Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Christophe BÉCHU…
CHRISTOPHE BÉCHU
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans "La Matinale CNews". On va parler de tout ce qui concerne notre pays. Vous allez nous révéler dans un instant la carte exclusive de l'état des nappes phréatiques, on va parler de la sécheresse. Mais paradoxalement, il y a aussi de grosses intempéries en ce moment dans le Sud, dans le Sud-ouest du pays, avec des orages, des pluies diluviennes, que les sols extrêmement secs n'arrivent pas à absorber. Qu'est-ce qui se passe, il y a certaines communes qui demandent des arrêtés de catastrophes naturelles, on est sur un effet du dérèglement climatique, selon vous ?
CHRISTOPHE BÉCHU
On est effectivement sur le dérèglement climatique. Le dérèglement climatique, il ne conduit pas à ce qu'il y ait moins d'eau qui tombe, il conduit à ce que cette eau, elle tombe parfois de manière beaucoup plus brutale, beaucoup plus concentrée, et qu'une grande part de cette eau qui tombe, elle est absorbée à cause de l'augmentation des températures, ou par la végétation ou par l'évapotranspiration. Et ce dérèglement, eh bien, il a donc ces doubles conséquences négatives, moins d'eau disponible pour les activités humaines, et de l'autre côté, des catastrophes qui sont provoquées par ces ruissellements, par ces orages extrêmement violents. Et donc c'est la raison pour laquelle il faut sur l'eau, à la fois, désimperméabiliser, faire en sorte d'arrêter l'étalement urbain, permettre la recharge des nappes phréatiques, et dans le même temps, économiser l'eau pour éviter les situations très compliquées qu'on a connues et qu'on connaîtra encore si on ne fait rien.
LAURENCE FERRARI
L'étalement urbain, vous venez de citer ce mot, c'est extrêmement important, c'est éviter, arrêter désormais l'expansion des villes et la bétonisation des sols, c'est ça ?
CHRISTOPHE BÉCHU
C'est exactement ça, on a en 50 ans, dans ce pays, plus artificialisé, bétonné qu'en 500 ans, et ce n'est pas parce qu'on a plus progressé en population en un demi-siècle, c'est parce que nos modes de vie, le fait d'aller faire des zones commerciales de périphérie, le fait de faire des zones pavillonnaires parfois très étendues en surface, ont grignoté des espaces forestiers, des espaces agricoles, on parle de deux millions d'hectares au cours de ces quatre dernières décennies, et typiquement, il faut à la fois qu'on puisse permettre de continuer à construire…
LAURENCE FERRARI
Oui, parce qu'on ne va pas empêcher les gens de construire des maisons ou des pavillons ou des immeubles…
CHRISTOPHE BÉCHU
Et qu'on a besoin de faire revenir des industries, parce que, malheureusement, aujourd'hui, on est sur un système très hypocrite, où on importe des biens qui sont produits au bout du monde, dans des usines qui fonctionnent de façon beaucoup moins écologique que chez nous…
LAURENCE FERRARI
Donc on va rebétonner…
CHRISTOPHE BÉCHU
Avec un bilan carbone qui est catastrophique. On a la chance, si j'ose dire, d'avoir près de 170.000 hectares de friches dans ce pays, des espaces qui sont déjà bétonnés, qui sont déjà connectés au réseau, et donc il faut qu'on trouve un équilibre entre continuer à construire et artificialiser, mais nettement moins que ce qu'on fait jusqu'à maintenant, et surtout, donner la priorité au fait de réinvestir ces friches.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot, avant de parler de la sécheresse, sur ces statistiques qui ont émergé hier au niveau européen, les catastrophes météo, les événements climatiques extrêmes auraient fait 195.000 morts en Europe depuis 1980, et ce sont les canicules qui font 81 % des mort. Est-ce que vous validez ces chiffres, est-ce qu'ils sont sérieux, et qu'est-ce qu'ils recouvrent comme réalité ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Alors, je n'ai pas l'habitude d'aller contester des chiffres, ces chiffres, ils agglomèrent effectivement un certain nombre de choses, et ils permettent de mesurer que le dérèglement climatique, il a des conséquences qui ne sont pas des conséquences virtuelles, les canicules tuent, et on voit bien que… je pense que beaucoup de Français se souviennent qu'en 2003, il y avait eu près de 15.000 morts compte tenu des vagues de chaleur auxquelles la France n'était pas préparée. Depuis, on a, à la fois, mis en place des dispositifs sanitaires, pour repérer les personnes fragiles et vulnérables, pour mettre en place des pièces fraîches dans les EHPAD, et il y a quelques jours, j'ai eu l'occasion de présenter le premier plan national de gestion des vagues de chaleur, pour qu'on aille plus loin, d'abord, parce qu'il y a des trous dans la raquette, nous n'avons que 5 % des personnes âgées ou très âgées qui sont repérées aujourd'hui dans ces registres communaux. Donc on va utiliser des facteurs, pour faire de l'expérimentation pour essayer d'augmenter le nombre d'inscrits, on va utiliser les jeunes qui sont en service national universel, mais on va aussi se préoccuper des plus fragiles de l'autre côté, les crèches, les enfants, comment on fait pour qu'il y ait des…
LAURENCE FERRARI
Les écoles…
CHRISTOPHE BÉCHU
Exactement, des pièces fraîches dans les écoles, comment est-ce qu'on préserve mieux…
LAURENCE FERRARI
C'est loin d'être le cas, vous le savez, Monsieur le Ministre, il y a nombre d'écoles où c'est absolument invivable.
