Texte intégral
Je voulais vous remercier de votre présence, Monsieur le Ministre, mais aussi celles et ceux qui sont avec nous pour notre rapide point de presse. Je voudrais leur dire que je suis très heureuse de vous recevoir à nouveau à Paris, à nouveau, car vous étiez venu il y a quelques semaines ; et en particulier de vous recevoir à Paris, à quelques jours de la fin de la présidence suédoise du Conseil de l'Union européenne. Une présidence qui a été marquée par de beaux succès, et qui va se conclure à quelques jours - deux semaines, même pas - du sommet de l'Alliance atlantique, à Vilnius.
Je voudrais tout d'abord commencer par saluer les résultats remarquables, pour l'avenir de l'Union européenne, de la présidence suédoise qui va s'achever dans quelques jours. Car, cher Tobias, votre pays a su, avec l'efficacité qui caractérise généralement la Suède, préserver l'unité des Européens et accroître encore le soutien de l'Union européenne à l'Ukraine dans l'exercice de son droit à la légitime défense. Mais votre pays a su aussi aller jusqu'au bout de son programme de travail, et même de notre programme de travail conjoint, et même de celui des trois présidences. Je voudrais citer quelques-uns des thèmes sur lesquels nous avons pu collectivement avancer grâce à vous : la compétitivité, la résilience de nos économies, avec une réponse européenne forte pour que nous réinvestissions dans nos industries ; avec la mise en œuvre de la transition verte et des avancées importantes qui ont été faites sur la question de l'énergie, ou encore, autre sujet que je veux citer, tant il est important, avec la réforme du cadre européen d'asile et de migration, et des progrès décisifs, faits la semaine dernière, que nous attendions depuis quelques années, puisque cela fait quelques années que le texte est en discussion ; et nous avons pu avancer bien et de façon réellement importante. L'Europe sort donc, ou sortira donc, je parle au futur, de votre présidence, renforcée, et pour cela, je vous remercie, vous-même, vos équipes et au-delà de vos équipes l'ensemble de celles et ceux qui au sein du gouvernement suédois ont pu travailler à ces beaux résultats. Donc recevez tout d'abord les très chaleureux remerciements de la France, un peu par anticipation, je sais, parce que la présidence n'est pas achevée, nous ne sommes pas encore à la fin du mois de juin, mais votre visite est l'occasion pour moi de transmettre publiquement ce message d'appréciation, de félicitations et de remerciements.
Nos discussions aujourd'hui ont aussi porté, et je dirais même, surtout porté sur un autre sujet qui est toujours en chantier, celui-ci, qui est celui de l'adhésion de la Suède à l'OTAN. Cela fait bientôt un an que les alliés étaient réunis au sommet de Madrid. Ils se réuniront les 11 et 12 juillet prochains à Vilnius. Et un an après l'annonce de la candidature de la Suède et de la Finlande. Et l'accord de tous les alliés à Madrid à la candidature de la Suède et de la Finlande. Nous avons pu aujourd'hui accueillir la Finlande, mais pas encore la Suède. Ceci, malgré les efforts considérables faits par le gouvernement suédois pour répondre aux demandes de la Turquie, en particulier, dans le cadre du trilogue que vous avez avec la Finlande et la Turquie. Je voudrais dire qu'il est temps, me semble-t-il, que le processus aille à son terme maintenant, et dans les meilleurs délais, que l'adhésion de la Suède puisse être ratifiée par l'ensemble des États membres de l'Alliance atlantique, qui ne l'ont pas encore fait, il en manque deux, la Hongrie et la Turquie. Et donc, je le redis, je le dis souvent : la France souhaite que la Suède soit présente au Sommet de Vilnius, très bientôt, comme membre à part entière de l'Alliance atlantique. Je crois que nous en avons collectivement besoin, revenons aux fondamentaux et aux raisons de cette adhésion : le Président de la République l'avait dit, d'ailleurs, je le redis, comme je le dis souvent : cette adhésion renforcera la sécurité et la stabilité non seulement de la région Baltique, mais de l'Europe dans son ensemble, mais aussi de l'espace euro-atlantique, et donc de l'Alliance atlantique toute entière. C'est vraiment l'intérêt de tous que nous allions maintenant de l'avant. À l'inverse, retarder cette adhésion, alors même que la Finlande a pu devenir membre, le 4 avril dernier, ce dont on se réjouit tous, retarder cette adhésion créerait une difficulté, dont nous ne comprendrions pas la raison. La sécurité de l'Alliance commande que maintenant on ne tarde plus et qu'on aille de l'avant. En particulier, dans le contexte que nous connaissons de la guerre que fait la Russie à l'Ukraine. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre plus. Je veux rappeler que la France avait dès le mois de mai 2022 indiqué que tout État qui chercherait à tester la solidarité européenne, à travers une menace ou une agression contre la souveraineté de la Suède, par quelque moyen que ce soit, devrait avoir la certitude que la France se tiendrait aux côtés de la Suède. Je le redis.
