Interview de Mme Olivia Grégoire, ministre chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme, à RTL le 10 mai 2023, sur le trimestre anti-inflation.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Olivia Grégoire - Ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme ;
  • Amandine Bégot - Journaliste

Média : RTL

Texte intégral

AMANDINE BEGOT
Et dans un tout petit instant, sur RTL, on va parler encore inflation, à quand une vraie baisse des prix, notamment en super et hypermarchés, je reçois ce matin celle qui, pendant des mois, a défendu le panier anti-inflation, la ministre du Commerce. Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.

AMANDINE BEGOT
Et bienvenue sur RTL. Vous recevrez demain avec Bruno LE MAIRE les patrons de la grande distribution, c’est pour quoi, pour leur remonter les bretelles ?

OLIVIA GREGOIRE
Ce n’est pas l’esprit, c’est, premièrement, pour parler du trimestre anti-inflation et de sa suite, et on va en reparler. Deuxièmement, pour parler des renégociations commerciales qu’on impulse, qu’on encourage entre industriels et distributeurs.

AMANDINE BEGOT
A tout de suite.

YVES CALVI
A tout de suite avec Olivia GREGOIRE sur RTL.

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YVES CALVI
Amandine BEGOT, vous recevez donc ce matin la ministre déléguée aux PME, aux commerces et au tourisme, Olivia GREGOIRE.

AMANDINE BEGOT
Olivia GREGOIRE, vous recevrez demain une nouvelle fois à Bercy, avec Bruno le MAIRE, les patrons de la grande distribution, c'est quoi l'objectif de cette réunion, leur dire de faire encore un effort, de prolonger le trimestre anti-inflation au-delà du 15 juin ?

OLIVIA GREGOIRE
Nous recevrons demain, effectivement, avec Bruno LE MAIRE, les distributeurs, les acteurs de la grande distribution qui se sont engagés dans le trimestre anti-inflation. Déjà, dire trois choses qui n’étaient pas gagnées d'avance au 15 mars, premièrement : sur les 2.000 produits, environ, en fait, dans les supermarchés, vous avez à peu près 20.000 à 30.000 références, donc on à peu près 2.000 produits identifiés dans le trimestre anti-inflation. Premièrement, les prix n'augmentent plus sur ces produits. Deuxièmement, ils ont commencé à baisser, et je vous annonce ce matin des chiffres importants qui sont sourcés par la DGCCRF, la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes, en moyenne depuis 7 semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation ont baissé de 13% dans le panier, s’il est composé à 100% de produits issus du trimestre anti-inflation. J’ajoute aussi, ce qui est un sujet majeur, le patron de LIDL en parlait sur votre antenne, il y a quelques jours…

AMANDINE BEGOT
Lundi…

OLIVIA GREGOIRE
Que ça a aussi permis de faire remonter les volumes sur un certain nombre de produits frais qui étaient en train de s’effondrer, je pense à la viande, je pense aux fruits et légumes, et je pense au poisson. Les volumes remontent, démonstration que le trimestre anti-inflation fait son effet, donc trois sujets, Amandine BEGOT, premièrement : est-ce qu'on peut envisager peut-être de le prolonger en couvrant la période de l'été, en fonction de la bonne volonté des distributeurs qui l'ont déjà démontré, je rappelle…

AMANDINE BEGOT
Jusqu’au 15 septembre par exemple ?

OLIVIA GREGOIRE
Par exemple, ça fera partie des discussions que nous aurons demain, je rappelle que les distributeurs prennent sur leurs marges pour faire baisser ces prix. Deuxièmement, je leur proposerai demain d'y intégrer des produits pour la rentrée scolaire de nos enfants, je rappelle que trois quarts des Français font leurs courses dans les supermarchés pour la rentrée scolaire.

AMANDINE BEGOT
Et souvent, fin juin, début juillet.

OLIVIA GREGOIRE
Et ça s’étale aussi en août, et ce serait chouette s’ils pouvaient faire un effort en plus pour les fournitures scolaires, je leur proposerai demain avec Bruno LE MAIRE. Troisièmement, nous parlerons aussi de l'état précis de l'ouverture des renégociations commerciales, certains ont entamé, parmi les distributeurs, d'autres vont le faire, avec les grands industriels, les prix sont en train de baisser pour certaines matières premières, il faut que les consommateurs voient ces baisses rapidement.

AMANDINE BEGOT
Alors, on va justement parler de ces renégociations dans un instant, mais j’ai fait l’expérience alors que font tous les auditeurs sans doute qui nous écoutent, j’ai fait mes courses hier dans un hypermarché, comme je le fais tous les 15 jours, je vais toujours dans la même enseigne, j’achète quasiment toujours la même chose, et j’ai comparé mon ticket de caisse avec celui du 12 avril, donc il y a un mois, bilan, effectivement, les fruits et légumes sont en baisse, très nette baisse, par exemple, le kilo de carottes, il est passé de 1,99 euro à 2,11 euros, même chose pour le concombre. En revanche, la boîte de capsules de café par exemple, alors, elle, elle a flambé, elle a pris presque 2 euros, le paquet de biscuits, il est passé de 1,50 euro à 1,95 euro, pourtant, on nous dit par exemple que le prix des céréales baisse, ça, c'est l'illustration de l'effort que les marques doivent faire ?

