Texte intégral
SALHIA BRAKHLIA
Bonjour Olivier VÉRAN.
OLIVIER VÉRAN
Bonjour.
SALHIA BRAKHLIA
Emmanuel MACRON a donc réuni hier pendant presque douze heures et à huis-clos les chefs des formations politiques présentes au Parlement. Ça s'est terminé à 3 heures du matin et personne n'a claqué la porte. C'est déjà une victoire ?
OLIVIER VÉRAN
Ce qui s'est passé, quelque chose s'est passé hier qui pourrait bien marquer l'histoire politique voire démocratique de notre pays.
SALHIA BRAKHLIA
Ah oui, carrément !
OLIVIER VÉRAN
Oui. Des gens qui ne se parlent pas, qui ne s'entendent pas, qui ne se comprennent pas, qui ne pensent pas la même chose, même se combattent, dont on disait encore hier qu'une bonne partie d'entre eux n'atteindrait même pas le dîner, ont décidé de se parler à huis-clos, ont décidé d'échanger, ont décidé de partager des accords, des désaccords et ce jusqu'au milieu de la nuit. C'est quelque chose qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de notre pays et en tant que ministre en charge de la Démocratie, c'est plutôt une image qui doit faire plaisir aux Français, parce que les Français considèrent trop souvent que leur classe politique n'est là que pour s'entrechoquer et s'entre-déchirer sans arriver à trouver l'intérêt général.
SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire aussi qu'Emmanuel MACRON est prêt maintenant à parler au Rassemblement national comme à la France Insoumise ? Ils font partie désormais de l'arc républicain.
OLIVIER VÉRAN
Ça veut dire que le président de la République par essence est au-dessus des partis. C'est le président de tous les Français et donc il se doit de pouvoir écouter ceux qui représentent l'ensemble du spectre politique français.
SALHIA BRAKHLIA
Ce n'était pas le discours il y a encore quelques jours.
OLIVIER VÉRAN
Non, attendez. On n'est pas dans une logique de discussions autour de projets de loi gouvernementaux etc On est là dans une logique de consultation de celles et ceux qui représentent une bonne partie de la population, c'est-à-dire ceux qui représentent l'ensemble des partis du spectre politique. Après il y a une partie des Français qui, eux, ne se sentent pas représentés par aucun parti, et qui d'ailleurs parfois ne votent pas, et eux d'ailleurs ils aspirent à pouvoir voter de manière directe, et donc eux aussi doivent pouvoir se réjouir du fait que la classe politique a été capable d'entrer dans un processus inédit de discussions. Et j'ajouterai pour terminer qu'ils ont même décidé a priori, de ce que j'ai compris, que cet exercice-là valait le coup d'être reproduit.
JÉRÔME CHAPUIS
Alors Olivier VÉRAN, au risque de doucher votre enthousiasme, Manuel BOMPARD qui était tout à l'heure sur France Info n'avait pas l'air de dire qu'il reviendrait. En tout cas, ça n'est pas garanti pour lui, ça va dépendre justement de la manière dont Emmanuel MACRON et le Gouvernement vont donner des suites à ce rendez-vous.
OLIVIER VÉRAN
On passe de "nous ne resterons pas dîner" à "je ne suis pas sûr de revenir, ça dépendra des conditions".
JÉRÔME CHAPUIS
Mais comment le convaincre de revenir ?
OLIVIER VÉRAN
Donc vous voyez qu'il s'est passé quelque chose hier. Honnêtement, ni vous ni moi ne nous serions attendus à ce qu'on puisse dire ce matin que jusqu'au milieu de la nuit les gens sont restés, ont travaillé, ont discuté et ne tirent pas à boulets rouges sur l'initiative.
SALHIA BRAKHLIA
De mettre les personnes dans une même pièce, c'est une chose. La question qu'on vous pose ce matin, c'est "et après ?" Qu'est-ce qui va se passer à l'issue de cette réunion maintenant ?
