Interview de M. Gabriel Attal, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à France Inter le 31 août 2023, sur la rentrée scolaire (suppression de l'abaya, effectif des enseignants, pacte enseignant...).

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Texte intégral

NICOLAS DEMORAND
Et avec Léa SALAME nous recevons ce matin le ministre de l'Education nationale dans « Le grand entretien » du 7/10, questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter. Gabriel ATTAL, bonjour.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

LEA SALAME
Bonjour.

NICOLAS DEMORAND
Et bienvenue à ce micro. Les auditeurs vous connaissent bien, ils vous ont souvent entendu sur Inter en tant que secrétaire d'Etat à la Jeunesse, porte-parole du Gouvernement, ministre du Budget, ils vous découvrent ce matin donc ministre de l'Education nationale, dernière étape en date de votre ascension politique éclaire. Vous en rêviez petit en vous brossant les dents, d'être ministre de l'Education ?

GABRIEL ATTAL
Pour moi c'est un des ministères qui se trouve, je pense, dans le coeur des attentes des Français. On voit bien tous les débats qui traversent la société aujourd'hui, et très souvent on en revient, dans ces débats, à l'école, l'école de la République, parfois d'ailleurs un peu injustement, l'école peut beaucoup, il y a aussi beaucoup de choses qui se jouent en dehors de l'école, dans les familles, mais oui c'est…

LEA SALAME
Vous en rêviez enfant ?

GABRIEL ATTAL
C'est une très belle responsabilité. Je pense que quand on s'engage en politique il y a peu d'enjeux, il y a peu de domaines, qui sont, voilà, plus intéressants que l'Education nationale, et vous l'avez dit, j'ai été secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale de l'époque, et donc j'ai eu l'occasion de m'engager sur ces sujets, j'ai été élu député en 2017, j'étais aussi membre de la commission éducation, c'est des sujets qui sont absolument passionnants et c'est une très belle responsabilité, très belle responsabilité, aussi que de travailler avec les enseignants, qui font le plus beau métier du monde, qui ont la passion de leurs élèves, qui se lèvent le matin pour permettre à nos élèves, de s'élever, de réussir, et voilà, je veux vraiment les saluer, leur souhaiter une bonne rentrée puisque c'est d'actualité.

LEA SALAME
Vous succédez aux deux ministres de l'Education d'Emmanuel MACRON qu'ont été Jean-Michel BLANQUER et Pap NDIAYE, on va voir dans un instant ce qui vous distingue d'eux, puisque vous avez déjà marqué votre différence, mais d'abord qu'est-ce qui vous rapproche de l'un et de l'autre ?

GABRIEL ATTAL
Moi je ne fais pas de comparaison avec mes prédécesseurs.

LEA SALAME
Ce n'est pas une comparaison, c'est qu'est-ce que… de quoi vous vous sentez proche, c'est une question qui n'est pas piégeuse, c'est juste est-ce que le sens de l'autorité de Jean-Michel BLANQUER, vous vous sentez proche, est-ce qu'il y a des choses que vous relevez, chez ces deux hommes, qui vous ressemblent ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, moi je pense que quand on s'engage sur ces questions, quand on a cette très belle responsabilité d'être à la tête de l'Education nationale de notre pays, on le fait avec un engagement, avec la conviction qu'on agit pour faire progresser les élèves, pour soutenir les enseignants, les personnels de direction. Je ne veux pas faire, encore une fois, mettre d'étiquette sur mes prédécesseurs en disant il y en a un qui était plus tourné vers tel sujet et l'autre vers tel sujet, tout le monde, je crois, a cherché à faire au mieux, et moi c'est ce que je vais faire aussi.

NICOLAS DEMORAND
En tout cas, Gabriel ATTAL, pour la première fois Emmanuel MACRON a déclaré au « Point » que l'éducation était un domaine réservé du président, a-t-il voulu dire par-là que vous étiez un ministre sous tutelle ?

GABRIEL ATTAL
Je crois que c'est une très belle déclaration, un très bel engagement de sa part. ça veut dire quoi ? ça veut dire que l'éducation…

LEA SALAME
Votre mise sous tutelle.

