Interview de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à France Info et la Radio Télévision Suisse le 20 juillet 2023, sur la proposition de l'Union européenne de la création d'un fonds de 20 milliards pour l'Ukraine.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conseil Affaires étrangères

Média : France Info

Texte intégral

Q - Question sur la proposition d'un fonds de 20 milliards pour l'Ukraine.

R - La Commission et le Haut représentant, Josep Borrell, ont saisi les Etats membres d'une proposition pour être certain que l'on pourra accorder un soutien de long terme à l'Ukraine en matière militaire. C'est une direction raisonnable parce que s'il faut espérer que la paix revienne le plus vite possible en Ukraine, que la Russie cesse son agression et que la paix qui serait trouvée soit pleinement conforme à la charte des Nations unies, respectant donc le droit de l'Ukraine à la souveraineté et à l'intégrité territoriale, il faut bien constater que pour le moment, la Russie ne cesse pas son agression, poursuit ses frappes, et je dirais même poursuit ses crimes de guerre jour après jour. Il faut donc que nous regardions que faire pour prévoir un soutien de long terme, non pas le programmer au coup par coup comme cela a été fait jusqu'ici, mais si ce conflit devait durer, et nous espérons que non, mais s'il devait durer, être en mesure de pouvoir être aux côtés de l'Ukraine pour l'aider à se défendre et pour assurer la sécurité du continent européen dans la durée.

Q - Mettre autant d'argent sur la table en tout cas, c'est envoyer un signal de quelle sorte et à qui ?

R - Eh bien c'est à la fois un signal de soutien de l'Ukraine, -nous sommes à ses côtés pour qu'elle se défende, et vous savez que nous le serons aussi longtemps qu'il le faudra-, mais c'est également un signal clair qui est en direction de la Russie et qu'elle ferait bien d'entendre. Tout comme à l'OTAN, nous avons manifesté collectivement notre engagement à être aux côtés de l'Ukraine dans la durée. Elle ne doit pas compter sur la faiblesse des Européens, ni sur la faiblesse des Alliés. Elle a fait une erreur stratégique énorme en choisissant d'agresser l'Ukraine. Elle ne doit pas faire une deuxième erreur en tablant sur le temps. Le temps ne joue pas pour elle, au contraire. Et voilà l'un des messages que nous adressons.

Q - Vous avez eu un tour de table avec vos partenaires. Est-ce que vous sentez qu'il y a une unanimité pour mettre ces 20 milliards sur la table en cinq ans ?

R - Nous aurons bien évidemment des discussions. Il faut les avoir. Chaque Etat regardera quelles sont ses possibilités et à quelles conditions il est prêt à contribuer, mais je n'ai pas entendu ce matin de dissentiments. Et croyez bien que les Européens sont unis pour considérer qu'ils doivent poursuivre leur aide à l'Ukraine. C'est leur intérêt autant que celui de l'Ukraine, et donc ensuite les négociations vont s'ouvrir comme il se doit et comme c'est normal.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juillet 2023