Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur les transformations concernant le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, au Sénat le 17 mai 2023.

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Circonstance : Audition devant la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat

Texte intégral

Monsieur le président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, Christian Cambon,
Mesdames les Sénatrices et Messieurs les Sénateurs,


Je vous remercie de votre invitation à venir m'exprimer dans le cadre des travaux de votre commission.

Je voudrais ouvrir mon propos sur deux succès récents de notre diplomatie et sur le cap, fixé par le Président de la République, lors de sa récente visite, le 16 mars dernier, au Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, en conclusion des états généraux de la diplomatie, cap qui est celui d'une diplomatie de combat.

Mais d'abord, les deux succès. Et en premier lieu la libération de Benjamin Brière et Bernard Phelan. Après avoir été détenus sans aucune raison, en Iran, le premier depuis trois ans, et le second pendant huit mois, et alors qu'ils avaient le besoin urgent de recevoir des soins, ils ont pu enfin rentrer chez eux. Cette libération est le résultat direct de nos efforts diplomatiques et d'une très bonne coordination à tous les niveaux de l'Etat et elle nous incite à continuer pour obtenir la libération de quatre de nos compatriotes qui demeurent arbitrairement emprisonnés en Iran. Nous ne relâcherons en rien nos efforts, et nous exigeons leur libération immédiate et sans condition.

Le deuxième grand succès, c'est la protection de nos ressortissants qui étaient au Soudan.

L'opération d'évacuation que nous avons menée me semble en effet correspondre à ce que "l'équipe France" peut réussir de mieux en matière de gestion de crise.

Dès le début des combats entre l'armée du général Burhan (FAS) et les forces paramilitaires du général Hemedti (RSF), qui ont éclaté le 15 avril à Khartoum, nous avons eu deux priorités avec le Président de la République : sécuriser nos ressortissants d'une part et contribuer à convaincre les deux généraux de respecter une trêve humanitaire d'autre part. Pour cela, nous avons maintenu des contacts étroits et réguliers, à tous les niveaux, avec les deux généraux, leurs correspondants sur le terrain, ainsi qu'avec les pays voisins du Soudan.

Pendant une semaine, notre ambassade et le Centre de crise du ministère à Paris ont mené des opérations de regroupement, alors même que les combats faisaient rage, et que l'eau, les vivres et l'électricité venaient à manquer.

L'opération d'évacuation était extrêmement complexe et risquée : il s'agissait de faire passer nos compatriotes dans des zones tenues par les forces de Hemedti à Khartoum, pour les amener sur un aéroport situé à une vingtaine de kilomètres et tenu par les forces de Burhan.

L'armée française a donc ouvert la voie : le samedi 22 avril, grâce aux assurances que le Président et moi-même avions obtenues des deux généraux, nos forces se sont posées sur l'aéroport et sont parvenues à sécuriser le trajet jusqu'au centre de Khartoum. Nous avons alors pu évacuer plus de 1000 personnes, dont 236 Français et ayant droit.

Car, comme vous l'avez vu, non seulement la tradition française est de ne pas s'occuper seulement d'évacuer le personnel diplomatique, contrairement à beaucoup de pays, mais elle s'honore de pratiquer la solidarité et d'aider les autres. C'est ainsi que sur 1000 personnes évacuées, un quart étaient des Français (la totalité de ceux qui ont indiqué vouloir partir) quand les trois quarts étaient des étrangers de plus de 70 nationalités.

Cette opération a été saluée par tous nos partenaires. Son succès a reposé d'abord sur le courage et l'agilité de nos équipes sur le terrain, qui ont été exceptionnelles. Notre capacité à bâtir un lien de confiance avec toutes les parties sur le terrain a également été décisive. Enfin, l'étroite coordination qui s'est déployée, de jour comme de nuit, entre mon ministère et celui des Armées a été véritablement exemplaire.

Ces deux remarquables succès démontrent la qualité de notre outil diplomatique.

Ils démontrent aussi combien il est absolument indispensable pour les Français, mais aussi combien nous avons besoin de le soutenir.

C'est tout le sens du moment historique que nous avons vécu avec la venue du Président de la République au Quai d'Orsay en mars dernier.

Historique, d'abord, parce qu'elle a conclu une consultation inédite, à laquelle vous avez d'ailleurs été associés. La qualité du rapport des Etats généraux n'a pas échappé au Président de la République, qui a salué "un bilan sans complaisance, une réflexion solide, des propositions crédibles".