GABRIEL ATTAL
Non, ça veut dire que l'Education nationale c'est un sujet absolument prioritaire pour le président de la République, et je vais vous dire, on l'a vu dès 2017 avec l'engagement massif qu'il y a eu, évidemment il reste beaucoup de difficultés, tout n'a pas été réussi, tout n'a pas été fait, mais il y a eu un engagement absolu, notamment pour l'égalité des chances, avec un investissement dans l'éducation prioritaire, dans la campagne présidentielle, en 2022, il a dit que l'éducation serait la priorité de son quinquennat, donc je peux vous dire, quand vous êtes ministre, avoir un président de la République qui dit à quel point l'Education nationale sera sa priorité, ça met du vent dans les voiles pour avancer.

LEA SALAME
Allez, on y va sur les points importants de cette rentrée, point important que vous avez voulu marquer en cette rentrée c'est votre annonce choc dimanche soir sur l'interdiction des abayas à l'école, plusieurs personnalités, comme Sophie BINET, la leader de la CGT ici à ce micro, je ne sais pas si vous l'avez entendue, sans contester le fond de la décision s'est demandée si c'était nécessaire de s'inviter au 20h de TF1 pour tambouriner sur un sujet qui ne concerne que 150 établissements en France sur 60.000. Vous n'auriez pas pu le faire plus discrètement ?

GABRIEL ATTAL
D'abord moi je veux rappeler que l'Education nationale, que l'école de la République, c'est construit autour de valeurs et de principes extrêmement forts et notamment la laïcité, la laïcité c'est une des valeurs fondamentales de l'école de la République, et je crois que notre responsabilité, ma responsabilité en tant que ministre de l'Education nationale, c'est de garantir qu'elle soit toujours respectée. C'est l'un de mes prédécesseurs, illustre prédécesseur, Jean ZAY, qui disait que « l'école doit rester l'asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas », c'est un sanctuaire laïc.

LEA SALAME
D'accord, mais aujourd'hui votre mandat à la tête du ministère de l'Education nationale est marqué par la suppression de l'abaya, on retient les premiers pas de Gabriel ATTAL, l'abaya…

GABRIEL ATTAL
Je me suis exprimé sur beaucoup d'autres sujets, sur les fondamentaux à l'école, sur le…

LEA SALAME
Oui, mais vous saviez qu'en le disant à ce moment-là…

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire de manière très franche et très transparente, je me suis posé la question de savoir s'il fallait avancer sur ce sujet, faire cette annonce au moment de la rentrée scolaire, et ce qui m'a convaincu c'est mon échange avec les chefs d'établissement, les personnels de direction…

LEA SALAME
Alors justement, comment ça va se passer…

GABRIEL ATTAL
Attendez, je vais au bout pour répondre à votre question, parce que c'est un sujet difficile, dans beaucoup d'établissements, dans certains établissements, vous l'avez dit, c'est un sujet encore plus difficile parce que pour certains d'entre eux l'abaya c'est, quelque part, installée depuis plusieurs années, et de l'échange que j'ai pu avoir avec eux, et je veux vraiment leur rendre hommage, on ne parle pas souvent des personnels de direction, des proviseurs, proviseurs adjoints, principaux, principaux adjoints, de leurs équipes, j'ai retenu que prendre cette décision au moment de la rentrée, qui est une forme de nouveau départ annuel, ça serait peut-être moins difficile à faire appliquer que de le faire en cours d'année.

LEA SALAME
Concrètement comment ça va se passer lundi matin, les jeunes filles en abaya ne pourront pas rentrer dans l'établissement scolaire, chaque directeur sera posté devant le collège ou devant le lycée et dira « soit tu vas te changer, soit tu ne rentres pas », comment ça va se passer ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire. Derrière l'abaya, derrière le qamis, il y a des jeunes filles et des jeunes garçons, il y a des familles, il y a des êtres humains avec qui il faut échanger, dialoguer, faire de la pédagogie, et ça les chefs d'établissement, les personnels de direction, les enseignants, le savent très bien, ils le font au quotidien. Donc vous me dites qu'est-ce qui va se passer ? très concrètement, ils seront accueillis et il y aura un échange avec eux pour leur expliquer le sens de la règle, pourquoi est-ce qu'on prend cette décision, pourquoi est-ce qu'on ne peut pas porter l'abaya ou le qamis dans l'école, il y aura cet échange-là…

NICOLAS DEMORAND
Et ensuite la porte de l'école sera fermée.

