Texte intégral
MAÏWENN BORDRON
Bonjour Olivier DUSSOPT.
OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.
MAÏWENN BORDRON
Alors, au programme de votre déplacement cet après-midi à Laval, l'emploi et la formation, mais avant d'aborder ce sujet une question sur les relations entre la Première ministre et Emmanuel MACRON, est-ce que ses jours à Matignon sont comptés après ses propos dimanche sur le Rassemblement national héritier de Pétain ?
OLIVIER DUSSOPT
Les relations entre la Première ministre et le président de la République sont de très bonnes relations, ils l'ont dit tous les deux hier, mais en réalité c'était inutile même de le dire, ils travaillent étroitement, et comme ministre du Travail je suis un témoin privilégié de cette bonne ambiance.
MAÏWENN BORDRON
Emmanuel MACRON l'a quand même recadrée en conseil des ministres.
OLIVIER DUSSOPT
Je crois que ceux qui sont au conseil des ministres, et j'en suis, savent ce qui a été dit en conseil des ministres et ne donnent pas autant d'importance que vous semblez le faire, les relations sont très bonnes et le gouvernement est au travail autour de la Première ministre.
MAÏWENN BORDRON
C'est dans ce contexte en tout cas que la réforme des retraites fait son retour à l'Assemblée nationale, hier une proposition de loi du groupe indépendant LIOT a été examinée en commission, son article clé qui visait à abroger la retraite à 64 ans a été supprimée, pourquoi ne pas laisser les députés en débattre dans l'hémicycle ?
OLIVIER DUSSOPT
Mais le débat a eu lieu, le débat a eu lieu en commission, et toutes les lois sont examinées d'abord en commission, avant d'être examinées dans l'hémicycle, et en commission, par 38 voix contre 34, l'amendement qui, l'article qui visait à revenir sur la récente réforme des retraités, a été supprimé. La loi viendra dans l'hémicycle le 8 juin, dans la forme qui a été adoptée en commission, c'est la procédure…
MAÏWENN BORDRON
Donc vous laisserez les députés voter ce texte le 8 juin, parce qu'il y avait aussi peut-être éventuellement des possibilités qu'il ne soit pas voté ?
OLIVIER DUSSOPT
Si vous me laissez terminer ma phrase, c'est la procédure. La procédure a toujours été celle-ci, c'est un examen en commission et le texte qui vient ensuite en séance à l'Assemblée nationale est le texte adopté par la commission. Hier les députés de la NUPES, de la France insoumise, qui soutenaient la proposition de Monsieur de COURSON, ont été battus, et lorsqu'ils sont battus ils considèrent que le résultat ne compte pas, c'est ça la difficulté, donc ils ont été battus et la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a dit qu'elle ne souhaitait pas qu'on revienne sur la réforme des retraites telle qu'elle a été votée il y a quelques semaines.
MAÏWENN BORDRON
Est-ce que les députés pourront voter ce texte sans cet article clé le 8 juin, comme c'était prévu ?
OLIVIER DUSSOPT
C'est le débat qui le fera le 8 juin, la proposition de loi est inscrite à l'ordre du jour du 8 juin dans la forme adoptée par la commission, c'est-à-dire sans la suppression de la réforme.
MAÏWENN BORDRON
Olivier DUSSOPT, vous êtes ministre du Travail, vous allez être accueilli par une manifestation à Laval contre cette réforme des retraites, elle n'est pas encore acceptée par une partie des Français, comment renouer le dialogue par exemple avec les syndicats pour parler emploi, c'est l'objet de votre déplacement aujourd'hui ?
OLIVIER DUSSOPT
Le dialogue est renoué, avec la Première ministre nous avons reçu les organisations syndicales il y a maintenant 10 jours, nous avons reçu les organisations patronales. Le droit de manifestation est sacré dans notre pays, il est garanti, qu'il y ait quelques dizaines de personnes qui lors de déplacements veuillent manifester, c'est leur droit le plus strict et nous veillons à ce qu'il soit assuré, et les forces de l'ordre organisent les choses pour que la manifestation se déroule dans les meilleures conditions. La réforme des retraites a été adoptée par le Parlement il y a maintenant plusieurs semaines, elle a été validée par le Conseil constitutionnel, et nous travaillons à sa mise en œuvre pour qu'au 1er septembre les choses se passent le mieux possible. Nous n'ignorons pas que cette réforme est difficile, bien évidemment, et nous savons que bon nombre de nos concitoyens sont opposés au relèvement de l'âge car chacun préférerait choisir librement l'âge de son départ à la retraite, mais même lorsque vous êtes opposé à une réforme, il est important que sa mise en œuvre se passe dans de bonnes conditions, parce que si vous ajoutez une forme d'opposition à de mauvaises conditions de mise en œuvre vous accentuez la colère et vous accentuez la difficulté, donc nous travaillons pour que les choses se passent le mieux possible. Dans les prochains jours les décrets d'application seront publiés pour les premières mesures et tout sera mis en œuvre pour le 1er septembre. Le directeur général de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse sur l'antenne de France Info, autre chaîne de votre groupe, indiquait hier combien les choses se préparaient de manière correcte, de manière avérée, et avec des moyens supplémentaires.
