Texte intégral
NEÏLA LATROUS
Bonjour François BRAUN.
FRANÇOIS BRAUN
Bonjour.
NEÏLA LATROUS
Encore ministre de la Santé et de la Prévention, je ne me trompe pas ?
FRANÇOIS BRAUN
Plus que jamais.
NEÏLA LATROUS
On va parler du remaniement dans quelques instants, mais aussi évidemment de la sécurité dans les hôpitaux, et vous allez nous révéler les résultats d’un audit, que vous aviez commandé le mois dernier après le meurtre d’une infirmière à Reims il y a deux mois, on va parler aussi du prix des médicaments, est-ce que ça coûtera plus cher, est-ce que certains médicaments seront déremboursés, mais d’abord, donc, ministre de la Santé, c’est toujours le cas me dites-vous, est-ce que vous le serez encore dans quelques heures ?
FRANÇOIS BRAUN
Ecoutez, en tout cas je suis au travail, je suis à ma tâche comme on dit…
NEÏLA LATROUS
Et vous êtes là ce matin.
FRANÇOIS BRAUN
Et je suis là avec vous ce matin puisque la période est compliquée pour nos concitoyens, nous sommes en alerte canicule orange dans le Sud de la France, il y a des difficultés à l’hôpital, que l’on connaît, donc il est tout à fait normal que je sois aux côtés des Français pendant cette période.
NEÏLA LATROUS
Et pour ne rien cacher à nos auditeurs et à nos téléspectateurs on s’est posé la question de, est-ce que vous alliez être là ce matin, est-ce qu’il faut l’interpréter comme un signe d’une discussion que vous auriez eue avec le Président, avec la Première ministre ?
FRANÇOIS BRAUN
Il faut l’interpréter comme le signe que je suis au travail dans une période qui nécessite que je sois auprès des Français.
NEÏLA LATROUS
Vous n’avez aucun signe, à ce stade, de la Première ministre ou du président de la République ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, rien de particulier. Je travaille, vous savez j’ai beaucoup de dossiers sur mon bureau et je continue à les traiter.
NEÏLA LATROUS
François BRAUN je rappelle votre profession, vous êtes médecin urgentiste, à l’origine, donc vous avez été confronté à un certain nombre de cas extrêmes, est-ce que ça aide à traverser une période d’incertitude, comme celle actuellement, qui s’impose à l’ensemble des membres du Gouvernement ?
FRANÇOIS BRAUN
Ça aide surtout dans les difficultés de notre système de santé actuellement, que ce soit à l’hôpital comme en ville, quand je vois l’inquiétude de nos compatriotes, pour avoir un médecin, pour avoir une consultation, pour être sûr d’être pris en charge à l’hôpital, eh bien face à toutes ces difficultés ça permet de sérier les choses et de trier un petit peu les choses.
NEÏLA LATROUS
On va y revenir longuement au secteur de la santé, mais vous personnellement comment est-ce que vous vivez cette période d’incertitude et ce procès aussi qui est fait aux ministres de la société civile, on dit qu’ils ne sont pas assez politiques, qu’ils sont pris dans le tourbillon de leur administration, est-ce que vous êtes serein ?
FRANÇOIS BRAUN
Vous savez, quand on travaille dans un service d’urgences, ce que j’ai fait pendant près de 40 ans, on est tout à sa tâche, il n’y a pas de perturbations extérieures, en dehors du travail, qui nous préoccupent…
NEÏLA LATROUS
Vous êtes zen ?
FRANÇOIS BRAUN
Je suis comme j’ai toujours été, je ne sais pas si c’est zen, mais en tout cas entièrement concentré sur ma tâche.
NEÏLA LATROUS
Votre, justement travail de ministre, n’est pas entravé du tout par cette incertitude, par es non-dits, par ces tractations de coulisses ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, vous savez c’est très clair, il y a cette problématique, on l’a dit, de canicule actuellement, qui nécessite que je sois tout à fait concentré, nos difficultés autour de l’hôpital, avec une réorganisation, qui a démarré, de notre système hospitalier, le travail sur la médecine libérale et comment on l’organise mieux à l’échelle des territoires, voyez que les sujets ne manquent pas et je n’ai pas de temps pour autre chose.