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, moi je ne me place pas dans cette situation-là, je pense que par le dialogue, par l'échange, par l'écoute, par la pédagogie…

LEA SALAME
Elles vont rentrer tout de suite se changer, revenir en jean ?

GABRIEL ATTAL
Ça prendre peut-être quelques jours au départ pour certaines…

LEA SALAME
Est-ce qu'elles pourront assister aux cours la semaine prochaine si elles sont en abaya, c'est ça la question ?

GABRIEL ATTAL
Non, elles pourront rentrer dans l'établissement, où il y aura un échange avec les équipes pédagogiques. Et je vais vous dire, pour un certain nombre d'établissements, on l'a dit tout à l'heure, on sait que c'est un sujet qui va se présenter davantage que dans d'autres, voilà, vous pouvez avoir plusieurs dizaines de personnes qui sont concernées, ce que je souhaite c'est que nos chefs d'établissement, nos personnels de direction, évidemment soient accompagnés pour faire ce travail de médiation et d'échange, et donc j'ai demandé…

NICOLAS DEMORAND
Et vous avez promis une note de service justement aux chefs d'établissement pour le mode d'emploi de cette interdiction, elle est écrite, elle dit quoi cette note ?

GABRIEL ATTAL
Elle leur sera adressée aujourd'hui, elle clarifie la règle…

NICOLAS DEMORAND
Elle dit quoi alors, précisément ?

GABRIEL ATTAL
Elle sera envoyée aujourd'hui, dans la journée, aux chefs d'établissement, elle clarifie la règle, elle explique qu'on ne peut pas porter l'abaya, le qamis, dans l'école de la République, elle donne un certain nombre de pistes et de guides pour faire ce travail-là, d'échange, et pour expliquer la règle, je leur adresserai également un courrier signé de ma main, à destination des familles pour lesquelles ils jugent qu'il est nécessaire de leur transmettre ce courrier, mais surtout, je le dis, je veux pour les établissements, pour lesquels on anticipe, que ce sera encore une fois un sujet plus important que pour d'autres, il y a également un accompagnement humain. On a aujourd'hui des équipes…

LEA SALAME
Mais donc on note, en tout cas clairement, que dès lundi matin une jeune fille en abaya ne rentre pas dans la classe.

GABRIEL ATTAL
Dès lundi matin il y a un travail qui va s'engager avec ces jeunes filles, ou ces jeunes garçons quand il s'agit du qamis, pour leur expliquer le sens de la règle. Encore une fois, moi je le dis, on parle de personnes, il y a des jeunes filles, des jeunes garçons, qui, parfois plusieurs mois ou plusieurs années, avaient pris l'habitude de venir en abaya à l'école, on a une règle qui est aujourd'hui claire, et moi ce que j'ai retenu de mes échanges avec les personnels de direction cet été, mis aussi, je le dis, avec certaines organisations syndicales d'enseignants, c'est qu'il y avait l'attente d'une règle claire venant de leur ministre, que parfois il y avait des équipes sur le terrain qui étaient un peu laissées seules, démunies, sans cadre clair, sans directive claire, de leur ministre. Je considère que ma responsabilité c'est de la donner, maintenant elle est donnée et donc il y aura ce travail qui pourra s'engager, mais encore une fois les équipes pédagogiques le savent très bien.

NICOLAS DEMORAND
Encore un mot. A droite et à l'extrême-droite on réclame le retour de l'uniforme, vous vous êtes dit favorable à des expérimentations, ça veut dire quoi exactement, dès cette année, dans combien d'établissements, vous voyez les choses comment ?

GABRIEL ATTAL
La question m'a été posée cet été et j'ai répondu que c'est un vrai débat qui existe dans le pays, d'ailleurs un certain nombre de personnes ont des positions très tranchées sur le sujet, d'autres moins…

LEA SALAME
Par exemple Brigitte MACRON qui est favorable.