OLIVIER VÉRAN
Alors après, il y a d'abord un certain nombre de points qui ont été soulevés par les uns et par les autres sur le fond, notamment les questions en lien avec les institutions – la question du référendum – les questions en lien avec la transition climatique, avec la décentralisation, c'est-à-dire comment donner davantage de pouvoir décisionnel aux territoires par rapport aux décisions toujours prises depuis Paris. Il y aura d'autres sujets qui ont été mis sur la table, je pense notamment à l'idée d'une conférence sociale. La porte n'a pas été fermée. Sur la question des bas salaires en dessous du SMIC ou des conditions de travail.
SALHIA BRAKHLIA
La conférence sociale, c'est pour quand ? Parce que vous avez confirmé, du moins le Gouvernement a confirmé cette nuit là-dessus.
OLIVIER VÉRAN
Vous savez, la réunion s'est terminée il y a une poignée d'heures et vous le savez. Moi, j'ai déjà annoncé hier que la semaine prochaine à l'issue du conseil des ministres se tiendra un séminaire gouvernemental pour pouvoir aborder ces questions avec l'ensemble des ministres de manière à concrétiser les choses, donc nous verrons comment la situation, comment les retours vont se faire dans les prochaines heures et les prochains jours
JÉRÔME CHAPUIS
Mais référendum sur les retraites c'est non, référendum sur l'immigration ?
OLIVIER VÉRAN
Les sujets qui étaient abordés par le président, la chose qu'il avait cadrée par lettre, c'était de dire : d'abord, on va parler de la situation internationale, plus de 4 heures. Et c'était nécessaire, et ça s'est fait à huis-clos, et ça s'est fait dans le secret puisque les gens n'avaient pas la possibilité de téléphoner dans cette réunion
SALHIA BRAKHLIA
Pas de portables.
OLIVIER VÉRAN
Et donc des données ont pu être partagées avec les uns, avec les autres, qui a justifié quand même 4 heures d'échanges sur la question ukrainienne, et c'était nécessaire…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais chacun est venu avec des demandes particulières.
OLIVIER VÉRAN
Et c'était nécessaire, Salhia BRAKHLIA, parce que c'est la guerre aux portes de l'Europe et ça a des implications concrètes sur l'Europe et sur la France.
SALHIA BRAKHLIA
Olivier VÉRAN, les demandes étaient simples de la part de l'opposition. Le RN et les LR sont venus avec une demande simple : un référendum sur l'immigration. Quelle a été la réponse du président de la République ? Oui ou non ?
OLIVIER VÉRAN
Je ne peux pas vous donner la réponse du président, tout simplement parce qu'il n'y a pas eu dans le principe des réponses binaires en oui ou non. Ce qu'a demandé le président, c'est aux présidents des groupes de venir, aux présidents de partis de venir en disant : voilà ce qui m'intéresse, voilà ce que je pense bon pour la France, voilà ce que je veux porter pour les Français. Il a entendu, il a écouté, il y a eu du dialogue, de la relance. Vous imaginez bien qu'en 12 heures de discussions, il y a des relances, des échanges et du dialogue qui se créent. Encore une fois, c'est la première fois. D'habitude on est dans un exercice formel où c'est à un entretien bilatéral, les gens ne se parlent pas etc Là vous avez eu un échange concret donc on verra sur quoi ça aboutira.
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous voyez bien que tout le monde ressort en étant un peu sur leur faim. En fait ils se disent : on a beaucoup parlé, il a beaucoup parlé et à la fin, on ne sait pas sur quoi ça va déboucher.
OLIVIER VÉRAN
Parce qu'il va y avoir un retour du Président et parce qu'il y aura peut-être de nouveaux échanges.
JÉRÔME CHAPUIS
Dans l'idéal, c'est quand les nouveaux échanges ?
OLIVIER VÉRAN
Je ne sais pas.
JÉRÔME CHAPUIS
Question de jours ? Question de semaines ?
OLIVIER VÉRAN
Oui, j'imagine que oui. Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud. Encore une fois, regardez, dites-moi dans l'histoire contemporaine de la politique française la dernière fois que c'est arrivé. Jamais, jamais.
JÉRÔME CHAPUIS
Il faut parler du Gabon, Olivier VÉRAN ? porte-parole du Gouvernement. Ali BONGO a été déchu hier par des militaires puis placé en résidence surveillée. Est-ce que le président MACRON a pris de ses nouvelles ?
OLIVIER VÉRAN
Je n'ai pas la réponse à cette question.