OLIVIA GREGOIRE
C'est l'illustration de ce que nous avons demandé avec Bruno LE MAIRE aux industriels, aux gros industriels, je sors les PME de ces négociations, nous avons demandé que les grands industriels fassent des baisses de prix à l'aune des baisses de prix des matières premières. Revenons sur vos exemples, le café ne baisse pas. Ça va être difficile de faire baisser le café dans les prochaines semaines, les biscuits, que vous mentionnez, il y a des céréales, mais il y a du sucre, le blé a baissé considérablement, moins 40% sur un an, l'avoine a baissé, moins 25% sur un an, le sucre ne baisse pas, plus 108% sur un an. Dans les biscuits, il y a un peu des deux, le sujet, c'est quels vont être un peu les ratios entre le sucre et les céréales pour faire baisser ces prix. Je vais prendre un dernier exemple, vous ne l'avez pas mentionné, les pâtes alimentaires, les pâtes alimentaires ont pris à peu près 20% sur un an, or, elles sont composées majoritairement de céréales qui baissent, par conséquent, nous attendons des baisses de prix visibles cet été, à la rentrée, par exemple, sur le prix des pâtes alimentaires.

AMANDINE BEGOT
Alors ça, c’est l’appel que vous lancez ce matin aux industriels c'est-à-dire, aux marques, on va les citer…

OLIVIA GREGOIRE
C’est un appel qu’on a déjà lancé il y a à peu près un mois…

AMANDINE BEGOT
Il faut les citer ces grandes marques que les auditeurs connaissent…

OLIVIA GREGOIRE
Ce sont les grands industriels… pas forcément, parce qu'en fait, ce sont des entreprises très connues, pas forcément d'ailleurs françaises, des multinationales, ce sont les marques que les Français connaissent, les marques de gâteaux, par exemple, les marques de pâtes…

AMANDINE BEGOT
Ça peut être LU, ça peut être BARILLA, on ne va pas faire de… ou COCACOLA…

OLIVIA GREGOIRE
Je ne vais pas toutes les citer, mais, voilà, exactement…

AMANDINE BEGOT
Ce sont ces marques-là…

OLIVIA GREGOIRE
Qui sont produites en général par des grands industriels qui ont les marges de manoeuvre et de la trésorerie aujourd'hui pour faire baisser les prix. Je rappelle que quand l'année dernière, les prix ont monté, le gouvernement a été à la hauteur en appelant à une négociation pour tenir compte de ces hausses de prix du côté des industriels, et donc que les distributeurs en tiennent compte. Nous demandons en miroir désormais la même chose…

AMANDINE BEGOT
Et vous pouvez les forcer, le patron de LIDL nous disait : il faut prendre un décret, parce que ça ne sert à rien d'appeler comme ça, aujourd'hui, les industriels ne veulent pas le faire…

OLIVIA GREGOIRE
Mais moi, on ne me refera pas, je sais qu'on est rare, mais il s'avère que Bruno LE MAIRE et moi-même avons la même méthode en la matière, on n’est pas obligé de tout faire passer en permanence par la loi, l'Assemblée, le décret, l’arrêté…

AMANDINE BEGOT
Et sauf que, comment vous faites pression sur COCA ou sur…

OLIVIA GREGOIRE
Est-ce que j’ai fait un décret ou un arrêté avec Bruno LE MAIRE sur le trimestre anti-inflation ? Non, qu'est-ce qu'on a demandé, un effort, qu'ont proposé les distributeurs, une opération sur 3 mois, inédite, où ils se sont tous alignés avec des baisses de prix qu'on constate aujourd'hui de 13% depuis 7 semaines. Est-ce qu'on a fait une loi ? Non. Donc, premièrement : on a écrit, et on peut se parler entre acteurs économiques, on leur a demandé de bouger, certains distributeurs ont déjà enclenché les renégociations, si jamais ça n'est pas le cas dans les semaines qui viennent et qu'on remarque que des grands industriels, qui gèrent des marques que vous avez citées, ne font pas d'efforts, qu'est-ce qu'on fera, eh bien, on fera ce qu'on appelle en bon français du name and shame, donc je vais le dire autrement, on citera les industriels et les marques…

AMANDINE BEGOT
Dénoncer publiquement ceux qui ne jouent pas le jeu…

OLIVIA GREGOIRE
Dénoncer, ce n’est pas ma façon, mais il est clair que, aujourd'hui, quand on voit la société médiatique dans laquelle on est, on dira aux Français : sur telle et telle marque, désolé, mais ils ne veulent pas négocier les prix à la baisse. Je ne suis pas sûre que ça fasse de la pub aux marques. Après, il y a toujours des dispositions qui restent à la main du ministre de l'Economie et des finances, et il y a toujours, ça ne change jamais, un projet de loi de finances au mois de septembre.

