Texte intégral
Madame la présidente,
Monsieur le directeur général,
Madame la directrice,
Mesdames et messieurs,
Je partage évidemment le bonheur, la fierté qui ont été exprimés par tous mes prédécesseurs à cette tribune d’inaugurer avec vous cette nouvelle ligne d’assemblage A321 dans la ville de l’aéronautique, la ville rose, madame la présidente, dans ce hall Jean-Luc Lagardère.
C’est le privilège de l’âge, j’ai bien connu Jean-Luc Lagardère. Il avait une qualité qu'Airbus partage et incarne à la perfection. C'était un Gascon, c'était un homme qui avait le sens du panache. Eh bien, vous tous et vous toutes ici, en réalisant cet A321, en engageant cette nouvelle aventure industrielle, vous montrez le sens du panache d’Airbus. J'ai adoré l'A380. Je sens que j'adorerai encore plus l’A321.
Je voudrais avoir des messages d'abord pour toutes celles et tous ceux qui sont présents ici dans cette salle. D'abord un message pour les salariés d'Airbus pour vous dire la fierté qui doit être la vôtre, mais aussi le boulot qui vous attend pour tenir la cadence infernale que va vous imposer votre directeur général, Guillaume Faury, qui vend ses avions comme des petits pains !
Je voudrais avoir un message pour celle qui va diriger ce hall d'assemblage, Marion Smeyers, et vous dire à quel point ça me fait plaisir que ce soit notamment vous, une femme, qui soit à la tête de cette cathédrale industrielle, on peut vous applaudir.
J’ai aussi un message amical pour le directeur général d'Airbus, Guillaume Faury. Pourtant, je pourrais lui en vouloir parce qu’il nous a engagés avec le ministre de l'Industrie et avec le ministre des Transports dans des négociations au couteau pour nous arracher des centaines de millions d'euros de soutien. C'est un négociateur difficile, c'est un négociateur hors pair. C'est peut-être pour cela que c’est un très bon industriel, un très grand directeur général d'Airbus qui a obtenu pour cette compagnie des résultats exceptionnels qui méritent d'être salués.
Deux fois plus de commandes cette année pour Airbus que pour Boeing, ça mérite un tonnerre d'applaudissements pour la compagnie. Un peu de fierté nationale, un peu de fierté européenne, on ne va pas bouder notre plaisir. Et je pense que tout cela crédibilise un objectif que j'ai eu l'occasion de fixer ce week-end à Aix aux Rencontres économiques.
La France peut et la France doit être la première économie verte en Europe en 2050. Il faut que nous nous fixions tous économiquement, industriellement, des objectifs ambitieux. Et dans le fond, la recette est simple. La recette, elle est ici. La recette, elle est dans ce hall d'assemblage. La recette, elle est chez Airbus. Il faut suivre le modèle Airbus : former, produire, innover. Former parce que chacun sait que c'est aujourd'hui le défi numéro 1. Toutes les entreprises, notamment industrielles, ont du mal à recruter. Il faut former plus, qualifier plus pour recruter davantage. Produire, parce que le volume est la clé du succès et que tous nos concurrents, américains ou asiatiques, ont une stratégie de saturation du marché. En se disant, on sature le marché, on réduit nos marges et une fois qu'on possède le marché, il n'y a plus de concurrents. Eh bien, faisons la même chose : produisons davantage pour saturer le marché et être meilleur que nos concurrents.
Enfin, innover sans cesse parce que c'est l'innovation qui fait la rentabilité. Et c'est évidemment l'innovation qui permet de décarboner notre économie et de parvenir à cette industrie verte qui est, avec le président de la République, notre objectif.
Industrie verte, première économie verte en Europe d'ici 2050, ça suppose d'abord de commencer par le commencement et de réindustrialiser. Nous avons fait de la réindustrialisation de la France une grande cause nationale. Et ici, madame la présidente, vous savez à quel point la désindustrialisation a pu causer des ravages. Nous sommes la seule nation occidentale, je dis bien la seule, qui a accepté en 40 ans de voir diviser par deux la part de son industrie dans sa richesse nationale, de 20 à 10%. C'est le plus grand scandale économique et politique que notre pays ait conclu.
La France s’est trahie elle-même, la France a trahi son esprit de progrès, la France a trahi son intelligence, elle a trahi ses ouvriers et ses ingénieurs, elle a trahi sa culture ouvrière, elle a trahi sa culture manufacturière. Et c'est contre tout cela que nous nous sommes insurgés avec le président de la République, avec les ministres, avec cette majorité, avec les industriels, avec un objectif : réindustrialiser à marche forcée la nation française. Les résultats sont là. Nous avons baissé les impôts de production, nous avons formé, nous avons qualifié, nous avons fait de l'apprentissage la voie d'excellence pour l'accès à l'emploi, nous avons aujourd'hui 300 usines qui ont été ouvertes, près de 100 000 emplois industriels qui ont été créés, une production industrielle qui a continué de progresser au mois dernier, et de nouvelles filières comme celle des batteries électriques, qui est aujourd'hui l'un des plus grands projets industriels depuis le projet Airbus.
Quel est l'objectif de long terme ? C'est que la France ne soit pas simplement une nation de redistribution, mais une nation de production. Le progrès, le pouvoir d'achat, la prospérité de vous-même et de vos enfants ne se fera pas par toujours plus de redistribution, elle se fera par toujours plus de production. Elle ne se fera pas par toujours plus d'aides sociales qu'il faut bien payer à un moment et pour lesquelles il faut bien de la richesse au départ. Elle se fera par toujours plus de production industrielle, toujours plus d'emplois qualifiés, toujours plus d'emplois industriels, dont je rappelle que ce sont les mieux payés de notre nation. La réindustrialisation, voilà l'objectif stratégique.