Historique, surtout, par l'annonce de moyens en hausse. C'est une première depuis trente ans et l'augmentation de 100 équivalents temps-plein obtenue en 2023. Avec encore 700 équivalents temps-plein supplémentaires sur les quatre années à venir et une hausse de nos crédits de plus de 20%, pour atteindre les 7,9 milliards d'euros en 2027, la Nation donne à sa diplomatie les moyens de ses ambitions.

Cela doit nous permettre, non pas simplement de faire plus, évidemment, mais surtout de faire mieux, et de nous transformer. Le Quai d'Orsay rejoint aujourd'hui cet indispensable mouvement de réarmement du régalien, qui avait permis de traiter d'autres ministères, mais pas celui-ci.

Quatre grandes transformations nous attendent donc, à savoir rendre notre diplomatie plus réactive, une diplomatie qui déploie résolument une politique d'influence, une diplomatie qui prend le tournant des enjeux globaux et, enfin, une diplomatie plus proche des Françaises et des Français.

C'est le cap fixé par le Président et je veux m'y attarder un peu avec vous.

La première grande transformation, c'est donc d'être en mesure de mieux nous adapter au monde qui est le nôtre - un monde profondément mouvant, de plus en plus conflictuel, fragmenté, et qui nécessite, plus que jamais, une diplomatie à la fois agile et cohérente.

Le cas de la région du Golfe me paraît tout à fait caractéristique.

Face à la perspective d'un Iran proche du seuil de fabrication d'une bombe nucléaire, les pays arabes ont infléchi leur politique de manière très nette, dans ce qui est peut-être le changement le plus significatif et structurant depuis les Printemps arabes.

L'Iran et l'Arabie ont normalisé leurs relations, sous l'égide de la Chine. Les Saoudiens, autrefois fers de lance du soutien à l'opposition armée syrienne, ont entrepris un spectaculaire rapprochement avec Damas, en surmontant l'absence de consensus entre les partenaires arabes.

En un mot, les choses vont vite.

Je pense en particulier à nos positions sur le dossier syrien, alors même que Bachar al Assad réintègre son environnement régional.

Il faut être clair, nous avons des intérêts propres à défendre concernant la Syrie : soutien à nos alliés kurdes, lutte contre le terrorisme, et en particulier contre la résurgence de Daech, mais aussi lutte contre le trafic de drogues, lutte contre l'impunité pour les crimes du régime syrien, soutien au retour volontaire des réfugiés, accès humanitaire.

Face à cela, nous devons encore mieux analyser, pour mieux anticiper, mieux comprendre et mieux déployer notre action.

Le dossier ukrainien aussi, dont chacun mesure ici l'absolue centralité dans notre horizon géopolitique, reflète plus que jamais la nécessité de faire preuve d'agilité et de cohérence. Cela a été la ligne de conduite de la France et de l'Europe, et ce sera encore le cas à l'avenir.

C'est que l'agression russe contre l'Ukraine a été une grave remise en cause de nos équilibres géopolitiques et des fondements de notre architecture de sécurité collective. Ces bouleversements continueront de se faire sentir, quelle que soit l'issue du conflit.

Mais ne nous leurrons pas : leurs conséquences seront bien plus dramatiques si nous permettions que la Russie l'emporte. C'est la raison pour laquelle nous oeuvrons pour aider l'Ukraine à exercer son droit à la légitime défense.

Sur le plan militaire d'abord, avec un effort significatif pour doter au plus vite l'Ukraine de matériels essentiels pour sa contre-offensive. La plupart des équipements demandés ont été livrés, ou le seront d'ici la fin du mois. Je pense notamment à des munitions de 155mm, des véhicules blindés, des AMX ou encore des MISTRAL. Le Président a également annoncé, lundi soir, la possibilité de former des pilotes ukrainiens.

Le soutien se fait aussi sur le plan humanitaire et civil, au niveau européen mais aussi au niveau national. Je pense notamment au nouveau convoi de matériel de sécurité civile, livré en cette fin de semaine, et au deuxième laboratoire ADN mobile livré le 9 mai pour aider l'Ukraine à lutter contre l'impunité.

Nous travaillons par ailleurs activement, avec les bailleurs et nos entreprises, à la reconstruction du pays, dans l'optique notamment de sa convergence avec les standards européens. Le Président de la République a ainsi nommé un envoyé spécial pour coordonner l'action de la France et qui est placé sous mon autorité.