JÉRÔME CHAPUIS
Est-ce qu'il n'a pas essayé de l'appeler ?
OLIVIER VÉRAN
Mais je peux vous dire que la France suit très attentivement par l'Élysée, par le biais évidemment du Quai d'Orsay, des diplomates, la situation au Gabon. J'ai eu l'occasion de dire au nom du Gouvernement hier que la France condamne un coup d'État militaire qui est en cours au Gabon et que, de manière systématique, nous appelons à des élections qui soient libres. Nous appelons à ce que les élections quand elles ont lieu soient toujours libres et transparentes.
SALHIA BRAKHLIA
Les élections, elles ont eu lieu. Est-ce que la France reconnaît la réélection d'Ali BONGO qui, on le rappelle, est au pouvoir depuis 14 ans ?
OLIVIER VÉRAN
Sur les questions, vous savez, je suis porte-parole du Gouvernement donc je suis là pour rendre compte de l'action gouvernementale. Sur les questions diplomatiques qui sont toujours des questions extrêmement sensibles, c'est le Quai d'Orsay qui est le chef de la diplomatie, qui a l'occasion de communiquer très régulièrement comme il le fait d'ailleurs, à mesure que les informations peuvent être délivrées.
SALHIA BRAKHLIA
Sur cette question, non, on n'a pas de réponse, c'est pour ça que je vous la pose ce matin.
OLIVIER VÉRAN
Ce n'est pas à moi de vous l'apporter.
JÉRÔME CHAPUIS
Un mot quand même sur les 10 000 Français qui vivent au Gabon. Est-ce que vous envisagez, est-ce que le Gouvernement envisage de leur demander de revenir en France ?
OLIVIER VÉRAN
De manière générale, s'il devait y avoir un appel à rentrer en France, c'est le Quai d'Orsay qui ferait cet appel.
JÉRÔME CHAPUIS
Olivier VÉRAN, vous allez rester avec nous. On va continuer d'évoquer avec vous la situation internationale en parlant notamment du Niger. Ce sera juste après le fil info dans une minute. (…)
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le porte-parole du Gouvernement Olivier VÉRAN, on parlait juste avant le fil info du Gabon, la situation est aussi tendue au Niger. Emmanuel MACRON a décidé du maintien sur place de l'ambassadeur de France, Sylvain ITTE, malgré les pressions exercées par les putschistes, est-ce que ça ne devient pas un peu dangereux pour lui ?
OLIVIER VÉRAN
Il est nécessaire d'avoir une présence diplomatique française au Niger, il y a des discussions, je rappelle que la France appelle à restaurer le mandat et à libérer le président BAZOUM qui a été démocratiquement élu et que nous condamnons l'action putschiste qui a cours au Niger. La France a suspendu d'ailleurs les aides qui sont apportées à ce pays et travaille évidemment en lien avec les forces européennes, avec les forces africaines pour restaurer le plus vite possible des conditions démocratiques pour ce pays important en Afrique. On a parlé tout à l'heure du Gabon, maintenant du Niger, les conditions ne sont pas les mêmes, les causes ne sont pas les mêmes, mais on voit qu'il y a une instabilité importante dans cette partie du globe, en l'occurrence dans certains États africains l'instabilité vient de l'extérieur, elle est sans doute organisée ou a minima accompagnée par des forces extérieures.
SALHIA BRAKHLIA
Vous parlez de qui ?
OLIVIER VÉRAN
C'est aussi tout l'objet…
SALHIA BRAKHLIA
Vous parlez de quoi ?
OLIVIER VÉRAN
C'est aussi tout l'objet, on sait qu'il y a la présence des groupes Wagner dans certains États africains, etc.
SALHIA BRAKHLIA
Donc les Russes.
OLIVIER VÉRAN
Donc il y a et c'est aussi pour cela qu'il était important, pardon, de revenir à l'actualité française aussi, qu'il était important que le président de la République puisse parler aux forces politiques de cette situation internationale parce qu'elle a des conséquences, elle emporte des conséquences sur l'Europe, sur la France et sur l'équilibre du monde.