NEÏLA LATROUS
Eh bien j’en viens au sujet justement, de votre travail de ministre. Le 24 mai dernier, ici même, deux jours après le meurtre d’une infirmière au CHU de Reims, vous nous aviez annoncé, François BRAUN, un vaste audit de tous les hôpitaux pour détecter ce qui ne fonctionne pas en matière de sécurité, est-ce que vous avez des conclusions, est-ce que vous avez des résultats, qu’est-ce que vous en retirez ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors je n’ai pas encore toutes les conclusions, vous imaginez ce travail important, près de 700 établissements ont répondu, donc il y en a encore d’autres pour lesquels il faut…
NEÏLA LATROUS
C’est un peu plus d’une moitié ?
FRANÇOIS BRAUN
C’est un peu plus de la moitié, il faut encore analyser d’autres résultats, mais en tout cas cet audit « flash » venait en complément du travail qui a été mené par Agnès FIRMIN-LE BODO sur globalement la sécurité des soignants…
NEÏLA LATROUS
Et alors les résultats ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors il y a des résultats mais je, quelque part je m’y attendais…
NEÏLA LATROUS
Partiels.
FRANÇOIS BRAUN
Partiels, auxquels je m’attendais, sur le quotidien, moi c’est ça qui pour moi était important, par exemple est-ce que l’accès dans des hôpitaux ou des services est sécurisé par des badges.
NEÏLA LATROUS
Est-ce que c’est le cas ?
FRANÇOIS BRAUN
C’est le cas, mais que dans six établissements sur dix qui ont répondu à l’enquête.
NEÏLA LATROUS
C’est-à-dire 40 % des établissements n’ont aucun système de sécurité par badge, on y entre comme dans un moulin ?
FRANÇOIS BRAUN
N’ont pas d’accès par badge dans les services, donc ça c’est quelque chose bien sûr qui interpelle…
NEÏLA LATROUS
Donc tout le monde peut entrer ?
FRANÇOIS BRAUN
Tout le monde peut rentrer ; alors, tout le monde, il y a des gens qui surveillent quand même les entrées, mais en tout cas il n’y a pas assez de sécurisation par badge. Voyez, c’est quelque chose d’assez simple, mais c’est quelque chose qu’il faut mettre en place partout. De la même façon, les téléphones d’alerte pour travailleurs isolés, c’est comme ça que cela s’appelle, eh bien il n’y a que six établissements sur dix qui en ont suffisamment.
NEÏLA LATROUS
C’est quoi, c’est des bips pour appeler, dans sa poche…
FRANÇOIS BRAUN
C’est un petit bip sur le téléphone, ou un petit système…
NEÏLA LATROUS
Comment ça fonctionne ?
FRANÇOIS BRAUN
On tire sur une cordelette et ça permet d'alerter, soit ses confrères qui sont autour, soit le service de sécurité de l'établissement, donc ce sont des petites choses…
NEÏLA LATROUS
Pourquoi ce n’est pas généralisé, parce qu’il y a de l’argent, il y a 25 millions d’euros annuels de budget pour assurer la sécurisation des établissements de santé ?
FRANÇOIS BRAUN
Oui, c’est bien toute la question, et c'est pour ça que j'ai demandé cet audit, pour voir où il y avait encore des difficultés, alors que parallèlement il y a des choses qui se déplacent, qui sont plutôt bonnes dans ce système, sur la prise en charge des soignants, la préparation à gérer les agressivité, tout ça est fait très largement. Autre exemple qui interpelle…
NEÏLA LATROUS
Est-ce que c’est un problème de budget ou est-ce que c'est un problème d'organisation des établissements ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, c’est typiquement un problème d'organisation au niveau d'établissements, de priorisation, je l'ai dit très clairement, je veux prioriser cette sécurité du quotidien pour les soignants.
NEÏLA LATROUS
25 millions donc c'est suffisant, vous nous dites il n’y a pas besoin de plus ?
FRANÇOIS BRAUN
On va déjà les utiliser pour combler toutes ces difficultés et puis on verra après.