Mais notre action ne se limite pas à la relation bilatérale. Notre diplomatie s'est également démarquée, depuis le début de cette crise, par sa capacité d'initiative et d'entraînement : ainsi en juin 2022, pour l'octroi du statut de candidat à l'Union européenne, mais aussi lors des trois votes qui ont eu lieu à l'AGNU, ou encore récemment avec la visite d'Etat du Président de la République en Chine, qui a joué un grand rôle dans l'appel entre les présidents Xi et Zelensky. Notre soutien sans faille nous l'avons rappelé aussi ce week-end lors des échanges du Président avec son homologue ukrainien à Paris.

Ce sera également le cas à l'occasion du Sommet de l'OTAN à Vilnius les 11 et 12 juillet prochain où, forts de notre contribution de premier plan au renforcement de notre flanc oriental, nous entendons conforter les liens entre l'Ukraine et l'Alliance atlantique.

Notre soutien, vous le comprenez, s'inscrira dans la durée. Car ce qui est en jeu, au-delà même de l'Ukraine, c'est l'avenir d'un système international fondé sur le droit, et le refus de voir prévaloir la logique du plus fort ou de récompenser les agressions.

Cette préoccupation, nous la portons également sur le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, où plusieurs affrontements mortels ont eu lieu au cours des dernières semaines. Je me suis rendue fin avril dans les deux pays avec un message clair : la France reste pleinement engagée pour soutenir une paix négociée, juste et durable, au bénéfice premier des populations de la région.

Mais cette paix ne peut advenir que si les principes fondamentaux du droit international sont respectés dans cette région aussi. D'abord, le respect de l'intégrité territoriale de l'Arménie et le retrait des positions prises illégalement depuis septembre 2022, mais aussi des garanties fortes que les populations arméniennes du Haut-Karabagh pourront continuer d'y vivre, dans le respect de leur culture et de leur histoire. Et cela implique, enfin, de mettre immédiatement fin au blocage illégal du corridor de Latchine, comme l'a demandé la Cour internationale de justice.

La France continuera d'agir, comme elle le fait depuis le début. C'est grâce à sa mobilisation qu'une mission d'observation de l'Union européenne a été déployée du côté arménien de la frontière. Je m'y suis d'ailleurs rendue, à Djermouk. Cette mission a permis, sinon de faire totalement baisser les tensions, du moins de limiter les risques d'escalade et de documenter objectivement les faits.

Nous restons pleinement mobilisés, en soutien à la médiation conduite par l'Union européenne et aux efforts déployés par les Etats-Unis. Une rencontre entre Nikol Pachinian et Ilham Aliev a eu lieu à Washington, du 1er au 4 mai, une autre à Bruxelles, le 14 mai, sous l'égide de Charles Michel. Une nouvelle rencontre aura lieu le 1er juin à Chisinau, en présence du Président de la République et du Chancelier allemand, pour progresser vers la conclusion d'un traité de paix indispensable pour garantir la stabilité d'une région déjà fortement déstabilisée par les conséquences de l'agression russe contre l'Ukraine.

Nous sommes aussi très actifs dans l'Indopacifique.

Je crois pouvoir dire que les contacts avec les pays de cette région n'ont jamais été aussi intenses, car la guerre en Ukraine ne nous détourne en rien des enjeux de cette région, qui est essentielle pour nos intérêts économiques et de sécurité et fait l'objet d'une véritable stratégie française depuis 2018.

Les deux sont en effet étroitement liés. Nous cherchons à obtenir que les pays de l'Indopacifique qui entretiennent de bonnes relations avec la Russie s'investissent davantage dans la recherche d'une solution respectueuse du droit international à la guerre en Ukraine, à commencer par la Chine et l'Inde. Nous cherchons aussi à développer notre présence et notre relation avec ces pays, afin qu'ils ne soient pas face à un seul partenaire et disposent de leur liberté de choix. Nous venons d'ailleurs de tenir à Stockholm, sous présidence suédoise, une réunion des Ministres des Affaires étrangères des 27 et des pays de l'Indopacifique.

Et nous menons des missions de souveraineté dans l'Indopacifique, pour y défendre le respect du droit international, à commencer par la liberté de navigation, comme l'a fait encore récemment l'une de nos frégates sur laquelle je me suis rendue en Corée après qu'elle a traversé le détroit de Taïwan. Nous y renforçons également nos partenariats stratégiques, avec l'Inde, le Japon, l'Indonésie et d'autres.