SALHIA BRAKHLIA
Juste sur le Niger la position d'Emmanuel MACRON pardon est très ferme mais vous voyez bien qu'en fasse la CDAO, la communauté des États africains de l'Ouest, eux veulent négocier avec les putschistes. Alors qu'est-ce qui va se passer, est-ce que la France va être obligée de négocier elle aussi avec les putschistes ?
OLIVIER VÉRAN
Je vous dis on est très attentif encore une fois, on parle là d'une diplomatie ultrasensible Salhia BRAKHLIA, donc ce n'est pas à moi ici sur votre antenne de révéler le contenu de discussions diplomatiques entre l'Europe et la Confédération des États africains.
JÉRÔME CHAPUIS
L'un des sujets abordés cette nuit autour d'Emmanuel MACRON, c'est bien sûr l'inflation, Bruno LE MAIRE convoque les distributeurs, c'était hier à Bercy, ce matin sont les industriels, à partir de quand concrètement les auditeurs qui nous écoutent, pour eux les prix vont réellement baisser ?
OLIVIER VÉRAN
D'abord je rappelle que l'État prend toute sa part dans la lutte contre l'inflation parce que quand vous demandez d'ailleurs aux Français leur 1er sujet d'inquiétude en rapport avec la hausse des prix c'est sur l'énergie que ça porte. La France est le dernier pays, le seul pays européen à prendre encore en charge même après l'augmentation qui a été annoncée cet été du prix de l'électricité, à prendre en charge 40 % de la facture des consommateurs. Nous sommes les seuls à le faire parce que nous considérons qu'il est fondamental que l'État puisse intervenir…
JÉRÔME CHAPUIS
Et pour combien de temps encore ?
OLIVIER VÉRAN
Pour soutenir le pouvoir d'achat des Français. Et nous disons que chacun doit prendre sa part dans cette bataille contre l'inflation et pour le pouvoir d'achat des Français. C'est pour ça que Bruno LE MAIRE, Olivia GREGOIRE continuent d'ailleurs aujourd'hui des séries d'échanges et de négociations avec les industriels, avec les distributeurs pour accentuer la pression et faire en sorte que les prix puissent baisser.
SALHIA BRAKHLIA
Mais avec quelle marge de manœuvre ?
OLIVIER VÉRAN
Aujourd'hui il y a 35 distributeurs, il a 1 000 produits alimentaires qui font l'objet de réduction des prix pour pouvoir soutenir le pouvoir d'achat des Français, nous voulons continuer et amplifier tout ce qui peut l'être. C'est un combat permanent.
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous voyez bien que ça ne marche pas de mettre la pression sur les industriels, Bruno LE MAIRE a menacé plusieurs fois de les dénoncer publiquement, a fait aussi une menace au niveau des taxes qui pourraient apparaître, des taxes supplémentaires pour ceux qui ne jouent pas le jeu, ça ne marche pas, donc finalement c'est quoi, c'est de la com ce qui se passe en ce moment ?
OLIVIER VÉRAN
D'abord quand vous dites que ça ne marche pas, pardonnez-moi avec le trimestre anti-inflation qui avait été mis en place…
SALHIA BRAKHLIA
Ce sont les distributeurs.
OLIVIER VÉRAN
Qui a été ensuite prolongé, ça a permis de faire baisser ou de plafonner, de limiter la hausse des prix de nombreux produits pour les Français et je peux vous garantir que peut-être qu'ils n'en ont pas conscience au moment où ils paient, mais il y a une vraie différence sur la facture par rapport à s'il n'y avait pas ces mesures et ces efforts qui étaient réalisés. Ensuite moi je ne mettrai pas tous les industriels mais vous l'avez fait d'ailleurs de la même manière que moi dans votre question, il y a des industriels souvent d'ailleurs les industries françaises qui ont énormément modéré l'évolution de leur taux de marge et l'évolution de la hausse des prix depuis le début de l'inflation et il y a des grands industriels, certains d'entre eux notamment des grands industriels américains qui ont pu faire augmenter leur taux de marge à la faveur de l'inflation, ce qui est absolument anormal et ceux qui fait l'objet de tous les efforts de discussions, et oui parfois de pression de la part de Bercy ou de la grande distribution. Tout le monde est aligné, tout le monde doit être alignés pour faire baisser les prix pour les Français.