GABRIEL ATTAL
D'autres ont des positions moins tranchées.

LEA SALAME
Vous avez une position vous ?

GABRIEL ATTAL
J'ai eu l'occasion de m'exprimer cet été, j'ai dit que je ne crois pas que ce soit une solution miracle qui permette de régler tous les problèmes de l'école…

LEA SALAME
Vous êtes plutôt pas pour.

GABRIEL ATTAL
Non, j'ai dit je ne crois pas que ce soit une solution miracle, en revanche, que c'est un débat qui existe, et pour moi la meilleure manière de faire progresser le débat c'est d'expérimenter les choses, et donc je dis…

LEA SALAME
Combien de communes sont candidates pour l'essayer cette année ?

GABRIEL ATTAL
Pour l'instant…

LEA SALAME
Est-ce qu'il y a des communes qui vont l'essayer cette année l'uniforme ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, on verra dans les prochains mois…

LEA SALAME
C'est demain la rentrée.

GABRIEL ATTAL
Oui, mais ce n'est pas un sujet de la rentrée pour moi.

LEA SALAME
Mais est-ce qu'il y a aujourd'hui des communes qui vont expérimenter…

GABRIEL ATTAL
Interrogez les communes, moi je n'ai pas d'annonce à faire aujourd'hui sur des expérimentations qui démarreraient dans des communes, après c'est un sujet sur lequel je vais continuer à avancer, sur lequel je vais échanger…

LEA SALAME
Béziers, Perpignan, par exemple, vont commencer…

GABRIEL ATTAL
Je voyais le président de l'Association des maires de France hier, on a abordé énormément de sujets, la question du bâti scolaire, la question de l'inclusion des élèves en situation de handicap, la question des fondamentaux…

LEA SALAME
Et la question des profs, et la question de la présence des profs…

GABRIEL ATTAL
Bien sûr.

LEA SALAME
Y aura-t-il, Gabriel ATTAL, comme vous l'avez promis, un prof devant chaque élève lundi matin ?

GABRIEL ATTAL
Evidemment je sais que c'est une appréhension parfois pour des familles, une inquiétude, oui il y aura un enseignant devant chaque élève, et à nouveau je veux saluer les enseignants qui reprennent aussi le chemin de l'école et qui le font, je le sais, avec enthousiasme et passion pour leurs élèves, pour leur réussite. Il y a eu beaucoup de travail autour de cette rentrée pour anticiper les choses, on sait qu'il y a un enjeu d'attractivité, dans l'Education nationale, qui ne date pas d'aujourd'hui, mais auquel il nous faut répondre, je pense qu'il y a un certain nombre d'éléments, qui entrent en vigueur aussi à cette rentrée, qui vont nous permettre d'y répondre en partie, c'est un travail qui va se poursuivre, j'ai annoncé que j'allais travailler avec les organisations syndicales dans les mois qui viennent. Ce qu'on a vu d'ores et déjà, il y a quelques mois, c'est qu'on a un peu moins de postes à pourvoir, à l'issue du concours, que l'année précédente, c'est plutôt un signe encourageant…

LEA SALAME
Combien, 3000 postes à pourvoir ?

GABRIEL ATTAL
Oui, autour de 3000, c'était 1500 de plus, à peu près, l'année précédente, donc ça reste un enjeu évidemment majeur, l'attractivité, sur lequel on va continuer à avancer.

LEA SALAME
Il y aura combien de contractuels ?

GABRIEL ATTAL
On est en train de finaliser la rentrée. Vous le disiez à l'instant, il y avait un peu plus de 3000 postes à pourvoir à l'issue du concours…

LEA SALAME
Donc il y aura 3000 contractuels ?

GABRIEL ATTAL
Evidemment c'est des recrutements qu'on pourvoit et qu'on a d'ailleurs très largement déjà pourvus avec des contractuels, qui, je le rappelle, seront formés avant leur prise de fonction, qui, je le rappelle, pour 90 % d'entre eux, 90 % des contractuels, exerçaient déjà, enseignaient déjà, l'année dernière, et qui par ailleurs sont aussi très engagés pour les élèves.