CHRISTOPHE BÉCHU
Je vous confirme que ça n'est pas le cas, et c'est la raison pour laquelle le plan qui a été annoncé la semaine dernière va systématiser des pièces fraîches dans tous ces lieux, va poser des règles pour les examens en cas de températures élevées, se préoccupe de la situation de ceux qui travaillent sur les chantiers en extérieur, on va recenser les fontaines pour qu'elles soient disponibles et les points d'eau pour que les gens… bref, tout un ensemble de mesures qui nous permettra de ne pas être seulement dans une phase où on se demande quoi faire quand on est en face de la vague de chaleur, mais comment, au contraire, ont réagi d'une manière homogène, juste un chiffre, à la fin des années 80, au début de cette étude, on avait en moyenne 2 jours de canicule par an en France, sur les 10 dernières années, c'est une moyenne, et l'année dernière, c'est un record absolu, avec plus de 30 jours où les températures ont dépassé les 25 degrés sans redescendre en dessous de cette moyenne pendant…
LAURENCE FERRARI
On va reparler de cette hausse des températures que vous nous décrivez. Mais d'abord, la sécheresse, vous nous avez amené en exclusivité cette carte, la situation des nappes phréatiques au 1er juin, on va la découvrir avec nos téléspectateurs, donc ce qui est bleu, on est d'accord, c'est là où il n'y a pas de problème, où le niveau des nappes phréatiques est très bon, ce qui est rouge évidemment, et on voit bien où ça se situe, notamment dans le Sud, là, la situation est catastrophique ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Tous les milieux de mois, on indique effectivement le niveau, et donc, vous êtes les premiers à découvrir cette carte qui va être publiée et commentée dans la journée par le BRGM…
LAURENCE FERRARI
Qui est l'organisme qui surveille les nappes…
CHRISTOPHE BÉCHU
Exactement, qui participe à ce suivi des nappes. On a les deux tiers du pays dans lesquels les nappes phréatiques sont en dessous des moyennes de saison, ça, c'est le chiffre, 66 %…
LAURENCE FERRARI
C'est énorme, c'est énorme, on est d'accord ?…
CHRISTOPHE BÉCHU
C'est énorme. C'est énorme, mais c'est malheureusement un chiffre qui est en ligne avec ce qu'on a connu ces derniers mois, on a eu une sécheresse terrible l'été dernier, donc on a fini l'été avec un niveau hyper bas, on n'a pas eu beaucoup de pluies pendant l'automne, on a même eu une sécheresse hivernale, et même s'il a plu, au cours de ces derniers mois, dans pas mal d'endroits, les pluies qui arrivent en mai, en juin, elles ne sont pas aussi efficaces, parce qu'elles sont absorbées par les sols davantage, elles n'alimentent moins les nappes phréatiques. Mais, on a une situation qui est contrastée, quand on compare par rapport à l'année dernière, ce qui frappe, c'est qu'on a une situation qui est meilleure en Bretagne, et dans le Grand-Ouest, mais qui est pire dans la vallée du Rhône et sur le pourtour méditerranéen. Si je devais résumer, on a globalement une situation qui appelle à la vigilance, et qui fait qu'on se prépare à nouveau à des épisodes de sécheresse, avec des contrastes beaucoup plus marqués qu'il y a quelques mois, une situation qui s'est améliorée dans l'Ouest et qui s'est dégradée dans le Sud, et donc avec des inquiétudes très vives dans la vallée du Rhône et sur le pourtour méditerranéen.