JÉRÔME CHAPUIS
Avant hier à votre place ici même le président du groupe CARREFOUR, le PDG du groupe CARREFOUR, Alexandre BOMPARD avait une idée a soumis d'être au Gouvernement et aux parlementaires, on l'écoute.
– Extrait Alexandre BOMPARD, PDG de CARREFOUR
JÉRÔME CHAPUIS
Reporter d'un an l'application de cette loi de Crozet, le Gouvernement y est favorable ou pas ?
OLIVIER VÉRAN
L'esprit de la loi qui a été votée d'initiative parlementaire, c'est de permettre aux industriels notamment aux industriels français, aux PME, aux agriculteurs de pouvoir vivre de leur production et donc de pouvoir garantir des prix qui leur permettent de vivre, de créer de l'emploi et de se développer. Ça n'empêche pas d'avoir des promotions, d'ailleurs on le voit dans les grandes surfaces. Ensuite sur les questions spécifiques sur les produits d'hygiène qu'aborde Alexandre BOMPARD, ça fait aussi l'objet des discussions qui ont cours entre Bercy et l'ensemble des industriels…
JÉRÔME CHAPUIS
Donc ce n'est pas un non à Alexandre BOMPARD ?
OLIVIER VÉRAN
En tout cas ce ne serait pas à moi d'apporter une réponse binaire par oui ou par non, dans la mesure où les de la table des discussions est encore ouverte cet après-midi, je propose d'attendre quelques heures et une réponse sera faite.
SALHIA BRAKHLIA
Un autre sujet est sur la table entre distributeurs et industriels, les négociations elles ont lieu une fois par an de décembre à mars, est-ce que ça, ça pourrait changer, est-ce que le Gouvernement est favorable à changer ce calendrier des négociations ? Alexandre BOMPARD encore une fois disait moi je suis implanté avec CARREFOUR dans plus de 30 pays et on négocie toute l'année, pourquoi pas en France ?
OLIVIER VÉRAN
Alors en France ça a été le cas cette année puisqu'il y a eu réouverture de négociations avant l'été, c'était Bruno LE MAIRE qui avait parlé de cela de manière à pouvoir revoir…
SALHIA BRAKHLIA
Ouverture des négociations pas pour tout le monde.
OLIVIER VÉRAN
Oui, pardonnez-moi, Alexandre BOMPARD ne demande pas à ce que tous les prix soient renégociés en continu, il dit il faut qu'il y ait plusieurs temps d'échange et surtout quand on est un contexte d'inflation et qui a une grande volatilité des prix, on comprend bien qu'on ne peut pas acter au mois de mars qui va se passer sur les 12 mois à venir. Et donc c'est pour ça d'ailleurs qu'on a été favorable à ce qu'il puisse y avoir des négociations à peu plus régulières.
JÉRÔME CHAPUIS
Il y a quelqu'un d'autre qui était ici même à votre place hier c'est François HOLLANDE et qui lui avait quelque chose à dire à propos des dépenses de santé. Il trouve que c'est le moins bon moment que c'est le moins bon moment pour augmenter le forfait sur les dépenses de santé, écoutez-le.
– Extrait François HOLLANDE
JÉRÔME CHAPUIS
Les franchises médicales, c'est un impôt sur les Français, la hausse des franchises médicales, qu'est-ce que vous répondez ?
OLIVIER VÉRAN
Avec tout le respect que j'ai pour l'ancien président François HOLLANDE, je crois que là il confond 2023 et 2013, il y a une faille spatio-temporelle.
SALHIA BRAKHLIA
Pendant son quinquennat c'est ça ?
OLIVIER VÉRAN
Ça fait 6 ans qu'on baisse les impôts en fait, c'est factuel, on le baisse pour les entreprises et pour les Français.
SALHIA BRAKHLIA
Non mais lui ce qu'il dit, votre discours est hypocrite, en fait vous augmentez les impôts sans le dire.
