Interview de M. Olivier Klein, ministre chargé de la ville et du logement, à RMC le 25 mai 2023, sur les tensions en matière d’hébergement d’urgence dans les métropoles, l'accueil temporaire dans les régions des sans domicile fixe et la fin programmée des chaudières à gaz.

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Média : RMC

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Olivier KLEIN.

OLIVIER KLEIN
Bonjour.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes ministre au Logement et à la ville. On va évoquer cette polémique hier, on a appris que le gouvernement avait demandé aux préfets de créer, je cite, des sas d’accueil temporaires régionaux, l’idée, c’est de désengorger les centres d’hébergement d’Ile-de-France, principalement pour des sans domicile fixe, qui seraient donc déplacés dans des centres en Province, et tout ça pour, eh bien, qu’il y en ait un peu moins sur la photo aux JO, c’est ça ou ce n’est pas ça ?

OLIVIER KLEIN
Non, bien sûr que ce n’est pas ça, oui, il y a une situation extrêmement tendue sur l’hébergement d’urgence dans les métropoles, et en particulier en région Ile-de-France. Sur les 200.000 personnes qui sont hébergées chaque soir, il y en a environ 100.000 dans la région Ile-de-France, et c’est un nombre qui est très grand, qui est très difficile à bien appréhender, et surtout, à bien aider. L’objectif, c’est de baisser le nombre de sans abri en Ile-de-France, pour avoir un accompagnement beaucoup plus… de proximité, en Province. Et tout ça se fait avec les associations de solidarité, vous savez que pendant l’hiver…

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin, les associations de solidarité, elles n’ont pas l’air tout à fait d’accord, la Fondation Abbé Pierre par exemple, qui est quand même une des premières associations sur la question de la solidarité logement, elle dénonce une gestion – je cite – court-termiste, Ian BROSSAT, qui est l’adjoint à la Mairie de Paris, vous accuse de balader les plus précaires…

OLIVIER KLEIN
Non, mais ce n’est pas du tout… ça ne se passe pas…

APOLLINE DE MALHERBE
En disant que vous allez les déplacer juste le temps des JO, quoi…

OLIVIER KLEIN
Mais c’est un dispositif qui a été mis en place, et je le redis, avec les associations, on a mis en place pendant l’hiver des cellules d’urgence, vous vous rappelez, pour mieux accompagner les personnes sans abri, j’ai mis en place, il y a quelques jours, un observatoire du sans-abrisme, tout ça se fait avec eux, se fait aussi avec la Mairie de Paris. L’objectif, c’est de mieux accompagner. Et donc, quand on accompagne de personnes en Province, dans des centres d’accueil de petite taille, c’est des centres d’accueil qui s’ouvrent jusqu’à la fin de l’année 2024, donc ce n’est pas du court terme, les personnes arrivent en gros par groupe de 50, volontaires, et je tiens à le répéter, volontaires, personne n’est pris et est mis dans un bus, les gens… il y a un flyer qui a été créé, un flyer qui a été créé d’information en partenariat avec…

APOLLINE DE MALHERBE
Que vous distribuez en ce moment aux SDF…

OLIVIER KLEIN
Voilà, en partenariat avec la Ville de Paris. Donc personne ne le découvre, parce que c’est une bonne opération, c’est un moyen de mieux accompagner ces personnes qui ont besoin d’un accompagnement social, d’un accompagnement administratif, et dans ce lieu d’accueil, on fait un diagnostic de la situation, et les personnes, ensuite, sont accompagnées vers d’autres lieux…

APOLLINE DE MALHERBE
Olivier KLEIN, vous nous assurez ce matin qu’il n'y aura aucune obligation, c’est-à-dire, pour être déplacé…

OLIVIER KLEIN
Bien sûr que non…

APOLLINE DE MALHERBE
Il faut que la personne sans domicile fixe accepte le principe d'être emmenée soit volontaire…

OLIVIER KLEIN
Sinon, ça n'aurait aucun sens. Le principe, c'est que ces personnes soient volontaires, qu'on leur explique que dans ce nouveau lieu d'accueil, on va faire tout le suivi social qu'on fait mal aujourd'hui dans Paris, dans les hôtels, parce que les gens sont un peu partout en taches de léopard…

APOLLINE DE MALHERBE
Et ça n’a rien à voir avec les JO ?

OLIVIER KLEIN
Non…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est juste un hasard de calendrier ?