Le coeur de notre approche n'est pas de proposer une 3ème voie comme je l'entends parfois. Nous ne sommes pas équidistants entre les Etats-Unis, notre plus vieil allié, et la Chine. Mais nous refusons la mise en place d'une logique de confrontation des blocs, car elle alimenterait les tensions et le risque d'escalade. Notre objectif est de renforcer la liberté de choix et la résilience de tous nos partenaires, comme nous renforçons notre propre autonomie stratégique, celle de la France et celle de l'Union européenne.

J'en viens maintenant à la deuxième grande transformation que le ministère entend mener : elle consiste à investir résolument le champ de l'influence, qui nous est fixé comme priorité pour l'action de l'Etat à l'international.

Le premier pilier de notre influence, c'est bien sûr l'Europe, parce qu'une Europe forte est la condition de notre indépendance.

C'est le sens de l'agenda de souveraineté que nous portons et qui oriente les transformations du continent. Les 27 l'ont clairement affiché lors du Sommet de Versailles, il y a un peu plus d'un an.

D'abord, une Europe de la défense qui monte en puissance et se dote progressivement des moyens de ses ambitions. C'est le sens des livraisons européennes de missiles et de munitions à l'Ukraine et de la préparation d'un onzième paquet de sanctions contre l'agresseur russe.

L'UE prend par ailleurs le tournant inédit d'une véritable politique industrielle, qui se mettra au service des entreprises européennes qui parient la transition verte et numérique.

L'Europe a pris conscience de ses dépendances excessives dans certains secteurs et s'efforce de les réduire, depuis l'énergie jusqu'aux produits de santé, en passant par les semi-conducteurs, les matières premières ou les batteries - et l'annonce, la semaine dernière, de l'implantation d'une super-usine de batteries du taïwanais ProLogium, à Dunkerque, a été un signal fort parmi toutes les bonnes annonces que nous avons pu entendre à l'occasion du sommet Choose France de Versailles, où ce sont un total de 13 milliards d'euros d'investissements étrangers qui ont été annoncés, avec à la clé 8000 emplois. Cette sixième édition a été un record et la France a confirmé sa place de pays européen le plus attractif pour la 4ème fois de suite.

L'Europe se réapproprie également sa politique commerciale : sans renoncer à cette ouverture qui fait notre ADN, elle se dote des instruments de réciprocité et de protection indispensables face aux pratiques déloyales.

Ces transformations doivent être poursuivies avec cohérence. C'est le sens de la doctrine de sécurité économique européenne que le Président de la République a énoncée, le 11 avril dernier, à La Haye.

Une Europe forte est aussi un rempart face aux turbulences internationales et un pôle de stabilité qui pacifie son voisinage. J'ai évoqué, par exemple, son rôle en Arménie et en Azerbaïdjan, mais notre diplomatie travaille sur tous les volets : notamment la politique d'élargissement. Dans ce cadre, nous réaffirmons que l'horizon des Balkans occidentaux, de l'Ukraine ou de la Moldavie, c'est bien le modèle européen, et non celui des puissances déstabilisatrices.

Je n'oublie pas non plus la Communauté politique européenne, initiative portée par la France, dont une nouvelle édition se tiendra dans moins de deux semaines, à Chisinau, en Moldavie. Elle offre un format de dialogue flexible et apprécié par les leaders sur l'ensemble du continent.

Notre diplomatie européenne continuera de se déployer pour faire avancer ces grands chantiers, et bien d'autres. Car il reste encore à faire pour mettre en oeuvre intégralement l'agenda de Versailles, développer la base industrielle et technologique de défense et progresser sur les enjeux de régulation et de compétitivité dans le domaine numérique et la défense de nos valeurs.

L'influence française se joue aussi en Afrique.

Au Mali et au Burkina Faso, mais aussi dans d'autres pays du continent, nous faisons face à une augmentation inquiétante des manipulations de l'information, qui permettent notamment de diffuser insidieusement des discours anti-français et, en réalité, de déstabiliser des Etats.

Nous nous réorganisons donc pour faire face à ce défi, dans l'esprit de ce nouveau partenariat avec l'Afrique que le président de la République construit depuis désormais 6 ans et qu'il a tenu à réaffirmer longuement, fin février.

