrence - je ne parle pas de la concurrence mondiale, la concurrence européenne - on est une agriculture qui soit compétitive, donc le mot compétitivité n'est pas un mauvais registre. Et c'est en cela qu’à l'initiative du sénateur DUPLOMB, du sénateur LOUAULT, du sénateur MERILLOU, de la rapporteure-présidente Sophie PRIMAS est une bonne initiative parce qu'il y a des dispositions sur lesquelles ils ont voulu pointer du doigt : la question du portage de capitaux, de l'épargne, la question de comment on a une réglementation qui ne vienne pas se surajouter à celles qui existent déjà, comment on essaie de raccourcir les délais, puis il y avait des objets de désaccord avec le Sénat. Là aussi on peut le dire, vous voyez, sans tomber dans la caricature qui était en particulier la remise en cause d'un certain nombre d'équilibres qui ont été portés et qui sont le fruit non pas de la majorité qui soutenait François HOLLANDE mais aussi sous Nicolas SARKOZY, parce que le principe de précaution c’est sous Jacques CHIRAC. Le Grenelle de l'environnement et la trajectoire de baisse des pesticides, c'est sous Nicolas SARKOZY avec Jean-Louis BORLOO, donc chacun a fait son oeuvre. Simplement on a besoin de penser en conscience quels sont les outils de la modernisation. Je trouve que ce texte de loi, et j'ai dit hier ce en quoi le gouvernement était en accord et ce en quoi le gouvernement était en désaccord. C’est un débat démocratique.
JULIEN LECUYER
Ce sur quoi vous êtes en désaccord, c'est notamment une disposition qui doit permettre au ministre de l'Agriculture que vous êtes de suspendre une décision de l'ANSES qui interdirait certains produits phytosanitaires. Pourquoi vous n'y êtes pas favorable ?
MARC FESNEAU
Parce que je trouve que l’équilibre qui a été trouvé, était maintenant posé sur la table et que revenir en permanence sur les dispositions… En fait, on a un problème en France, on change la loi, est-ce qu’on ne peut pas simplement, ce que j’ai dit d’ailleurs y compris dans la polémique qui est née de ce que j'avais dit sur l'ANSES, l'ANSES, elle émet des avis, et il n’est pas illégitime que n'étant pas une autorité indépendante, c'est une agence de l'Etat, sous cotutelle de 5 ministères, ce n'est pas une insulte, ce n'est pas révolutionnaire, ce n'est pas remettre en cause la science que de dire : on a besoin de débat, d'ailleurs, sur la grippe aviaire, je le rappelais aux écologistes, et ils ont été les premiers à remettre en cause les préconisations de l'ANSES, sur les nitrites, ils sont les premiers à dire : je ne suis pas d'accord avec l’ANSES. Donc on peut avoir ce débat-là, mais, il me semble que remettre en cause, et d'une certaine façon subrepticement d'ailleurs, la présidente PRIMAS a dit que la question n'est pas de remettre en cause l'excellence du travail et de la science, donc, à ce moment-là, ne remettons pas en cause cela, et essayons avec l’ANSES de construire une stratégie, qui ne soit pas seulement la stratégie de l'analyse scientifique, et qui est juste et qui est nécessaire, mais la stratégie de la transition et des alternatives à trouver, puisque l’ANSES…
JULIEN LECUYER
Est-ce que la mission de l'ANSES, ce n’est pas d'avoir un avis scientifique sur des produits, type le S-métolachore et pas de s'interroger sur le fait de savoir si c'est en adéquation et si c'est le bon timing par rapport à la réglementation européenne ?
MARC FESNEAU
Eh bien, pardon de dire que je ne trouve pas que la question qui est posée dans ce registre n’est pas complètement idiote, parce que… attendez, attendez, le S-métolachlore est un herbicide, un désherbant donc chimique, s’il est interdit en France et pas dans les 26 pays européens, qu'est-ce que j'ai gagné ?
JULIEN LECUYER
Je ne sais pas, la santé des gens ?
MARC FESNEAU
Non, mais…
JULIEN LECUYER
Non, non, c‘est une question, je veux dire, est-ce que c’est le but de l’ANSES de protéger les gens par rapport à ça…
MARC FESNEAU
D’abord, serait-ce à dire que les 26 autres pays se moquent totalement de la santé des gens, quel jugement d'arrogance quand même nous aurions à dire ça…
JULIEN LECUYER
Non, non, mais c’est une vraie question, cela dit…
MARC FESNEAU
Non, mais vous avez raison, mais est-ce qu’on peut poser la question sans faire insulte de dire : les 26 autres, les Allemands, le collègue allemand, il vient de chez les Verts, bon, eh bien, il n’est pas suspect donc, par nature, et c’est quelqu’un avec qui je travaille très bien par ailleurs. Mais chez eux, ils ne l’ont pas fait pour l'instant, si c'est au niveau européen, ça a un double avantage, 1°) : on ne crée pas de distorsion entre nous, et 2°) : ça permet de l'imposer aux frontières…
JULIEN LECUYER
Donc pas de sur-réglementation, on le sait, c’était d’ailleurs le…
MARC FESNEAU
Non, mais il peut arriver qu’il y ait de la sur-réglementation, ça peut s'assumer, d'ailleurs, hier, ce qui était amusant, c'est que, y compris les sénateurs proposaient la su-réglementation, mais si on pouvait le faire dans une chronologie qui soit crédible, il me semble que ça serait mieux. Ce qui ne veut pas dire qu’on veut en rabattre sur la question de la réduction des phytos.
