Texte intégral
NEÏLA LATROUS
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour.
NEÏLA LATROUS
Porte-parole du Gouvernement, ministre chargé du renouveau démocratique, merci d'être avec nous ce matin, on a plein de questions à vous poser, sur l'inflation, sur le budget à venir l'année prochaine, sur les incendies, la lutte contre les incendies, mais d'abord je voulais vous faire écouter ce témoignage ce matin, celui d'Hedi, c'est ce jeune homme, ce jeune marseillais de 22 ans qui accuse quatre policiers de l'avoir passé gratuitement à tabac, il s'est confié à nos collègues de Konbini sur ce qui s'est passé cette nuit du 1er au 2 juillet, écoutez.
HEDI, TOUCHE PAR UN TIR DE LBD LORS DES EMEUTES A MARSEILLE
En me retournant je me suis reçu un impact dans la tête, au début je ne savais pas bien ce que c'était, je suis tombé au sol, quand j'ai voulu me relever en fait on m'a attrapé et on m'a traîné dans un petit coin où il faisait tout noir et ensuite de là on a commencé à me frapper, il y en a un qui était allongé sur moi, donc je ne pouvais pas bouger, et il y en a qui m'ont frappé avec les poings, d'autres qui m'ont frappé avec les matraques, je me suis fait casser la mâchoire. A aucun moment on ne m'a demandé mes papiers, à aucun moment on m'a demandé ce que je faisais là, j'essaye de leur dire qu'ils peuvent me fouiller, quand je suis au sol, que j'ai rien de dangereux, mais ils ne voulaient rien savoir. Ils se sont arrêtés d'un coup sans raison particulière.
NEÏLA LATROUS
On voit un jeune homme au crâne déformé, il en manque la partie gauche en fait, qui a dû être retirée, 65 agrafes sur la tête, perte de la vue, la mort du jeune Nahel avait été jugée inacceptable, inexcusable par Emmanuel MACRON, est-ce que vous reprenez ces mots quand vous voyez ce témoignage, quand vous entendez ce témoignage du jeune Hedi ?
OLIVIER VERAN
Plusieurs choses. D'abord, quand on voit le témoignage, la vidéo de ce jeune homme, avec son volet crânien effectivement, parce qu'il avait de l'hyperpression dans le crâne manifestement suite à un traumatisme important, forcément on a envie de, d'abord de lui dire qu'on lui souhaite de se rétablir et de pouvoir trouver la voie de la reconstruction. Néanmoins, Neïla LATROUS, quelle que soit la vidéo, quel que soit le témoignage auquel vous, et moi, comme citoyens français, pouvons être exposés, ça ne fait pas de nous des magistrats ou des juges, vous en êtes d'accord…
NEÏLA LATROUS
Mais il ne s'est pas fait ça tout seul.
OLIVIER VERAN
Bien sûr que non, mais ce que je peux vous dire c'est que je ne suis pas la personne qui doit rendre la justice et déterminer dans quelles conditions, dans quelles circonstances, qui, pourquoi, etc., a réalisé cela, pour ça on a un système de justice. J'ai l'impression de répéter ça, à l'envie, régulièrement sur les plateaux, mais si la France était un pays qui se passe de justice et qui détermine, sur la base de témoignages directs, les conditions dans lesquelles des actes ont pu être réalisés, on ne serait pas un pays des droits de l'Homme, on ne serait pas un État de droit.
NEÏLA LATROUS
Je comprends que vous ne voulez pas parler de bavure par exemple.
OLIVIER VERAN
Non, non…
NEÏLA LATROUS
C'est ce que je comprends, vous dites on verra ce que diront…
OLIVIER VERAN
Pardonnez-moi, c'est que si nous étions un État au sein duquel, sous le coup d'une émotion, légitime, face à des images, face à un témoignage, nous décidions, nous-mêmes, que telle ou telle personne doit être condamnée sur la base de, alors nous ne serions pas dans un système avec une justice qui fonctionne. Ce que je veux vous dire c'est que moi je crois profondément, et ce n'est pas une banalité que de le dire, c'est fondamental parce que c'est ce qui fait de nous un État démocratique, je crois que la justice de notre pays fonctionne, donc elle a été saisie, des personnes ont été interpellées, placées en garde à vue, une personne est d'ailleurs déférée, il y aura donc probablement, si la justice le décide, le détermine, un procès, et elle fonctionne en indépendance, en indépendance vis-à-vis de vous les journalistes, en indépendance vis-à-vis de nous les ministres et les élus, et heureusement. Donc on souhaite, évidemment je souhaite que ce jeune puisse obtenir les réponses, je souhaite que ce jeune homme puisse récupérer, retrouver un état de santé le plus rapidement possible, beaucoup d'empathie évidemment parce que, de fait, il est blessé, il a été blessé sérieux, blessé grave, mais encore une fois, vous disant cela, nous ne pouvons et nous ne devons tirer nous-mêmes aucune conclusion sur les conditions dans lesquelles c'est arrivé.
