Texte intégral
ALIX BOUILHAGUET
Bonjour Sarah El HAIRY.
SARAH EL HAIRY
Bonjour.
ALIX BOUILHAGUET
C’est vrai que c’est le serpent de mer par excellence maintes fois repoussé, on en est où de ce service national universel ?
SARAH EL HAIRY
Le service universel, vous savez, c’est un de ces grands projets qui est un défi logistique, un défi humain, mais qui est une sorte d’expérience unique pour nos jeunes, pour la France, et donc, de fait, il y a des étapes.
ALIX BOUILHAGUET
On entend, mais on en est où ?
SARAH EL HAIRY
On en est à plus de 50 000 jeunes volontaires qui l’ont fait. On a plus de jeunes pour les séjours de juin et de juillet. Et donc, il y a une liste d’attente pour la première fois qui compte plusieurs milliers de jeunes. Et enfin, une nouvelle étape, nous allons ouvrir les consultations avec les organisations syndicales de l’Education nationale pour permettre aux établissements ou aux classes qui le souhaitent de participer à des séjours, peut-être pendant le temps scolaire, en tout cas, c’est ce que nous souhaitons construire avec eux.
ALIX BOUILHAGUET
Alors, si on détaille, cette nouvelle piste, c'est un stage de douze jours sur le temps scolaire pour les élèves de seconde. Ce serait obligatoire ou pas à ce stade ?
SARAH EL HAIRY
Absolument pas obligatoire. C'est une modalité nouvelle, une opportunité nouvelle et je vous dire pourquoi. Quand on voit aujourd'hui des séjours d'été et avec des listes d'attente, quand on voit une mixité qui est croissante, on se dit peut-être dans des établissements où il y a des volontés d'engagement très forts, peut-être avec les parents d'élèves, avec des professeurs très impliqués, permettre à des jeunes de participer à ce séjour dans le cadre d'un projet évidemment pédagogique et toujours sur la base du volontariat.
ALIX BOUILHAGUET
Alors, il y a déjà une montée de bouclier contre cette forme les syndicats de profs, comme les syndicats de d'élèves de parents estiment que ce stage il va faire perdre 10 jours de classe aux élèves.
SARAH EL HAIRY
Ecoutez, je crois que c'est une très mauvaise polémique pour une raison toute simple : est-ce que quand on fait un voyage découverte, quand on va à la montagne, qu'on a un projet pédagogique, est-ce qu’on perd ? Est-ce qu'on perd en apprentissage ? Bien sûr que non. Et puis, revenons à l'essentiel, c'est sur la base du volontariat, c'est une modalité nouvelle que nous proposons aux enseignants avec évidemment un travail qui est en cours avec les organisations syndicales, avec les associations, mais dans le fond, disons les choses telles qu'elles sont.
ALIX BOUILHAGUET
Non mais ils disent qu'ils n’ont déjà pas suffisamment d'heures de cours pour faire ce qu'ils ont à faire pendant l’année.
SARAH EL HAIRY
Mais pourquoi on priverait des jeunes ou des classes qui le souhaitent de participer à ce projet-là ? C'est ça qui rend quand même assez fou d'une certaine manière. Pourquoi mettre autant d'énergie à essayer d'interdire à des jeunes de participer à un projet alors même que c'est sur la base du volontariat ? Ma question est posée. Aujourd'hui, moi, au contraire, je veux proposer une modalité nouvelle pour des établissements publics, privés, pour des jeunes qui sont en lycée professionnel, technologique ou encore généraux, pour qu'ils puissent participer à ce projet.
ALIX BOUILHAGUET
Est-ce que pour l'instant ce SNU il est réservé aux élèves possédant la nationalité française ? Qu'est ce qui se passera pour des élèves étrangers ?
SARAH EL HAIRY
Très bonne question. Aujourd'hui, effectivement, le SNU est réservé aux jeunes de 15 à 17 ans de nationalité française. Demain, sur le temps scolaire, bien sûr qu'il n'y aura pas de d'exclusion de jeunes qui ne seraient pas de nationalité française. Tout jeune scolarisé dans nos établissements en France, entre 15 et 17 ans, si sa classe ou son établissement participent à cette aventure, il aura l’opportunité, l'occasion d'y participer
ALIX BOUILHAGUET
Et les classes, les départements seront mélangés ? Vous pouvez nous assurer ce matin qu'il y aura une totale mixité sociale ?
SARAH EL HAIRY
Vous savez, ce projet qui, alors, qu'est… En vrai, il y a quand même une sorte de mauvaises manières qui a été faite. Le projet est au tout début, rien n'a été écrit dans le marbre, bien été défini, nous sommes à peine en train de consulter les premières organisations syndicales cette semaine même. Mon cabinet continue à recevoir. Il se trouve qu'il y a eu un certain nombre de fuites, c'est-à-dire qu'un certain nombre d'organisations syndicales ont raconté le fruit de nos échanges, alors même que nous souhaitions voir tout le monde de manière individuelle avant de proposer un projet peut-être plus construit, basé sur les retours que nous avons. C'est la méthode que nous a demandé le président de la République de construire avec eux. Maintenant, il se trouve qu'un certain nombre d'informations sont sortis. Ça reste des hypothèses. Dans quelques jours, avec Pap NDIAYE, nous pourrons présenter ces informations et ces propositions de manière multilatérale, c'est-à-dire avec toutes les organisations syndicales, mais ce qui est réel, c'est quoi ? C'est qu’aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin d'accompagner nos enfants sur le chemin du mérite de l'effort, c'est la découverte de l'autre. Et le SNU, c'est ça.