LAURENCE FERRARI
Notamment pour cet été. Combien de départements seront en restriction d'eau ou sont en restriction d'eau ?
CHRISTOPHE BÉCHU
A la minute où on se parle, on a une quinzaine de départements dans lesquels il y a des arrêtés de crise, pas beaucoup sur la totalité du département, mais une quinzaine dans lesquels il y a des zones, dans lesquelles tous les usages, sauf l'eau potable, sont restreints, la situation la pire que nous connaissons, ce sont les Pyrénées-Orientales, où il n'a quasiment pas plu depuis un an, même si depuis quelques semaines, depuis les arrêtés de crise qui ont été pris par le préfet…
LAURENCE FERRARI
Hier, il a plu énormément, il y a eu des inondations…
CHRISTOPHE BÉCHU
Oui, qui, conjuguées à quelques pluies qu'on a connues ces derniers jours et au mois de mai, ont permis d'améliorer légèrement la situation dans une partie du département, de même que les économies faites par les agriculteurs, dans le cadre de ces fameux arrêtés anticrises, c'est 15 millions de mètres cubes qui ont été économisés globalement grâce aux arrêtés préfectoraux qui ont été pris par le préfet FURCY sur place, et ça montre que ça fonctionne et que ça nous permet d'éviter le pire, et de préserver de l'eau pour l'eau potable.
LAURENCE FERRARI
Bien sûr. Pour revenir à cette carte, parce qu'elle est extrêmement importante, et vous nous la révélez ce matin sur CNews, est-ce qu'il va falloir aller plus loin dans les mesures de restriction d'eau, est-ce que vous envisagez clairement d'empêcher les particuliers de remplir les piscines, d'arroser les jardins, est-ce qu'il y a des mesures qui vont être mises en place cet été ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Il faut comprendre une chose, Madame FERRARI, il y a 1.200 situations d'eau différentes selon l'endroit où vous vous trouvez, vous êtes sur des nappes phréatiques qui ne sont pas les mêmes, vous êtes sur des situations de cours d'eau qui ne sont pas les mêmes, vous êtes sur des situations de pression et de tension qui ne sont pas les mêmes. La consigne du ministre que je suis, c'est de dire aux préfets, en fonction de la situation locale, n'ayez pas la main qui tremble et prenez toutes les décisions nécessaires pour préserver les usages fondamentaux. Mais ça n'aurait pas de sens dans un secteur où je n'ai pas de difficulté d'eau d'aller mettre en place des restrictions…
LAURENCE FERRARI
C'est ça, en Bretagne par exemple…
CHRISTOPHE BÉCHU
Donc, la réponse, c'est : toutes les restrictions nécessaires en fonction des situations locales.
LAURENCE FERRARI
Donc jusqu'à l'interdiction d'arroser ou de remplir des réservoirs d'eau…
CHRISTOPHE BÉCHU
Jusqu'à l'interdiction de toute faire pour préserver uniquement l'eau potable, comme quand on est dans une situation de crise, c'est la situation des Pyrénées-Orientales.
LAURENCE FERRARI
Emmanuel MACRON a présenté, fin mars, son plan eau, avec des mesures qui visent à faire 10 % d'économie d'eau d'ici 2030, comment on fait concrètement ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Alors, effectivement, le président de la République a présenté à Savines-le-Lac le plan en 50 mesures, et la première, c'est : comment on organise une forme de sobriété, parce que pour tout dire, on a vécu un peu comme des enfants gâtés en étant persuadé qu'on ne manquerait jamais d'eau dans ce pays, la vérité, c'est qu'on a moins d'eau disponible, et donc il faut qu'on s'habitue à lutter contre le gaspillage. La sobriété, elle va donc consister à ce que dans les six grands bassins qui composent la France, tous les acteurs puissent nous expliquer comment on arrive à économiser 4 milliards de mètres cubes d'ici 2030. Et la particularité de ce plan, ce n'est pas de dire : on va économiser 10 %, c'est de fixer à la fin de l'année des plans par bassin, pour expliquer comment on y parvient, je vais vous donner deux exemples, en matière d'agriculture, il n'y a pas d'agriculture sans eau, mais nous n'avons que 8 % des terres qui sont irriguées en goutte-à-goutte, et on sait que le goutte-à-goutte, il permet d'aller diminuer le besoin d'eau que vous avez, donc multiplier des solutions de ce type, c'est certainement…
LAURENCE FERRARI
Multiplier le goutte-à-goutte ?