NEÏLA LATROUS
Grande prudence de vous-même, d'Elisabeth BORNE hier soir sur BFM TV…
OLIVIER VERAN
Ce n'est pas une question de prudence, pardonnez-moi, c'est une question de respect de nos institutions qui sont les fondements de notre capacité à vivre collectivement en commun.
NEÏLA LATROUS
Sur le cas du jeune Nahel le président de la République n'avait pas fait preuve de cette même prudence ou en tout cas de ces mêmes mots, il avait pour le coup, suite à une vidéo, jugé l'acte inexcusable et inacceptable.
OLIVIER VERAN
Pardonnez-moi, dire que la mort d'un jeune homme est par essence, est par essence, quelque chose qui ne doit pas arriver, ce n'est pas rendre justice et déterminer des culpabilités des uns ou des autres qui sont différentes, et quand je vous dis que je suis forcément touché, ému, quand je vois les images de ce jeune homme, sincèrement, comme citoyen, comme médecin, comme ministre, forcément vous dire que je suis touché et que je lui souhaite de retrouver un état de santé, que je lui souhaite de pouvoir se reconstruire, ça ne veut pas dire que dans ma phrase vous devez y voir une condamnation, par anticipation, d'actes ou de personnes qui auraient commis des actes, parce que je n'ai pas à reconnaître, parce que je ne suis pas juge, et encore une fois c'est un principe qui doit être, et qui doit rester intangible, dans un État de droit.
NEÏLA LATROUS
Olivier VERAN, le président de la République a dit comprendre, lui, l'émotion des policiers suite à la mise en détention provisoire d'une de leurs collègues, vous-même, le garde des Sceaux, la Première ministre, ont rappelé les conditions difficiles dans lesquelles les policiers exercent leurs missions et malgré tout cela le mouvement s'étend quand même au sein de la police, est-ce que la situation est en train de vous échapper ?
OLIVIER VERAN
Les forces de sécurité intérieure, les policiers, les gendarmes, les pompiers, ont connu une année peut être inédite, en tout cas d'une intensité exceptionnelle, ils ont fait face à des émeutes urbaines d'une violence inouïe, ils ont fait face à des manifestations émaillées par des scènes de violence inouïes, portées par les black blocs notamment.
NEÏLA LATROUS
Donc c'est normal qu'ils ne soient pas contents ?
OLIVIER VERAN
Ils ont été extrêmement mobilisés, ils ont renoncé à des week-ends, ils ont renoncé à des vacances, ils ont été blessés, des centaines d'entre eux ont été blessés, ne serait-ce que pendant les émeutes, et c'est sans doute des milliers si on additionne tous les policiers blessés pour assurer notre sécurité au cours de l'année. Au terme de cette année, qu'il y ait de la fatigue, qu'il y ait du ras-le-bol, non seulement je peux le comprendre, mais figurez-vous que j'ai été ministre de la Santé pendant la crise Covid, pendant la crise Covid moi j'avais affaire à des soignants, des infirmières, des aides-soignants, des médecins, qui étaient mobilisés dans des conditions exceptionnelles, qui ressentaient de la fatigue exceptionnelle, qui avaient été sur-mobilisés, et qui, à la fin de l'année de pandémie, nous disaient qu'ils étaient fatigués, qu'ils en avaient marre, donc évidemment qu'on doit…
NEÏLA LATROUS
Mais les situations ne sont pas comparables.