OLIVIER VÉRAN
Non mais le président HOLLANDE a été le président de la hausse des impôts assumée, c'était dans son programme et il l'a fait avec beaucoup de constance et de rigueur pendant 5 ans. Nous avons fait avec Emmanuel MACRON le choix inverse, le choix de baisser les impôts pour les Français, de supprimer les taxes. La taxe d'habitation par exemple, la redevance audiovisuelle, de baisser l'impôt sur le revenu, donc c'est le choix que nous faisons, qui est un choix qui est payant puisque à mesure par exemple que nous allons baisser les impôts sur les sociétés, eh bien nous avons mieux prélevé l'impôt et nous avons récolté davantage d'argent pour la croissance et les dépenses sociales dans notre pays. Ensuite nous ne voulons pas laisser exploser la dette et Bruno LE MAIRE l'a dit hier en Conseil des ministres, nous voulons amorcer voire accélérer le désendettement de notre pays. Il y a une feuille de route budgétaire qui a d'ailleurs été envoyée au niveau européen que les Français peuvent consulter qui porte comme engagement le fait qu'on descende en dessous des 3 % de déficit d'ici à 2027, nous le ferons. Ça veut dire qu'il faut faire des choix mais ce choix ne sera jamais la hausse des impôts, c'est même l'inverse nous continuerons à baisser les impôts et le président de la République s'est engagé à baisser par exemple de 2 milliards d'euros supplémentaires les impôts pour les classes moyennes, c'est-à-dire pour les Français qui travaillent.
SALHIA BRAKHLIA
C'est pour quand ça ?
OLIVIER VÉRAN
D'ici à la fin du quinquennat. Ce ne sera pas dans cet exercice budgétaire, il a été expliqué pourquoi, de la même manière que sur des impôts de production qui empêchent encore des entreprises industrielles françaises de recruter des gens, on s'est engagé à le supprimer, eh bien nous allons le supprimer progressivement au cours du quinquennat. Mais encore une fois depuis 6 ans les impôts baissent donc le procès qui est fait par François HOLLANDE me semble anachronique.
JÉRÔME CHAPUIS
Olivier VÉRAN, on va parler des taxes de la taxe foncière qui explose en cette rentrée, ce sera dans une minute juste après le fil info. (…)
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Olivier VÉRAN, le porte-parole du Gouvernement. Vous disiez avant le fil info que le Gouvernement n'envisageait aucune hausse d'impôts. Seulement, on le voit aujourd'hui, les taxes foncières explosent dans plusieurs communes en cette rentrée et les communes vous en rendent responsables. C'est à cause de la suppression de la taxe d'habitation par Emmanuel MACRON, des transferts de charges aussi, elles sont obligées d'aller chercher des moyens ailleurs. Est-ce qu'elles ont quand même un peu raison ?
OLIVIER VÉRAN
Alors d'abord, merci d'avoir précisé que ce n'est pas le Gouvernement qui augmente la taxe foncière parce qu'à écouter certains maires, des fois – ce n'est pas le cas de tous mais certains maires – j'ai l'impression que c'est presque nous qui avons pris cette décision. Non, ce n'est pas une décision gouvernementale. Donc c'est important que les Français comprennent : quand on a supprimé la taxe d'habitation qui était une taxe qui était perçue par les communes, nous l'avons compensée pour les communes à l'euro près. C'est-à-dire que c'est l'État qui a pris sur lui la charge de la suppression de la taxe d'habitation.
SALHIA BRAKHLIA
C'est-à-dire qu'il n'y a pas de trou.
JÉRÔME CHAPUIS
Mais manifestement, ça ne suffit pas.
OLIVIER VÉRAN
Donc quand un maire vous dit : "vous avez supprimé la taxe d'habitation donc on doit augmenter la taxe foncière", pardonnez-moi, rappelez-lui qu'on compense. Il touche la même chose que si on avait gardé la taxe d'habitation.
SALHIA BRAKHLIA
Mais il dit qu'il doit faire plus de choses.
OLIVIER VÉRAN
Deuxième chose, il y a des communes qui font le choix de ne pas augmenter la taxe foncière, et elles sont plus nombreuses d'ailleurs que les autres, donc ça veut dire que c'est un choix politique local. Après, il ne me revient pas de juger l'état des finances commune par commune. En revanche ce que nous voulons, cette instance, ce conseil d'échanges, de dialogue entre les représentants des collectivités et l'État pour regarder quelles sont les situations au cas par cas. Et après, il y a parfois des choix politiques qui sont faits. Je prends l'exemple d'une ville que je connais très bien, Grenoble, qui est une ville magnifique et qui est pilotée par un maire écologiste, qui a fait le choix d'augmenter de 31 % la taxe foncière alors qu'on a déjà un niveau de taxe foncière extrêmement élevé. Là il faut pouvoir justifier localement.