Nous avons ainsi augmenté nos capacités de communication, de veille et de riposte sur les réseaux sociaux, à Paris et dans nos ambassades, ce qui est une priorité clairement identifiée dans le cadre des Etats généraux.

Mais nous cherchons aussi à améliorer notre image, en mettant en avant des partenariats respectueux avec les Etats et les sociétés africaines. Le récent Conseil présidentiel du Développement met clairement en avant une logique d'objectifs. Nous devons aussi parler plus encore avec tout le monde, notamment les jeunes, les sociétés civiles et les opposants. Nous valorisons par ailleurs nos diasporas, qui sont des ponts et des passeurs privilégiés.

Enfin, nous renforçons nos vecteurs d'influence envers nos publics prioritaires : nous faisons plus de partenariats universitaires et de formation professionnelle, nous menons des débats d'idées, nous soutenons les industries culturelles et créatives, les sportifs et les start-up innovantes sur le continent.

Cela vaut aussi en Indopacifique. Nos échanges humains sont une priorité avec l'Asie. Nous cherchons à accueillir plus d'étudiants, plus de scientifiques. Nous avons de grands projets culturels bilatéraux.

Et c'est une priorité, à l'échelle du monde entier, de notre politique des visas. Tout en menant une politique migratoire rigoureuse, nous cherchons à faciliter l'accès à notre pays et l'accueil des publics cibles de notre politique d'influence. Je sais la situation de nos services des visas, après trois années de pandémie. Un rapport m'a été remis récemment, ainsi qu'au ministre de l'Intérieur, sur la base duquel nous prendrons des mesures pour l'améliorer.

J'en viens à la troisième grande transformation à mener : prendre pleinement le tournant des enjeux globaux.

Le dernier rapport du GIEC nous l'a rappelé, les conséquences du changement climatique sont brutales. Certaines sont déjà irréversibles mais il est encore temps d'agir et d'éviter le pire. A l'heure du bilan de la mise en œuvre de l'accord de Paris, lors de la COP28 aux Emirats arabes unis, nos efforts collectifs doivent être à la hauteur du défi climatique.

La France joue un rôle majeur et reconnu. Elle est à l'initiative pour affronter les défis globaux.

Le Président a ainsi décidé d'accueillir à Paris les 22 et 23 juin un sommet réunissant le Secrétaire général des Nations unies, des gouvernements, des organisations internationales et des acteurs de la société civile, pour sceller un nouveau pacte financier mondial, face aux fractures grandissantes entre le Nord et le Sud et pour répondre aux besoins des pays en développement, et en particulier des plus vulnérables.

Notre pays prend toute sa part dans les efforts à mener. La France est désormais le quatrième pourvoyeur mondial d'aide au développement, comme cela a été rappelé lors du dernier Conseil présidentiel du développement, lors duquel ont été actés un certain nombre d'efforts de modernisation de cette aide. La mise en place d'un nouveau programme de mobilisation de la jeunesse en fait partie, à travers la création de 3000 postes d'experts et de volontaires internationaux sur ces enjeux d'ici à 2027.

Notre pays accueillera enfin les négociations contre la pollution plastique, à partir du 27 mai, et la conférence des Nations unies, à Nice, en juin 2025. C'est pour rester en initiative et obtenir ces résultats, absolument vitaux, que notre diplomatie se renforcera en moyens et en compétences, à Paris et dans le réseau diplomatique, sur les enjeux globaux.

Et enfin, 4ème grande transformation de mon ministère dans le cadre des Etats généraux : l'amélioration des services rendus à nos ressortissants à l'étranger.

Je dois rappeler que nous sommes l'un des pays du monde qui leur fournit le plus grand nombre de services. Mais nous innovons en poursuivant de grands chantiers de modernisation : le vote par Internet ; l'accès aux services consulaires à distance ; l'envoi postal des passeports. Et nous allons poursuivre dans cette voie, pour chercher à capitaliser pleinement sur les potentialités offertes par la dématérialisation des procédures et offrir dans nos postes consulaires un meilleur service à nos compatriotes.

Voilà, en quelques mots, Mesdames les Sénatrices et Messieurs les Sénateurs, ce que je tenais à vous dire d'emblée ce mouvement de réforme et de réarmement qui s'amorce pour le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.


Je vous remercie et je suis à votre disposition pour échanger et répondre à vos questions.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mai 2023