MAÏWENN BORDRON
Mais, Olivier DUSSOPT, vous reconnaissez que la façon dont elle a été adoptée, notamment avec l'usage du 49.3, reste encore en travers de la gorge des organisations syndicales, vous avez besoin du dialogue, notamment pour faire adopter des mesures sur l'emploi seniors, comment vous allez pouvoir discuter dans ce contexte ?
OLIVIER DUSSOPT
Mais je vous l'ai dit, le dialogue a été renoué et l'ensemble des organisations syndicales nous ont dit souhaiter discuter de l'emploi des seniors, d'autres sujets aussi bien évidemment, et d'ici la fin du mois de juin, avec le président de la République et le Première ministre, nous espérons, et nous travaillons en ce sens, pour qu'un agenda de discussions, un agenda partagé de discussions, soit élaborés de manière à ce que l'État, donc le gouvernement, les partenaires sociaux, organisations syndicales et patronales, puissent, d'ici la fin de l'année 2023, aborder un certain nombre de sujets, l'emploi des seniors en fait partie, la question des parcours professionnels en fait partie aussi, et il y a beaucoup d'autres aspects qui peuvent être abordés. Je prends un seul exemple. Les partenaires sociaux ont conclu un accord, pendant le débat sur les retraites, personne ne l'a vu, personne ne l'a souligné, mais pendant le débat sur les retraites il y a des discussions qui ont continué sur le partage de la valeur, et parmi ces discussions il y a, parmi les conclusions de ces discussions, il y a une volonté de revoir ce qu'on appelle les classifications, c'est-à-dire la manière dont les métiers, dans les conventions collectives, sont classifiés, et avec des niveaux de rémunération qui sont mis en face. Ces négociations, branche professionnelle par branche professionnelle, auront lieu d'ici la fin de l'année, et nous allons évidemment les accompagner.
MAÏWENN BORDRON
Olivier DUSSOPT, l'objectif aujourd'hui de votre venue à Laval c'est d'évoquer le plein emploi, or de nombreux secteurs ont du mal à recruter, c'est le cas notamment en Mayenne, qu'est-ce que vous allez mettre en place, peut-être en termes de formation, pour y arriver ?
OLIVIER DUSSOPT
C'est tout le paradoxe de notre situation, nous avons un chômage qui baisse, nous sommes passés de 9,5 à 7,1 % de chômeurs, nous avons créé 1,7 million emplois depuis 2017, et dans le même temps nous gardons un taux de chômage assez élevé par rapport à la moyenne européenne, puisque souvent les pays qui nous entourent sont autour de 3 ou 4 %. Notre objectif est de faire en sorte que, un, le chômage puisse continuer à baisser, et deux, que les entreprises qui recrutent aient moins de difficultés. Nous allons mettre en œuvre une réforme, que nous présenterons cet après-midi avec la Première ministre, France travail, qui vise à, non pas à fusionner Pôle emploi avec d'autres organismes, nous n'allons pas fusionner Pôle emploi et les missions locales, ou nous n'allons pas fusionner Pôle emploi et les structures d'aide au travail des personnes handicapées par exemple, mais à mieux coordonner les choses, à mieux les mettre en place, à mieux partager les informations, à partager aussi ces politiques d'emploi avec les collectivités locales, les intercommunalités, les communes, les départements, les régions, pour apporter des réponses à des questions comme la garde d'enfants, comme la mobilité, comme le logement, qui sont souvent des freins pour le retour à l'emploi de personnes qui aujourd'hui sont en recherche. Et puis nous allons renforcer un certain nombre de choses en matière de formation, parce que parfois les difficultés de recrutement s'expliquent aussi par le fait que ceux qui cherchent un emploi n'ont pas nécessairement les qualifications attendues par les entreprises, bassin d'emploi par bassin d'emploi, et un nouvel accompagnement aussi des allocataires du RSA pour qu'ils aient des activités d'insertion, de formation, très adaptées, très personnalisées, parce qu'il faut tenir compte des contraintes de chacun, pour leur permettre de retourner plus facilement vers l'emploi, c'est un immense défi et nous allons le mener avec le département de la Mayenne, avec la région, puisque cet après-midi des protocoles d'accord, d'expérimentation, seront conclus avec la présidente de la région et le président du département.
MAÏWENN BORDRON
Merci Olivier DUSSOPT, ministre du Travail, d'avoir été notre invité ce matin sur France Bleu Mayenne, vous êtes donc attendu à Laval en début d'après-midi.
OLIVIER DUSSOPT
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 juin 2023