Texte intégral
Mme Agnès Pannier-Runacher : "L'objectif de ce Conseil, c'est d'obtenir une orientation générale sur la réforme de l'organisation du marché de l'électricité. C'est important parce que, la crise de l'hiver dernier l'a montré, on a un marché qui fonctionne très bien pour permettre d'approvisionner 450 millions d'Européens à tout moment avec des mécanismes de court terme. Ça, c'est un atout par rapport à la Chine et aux États-Unis qui n'arrivent pas à avoir ce même type de mécanisme qui permette d'assurer une résilience d'un marché de l'électricité à tout moment pour 450 millions de citoyens. En revanche, sur le moyen terme, nous n'avons pas suffisamment de mécanismes de long terme pour permettre de financer, de donner de la visibilité à la fois aux producteurs d'énergie européens qui doivent faire des investissements dans les énergies décarbonées, pour produire plus d'énergie décarbonée compétitive sur le territoire européen ; et à la fois pour les entreprises industrielles qui doivent, pour leur part, décarboner leur processus de production et qui ont besoin aussi de la visibilité sur le prix et que ce prix soit réellement assis sur les coûts de production et pas sur des mouvements de marché, des primes de risque ou le coût des fossiles au niveau mondial qui s'envole pour des raisons diverses. C'est pour cela que cette réforme est très importante. Elle est très importante aussi pour protéger les consommateurs et faire en sorte qu'ils payent la réalité du prix du mix électrique européen. Donc nous soutiendrons tout le travail qu'ont porté la Commission européenne et la présidence suédoise pour permettre d'arriver à cette orientation générale aujourd'hui. Elle est importante pour les industriels. Elle est importante aussi à court terme pour envoyer un signal par rapport aux mécanismes qui sont actuellement mis en place aux États-Unis, je pense à l'Inflation Reduction Act. Nous devons montrer, en Européens, que nous avons des réponses sur le sujet de notre compétitivité en matière énergétique.
Q - On Friday, there was a compromise on renewables. How happy is France now with the compromise that was achieved ?
Mme Agnès Pannier-Runacher : We are quite happy with this compromise. As you know, France has a very ambitious position when it comes to renewables, but we wanted also that non fossil solutions were acknowledged, which is the case in the in the text that was closed by end of March. We were also focused on some specific issues regarding ammonia. It takes a longer time to address this issue regarding ammonia production sites. Why ? Because we have some investments in Europe to decarbonize these ammonia sites and that was not covered by the text. Ammonia is very key for fertilisers if we want to maintain the necessary resilience when it comes to food security in the context of the Ukrainian war. That's why we were very focused to ensure that those sites that were investing a lot to decarbonise could have some long-term legal framework that would encourage them to carry on decarbonizing their sites and production.
Q - What about coal being subsidize by EU funds for 2028 ? There is some surprise with some member states. How do you see that proposal for the energy market reform ?
Mme Agnès Pannier-Runacher : This is a very specific issue because on the capacity system. We believe that we need also to take into account what is the reality of each country to ensure their capacity to provide energy to their people and to their industries. We are now in a system in which for instance coal represents only up 0.6% of the electricity mix of France but more than 30% of the electricity mix of Germany. This is the starting point. So, we will have an ambitious approach when it comes to climate objectives but we will take a very pragmatic approach to take into account the reality of each country.
Q - Qu'est-ce qui pourrait faire qu'aujourd'hui, on n'arrive pas à un accord ? Qu'est-ce qui pourrait faire que la France aujourd'hui refuse le texte qui est mis sur la table ? Par exemple, je pense à ce qui s'écrit sur les CFD par exemple ?
Mme Agnès Pannier-Runacher : Je crois que l'enjeu aujourd'hui, c'est que l'Europe soit consciente que nous devons donner un cadre de marché de long terme et réellement porter cette ambition. Je pense notamment sur les CFD et qu'il faut couvrir tout ce qui est prolongation des centrales nucléaires. Je rappelle qu'elles représentent 25 % de la production électrique en Europe, que c'est une production qui est bas carbone et que si nous ne sommes pas capables de trouver un mécanisme qui permette de prolonger les centrales, nous allons nous mettre dans des difficultés importantes, à la fois en matière de sécurité d'approvisionnement, mais également de capacité à tenir nos objectifs climatiques. Donc c'est avec cette vision, là encore, qui part des faits scientifiques et pas du dogmatisme qu'on peut entendre ici et là. Notre ambition, c'est d'être à la neutralité carbone en 2050. Nous sommes en train de développer massivement les renouvelables, nous sommes d'ailleurs devant l'Allemagne en matière de développement des renouvelables et nous développons aussi et nous soutenons le nucléaire parce que nous savons que l'électricité nucléaire française, c'est ce qui permettra de sécuriser l'approvisionnement de nos voisins dans les années qui viennent.
Q - Également sur les CFD, un autre point dur, c'est la réallocation des recettes tirées de CFD. Quelles sont les réserves de la France par rapport aux discussions qui sont sur la table à ce niveau-là ?
Mme Agnès Pannier-Runacher : Vous savez que nous nous avons une approche qui est de préserver la concurrence loyale dans ce type de mécanisme et que nous prenons une redistribution qui soit équitable entre tous les consommateurs. J'entends certains pays qui voudraient concentrer cette redistribution sur un certain type de consommateurs, ça voudrait donc dire créer des distorsions de marché, je trouve ça plutôt étonnant de la part de pays qui prônent une vision libérale du marché.
Q - Il y a aussi l'idée de les réinvestir dans le secteur ?
Mme Agnès Pannier-Runacher : L'idée, pour nous, c'est que lorsque vous facilitez cette redistribution de manière linéaire, vous allez donner des signaux de marché qui vont être favorables à la décarbonation, décarbonation des industries puisque vous les poussez à réduire leur utilisation et leurs émissions de carbone et des signaux aussi aux consommateurs en matière de sobriété et d'efficacité énergétique. Donc c'est exactement ce que nous voulons. Il faut que notre marché, que les signaux de marché soient alignés avec nos objectifs qui est de consommer moins d'énergie et de développer plus de capacités de production bas carbone".
Source https://ue.delegfrance.org, le 21 juin 2023