Texte intégral
MARC FAUVELLE
37 blessés dont 4 ce matin entre la vie et la mort, c'est le dernier bilan de l'effondrement de cet immeuble hier, rue Saint-Jacques à Paris, dans le 5ème arrondissement de la capitale. La justice a ouvert une enquête pour blessures involontaires et mise en danger de la vie d'autrui. Bonjour Olivier KLEIN.
OLIVIER KLEIN
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Quelle est la réaction du ministre du Logement à ce qui s'est passé ?
OLIVIER KLEIN
Écoutez, je me suis rendu sur place hier soir, à la demande du président de la République et de la Première ministre avec Gérald DARMANIN, c‘est d'abord une réaction de solidarité, solidarité envers les victimes, envers cette rue qui est extrêmement choquée. Les dégâts sont très impressionnants, et puis, nous nous sommes rendus aussi sur place pour apporter tout notre soutien aux forces de secours, les pompiers, les policiers, même les militaires, puisque ça s'est passé tout à côté du Val-de-Grâce, et les militaires se sont rendus disponibles immédiatement, notamment, les services de santé du Val-de-Grâce, pour aller porter assistance aux secours. Donc voilà l'état d'esprit. Et puis, bien évidemment, il y a des logements concernés, et donc je me suis mis aux côtés de la Ville de Paris, la maire du 5ème arrondissement et la Ville de Paris, pour aider éventuellement au relogement.
MARC FAUVELLE
Que sait-on, que savez-vous ce matin des causes possibles de l'explosion ?
OLIVIER KLEIN
Écoutez, vraiment, à ce stade, ce matin, il faut laisser faire l'enquête, attendre, la police judiciaire – vous l'avez dit – a été saisie par le procureur de Paris, et l'enquête commence à peine. Il faut vraiment laisser le temps à l'enquête…
MARC FAUVELLE
Les riverains disent qu'ils ont senti, et des témoignages assez nombreux, une odeur de gaz juste avant l'explosion, ça, vous ne pouvez pas le confirmer ?
OLIVIER KLEIN
À ce stade, non, je ne peux pas le confirmer, vraiment, il faut laisser faire l'enquête pour comprendre ce qui a pu se passer. On voit les résultats d'une explosion extrêmement violente, un bâtiment ancien qui est pulvérisé, on peut le dire, je crois que ce mot convient, les immeubles aux alentours ont toutes les vitres brisées. Donc il y a une enquête, elle est nécessaire pour comprendre ce qui a pu se passer.
MARC FAUVELLE
Si cette piste devait se confirmer, Olivier KLEIN, elle en rappellerait d'autres, elle rappellerait d'autres drames récents liés au gaz, l'explosion de la rue Trévise à Paris, en 2019, celle de la rue Tivoli à Marseille, tout récemment. Que peut-on faire dans ces cas-là ?
OLIVIER KLEIN
D'abord, vous le savez, d'abord, je veux vraiment dire que l'enquête doit se poursuivre. Le gaz a un parfum qui n'est pas naturel, qui permet de repérer les risques de fuite, donc dès qu'on a un doute, il faut appeler les services de secours…
MARC FAUVELLE
Ma question était plutôt en amont, comment sécuriser les gens, les habitations…
OLIVIER KLEIN
Oui, bien sûr, j'ai bien compris. Mais en amont, il y a une responsabilité du réseau, et ce réseau doit être entretenu, mais aujourd'hui, ne tirons pas des plans sur la comète, il est impossible de savoir les raisons de la rue de Tivoli à Marseille et celles de la rue de Trévise, les enquêtes sont encore en cours, ne sont probablement pas les mêmes. Donc il faut rester extrêmement prudent, rester proche des victimes aujourd'hui, il y a 4 personnes entre la vie et la mort, il y a des victimes extrêmement brûlées gravement, et donc laissons faire l'enquête, ne tirons pas de plan sur une mauvaise comète.
MARC FAUVELLE
Il y a les blessés et il y a également tous les riverains qui sont sous le choc, qui ont dû quitter leur logement à toute vitesse hier, ou tout simplement qui ont eu peur. Comment les aider à traverser cette épreuve ?
OLIVIER KLEIN
Alors, moi, je me suis rendu à la mairie du 5ème où était installée la cellule de crise, donc les riverains pouvaient se présenter, il y avait des services d'aide aux victimes, il y avait déjà des psychologues qui étaient sur place pour accueillir les victimes, les gens qui sont traumatisés…
MARC FAUVELLE
Ça a longtemps été un angle mort, après ce genre de catastrophe, on ne s'occupait pas assez de l'aspect émotionnel et de ses séquelles…
OLIVIER KLEIN
Absolument, absolument, mais on en parlait hier soir et avec Gérald DARMANIN et la Maire de Paris, il y a maintenant des cellules qui se mettent en place très rapidement, la protection civile était présente, la Croix-Rouge était présente, les associations d'aide aux victimes étaient présentes à la mairie du 5ème ; on y était extrêmement attentif pour que chacun puisse s'exprimer, dire ce qu'il avait ressenti, et puis, regarder aussi les choses très terre-à-terre, je dirais, retrouver ses papiers, il y avait des gens qui passaient le bac ce matin, d'autres qui passaient des concours, qui avaient besoin de récupérer des papiers, donc c'est pour ça qu'il faut être présent, et une présence humaine très importante dès les premières minutes, suite à un drame…
MARC FAUVELLE
Et qui s'inscrit dans la durée, les sinistrés de la rue de Trévise à Paris avaient dit : on a été… on nous a laissés tomber au bout de quelques jours, alors que les séquelles durent pendant des années et des années…
OLIVIER KLEIN
Non, non, bien sûr, c'est pour ça que…
MARC FAUVELLE
Parce qu'on a peur quand on rentre chez soi…
OLIVIER KLEIN
C'est pour ça que le travail dans l'immédiateté doit se faire, mais doit se faire dans la continuité, c'est ma responsabilité d'y veiller, je n'ai pas de doute, j'ai encore échangé avec la maire du 5ème hier soir très tard, et on continuera à être présent aux côtés de la Mairie de Paris et de la mairie du 5ème arrondissement.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'on est sûr et certain ce matin qu'aucun des immeubles à proximité ne risque de s'effondrer ?