NEÏLA LATROUS
La sécurité, François BRAUN, c’est aussi permettre à chacun d'être soigné correctement et d'être accueilli aussi correctement, sinon ça crée des frustrations, des tensions, est-ce que, aujourd'hui, au 20 juillet, vous pouvez nous dire les urgences tiendront jusqu'à la fin de l'été ?
FRANÇOIS BRAUN
Je veux déjà, si vous permettez, reprendre ce que vous avez dit, vous dites ça crée de la frustration.
NEÏLA LATROUS
Du côté des patients et du côté des soignants.
FRANÇOIS BRAUN
Du côté des patients, mais la frustration n'explique pas les violences, je veux bien redire cela parce que souvent on dit c'est normal, les gens attendent, donc ils deviennent violents, non, rien n’excuse les violences…
NEÏLA LATROUS
Ça va de soi, mais ça crée des tensions.
FRANÇOIS BRAUN
Mais rien n’excuse les violences, et je crois qu’il faut le dire, et le zéro tolérance sur les violences aux soignants je veux vraiment réinsister chez vous sur ce point. Maintenant, nous avons une organisation de notre système de santé pour nous permettre de passer cet été, comme l'été dernier, qui avait été compliqué, mais les mesures que j'ai prises l’été dernier nous ont permis de diminuer cette tension sur les services d'urgences, donc nous faisons pareil cet été, avec peut-être un peu plus d'ampleur, et ce principe de base c'est de dire nous devons garder les services d'urgences pour les gens qui en ont vraiment besoin. On sait très bien que quatre patients sur dix qui se présentent dans les services d'urgences pourraient être pris en charge autrement. Moi ma volonté, elle est relayée par les professionnels sur le terrain, c'est de dire la régulation médicale c'est une chose qui est essentielle avant de se rendre…
NEÏLA LATROUS
C’est l’appel au 15 pour réorienter les patients…
FRANÇOIS BRAUN
C’est l’appel au 15.
NEÏLA LATROUS
Soit vers un médecin de ville, soit vers les urgences.
FRANÇOIS BRAUN
Exactement, et ça marche, et ça marche
NEÏLA LATROUS
Vous dites que ça marche, alors justement, vous dites que ça marche, vous dites aucune fermeture sèche des services d’urgences, c’était la promesse que vous aviez faite il y a quelques mois. Je recevais à cette même place mardi Patrick PELLOUX, président de l'Association des médecins urgentistes de France, et voilà ce qu’il me disait.
PATRICK PELLOUX
Ah bah c’est raté, et j’aime beaucoup François BRAUN, mais c’est complètement raté là, c’est raté, ça ferme de tous les côtés et voilà…
NEÏLA LATROUS
Lui il dit que c’est moins important que l’an dernier, qu’il y a moins d’engorgement que l’été dernier.
PATRICK PELLOUX
Non, non, non…
NEÏLA LATROUS
Ça veut dire qu’il est mal informé, c’est les chiffres qui lui remontent des agences régionales de santé.
PATRICK PELLOUX
Bien sûr, de son administration, qui veut bien faire, mais si vous voulez c’est inutile…
NEÏLA LATROUS
Il n’a pas les bons chiffres, il n’a pas les bonnes données ?
PATRICK PELLOUX
Il a les données qu’on lui donne, nous n’avons pas les mêmes, mais c’est depuis toujours ça de toute façon.
NEÏLA LATROUS
Vous n’avez pas les mêmes données, alors qui dit vrai François BRAUN ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, mais j’aime beaucoup Patrick PELLOUX, moi aussi…
NEÏLA LATROUS
Ça lui fera plaisir.
FRANÇOIS BRAUN
Non mais bon, je le connais depuis très longtemps, mais je me déplace, je me déplace beaucoup sur le terrain, j'étais encore en début de semaine, j'y serai, c'est prévu, en fin de semaine, la semaine prochaine, moi je vois qu'on me dit sur le terrain, je ne travaille pas sur les chiffres que me remonte mon administration, ça c'est faux, ce que je dis c'est que…
NEÏLA LATROUS
Lui aussi est sur le terrain !