OLIVIER KLEIN
Ce n’est pas un hasard de calendrier, les JO, c'est dans plus d'un an et demi, donc la question, aujourd'hui, on le sait, et tout le monde le dit, ceux qui aujourd'hui, semble-t-il, me font des reproches, me reprochaient, il y a 15 jours, de sur-occuper les places d’hôtels. L’hôtel n’est pas le bon lieu pour accueillir une personne en grande précarité…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais alors ce que je ne comprends pas, c’est le côté temporaire, parce que vous me dites, les hôtels…

OLIVIER KLEIN
Fin 2024, c’est quand même…

APOLLINE DE MALHERBE
L’hôtel, ce n’est pas le bon endroit, ça, tout le monde est à peu près d’accord, sauf que vous allez les déplacer, mais vous allez les ramener…

OLIVIER KLEIN
Oui, non, après, avec le diagnostic qui sera fait, c’est des petits groupes, donc ils seront… soit, ils resteront en Province, parce que c’est leur choix et parce qu’on aura trouvé de bonnes conditions d’accueil, peut-être même un logement, puisqu’un certain nombre d’entre eux sont dans des situations éligibles au logement, et au logement social, ou un CHRS, enfin, des meilleurs lieux d’accueil. Ceux qui souhaitent revenir ensuite ou si la situation personnelle fait qu’ils doivent revenir en région parisienne, ils reviendront en région parisienne, ce qui est certain, et on parle de petit nombre aujourd'hui, on a ouvert environ…

APOLLINE DE MALHERBE
C’est combien de personnes environ ?

OLIVIER KLEIN
Là, il y a 450 personnes qui ont aujourd'hui été accompagnées en Province, on a une capacité d’accueil d’environ…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais il y en a combien potentiellement, vous imaginez que ça représentera combien de personnes ?

OLIVIER KLEIN
Aujourd’hui, on a une capacité d'accueil avec les préfets d'environ 3.600 personnes, donc il s'agit de petit nombre, ce n'est pas ça malheureusement qui va régler le problème, c'est pour ça que, en même temps, il faut continuer le plan logement d'abord, l'objectif, ce n'est pas de laisser les gens dans l'hébergement d'urgence et dans la précarité, l'objectif du gouvernement, c'est d'aller de la rue vers le logement, et pour faire bien ce travail, on a besoin d'une évaluation, d'un diagnostic précis des personnes les unes après les autres.

APOLLINE DE MALHERBE
Olivier KLEIN, vous qui êtes ministre de la Ville et du logement, qui dites qu'il faut ne pas se contenter des mesures d'urgence, je profite de votre présence dans ce studio pour vous interroger sur la situation des 400 migrants qui sont dans une école dans le 16ème à Paris, il s'agirait de 400 personnes qui disent être mineures, l'aide sociale à l'enfance, elle, estime qu'il ne s'agit pas de mineurs, ils ont fait appel, sauf que l'appel pour savoir si oui ou non ils sont mineurs, ça met entre trois mois et un an et demi, pendant toute cette période-là, ils sont installés, en tout cas, déjà, depuis début avril dans une usine désaffectée, enfin, dans une école désaffectée, pardon, dans le 16ème. Est-ce que c'est une situation qui peut durer comme ça pendant un an et demi…

OLIVIER KLEIN
Non, le préfet…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous allez leur trouver un accueil plus long, est-ce qu’au contraire, vous estimez qu’il faut les expulser, qu’est-ce qu’on fait de ces 400 personnes qui sont dans cette école dans le 16ème aujourd’hui, 400 migrants ?

OLIVIER KLEIN
Alors, c’est un autre cas, là, la situation des mineurs isolés…

APOLLINE DE MALHERBE
Bien sûr, bien sûr, mais ça relève aussi de votre ministère…

OLIVIER KLEIN
Non, ça relève du ministère de l’Intérieur, mais ce n’est pas grave, ça relève de l'action du gouvernement, et c'est important que ces situations soient évaluées. Donc il faut effectivement une évaluation, ensuite, il faut trouver les meilleures conditions d'accueil, et on y travaille avec la préfecture de région et la Ville de Paris, pour trouver les meilleures conditions d'accueil, les personnes qui sont là ne sont pas toutes dans les mêmes situations, là aussi, il faut une évaluation précise des cas individuels…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais on dit ça mettra un an et demi, pendant un an et demi, ils vont rester dans la cour de l’école…