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça veut dire quoi alors ? Il faut les encadrer ces taxes foncières ?
OLIVIER VÉRAN
Là, il faut justifier localement. Comment pouvez partir d'un niveau de taxe très élevé et l'augmenter comme quasiment personne ?
SALHIA BRAKHLIA
Mais est-ce qu'il faut les encadrer ?
OLIVIER VÉRAN
Alors que les communes autour n'ont pas augmenté la taxe foncière.
SALHIA BRAKHLIA
Il faut les encadrer ces taxes foncières ?
OLIVIER VÉRAN
Alors c'est déjà encadré par la loi et c'est peut-être augmenter sous couvert d'un plafond.
SALHIA BRAKHLIA
Le Gouvernement a refusé de déplafonner cette année.
OLIVIER VÉRAN
Mais ensuite, il y a de l'autonomie laissée aux communes pour pouvoir faire de la politique localement et c'est important. Mais par contre, il faut que les communes puissent justifier des choix politiques qu'elles font.
JÉRÔME CHAPUIS
Olivier VÉRAN, demain la réforme des retraites entre en vigueur et on a appris qu'une consigne avait été donnée à des agents de la Caisse nationale d'assurance vieillesse, la CNAV, consigne de passer sous silence certaines dispositions avantageuses qui profiteraient aux carrières longues. Il faut que les assurés en fassent expressément la demande. Est-ce que vous trouvez ça normal ?
OLIVIER VÉRAN
Je n'ai pas entendu ça.
SALHIA BRAKHLIA
Eh bien ça existe.
OLIVIER VÉRAN
Vous me l'apprenez. Si c'est le cas, vous me l'apprenez. Ce que je peux vous dire, c'est que demain rentrent en vigueur effectivement des éléments importants de la réforme des retraites. Demain, c'est la suppression des régimes spéciaux. C'était un engagement pris de longue date et que nous avons tenu. Demain, c'est aussi l'allongement de 3 mois de la durée de cotisations, et c'est demain 100 euros de plus pour un grand nombre de Français qui sont avec des petites retraites, notamment des retraites agricoles – mais pas que d'ailleurs – et donc ce sont des engagements que nous avons pris et que nous tenons dans les délais. Ensuite, vous l'avez dit dans votre question donc je vais revenir dessus, il y a des avantages pour les carrières longues qui ont été un peu étouffés dans le débat sous le feu nourri des critiques, mais il y a des gens qui ont commencé tôt à travailler et qui pourront même partir de plus tôt après la réforme. Et c'est tant mieux.
SALHIA BRAKHLIA
Mais il faut le rappeler ça aux assurés ? Ne pas le cacher ?
OLIVIER VÉRAN
Non mais il faut le rappeler. Moi, je m'étonne régulièrement de rencontrer des gens qui me disent : mais vous vous rendez compte, j'ai commencé… Je vous jure que c'est vrai ! Il me dit : vous savez, j'ai commencé à 15 ans et demi, alors aller travailler jusqu'à 64 ans. Je dis : mais non, ni avant la réforme ni après ; vous avez commencé à 15 ans et demi, vous allez même probablement être bénéficiaire de la réforme dans la mesure où on privilégie les carrières longues et vous ne partirez pas plus tard, voire même peut-être plus tôt. Donc on doit pouvoir rappeler ce message général.
JÉRÔME CHAPUIS
Demain, c'est aussi la pré-rentrée scolaire. Est-ce que les chefs d'établissements et les profs ont reçu des consignes précises, un mode d'emploi pour qu'ils puissent savoir comment réagir si une élève arrive en abaya, interdite depuis l'annonce du ministre de l'Éducation ?
OLIVIER VÉRAN
Les abayas sont interdites, les signes religieux ostentatoires, les qamis sont interdits. Le ministre Gabriel ATTAL l'a rappelé avec fermeté
JÉRÔME CHAPUIS
Mais ils se demandent comment ça va se passer.