FRANÇOIS BRAUN
Bien sûr oui ; ce que je dis c'est que l'accès régulé aux services d'urgences peut donner l'impression à nos concitoyens que ces services d’urgences sont fermés, mais ce n'est pas le cas, je crois que nous devons vraiment concentrer nos forces auprès des patients qui en ont le plus besoin.
NEÏLA LATROUS
Vous allez réussir à désengorger tous les services d'urgences d'ici la fin de l'année prochaine comme l'a promis le président de la République, là aussi Patrick PELLOUX en doute ?
FRANÇOIS BRAUN
Oui, c'est un engagement du président de la République et je le tiendrai.
NEÏLA LATROUS
Ce sera fait ?
FRANÇOIS BRAUN
Ce sera fait.
NEÏLA LATROUS
Et comment ?
FRANÇOIS BRAUN
Par la régulation médicale avant d'aller aux urgences, par l'organisation de l'aval des urgences, c'est-à-dire les hospitalisations à partir des urgences…
NEÏLA LATROUS
Sauf qu’il manque quand même encore des médecins, François BRAUN, dans ces services d’urgences.
FRANÇOIS BRAUN
Oui, mais vous savez, si les services d’urgences avaient moins de patients, on le disait, quatre sur dix qui pourraient être pris en charge ailleurs, eh bien nous aurions suffisamment de médecins aux urgences, et organiser les hospitalisations, après les urgences, c'est une instruction que j'ai envoyée aux ARS, transmise aux établissements, au début du mois, en disant je veux qu'il y ait cette organisation à l'échelle des territoires, et que tout le monde y participe, le public, comme le privé.
NEÏLA LATROUS
A date, le 20 juillet, est-ce que vous constatez aux urgences un afflux de patients qui auraient des insolations, de la déshydratation, en fait les conséquences de la canicule de manière générale ? neuf départements sont toujours en vigilance orange.
FRANÇOIS BRAUN
Pas d'alerte particulière, en tout cas, sur un afflux de patients aux urgences lié à la canicule, il y en a, il y en a malheureusement qui viennent pour des effets liés à la chaleur…
NEÏLA LATROUS
Donc c’est quoi, c’est de la déshydratation essentiellement ?
FRANÇOIS BRAUN
De la déshydratation, des problèmes de mal de tête, des signes en fait de cette déshydratation, et là…
NEÏLA LATROUS
Mais pas de surpopulation.
FRANÇOIS BRAUN
Pas de surpopulation aujourd’hui, et là nous avons des conseils qu’il faut donner, qu’il faut répéter, j’ai d’ailleurs mobilisé les médias dans les secteurs où on est en alerte canicule orange, pour passer ces messages de prévention, c’est essentiel. Ce n'est pas une fatalité de souffrir de la chaleur, je pense tout le monde connaît les messages et les bonnes attitudes à avoir…
NEÏLA LATROUS
S’hydrater, éviter de se mettre au soleil pendant les heures… donc en gros entre 12h et 16h, là où le soleil tape le plus fort.
FRANÇOIS BRAUN
Oui, même plus larges, enfin je veux dire, il faut vraiment, quand il fait chaud, eh bien on se met à l’abri de la chaleur, on s’hydrate correctement, on hydrate ceux qui sont autour de nous, parce que quand on est tout petit, ou quand on est plus âgé, on n’a plus ce réflexe de soif, vous savez les Français savent bien que quand ils ont chaud, ils ont soif, ils boivent, et puis ils se mettent à transpirer beaucoup, eh bien cette transpiration elle permet d'évacuer la chaleur du corps, mais quand on est très âgé, ou tout petit, on n’a pas ce réflexe qui nous dit il faut que je boive, donc il faut être à côté de nos plus âgés, il faut être à côté des plus petits, c'est comme ça qu’on prévient correctement les effets de la chaleur.
NEÏLA LATROUS
François BRAUN, votre homologue allemand a une idée : accorder des heures de repos, de sieste au sein des entreprises aux heures les plus chaudes pour réadapter, en fait, les horaires de travail comme dans les pays du Sud. Est-ce que ça vous semble être une bonne idée ? Est-ce que ça peut être une piste pour la France ?