Nous avons eu un troisième thème, lors de notre entretien, qui est notre partenariat bilatéral. Il est fort, il est confiant, il est de qualité, comme le sont nos relations, cher Tobias. Mais je crois que ce partenariat bilatéral, là aussi, est dans l'intérêt de tous. Il vient prolonger l'effort d'unité des Européens, prolonger l'effort commun que nous faisons pour notre investissement dans la sécurité, à travers l'Alliance atlantique et par d'autres canaux européens et bilatéraux. Les travaux, à cet effet, ont été lancés, conformément aux décisions du Premier ministre suédois et du Président de la République, lors de leur rencontre en janvier dernier. Nous avons évoqué ensemble l'avancée des discussions. J'ai vu avec beaucoup de plaisir, comme vous, que tout se présente bien, et que nos deux pays devraient pouvoir dégager assez vite, et de façon visible et publique, de nouvelles convergences : par exemple dans le domaine du transport durable, de l'énergie nucléaire et renouvelable, dans le secteur des forêts, celui des matières premières, ou plus généralement dans le domaine de l'innovation, puisque nous placerons largement ces avancées sous l'ombrelle de l'innovation. Notre objectif, maintenant, est de finaliser ce chantier qui est très bien avancé ; nous avons pu faire le point sur chacun de ces sujets, et d'installer le partenariat stratégique franco-suédois comme une réalité visible et durable dans nos relations, mais aussi dans le cadre de l'Union européenne et dans celui de l'Alliance atlantique que j'évoquais.
Voilà, en quelques mots, les grands trois chapitres de notre entretien. Je me félicite à nouveau, de vous avoir à mes côtés, aujourd'hui, comme toujours, cher Tobias, et ce que je n'ai pas dit, mais que j'ajoute pour conclure, c'est que nous avons eu tous beaucoup de plaisir à pouvoir travailler dans une atmosphère particulière, plus personnelle, plus propice aux échanges et aux réflexions, comme le Gymnich que vous avez magnifiquement organisé à Stockholm, il y a quelques semaines. De cela aussi, merci.
(...)
Q - J'ai une question pour Mme la ministre. Que pensez-vous du fait que la Turquie, jusqu'à présent, n'a pas voulu approuver la candidature de la Suède à l'OTAN ?
R - Merci, Madame, je l'ai dit tout à l'heure, je pense que désormais il faut avancer, parce que c'est l'intérêt de tous, y compris de la Turquie, qui est membre de l'Alliance atlantique. Et donc, nous comptons sur elle, maintenant que les élections sont passées, pour ratifier rapidement l'adhésion de la Suède, dont je répète que nous souhaitons qu'elle soit avec nous à Vilnius, comme membre plein et entier, et pas seulement comme invitée.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 juin 2023