CHRISTOPHE BÉCHU
C'est certainement une façon de diminuer une part de la pression en eau sur les usages industriels, on a parfois des modes de consommation par les industriels qui pourraient être optimisés, avec des circuits fermés, avec une attention faite pour aller réduire les volumes ou les besoins ; il y a plein de solutions techniques qui existent, il faut qu'on les mette en œuvre, et puis, pour les particuliers, réutiliser les eaux usées, faire en sorte d'utiliser les eaux grises, quand on pense qu'on a de l'eau potable dans le fond de nos toilettes, alors qu'il y a de l'eau de pluie ou l'eau des machines qui pourrait être utilisée, on se dit qu'on s'est habitué à une forme de luxe et d'abondance qui n'est plus de saison.
LAURENCE FERRARI
Il y a aussi un réseau d'eau qui est victime d'un taux de fuites de 20 %, un réseau d'eau vieillissant. Ça aussi, c'est 180 millions d'euros par an qui seront investis pour colmater ces fuites.
CHRISTOPHE BÉCHU
Un litre d'eau potable sur cinq est perdu par les fuites. Et ce taux, malheureusement, il dépasse les 50 % de fuites dans plusieurs centaines de communes, et donc cette année, nous commençons par les communes qui sont à plus de 50 % de taux de fuites, on en a identifié près de 200 qui vont être les bénéficiaires de ces 180 millions d'euros. Mais on va poursuivre, là aussi, il y a des efforts de travaux, il y a des efforts de lutte contre le gaspillage, et qui nécessitent aussi parfois que les communes se regroupent pour mieux gérer l'eau.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Hier, vous avez condamné les agressions verbales contre Sandrine ROUSSEAU et Marine TONDELIER, elles ont été prises à partie par des vignerons dans l'Aude, elles voulaient accéder un domaine viticole, pour une rencontre avec des militants locaux, vous condamnez les propos qui ont été tenus contre elles, mais est-ce que vous comprenez la colère des vignerons ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Je condamne tous les dérapages, et en particulier, tous les dérapages verbaux, traiter une femme de grosse salope, il n'y a aucune justification pour le faire…
LAURENCE FERRARI
Va faire la soupe !
CHRISTOPHE BÉCHU
Et au-delà, en plus de ce complément, il y a une violence dans les propos, mais j'ai condamné avec la même fermeté ceux qui signent dans des manifestations sur les retraites le fait d'aller pendre le ministre du Travail ou d'aller immoler le président de la République, et j'aimerais que nous n'ayons pas d'indignation sélective en République, parce que, quand vous commencez à laisser passer des insultes verbales, après, vous êtes nettement moins crédible pour aller condamner la violence, en particulier vis-à-vis des maires, qui a beaucoup émue les Français au cours de ces dernières semaines et ces derniers mois, et il n'y a pas, d'un côté, les violences acceptables et celles qui ne le sont pas. Et de ce point de vue, malheureusement, il y a certaines mouvances dites écologistes qui installent à la fois un climat de violence, et qui font reculer la cause qu'elles prétendent défendre…
LAURENCE FERRARI
Vous pensez à qui ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Je pense évidemment à ce qui s'est passé dimanche en région nantaise…
LAURENCE FERRARI
Soulèvements de la terre…
CHRISTOPHE BÉCHU
Quand vous avez les Soulèvements de la Terre qui vont piétiner des serres expérimentale, qui permettent à 200 maraîchers de se demander comment on diminue les besoins en eau, et donc comment on fait face aux dérèglements climatiques, mais enfin, le degré de débilité qui conduit globalement à ce qu'une foule pense que c'est en piétinant le travail de gens qui se lèvent tôt, qui s'efforcent de trouver des solutions, qu'on va y arriver, c'est le meilleur moyen de rester dans une forme d'hypocrisie qui consiste à importer des produits agricoles qui viennent de l'extérieur, parce qu'on place une partie de nos agriculteurs devant une équation impossible ; les agriculteurs, ils ne sont pas le problème, ils doivent être une partie de la solution pour qu'on soit en capacité de conduire une transition écologique qui arrête de reposer sur un modèle hypocrite d'importation.
