Texte intégral
Il y a beaucoup de sujets à l'ordre du jour de ce Conseil Affaires étrangères aujourd'hui. J'en évoquerai quelques un devant vous avant de répondre à vos questions.
Je voudrais d'abord aborder le Belarus parce que nous sommes au lendemain de la journée de solidarité avec les prisonniers politiques détenus en Biélorussie. C'est l'occasion pour moi de réaffirmer l'attachement de la France au plein respect des droits de l'Homme et notamment des droits de la défense. Et la France demande et a demandé hier, je le redis, la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques détenus arbitrairement en Biélorussie. Ils sont 1500 environ. C'est anormal.
Bien sûr nous parlerons largement aujourd'hui de l'Ukraine à nouveau. La poursuite de la guerre que fait la Russie à l'Ukraine justifie que nous maintenions notre unité et notre soutien comme le G7 l'a fait ce week-end en passant très clairement un message de solidarité avec ce pays. Et donc, nous devons travailler pour avancer sur le soutien militaire. Je fais là référence évidemment au 3ème volet du paquet qui permet d'accroître les capacités de production européenne et donc d'accroître notre industrie dans sa disposition à pouvoir livrer des munitions à l'Ukraine comme il le faut. Et il le faut rapidement. Je fais aussi bien sûr référence au soutien que nous devons apporter par les mécanismes de renforcement des sanctions. Nous étudions en ce moment le 11ème paquet de sanctions qu'il faut pouvoir finaliser - c'est un travail technique qui est en cours - d'ici le prochain Conseil Affaires étrangères, et notamment dans son volet lutte contre le contournement qui est essentiel. Il faut des mécanismes correctifs mais aussi et surtout, je crois, renforcer le volet dissuasif désormais. Mais il faut aussi que nous travaillions sur le soutien que nous souhaitons apporter à l'Ukraine dans ses initiatives de paix qu'il faudra faire progresser, de même que nous la soutenons dans ses efforts pour s'adresser aux pays tiers qui ne partagent pas encore pleinement ses vues, même si beaucoup de progrès ont été faits, notamment lors du dernier G7 et au-delà. Voilà quelques mots sur la matinée.
Ensuite nous déjeunerons avec les pays des Balkans occidentaux. La situation, pour ce qui nous concerne, est claire. Je réaffirme que nous soutenons la perspective d'adhésion de ces pays. Leur perspective européenne est tout à fait clairement affichée. Mais ça veut dire aussi que nous avons des attentes et que nous exprimerons nos attentes à leur endroit. Bien évidemment, je place au premier rang de celles-ci la nécessité de poursuivre et de compléter les réformes de façon résolue. Il est temps maintenant d'avancer, de même qu'il faut régler les quelques difficultés bilatérales qui peuvent exister entre tel ou tel pays.
Tous les leaders d'ailleurs se retrouveront dans quelques jours à Chisinau lors du Sommet de la Communauté politique européenne ou en marge. Vous le savez, le Premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais seront présents. Je souhaite redire ma conviction que c'est l'occasion de faire davantage de pas pour avancer vers un accord de paix qui est le seul à même d'amener une paix juste et durable dans la région. Et donc il faut respecter le droit international, je m'adresse là tout particulièrement à l'Azerbaïdjan qui n'a pas encore mis en oeuvre la décision de la Cour internationale de justice.
Voilà en quelques mots. Il y a d'autres sujets notamment cet après-midi sur diverses situations : l'Iran, la Tunisie, et la corne de l'Afrique notamment.
Q - Pourquoi est-ce que ce onzième paquet de sanctions met autant de temps à être négocié ? Qu'est-ce qui coince ?
R - Non. Ecoutez, il est en cours d'examen, notamment au niveau technique puisqu'il y a des dispositions juridiques précises à prendre. Il sera à nouveau au niveau des Représentants permanents cette semaine, mercredi. Et nous comptons le finaliser dans le mois qui vient au plus tard, de façon à ce que ce soit fait avant le Conseil européen de la fin du mois de juin.
Q - Il y a eu un petit déjeuner ce matin de plusieurs Etats membres...
R - Plusieurs Etats membres, oui, les amis de la majorité. Nous en faisons partie, mais je ne pouvais pas être là. Mme Baerbock a réuni un certain nombre de collègues qui avancent dans ce que doit être les progrès de la majorité qualifiée dans différents domaines. Nous pensons bien sûr à la PESC, ce qui n'est pas la défense, je dois le préciser, et aussi à la fiscalité. Les deux doivent aller de pair.