NICOLAS DEMORAND
Sophie VENETITAY, la secrétaire générale du SNES-FSU, syndicat majoritaire chez les enseignants du second degré, dit que cette promesse d'un prof devant chaque élève relève de la tromperie, elle souligne que les concours n'ont pas fait le plein et que les rectorats sont en train de bricoler pour cette rentrée. On en est là, on bricole ?

GABRIEL ATTAL
Non, je ne crois pas du tout, d'ailleurs il y a beaucoup d'éléments qui ont été anticipés par rapport aux autres années, notamment sur le recrutements de contractuels, qui a été très largement anticipé par rapport à certaines rentrées qu'on a pu connaître, où ça se faisait, c'est vrai, un peu parfois au dernier moment, je rappelle qu'il y aura une formation plus importante, en cette rentrée, que les années précédentes pour les contractuels, à nouveau, que 90 % d'entre eux enseignaient déjà l'année dernière, au global les enseignants contractuels c'est autour de 4, 5 % des enseignants dans notre pays ?

LEA SALAME
C'est trop ?

GABRIEL ATTAL
Moi évidemment je souhaite que le plus possible d'enseignants fassent le choix de passer les concours, d'être titularisés, mais il y a un enjeu d'attractivité réel…

LEA SALAME
Alors justement, puisque vous parlez…

GABRIEL ATTAL
Qui passe notamment par la rémunération.

LEA SALAME
La rémunération, vous parlez notamment de l'attractivité, il y a une nouveauté cette rentrée pour les profs, c'est le fameux pacte qu'a proposé Emmanuel MACRON, le Pacte enseignant, en gros, vous prenez une nouvelle mission, vous êtes payé un peu plus, ce pacte-là, il y a la grande question du mystère autour du pacte, combien de profs l'ont signé, vous refusez de donner les chiffres, Pap NDIAYE, votre prédécesseur, disait qu'il faut 30 % pour que ça fonctionne, il y a besoin de 30 % de signatures, on en est à combien ?

GABRIEL ATTAL
D'abord il y a deux nouveautés en cette rentrée, il y a le pacte, et je vais y venir dans un instant, il y a aussi une revalorisation salariale pour tout le monde, inconditionnelle, sans condition, en septembre, là, 2023, si vous comparez avec septembre 2022, c'est-à-dire la rentrée précédente, chaque enseignant gagnera 125 euros net de plus par mois qu'à la rentrée 2022, et ça ira jusqu'à 250 euros net de plus par mois selon votre degré d'ancienneté, et ça c'est pour tout le monde, pas besoin de missions supplémentaires…

LEA SALAME
La promesse du président de la République, il l'avait dit, répété, plus d'enseignant en dessous des 2000 euros par mois, on n'y est pas, malgré l'augmentation qui est notable.

GABRIEL ATTAL
Si on y est, on y est, on est même au-dessus puisque pour les néo-titulaires, c'est-à-dire ceux qui débutent dans le métier, on sera à 2100 euros net par mois en cette rentrée, c'est plus que les 2000, qui était l'engagement du président de la République…

LEA SALAME
Avec la revalorisation du point d'indice.

GABRIEL ATTAL
Avec la revalorisation d'indice…

LEA SALAME
Ce n'est pas l'augmentation du salaire brut.

GABRIEL ATTAL
Il s'est engagé sur la rémunération minimale pour les enseignants.

LEA SALAME
La revalorisation du point d'indice elle peut baisser dans deux ans.

GABRIEL ATTAL
Je ne pense pas qu'on baisse le point d'indice, non, je n'ai pas vu d'exemple, dans les années précédentes, de baisse du point d'indice, il y a souvent des revendications de le revaloriser davantage…

LEA SALAME
Non, mais ce que je veux dire c'est qu'on vous avait demandé 10 % de hausse, on est à 5,5 à peu près d'augmentation.