ORIANE MANCINI
Marc FESNEAU, malheureusement, le temps file, on va dire un mot des sénatoriales, puisque ça aura lieu en septembre, vous êtes chargé des négociations au sein de la majorité pour le MoDem…
MARC FESNEAU
Ça m’arrive, oui…
ORIANE MANCINI
Ça vous occupe un petit peu, j’ai l’impression…
MARC FESNEAU
Ça m’arrive assez souvent…
ORIANE MANCINI
Est-ce qu’il y aura des listes communes MoDem, Renaissance, Horizons pour les sénateurs ?
MARC FESNEAU
Oui, bien sûr, alors après, vous savez aussi mieux que moi-même, parce que le Sénat, c’est quand même une assemblée particulière, vous savez très bien que c'est à la fois dans les scrutins de listes parfois, plusieurs listes qui s'expriment pour des raisons diverses et variées, bonnes ou moins bonnes d'ailleurs, pour parfois contourner la parité, on ne va pas se dire le contraire, et ça, c'est valable dans tous les partis, vous avez parfois des querelles à l’intérieur qui créent, et c’est valable dans tous les partis, je vois ça partout, et donc ça peut arriver, et y compris dans la majorité, vous avez des scrutins uninominaux, ce n'est pas tellement l'étiquette qui compte, mais c'est la personnalité, il y a des gens qui sont élus sur leur territoire, normalement, ça ne correspond pas à l'étiquette du territoire, donc il y aura des listes communes, il y aura des listes qu’on soutiendra en commun, il y a des gens qui ne demandent pas de soutien, mais qui bénéficieront au fond de la bienveillance et de la non-compétition avec nos listes ou avec des candidats de chez nous, enfin, il y a toutes ces formules-là, donc…
ORIANE MANCINI
Des LR ?
MARC FESNEAU
Enfin, je ne sais pas, des LR, dans ces cas-là, vous savez, quand vous regardez la candidature et l'étiquetage, c'est plutôt des Divers, le règne sénatorial…
ORIANE MANCINI
Mais ça veut dire que vous êtes optimiste sur un accord au sein de l’ensemble ?
MARC FESNEAU
Oui, mais attention à ne pas…
ORIANE MANCINI
Ou est-ce que le fait que Renaissance ait réinvesti d'emblée tous ces sortants sans vous prévenir, ça a créé un point de blocage ?
MARC FESNEAU
Moi, je pense qu’on a besoin de se parler, qu'on a besoin d'avoir des… moi, je pense qu’une négociation, d'abord, elle doit être secrète, et j'ai toujours mené les négociations en ne racontant pas ce qui s'y passe, parce que je pense que l'arrière-cuisine n'a pas d'intérêt, elle n’est pas affreuse, mais juste, ça n’a pas d’intérêt, en cours de juin, l’important, c’est le résultat. Et donc, moi, je veille à faire en sorte que tout le monde soit représenté, qu'on préserve les sortants, ce qui n'empêche pas le débat de dire : est-ce que celui-là est mieux positionné qu'un autre, et ça n'empêche pas chez nous, comme ailleurs, qu'il puisse y avoir des désaccords, mais…
ORIANE MANCINI
Mais vous avez une idée de la répartition entre Renaissance Horizons, MoDem…
MARC FESNEAU
Oui, j'ai une idée, mais que je ne vous donnerai pas là, parce que nous sommes, justement, pour les raisons que je viens d'évoquer, en cours de discussion, et que je n'ai pas envie de préempter un débat, parce que c'est un travail qui doit se faire à 3, et personne ne peut sortir du bois sans les autres.
JULIEN LECUYER
Et Monsieur le Ministre, dernière question, mais à force de vous occuper des sénatoriales, est-ce que ça ne vous donne pas envie d’y participer ?
MARC FESNEAU
J'aime beaucoup le Sénat, vous le savez, je l'aime depuis 22 ans, je ne crois pas que ce soit le bon timing, pour être très honnête et essayer de répondre franchement à votre question, mais j'aime beaucoup le Sénat…
ORIANE MANCINI
Vous êtes prêt à attendre 6 ans ?
MARC FESNEAU
Oh, il ne faut jamais être pressé, je n’ai jamais eu la réputation d’être un homme pressé, et puis, si ce n’est pas dans 6 ans, et que ce n’est pas possible, mais…
ORIANE MANCINI
Mais ce ne sera pas là, ce ne sera pas en septembre…
MARC FESNEAU
Non, mais j’ai été élu sur mon territoire, comme parlementaire, je suis devenu ministre de l'Agriculture, je trouve qu'il y a aussi quelque chose de l'ordre du respect des électeurs auquel j'essaie de me tenir, et pour éviter de donner des leçons aux autres, il faut s’appliquer à soi-même des principes, et donc j'essaie de me tenir à ces… je ne dis pas que je suis paré de toutes les vertus, mais je ne crois pas que ce soit le moment, même si vraiment je reconnais me sentir particulièrement bien au Sénat depuis très Longtemps.
ORIANE MANCINI
Merci Marc FESNEAU, merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 22 mai 2023