LAURENCE FERRARI
Faut-il arrêter ces activistes, Gérald DARMANIN avait demandé, avait dit avoir engagé la dissolution des Soulèvements de la terre, le décret gouvernemental n'a pas été signé, d'après nos informations, c'est Élisabeth BORNE qui bloque, qui dit : je ne veux pas qu'on aille empêcher ces activistes d'agir, en fait, il y a un pilote dans l'avion ou pas ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Il y a évidemment un pilote dans l'avion, je ne suis pas le ministre de l'Intérieur, encore moins la Première ministre, la seule chose que je peux dire, c'est que, un événement comme celui de dimanche, qui a provoqué, y compris la consternation de membres du GIEC, qui l'ont condamné, d'écologistes qui l'ont dénoncé, je pense que ça illustre le fait qu'il ne suffit pas de prétendre défendre une cause pour le faire de manière sérieuse, et que, même derrière des principes, des valeurs qui sont censés être portés en étendard, il y a des comportements qui sont inacceptables, qui doivent être condamnés, et qui, effectivement, pourraient conduire à des interdictions.
LAURENCE FERRARI
Donc vous demandez la dissolution des Soulèvements de la terre, soyons très clairs ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Je ne suis pas le ministre de l'Intérieur…
LAURENCE FERRARI
Non, mais vous venez de les condamner…
CHRISTOPHE BÉCHU
Mais très clairement, ce qui s‘est passé dimanche est inacceptable, ne peut pas rester impuni, et on ne peut pas accepter en République d'avoir des gens qui décident ce qui est bon, ce qui ne l'est pas, qui font des intrusions dans les usines, qui font des intrusions dans les serres, qui s'en prennent à la propriété d'autrui, c'est le début du délitement de la République, ça n'est pas acceptable.
LAURENCE FERRARI
Un dernier mot, puisque vous êtes ministre de la Transition écologique, sur le financement de la transition vers une économie décarbonée, des investissements massifs seront nécessaires, un rapport de l'économiste Jean PISANI-FERRY propose un impôt exceptionnel sur les patrimoines aisés, vous y réfléchissez, vous avez dit, ce n'est pas tabou, non, mais concrètement, c'est dans les tuyaux ?
CHRISTOPHE BÉCHU
Ce rapport, il fait 160 pages, tout le monde s'est précipité sur la partie de : est-ce qu'il faut que les plus riches contribuent davantage. Ce que j'ai dit, c'est que, on ne ferait pas l'économie d'une réflexion sur la façon dont on va financer cette transition écologique, mais ce que j'ai dit aussi, c'est qu'à chaque fois qu'on prend l'écologie et qu'on en profite pour faire du greenwashing, de la lutte des classes, et donc pour justifier, au nom de l'écologie, d'interdire ou de taxer, c'est à l'écologie qu'on fait mal, parce que l'écologie, si c'est l'apanage de la gauche et d'une gauche qui regarde vers l'extrême gauche, on ne sauvera pas la planète, l'écologie, pour que ça fonctionne…
LAURENCE FERRARI
Donc pas d'écologie punitive…
CHRISTOPHE BÉCHU
C'est avec tout le monde, l'écologie punitive, c'est le contraire de l'écologie, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des décisions qui nécessitent d'aller prendre parfois des mesures fortes ou des contraintes : interdire les terrasses chauffées, ce n'est pas bouleverser la vie des gens, et faire en sorte de faire reculer les libertés, qu'on explique qu'il est préférable d'aller prendre le train plutôt que l'avion et qu'on prenne des mesures pour aller avec, pareil, qu'on interdise, qu'on limite de manière extrêmement forte les possibilités d'aller implanter des nouvelles zones commerciales en périphérie, quand on sait aujourd'hui ce que ça provoque en termes d'étalement urbain, et donc de bouchage des nappes, là aussi, ce sont des mesures vers lesquelles il faut aller, quand on interdit, à partir de 2035, la vente de moteurs thermiques, c'est radical, il faut voir les conséquences que ça a, ce que ça entraîne. Mais il ne faut pas confondre le courage de la nuance qui est nécessaire pour qu'on puisse avancer ensemble, et dans le même temps, une forme de facilité démagogique, qui consisterait à dire qu'il suffit de s'en prendre aux jets privés et aux golfs pour que tout soit réglé.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup, Christophe BÉCHU, d'être venu ce matin nous parler notamment de l'état des nappes phréatiques dans notre pays.
CHRISTOPHE BÉCHU
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 juin 2023