OLIVIER KLEIN
Non, on le sait, il y a déjà eu des cas semblables d'occupation, on les règle, ce n’est pas des situations qui se règlent simplement, si on veut étudier les personnes au cas par cas, il ne faut pas qu’ils aillent partout dans la nature. Donc avec les associations, avec la préfecture de région et avec la Ville de Paris, on étudie les situations pour la régler, pour ne pas laisser ces personnes en grande précarité, l'objectif du gouvernement, c'est d'accompagner, vous savez que…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous nous dites, ce matin, Olivier KLEIN, qu'ils peuvent rester là pendant encore des semaines, des mois, enfin, il n’y a rien de prévu à court terme, là ?

OLIVIER KLEIN
Eh bien, il faut leur trouver un point de chute, et un point de chute de qualité humaine, et donc, on ne peut pas faire n'importe quoi dans ce genre de situation, et en tout cas, je vous assure qu'on est dans une évaluation précise aussi de cette situation.

APOLLINE DE MALHERBE
Olivier KLEIN, une question très concrète pour nombre de personnes qui nous écoutent et qui ont une chaudière au gaz, ils ont entendu dans le plan climat qu'il faudrait mettre fin à ces chaudières au gaz, la confédération des artisans du bâtiment dit qu'Elisabeth BORNE leur a donné la date de 2026, 2026 pour changer les chaudières et pour cesser de vendre des chaudières au gaz, est-ce que vous confirmez cette deadline de 2026 ?

OLIVIER KLEIN
J’étais avec la CAPEB hier, les artisans, l'objectif, c'est de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, et de moitié, en 2030, mais, non, on ne peut pas, on le sait, 2026, c'est un objectif inatteignable, donc on diminue les chaudières au fuel, et drastiquement, parce que ça émet beaucoup de gaz à effet de serre, sur les chaudières au gaz, on regarde pour ralentir l'installation, d'abord, de nouvelles chaudières, parce que, oui, aujourd'hui, à la fois pour des questions de prix, et à la fois pour des questions d’émission de gaz à effet de serre, il faut sortir des gaz fossiles, mais bien évidemment, à l'impossible nul n'est tenu, 2026 me paraît être une date d'objectif, mais une date qui soit tenable.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc une date tenable, d'abord pour empêcher l'achat de nouvelles et l’installation de nouvelles installations au gaz…

OLIVIER KLEIN
Absolument, de nouvelles installations, ce qui est une chose, mais la sortie en est une autre…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais en revanche, pour ce qui est de remplacer les chaudières existantes par des pompes à chaleur, vous dites qu’il y aura un peu plus de temps, et qu'il y aura un accompagnement, j'imagine ?

OLIVIER KLEIN
Il y aura un accompagnement, c’est MaPrimeRenov’, et tout ne passe pas par les pompes à chaleur, il y a des réseaux de chauffage urbain dans nos villes, il y a plein de dispositifs qui n'utilisent pas de gaz à effet de serre, bien évidemment.

APOLLINE DE MALHERBE
Olivier KLEIN, on vous attend sur le plan logement, il va finir par arriver ce plan logement ?

OLIVIER KLEIN
Oui, le Conseil national de la refondation logement se réunit le 5 juin, il fera un certain nombre de…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça faisait déjà un petit bout de temps qu’on vous attendait sur le plan logement…

OLIVIER KLEIN
Vous savez, hier, j’étais avec Christophe ROBERT et Véronique BEDAGUE, Christophe ROBERT disait : moi, je n'ai jamais connu une telle émulation sur la question du logement, c'est plus de 200 personnes qui ont travaillé sur la question du logement…

APOLLINE DE MALHERBE
Non, mais maintenant, il faut qu’il y ait des résultats…

OLIVIER KLEIN
Oui, mais vous savez, les problématiques du logement, ça ne se règle pas d'un claquement de doigts, personne ne peut y penser, c'est des sujets qui ont été…

APOLLINE DE MALHERBE
On sera vigilant, on vous attend…

OLIVIER KLEIN
Et, moi, je suis très actif.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci Olivier KLEIN en tout cas d’être venu répondre à mes questions ce matin, vous, qui êtes ministre délégué à la Ville et au logement.

OLIVIER KLEIN
Merci à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 26 mai 2023