Ensuite, quand on applique ça concrètement, là aussi, faisons preuve de simplicité. J'entends ceux qui me disent l'avion, c'est fini. Dans ce cas-là, l'industrie, c’est fini aussi parce que l'industrie aéronautique est la première industrie de France et que cette industrie aéronautique, contrairement à ce que j'entends dire trop souvent, est en forte progression de 3% par an. L'industrie aéronautique croît et donc Airbus doit croître, donc nous devons continuer à soutenir l‘industrie aéronautique, qui représente 250 000 emplois directs, 25 000 embauches et qui est le premier contributeur à notre balance commerciale. Nous sommes, avec l'industrie aéronautique, en soutien total de cette industrie et de ces salariés.
Observons ce qui se passe ailleurs, toujours utile quand on discute avec des représentants chinois, quand on discute avec des Indiens, nous étions avec Guillaume Faury, il y a quelques mois. Tous vous disent que leur marché intérieur est en forte progression, alors nous serions les seuls à décroître quand les autres s'engageraient dans une croissance accélérée. La décroissance chez nous et la croissance chez les autres, c’est un aller sans retour pour le déclassement de la France. Jamais nous n’emprunterons cette voie. Nous croyons en la croissance, nous croyons en la croissance verte, nous croyons à la croissance de la filière industrielle, nous croyons à l'avenir de l'aviation et à l'avenir des avions. Ils sont une source de richesse et ils sont, comme l'a très bien dit Clément Beaune, une source de rêves pour l'ensemble de nos compatriotes : industrie, industrie aéronautique verte. C’est évidemment la condition de l'acceptabilité du développement du succès de cette filière. L'industrie du XXI? siècle doit être une industrie décarbonée et nous devons continuer à progresser, comme le fait Guillaume Faury, et l'ensemble de ses équipes dans cette voie-là.
D'abord en pratiquant la sobriété, parce qu'il y a des alternatives à l'avion. Croyez-moi, le marché est suffisamment vaste pour qu'on puisse aussi utiliser le train. Je sais toute l’énergie qu’a mise la présidente de la Région, Carole Delga, à développer une ligne à grande vitesse à destination de Toulouse. Je sais à quel point Clément Beaune réclame des soutiens financiers à la réalisation de cette ligne à grande vitesse. Le nécessaire sera fait. Il y aura bien une ligne à grande vitesse à destination de Toulouse.
Il faut des avions frugaux avec l’A321 qui consomme 20% de carburant en moins et qui réduit d'autant ses émissions par rapport aux modèles de la génération précédente. Il faut des avions ultra-frugaux, comme a présenté Guillaume Faury, avec des avions électriques, des avions hybrides, des avions hydrogènes pour les courtes distances. Et je peux vous dire que Guillaume Faury est un des grands inventeurs de l’avion hydrogène. J'ai compris qu'il n'y avait pas de doute à avoir, que nous pouvions être la première nation et le premier continent à développer un avion à hydrogène au monde. Fixons-nous cet objectif que la France soit la première nation à développer un avion à hydrogène au monde !
Et enfin de carburant durable. Je ne reviens pas sur ce qu'a parfaitement dit Carole Delga, il faut que nous développions maintenant des filières de carburant durable, avec l'objectif de voir les gigas factories dans ce domaine. Alors pour réussir, il faut des industriels de votre talent, il faut des grands chefs d'entreprises du calibre de Guillaume Faury. Il faut des ingénieurs et des salariés de votre qualité. Il faut des compagnons, il faut des ouvriers, des ouvriers qualifiés. Ce n'est pas mauvais non plus d'avoir le soutien de l'Etat. Et l’Etat, Roland Lescure se bat matin, midi et soir pour défendre les filières industrielles. Il a une vocation à soutenir les grandes filières industrielles. Il a une vocation de stratège et il doit jouer parfaitement son rôle.
L'idée, il y a quelques années, comme quoi l'État devait sortir complètement des réflexions économiques, complètement des stratégies économiques est une idée qui s'est fracassée sur la réalité économique contemporaine, sur la crise du Covid et sur la manière dont Chine et États-Unis utilisent l'Etat pour renforcer leur économie.
Donc, je le dis sans aucune ambiguïté, l'État sera à vos côtés pour accompagner vos ambitions. Il a apporté 2,3 milliards d'euros de soutien entre 2020 et 2024 à la filière aéronautique. Il apportera 300 millions d'euros par an dans le cadre du CORAC jusqu'en 2027 pour financer la recherche et le développement aéronautique. Dans une période de redressement de nos comptes publics où chaque euro d'argent public compte. Croyez-moi, c'est un effort considérable qui marque l'engagement total du président de la République et de cette majorité en faveur de l'aéronautique.
La seule chose que je vous demande, Guillaume Faury le sait, mais c'est un point extrêmement important. Airbus est une multinationale puissante qui réussit, qui engrange les succès. Tant mieux. Derrière, vous le savez tous et tous les élus locaux qui sont présents le savent mieux que personne, il y a une filière, il y a des PME, il y a des ETI, il y a parfois des très petites entreprises. Leur vie dépend de vous. Je vous demande d'accorder une attention toute particulière à tout le tissu industriel de sous-traitants présents en Occitanie et partout ailleurs en France. Soyez solidaires. Votre succès, qui fait notre fierté à tous, ne sera que plus éclatant et que plus respectable.
Longue vie à l'A321. Longue vie à Airbus. Bravo à tous les salariés qui sont présents et partageons tous ensemble cette fierté nationale inaugurée.
Je vous remercie.
Source https://www.economie.gouv.fr, le 12 juillet 2023