AMANDINE BEGOT
Vous aviez parlé d'une taxe possible, c'est possible ça... ?

OLIVIA GREGOIRE
Il y a toujours un projet de loi de finances au mois de septembre, en attendant, on peut se parler et bouger ensemble, c'est ce que j'appelle de mes voeux.

AMANDINE BEGOT
Encore un mot sur ces négociations, dans le contexte actuel, une négociation par an, comme le prévoit la loi, c'est la LME, la loi de modernisation de l'économie, Michel BIERO, le patron de LIDL, nous disait lundi : c'est une aberration de n'avoir à négocier qu'un mois, on ne peut pas revenir sur cette loi, Olivia GREGOIRE ?

OLIVIA GREGOIRE
On peut toujours revenir sur tout…

AMANDINE BEGOT
Il dit que c’est le seul pays où ça se passe comme ça…

OLIVIA GREGOIRE
Alors, là-dessus, Michel BIERO a raison, la France a ses spécificités et ses charmes, c'est effectivement le seul pays, ça a ses avantages et ses inconvénients, quand les prix augmentent massivement, et qu'on vend après une renégociation, eh bien, les prix ne prennent pas en charge ces hausses…

AMANDINE BEGOT
C’est une sorte de bouclier…

OLIVIA GREGOIRE
Donc ça a permis de protéger les consommateurs, ça a ses avantages et ses inconvénients, je voudrais quand même dire à ceux qui nous écoutent qu'il ne faudrait pas que l'inflation alimentaire soit le prétexte d'une inflation normative, législative, il y a encore deux mois, nous étions au Parlement à discuter d'une proposition de loi d'un député Renaissance, qui a été votée à l'unanimité, le député DESCROZAILLE, laissons peut-être déjà ces modifications législatives importantes arriver dans la vie des négociations et des acteurs économiques, avant de légiférer à nouveau, je rappelle qu'on a fait deux lois majeures pour protéger nos agriculteurs, nos éleveurs, nos producteurs, avec Egalim 1 et 2, je pense que, encore une fois, l'inflation normative n'est pas forcément la meilleure réponse, si la question se pose et doit être posée, on en discutera dans les prochains mois. Mais, là, tout de suite, il faut agir, et le temps législatif est toujours plus long, donc essayons d'aller vite, et aujourd'hui, c'est ce qu'on demande aux industriels.

AMANDINE BEGOT
Il nous reste 30 petites secondes pour évoquer une des autres préoccupations des Français, qui plus est à l'approche de l'été, ce sont les prix du carburant, l'essence reste plus chère en France que chez nos voisins, malgré la baisse des cours du pétrole, l'association de consommateurs CLCV accuse tout simplement les pétroliers et les distributeurs, la grande distribution, de faire tout simplement du rattrapage sur le dos des consommateurs, en gros, ils se sont privés de marges pendant un certain temps, eh bien, là, ils rattrapent, est-ce que vous les appelez ce matin sur RTL à faire un effort, à rectifier le tir ?

OLIVIA GREGOIRE
Ma consoeur, la ministre de l’Energie, Agnès PANNIER-RUNACHER, l'a fait hier, moi, je me méfie des caricatures, ce n’est pas ce que vous avez dit, mais ce que je vois aussi, c'est que sur ces sujets, il faut avoir de la nuance, comme sur les matières premières, là, la nuance, c’est quoi, c'est qu'en réalité, vous avez des pétroliers qui distribuent de l'essence, et vous avez des distributeurs, quand certains distributeurs, que je ne citerai pas, font du prix coûtant, comme le nom l'indique, il n’y a pas de marge, donc il ne faut pas mettre tout le monde tout le temps dans le même panier, tout ça est un peu plus complexe. Et donc, effectivement, Agnès PANNIER-RUNACHER, à juste titre, a appelé les acteurs et va continuer à le faire, à répercuter les baisses à la pompe, notamment principalement du côté des pétroliers.

AMANDINE BEGOT
Merci beaucoup Olivia GREGOIRE…

OLIVIA GREGOIRE
Merci…

AMANDINE BEGOT
On reviendra sur cette question de l'essence tout à l'heure, dans le journal, à 8h.

YVES CALVI
Les prix du trimestre inflation ont bien baissé de 13% en 7 semaines vient de nous dire Olivia GREGOIRE. Vous restez avec nous, Olivia GREGOIRE, puisque vous êtes dans l'oeil de Philippe CAVERIVIERE dans un instant.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 23 mai 2023