OLIVIER VERAN
Comparaison n'est pas raison, mais ce que je veux vous dire c'est que lorsque vous avez des acteurs de la vie française, lorsque vous avez des gens aussi essentiels que celles qui assurent notre sécurité ou celles qui restaurent notre santé, et qui le font sans relâche, et qui vous disent qu'ils sont épuisés, qu'ils sont fatigués, évidemment qu'on entend…
NEÏLA LATROUS
Oui, vous leur exprimez une forme de gratitude, mais ça ne ramène pas le calme aujourd'hui.
OLIVIER VERAN
Evidemment qu'on entend et le comprend.
NEÏLA LATROUS
Vous avez des chiffres par exemple de mobilisation au sein de la police ?
OLIVIER VERAN
Le ministre de l'Intérieur rentre de Nouvelle-Calédonie où il accompagnait le président de la République, il aura sans doute l'occasion d'ailleurs de communiquer s'il doit y avoir des chiffres…
NEÏLA LATROUS
Il reçoit les syndicats ce soir.
OLIVIER VERAN
On est en contact avec les forces de sécurité intérieure…
NEÏLA LATROUS
Pour leur dire quoi, pour leur dire de reprendre le travail ?
OLIVIER VERAN
On est en contact avec eux parce qu'il faut aussi avoir un travail d'écoute, il faut aussi pouvoir faire le point avec eux sur l'année qui a été vécue. Je vous rappelle quand même Neïla LATROUS, c'est que par anticipation depuis 2017, depuis 2017, nous avons augmenté les moyens pour la police parce qu'on savait que justement la situation qui est la leur, la difficulté dans laquelle ils exercent leurs missions au quotidien, s'accroît, et donc nous avons augmenté, amélioré les équipements par exemple, avec des voitures puissantes et des véhicules électriques, nous avons augmenté fortement le nombre de policiers en formation, nous recréons 200 brigades de gendarmerie sur tout le territoire, nous augmentons la présence du "bleu" comme on dit, justement pour aider les policiers qui sont actuellement en exercice, à faire face à la difficulté de leurs missions.
NEÏLA LATROUS
Mais vous ne répondez pas à ma question, est-ce qu'ils doivent reprendre le travail, est-ce que vous dites on a entendu votre émotion, on a entendu votre colère, mais maintenant il faut se remettre au travail ?
OLIVIER VERAN
Je vous dis qu'à chaque fois que nous avons eu besoin de la police dans notre pays, la police a répondu présent.
NEÏLA LATROUS
Vous ne leur dites pas reprenez le travail aujourd'hui, ce n'est pas le message que vous leur passez ?
OLIVIER VERAN
Mais ça veut dire que nous ne sommes pas là… nous ne rencontrons pas des difficultés liées à l'absence. Quand vous dites reprendre le travail, évidemment que les forces de police elles sont au travail, qu'elles assurent la sécurité de nos concitoyens, évidemment
NEÏLA LATROUS
Vous avez des chiffres d'ailleurs sur le mouvement ou toujours pas ?
OLIVIER VERAN
Je n'ai pas de chiffres ce matin à vous donner
NEÏLA LATROUS
Olivier VERAN, sur le fond, est-ce qu'il faut un statut spécial du policier pour le protéger juridiquement, qui est la question qui est posée aussi par les syndicats, de dire "nos missions sont tellement exceptionnelles, qu'on ne peut pas avoir un régime de droit commun, on ne peut pas aller en détention provisoire" ?
OLIVIER VERAN
C'est deux choses qui sont différentes. Avoir des dispositions spéciales dans la loi c'est déjà le cas pour les policiers puisqu'ils peuvent être, par exemple, amenés à porter une arme en dehors de leur travail pour pouvoir se protéger…
NEÏLA LATROUS
Est-ce qu'il faut aller plus loin ?
OLIVIER VERAN
Ils peuvent bénéficier de protections fonctionnelles, donc il y a évidemment, on tient compte évidemment de la particularité du métier de policier ou de gendarme dans la manière dont on constitue leurs droits et leurs devoirs, voilà. Ensuite ce n'est pas à moi de vous répondre sur ces questions Neïla LATROUS, pardon, je suis porte-parole du Gouvernement, invitez le ministre de la Justice ou le ministre de l'Intérieur pour discuter de cela.