OLIVIER VÉRAN
Il s'est entretenu au cours d'une visio géante avec des milliers de chefs d'établissements. Une lettre doit être… Je ne sais pas si elle est partie ou si elle doit partir incessamment sous peu à destination des établissements scolaires, parce qu'en fait les proviseurs, les principaux, tous ceux qui font respecter ces règles concrètement sur le terrain ont besoin de se sentir soutenus par leur ministre, par leur administration et c'est le cas.
SALHIA BRAKHLIA
Mais de savoir comment ils font et de savoir comment faire sur le terrain.
OLIVIER VÉRAN
Et ils doivent savoir, et ils le savent et ils l'ont compris désormais, que lorsqu'ils décideront d'interdire l'accès à un établissement scolaire, à une élève ou un élève parce que la tenue n'est certainement pas en respect des règles de laïcité, il sera soutenu par son administration.
JÉRÔME CHAPUIS
Mais vous avez entendu certaines critiques : ça risque de crisper les choses plus qu'autre chose.
OLIVIER VÉRAN
Mais ce qui crispe les choses, vous savez, c'est quand il y a du flou. C'est quand des élèves considèrent qu'il n'y a pas de règle, qu'il n'y a pas d'autorité, qu'il n'y a pas de respect à avoir. C'est ça qui complexifie les choses. Il faut retrouver l'autorité, le respect du professeur, de l'établissement, des règles. Et quand vous êtes un élève et que vous allez dans un établissement scolaire, il y a des droits et il y a des devoirs et il est important qu'on vous rappelle qu'ils doivent être respectés. Parce que si vous considérez que finalement ce n'est pas très grave et on ne va pas s'embêter parce qu'une élève vient couverte des pieds à la tête avec une abaya pour faire du prosélytisme, eh bien dans ce cas-là comment voulez-vous faire respecter les autres règles ?
SALHIA BRAKHLIA
La France Insoumise a annoncé son intention de saisir le Conseil d'État. Elle fustige une police du vêtement qui stigmatise les musulmans ou les supposés musulmans, qu'en pensez-vous ?
OLIVIER VÉRAN
Ils livrent combats politiques qui leur sont propres et qui de mon avis, et je crois que c'est l'avis très majoritaire des Français, ne les honorent pas.
JÉRÔME CHAPUIS
Pour quelles raisons ?
OLIVIER VÉRAN
Moi j'ai connu une gauche qui se battait pour l'émancipation, pour les droits des femmes. J'ai connu une gauche qui se battait pour la laïcité et qui le portait très haut comme valeur. L'histoire de la laïcité est très imbriquée avec l'histoire de la gauche française. C'est un renoncement de plus pour cette gauche qui n'en est pas une, portée par monsieur MÉLENCHON et ses amis.
SALHIA BRAKHLIA
Vous pensez qu'elle tient ce discours, cette France Insoumise…
OLIVIER VÉRAN
Par populisme.
SALHIA BRAKHLIA
Pour satisfaire son électorat…
OLIVIER VÉRAN
Bien sûr.
SALHIA BRAKHLIA
Dans certains quartiers ?
OLIVIER VÉRAN
Mais bien sûr, mais bien sûr. Et monsieur MÉLENCHON renie ses propres paroles, renie ses propres pensées, renie ses propres écrits. On a vu pas mal de vidéos circuler ces derniers temps où Jean-Luc MÉLENCHON tenait des discours de fermeté, des discours de gauche sur la question laïque. Il a décidé d'y renoncer comme il a décidé de renoncer à la question européenne, qui était quand même normalement un combat qui était aussi mené et porté par la gauche de Gouvernement. Donc il renonce peu à peu à tout ce qui faisait qu'il représentait une certaine idée de la gauche dans notre pays, et il le fait par opportunisme politique.
JÉRÔME CHAPUIS
Et sur le Conseil d'État, vous êtes confiant ? D'un mot.
OLIVIER VÉRAN
Mais je suis confiant parce que la laïcité, c'est un principe fondamental dans notre pays, et que tout ce qui doit permettre d'accompagner et de faire respecter la laïcité doit être soutenu en droit.
JÉRÔME CHAPUIS
Olivier VÉRAN, merci. Le porte-parole du Gouvernement était l'invité du 8.30 France Info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2023