GABRIEL ATTAL
Alors, avec la revalorisation du point d'indice on est au-dessus, et pour certains enseignants, selon l'ancienneté, on est même au-dessus des 10 %, en moyenne on est autour de 10 %. Mais, encore une fois, un enseignant qui débute, néo-titulaires, en 2020, c'était un peu au-dessus de 1700 euros net par mois, là on sera 2100 euros net par mois pour le début de carrière.

LEA SALAME
Je vois que vous n'avez pas envie de me répondre à ma question sur le pacte…

GABRIEL ATTAL
Si, j'y vais tout de suite…

LEA SALAME
Je vais donc reposer [ma question], combien de profs ?

GABRIEL ATTAL
Oui, mais attendez Léa SALAME, c'est normal qu'il y ait une revalorisation pour tous…

LEA SALAME
Bien sûr, évidemment, évidemment…

GABRIEL ATTAL
Qui est historique, j'entends que…

LEA SALAME
Oui, oui, il y a une vraie augmentation de salaire, ça personne ne le conteste.

GABRIEL ATTAL
Oui, et j'entends qu'il y a des demandes d'aller plus loin, je les entends parfaitement, mais je n'ai pas d'exemple, dans les années précédentes, ou même les décennies qui viennent de s'écouler, de hausse de rémunération, sur un temps si court, aussi importante. Maintenant le pacte. Oui, le pacte, il s'agit de dire que vous avez aujourd'hui des enseignants qui font encore plus que ce qui leur est demandé quelque part dans leurs missions classiques, qui font du remplacement de collègues qui sont absents sur une courte durée, qui font des stages de réussite pour permettre à des élèves en difficulté de revenir plus tôt à l'école, qui accompagnent des élèves en situation de handicap ou à besoin particulier, il faut les rémunérer mieux, voilà, et c'est ça le sens du pacte.

NICOLAS DEMORAND
Oui, mais il faut qu'ils signent le pacte, donc combien l'ont signé, c'était 30 % pour que le système fonctionne, on y est ou on n'y est pas ?

GABRIEL ATTAL
Mais ça n'a pas démarré puisque la rentrée n'a pas encore eu lieu ?

LEA SALAME
Si, si, il y en a qui ont signé, on dit qu'il y a à peu près 10 % seulement qui ont signé.

GABRIEL ATTAL
Non, non. Vous avez des établissements qui ont eu des contacts avec des enseignants évidemment avant les vacances d'été, qui les ont interrogés…

NICOLAS DEMORAND
Les syndicats sont contre…

GABRIEL ATTAL
Oui, je l'ai noté, j'ai noté que les syndicats étaient contre…

LEA SALAME
Ils sont tous contre.

GABRIEL ATTAL
Je pense qu'il y a aussi des enseignants qui vont souhaiter rejoindre le pacte, parce que la réalité c'est que vous avez des enseignants qui aujourd'hui font des heures supplémentaires, ils continueront à le faire en étant mieux payés pour ça. Un enseignant…

LEA SALAME
Mais alors pourquoi ça ne marche pas ? vous avez raison sur…

GABRIEL ATTAL
Un enseignant, Léa SALAME, qui fait du remplacement de courte durée, il a un collègue qui est absent, il le remplace, aujourd'hui il est rémunéré 41 euros de l'heure, ça passe à 69 euros avec le pacte…

LEA SALAME
Et alors ils devraient tous le signer, pourquoi ils ne le signent pas ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire…

LEA SALAME
Ou alors pourquoi ceux qui le signent, nous dit Sonia PRINCET du service Education, le font en catimini en ayant un peu honte, comme si c'était un peu…. Ça la fout mal de le signer ?

GABRIEL ATTAL
Il y a des prises de position, d'organisations syndicales, que moi je respecte, je crois au dialogue social, j'ai eu l'occasion d'échanger avec les organisations syndicales, elles ont leur position de principe, que j'entends. Moi, je le dis, il faut donner sa chance à ce dispositif. C'est un nouveau dispositif, donc évidemment il va monter en puissance progressivement, mais enfin, il permet pour des enseignants qui réalisent des missions supplémentaires d'être mieux indemnisés, mieux rémunérés pour cela, et je pense surtout que tout ça c'est aussi au service de nos élèves, et au service de l'élévation du niveau et de leur réussite.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2023