NEÏLA LATROUS
Pas d'annonce ce matin sur ce sujet-là. Sur un autre chantier ouvert par votre collègue du Gouvernement Aurore BERGE, celui du congé parental, plus court, mieux indemnisé. C'est un chantier qui est ouvert par le Gouvernement. Est-ce que ça veut dire que d'ici la fin du quinquennat éventuellement, il pourrait y avoir un congé parental plus court mais mieux payé ?
OLIVIER VERAN
Tout est dans le "éventuellement". Ça veut dire que c'est… Vous savez depuis, encore une fois, depuis…
NEÏLA LATROUS
"Eventuellement", c'est-à-dire que pour l'instant, vous réfléchissez encore.
OLIVIER VERAN
Ça veut dire que depuis 2017, vous voyez le sens de notre politique en faveur des parents. Et je le rappelle, pardon, parce que c'est mon rôle de le rappeler. On a doublé le congé paternité, on augmente le nombre de places de crèches et d'assistantes maternelles pour faire en sorte que tous les parents aient des solutions, pour qu'ils puissent continuer à travailler.
NEÏLA LATROUS
Avec malgré tout une natalité au plus bas depuis 30 ans.
OLIVIER VERAN
Oui, pardon, la natalité elle est très faible en Europe depuis des années, elle s'est toujours maintenue en France, elle est plus forte en France que dans le reste de l'Europe mais il y a un sujet qui est aussi un sujet sociétal, qui est un sujet social qui est profond. Mais vous avez raison de dire, et c'est l'action que nous menons, le sens de notre action de faire en sorte que les parents aient toujours des solutions et qu'ils puissent sereinement faire des enfants et augmenter la taille de leur famille.
NEÏLA LATROUS
Et donc éventuellement un congé parental plus court.
OLIVIER VERAN
Ça fait partie des pistes de réflexion. Ce qu'on sait, c'est qu'aujourd'hui la durée moyenne du congé parental elle est très inférieure à la durée maximale théorique. Pourquoi ? Parce que c'est plus rémunérateur : c'est 400 balles par mois, 428 euros par mois.
NEÏLA LATROUS
C'est insuffisant ?
OLIVIER VERAN
Il y a peu de parents, il y a très peu de papas qui prennent le parental. Donc quand il y a un dispositif d'accompagnement social qui est sous-utilisé, sous exploité, il est normal, il est légitime de s'interroger. Ça ne veut pas dire qu'on a toutes les réponses toutes faites, mais il va y avoir une concertation sur ces sur ces questions-là.
NEÏLA LATROUS
Olivier VERAN, hier soir Elisabeth BORNE était l'invitée exceptionnelle de BFM TV pour sa première prise de parole depuis qu'elle a été reconduite à Matignon.
OLIVIER VERAN
Je l'ai regardée.
NEÏLA LATROUS
Alors la Première ministre assure que le pic de l'inflation est derrière nous mais que voient les Français ? L'électricité va augmenter de 10 % au 1er août, les fournitures scolaires + 10 % en un an et les fruits et légumes + 16 % qu'il y a un an, chiffres de l'association de défense des consommateurs Familles rurales. En fait, le pic de l'inflation a beau être derrière nous, tout coûte plus cher pour les Français.
OLIVIER VERAN
Pardon, ce n'est pas deux choses qui s'opposent, ce sont deux choses différentes. De dire que jusqu'ici vous aviez les prix d'un mois sur l'autre qui augmentaient comme ça, ça ça voulait dire qu'on n'avait pas passé le pic de l'inflation. J'ai l'impression de revoir le Covid, pardon. Mais lorsque vous avez les prix qui commencent à faire comme ça, ça veut dire que l'inflation, l'augmentation de l'inflation…
NEÏLA LATROUS
C'est l'inflation qui est moins rapide en fait.
OLIVIER VERAN
Non, non. Ça veut dire que vous avez une stagnation voire une baisse des prix, mais si vous prenez par rapport à il y a un an, ça reste encore supérieur. C'est ça qu'on veut dire. C'est-à-dire qu'au lieu de continuer à augmenter, augmenter, augmenter, ça commence à baisser mais ça reste factuellement encore supérieur à un an mais il y a des prix qui baissent.
NEÏLA LATROUS
Mais sur un an, c'est énorme. + 10 % pour les fournitures scolaires.