Q - Et pour le paquet de sanctions ?
R - Non, ça, c'est un travail de moyen terme. Le paquet de sanctions, je vous le redis, qui va peser à nouveau sur l'effort de guerre russe - c'est notre objectif-, il doit être adopté dans les semaines qui viennent et le plus rapidement possible, donc avant le mois de juin.
Q - Madame la Ministre, comment trouvez-vous le retour de la Syrie à la Ligue arabe ?
R - Nous avons déjà dit notre inquiétude et notre préoccupation. Rien ne justifie aujourd'hui une normalisation avec le régime syrien qui n'a démontré aucune disposition pour travailler à la réconciliation à l'intérieur du pays, à ne pas être un élément déstabilisateur par la drogue ou par d'autres actions dans son environnement régional. Beaucoup de pays sont affectés par les conséquences de cette guerre interne à la Syrie et l'on voit des acteurs extérieurs, des pays tiers qui se mêlent de beaucoup trop près des affaires syriennes. Donc nous l'avons dit, nous avons nos exigences et nos intérêts, et parmi ceux-ci je dois relever, parce que peu le font, en tout cas pas assez, la nécessité de lutter contre l'impunité des crimes commis en Syrie. Voilà notre position. Elle est tout à fait claire.
Q - Pour le Soudan, est-ce que vous trouvez qu'il y a peut-être une solution ?
R - Au Soudan, quelques progrès ont été faits, notamment un cessez-le-feu qui n'est pas pleinement respecté mais qui est prolongé de jour en jour et de semaine en semaine, mais il faut avancer dans un processus politique en effet et inclure aussi la société civile dans le dialogue politique. Sinon le dialogue ne sera pas fructueux je le pense.
Q - Dans le cadre du G7, il y a eu du progrès par rapport à la livraison des avions de combat F-16 à l'Ukraine. Qu'est-ce que ça veut dire plus concrètement ? Quelle est la timeline ? Quand est-ce que l'Ukraine pourrait réellement recevoir ces avions ?
R - Alors, il y a plusieurs étapes et le Président de la République l'a dit, il l'a annoncé juste après son entretien avec le président Zelensky dimanche, il y a un peu plus de 8 jours : la France est prête, avec d'autres partenaires européens et d'autres encore, à participer à la formation de pilotes ukrainiens. Ça prend un certain nombre de mois et donc faisons les choses étape par étape. Aujourd'hui, les besoins de l'Ukraine, ce sont essentiellement des besoins de munitions, de véhicules blindés, de véhicules de l'avant blindés, de chars et de maintenance aussi. Donc nous fournissons tout cela. Nous avons un nouveau paquet qui a été préparé par le Président de la République et le président Zelensky. Nous tenons nos promesses. Tout ce que la France a décidé de livrer, elle l'a fait en temps et en heure. Donc c'est ça qui est utile pour l'Ukraine aujourd'hui.
Q - Ça veut dire que la question des F-16, c'est en tout cas plutôt sur le long terme que maintenant ?
R - En tout cas, il faut plusieurs mois pour former des pilotes et ensuite prendre des décisions qui ne sont pas prises à l'heure actuelle. Rien n'est exclu, rien n'est tabou, mais nous en sommes à un stade de formation et de proposition de formations coordonnées entre partenaires européens et alliés.
Q - Dans la déclaration finale du G7, il y a aussi un point sur la Chine, notamment pour réduire la dépendance économique. Comment est-ce que ce signal de G7 est perçu en Chine selon vous ?
R - Je suis à Bruxelles, donc je ne parlerai pas pour la Chine, mais puisque je suis à Bruxelles, vous savez que l'Union européenne a adopté -et elle a eu raison de le faire- un certain nombre de dispositifs anti-coercition puisqu'il pouvait arriver que la Chine fasse des pressions que nous avons considérées comme injustifiées et anormales. Et donc nous avons des instruments maintenant pour nous défendre.
Question de suivi - Vous ne voyez pas qu'il y a un risque que les relations avec la Chine se détériorent ?
R - Je ne le pense pas. Chacun est attaché à ce que la concurrence, la compétition économique soit équitable, sur des bases de transparence, d'ouverture et de réciprocité, et dans le plein respect des règles de l'OMC. Merci à tous.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mai 2023