ALIX BOUILHAGUET
C'est pour quand ? Dans le Parisien, Emmanuel MACRON, il disait qu'il y aurait une montée en charge progressive car le dispositif, il sera mis en place pour quand ? Pour la rentrée 2023 ? Pour la rentrée 2024 ?
SARAH EL HAIRY
Vous savez, la rentrée, si on parle de rentrée au nom… Enfin, avec le mois de septembre en tête, elle est déjà préparée. Je suis au sein de l'Education nationale depuis plus de trois ans, j'ai été aux côtés de Jean-Michel BLANQUER. Aujourd'hui, je suis aux côtés de Pap NDIAYE. Et depuis trois ans, nous faisons des rentrées. Les rentrées, elles sont déjà quasiment toutes organisées. Ce sera certainement un peu plus tard au courant de l'année
ALIX BOUILHAGUET
2024 ?
SARAH EL HAIRY
Oui. Si des établissements ont envie de d'y participer, bien sûr, je ne sais pas pourquoi on priverait de cette opportunité des classes qui souhaitent peut-être aller sur un projet de patriotisme, de civisme plus marqué, parce que ça rentre dans le projet de la classe. Et puis, vous savez à quel point ça marque une classe de partir et de pas partir ensemble ? Parce que la mixité, elle sera réelle, ils sont en dehors de leur département, ils ne seront pas dans les mêmes maisonnées, ils seront avec d'autres établissements.
ALIX BOUILHAGUET
Dans l'académie de Toulouse, des policiers ont demandé aux chefs d'établissement scolaire de leur indiquer le nom d'élèves absents le jour de l'Aïd qui marque la fin du ramadan. Est-ce que ça vous choque ?
SARAH EL HAIRY
Vous savez il est extrêmement et souvent utile d'étudier les conséquences de fête religieuse sur les services publics et notamment à l'école. Par contre, je ne laisserai pas s'installer cette fausse polémique qu’on voit monter depuis quelques jours.
ALIX BOUILHAGUET
Certains dénoncent un fichage ethnique.
SARAH EL HAIRY
C'est honteux. C'est honteux de dire ça parce que c'est une polémique montée de toutes pièces. Dans notre pays, dans le pays qu'on a la chance d'avoir, la France on ne fait pas de fichage ni ethnique, ni religieux, ni sur l'orientation sexuelle. Il y a des pays qui le font.
ALIX BOUILHAGUET
Mais c'est quoi la différence, excusez-moi, entre un recensement et un fichage ? A partir du moment où on essaie de savoir qui fait quoi, à un moment…
SARAH EL HAIRY
C’est exactement le sujet.
ALIX BOUILHAGUET
Ça ne s'appelle pas du fichage ?
SARAH EL HAIRY
A aucun moment n'a été demandé qui était absent. Ce qui est demandé et l'information qui était plutôt utile, c'est de savoir quels sont les taux d'absence pour savoir si oui ou non le projet d'éducation du jour-là doit être très élevé.
ALIX BOUILHAGUET
Donc il n’y a pas de nom ?
SARAH EL HAIRY
Il n'y a jamais de nom. Et puis, on va revenir à l'essentiel. Nous sommes en France. La France est un Etat de droit. Je ne vois pas pourquoi on ferait quelque chose d’illégal. Nous sommes dans un pays où nous avons l'universalisme chevillé au corps, ça veut dire qu’en fait, la France ne te regarde jamais ni par ta religion ni par ton orientation sexuelle.
ALIX BOUILHAGUET
Mais pourquoi est-ce que SOS Racisme dénonce une demande choquante qui associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité ? Il y a d'autres associations défileront un qui pointaient une dérive islamophobe.
SARAH EL HAIRY
Mais c’est honteux, c’est des polémiques. Regardez, dans notre pays, nous avons deux extrêmes en ce moment : une partie qui essaie d'opposer les Français entre eux et de laisser de jeter l'opprobre sur une pratique religieuse, une autre partie de notre pays essaie de créer une sorte de fausse polémique sur quelque chose qui est dans le fond juste une photographie du fonctionnement de nos services publics à un moment donné. Laisser imaginer qu’en France, aujourd'hui, on fiche des élèves en fonction de leurs pratiques religieuses ou pire encore, qu'on essayerait de les interdire, voire de ne pas permettre que leurs pratiques religieuses, ça serait grave. Au sein de l'Education nationale, nous avons une circulaire qui date de 2004 qui permet à tous les enfants qui ont une pratique religieuse sur certaines grandes fêtes, qui ne font pas partie de notre calendrier hérité de pouvoir être absent et d'avoir une excuse. Voilà aujourd'hui le fonctionnement de l’Education nationale.
ALIX BOUILHAGUET
Vous nous dites, le ministère de l’Intérieur est dans les règles mais est-ce qu'il y aura une enquête ? C'est ce que demande de l'Union des mosquées de France.
SARAH EL HAÏRY
Vous savez, aujourd'hui, il est bien trop tôt pour apporter un certain nombre d'éclairage. Ce qui est certain, c'est qu'une meilleure coordination entre l'Education nationale et le ministère de l'Intérieur est bienvenu, ça évitera peut-être des polémiques ou des fausses polémiques. Mais moi, je ne suis pas naïve. Il y a aujourd'hui une volonté dans une partie de notre pays et dans des extrêmes en particulier de créer le trouble et de fracturer. Revenons à l'essentiel, l'école, elle est obligatoire, elle est laïque, elle est gratuite et ça, c'est notre héritage.
ALIX BOUILHAGUET
Merci beaucoup, Sarah El HAÏRY. Bonne journée à vous.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 25 mai 2023