OLIVIER VERAN
Oui, mais c'est ce qu'on veut dire. Quand on dit qu'on a passé le pic de l'inflation, ça ne veut dire qu'on a passé l'inflation pour les gens. Evidemment, les gens voient des prix qui augmentent et on ne dit pas le contraire. On dit juste que les prix arrêtent d'augmenter par rapport au mois précédent, et donc les choses sont en train de rentrer progressivement en ordre. Parce que vous avez les matières premières, beaucoup de matières premières dont les prix vont baisser, certains même ont chuté. Après, il y a plusieurs mois pour que ce soit répercuté sur les produits finis. Ensuite, vous le savez, on travaille avec Bercy auprès des industriels pour qu'ils jouent le jeu et qu'ils répercutent sans délai les baisses alors qu'ils ont répercuté sans délai les hausses. C'est ce travail que nous menons aussi.
NEÏLA LATROUS
Ce que disent les distributeurs, c'est que ça ne fonctionne pas forcément de manière optimale pour l'instant : c'est que ça ne baisse pas.
OLIVIER VERAN
Eh bien on continue de travailler pour faire en sorte que ça baisse de manière optimale. Vous parliez de l'électricité, Neïla LATROUS, l'électricité : on prenait jusqu'ici 43 % de la facture des Français en électricité, ce qui n'est pas une situation normale.
NEÏLA LATROUS
Ça s'appelle le bouclier tarifaire.
OLIVIER VERAN
C'est ce qu'on appelle le bouclier, effectivement, qu'on a mis en place pour aider les Français dans la période où l'électricité coûtait vraiment beaucoup plus cher que d'habitude. Là aujourd'hui, et comme on s'y était d'ailleurs engagé par avance, on réduit un peu la dépense publique parce que : 1/ les prix d'électricité sont en train de baisser progressivement, et on prend encore quand même en charge 37 %. On ne prend plus 43, on prend 37 % de la facture donc plus d'un tiers de la facture des Français.
NEÏLA LATROUS
Est-ce que les plus modestes continueront à être aidés quand ce bouclier tarifaire n'existera plus ?
OLIVIER VERAN
On a toujours été, on a toujours répondu présent pour tenir compte de la situation particulière des Français qui sont le plus en difficulté : pendant le Covid, pendant l'inflation. C'est notre marque de…
NEÏLA LATROUS
Comment ça va se manifester ? C'est-à-dire qu'ils continueront à toucher des chèques énergie par exemple ?
OLIVIER VERAN
Il existe des chèques énergie. Ces dispositifs sont annuels. Neïla LATROUS, ce qu'il faut aussi comprendre, c'est que cet argent que nous mettons pour baisser la facture d'électricité des Français, d'ailleurs on est parmi les seuls en Europe à le faire. Montrez-moi quels sont les pays qui font face à l'augmentation du coût de l'électricité qui aident autant leurs concitoyens ?
NEÏLA LATROUS
Il y a des pays qui ont baissé la TVA, qui ont fait d'autres choix que les nôtres.
OLIVIER VERAN
Oui. Les pays qui ont baissé la TVA prennent moins en charge la facture des habitants que ce que nous faisons.
NEÏLA LATROUS
Pour répondre à votre argument, il y a d'autres pays qui font d'autres choses.
OLIVIER VERAN
La facture devrait être plus de 70 % supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui. Ça veut dire qu'on amortit énormément et beaucoup plus que nos voisins, parce que c'est le choix qu'on a fait. Parce qu'on considère que l'énergie, c'est quelque chose qui est fondamental pour les Français qui ne doivent pas y renoncer en aucun cas, même si on prône à côté de ça la sobriété. Et donc on fait ces choix mais, vous le savez, tout ça on peut se le permettre quand ça tape dur parce qu'à côté de ça, on a une gestion raisonnée de l'argent public et des deniers des Français.
NEÏLA LATROUS
Vous ne m'avez pas répondu sur le chèque alimentaire. Est-ce que c'est un dispositif qui reste sur la table, qui est réclamé par les agriculteurs, par l'association Familles rurales en disant "aujourd'hui, bien manger ça coûte cher." ?
OLIVIER VERAN
Ecoutez, on comprend l'état d'esprit, on comprend l'esprit du chèque alimentaire etc. Je crois que les ministres en charge ont déjà eu l'occasion de s'exprimer. Ce qu'il faut, c'est trouver une forme de martingale, c'est-à-dire arriver à faire en sorte que ce soit un chèque alimentaire qui bénéficie dans ce cas-là aux bonnes personnes s'il devait être déterminé.