OLIVIER KLEIN
Alors du côté de l'explosion, il doit y avoir des études, comme toujours, après ce type d'explosion, il y a un premier immeuble administratif qui juxtapose le bâtiment qui a explosé, donc celui-là, il doit vraiment être étudié de très près par les services, mais ce n'est pas un immeuble d'habitation. Et puis, les immeubles d'habitation sociaux de la RIVP et de Paris Habitat doivent être expertisés…
MARC FAUVELLE
C'est-à-dire, on vient vérifier la solidité de chaque mur, de chaque plafond, on recense les fissures éventuelles…
OLIVIER KLEIN
Voilà, c'est-à-dire, il y a des études de structure, un architecte passe, regarde, il y a des études de structure, on ne peut pas mettre des gens en danger. Et puis, de l'autre côté, il y a tout le travail des assurances, parce que beaucoup de vitres sont explosées, et donc le travail des assurances doit commencer, les gens reviendront chez eux et feront leur déclaration. Mais là encore, on restera à leurs côtés si c'est nécessaire.
MARC FAUVELLE
Mais on sait combien de temps ça prendra pour que les gens puissent revenir chez eux ?
OLIVIER KLEIN
Alors de l'autre côté de la rue, il y a eu des feux qui ont pris à cause des projections, donc il y a des appartements qui sont plus abîmés que d'autres, donc il y aura des réalités différentes en fonction des cas, mais là encore, je fais confiance à la Ville de Paris pour être attentive et aux côtés. Et puis, pour ma part, je resterai attentif et disponible pour aider au relogement et accompagner les victimes.
MARC FAUVELLE
Un autre sujet, si vous voulez bien, Olivier KLEIN, on parlait du gaz il y a quelques instants, dans le cadre des mesures pour le climat, le gouvernement envisage d'interdire l'installation de nouvelles chaudières à gaz. Que dites-vous aux 11 millions de foyers qui en ont une à la maison ?
OLIVIER KLEIN
Alors, je veux bien distinguer les deux sujets, si vous le permettez, l'objectif qui est le nôtre, c'est sortir des gaz à effet de serre, l'objectif, c'est de diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre pour 2030. Néanmoins, ça ne peut se faire que de manière mesurée, c'est pour ça que nous avons lancé une concertation avec Agnès PANNIER-RUNACHER, Christophe BÉCHU, avec les acteurs, les entreprises, la CAPEB par exemple, pour voir ce qui est possible de faire. Il y a deux 2 sujets, le gaz déjà existant et le gaz qu'on installe. Le premier objectif, c'est sortir des chaudières au fioul, ça, c'est notre premier objectif, il est majeur, parce que c'est mauvais pour la planète, et puis, ça coûte beaucoup d'argent à nos concitoyens, donc ça, c'est le premier objectif. Ensuite, il y a le sujet de la pose de nouvelles chaudières, et évidemment, dans notre objectif de sortir des gaz à effet de serre, ce n'est pas la priorité de poser donc des aides à la pose à ce type de chaudière, et puis, il y a l'ancien…
MARC FAUVELLE
Ça, ça pourrait être 2026 l'interdiction de la pose de nouvelles chaudières, c'est ça le calendrier ?
OLIVIER KLEIN
C'est l'objet de cette concertation, donc il y a la pose de nouvelles chaudières, sur laquelle il y a un objectif le plus rapide possible, et puis, il y a l'ancien, dans lequel, il va falloir trouver des solutions de sortie.
MARC FAUVELLE
Mais si on arrête les chaudières au fioul et au gaz, est-ce qu'on est sûr qu'il y aura assez d'électricité l'hiver ?
OLIVIER KLEIN
Mais c'est pour ça que tout ça doit se faire en concertation et de manière intelligente, oui, l'objectif, c'est de produire de l'électricité, de l'électricité décarbonée, et ça, en France, on sait le faire grâce à l'énergie nucléaire et hydroélectrique notamment, et puis, avec toutes les nouvelles énergies renouvelables, l'éolien et le photovoltaïque, bien évidemment.
MARC FAUVELLE
Olivier KLEIN, ministre de la Ville et du Logement, grand témoin de France Info, merci et bonne journée à vous.
OLIVIER KLEIN
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 juin 2023