FRANÇOIS BRAUN
Je pense que l’augmentation des températures que l’on constate…
NEÏLA LATROUS
Avec lesquelles il va falloir vivre ?
FRANÇOIS BRAUN
Il va falloir vivre avec, exactement.
NEÏLA LATROUS
Réadapter les horaires de travail ?
FRANÇOIS BRAUN
Vivre avec, regardons ce que font les pays du Sud, y compris en termes de constructions. On voit bien que ce ne sont pas du tout ces grandes baies vitrées qu'on peut utiliser mais plutôt des petites ouvertures. On voit bien qu’il y a un changement de société et que nous devons nous adapter. Globalement, ce n’est pas…
NEÏLA LATROUS
Mais ça ce n'est pas de la santé, mais l’idée de la sieste ?
FRANÇOIS BRAUN
Ce n’est pas qu’un problème de santé, mais nous devons nous adapter.
NEÏLA LATROUS
Et l'idée de la sieste, ça vous semble être une bonne idée ?
FRANÇOIS BRAUN
L’idée de la sieste, elle est surtout, vous savez, si vous faites la sieste alors qu’il fait 35 dans la pièce, ça ne va pas vous reposer, elle est surtout le fait de ne pas faire d'efforts, de ne pas faire d’efforts physiques pendant les heures les plus chaudes.
NEÏLA LATROUS
Message passé aux employeurs, notamment ceux du BTP pour qui les salariés peuvent être exposés à un certain nombre…
FRANÇOIS BRAUN
Mais beaucoup de choses ont été faites, contrairement à ce que j’entends, énormément de choses ont été faites depuis 2003. Nous avons bien sûr obtenu…
NEÏLA LATROUS
… des messages de prévention, vous le disiez, qui avaient été…
FRANÇOIS BRAUN
Ce qui s’est passé en 2003, avec des messages de prévention…
NEÏLA LATROUS
Des employeurs qui ont été…
François BRAUN
Sensibilisation des travailleurs, des professionnels.
NEÏLA LATROUS
François BRAUN, puisque vous êtes toujours ministre de la Santé et de la Prévention, c'est vous qui en ce moment préparez le budget de la Sécurité sociale. A quoi faut-il s'attendre ? Votre collègue du Budget, enfin celui qui est encore à cette heure ministre du Budget, dit : « Nous étudions des pistes relatives au coût des médicaments ». Est-ce que ça veut dire des déremboursements ?
FRANÇOIS BRAUN
Vous savez, le travail du budget, c'est le travail de tout l'été puisque nous, nous devons fournir ce texte pour fin septembre, début octobre…
NEÏLA LATROUS
C’est pour l’automne, à l’Assemblée et au Sénat.
FRANÇOIS BRAUN
Voilà, fin septembre, début octobre, d’abord en Conseil des ministres et ensuite au niveau des parlementaires. C'est un travail de longue haleine et à chaque fois, tous les ans, on remet tous les sujets sur la table.
NEÏLA LATROUS
Donc, c'est un sujet qui est sur la table, le déremboursement de certains médicaments ?
FRANÇOIS BRAUN
Il n’y a pas de tabou, tous les sujets sont sur la table. Je ne suis pas favorable à un principe de déremboursement des médicaments. Vous savez, on a déjà fait beaucoup de choses, y compris diminuer les taux de remboursement, mais tout doit être étudié à chaque fois. Le budget de la Sécurité sociale, on dit c'est mon budget, mais ce n’est pas mon budget, c'est l'argent des Français, et l'argent des Français je dois l'utiliser au mieux dans des objectifs, de santé, de prévention.
NEÏLA LATROUS
Mais pour être clairs, je pense que la question du prix du médicament, au-delà de celle des pénuries, intéresse ceux qui nous écoutent, ceux qui nous regardent. Aujourd'hui, par exemple, il y a une franchise de 50 centimes par boîte de médicament, donc en gros, si je me rends dans une pharmacie, j'achète une boîte de médicament à 2,50 euros, la Sécurité sociale me rembourse 2 euros, est-ce qu'il est question que l'année prochaine je paye plus, que cette franchise soit augmentée par exemple, ça fait partie des pistes ?