NEÏLA LATROUS
Ce n'est pas enterré.
OLIVIER VERAN
Qui devrait donc bénéficier aux bonnes personnes et qui permettrait de favoriser les circuits courts et la production française. Et je vous assure, peut-être que sur le papier ça vous paraît évident, en pratique ça l'est beaucoup moins.
NEÏLA LATROUS
Je reste d'un mot sur l'inflation alimentaire. On voit tomber ces dernières heures les chiffres d'un certain nombre de grands groupes, CARREFOUR, DANONE aussi, donc des groupes dans l'agroalimentaire, soit des distributeurs, soit des industriels qui annoncent l'amélioration de leurs marges. Est-ce qu'il est toujours question de taxer, si surprofits il y a, les bénéfices de ces groupes qui officient dans l'agroalimentaire ?
OLIVIER VERAN
D'abord ce qui me gêne un petit peu, c'est que vous citez là des groupes français, que ce soit dans la grande distribution ou dans l'agroalimentaire.
NEÏLA LATROUS
Mais qui annoncent l'amélioration de leurs marges en France. La précision, ce n'est pas leurs marges à l'international, c'est en France que leurs marges s'améliorent.
OLIVIER VERAN
Je vais vous dire une chose, de mémoire un groupe comme DANONE je crois avait un taux de marge qui était de 8 à 9 %. Quand des groupes américains très connus qui vendent des marques dont les Français raffolent dans les grandes surfaces avaient des taux de marge, apposaient des taux de marge à quasiment 30 %, certains même à plus de 40 %. Donc je vais vous dire, les bons élèves ils sont plutôt chez nous par rapport aux produits de consommation courante des Français. Et j'étais venu ici sur ce plateau il y a quelques mois pour dire qu'il n'était pas normal que des grands groupes, notamment des grands groupes industriels américains, maintiennent des taux de marge voire augmentent leurs taux de marge pendant l'inflation. Ce que je peux vous dire, c'est que la grande distribution française, que la plupart des grands groupes et des petits groupes, des PME, des artisans français, ils ont fait l'effort de réduire leur taux de marge et de le contenir pendant fait que ça tapait dur pour permettre aux Français de continuer à acheter.
NEÏLA LATROUS
Est-ce qu'il est toujours question de taxer des surprofits éventuels ?
OLIVIER VERAN
Mais ça dépend de ce vous appelez surprofits. On l'a fait par exemple avec les énergéticiens. Lorsque les prix s'envolent et qu'ils ne peuvent pas être régulés, derrière on récupère.
NEÏLA LATROUS
Donc pas de tabou là-dessus ?
OLIVIER VERAN
Ce n'est même pas une question de pas de tabou, c'est que, heureusement qu'on a pu le faire. C'est ce qui nous a permis de financer en grande partie le bouclier tarifaire pour les Français.
NEÏLA LATROUS
Olivier VERAN, en quelques secondes s'il vous plaît…
OLIVIER VERAN
Oui.
NEÏLA LATROUS
Comme ministre chargé du renouveau démocratique, vous avez été aux avant-postes sur la question de la fin de vie. Le journal Le Monde croit savoir que le Gouvernement s'apprête à autoriser l'aide active à mourir, donc c'est le patient qui s'injecterait lui-même la dose létale. Est-ce que vous nous le confirmez ?
OLIVIER VERAN
Ce que je peux vous confirmer, c'est que 1/ la Convention citoyenne a fait un travail formidable sous l'égide du CESE, formidable. 2/ Le président de la République a reçu tous les conventionnels au lendemain de la fin de leurs travaux et leur a dit "merci pour vos travaux, on en tient compte, on avance" et qu'il a chargé le Gouvernement de préparer un projet de loi, il a dit d'ici à la fin de l'été, pour pouvoir 1/ renforcer les soins palliatifs, 2/ travailler les conditions de légalisation d'une aide active à mourir - ce qui est attendu, je crois, par une immense majorité de nos concitoyens.
NEÏLA LATROUS
Donc rendez-vous à la fin de l'été pour la réponse. Merci Olivier VERAN, porte-parole du Gouvernement, ministre délégué chargé du Renouveau démocratique.
OLIVIER VERAN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 juillet 2023