FRANÇOIS BRAUN
Comme tous les ans, ça fait partie des sujets qui sont sur la table. Je rappelle d'ailleurs que dans, pour être très précis sur ce que vous avez dit, il y a aussi un plafond qui est à 50 euros…
NEÏLA LATROUS
50 euros par an.
FRANÇOIS BRAUN
Et au-delà on ne paye pas plus, donc tout est forcément sur la table. Je le redis, notre système de santé, nous devons faire cette mue, cette transformation, à l'hôpital, en ville, pour mieux répondre aux besoins de santé des Français. Cette transformation elle doit s'accompagner d'investissement, pour cette transformation, et ces investissements il faut les faire au mieux, avec l'argent je, le répète, qui est l'argent des Français.
NEÏLA LATROUS
Est-ce que sur la table il y a aussi une taxe sur les alcools ?
FRANÇOIS BRAUN
Il y a des réflexions autour de tout ce qui concerne les addictions, c'est-à-dire l’abus excessif, bien entendu, comme nous l'avons eu l'année dernière sur le tabac par exemple.
NEÏLA LATROUS
Qu’est-ce que ça veut dire, ça veut dire que vous feriez la différence par exemple entre le vin qui fait partie du patrimoine français et les alcools forts dans une taxe éventuelle ?
FRANÇOIS BRAUN
Je crois que toutes les addictions, c’est de mon rôle en tant que ministre de la Prévention, d'alerter sur des enjeux de santé publique face aux addictions.
NEÏLA LATROUS
Mais est-ce que ça passe par une nouvelle taxe ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, il n'y a pas de principe de nouvelle taxe, mais je le redis, tout est sur la table, tout est discuté, c'est de mon rôle de tout mettre sur la table et ensuite, nous voyons quelle est la meilleure façon d'utiliser l'argent des Français.
NEÏLA LATROUS
Donc, vous dites : « Ce n'est pas sur la table aujourd'hui », mais est-ce que vous êtes favorable, à titre personnel, en tant que médecin ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, je suis favorable à ce que l'on puisse lutter contre les addictions, parce que les addictions, donc l'utilisation excessive d'un produit, que ce soit la tabac…
NEÏLA LATROUS
Oui, mais vous évoquez le tabac, le tabac c’est passé par l’augmentation du prix.
FRANÇOIS BRAUN
Que ce soit le tabac, que ce soit l'alcool, que ce soit les jeux en ligne, que ce soit les écrans, que ce soit les puffs, dont on a déjà parlé, je suis favorable à l'interdiction de ces produits qui amènent les jeunes vers le tabac, c’est la politique de santé publique, c'est la politique de prévention, et il ne vous a pas échappé que mon ministère c'est bien le ministère de la Santé et de la Prévention.
NEÏLA LATROUS
On boit trop en France ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, je ne vais pas dire ça, on ne boit pas plus en France que dans d’autres pays, en tout cas ce n'est pas le sujet, le sujet n'est pas là. Le sujet c'est comment lutter contre les addictions, lutter contre les addictions ça passe aussi par une meilleure prise en compte des difficultés des gens, les gens qui sont addicts, comme on dit, à un produit, ils sont victimes de ce produit, ils ne sont pas responsables ou coupables, ils en sont victimes, et en tant que victimes, en tant que patients, je me dois de tout mettre en oeuvre pour réussir à les soigner.
NEÏLA LATROUS
François BRAUN, toujours ministre de la Santé, de la Prévention. Il est 08h53 sur RMC-BFMTV. Merci d'être venu à ce micro ce matin. Est-ce que vous me confirmez, vous avez un Conseil des ministres cet après-midi ?
FRANÇOIS BRAUN
Ah, écoutez, il y a un Conseil des ministres [d’ici] la fin de la semaine, là oui.
NEÏLA LATROUS
Mais vous ne me confirmez pas que c’est cet après-midi. Merci beaucoup François BRAUN. Bonne journée à vous. Bonne journée à tous.
FRANÇOIS BRAUN
Bonne journée.
Source ; Service d’information du Gouvernement, le 21 juillet 2023